Numéro 4 - 30 janvier 2020
L'Amérique latine et les Caraïbes
En 2020, intensifions la solidarité
anti-impérialiste avec les peuples
de Notre Amérique!
- Margaret Villamizar -
Premier piquetage mensuel de l'année, Ottawa,
le 17 janvier 2020.
61e anniversaire de la
Révolution cubaine
• Cuba va de l'avant! Cuba
résiste! Cuba gagne!
- Isaac Saney,
porte-parole du Réseau canadien pour Cuba -
Venezuela
• Les États-Unis, une
nouvelle fois au secours de Guaido
- Mision Verdad -
Haïti
• 10e anniversaire du
séisme en Haïti: activités de commémoration
solennelles à Montréal : Ayiti la!
L'Amérique latine et les Caraïbes
- Margaret Villamizar -
L'année qui vient de se terminer a été marquée
par des avancées importantes ainsi que par des
revers sur différents fronts pour les forces
populaires d'Amérique latine. L'année à venir
promet d'être une année où les nations et les
peuples qui résistent à la tentative de plus en
plus brutale de l'impérialisme américain
d'affirmer son hégémonie sur toute la région
continueront de faire face à d'importants défis. Mais
elles est également prometteusse, car les forces
du peuple luttent courageusement dans des
conditions parfois très dangeureuses et difficiles
contre les forces de régression dirigées par les
États-Unis. Elles construisent leur unité et leur
organisation en affirmant leurs droits et leurs
revendications pour une société qui garantit les
droits de tous et un avenir pour tous, libérée des
maux économiques et sociaux dévastateurs engendrés
par les remèdes néolibéraux imposés par
l'oligarchie financière internationale à leurs
pays.
Il faut en particulier souligner le fait que les
peuples de Cuba, du Venezuela et du Nicaragua,
unis autour de leurs gouvernements, ont été en
mesure de défendre et de renforcer leurs
révolutions face à toutes sortes d'infamies
dirigées contre eux par les États-Unis dans leurs
efforts pour fomenter la contrerévolution,
renverser leurs gouvernements élus et mettre fin à
leur souveraineté et à leur indépendance.
L'incapacité des impérialistes américains à
soumettre les peuples et les gouvernements de ces
trois pays après des années d'activité subversive
signifie qu'ils intensifieront leurs tentatives
pour atteindre leur objectif criminel, même si les
chances de succès sont très faibles.
Piquetage à Montréal le 22 janvier 2020,
en appui et en solidarité avec la résistance du
peuple chilien au néolibéralisme.
La tournée belliciste de Pompeo
Au cours de la semaine du 19 au 25
janvier 2020, le secrétaire d'État des
États-Unis, Mike Pompeo, s'est rendu dans trois
pays d'Amérique latine et des Caraïbes. Le premier
était en Colombie dont le gouvernement dirigé par
le président néolibéral et destructeur de paix
Ivan Duque, a été le plus proche collaborateur des
États-Unis dans ses tentatives de déstabiliser le
Venezuela voisin et de renverser le gouvernement
du président Nicolas Maduro. Il n'est donc pas
surprenant que Juan Guaido, le faux «
président » du Venezuela, ait été introduit
clandestinement dans le pays pour se présenter aux
côtés de Pompeo à une réunion des ministres des
Affaires étrangères de l'hémisphère et y
rencontrer plus tard une bande de
contre-révolutionnaires basés à Miami qui, selon
les rapports, lui ont demandé expressément de
demander à Pompeo que les États-Unis interviennent
militairement au Venezuela.
Immédiatement après
cette réunion, Pompeo a organisé pour Guaido une
tournée européenne afin qu'il puisse cracher ses
mensonges et plaider pour des sanctions plus
sévères contre son pays auprès de tous ceux qui
l'écouterait. En cela, il a été aidé par le
Canada, dont la mission au Parlement européen à
Bruxelles a organisé une réunion le 22
janvier pour lui permettre de rencontrer des
membres du groupe de Lima, son homologue dirigé
par l'UE, le groupe de contact international, le
G7 et les ambassadeurs des États membres de l'UE.
