Tôt le matin du 6 février, des policiers de
la GRC en tenue d'intervention tactique, armes au
poing et avec des chiens, et un convoi de plus
d'une douzaine de véhicules, ont commencé à
expulser des gens du territoire traditionnel des
Wet'suwet'en. La cible de l'attaque était le camp
Gidumt'en situé au kilomètre 39 (la distance
de l'autoroute 16) du chemin de service
forestier de la rivière Morice. La GRC est
intervenu pour faire respecter une injonction
accordée le 31 décembre 2019 à Coastal
GasLink (CGL) par la Cour suprême de la
Colombie-Britannique. La GRC a fait tout son
possible pour empêcher les journalistes d'observer
et de rapporter ce qui se passait. Le raid a
commencé juste avant 5 heures du matin, alors
que la plupart des gens dormaient. À 6
h 22, le campement des Unist'ot'en a
rapporté : « Nous avons perdu toute
communication avec le poste de surveillance de
Gidumt'en au kilomètre 39 après que la GRC
eut brisé la vitre du véhicule radio. » La
fenêtre a été brisée afin d'arrêter la personne
qui se trouvait dans le véhicule et qui s'occupait
des communications. À 7 h 22, le camp des
Unist'ot'en a rapporté que « 36 véhicules,
une ambulance et de la machinerie lourde se sont
rendus au kilomètre 4. Au moins 2
bulldozers et pelle mécanique. »
Le 6 février, raid de la GRC sur le campement
Gidimt'en au kilomètre 39 sur le chemin de
service forestier de la rivière Morice
En quelques heures, plus de 50 communautés
au Canada et à l'étranger se sont mobilisées pour
tenir des actions condamnant le raid de la GRC et
le comportement méprisable des gouvernements du
Canada et de la Colombie-Britannique qui refusent
de rencontrer les chefs héréditaires des
Wet'suwet'en. Les chefs héréditaires ont émis un
avis d'expulsion le 4 janvier à CGL qui a
envahi les terres des Wet'suwet'en pour construire
une partie de son gazoduc jusqu'à l'usine de LNG
Canada, à Kitimat.
Le raid de la GRC ayant été prévu, les gens
s'étaient préparés et ont réagi face à la police
par des messages, y compris des vidéos sur les
réseaux sociaux, réaffirmant le droit des
Wet'suwet'en de défendre la terre et ses
ressources et leur détermination à ne pas reculer.
Le même jour, les chefs héréditaires ont publié un
communiqué de presse annonçant qu'ils avaient «
déposé une demande de révision judiciaire de la
décision de l'Agence d'évaluation environnementale
(AÉO) de prolonger pour encore cinq ans le
certificat environnemental du projet de gazoduc de
Coastal GasLink qui transporte dans le nord-ouest
de la Colombie-Britannique du gaz obtenu par
fracturation. »
Les négociations de mauvaise foi ouvrent la voie
à la criminalisation des défenseurs de la terre
Le raid de la police a eu lieu exactement sept
jours après que les chefs héréditaires ont accepté
la proposition d'une période de sept jours pour
des discussions avec des représentants du
gouvernement de la Colombie-Britannique, sans la
présence du premier ministre. Les pourparlers se
sont terminés après deux jours, le 4 février,
sans résolution du conflit, ce qui n'était guère
surprenant car le premier ministre avait
déclaré : « Je ne m'attends pas à ce que les
dirigeants disent demain qu'ils aiment le gazoduc.
Ce ne sont pas mes attentes. Mais il doit y avoir
un consensus légitime que la majorité des gens de
la région va en bénéficier, et c'est ce que le
dialogue produira. » Les chefs héréditaires
ont participé de bonne foi, contrairement au
gouvernement provincial, représenté par le
ministre des Relations avec les Autochtones et de
la Réconciliation, Scott Fraser. Durant ces sept
jours, la GRC a massé ses agents à Houston, à
environ 300 km au nord-ouest de l'autoroute 16 de
Prince George, se préparant à l'invasion que
l'État avait planifiée.
