La Constitution ne confère ni aux citoyens ni aux résidents des droits munis d'une garantie

L'histoire récente du Canada témoigne d'une offensive généralisée contre les droits et les libertés des citoyens et des résidents au nom de la « sécurité nationale », de la « lutte contre le terrorisme » et de la « prospérité économique ». Des arguments incohérents sont offerts pour justifier la présumée nécessité de nier les droits. Au nom de la protection de la démocratie, la liberté d'expression est autorisée seulement dans la mesure où la police politique considère qu'elle n'est pas préjudiciable à l'intérêt national, suivant des critères qui, selon elle, défendent l'intérêt national. Le principe que les personnes ont des droits en tant qu'êtres humains dans toutes les conditions et que l'État a l'obligation de garantir ces droits ne guide pas l'action du gouvernement. L'exemple de l'achat de la Trans Mountain Corporation et du projet d'agrandissement de l'oléoduc a montré comment des pouvoirs de prérogative sont utilisés pour passer outre aux graves préoccupations exprimées au sujet de l'environnement et à l'obligation d'obtenir le consentement de nombreux peuples autochtones et du peuple canadien dans son ensemble.

La Charte canadienne des droits et libertés a été incorporée à la Constitution rapatriée en 1982. L'article 1 de la Charte affirme que les droits et libertés « ne peuvent être restreints que par une règle de droit, dans des limites qui soient raisonnables et dont la justification puisse se démontrer dans le cadre d'une société libre et démocratique ». La Charte est maintenant rongée par la crise et le discrédit parce que les « limites raisonnables » définies par les pouvoirs arbitraires de l'État, qui sont des pouvoirs de police, ne sont pas perçues comme étant « raisonnables ». Le fait qu'une petite élite, agissant derrière des portes closes, puisse dicter quels droits le peuple peut ou ne peut pas avoir ne passe pas. C'est ainsi que les droits ont été dictés par Lord Durham au XIXe siècle au nom du pouvoir de police colonial. Cette usurpation a mené à un processus arbitraire de criminalisation sans fin de la conscience et d'attaques contre les luttes que mène le peuple contre l'offensive antisociale et les plans de guerre et de changement de régime de l'élite dirigeante du côté des impérialistes américains et de l'alliance de l'OTAN dominée par les États-Unis.

Les attaques contre les droits, menées sous prétexte de circonstances exceptionnelles, sont devenues la norme, et des communautés, comme la communauté musulmane, font face au profilage et sont la cible d'attaques sans qu'elles aient un droit de recours. De nos jours, les dirigeants se permettent de diffamer toute personne quelle qu'elle soit en la discréditant et en se donnant des allures vertueuses. Tout est fait au nom de grands idéaux, de protéger les femmes, les minorités nationales, les peuples autochtones et les personnes LGBTQ2S+. L'absence d'une constitution qui prescrit des droits inaliénables et rend le respect de ces droits justiciable est profondément ressentie dans tout le pays. L'échec des institutions actuelles à établir des mécanismes pour régler les conflits d'intérêts, d'opinions et de croyances met en lumière que le système dit de démocratie libérale ne répond pas aux besoins de l'époque.

En plus, les arrangements qui sont à la base de la Confédération sont en train d'être détruits alors que des intérêts mondiaux ont pris le contrôle des gouvernements à tous les niveaux – fédéral, provincial et municipal. Ceux-ci sont devenus les instruments de prises de décision sur une base supranationale, que ce soit par le G7, le G20, le FMI, l'OTAN ou autres.

http://www.cpcml.ca/francais/Images2019/Slogans/150228-Montreal-ArretezPayez-12crop2.jpgL'élite dirigeante ne considère plus les vieux arrangements de partage des pouvoirs entre les gouvernements fédéral et provinciaux comme étant utiles à la quête de contrôle des intérêts mondiaux les plus puissants. Ceux-ci ne reconnaissent ni juridiction ni limitation au droit de monopole et à leur course à la domination mondiale. Les contradictions sur les ententes de partage de pouvoirs fédéraux et provinciaux ont dégénéré en combats acharnés entre gouvernements servant différents intérêts privés à l'échelle mondiale. On le voit dans la privatisation systématique de l'éducation et de la santé, en passant par les services gouvernementaux, les projets d'infrastructure, de transport et de communications et de toutes les politiques et décisions en matière de politiques gouvernementales.

Le cabinet du premier ministre et certains fonctionnaires de haut niveau sont constamment mêlés à des manoeuvres pour payer les riches, comme nous l'avons vu avec le monopole mondial SNC-Lavalin, les grandes entreprises pharmaceutiques, les entreprises de haute technologie et la production de guerre, pour ne nommer que ceux-là. Les élites gouvernantes ont également été exposées comme des violateurs en série de l'état de droit sur le plan international par leur participation ouverte à des conspirations avec les États-Unis pour déstabiliser et renverser les gouvernements visés par des interventions de changement de régime et, dans le cas de la République bolivarienne du Venezuela, infliger une punition collective à sa population sous forme de sanctions économiques.

Le besoin de renouveler la Constitution afin d'investir le peuple de la souveraineté et de garantir ses droits en tant que fondement de la souveraineté canadienne n'a jamais été si grand. Loin d'être quelque chose dépassé ou une source de « division », comme le prétend l'élite dirigeante, le renouveau politique et constitutionnel est vital pour ouvrir la voie au progrès de la société. À cet égard, la classe ouvrière et les autres classes et couches de la population sont appelées à examiner l'évolution des institutions démocratiques du Canada, les intérêts qu'elles servent, quelle direction elles prennent et ce qu'on doit faire pour donner forme et contenu aux aspirations du peuple à la souveraineté, à l'habilitation politique, aux idées éclairées. C'est un droit humain fondamental de pouvoir décider des affaires politiques, économiques et sociales qui affectent nos vies et de pouvoir les contrôler.

Les constitutions et les questions constitutionnelles ne doivent pas être le monopole d'une élite dirigeante qui les exploite pour ses propres intérêts étroits. Elles appartiennent au peuple qui lutte pour défendre ses droits. Les Canadiens veulent enchâsser et codifier dans une constitution les définitions modernes auxquelles ils aspirent et qui correspondent aux conditions concrètes. La lutte pour renouveler la Confédération sur une base moderne est un instrument que le peuple a dans ses mains pour faire progresser l'intérêt public, ouvrir une voie vers l'avant et faire échec à l'arbitraire, à la régression, à l'anarchie, à la violence et aux guerres que l'élite dirigeante nous impose.

Poursuivons notre travail organisé pour établir une constitution moderne et une union libre et égale de peuples souverains dont les droits sont reconnus et garantis.


Cet article est paru dans

Volume 51 Numéro 17 - 1er juillet 2021

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