Fidèle à sa tradition raciste et coloniale, le
gouvernement canadien l'a présentée comme une
réunion de « la communauté internationale ».
Guaido a également été invité à ce qu'on appelle
un forum économique « mondial » où il a été
autorisé à faire son discours devant les ultras
riches réunis à Davos. Tout indique clairement que
le seul véritable soutien de l'imposteur est à
l'extérieur du pays, pas à l'intérieur. Cette
réalité a été renforcée par son échec à réunir
suffisamment de voix des factions de l'opposition
qui l'avaient soutenu auparavant pour être réélu
président de l'Assemblée nationale. Il a dû
ensuite organiser sa propre « élection »
frauduleuse devant les médias dans les locaux d'un
journal d'opposition afin de pouvoir se proclamer
à nouveau président élu à l'Assemblée nationale et
donc aussi du pays. C'est sur cette base que ses
commanditaires étrangers, dont le gouvernement
Trudeau, continuent de promouvoir l'idée grotesque
qu'il est toujours le « président légitime du
Venezuela ».
De la carte « humanitaire » à la carte «
antiterroriste »
Officiellement, Pompeo s'est rendu le 20
janvier à Bogota pour assister à la troisième
réunion ministérielle sur la lutte contre le
terrorisme dans l'hémisphère occidental, pour
laquelle il avait également un ordre du jour
spécifique, l'utiliser comme une plateforme pour
faire avancer l'idée que le Venezuela abrite des
groupes terroristes et des partisans de groupes
terroristes. Il a mentionné en particulier
l'organisation libanaise Hezbollah, qu'il a
qualifiée de « principal mandataire terroriste du
régime iranien ». Le message de Pompeo aux
gouvernements qui ne l'ont pas encore fait était
de désigner le Hezbollah comme un groupe
terroriste et de commencer à prendre des mesures
contre les personnes suspectes.
Il a ensuite déclaré à la vingtaine de ministres
des Affaires étrangères présents que les
États-Unis avaient fait leur part pour « vaincre
la menace des mandataires de l'Iran » et «
éliminé Qasem Soleimani ». Quelques phrases
plus tard, il a déclaré que « la neutralisation
des terroristes est l'une des principales
priorités du président Trump en matière de
sécurité nationale ». Il a ensuite enchaîné
avec une offre de partenariat avec leurs pays « de
toutes les manières possibles », appelant
cela un partage des charges. Pompeo n'a pas été
clair sur le type d'actions que le partenariat
proposé pourrait entreprendre, mais étant donné
les efforts qu'il a déployés pour lier le
Venezuela et « Maduro » avec l'Iran et le
Hezbollah, on ne peut que se demander ce que cet
ancien directeur de la CIA avait à l'esprit, lui
qui se vante de « neutraliser » de manière
criminelle les opposants. Il semble que pour les
États-Unis, jouer la carte de la «
crise/intervention humanitaire » et de la «
responsabilité de protéger » a fait son
temps. Alors maintenant, le moment est venu de
passer de cette prétention à une autre : le
terrorisme au nom de la lutte contre le
terrorisme.
Les propos bellicistes de Pompeo lors de la
réunion ministérielle soi-disant antiterroriste
ont été suivis trois jours plus tard par l'arrivée
en Colombie de parachutistes de la 82e
division américaine aéroportée de Fort Bragg, en
Caroline du Nord et d'autres troupes des
États-Unis provenant du commandement du Sud pour
participer avec l'armée colombienne à ce qui est
décrit comme un exercice antiterroriste aéroporté.
Un deuxième exercice débutera le 29 janvier
avec des avions de chasse et des hélicoptères.
Le deuxième arrêt de Pompeo a eu lieu le 21
janvier au Costa Rica, qui a une frontière avec le
Nicaragua, une autre cible de la déstabilisation
et du changement de régime des États-Unis. Dans
des remarques publiques, il a de nouveau attaqué
le Venezuela et ciblé le gouvernement sandiniste
du Nicaragua en lui adressant des avertissements.
Il a également rencontré des groupes d'opposition
antigouvernementaux nicaraguayens que son
gouvernement finance sans aucun doute. Ils ont,
comme Guaido, demandé plus de sanctions contre
leur pays.
