Fête du Canada 2021
• Le
Canada doit être bâti sur la nouvelle base
historique
- Parti communiste
du Canada (marxiste-léniniste) -
• La
Constitution ne confère ni aux citoyens ni aux
résidents
des droits munis d'une garantie
• Le
besoin d'une constitution moderne pour le Canada
est
une nécessité historique
• La
conception des droits dans les constitutions
canadiennes
Fête du Canada 2021
- Parti communiste du Canada
(marxiste-léniniste) -
La fête du Canada 2021 marque le 154e
anniversaire de la Confédération établie par
proclamation royale en 1867. Aujourd'hui, les
Canadiens d'un bout à l'autre du pays marquent
l'occasion en se joignant aux peuples autochtones
pour dénoncer ce que le Canada représente en ce
qui concerne ses relations avec les peuples
autochtones depuis la Confédération, avant
celle-ci et, surtout, aujourd'hui. Ces relations
sont consacrées sous la forme de relations de
propriété établissant une autorité sur les nations
autochtones qui nie leur droit à leurs terres, à
leurs ressources et à leur mode de vie sans
l'ingérence de l'État colonial anglo-canadien
constitué en 1867.
La découverte de tombes non marquées liées au
système des pensionnats place la responsabilité
entre les mains de l'État et du gouvernement
canadiens qui continuent de défendre les principes
sur lesquels le Canada a été fondé. La nature des
relations a été établie par les pères fondateurs
du Canada sur l'ordre des colonisateurs
britanniques. Sir John A. MacDonald était le
visage de la politique assimilationniste selon
laquelle les Autochtones étaient considérés comme
des non-personnes et pouvaient, en tant que
pupilles de l'État, être enlevés à leur famille,
soumis à des traitements brutaux et inhumains et
même enterrés dans des tombes anonymes
lorsqu'ils mourraient à cause des conditions de
vie que les ordres religieux, qui agissaient pour
le compte du gouvernement, leur imposaient.
Rien ne pourrait
mieux souligner la nécessité d'une nouvelle
constitution pour remplacer celle qui a servi à
fonder le Canada dans les conditions de 1867 et
qui a été prétendument modernisée en 1982 avec
l'incorporation d'une charte des droits et
libertés. Selon cette charte, un pouvoir érigé
au-dessus du peuple peut définir les restrictions
des droits. Entre autres, les restrictions
qui avantagent le pouvoir en place criminalisent
le droit de parole et criminalisent le droit
d’agir d'une manière qui soit à l'avantage du
peuple. La nécessité de renouveler la
démocratie et de renouveler la nation pour que
leur but soit le bien-être de toutes et tous et
non seulement de quelques-uns, est un défi
historique qui doit être relevé pour que le Canada
réponde aux besoins de son peuple et contribue à
la même cause partout dans le monde. Une
constitution moderne doit abolir la prérogative
royale sur laquelle se fonde la présente
Constitution. Elle doit conférer la souveraineté
au peuple et éliminer les pouvoirs de police qui
maintiennent des privilèges au lieu de droits.
Une constitution moderne du Canada est nécessaire
pour mettre fin à l'injustice coloniale et aux
vieux arrangements qui étouffent les peuples
autochtones. Cette constitution doit appliquer le
principe de relations de nation à nation. Si la
fédération se veut libre et égale, elle doit
reconnaître le droit du Québec à
l'autodétermination et les droits de la nation
métisse également.
Une constitution moderne reconnaît les droits que
possède toute personne humaine du fait qu'elle est
un être humain. Elle abolit toutes les notions de
cultures ou de races supérieures et inférieures
enracinées dans le concept eurocentrique de
peuples fondateurs et toutes les divisions
racistes en reconnaissant que les citoyens et les
résidents ont des droits en tant qu'êtres humains.
Elle doit prévoir une législation d'habilitation
pour garantir ces droits et rendre les
gouvernements responsables quand ils sont niés ou
violés.
Une constitution moderne doit établir un
processus politique qui garantit une appartenance
égale au corps politique et des formes de
gouvernance par lesquelles les membres du corps
politique ont leur mot à dire et exercent un
contrôle sur toutes les décisions qui les
affectent et ont les moyens pratiques d'exiger des
comptes à ceux qui forment le gouvernement.
Le renouvellement du processus politique est
nécessaire pour que les citoyens et les résidents
puissent décider directement des questions qui les
concernent, participer à la résolution des
problèmes et s'engager résolument dans
l'humanisation de l'environnement social et
naturel.
Un
Canada moderne et une constitution moderne sont
nécessaires pour arrêter la destruction nationale
par ceux qui ont soumis le pays au pouvoir
décisionnel et à la construction d'empire de
puissances étrangères et d'intérêts financiers, à
des arrangements commerciaux supranationaux et aux
alliances militaires et aux guerres dirigées par
les États-Unis. Le Canada a besoin d'indépendance
pour que les Canadiens puissent développer entre
eux et avec l'ensemble de l'humanité des rapports
sociaux modernes centrés sur l'être humain.
Le Canada a également besoin d'un gouvernement
antiguerre qui fait du Canada une zone de paix et
qui exige que les problèmes dans les relations
internationales soient résolus sans violence ni
guerre.
L'histoire appelle les peuples du Canada et du
Québec et les peuples autochtones à établir entre
eux des arrangements modernes fondés sur une union
libre et égale d'entités souveraines. Les défis
sont grands, mais les conditions actuelles nous
convient tous à nous bâtir un brillant avenir où
les droits de toutes et tous sont garantis.
