L'Amérique latine et les Caraïbes

En 2020, intensifions la solidarité anti-impérialiste avec les peuples de Notre Amérique!

L'année qui vient de se terminer a été marquée par des avancées importantes ainsi que par des revers sur différents fronts pour les forces populaires d'Amérique latine. L'année à venir promet d'être une année où les nations et les peuples qui résistent à la tentative de plus en plus brutale de l'impérialisme américain d'affirmer son hégémonie sur toute la région continueront de faire face à d'importants défis. Mais elles est également prometteusse, car les forces du peuple luttent courageusement dans des conditions parfois très dangeureuses et difficiles contre les forces de régression dirigées par les États-Unis. Elles construisent leur unité et leur organisation en affirmant leurs droits et leurs revendications pour une société qui garantit les droits de tous et un avenir pour tous, libérée des maux économiques et sociaux dévastateurs engendrés par les remèdes néolibéraux imposés par l'oligarchie financière internationale à leurs pays.

Il faut en particulier souligner le fait que les peuples de Cuba, du Venezuela et du Nicaragua, unis autour de leurs gouvernements, ont été en mesure de défendre et de renforcer leurs révolutions face à toutes sortes d'infamies dirigées contre eux par les États-Unis dans leurs efforts pour fomenter la contrerévolution, renverser leurs gouvernements élus et mettre fin à leur souveraineté et à leur indépendance. L'incapacité des impérialistes américains à soumettre les peuples et les gouvernements de ces trois pays après des années d'activité subversive signifie qu'ils intensifieront leurs tentatives pour atteindre leur objectif criminel, même si les chances de succès sont très faibles.


Piquetage à Montréal le 22 janvier 2020, en appui et en solidarité avec la résistance du peuple chilien au néolibéralisme.

La tournée belliciste de Pompeo

Au cours de la semaine du 19 au 25 janvier 2020, le secrétaire d'État des États-Unis, Mike Pompeo, s'est rendu dans trois pays d'Amérique latine et des Caraïbes. Le premier était en Colombie dont le gouvernement dirigé par le président néolibéral et destructeur de paix Ivan Duque, a été le plus proche collaborateur des États-Unis dans ses tentatives de déstabiliser le Venezuela voisin et de renverser le gouvernement du président Nicolas Maduro. Il n'est donc pas surprenant que Juan Guaido, le faux « président » du Venezuela, ait été introduit clandestinement dans le pays pour se présenter aux côtés de Pompeo à une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'hémisphère et y rencontrer plus tard une bande de contre-révolutionnaires basés à Miami qui, selon les rapports, lui ont demandé expressément de demander à Pompeo que les États-Unis interviennent militairement au Venezuela.

Immédiatement après cette réunion, Pompeo a organisé pour Guaido une tournée européenne afin qu'il puisse cracher ses mensonges et plaider pour des sanctions plus sévères contre son pays auprès de tous ceux qui l'écouterait. En cela, il a été aidé par le Canada, dont la mission au Parlement européen à Bruxelles a organisé une réunion le 22 janvier pour lui permettre de rencontrer des membres du groupe de Lima, son homologue dirigé par l'UE, le groupe de contact international, le G7 et les ambassadeurs des États membres de l'UE. Fidèle à sa tradition raciste et coloniale, le gouvernement canadien l'a présentée comme une réunion de « la communauté internationale ».

Guaido a également été invité à ce qu'on appelle un forum économique « mondial » où il a été autorisé à faire son discours devant les ultras riches réunis à Davos. Tout indique clairement que le seul véritable soutien de l'imposteur est à l'extérieur du pays, pas à l'intérieur. Cette réalité a été renforcée par son échec à réunir suffisamment de voix des factions de l'opposition qui l'avaient soutenu auparavant pour être réélu président de l'Assemblée nationale. Il a dû ensuite organiser sa propre « élection » frauduleuse devant les médias dans les locaux d'un journal d'opposition afin de pouvoir se proclamer à nouveau président élu à l'Assemblée nationale et donc aussi du pays. C'est sur cette base que ses commanditaires étrangers, dont le gouvernement Trudeau, continuent de promouvoir l'idée grotesque qu'il est toujours le « président légitime du Venezuela ».

