Numéro 14 - 21 mars 2023

Une lutte valeureuse pour la dignité du travail

Les travailleurs de Sel Windsor tiennent bon


Rassemblement des travailleurs du sel  et ceux qui les appuient devant l'hôtel de ville de Windsor,
16 mars  2023

Les mineurs de sel de Pugwash, en Nouvelle-Écosse, soutiennent les grévistes de Sel Windsor

Information sur l'arrêt de la production de sel de Stone Canyon
en Alberta

Résistance aux lois anti-ouvrières aux États-Unis

Les éducateurs américains développent des moyens créatifs pour défendre leurs droits et les droits de tous et de toutes

– Balado Education Is a Right –



Une lutte valeureuse pour la dignité du travail

Les travailleurs de Sel Windsor tiennent bon


Rassemblement lors de la Journée internationale des femmes sur la ligne de piquetage de Sel Windsor en appui aux travailleurs en grève, 8 mars 2023

Les travailleurs de Sel Windsor à Windsor, en Ontario, entament leur cinquième semaine de grève. À présent, l'entreprise a bien compris que le « Non » des travailleurs signifie « Non ! » lorsqu'il s'agit de briser les syndicats par la sous-traitance, et elle a accepté de revenir à la table de négociation, ce qui aura lieu le mercredi 22 mars. Malgré cela, les travailleurs affirment qu'ils ne se font pas d'illusions sur le fait que l'entreprise cessera de leur imposer des concessions.

Malgré les indications contenues dans la déclaration commune du syndicat et de l'entreprise, selon laquelle les conditions sont réunies pour parvenir à un accord, il n'y a aucune confirmation publique que l'entreprise a renoncé à exiger des concessions. Néanmoins, depuis qu'il a été révélé que le Régime de retraite des enseignantes et des enseignants de l'Ontario (RREO) est un investisseur dans Stone Canyon Industries Holdings Inc., qui possède Sel Windsor, et après que la présidente d'Unifor a envoyé une lettre au RREO l'exhortant à amener l'entreprise à négocier, le ton de l'avocat de l'entreprise a changé et ce dernier fait volte-face, jouant maintenant au bon flic et non au mauvais flic. Autrement dit, l'entreprise a été contrainte de changer de tactique.

Les travailleurs à l'échelle des États-Unis qui ont l'expérience des opérations appartenant à Stone Canyon écrivent aux travailleurs de Windsor au sujet de ce qui se passe à Windsor et du rôle du régime de retraite des enseignants. Ils partagent l'expérience de ce que beaucoup ont vécu lors des négociations avec Stone Canyon, son cabinet d'avocats Jackson Lewis et son avocat principal, et suivent de près ce qui se passe à Windsor.

(EmpowerYourselfNow.ca. Photos : WF, EYN.)

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Les mineurs de sel de Pugwash, en Nouvelle-Écosse, soutiennent les grévistes de Sel Windsor

Empower Yourself Now s'est entretenu avec un travailleur de Pugwash, en Nouvelle-Écosse, qui a vécu directement ce que Stone Canyon Industries Holdings Inc, les propriétaires de Sel Windsor, a fait aux mineurs de Sel Windsor à Pugwash. La société de portefeuille a acheté Windsor Salt en 2021, au moment où les travailleurs de Pugwash négociaient une nouvelle convention collective.

« Dès le début des négociations, il était clair que l'entreprise n'avait pas l'intention de négocier réellement, bien qu'il y ait eu beaucoup de discussions. Dès le départ, l'entreprise a engagé un cabinet antisyndical américain, Cozen O'Connor, et a fait appel à un avocat antisyndical connu d'Halifax et a présenté au syndicat des [demandes de] concessions insensées. Au fil des mois de négociations, ils ont retiré quelques concessions, mais au bout du compte, il en restait encore beaucoup. Ils n'ont jamais vraiment voulu aborder les enjeux soulevés par le syndicat.

« Dès le départ, le syndicat voulait simplement que quelqu'un dans l'entreprise entende ses préoccupations. Le syndicat ne comprenait pas les actions de l'entreprise, car ses demandes n'étaient pas extraordinaires. Ils ont donc fini par faire venir leur avocat américain, qui a changé de ton et a 'écouté', mais rien n'a changé. Ils avaient leur ordre du jour, qui semblait être de provoquer une grève et d'essayer de briser le syndicat autant qu'ils le pouvaient, quel qu'en soit le prix.

« Ils ont dépensé des millions de dollars pour tenter d'intimider les travailleurs, en faisant venir par bateau du sel en vrac de leurs autres mines à Halifax et à Summerside (Île-du-Prince-Édouard) pour leur montrer qu'ils n'avaient pas besoin du sel de Pugwash. Ils ont également installé des clôtures et des caméras tout autour du site et formé des employés de l'entreprise pour qu'ils effectuent des tâches syndicales essentielles. Ils ont également violé les lois du travail en envoyant aux membres des lettres sur leurs propositions, disant comment elles étaient équitables et qu'essentiellement la direction du syndicat mentait [aux travailleurs].

« La grève à Pugwash n'a finalement duré que deux semaines. La raison n'est pas que les travailleurs ont obtenu ce dont ils avaient besoin, mais que quelques jours après avoir rejeté l'offre de l'entreprise et être sortis en grève, l'entreprise a envoyé à tout le monde une lettre d'intimidation indiquant que son offre était encore valable pendant deux semaines et qu'après cela, la situation se dégraderait. Cette lettre a intimidé suffisamment de personnes pour qu'elles fassent le tour du syndicat et demandent un nouveau vote sur l'accord initial, qui a été adopté.

