Venezuela
Les États-Unis, une nouvelle fois au secours de Guaido
- Mision Verdad -
Rassemblement de masse à Caracas des forces
populaires, le 23 janvier 2020. Sont
aussi présents 400 délégués de mouvements
sociaux provenant de plus de 70 pays.
Le 5 janvier 2020, a été élue au
Venezuela la nouvelle direction de l'Assemblée
nationale, l'organe parlementaire du pays. Lors de
cette session a été élu le député Luis Parra, un
ancien membre du parti d'opposition Primera
Justicia.
Comme on le sait, les événements du 5
janvier ont suscité la controverse étant donné que
le député et président sortant du parlement, Juan
Guaido, de lui-même, ne s'est pas présenté pour
ensuite, tenter de pénétrer dans l'hémicycle en
sautant par-dessus une grille, une image qui a
fait le tour du monde et donnait l'idée d'un
soi-disant boycott de sa réélection [et qu'on
lui avait supposément interdit d'entrer - note
de la rédaction du LML].
Cette journée s'est achevée par l'assermentation
de Juan Guaido sans quorum et face à un groupe de
députés, ses acolytes, au siège du journal El
Nacional. L'événement n'était qu'un coup
médiatique qui s'est ensuite transformé en acte
politique. Pour le gouvernement des États-Unis
ainsi que pour d'autres pays de la région, en
particulier ceux qui font partie du Groupe de
Lima, la « vérité » des médias s'est imposée.
Plusieurs pays qui ont suivi le même récit que le
gouvernement américain ont rejeté l'élection de
Parra et l'on accusé d'avoir prétendument empêché
l'élection de Guaido.
Cependant, un autre événement, encore plus
inusité celui-là, a eu lieu mardi 7 janvier.
À la fin d'une session ordinaire du parlement
présidée par Luis Parra, Juan Guaido a violemment
fait irruption dans la Chambre accompagné des
députés qui l'appuient.
Il s'est ensuite présenté au podium, accompagné
de ses laquais, et s'est assermenté, à nouveau, en
tant que président de l'Assemblée nationale et,
par conséquent, comme « président en charge »
du Venezuela, c'est-à-dire devant quelques
dizaines de députés au maximum qui l'ont suivi, et
devant de nombreux médias. Le tout était
clairement une mise en scène, un montage dans
lequel les parlementaires ont simulé une session
au cours de laquelle Guaido a été à nouveau
déclaré président.
Toute cette mise en scène était évidemment un
montage dans lequel les parlementaires ont simulé
une session au cours de laquelle Guaido aurait été
à nouveau proclamé président. Pour plusieurs
'acteurs médiatiques et politiques, Guaido a pris
ses fonctions à l'Assemblée législative,
c'est-à-dire, il s'est imposé triomphalement comme
celui qui sauvait la « légalité » et la «
légitimité » des pouvoirs dont il est «
investi ».
Bien que pour la politique intérieure du
Venezuela, Guaido n'exerce aucun pouvoir réel et
que sa position n'a absolument aucun poids dans la
sphère institutionnelle vénézuélienne, pour la
presse, le gouvernement américain et ses alliés
Juan Guaido est le responsable des deux pouvoirs
publics les plus importants de l'État vénézuélien,
même si une telle chose est totalement en dehors
de la Constitution vénézuélienne.
La collusion de deux parlements, une rupture des
arrangements institutionnels du Venezuela
Le ministre des Relations extérieures du
Venezuela, Jorge Arreaza, présente le contenu de
la « note diplomatique » envoyée par le
gouvernement des États-Unis à plusieurs pays.
La chaîne d'information Telesur rapporte que le
ministre des Relations extérieures du Venezuela,
Jorge Arreaza, s'est adressé aux médias pour
qu'ils diffusent le contenu d'une « note
diplomatique » envoyée par le gouvernement
des États-Unis à plusieurs pays. Le document est
intitulé : « Le gouvernement des États-Unis
demande l'appui pour une déclaration sur les
élections justes à l'Assemblée nationale
vénézuélienne ».
Le ministre souligne que ce document confirme
l'intention du gouvernement américain de s'ingérer
dans l'élection de la direction du parlement, ce
qui expliquerait bien les actions inusitées et
sans précédent du député Guaido lors de ces
événements.
Selon les porte-paroles du gouvernement
américain, Guaido est toujours le «
président ». Et en effet, le député Luis
Parra sera sans doute victime de représailles et
ajouté à la liste des fonctionnaires vénézuéliens
sanctionnés par les États-Unis et l'Union
européenne. Il est maintenant évident que le
gouvernement américain cherche à perpétuer la
présence de Guaido dans l'arène politique en dépit
de son rejet par la majorité des députés,
aujourd'hui composée de députés dissidents de
l'opposition et de Chavistes.
La gravité de ces événements réside dans
l'exacerbation de la crise institutionnelle du
Venezuela et que les États-Unis en semblent
parfaitement conscients. L'intention semble être
de mettre en place un mécanisme multifonctionnel
de pression et de discrédit aussi bien du
président Nicolas Maduro que du nouveau président
du Parlement tout en soutenant la «
présidence » artificielle de Guaido.