Les tentatives de diviser la CARICOM
La troisième escale de Pompeo a été la Jamaïque,
pour faire encore plus de sale travail - dans ce
cas, pour tenter de diviser les pays des Caraïbes
et de diviser leur organisation CARICOM, dont
seuls certains membres ont été invités à
rencontrer Pompeo. Cette organisation de 15
membres a bloqué efficacement les tentatives des
États-Unis et de leurs alliés d'utiliser
l'Organisation des États américains (OÉA),
dicréditée, comme une arme politique contre le
Venezuela en les empêchant de rassembler le nombre
de voix nécessaires pour prendre des mesures
contre le Venezuela au nom de l'OÉA. Cela a
conduit les États-Unis et le Canada à créer le
groupe illégitime de Lima en dehors de l'OÉA afin
de faire avancer leur projet criminel de
changement de régime.
La présidente de la
CARICOM, Mia Mottley, la première ministre de la
Barbade, a déclaré que la réunion organisée par
Pompeo en Jamaïque était une tentative de diviser
la région et que, pour cette raison, la Barbade ne
participerait pas. « En tant que présidente de la
CARICOM », a-t-elle dit, « il m'est
impossible d'accepter que mon ministre des
Affaires étrangères assiste à une réunion à
laquelle les membres de la CARICOM ne sont pas
invités ». Le premier ministre de
Trinité-et-Tobago, Keith Rowley, a suivi son
exemple et a déclaré que la présidente de la
CARICOM, Mia Mottley, parlai également en son nom.
La Grenade a également refusé d'y assister, ne
laissant à Pompeo que six pays pour donner des
conférences sur le renforcement des liens avec les
États-Unis et son projet frauduleux d'« hémisphère
libre ».
Le discours public de Pompeo à Kingston visait à
nouveau le Venezuela, ajoutant cette fois Cuba, la
Russie et la Chine à la liste. Il a accusé la
Russie et Cuba de continuer à « se mêler des
affaires souveraines des nations, à essayer de
déstabiliser les démocraties ». Il a ajouté
que la Chine avec de « l'argent facile »
alimentait la corruption, sapait l'état de droit
des pays, ruinait leur environnement et ne créait
pas d'emplois pour leurs peuples.
Une partie du temps de Pompeo en Jamaïque a été
consacrée à rencontrer séparément le premier
ministre Holness et des membres de son cabinet, où
il a de nouveau violemment attaqué le gouvernement
de Nicolas Maduro, déclarant plus tard
publiquement que Holness était d'accord avec lui à
ce sujet. On ne sait pas comment cela a été reçu
par Holness. Il a exhorté Holness à exercer un «
leadership » au sein de la CARICOM et à
encourager les autres membres de la CARICOM à
réélire l'homme de main des États-Unis, Luis
Almagro, au poste de secrétaire général de l'OÉA
en mars prochain et, par conséquent, à faciliter
que l'OÉA prennent officiellement des mesures
contre le Venezuela.
Il ne fait aucun doute que les États-Unis
intensifient leur offensive en Amérique latine et
dans les Caraïbes sur différents fronts - contre
le gouvernement et les peuples de Cuba, du
Venezuela et du Nicaragua en particulier, pour
décourager les autres à suivre leurs « mauvais
exemples » - et contre les peuples qui eux
aussi luttent pour leurs droits dans de nombreux
autres pays. La machine est déjà en action pour
empêcher le peuple bolivien d'élire librement et
démocratiquement le président de son choix plus
tard cette année, tandis que les États-Unis
saluent le gouvernement putschiste « démocratique
» de Jeanine Añez, qui fait régner la terreur
d'État, mène une guerre judiciaire contre les
dirigeants et les partisans de l'ancien parti au
pouvoir, le MAS, et criminalise la dissidence.
Le modus operandi des États-Unis pour
mener son offensive contre les forces et les
gouvernements populaires et démocratiques en
Amérique latine et dans les Caraïbes est
caractérisé par le recours à la diffamation, aux
calomnies, à la création de divisions et aux
avertissements menaçants - à la fois en paroles et
en actes. Le panorama qui se dessine pour l'année
à venir indique que 2020 exigera la vigilance
et le renforcement de la solidarité
anti-impérialiste fondée sur la construction de
l'unité de tous les peuples de Notre Amérique pour
la paix, la liberté, la démocratie et les droits.