Que la classe ouvrière se constitue en la nation
et investisse le peuple du pouvoir souverain avec
une constitution moderne qui bâtit le Canada sur
la nouvelle base historique !
Tout en oeuvre pour bâtir le
Nouveau !
L'histoire récente du Canada témoigne d'une
offensive généralisée contre les droits et les
libertés des citoyens et des résidents au nom de
la « sécurité nationale », de la « lutte contre
le terrorisme » et de la « prospérité économique
». Des arguments incohérents sont offerts pour
justifier la présumée nécessité de nier les
droits. Au nom de la protection de la
démocratie, la liberté d'expression est
autorisée seulement dans la mesure où la police
politique considère qu'elle n'est pas
préjudiciable à l'intérêt national, suivant des
critères qui, selon elle, défendent l'intérêt
national. Le principe que les personnes ont des
droits en tant qu'êtres humains dans toutes les
conditions et que l'État a l'obligation de
garantir ces droits ne guide pas l'action du
gouvernement. L'exemple de l'achat de la Trans
Mountain Corporation et du projet
d'agrandissement de l'oléoduc a montré comment
des pouvoirs de prérogative sont utilisés pour
passer outre aux graves préoccupations exprimées
au sujet de l'environnement et à l'obligation
d'obtenir le consentement de nombreux peuples
autochtones et du peuple canadien dans son
ensemble.
La Charte
canadienne des droits et libertés a été
incorporée à la Constitution rapatriée en 1982.
L'article 1 de la Charte affirme que les droits
et libertés « ne peuvent être restreints que par
une règle de droit, dans des limites qui soient
raisonnables et dont la justification puisse se
démontrer dans le cadre d'une société libre et
démocratique ». La Charte est maintenant rongée
par la crise et le discrédit parce que les «
limites raisonnables » définies par les pouvoirs
arbitraires de l'État, qui sont des pouvoirs de
police, ne sont pas perçues comme étant «
raisonnables ». Le fait qu'une petite élite,
agissant derrière des portes closes, puisse
dicter quels droits le peuple peut ou ne peut
pas avoir ne passe pas. C'est ainsi que les
droits ont été dictés par Lord Durham au XIXe
siècle au nom du pouvoir de police colonial.
Cette usurpation a mené à un processus
arbitraire de criminalisation sans fin de la
conscience et d'attaques contre les luttes que
mène le peuple contre l'offensive antisociale et
les plans de guerre et de changement de régime
de l'élite dirigeante du côté des impérialistes
américains et de l'alliance de l'OTAN dominée
par les États-Unis.
Les attaques contre les droits, menées sous
prétexte de circonstances exceptionnelles, sont
devenues la norme, et des communautés, comme la
communauté musulmane, font face au profilage et
sont la cible d'attaques sans qu'elles aient un
droit de recours. De nos jours, les dirigeants
se permettent de diffamer toute personne quelle
qu'elle soit en la discréditant et en se donnant
des allures vertueuses. Tout est fait au nom de
grands idéaux, de protéger les femmes, les
minorités nationales, les peuples autochtones et
les personnes LGBTQ2S+. L'absence d'une
constitution qui prescrit des droits
inaliénables et rend le respect de ces droits
justiciable est profondément ressentie dans tout
le pays. L'échec des institutions actuelles à
établir des mécanismes pour régler les conflits
d'intérêts, d'opinions et de croyances met en
lumière que le système dit de démocratie
libérale ne répond pas aux besoins de l'époque.
En plus, les arrangements qui sont à la base de
la Confédération sont en train d'être détruits
alors que des intérêts mondiaux ont pris le
contrôle des gouvernements à tous les niveaux –
fédéral, provincial et municipal. Ceux-ci sont
devenus les instruments de prises de décision
sur une base supranationale, que ce soit par le
G7, le G20, le FMI, l'OTAN ou autres.
L'élite dirigeante ne
considère plus les vieux arrangements de partage
des pouvoirs entre les gouvernements fédéral et
provinciaux comme étant utiles à la quête de
contrôle des intérêts mondiaux les plus
puissants. Ceux-ci ne reconnaissent ni
juridiction ni limitation au droit de monopole
et à leur course à la domination mondiale. Les
contradictions sur les ententes de partage de
pouvoirs fédéraux et provinciaux ont dégénéré en
combats acharnés entre gouvernements servant
différents intérêts privés à l'échelle mondiale.
On le voit dans la privatisation systématique de
l'éducation et de la santé, en passant par les
services gouvernementaux, les projets
d'infrastructure, de transport et de
communications et de toutes les politiques et
décisions en matière de politiques
gouvernementales.
Le cabinet du premier ministre et certains
fonctionnaires de haut niveau sont constamment
mêlés à des manoeuvres pour payer les riches,
comme nous l'avons vu avec le monopole mondial
SNC-Lavalin, les grandes entreprises
pharmaceutiques, les entreprises de haute
technologie et la production de guerre, pour ne
nommer que ceux-là. Les élites gouvernantes ont
également été exposées comme des violateurs en
série de l'état de droit sur le plan
international par leur participation ouverte à
des conspirations avec les États-Unis pour
déstabiliser et renverser les gouvernements
visés par des interventions de changement de
régime et, dans le cas de la République
bolivarienne du Venezuela, infliger une punition
collective à sa population sous forme de
sanctions économiques.
Le besoin de renouveler la Constitution afin
d'investir le peuple de la souveraineté et de
garantir ses droits en tant que fondement de la
souveraineté canadienne n'a jamais été si grand.