De la carte « humanitaire » à la carte « antiterroriste »

Officiellement, Pompeo s'est rendu le 20 janvier à Bogota pour assister à la troisième réunion ministérielle sur la lutte contre le terrorisme dans l'hémisphère occidental, pour laquelle il avait également un ordre du jour spécifique, l'utiliser comme une plateforme pour faire avancer l'idée que le Venezuela abrite des groupes terroristes et des partisans de groupes terroristes. Il a mentionné en particulier l'organisation libanaise Hezbollah, qu'il a qualifiée de « principal mandataire terroriste du régime iranien ». Le message de Pompeo aux gouvernements qui ne l'ont pas encore fait était de désigner le Hezbollah comme un groupe terroriste et de commencer à prendre des mesures contre les personnes suspectes.

Il a ensuite déclaré à la vingtaine de ministres des Affaires étrangères présents que les États-Unis avaient fait leur part pour « vaincre la menace des mandataires de l'Iran » et « éliminé Qasem Soleimani ». Quelques phrases plus tard, il a déclaré que « la neutralisation des terroristes est l'une des principales priorités du président Trump en matière de sécurité nationale ». Il a ensuite enchaîné avec une offre de partenariat avec leurs pays « de toutes les manières possibles », appelant cela un partage des charges. Pompeo n'a pas été clair sur le type d'actions que le partenariat proposé pourrait entreprendre, mais étant donné les efforts qu'il a déployés pour lier le Venezuela et « Maduro » avec l'Iran et le Hezbollah, on ne peut que se demander ce que cet ancien directeur de la CIA avait à l'esprit, lui qui se vante de « neutraliser » de manière criminelle les opposants. Il semble que pour les États-Unis, jouer la carte de la « crise/intervention humanitaire » et de la « responsabilité de protéger » a fait son temps. Alors maintenant, le moment est venu de passer de cette prétention à une autre : le terrorisme au nom de la lutte contre le terrorisme.

Les propos bellicistes de Pompeo lors de la réunion ministérielle soi-disant antiterroriste ont été suivis trois jours plus tard par l'arrivée en Colombie de parachutistes de la 82e division américaine aéroportée de Fort Bragg, en Caroline du Nord et d'autres troupes des États-Unis provenant du commandement du Sud pour participer avec l'armée colombienne à ce qui est décrit comme un exercice antiterroriste aéroporté. Un deuxième exercice débutera le 29 janvier avec des avions de chasse et des hélicoptères.

Le deuxième arrêt de Pompeo a eu lieu le 21 janvier au Costa Rica, qui a une frontière avec le Nicaragua, une autre cible de la déstabilisation et du changement de régime des États-Unis. Dans des remarques publiques, il a de nouveau attaqué le Venezuela et ciblé le gouvernement sandiniste du Nicaragua en lui adressant des avertissements. Il a également rencontré des groupes d'opposition antigouvernementaux nicaraguayens que son gouvernement finance sans aucun doute. Ils ont, comme Guaido, demandé plus de sanctions contre leur pays.

Les tentatives de diviser la CARICOM

La troisième escale de Pompeo a été la Jamaïque, pour faire encore plus de sale travail - dans ce cas, pour tenter de diviser les pays des Caraïbes et de diviser leur organisation CARICOM, dont seuls certains membres ont été invités à rencontrer Pompeo. Cette organisation de 15 membres a bloqué efficacement les tentatives des États-Unis et de leurs alliés d'utiliser l'Organisation des États américains (OÉA), dicréditée, comme une arme politique contre le Venezuela en les empêchant de rassembler le nombre de voix nécessaires pour prendre des mesures contre le Venezuela au nom de l'OÉA. Cela a conduit les États-Unis et le Canada à créer le groupe illégitime de Lima en dehors de l'OÉA afin de faire avancer leur projet criminel de changement de régime.