(Granma, El Tiempo, Loop News,
The Guardian, The Gleaner. Photos : LML,
Ottawa-Cuba Connections, Winnipeg Ukrainian
Labour Temple.)
61e
anniversaire de la Révolution cubaine
- Isaac Saney, porte-parole du
Réseau canadien pour Cuba -
Célébration des 61 ans de la Révolution
cubaine à la veille du Nouvel An à Vancouver,
le 31 décembre 2019, organisée par les
organisations d'amitié avec Cuba
Soixante et un ans ! Soixante et un ans se
sont écoulés depuis le triomphe de la révolution à
Cuba. Soixante et un ans au cours desquels Cuba
s'est engagée définitivement et avec assurance sur
la voie qui a mené à l'autodétermination
véritable, qui a placé la nation cubaine fermement
entre les mains de son peuple.
Il est très
émouvant que la révolution cubaine ait survécu
à 11 administrations présidentielles
américaines et existe maintenant depuis plus
longtemps que la néo-colonie imposée au peuple
cubain en 1898 lorsque Washington est
intervenu militairement dans cette nation
insulaire héroïque, au moment où les combattants
de la libération de Cuba étaient sur le point de
se débarasser une fois pour toutes du joug du
colonialisme espagnol.
La révolution cubaine est l'aboutissement des
luttes pour l'indépendance nationale et la justice
sociale, lancées le 10 octobre 1868 par
Carlos Manuel de Céspedes, poursuivies et
approfondies par José Martí en 1895 et
relancées périodiquement tout au long de la
première moitié du XXe siècle, quand Cuba
languissait sous l'hégémonie des États-Unis. C'est
donc la cristallisation et la réalisation des
aspirations historiques du peuple cubain qui se
sont manifestées à maintes reprises par la
réaffirmation et la détermiantion à défendre, à
renforcer et à perfectionner le projet
révolutionnaire.
Or, l'empire n'a jamais accepté le verdict du
peuple cubain ; il mène sans cesse une guerre
économique et une campagne de déstabilisation
visant à restaurer la domination et la tutelle de
l'impérialisme américain.
Face à l'hostilité américaine incessante et
croissante, la révolution cubaine a apporté une
contribution inestimable à la lutte mondiale pour
la justice, le développement social et la dignité
humaine.
Cuba occupe une place d'honneur dans la
communauté internationale en ce qui concerne la
protection et la promotion des droits de ses
citoyens. Cuba n'est pas un refuge pour la
violence économique qui règne dans tant de pays.
À Cuba, l'éducation et les services de santé sont
universels et gratuits pour tous.
À Cuba, personne n'est « disparu » ou
victime d'une exécution extrajudiciaire.
À Cuba, il n'y a pas de sans-abri qui errent dans
les rues, personne n'ait laissé à lui-même, à
vivre une existence dans une société où c'est la
loi de la jungle.
Assiégée par l'impérialisme, la nation insulaire
héroïque a apporté une contribution inestimable au
bien-être des nations et des peuples du monde,
ayant établi un héritage sans précédent
d'internationalisme et d'humanitarisme.
Plus de 400 000 professionnels de la
santé cubains ont servi dans 164 pays pour
lutter contre les maladies.
Plus de 2 000 Cubains ont donné leur
vie dans les luttes pour libérer l'Afrique du
fléau du colonialisme et de l'apartheid.
Ce que Cuba a fait aux niveaux national et
international est un véritable exploit. Elle a
accumulé ces réalisations impressionnantes dans
les conditions d'une agression brutale de
Washington sur tous les fronts. Le blocus
économique des États-Unis - le principal obstacle
au développement social et économique de Cuba - a
coûté à la nation insulaire plus de 1 billion
de dollars américains, ce qui constitue une
violation flagrante des droits humains du peuple
cubain.
L'objectif de Washington est la négation et
l'extinction du droit de Cuba à
l'autodétermination et à l'indépendance.