Loin d'être quelque chose dépassé ou une source
de « division », comme le prétend l'élite
dirigeante, le renouveau politique et
constitutionnel est vital pour ouvrir la voie au
progrès de la société. À cet égard, la classe
ouvrière et les autres classes et couches de la
population sont appelées à examiner l'évolution
des institutions démocratiques du Canada, les
intérêts qu'elles servent, quelle direction
elles prennent et ce qu'on doit faire pour
donner forme et contenu aux aspirations du
peuple à la souveraineté, à l'habilitation
politique, aux idées éclairées. C'est un droit
humain fondamental de pouvoir décider des
affaires politiques, économiques et sociales qui
affectent nos vies et de pouvoir les contrôler.
Les constitutions et les questions
constitutionnelles ne doivent pas être le
monopole d'une élite dirigeante qui les exploite
pour ses propres intérêts étroits. Elles
appartiennent au peuple qui lutte pour défendre
ses droits. Les Canadiens veulent enchâsser et
codifier dans une constitution les définitions
modernes auxquelles ils aspirent et qui
correspondent aux conditions concrètes. La lutte
pour renouveler la Confédération sur une base
moderne est un instrument que le peuple a dans
ses mains pour faire progresser l'intérêt
public, ouvrir une voie vers l'avant et faire
échec à l'arbitraire, à la régression, à
l'anarchie, à la violence et aux guerres que
l'élite dirigeante nous impose.
Poursuivons notre travail organisé pour établir
une constitution moderne et une union libre et
égale de peuples souverains dont les droits sont
reconnus et garantis.
Une constitution moderne du Canada
doit mettre fin à l'injustice coloniale qui
étouffe les peuples autochtones et suivre le
principe de relations de nation à nation avec eux.
Elle doit reconnaître le droit du Québec à
l'autodétermination, garantir les droits qui
appartiennent aux citoyens et résidents du fait
qu'ils sont des êtres humains et créer les
conditions pour le renouveau démocratique du
processus politique, pour que tous les résidents
du Canada puissent décider directement des
questions qui les concernent et qui ont un impact
sur leur vie et sur la vie des peuples du monde en
raison de la politique étrangère du Canada.
L'histoire appelle les peuples du Canada et du
Québec et les peuples autochtones à établir entre
eux des arrangements modernes basés sur une union
libre et égale d'entités souveraines. Sur cette
base, ils pourront affronter les défis du XXIe
siècle en tant que souverains, maîtres des
décisions qui les concernent et décideurs des
institutions d'État et de la direction du pays.
Où réside la souveraineté
La Constitution du Canada fondée sur les
arrangements du XIXe siècle de l'Acte de
l'Amérique du Nord britannique (AANB)
considère toujours la reine d'Angleterre comme
souveraine et chef de l'État du Canada. Selon la Codification
administrative des lois constitutionnelles de
1867 à 1982 préparée par le ministère de la
Justice : « À la Reine continueront d'être et sont
par la présente attribués le gouvernement et le
pouvoir exécutifs du Canada. » Lorsque l'AANB,
une loi du parlement britannique, a été rapatrié
au Canada en 1982, ni le premier ministre canadien
d'alors Pierre Trudeau ni les premiers ministres
provinciaux n'ont cru bon d'en profiter pour
éliminer cet anachronisme de la loi fondamentale
du Canada. Puis, durant les pourparlers qui ont
mené à l'Accord du lac Meech en 1987 et dans le
consensus entre le premier ministre du Canada et
les dix premiers ministres provinciaux qui a mené
à l'Accord de Charlottetown de 1992, personne n'a
songé à recommander l'abolition de cette clause.
Transférer la
souveraineté du monarque au peuple n'est pas une
affaire sans importance : c'est une rupture
radicale avec le pouvoir des quelques-uns qui
imposent leurs intérêts étroits, pour établir le
pouvoir de la multitude et faire prévaloir le
grand intérêt public. À cette étape-ci de
l'histoire, il est impossible d'avoir une
constitution moderne conforme aux aspirations et
revendications du peuple sans une définition
claire et l'affirmation que c'est le peuple qui
est souverain. Le pouvoir souverain décide de tous
les aspects fondamentaux de la loi du pays et de
tout ce qui en découle.
Cet anachronisme qui fait de la reine
d'Angleterre la souveraine du Canada n'a pas été
aboli parce qu'en pratique le pouvoir souverain de
l'État a été transféré au premier ministre du
Canada et aux premiers ministres provinciaux en
tant que Reine-en-Parlement, aux assemblées
législatives et, dans le cas du Québec, à
l'Assemblée nationale. Maintenir la reine
d'Angleterre comme chef de l'État à titre nominal
permet à l'élite dominante de cacher ce fait.
L'autorité des premiers ministres est absolue dans
la tradition anglaise de concentration de pouvoir
entre les mains de la couronne-en-parlement.
Lorsque le premier ministre du Canada et les
premiers ministres provinciaux affirment avoir le
mandat de gouverner pendant une période de temps
déterminée, la Constitution canadienne leur donne
le pouvoir de le faire d'une manière absolue dans
le cadre de la séparation des pouvoirs fédéraux et
provinciaux. Cependant, si la Constitution
stipulait que la souveraineté réside dans le
peuple, il lui faudrait stipuler quels droits et
devoirs le peuple accorde à son gouvernement,
comment le gouvernement est choisi et comment il
est tenu responsable envers le peuple. Un
changement à cet égard qui reconnaîtrait la
souveraineté du peuple rendrait nécessaire
d'établir les moyens légaux par lesquels le peuple
exerce sa souveraineté. Cette modernisation
d'envergure historique, qui définit l'époque,
n'est pas quelque chose que l'élite dominante et
ses partis cartellisés sont disposés ou aptes à
accomplir.