Sur le site Web de
la GRC on peut lire : « Le 31
décembre 2019, la Cour suprême de la
Colombie-Britannique a accordé l'injonction
interlocutoire à Coastal GasLink contre les
personnes qui interfèrent avec le projet Coastal
GasLink » et, qu'à la lumière de l'échec des
pourparlers entre les chefs héréditaires et le
gouvernement de la Colombie-Britannique pour
conclure une entente et compte tenu du fait que le
délai discrétionnaire maximal prévu par
l'injonction avait expiré, la GRC n'avait d'autre
choix que d'agir. Ainsi, la GRC répand la
désinformation selon laquelle elle est une partie
neutre qui se contente de faire respecter la loi,
et non l'instrument violent de l'État canadien, de
l'oligarchie financière et des monopoles du gaz et
du pétrole et de leurs gouvernements, qui imposent
leurs intérêts privés étroits au-dessus des
intérêts des peuples autochtones et canadien.
De cette façon, les Wet'suwet'en sont
criminalisés en tant que personnes « qui
interfèrent avec le projet Coastal GasLink »
et doivent être arrêtés. Il est important de noter
qu'en plus de ne pas avoir l'approbation des chefs
héréditaires, qui sont l'autorité politique
traditionnelle sur le territoire des Wet'suwet'en,
CGL n'a pas encore pleinement respecté les
exigences légales de l'Agence d'évaluation
environnementale (AÉO) à savoir quelles mesures
CGL prendra pour atténuer les effets négatifs du
gazoduc, même si l'AÉO a délivré un permis pour
que la construction du gazoduc se poursuive. Le
rapport d'évaluation soumis par CGL à l'AÉO ne
mentionne même pas l'existence du centre de
guérison Unist'ot'en, qui représente un lieu sacré
pour les Unist'ot'en, l'un des cinq clans qui
composent la nation wet'suwet'en. Les Unist'ot'en
notent que leur « centre de guérison a été
construit avec l'aide de colons sympathisants qui
travaillent main dans la main avec nous pour
financer et construire l'infrastructure qui nous
permet de fournir des programmes de guérison
culturellement enracinés dans les pratiques mises
de l'avant par et pour les peuples autochtones.
Elle est l'aboutissement de décennies de
planification et de décolonisation. Cette vision
de la guérison par la revitalisation culturelle et
de rétablir le lien avec la terre est le fondement
de notre plan d'utilisation du territoire et
dépend d'un territoire sain et intact. » Le 6
février, le jour de l'agression de la GRC, les
chefs héréditaires ont demandé une révision
judiciaire de la décision de l'AÉO d'accorder le
feu vert au projet.
En réponse à l'invasion violente du territoire
des Wet'suwet'en et aux arrestations des
défenseurs de la terre, le chef héréditaire
Na'Moks des Wet'suwet'en a dénoncé l'attaque en
déclarant : « Notre peuple est pacifique,
ceux qui nous appuient sont pacifiques mais ils
[la GRC] sont entrés avec les forces armées pour
expulser les gens qui étaient pacifiques [et] qui
font la bonne chose, au bon moment et pour les
bonnes raisons [...] Nous exerçons notre
juridiction. »
Les excuses données
par l'État canadien et les médias monopolisés pour
justifier la prolongation du gazodur et les
attaques contre les Wet'suwet'en cachent
commodément le fait que les chefs héréditaires et
le peuple wet'suwet'en ont agi légalement dans le
cadre de leur Anuc'niwh'it 'en (loi des
Wet'suwet'en), des lois internationales et des
lois canadiennes qui reconnaissent les
Wet'suwet'en comme les détenteurs des titres de
leur territoire et qu'ils continuent d'appeler à
une solution pacifique du conflit. C'est l'État
canadien qui a agi illégalement pour essayer de
réprimer l'affirmation des Wet'suwet'en de leurs
droits sur leur propre territoire. Ce qui n'est
pas non plus reconnu, c'est que la nation
souveraine des Wet'suwet'en et ses lois ont un
statut politique égal aux lois du Canada, et que
cela doit être reconnu et respecté comme fondement
de la réconciliation entre le Canada et les
peuples autochtones. C'est ce que les peuples
autochtones et les Canadiens veulent et demandent,
pour rompre avec le passé colonial du Canada.
La juge en chef de la Colombie-Britannique,
Margaret Church, a statué dans sa décision
du 31 janvier qui accorde l'injonction
demandée par CGL de poursuivre la construction
illégale du gazoduc, que les lois des Wet'suwet'en
n'avaient aucune valeur légale dans le système
juridique canadien. Elles ne sont tout simplement
pas reconnues. Pendant ce temps, les travailleurs
de partout au pays ne manquent pas d'expérience
des lois canadiennes et de la façon dont elles
servent l'oligarchie financière et leurs intérêts
privés étroits, comme dans ce cas de colonialisme
moderne.