Depuis le triomphe de la Révolution cubaine
le 1er janvier 1959, le peuple cubain a
résisté à toutes les tentatives de lui enlever son
indépendance et sa liberté et de réimposer la
domination étrangère. Il a repoussé l'assaut
économique, financier et propagandiste incessant
de Washington, y compris l'invasion par des
mercenaires en avril 1961.
Les Cubains n'ont jamais faibli dans leur
détermination et leur engagement révolutionnaires.
Comme l'a déclaré le président cubain Miguel Mario
Diaz-Canel Bermudez dans son discours du 21
décembre 2019 à l'Assemblée nationale de
Cuba : « Unis, nous avons gagné ! Unis,
nous allons gagner ! »
Vive la Révolution
cubaine !
¡ Viva la Revolución
Cubana !
¡Venceremos !
(Photos :
VCSC, Granma)
Venezuela
- Mision Verdad -
Rassemblement de masse à Caracas des forces
populaires, le 23 janvier 2020. Sont
aussi présents 400 délégués de mouvements
sociaux provenant de plus de 70 pays.
Le 5 janvier 2020, a été élue au
Venezuela la nouvelle direction de l'Assemblée
nationale, l'organe parlementaire du pays. Lors de
cette session a été élu le député Luis Parra, un
ancien membre du parti d'opposition Primera
Justicia.
Comme on le sait, les événements du 5
janvier ont suscité la controverse étant donné que
le député et président sortant du parlement, Juan
Guaido, de lui-même, ne s'est pas présenté pour
ensuite, tenter de pénétrer dans l'hémicycle en
sautant par-dessus une grille, une image qui a
fait le tour du monde et donnait l'idée d'un
soi-disant boycott de sa réélection [et qu'on
lui avait supposément interdit d'entrer - note
de la rédaction du LML].
Cette journée s'est achevée par l'assermentation
de Juan Guaido sans quorum et face à un groupe de
députés, ses acolytes, au siège du journal El
Nacional. L'événement n'était qu'un coup
médiatique qui s'est ensuite transformé en acte
politique. Pour le gouvernement des États-Unis
ainsi que pour d'autres pays de la région, en
particulier ceux qui font partie du Groupe de
Lima, la « vérité » des médias s'est imposée.
Plusieurs pays qui ont suivi le même récit que le
gouvernement américain ont rejeté l'élection de
Parra et l'on accusé d'avoir prétendument empêché
l'élection de Guaido.
Cependant, un autre événement, encore plus
inusité celui-là, a eu lieu mardi 7 janvier.
À la fin d'une session ordinaire du parlement
présidée par Luis Parra, Juan Guaido a violemment
fait irruption dans la Chambre accompagné des
députés qui l'appuient.
Il s'est ensuite présenté au podium, accompagné
de ses laquais, et s'est assermenté, à nouveau, en
tant que président de l'Assemblée nationale et,
par conséquent, comme « président en charge »
du Venezuela, c'est-à-dire devant quelques
dizaines de députés au maximum qui l'ont suivi, et
devant de nombreux médias. Le tout était
clairement une mise en scène, un montage dans
lequel les parlementaires ont simulé une session
au cours de laquelle Guaido a été à nouveau
déclaré président.
Toute cette mise en scène était évidemment un
montage dans lequel les parlementaires ont simulé
une session au cours de laquelle Guaido aurait été
à nouveau proclamé président. Pour plusieurs
'acteurs médiatiques et politiques, Guaido a pris
ses fonctions à l'Assemblée législative,
c'est-à-dire, il s'est imposé triomphalement comme
celui qui sauvait la « légalité » et la «
légitimité » des pouvoirs dont il est «
investi ».
Bien que pour la politique intérieure du
Venezuela, Guaido n'exerce aucun pouvoir réel et
que sa position n'a absolument aucun poids dans la
sphère institutionnelle vénézuélienne, pour la
presse, le gouvernement américain et ses alliés
Juan Guaido est le responsable des deux pouvoirs
publics les plus importants de l'État vénézuélien,
même si une telle chose est totalement en dehors
de la Constitution vénézuélienne.