Une démocratie qui ne donne pas aux citoyens du
pays les moyens d'exercer un contrôle sur les
politiques et les décisions des instances élues
suivant une loi fondamentale qu'ils ont eux-mêmes
adoptée est une forme de pouvoir autoritaire et
absolutiste.
Les arrangements constitutionnels des quelques
150 dernières années n'ont jamais investi le
peuple de la souveraineté. Au contraire, la
Confédération de 1867 était un arrangement sur le
partage des pouvoirs entre la Grande-Bretagne et
l'élite dominante du Canada et s'intéressait
principalement au partage des pouvoirs entre le
gouvernement central et les provinces. La promesse
de soumettre à l'approbation du peuple l'entente
qui allait regrouper quatre provinces en un
dominion a vite été abandonnée, puisqu'il était
devenu évident qu'elle allait être rejetée. Ni le
rapatriement de la Constitution de 1982 et l'ajout
d'une charte des droits et libertés, ni aucune des
modifications apportées au fil des ans depuis 1867
n'ont pu remédier au fait que la Constitution du
Canada n'émane pas du peuple et que la
Confédération n'est pas une union libre et égale
de peuples souverains.
Le Québec serait un des deux « peuples
fondateurs » du Canada, mais n'est pas signataire
de la Loi constitutionnelle de 1982
Le Québec n'a pas signé la Loi
constitutionnelle de 1982 à cause du refus
obstiné de l'élite dominante de reconnaître son
droit à l'autodétermination. Toutes les tentatives
de résoudre le problème de la place du Québec dans
la Confédération ont échoué parce que l'élite
dominante continue de maintenir les arrangements
anglo-américains anachroniques qui refusent de
reconnaître la souveraineté du Québec.
Un des obstacles à la
résolution de la place du Québec à l'intérieur ou
à l'extérieur de la Confédération, et un des
moyens pratiques utilisés pour priver le peuple
québécois de ses droits durant toute cette période
historique, est le fait que dès le départ les
aspirations du peuple à être maître de ses
décisions ont été éclipsées par l'imposition de
divisions basées sur des considérations relatives
à l'origine nationale, la langue et la religion.
Cela a commencé avec le Rapport Durham de 1839,
qui déclarait que le problème au Canada était
l'apparition d'une « haine mortelle qui divise les
habitants du Bas-Canada en deux groupes hostiles :
Français et Anglais » et que le conflit était «
une lutte, non de principes, mais de races ».
Il s'agissait d'une interprétation délibérément
fausse de ce qui s'était produit durant la
rébellion de 1837-1838 contre le pouvoir
britannique dans le Bas-Canada. C'était une
application de la fameuse tactique de diviser pour
régner des bâtisseurs d'empire britannique. Ils
ont fait la même chose en Inde quelques décennies
plus tard. Ils ont proclamé que le problème en
Inde était que les musulmans et les hindous se
détestent. En fait, les Indiens de toutes les
origines et de toutes les religions s'étaient unis
contre le pouvoir britannique durant la Guerre
d'indépendance de 1857. Le grand mensonge à propos
de la haine au sein du peuple a permis aux
colonialistes britanniques de se présenter comme
les pacificateurs et de répandre la doctrine de la
« tolérance » propre à l'empire britannique.
Justin Trudeau évoque cette même tolérance
aujourd'hui. C'est fait pour stigmatiser ceux qui
contestent les arrangements constitutionnels
actuels comme étant intolérants et ignorants.
Pour s'assurer que le ressentiment fondé sur les
différences ethniques et linguistiques s'empare
des colonies canadiennes, le Rapport Durham
recommandait ouvertement l'assimilation des «
Canadiens français », qu'il qualifiait de « peuple
sans histoire et sans littérature ». C'est dans
cet objectif que les bâtisseurs de l'empire
britannique ont imposé une union législative du
Haut et du Bas-Canada et un système factionnel de
gouvernement de partis. Cela allait mener à
l'institutionnalisation de la politique de
l'antagonisme au sein du peuple et à la division
en fonction des lignes de parti basées sur leurs
prétendues valeurs.
Le Parti libéral
d'aujourd'hui est né d'une scission du Parti rouge
créé par les Patriotes pour poursuivre leur cause
après l'écrasement des rébellions de 1837-1838.
Certains dans le Parti rouge furent séduits par la
politique de la division comme moyen de se hisser
au pouvoir tandis que ceux qui s'y opposèrent et
continuèrent de défendre les idées républicaines
des Patriotes furent persécutés, pendus, isolés,
emprisonnés, bannis, ostracisés et même
excommuniés par l'Église qui interdisait la
lecture de leurs écrits. Les champions de la
politique de division allaient créer le Parti
libéral du Canada après la Confédération.
La lutte pour la république dans le Bas-Canada
contre le pouvoir colonial antidémocratique et
l'élite dominante représentée par la Clique du
Château, constituée de riches et puissants
marchands, avait réuni toutes les personnes
éprises de démocratie toutes origines confondues.
Cette lutte s'accompagna d'un soulèvement
parallèle dans le Haut-Canada mené par William
Lyon Mackenzie contre les privilèges et l'emprise
de la clique dominante appelée le Family Compact.