Ce refus de reconnaître l'autorité des lois
autochtones sur le territoire autochtone se
reflète dans la déclaration de la GRC qui dit
maintenant que la « zone d'exclusion » est
interdite et que c'est leur commandant en chef, et
non les chefs héréditaires wet'suwet'en, qui
décidera qui peut y entrer. Ça ne doit pas
passer !
Molly Wickham, porte-parole du clan des
Gidumt'en, membre de la nation wet'suwet'en, a
fait remarquer à propos des personnes arrêtées
puis relâchées sans condition : « Ils sont
sur le chemin du retour, et cela témoigne du fait
que nous n'allons nulle part [...]
« Vous pouvez nous arrêter, vous pouvez essayer
de nous expulser du territoire, vous pouvez nous
expulser violemment du territoire, et nous
reviendrons toujours. »
La répression policière des journalistes
Comme cela s'est produit en janvier 2019,
lorsque la GRC a agressé et expulsé des personnes
du territoire des Wet'suwet'en, des journalistes
ont également été harcelés, gênés, menacés et
empêchés de faire leur travail. Amber Bracken,
journaliste indépendante pour The Narwhal,
une publication basée en Colombie-Britannique,
est au camp Unist'ot'en au kilomètre 66
de puis le 12 janvier. Ce camp, à 17 h
le 6 février, était en dehors des lignes de
police - la zone d'exclusion mise en place au
kilomètre 27 - et n'a pas fait l'objet d'une
descente. Cependant, selon The Narwhal, elle
se
trouve dans la position difficile de risquer
d'être arrêtée si elle document les
événements en cours. The Narwhal cite
Karyn Pugliese, présidente de l'Association
canadienne des journalistes, qui affirme qu'« elle
a confirmé des informations selon lesquelles la
GRC a dit aux journalistes de ne pas photographier
ni filmer des officiers en tenue tactique portant
des fusils d'assaut, ou des arrestations - sinon
ils risquaient de se faire arrêter. La police a
également arrêté des journalistes dans une
camionnette et les a expulsés du site. »
Des mesures d'urgence ont été prises partout au
Canada le 6 février pour exiger que la GRC
quitte immédiatement le territoire souverain des
Wet'suwet'en et pour appuyer le droit du peuple
wet'suwet'en à l'autodétermination, y compris le
droit de refuser la construction du gazoduc CGL à
travers leur territoire. D'autres actions
d'urgence ont eu lieu le 7 février et
d'autres encore sont prévues dans les prochains
jours alors que les Canadiens de tous les horizons
resserrent leur unité dans l'action pour appuyer
la nation héroïque des Wet'suwet'en. Ils demandent
aux libéraux de Trudeau, au gouvernement
néodémocrate de Horgan, à leurs tribunaux et à
leur police de cesser de terroriser et de
criminaliser le peuple wet'suwet'en et de
s'asseoir avec les chefs héréditaires pour trouver
une solution politique au problème du respect des
droits des peuples autochtones.
Sur l'autoroute 16, près de New
Hazelton,
Colombie-Britannique, 6 février 2020
Courtenay, Colombie-Britannique,
6 février 2020
Victoria, Colombie-Britannique,
6 février 2020
Victoria, Colombie-Britannique,
7 février 2020
Vancouver, Colombie-Britannique,
6 février 2020
Edmonton, Alberta, 7 février
2020
Aux Six Nations, fermeture de
l'autoroute 403, Ontario, 6 février 2020
Toronto, Ontario, 6 février 2020
Toronto, Ontario, 7 février 2020
Ottawa, Ontario, 7 février 2020
Montréal, Québec, 7 février 2020
Halifax, Nouvelle-Écosse, 7
février 2020
GRC et Coastal GasLink, hors
du territoire des Wet'suwet'en !
(Photos: LML, UBCIC,
Wet'suwet'en, J. Winters, B. Fee, Martlet, G.
Newen Qananchiri, S. Hamilton, L. Kathlyn,
TheActaFist777, PBI, B. Patterson, Climate Justice
Montreal, C. Smith)
- Union des chefs indiens de la
Colombie-Britannique -
Au milieu de la nuit, la GRC a agressivement
envahi le territoire ancestral et non cédé des
Wet'suwet'en. Cette violence insensée a été
déployée sous la supervision des gouvernements
provincial et fédéral.