La collusion de deux parlements, une rupture des
arrangements institutionnels du Venezuela
Le ministre des Relations extérieures du
Venezuela, Jorge Arreaza, présente le contenu de
la « note diplomatique » envoyée par le
gouvernement des États-Unis à plusieurs pays.
La chaîne d'information Telesur rapporte que le
ministre des Relations extérieures du Venezuela,
Jorge Arreaza, s'est adressé aux médias pour
qu'ils diffusent le contenu d'une « note
diplomatique » envoyée par le gouvernement
des États-Unis à plusieurs pays. Le document est
intitulé : « Le gouvernement des États-Unis
demande l'appui pour une déclaration sur les
élections justes à l'Assemblée nationale
vénézuélienne ».
Le ministre souligne que ce document confirme
l'intention du gouvernement américain de s'ingérer
dans l'élection de la direction du parlement, ce
qui expliquerait bien les actions inusitées et
sans précédent du député Guaido lors de ces
événements.
Selon les porte-paroles du gouvernement
américain, Guaido est toujours le «
président ». Et en effet, le député Luis
Parra sera sans doute victime de représailles et
ajouté à la liste des fonctionnaires vénézuéliens
sanctionnés par les États-Unis et l'Union
européenne. Il est maintenant évident que le
gouvernement américain cherche à perpétuer la
présence de Guaido dans l'arène politique en dépit
de son rejet par la majorité des députés,
aujourd'hui composée de députés dissidents de
l'opposition et de Chavistes.
La gravité de ces événements réside dans
l'exacerbation de la crise institutionnelle du
Venezuela et que les États-Unis en semblent
parfaitement conscients. L'intention semble être
de mettre en place un mécanisme multifonctionnel
de pression et de discrédit aussi bien du
président Nicolas Maduro que du nouveau président
du Parlement tout en soutenant la «
présidence » artificielle de Guaido.
Une autre conséquence de cette « Assemblée
nationale » parallèle dirigée par Guaido est
qu'elle empêche toute possibilité de détente
politique au Venezuela entre le chavisme et
l'opposition, ce qui pourrait avoir des
répercussions sur la direction chaviste et les
forces de l'opposition, qui, bien qu'elles se
soient distanciées de Guaido, continuent de
défendre des positions ouvertement anti-chavistes.
Avec ces acteurs, il est possible que l'Assemblé
législative vénézuélienne reconnaisse les autres
pouvoirs publics et que, par conséquent, le
Venezuela réussisse à surmonter la stagnation
politique qui règne depuis que l'Assemblée
nationale a décidé en 2016 d'entrer dans
l'illégalité par rapport au reste du corps de
l'État.
Une autre possibilité est le renouveau du pouvoir
électorale du Venezuela grâce à la nomination de
nouveaux dirigeants, ce qui n'a pas été possible
en raison des négociations sporadiques entre les
chavistes et l'opposition, et du refus de dialogue
adoptée en 2019 par l'aile radicale dirigée
par Guaido, sur les ordres des États-Unis.
Le résultat de cette suite d'événements pourrait
être la stagnation de l'exercice politique et
institutionnelle au Venezuela, en particulier
en 2020, année d'élections parlementaires.
Sans un accord politique, sans un nouveau Conseil
électoral national et sans une détente minimale,
les élections parlementaires cette année
pourraient être menacées, en raison, par exemple,
d'un boycottage par un certain nombre de partis
d'opposition ou même si elles avaient lieu avec la
participation de larges secteurs de chavistes et
de l'opposition, elles pourraient ne pas être
reconnues par le gouvernement américain et ses
satellites.
Ce qui voudrait dire que les États-Unis
continueraient d'exercer une pression sur le
Venezuela, en d'autres mots, un blocus économique
et diplomatique et une ingérence politique
accompagnés de menaces d'intervention militaire et
la promotion d'une sédition interne.
Les États-Unis ne veulent pas d'une solution
politique entre Vénézuéliens et leur objectif
principal est le démantèlement des forces
chavistes au gouvernement. L'existence de deux
directions à l'Assemblée nationale, une qui est
reconnue au Venezuela et l'autre reconnue par les
États-Unis et ses alliés, résulte en une
discordance institutionnelle très propice à
provoquer une rupture au Venezuela, un facteur
important dans la consolidation d'un coup d'État.