La politique de division a été utilisée depuis
pour accabler le peuple québécois et comme
instrument d'oppression de la nation québécoise.
Elle a des adhérents à l'intérieur comme à
l'extérieur du Québec, et même à l'intérieur du
mouvement nationaliste. La motion adoptée en 2006
par le gouvernement de Stephen Harper «
reconnaissant la nation du Québec » stipule que la
Chambre « reconnaît que les Québécois forment une
nation au sein d'un Canada uni ». Le mot «
québécois » est utilisé en anglais également, pour
signifier un groupe particulier de Québécois. La
motion de 2006 limite la nation du Québec à un
groupe ethnique dont la langue est le français.
Elle n'inclut pas les Québécois qui parlent une
autre langue ou qui ont une autre origine
nationale et ne prévoit pas un rapport de nation à
nation avec les peuples autochtones dont les
territoires non cédés sont habités. Elle introduit
une notion diffuse de Québécois sans un territoire
précis et éparpillés dans des communautés de gens
d'origine canadienne-française partout au Canada.
Avec cette définition alambiquée, la « nation du
Québec » ne peut jamais être conçue comme étant
souveraine et ayant le droit à
l'autodétermination, et surtout pas le droit de
sécession. Comme pour tout mariage, seule une
union d'égaux librement consentie permet
l'épanouissement de chacun des éléments de
l'union.
La stratégie de confiner
la nation du Québec à un groupe ethnique était
également celle de Pierre-Elliott Trudeau pour
nier son existence et pour enlever au peuple
québécois ses droits nationaux. Dans les années
1960, Pierre Trudeau a proclamé que le
nationalisme était « arriéré » et un ennemi de
l'État moderne, imposant sa définition
irrationnelle et intéressée de la nation. Il
affirmait que la nation du Québec n'existait pas
et qu'il s'agissait uniquement d'un vaste groupe
ethnique au sein du Canada. Le « biculturalisme »
a été proclamé politique officielle de l'État
canadien comme moyen de contourner les
revendications et aspirations de la nation du
Québec et aussi des nations autochtones et pour
affaiblir l'unité de tous les peuples du Canada et
d'origine autochtone et leur demande de nouveaux
arrangements pour résister au projet d'empire et
d'annexion de l'impérialisme américain.
Après l'élection fédérale d'octobre 2015, Justin
Trudeau a appliqué un concept semblable au Canada
: « Aujourd'hui, il n'y a pas d'identité profonde
ou de courant dominant au Canada, a-t-il dit. Il y
a des valeurs qui sont partagées –
l'ouverture, le respect, la compassion, la volonté
de travailler dur, être là les uns pour les
autres, rechercher l'égalité et la justice. » Il a
ajouté que « ce sont ces qualités qui font de nous
le premier État postnational ».
En ce qui concerne le Québec, Justin Trudeau a
dit à plusieurs occasions que « le nationalisme
est une vieille idée du XIX siècle » basée « sur
une petitesse d'esprit qui construit des barrières
entre les gens ».
Ce désir de Trudeau fils de faire du Canada le «
premier État postnational » aide à mettre en
perspective les dissertations de Trudeau père sur
le nationalisme dans les années 1960 et 1970.
L'attaque des Trudeau père et fils contre ce
qu'ils appellent le nationalisme étroit d'esprit
se résume au fond à une attaque contre le droit du
peuple de bâtir son pouvoir décisionnel à son
niveau, contre la concentration du pouvoir entre
les mains de la toute petite minorité privilégiée
qui s'exerce aujourd'hui au niveau supranational
dans l'ensemble économique néolibéral mondial. La
lutte pour l'affirmation de ce droit commence avec
la rébellion contre le contrôle colonial et
l'emprise des riches marchands de la Clique du
château au XIXe siècle et comprend la lutte pour
mettre fin au pouvoir de puissants oligopoles
supranationaux qui agissent au niveau mondial et
disposent d'un bras armé, l'OTAN.
Il y a un refus obstiné de reconnaître le droit
du Québec à l'autodétermination et le droit du
peuple d'exister et de se gouverner avec des
institutions modernes. Ce refus s'accompagne de
tentatives constantes de diviser le peuple sur
toutes les questions. L'élite dominante est
incapable de doter le Canada de la perspective
moderne d'une union libre et égale des peuples du
Canada et du Québec, des peuples autochtones et
métis. Dans le fédéralisme canadien fondé sur les
notions libérales des bâtisseurs d'empire, le
peuple est sujet et le pouvoir souverain réside
dans le monarque. C'est aujourd'hui une façade
pour la concentration du pouvoir dans le bureau du
premier ministre agissant pour le compte des
monopoles les plus puissants, à la base du système
impérialiste d'États dominé par les États-Unis.
La nécessité de mettre fin à l'injustice
coloniale et à la négation des droits, et de bâtir
des relations de nation à nation
avec les peuples autochtones
La Constitution canadienne ne reconnaît pas les
droits ancestraux inhérents et les droits issus de
traités des peuples autochtones et ne reconnaît
pas la souveraineté de leurs nations. Les droits
ancestraux des peuples autochtones sont leur droit
d'être et leur droit de vivre sur leurs
territoires traditionnels selon ce que leur
enseigne leur matériel de pensée, la façon dont
eux-mêmes définissent leurs besoins et ce dont ils
ont besoin en ce XXIe siècle pour concrétiser
leurs droits et leur donner pleine expression.