« En ce qui concerne les concessions, la convention collective existante n'était pas très explicite sur la sous-traitance, il n'y avait donc pas grand-chose à enlever par rapport à ce qui existe au syndicat de Windsor [Ontario]. Ils font déjà appel à des sous-traitants pour l'entretien tout au long de l'année et leurs confient de temps à autre d'autres tâches qui relevaient auparavant de la compétence du syndicat. La nouvelle convention collective est truffée de petites modifications au langage qui suppriment essentiellement les droits relatifs aux congés, à l'annulation des quarts de travail, etc. Autrement dit, il n'y a pas vraiment d'élément énorme qu'ils ont pu soutirer comme la sous-traitance à Windsor. Une des grandes concessions imposée par l'entreprise a été de ne pas verser de salaire rétroactif et de supprimer cette clause de la convention collective. Parmi les autres concessions, elle a fait en sorte que les travailleurs puissent renoncer à toute période de vacances dépassant le minimum prévu par la législation du travail... ce qui a pour effet de réduire la main-d'oeuvre. Ils ont également combiné certaines classifications d'emploi, ce qui a entraîné des suppressions de postes.

« J'espère que cela aidera les travailleurs de Windsor et nous suivons avec intérêt ce qui se passe là-bas. »

(EmpowerYourselfNow.ca)

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Information sur l'arrêt de la production de sel de Stone Canyon en Alberta


Mine à Lindbergh, en Alberta

En août 2022, les nouveaux propriétaires de Sel Windsor, Stone Canyon Industries Holdings Inc., ont fermé une mine de sel près du hameau de Lindbergh, en Alberta, à 235 kilomètres au nord-est d'Edmonton. Cette fermeture supprime les emplois de 47 personnes, mais touche tous les habitants de la ville, car lorsque la mine a ouvert ses portes en 1948, Lindbergh était une ville d'entreprise. Le hameau est approvisionné en gaz naturel par les puits de la mine, ainsi qu'en électricité et en traitement de l'eau.

L'exploitation a été construite sur un gisement de sel naturel découvert lors de la prospection de pétrole et de gaz. Par évaporation, elle produisait du sel de table, des adoucisseurs d'eau, du sel agricole (utilisé pour fournir des oligo-éléments vitaux au bétail) et des produits de déglaçage (sel utilisé pour faire fondre la neige et la glace sur les routes et les trottoirs) à l'aide d'une solution de saumure à haute pression. Une fois extraite des puits, l'eau de la saumure est éliminée par évaporation pour produire un sel de grande pureté similaire à celui produit à l'usine d'évaporation de Windsor, en Ontario, où les travailleurs sont actuellement en grève. Les produits ont été utilisés en Alberta et en Saskatchewan, une partie étant également destinée à l'Ontario.

Stone Canyon a acheté K+S Americas Salt en 2021, ce qui lui a donné la propriété des opérations de Lindbergh sous la marque Morton Salt, qui possédait Sel Windsor. Au moment où Stone Canyon a fermé la ligne de production de l'Alberta, elle a déclaré que c'était le résultat de « questions financières ». Elle a déclaré que l'installation n'était pas « rentable » et a annoncé son intention de démolir le bâtiment fermé qui abritait les opérations. Cependant, le problème majeur était que les nouveaux propriétaires ne voulaient pas faire les investissements nécessaires pour moderniser les puits de gaz et les équipements. Ni l'entreprise ni le gouvernement de l'Alberta ne se soucient des travailleurs ou de la ville.

Les relations nouées au cours des 74 années d'exploitation, y compris la construction du hameau où vivaient de nombreux travailleurs, risquaient d'être détruites par Stone Canyon Industries Holdings Inc. dans le cadre de ses plans globaux de consolidation de l'industrie du sel sous son contrôle. L'objectif probable était de céder l'entreprise à un nouvel acheteur, après avoir éliminé les parties jugées « non rentables ». Les travailleurs et leurs communautés sont transformés en choses dont on peut simplement se débarrasser dans le cadre de plans mondiaux qui échappent à leur contrôle.

La vérité, c'est que la rentabilité ou non de certaines activités n'est pas le principal critère pris en compte lorsque des sociétés de portefeuille s'emparent d'installations de production et que les gouvernements autorisent les décisions commerciales de grands cartels américains ou d'autres cartels étrangers qui disposent du sort des Canadiens. S'ils veulent investir dans les ressources naturelles canadiennes, ils doivent le faire d'une manière qui favorise le Canada, ses travailleurs et ses communautés. Sinon, il faut leur demander de partir et placer leurs activités sous le contrôle de ceux qui peuvent prendre des décisions qui activent le facteur humain/conscience sociale et qui appuient l'objectif de développer l'économie pour le bien public, et non pour la destruction nationale sur la base d'intérêts personnels rapaces.

La mine de sel de Lindbergh en 1949, un an après son entrée en production

(EmpowerYourselfNow.ca. Photos : V. Brooker, famille MacLennan)

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Résistance aux lois anti-ouvrières aux États-Unis

Les éducateurs américains développent des moyens créatifs pour défendre leurs droits et les droits de tous et de toutes

– Balado Education Is a Right –

Dans cette émission, « L'éducation est un droit » s'entretient avec Jon Shelton, vice-président de l'enseignement supérieur de l'American Federation of Teachers-Wisconsin, au sujet de la syndicalisation dans l'enseignement public primaire et secondaire et dans l'enseignement supérieur face aux lois antisyndicales et anti-travailleurs du « droit au travail ». On y discute aussi du rôle néfaste que jouent les cabinets d'avocats antisyndicaux tels que Jackson Lewis aux États-Unis, face à la vague de syndicalisation des jeunes travailleurs aux endroits de travail. Ces cabinets tentent également de s'implanter au Canada, mais ils se heurtent à une forte résistance de la part des travailleurs et des éducateurs.

Pour écouter le balado, cliquez ici

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