D'autre part, la présence perturbatrice de
Guaido, maintenue artificiellement dans l'arène
politique, est nécessaire pour répondre aux
besoins de secteurs spécifiques de l'opposition.
À la fin de 2019, Namita Biggins,
porte-parole du Département d'État des
États-Unis, a déclaré qu'en 2019 « le
gouvernement américain avait accordé plus
de 650 millions de dollars pour l'aide
humanitaire, non seulement au Venezuela mais aussi
pour soutenir 16 pays voisins ». Elle a
dit que les États-Unis souhaitaient continuer
d'accroître leur appui à Guaido au cours de cette
année, ce qui implique une augmentation des
ressources.
Il est important de noter que l'appui à Guaido
veut aussi dire poursuivre la stratégie des
États-Unis contre le Venezuela. Reconnaître un
autre député comme « président en charge »
serait très difficile pour la diplomatie du
gouvernement Trump qui devrait alors reconnaître
l'échec de la « stratégie Guaido » et de son
objectif du début de 2019 d'expulser Maduro
en l'espace de quelques mois.
Dans sa récente présentation à la presse, le
ministre des Relations extérieures du Venezuela,
Jorge Arreaza, a dit au sujet de la note
diplomatique américaine, que celle-ci montrait que
les États-Unis voulaient former un « gouvernement
de transition » au Venezuela. En même temps,
les États-Unis confirmaient ainsi leur intention
de maintenir leurs mesures coercitives
unilatérales contre le pays pour forcer le
président légitime Nicolas Maduro à partir.
Tout semble indiquer que dans le contexte d'une
année électorale pour Donald Trump, sa position
sera de maintenir la « stratégie Guaido » au
Venezuela, malgré les résultats catastrophiques
de 2019. Aussi, tout semble indiquer qu'il y
aura une intensification des pressions et des
politiques économiques contre le Venezuela, afin
d'affirmer la « position de force » des
États-Unis et de présenter l'ordre du jour à
l'étranger de Trump comme un « modèle de
réussite » des relations institutionnelles
dans la région.
Dans leur complot de coup d'État contre le
Venezuela, les États-Unis ne sont pas intéressés à
sauver les apparences et leur ordre du jour est
clairement celle du « gros bâton ».
Haïti
Le 10e
anniversaire du séisme en Haïti le 12
janvier 2010 a été commémoré à Montréal
les 11 et 12 janvier derniers, à la
TOHU, Cité des arts du Cirque située dans le
quartier Saint-Michel. Les deux jours ont été
organisés par la Maison Haïti en collaboration
étroite avec la TOHU et la participation de plus
de quarante groupes, organismes et artistes. Des
conférences, expositions artistiques et
artisanales, kiosques d'information, spectacles de
danse, projection de film et cérémonie solennelle
de clôture ont été organisés. Des centaines de
personnes de tous âges y ont pris part tout au
long de la fin de semaine pour échanger, apprendre
et rendre hommage.
Les nombreuses activités étaient instructives
pour illustrer comment le peuple haïtien
s'organise pour surmonter les difficultés. La
présentation du film « Haïti Betrayed » le
samedi midi a entre autres fourni beaucoup
d'informations sur la situation au pays et
l'ingérence étrangère qui constitue un obstacle
dans la défense de la souveraineté du peuple
haïtien. Le documentaire d'une heure 22
minutes, produit par Elaine Brière, photographe
documentaire et cinéaste de Colombie-Britannique,
traite en particulier du rôle du gouvernement
canadien en Haïti. La persistante résistance et la
lutte du peuple haïtien pour la dignité contre les
occupants étrangers d'hier jusqu'à aujourd'hui est
bien illustrée. L'ingérence, les manigances,
l'envoi de troupes militaires pour prendre
contrôle sur le pays et les coups d'État menés par
le Canada, les États-Unis et la France, avec la
collaboration étroite des gouvernements qui se
sont succédé en Haïti sont présentés dans le film.
Les efforts des puissances étrangères dont le
Canada pour empêcher le peuple haïtien d'affirmer
sa souveraineté y ressortent clairement par la
présentation de faits, d'entrevues, de retour dans
l'histoire du peuple haïtien.