L'invasion coloniale a été un effort pour nier les
droits ancestraux et les autres droits et le
développement des peuples qui habitaient l'Île de
la Tortue et les territoires de ce qui est appelé
les Amériques depuis des temps immémoriaux[1]. Pour que
justice soit faite, cette négation des droits doit
elle-même être niée et des relations de nation à
nation doivent être établies de manière concrète
pour que les peuples autochtones puissent
s'épanouir.
La Constitution ne reconnaît pas les
responsabilités fiduciaires du Canada en tant que
pays qui s'est bâti par l'appropriation coloniale,
l'occupation et l'exploitation des territoires et
du travail des autochtones, et les tentatives
génocidaires d'éliminer les autochtones en tant
que peuples. En vertu de ces responsabilités
fiduciaires, le niveau de vie le plus élevé doit
être garanti aux peuples autochtones et tous les
services requis doivent être fournis, au niveau le
plus élevé qu'une société moderne a atteint. Le
renouvellement sur une base moderne des relations
entre des nations autochtones souveraines, la
nation métisse, un Québec souverain, un Canada
souverain, des peuples souverains en tant
qu'individus et collectifs, est essentiel au
renouveau de la Confédération et à la
modernisation des conditions de vie elles-mêmes.
Les politiques du
gouvernement libéral et la négation par
l'opposition conservatrice, qui rivalisent pour
former le prochain gouvernement, sont dénuées de
principe. Le sous-ministre adjoint principal de
Justin Trudeau, pour les Traités et gouvernement
autochtone, Relations Couronne-Autochtones, Joe
Wild, l'a bien exprimé quand il a dit au sujet des
moyens d'« insuffler une nouvelle vie » à la
Constitution canadienne et des relations du Canada
avec les Premières Nations et leur souveraineté :
« Il y a une notion de souveraineté qui peut
encore exister d'une manière qui ne menace pas le
tissu de la nation. Il peut y avoir quelques
domaines où vous devez être un peu prudent, comme
mettre en place une armée, la frontière du pays
par rapport aux autres pays, mais le reste ? Vous
pourriez probablement trouver des moyens où cela
pourrait fonctionner et ne menacerait pas le
statut du Canada en tant que Canada[2]. »
Wild a aussi dit que son gouvernement allait
traiter avec chaque communauté ou nation
autochtone comme une entité séparée, dans le but
d'en arriver à une entente avec chacune d'entre
elles séparément.
Ces propos illustrent bien la continuation de la
relation coloniale d'oppression que réitère le
gouvernement Trudeau aujourd'hui lorsqu'il dit
qu'il va continuer de prendre des décisions qui
affectent les peuples autochtones sans leur
consentement. La lutte des nations autochtones
pour la souveraineté sur leurs terres et dans
toute prise de décision n'a pas à répondre à un
pouvoir au-dessus d'elles qui décide pour elles et
prétend représenter le tissu social de la nation.
Être souverain veut dire que ce sont les peuples
autochtones qui décident et que les relations
entre elles et le Canada sont des relations entre
entités souveraines et que cette relation moderne
est enchâssée dans la Constitution. Le renouveau
de la Constitution doit éliminer tout vestige des
relations coloniales et bannir les expressions
passe-partout comme « approche de collaboration »
qui en pratiquent servent à maintenir le statu
quo.
La
demande d'une constitution moderne est une lutte
de plus qui vient renforcer l'unité d'action entre
les peuples autochtones, canadien et québécois qui
réclament leurs droits. La lutte de tous ces
peuples est essentiellement une seule lutte pour
le renouveau politique et constitutionnel pour que
les droits de tous puissent être garantis dans une
constitution moderne qui reconnaît, soutient et
garantit les droits de tous. L'État colonial
raciste du XIXe siècle et sa constitution
régressive font obstacle à l'avancement auquel
tous les peuples aspirent, comme individus et
comme collectifs.
C'est le temps maintenant que les femmes et les
jeunes, avec tous les travailleurs et leurs alliés
dans les autres couches et classes de la société
au Canada et au Québec, travaillent avec les
peuples autochtones pour renouveler en profondeur
les arrangements politiques de la société et
priver les autorités de leur pouvoir de priver le
peuple de ses droits. Ce sont les peuples
eux-mêmes qui doivent être investis du pouvoir de
prendre contrôle de leurs affaires économiques,
politiques et sociales. Le renouveau
constitutionnel et politique est une condition
préalable à une réconciliation véritable entre les
peuples autochtones, le Canada et le Québec.
Note
1. Abya
Yala est le terme avec lequel les Indiens Cuna
(Panama) désignent l'ensemble du continent
américain. Cela signifie « terre en pleine
maturité » et a été suggéré par le dirigeant
Aymara Takir Mamani qui a proposé que tous les
peuples autochtones l'utilisent dans leurs
documents et déclarations oraux parce qu'appeler
la terre par le nom étrange de Nouveau Monde
n'est pas acceptable.
2. 4 juin
2017
(Version abrégée d'un article
publié à l'origine dans le numéro 25 du 29
juin 2019 du Marxiste-Léniniste)
La conception des droits inscrite dans
l'actuelle Constitution du Canada remonte à
l'époque de la conquête britannique et des
rébellions contre celle-ci. Il s'agit d'une
conception qui consacre et protège les droits de
la Couronne avec des institutions, des valeurs,
des objectifs et des pratiques établis à cette
fin. Avant cela, la royauté de France avait
également imposé des lois et des pratiques pour
défendre la propriété privée qui ont également
contribué à façonner l'avenir du pays.