La présidente de la CARICOM, Mia Mottley, la première ministre de la Barbade, a déclaré que la réunion organisée par Pompeo en Jamaïque était une tentative de diviser la région et que, pour cette raison, la Barbade ne participerait pas. « En tant que présidente de la CARICOM », a-t-elle dit, « il m'est impossible d'accepter que mon ministre des Affaires étrangères assiste à une réunion à laquelle les membres de la CARICOM ne sont pas invités ». Le premier ministre de Trinité-et-Tobago, Keith Rowley, a suivi son exemple et a déclaré que la présidente de la CARICOM, Mia Mottley, parlai également en son nom. La Grenade a également refusé d'y assister, ne laissant à Pompeo que six pays pour donner des conférences sur le renforcement des liens avec les États-Unis et son projet frauduleux d'« hémisphère libre ».

Le discours public de Pompeo à Kingston visait à nouveau le Venezuela, ajoutant cette fois Cuba, la Russie et la Chine à la liste. Il a accusé la Russie et Cuba de continuer à « se mêler des affaires souveraines des nations, à essayer de déstabiliser les démocraties ». Il a ajouté que la Chine avec de « l'argent facile » alimentait la corruption, sapait l'état de droit des pays, ruinait leur environnement et ne créait pas d'emplois pour leurs peuples.

Une partie du temps de Pompeo en Jamaïque a été consacrée à rencontrer séparément le premier ministre Holness et des membres de son cabinet, où il a de nouveau violemment attaqué le gouvernement de Nicolas Maduro, déclarant plus tard publiquement que Holness était d'accord avec lui à ce sujet. On ne sait pas comment cela a été reçu par Holness. Il a exhorté Holness à exercer un « leadership » au sein de la CARICOM et à encourager les autres membres de la CARICOM à réélire l'homme de main des États-Unis, Luis Almagro, au poste de secrétaire général de l'OÉA en mars prochain et, par conséquent, à faciliter que l'OÉA prennent officiellement des mesures contre le Venezuela.

Il ne fait aucun doute que les États-Unis intensifient leur offensive en Amérique latine et dans les Caraïbes sur différents fronts - contre le gouvernement et les peuples de Cuba, du Venezuela et du Nicaragua en particulier, pour décourager les autres à suivre leurs « mauvais exemples » - et contre les peuples qui eux aussi luttent pour leurs droits dans de nombreux autres pays. La machine est déjà en action pour empêcher le peuple bolivien d'élire librement et démocratiquement le président de son choix plus tard cette année, tandis que les États-Unis saluent le gouvernement putschiste « démocratique » de Jeanine Añez, qui fait régner la terreur d'État, mène une guerre judiciaire contre les dirigeants et les partisans de l'ancien parti au pouvoir, le MAS, et criminalise la dissidence.

Le modus operandi des États-Unis pour mener son offensive contre les forces et les gouvernements populaires et démocratiques en Amérique latine et dans les Caraïbes est caractérisé par le recours à la diffamation, aux calomnies, à la création de divisions et aux avertissements menaçants - à la fois en paroles et en actes. Le panorama qui se dessine pour l'année à venir indique que 2020 exigera la vigilance et le renforcement de la solidarité anti-impérialiste fondée sur la construction de l'unité de tous les peuples de Notre Amérique pour la paix, la liberté, la démocratie et les droits.

(Granma, El Tiempo, Loop News, The Guardian, The Gleaner. Photos : LML, Ottawa-Cuba Connections, Winnipeg Ukrainian Labour Temple.)


Cet article est paru dans

Volume 50 Numéro 4 - 30 janvier 2020

Lien de l'article:
L'Amérique latine et les Caraïbes: En 2020, intensifions la solidarité Anti-impérialiste avec les peuples de Notre Amérique! - Margaret Villamizar


    

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