Session sur la présente crise en Haïti, le 12
janvier 2020
Une rencontre organisée par Solidarité
Québec-Haïti s'est tenue le dimanche 12
janvier pour traiter de la crise qui sévit
aujourd'hui en Haïti en lien avec le tremblement
de terre. Un échange très animé a eu lieu avec
deux activistes haïtiens en vidéo-conférence
d'Haïti ainsi qu'un activiste haïtien au Canada.
La corruption et l'impunité avec lesquelles les
grandes puissances étrangères agissent sont un
trait marquant des années qui ont suivi le
tremblement de terre. La Commission intérimaire
pour la reconstruction d'Haïti (CIRH) [13 membres
internationaux et 13 Haïtiens] sous la
coprésidence du premier ministre haïtien Jean-Max
Bellerive et de l'ex-président américain Bill
Clinton, avait été mise sur pied en 2010 à la
suite du séisme. Cette commission avait le mandat
de gérer les fonds amassés pour venir en aide au
peuple haïtien pour la reconstruction. Cette
commission a dilapidé près de 13 milliards de
dollars des fonds en toute impunité. Le fonds
Petro-Caribe, de 3,8 milliards de dollars
provenant d'un accord de coopération pétrolière
initié par le Venezuela pour les programmes
sociaux a aussi été dilapidé. Ce sont des jeunes
qui ont commencé à demander où sont les
fonds ? Et depuis, le peuple haïtien est dans
la rue pour demander justice, dénoncer la
corruption et le vol des grands puissances et
exiger leur départ du pays.
Pour clôturer la fin de semaine, une
commémoration solennelle s'est tenue à laquelle
plus de 300 personnes, dont des survivants au
séisme, un grand nombre de personnes de la
diaspora haïtienne ainsi que des dignitaires du
consulat haïtien, des représentants des paliers
gouvernementaux fédéral, provincial et municipal.
Il y a eu danse et musique sur scène suivies du
message de clôture de Marjorie Villefranche,
directrice générale de la Maison Haïti. Elle a dit
entre autres : « Personne n'a oublié. Voici
pourquoi nous sommes ici ce soir, voilà pourquoi
nous commémorons, pour honorer tous ceux qui sont
morts, enfants, pères, mères, frères, soeurs,
parents, amis et anonymes, enterrés sans
cérémonie, sans sépulture. Nous avons avec nous
présents ce soir survivants, endeuillés, unis dans
ce même courage, ce même désir de reconnaître et
de rendre hommage. Il y a 5 ans, je vous
disais ici même que nous vivions des temps de
crise, que l'indifférence deviendrait un
redoutable ennemi. Je ne savais pas alors
l'ampleur que prendraient les changements
climatiques, ni la montée des populistes « agents
orange » [en référence aux semences
hybrides hautement toxiques offertes à Haïti par
Monsanto — note de la rédaction du LML] de
tout acabit. (...) Votre présence ici ce soir,
celles de nos élus, de nos indéfectibles amis me
rassure, nous rassure. Cela veut dire que nous ne
baissons pas les bras. Haïti n'est pas seule face
à la violence des inégalités et l'injustice
sociale. L'indécence de ceux qui possèdent plus de
la moitié de la richesse de la planète est
écoeurante. Mais nous savons que bien des peuples
résistent et, à cet instant même où nous nous
parlons. Et si le prochain goudou venait de nous,
de la force des peuples ? La solidarité de
nos amis est précieuse et indispensable. Nous
vivons sur une planète qui exige que nous soyons
reliés les uns aux autres pour y vivre, pour y
trouver eau, air et nourriture. Nous devons rester
connectés et solidaires. Merci à nos amis
militants, des organisations, pour leur active
présence solidaire. ( ) »
Les événements de la fin de semaine ont fait
ressortir qu'en dépit des immenses difficultés, de
la corruption au sein de la classe dirigeante et
de l'ingérence étrangère, le peuple haïtien défend
sa souveraineté et son droit d'être. À l'occasion
du 10e anniversaire du séisme en Haïti, il
continue de réclamer dignité, justice et
réparations. Ayiti la ! Tous avec le peuple
haïtien !
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