Pour comprendre la conception des droits
enchâssée dans la Constitution, il est
nécessaire d'examiner la situation qui prévalait
à chaque époque, la manière dont les élites
dirigeantes ont agi dans ces conditions, dans
l'intérêt de qui elles sont intervenues et les
résultats de cette intervention.
Par exemple, entre 1663 et 1673, sous la
tutelle du roi Louis XIV de France, environ 800
jeunes femmes ont été envoyées dans ce qui
s'appelait alors la Nouvelle-France « pour s'y
marier, y fonder un foyer et établir une famille
pour coloniser le territoire ». Ce qui n'est
souvent pas dit, c'est que tous les hommes
d'origine européenne qui se sont unis à des
femmes autochtones et qui ont rejeté cet édit
ont été privés de leurs biens. Refusant de se
soumettre à des lois injustes, les commerçants
de fourrures français et écossais se sont
déplacés vers l'ouest et ont uni leurs vies à
celles des Cris et des Anishinabe (Ojibway).
Leurs descendants ont formé une culture
distincte, une conscience collective et une
nation dans le Nord-Ouest. Ils ont établi des
communautés métisses distinctes le long des
routes de la traite des fourrures, qui ont
également été brutalement attaquées par l'État
colonial pour les priver de leurs terres et de
leur mode de vie.
Dès le début, l'État
colonial a utilisé le racisme pour diviser les
peuples en déclarant que le mode de vie
autochtone était inspiré par le diable et que
les peuples autochtones étaient les ennemis des
aspirations des colons à établir des maisons,
des fermes et des communautés. La politique
britannique de diviser pour régner est à la base
de la conception des droits qui consacre la
propriété privée et place tout le pouvoir de
décision et le monopole de l'usage de la force
entre les mains d'une élite qui a usurpé le
pouvoir dans le but de s'enrichir aux dépens de
tous les autres. Tant que les colons servaient
ces intérêts, tout se passait bien, mais
aussitôt que les peuples se sont unis contre
l'injustice, tous ont été traités avec la même
brutalité.
La conception républicaine des droits mise de
l'avant par les patriotes du Québec et les
réformateurs du Haut-Canada au milieu du XIXe
siècle en est un autre exemple. Les Britanniques
se sont opposés à cette conception qui
préconisait d'investir le peuple de la
souveraineté, sans distinction d'origine
nationale. Les Britanniques ont brutalement
réprimé les rébellions et rejeté toute
conception des droits qui investissait le peuple
du pouvoir de décision.
En même temps, pour comprendre la conception
des droits imposée par les Britanniques dans les
constitutions de 1840, 1867 et 1982, il faut
voir ce que les conditions révèlent aujourd'hui.
Par exemple, les conditions actuelles montrent
que l'incorporation de la Proclamation royale de
1763 dans la Constitution de 1867 a fait des
peuples autochtones des pupilles de la Couronne
et a fait de toutes leurs terres des terres
désignées de la Couronne.
Nous examinons le passé pour enrichir notre
capacité à résoudre les problèmes d'aujourd'hui
et ouvrir la voie au progrès de la société
aujourd'hui.
De ce point de vue, le
PCC(M-L) aborde l'étude de l'histoire et de la
théorie politique d'une manière qui traite des
relations dans lesquelles les gens entrent et du
type de société qui en découle. Cela comprend un
appel militant à s'opposer aux tentatives de
diviser le peuple dans le but de maintenir le
statu quo, une pratique introduite par les
colonialistes britanniques et soutenue par
l'État colonial anglo-canadien établi sur la
base du génocide des peuples autochtones, dont
les terres ont été expropriées et dont tout a
été fait pour éteindre le mode de vie.
Malgré le jugement de la Cour suprême du Canada
selon lequel « la doctrine de la découverte » du
colonisateur connue sous le nom de terra
nullius (doctrine selon laquelle nul ne
possédait la terre avant l'affirmation de la
souveraineté européenne) ne s'est jamais
appliquée au Canada, « comme l'a confirmé la
Proclamation royale de 1763 », il n'en demeure
pas moins que ce qu'on appelle l'État
colonisateur – pour le distinguer d'un État
colonial qui n'importait pas des personnes pour
coloniser la terre, mais utilisait la population
locale pour servir la puissance coloniale – ne
considérait pas les peuples autochtones comme
des êtres humains. Il en a fait des pupilles de
l'État sans nom et a mis en place un plan de
génocide culturel pour éteindre leur mode de
vie. Cela a conduit à ce qu'on ne peut qualifier
autre que de crimes contre l'humanité et d'actes
de génocide, lesquels se poursuivent encore
aujourd'hui. Le traitement réservé aux peuples
autochtones est à l'origine de la notion de
droits contenue dans la Constitution du Canada.
Pour comprendre la Constitution, il faut
reconnaître la vérité des relations entre l'État
raciste anglo-canadien et les peuples
autochtones.
La même chose vaut pour la répression de la
nation métisse qui s'efforçait d'affirmer son
identité de nation au Manitoba, que l'élite
dirigeante a utilisée pour créer la Police
montée du Nord-Ouest, puis la Gendarmerie royale
du Canada. La conception des droits en tant que
privilèges accordés et retirés par « la Couronne
» à sa seule discrétion est un vestige
moyenâgeux incorporé dans la Constitution qui
souligne la division du corps politique entre
ceux qui gouvernent et prennent toutes les
décisions, sur la base du seul intérêt de la
personne d'État, et ceux qui sont gouvernés et
sont gardés à l'écart, dans une position de
soumission.