Le grand chef
Stewart Phillip, président de l'Union des chefs
indiens de la Colombie-Britannique (UBCIC), a
déclaré : « Nous sommes absolument hors de
nous, affligés et angoissés de voir que le titre
et les droits des Wet'suwet'en ont été brutalement
bafoués et leur droit à l'autodétermination nié.
Expulser les peuples autochtones de leur propre
territoire est en violation flagrante et
révoltante de la Déclaration des Nations unies sur
les droits des peuples autochtones, que le
gouvernement Horgan s'était engagé à respecter en
adoptant la loi 41, et que le gouvernement Trudeau
s'est aussi engagé à respecter par une législation
à venir. Les droits autochtones sont des droits
humains et ils ne peuvent pas être ignorés ou
écartés pour aucune raison au monde, surtout pas
pour des intérêts économiques. Nous appelons la
GRC à se retirer immédiatement et nous appelons la
Couronne à immédiatement assumer sa responsabilité
de mettre fin à cette violence. »
« Nos prières vont au leadership et aux
Wet'suwet'en, nous sommes avec vous et nous le
serons toujours, a affirmé Kukpi7 Judy Wilson,
secrétaire-trésorière de l'UBCIC. Nous rejetons
catégoriquement et trouvons insultant que la
Couronne et la GRC auraient fait tout leur
possible pour éviter ce qui s'est produit. Il y a
toujours des options pour la Couronne. Ce n'est
pas une option que de faire traverser un pipeline
sur le territoire des détenteurs de titres et de
droits légitimes qui n'ont pas accordé leur
consentement. Nous demandons au premier ministre
Horgan : pourquoi n'avez-vous pas tout
simplement rencontré les chefs ancestraux lorsque
vous avez été invité à le faire, et empêché tout
ceci de se produire ? Aucun horaire n'est
trop chargé pour empêcher la tenue d'une réunion
qui aurait pu jouer un rôle majeur dans la
prévention de la violence dont nous sommes
aujourd'hui témoins. »
Le chef Don Tom, le vice-président de l'UBCIC, a
affirmé : « Le recours à la force armée pour
expulser les peuples autochtones de leurs
territoires non cédés et traditionnels contre leur
volonté n'est pas de la réconciliation, c'est du
colonialisme dans toute sa laideur et son
hypocrisie. Nous sommes touchés et inspirés par
l'engagement résolu et indéfectible du peuple
wet'suwet'en à défendre ses territoires contre un
projet d'extraction de ressources qui aura de
sérieuses répercussions sur leurs terres et leurs
cours d'eau et accélérera les changements
climatiques. Je réitère les sages paroles de
Na'Moks, le chef ancestral des Wet'suwet'en, qui a
dit : « Nous demeurons paisibles et
respectueux, puisque nous sommes du bon côté de
l'histoire. »
Le convoi de la GRC et les véhicules de Coastal
GasLink atteignent le point d'accès
des Gidimt'en le 7 février 2020.
La UBCIC encourage les organisations, défenseurs
et membres du public à participer aux actions de
solidarité qui sont prévues. Voir le calendrier.
(6 février 2020. Traduit de
l'anglais par LML. Photos : Wet'suwet'en, S.
Vinal, UBCIC)
Les chefs héréditaires expulsent Coastal Gaslink
de leur territoire, le 4 janvier 2020
Les chefs héréditaires Wet'suwet'en ont déposé
une demande de révision judiciaire de la décision
de l'Agence d'évaluation environnementale de la
Colombie-Britannique (AÉO) de prolonger pour une
autre période de cinq ans le certificat
environnemental pour le gazoduc proposé par
Coastal GasLink dans le nord-ouest de la
Colombie-Britannique pour le transport de gaz
fracturé.
La demande conteste la décision de l'AÉO de
prolonger les permis malgré plus de 50 cas de
non-conformité par Coastal GasLink et le
manquement à y inclure les récentes conclusions de
l'enquête sur les femmes et les filles autochtones
disparues et assassinées. L'enquête a trouvé des
liens directs entre les industries extractives,
les « campements d'hommes » et la violence
accrue contre les femmes autochtones.