Une autre conséquence de cette « Assemblée
nationale » parallèle dirigée par Guaido est
qu'elle empêche toute possibilité de détente
politique au Venezuela entre le chavisme et
l'opposition, ce qui pourrait avoir des
répercussions sur la direction chaviste et les
forces de l'opposition, qui, bien qu'elles se
soient distanciées de Guaido, continuent de
défendre des positions ouvertement anti-chavistes.
Avec ces acteurs, il est possible que l'Assemblé
législative vénézuélienne reconnaisse les autres
pouvoirs publics et que, par conséquent, le
Venezuela réussisse à surmonter la stagnation
politique qui règne depuis que l'Assemblée
nationale a décidé en 2016 d'entrer dans
l'illégalité par rapport au reste du corps de
l'État.
Une autre possibilité est le renouveau du pouvoir
électorale du Venezuela grâce à la nomination de
nouveaux dirigeants, ce qui n'a pas été possible
en raison des négociations sporadiques entre les
chavistes et l'opposition, et du refus de dialogue
adoptée en 2019 par l'aile radicale dirigée
par Guaido, sur les ordres des États-Unis.
Le résultat de cette suite d'événements pourrait
être la stagnation de l'exercice politique et
institutionnelle au Venezuela, en particulier
en 2020, année d'élections parlementaires.
Sans un accord politique, sans un nouveau Conseil
électoral national et sans une détente minimale,
les élections parlementaires cette année
pourraient être menacées, en raison, par exemple,
d'un boycottage par un certain nombre de partis
d'opposition ou même si elles avaient lieu avec la
participation de larges secteurs de chavistes et
de l'opposition, elles pourraient ne pas être
reconnues par le gouvernement américain et ses
satellites.
Ce qui voudrait dire que les États-Unis
continueraient d'exercer une pression sur le
Venezuela, en d'autres mots, un blocus économique
et diplomatique et une ingérence politique
accompagnés de menaces d'intervention militaire et
la promotion d'une sédition interne.
Les États-Unis ne veulent pas d'une solution
politique entre Vénézuéliens et leur objectif
principal est le démantèlement des forces
chavistes au gouvernement. L'existence de deux
directions à l'Assemblée nationale, une qui est
reconnue au Venezuela et l'autre reconnue par les
États-Unis et ses alliés, résulte en une
discordance institutionnelle très propice à
provoquer une rupture au Venezuela, un facteur
important dans la consolidation d'un coup d'État.
D'autre part, la présence perturbatrice de
Guaido, maintenue artificiellement dans l'arène
politique, est nécessaire pour répondre aux
besoins de secteurs spécifiques de l'opposition.
À la fin de 2019, Namita Biggins,
porte-parole du Département d'État des
États-Unis, a déclaré qu'en 2019 « le
gouvernement américain avait accordé plus
de 650 millions de dollars pour l'aide
humanitaire, non seulement au Venezuela mais aussi
pour soutenir 16 pays voisins ». Elle a
dit que les États-Unis souhaitaient continuer
d'accroître leur appui à Guaido au cours de cette
année, ce qui implique une augmentation des
ressources.
Il est important de noter que l'appui à Guaido
veut aussi dire poursuivre la stratégie des
États-Unis contre le Venezuela. Reconnaître un
autre député comme « président en charge »
serait très difficile pour la diplomatie du
gouvernement Trump qui devrait alors reconnaître
l'échec de la « stratégie Guaido » et de son
objectif du début de 2019 d'expulser Maduro
en l'espace de quelques mois.
Dans sa récente présentation à la presse, le
ministre des Relations extérieures du Venezuela,
Jorge Arreaza, a dit au sujet de la note
diplomatique américaine, que celle-ci montrait que
les États-Unis voulaient former un « gouvernement
de transition » au Venezuela. En même temps,
les États-Unis confirmaient ainsi leur intention
de maintenir leurs mesures coercitives
unilatérales contre le pays pour forcer le
président légitime Nicolas Maduro à partir.
Tout semble indiquer que dans le contexte d'une
année électorale pour Donald Trump, sa position
sera de maintenir la « stratégie Guaido » au
Venezuela, malgré les résultats catastrophiques
de 2019. Aussi, tout semble indiquer qu'il y
aura une intensification des pressions et des
politiques économiques contre le Venezuela, afin
d'affirmer la « position de force » des
États-Unis et de présenter l'ordre du jour à
l'étranger de Trump comme un « modèle de
réussite » des relations institutionnelles
dans la région.
Dans leur complot de coup d'État contre le
Venezuela, les États-Unis ne sont pas intéressés à
sauver les apparences et leur ordre du jour est
clairement celle du « gros bâton ».
Cet article est paru dans
Volume 50 Numéro 4 - 30 janvier 2020
Lien de l'article:
: Les États-Unis, une nouvelle fois Au secours de Guaido - Mision Verdad
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