Une partie intégrante de cette histoire
concerne les relations entre les trappeurs, les
voyageurs, les commerçants de fourrures, les
colons et les peuples autochtones, ainsi que les
relations entre ces derniers et les institutions
coloniales établies, y compris l'Église
catholique du Québec dont le rôle principal
était de maintenir les habitants soumis, et les
relations entre les peuples autochtones et les
patriotes du Haut-Canada et du Bas-Canada, ainsi
que l'aide qu'ils ont reçue des révolutionnaires
américains de l'époque et des forces des
Lumières d'Europe et des Amériques.
La lutte des patriotes du début du XIXe siècle
épousait les idéaux les plus avancés de
l'époque, tout comme Louis Riel lors de la
fondation de la nation métisse au Manitoba. Par
exemple, au Québec les patriotes ont fondé leur
projet d'édification nationale sur la cause
anticoloniale et l'abolition du système féodal
seigneurial, sur l'accès aux droits de
citoyenneté, de façon égale et sans distinction
fondée sur les origines ou les croyances, le
sexe ou toute autre considération, y compris
pour les peuples autochtones. L'État
anglo-canadien a continué de traiter les peuples
autochtones comme des non-personnes jusque dans
les années 1960 et continue encore aujourd'hui
de traiter les personnes d'origine autochtone
comme des membres du corps politique de seconde
classe. Il traite de la même manière tous les
migrants et les travailleurs de toutes origines
dans les conditions d'un soi-disant marché
mondial du travail qui considère les êtres
humains comme jetables.
La Déclaration
d'indépendance des patriotes du Québec, publiée
en 1838, exigeait une constitution qui enchâsse
ces idéaux en tant que loi du pays sous forme de
république. Cette cause s'apparentait aux
grandes guerres d'indépendance en Amérique
latine et dans les Caraïbes de l'époque ainsi
qu'aux mouvements nationaux en Italie et dans
d'autres pays. Les développements connexes de
cette époque ont conduit à la formation de
l'Association internationale des travailleurs
par Marx et Engels en 1864 et, en 1871, à la
Commune de Paris.
Les patriotes ont lutté pour des institutions
répondant aux besoins de l'époque, en
particulier pour exiger que le pouvoir de
décision soit confié aux citoyens de la nouvelle
république et non à la Couronne britannique.
Pour cela, leur rébellion a été écrasée par la
force des armes, la suspension des libertés
civiles, les arrestations massives, l'incendie
des maisons, la pendaison de douze Patriotes et
l'exil forcé de 64 autres.
Il ne faut pas oublier que c'était aussi
l'époque où la direction des États-Unis était
fixée sur la base de l'idéologie de la «
Destinée manifeste » selon laquelle les «
Européens américains » – c'est-à-dire les Blancs
– étaient « divinement élus pour coloniser
l'ensemble du continent nord-américain ». L'État
esclavagiste aux mains des propriétaires
terriens blancs a poussé les colons toujours
plus loin vers l'ouest, vers le Pacifique,
enfermant finalement les peuples autochtones
dans des réserves; il s'est engagé dans des
campagnes criminelles pour anéantir les peuples
autochtones et depuis a cherché à les priver de
leurs terres ancestrales, de leurs ressources et
de leurs droits ancestraux ainsi que des droits
qui leur appartiennent du fait de leur humanité.
Tout cela s'est étendu à l'« Amérique du Nord
britannique ». La Police montée du Nord-Ouest a
été créée en 1873 afin d'affirmer l'autorité de
la Couronne sur les Territoires du Nord-Ouest
(aujourd'hui l'Alberta et la Saskatchewan). Sa
juridiction s'est étendue pour inclure le Yukon
en 1895, la côte arctique en 1903 et le nord du
Manitoba en 1912. En 1904, le roi Édouard VII a
ajouté le mot « royal » à la Police montée, qui
est devenue la Gendarmerie royale du Canada.
La conception des droits contenue dans la
Constitution du Canada ne protège personne
contre les atteintes incessantes aux droits
ancestraux et aux droits humains des peuples
autochtones et contre l'offensive antisociale
mondiale qui traite les gens de toutes origines
et de toutes professions comme « jetables » et
ceux qui résistent comme des criminels. C'est
parce qu'il n'y a aucun moyen de régler les
intérêts conflictuels de manière pacifique et
qui favorise l'édification nationale. Les
sociétés sont constamment attaquées aujourd'hui.
Le dicton s'applique : « Quand l'injustice
devient loi, la résistance devient devoir. » Ce
n'est pas une question de lois et de règles.
C'est une question de cause juste et de
responsabilité sociale d'intervenir pour la
justice, pour les droits. L'action humaine
intervient pour affirmer des droits. Il s'agit
d'être pro-actif et cette action ne consiste pas
principalement à réagir aux lois et aux règles
imposées par un État qui, jusqu'à ce jour, se
fonde sur la définition anachronique des droits
inscrits dans la Constitution, notamment la Charte
des droits et libertés incluse en 1982.
On ne saurait trop insister sur la nécessité
pour les mouvements politiques du peuple de
s'atteler à l'élaboration d'une constitution
moderne. Seuls les travailleurs ont intérêt à
consacrer les droits qui appartiennent à tous du
fait de leur humanité. Il est urgent d'établir
une cohésion au sein du corps politique autour
de la politique indépendante de la classe
ouvrière, afin d'ouvrir une voie vers le progrès
et écarter les menaces qui viennent du recours à
la force pour imposer la volonté de la Couronne
au nom de grands idéaux.
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