Wet'suwet'en Dinï ze 'et Ts'akë ze' (chefs
héréditaires) sont unis dans la poursuite de cette
action en justice. La loi canadienne reconnaît la
gouvernance traditionnelle Wet'suwet'en, comme la
Cour suprême l'a explicitement déclaré dans la
décision déterminante Delgamuukw-Gisday'wa
et réaffirmé dans l'affaire Canfor c. Sam.
« Coastal GasLink a bafoué à maintes reprises les
conditions énoncées dans son certificat précédent,
et n'a montré que du mépris pour notre peuple. Mes
cousines sont parmi les femmes et les filles
assassinées et disparues, la Colombie-Britannique
ne doit pas être autorisée à contourner les règles
pour faciliter les opérations qui menacent la
sécurité des femmes Wet'suwet'en », a déclaré
Dinï ze 'Smogelgem, l'un des chefs héréditaires du
clan Lakshamshu (épilobe et hibou).
« Cette affaire concerne la remise en question de
l'intégrité du processus d'évaluation
environnementale. En recommandant que CGL se voit
accorder une prolongation de projet de cinq ans,
l'AÉO a manqué à son obligation légale d'examiner
correctement les faits, a abdiqué sa
responsabilité de se questionner quant aux
dommages potentiels de ce projet, et a pris une
décision injustifiée et injustifiable », a
déclaré Caily DiPuma de Woodward and Co.,
conseiller juridique des Wet'suwet'en. « La
confiance du public dans l'administration du
système d'évaluation environnementale de la
Colombie-Britannique exige que l'AÉO soit tenu
responsable de ses manquements. »
Cette contestation juridique survient à un moment
où les Canadiens dans leur ensemble sont de plus
en plus préoccupés par l'épidémie croissante de
violence contre les femmes autochtones. Le rapport
final de l'Enquête nationale sur les femmes et
filles autochtones disparues et assassinées a
appelé à une action immédiate pour lutter contre «
une pratique sociale génocidaire, délibérée et
raciale » du Canada et a constaté que « les camps
de travailleurs, associés à l'industrie
d'extraction de ressources entraînent des taux
plus élevés de violence à l'égart des femmes
autochtones dans les camps mêmes et dans les
communautés voisines. »
Le peuple Wet'suwet'en, sous la gouvernance de
ses chefs héréditaires, n'a jamais consenti au
projet de gazoduc Coastal GasLink. Cette action en
justice vise à renverser la décision de l'AÉO de
prolonger le certificat de Coastal GasLink en
raison d'un modèle établi de non-conformité de la
part du promoteur du projet. Les Dinï ze 'et
Ts'akë ze' continuent de résister à la violence
coloniale et sexiste contre le peuple Wet'suwet'en
et de protéger le territoire des Wet'suwet'en pour
les générations futures.
L'action à Comox en appui aux Wet'suwet'en,
le 3 février 2020
En cette époque de « réconciliation », les
territoires autochtones ne cessent d'être saisis
de force. Le nouveau film Invasion porte
sur la résistance du campement Unist'ot'en, du
point d'accès Gidimt'en et de l'ensemble de la
nation wet'suwet'en contre la violence coloniale
du gouvernement canadien et des grandes
entreprises.
Le film a été réalisé par le campement
Unist'ot'en. Il est disponible
icien plusieurs versions avec
sous-titres en français, en espagnol et en
portugais. Vous trouvez également des informations
sur l'utilisation du film pour visionnement par
des organismes communautaires ou pour recueillir
des fonds pour soutenir le campement.
Des marches commémoratives des femmes ont lieu le
jour de la Saint-Valentin dans les villes du pays,
pour exiger que justice soit rendue à toutes les
femmes et filles autochtones qui ont été
assassinées ou portées disparues et que le
gouvernement prenne des mesures pour mettre fin à
la violence. Les marches ont commencé en 1992 à
Vancouver dans le quartier est du centre-ville,
pour exiger que des actions soient prises après le
meurtre d'une femme salish du littoral dont la
mort a été accueillie avec désintérêt par les
autorités et les médias.
Avec des initiatives comme les marches annuelles
du 14 février, les femmes autochtones continuent
de réclamer justice pour les femmes et filles
autochtones assassinées et disparues. À cette
égard, les femmes autochtones affirment que c'est
la voix du peuple qui doit être entendue quand il
s'agit de définir la justice.
Les marches commémoratives de cette année se
déroulent à un moment où les peuples autochtones
défendent résolument leur droit d'être contre la
violation de leur souveraineté et les attaques
violentes contre les défenseurs des terres. Le
gouvernement libéral et les instruments de l'État,
y compris la police et les tribunaux, imposent la
primauté du droit canadien sur le territoire
autochtone où il n'a aucune autorité, dans une
tentative de nier le titre et les droits des
nations autochtones. Le gouvernement Trudeau
continue d'affirmer que le cadre colonial avec sa
«primauté du droit» au service des entreprises
privées doit prévaloir. Il n'a pas l'intention de
reconnaître les droits ancestraux et inhérents des
peuples autochtones, droits qui leur appartiennent
en tant que premiers habitants de l'île de la
Tortue.
C'est également le premier 14 février depuis que
l'Enquête nationale sur les femmes et les filles
autochtones disparues et assassinées a rendu son
rapport. Le rapport conclut, sur la base des
preuves recueillies, que les femmes et les filles
autochtones disparues et assassinées ont été
victimes d'un génocide canadien, à savoir une
campagne concertée pour éteindre les peuples
autochtones, leur histoire, leur culture et leur
mode de vie. Dans l'introduction du rapport on lit
ceci: « Ces massacres sont les fruits des
affirmations coloniales de souveraineté sur les
territoires et les peuples autochtones, comme en
témoignent la Loi
sur les Indiens, la rafle des années
1960, les pensionnats indiens, les atteintes aux
droits de la personne et aux droits des
Autochtones, de même que les politiques actuelles,
qui marginalisent ces derniers et entraînent une
augmentation directe de l'incidence de la
violence, des décès et du suicide chez leurs
populations. »
La réponse du gouvernement Trudeau au rapport a
été de promettre « un examen complet » et un «
plan d'action national ». Cela veut tout
simplement dire que le gouvernement n'a pas
l'intention de renoncer à ses pouvoirs de
prérogative usurpées par la couronne ni d'établir
des relations de nation à nation. Il ne va pas
redresser les torts commis ni créer les conditions
nécessaires poupr que les peuples autochtones
puissent exercerr leur droit d'être. La
criminalisation des Wet'suwet'en qui défendent
leur souveraineté sur les territoires non cédées
montre très bien la position des gouvernements
Trudeau et Horlan.
Ce sont précisément
ces relations coloniales, y compris la Loi sur
les Indiens, qui ont imposé un système
patriarcale aux nations autochtones. Les femmes
sont devenues des « cibles légitimes », un statut
que les tribunaux, la police et les autres
institutions d'État continuent d'imposer. La
violence faite aux femmes et filles autochtones,
sur les réserves et en dehors des réserves, est
une conséquence du maintien de ces relations
coloniales et d'un processus décisionnel imposé,
qui devient un outil de génocide. Au coeur du
problème il y a le fait que les peuples
autochtones ne sont pas vus comme des êtres
humains avant des droits et des besoins
spécifiques, et avec qui l'État canadien a des
relations de nationa à nation définies par des
traités ainsi que par le droit international. Ils
sont plutôt vus comme des obstacles à l'exécusion
de décisions prises par des intérêts privés. Le
vrai objectif du gouvernement et d'éteindre les
droits autochtones, pas de les défendre.
Les intérêts multinationaux privés étroits que
les gouvernements servent actuellement exigent que
les titres des autochtones sur leur territoire et
les ressources soient éteints. Il suffit de
regarder les récentes déclarations et actions des
gouvernements fédéral et provincial de la
Colombie-Britannique qui criminalisent une fois de
plus les Wet'suwet'en pour leur juste position
d'affirmer la souveraineté sur leur territoire non
cédé, pour voir que rien n'a changé depuis le
dépôt du Rapport final cinglant de l'Enquête
nationale. De toute évidence, le gouvernement
Trudeau n'a pas l'intention de rectifier la
situation des peuples autochtones et le cadre
colonial que le Canada impose à ses relations avec
eux.
LML offre ses plus sincères condoléances
aux familles et aux proches des femmes et des
filles autochtones assassinées et disparues à
l'occasion des marches du 14 février. La
persistance des femmes et des peuples autochtones
à affirmer leur droit d'être est une inspiration
pour tous, en particulier leur insistance à
définir ce dont ils ont besoin et à ne pas laisser
les autres leur dire ce qui est acceptable. Nous
appelons les Canadiens à leur apporter tout leur
soutien, notamment en discutant de cette situation
avec leurs pairs et en participant aux marches.
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