Numéro 88 - 27 septembre 2021
L'éducation est un droit
Identifier les problèmes et
leur trouver des solutions
- Laura Chesnik -
Nouveau-Brunswick
• Les travailleurs du
secteur public votent fortement pour la grève
Ontario
• Les travailleurs de
l'éducation postsecondaire exigent que les
travailleurs et les étudiants soient protégés
• Les syndicats de
l'éducation demandent des comptes au
gouvernement
L'éducation est un droit
- Laura Chesnik -
L'éducation est un droit. Cette
affirmation est à peu près acceptée par tous dans
le monde d'aujourd'hui, mais qu'est-ce que ça
signifie ? Comment ce droit est-il défini et
comment faire pour qu'il soit appliqué en
pratique ? Une chose est sûre : définir
et faire respecter ce droit est une nécessité. Si
nous n'offrons pas aux générations futures une
éducation correspondant au niveau requis par les
sociétés et le monde d'aujourd'hui, comment
pouvons-nous entrevoir l'avenir que nous
souhaitons ?
Mais
qui décide de ce dont les sociétés ont besoin
aujourd'hui ? Qui décide du contenu et du
financement de l'éducation ? Quelles sont les
formes de culture sociale, politique et autres que
le système d'éducation inculque aux jeunes
aujourd'hui ? Comment se fait le règlement
des comptes avec la vieille conscience de la
société, comme la discrimination cruelle dont sont
victimes les enfants et les familles autochtones
et le racisme systémique auquel ils sont
confrontés ? Comme la discrimination que
subissent les enfants issus de familles
d'immigrants et d'autres milieux ou l'exploitation
des étudiants internationaux comme s'ils étaient
des vaches à lait pour l'économie
canadienne ? C'est plus de 19 milliards
de dollars sur le dos des « étudiants avec
visa ». Comment le système d'éducation
identifie-t-il et traite-t-il les problèmes de
l'adolescence et de la croissance et les
nombreuses questions connexes ?
Le traitement de ces questions par les
gouvernements à tous les niveaux soutient-il les
éducateurs, les écoles, les communautés et surtout
les jeunes, ou ces choses sont-elles utilisées
pour nous diviser ? Traite-t-on les jeunes
comme des êtres humains ayant des droits ou
simplement comme une catégorie de « choses »
à récompenser ou à punir, des choses à consommer
selon des valeurs définies à l'avance ?
Le système d'éducation est financé pour éduquer
et former les jeunes en fonction des besoins de
l'économie. Lorsque cette économie est entre les
mains d'une minuscule oligarchie financière, dont
l'action est uniquement centrée sur ses propres
besoins, l'orientation de l'économie et du système
d'éducation est fixée en fonction des objectifs
privés très étroits des oligarques en position de
contrôle. Que devons-nous faire, nous éducateurs
et personnes concernées par l'éducation et la
jeunesse, face à cette réalité ?
Dans le domaine de l'éducation, ce que les
gouvernements jugent bon de fournir est décidé en
fonction des objectifs privés étroits de ceux qui
possèdent et contrôlent l'économie, et en
particulier les entreprises qui produisent et
vendent tout sur le marché de l'éducation. Cela
inclut les infrastructures nécessaires, les
bâtiments, les ordinateurs, le mobilier, les
manuels scolaires et les équipements de toutes
sortes. Mais les tentacules de ces intérêts privés
s'étendent bien au-delà, jusqu'au type de
travailleurs qu'ils veulent que le système
produise pour leur marché du travail. Le contrôle
de ces puissants intérêts privés s'étend aussi au
curriculum et à la recherche et surtout à
l'objectif même du système d'éducation.
L'objectif de ceux qui dirigent le système
d'éducation d'en haut est de servir les intérêts
privés de ceux qui contrôlent l'économie,
l'oligarchie financière. Quand l'objectif vient
d'en haut, cela signifie que les éducateurs et les
jeunes sont soumis à une pression énorme d'obéir
et de s'adapter à cette atmosphère antisociale de
servir des intérêts privés étroits et leur marché,
y compris leur marché du travail. Ils sont obligés
de se « débrouiller par eux-mêmes » et de «
faire tout ce qu'il faut » pour s'assurer une
place dans le système d'éducation et le marché du
travail contrôlés par les oligarques financiers.
Or,
ils ont beau essayer, ces intérêts privés étroits
ne contrôlent pas et ne peuvent pas contrôler la
volonté du peuple. Ils ne peuvent pas forcer les
éducateurs et les travailleurs sociaux, les
parents et les étudiants à se soumettre à leurs
désirs volontairement. C'est un gros problème pour
les intérêts privés, mais un atout important pour
la société. Si l'accès à l'éducation est une
source d'inquiétude constante pour les jeunes
générations à cause des coûts et de la culture du
chacun pour soi, de nombreux jeunes défient ce
diktat pour se construire un avenir brillant. Si
la dégénérescence du système d'éducation apporte
de plus en plus son lot de stress pour les
enseignants, les travailleurs de l'éducation, les
directeurs et les parents, nombreux sont ceux qui,
poussés par le courage, le dévouement et une
détermination sans pareil, trouvent les moyens de
dire Non ! aux coupures, à la privatisation,
au diktat et à l'imposition d'objectifs et de
conditions inacceptables. Même les
administrateurs, qui sont engagés et pressés par
ceux qui ont la mainmise sur l'éducation et
veulent que les écoles, les collèges et les
universités soient gérés comme des entreprises
privées dont le but premier est de faire de
l'argent, osent s'exprimer malgré les menaces de
perte d'emploi et d'autres formes de représailles.
Cette résistance, ce refus de céder, cet esprit
de dire Non ! quand c'est nécessaire, rend
l'unité d'action entre les éducateurs, le
personnel de soutien, les étudiants et les parents
vivifiante et importante. Elle rend les demandes
et les revendications de ceux qui travaillent et
vivent dans le réseau de l'éducation --
éducateurs, étudiants, parents et autres --
vivifiantes et importantes.
Les éducateurs sont des professionnels qui ont
assumé un devoir envers la société, envers leurs
étudiants et envers eux-mêmes. Lorsqu'ils parlent
de leurs conditions de vie et de travail et des
problèmes qui se posent dans le domaine de
l'éducation en raison des coupures budgétaires et
du manque de financement ou à cause des diktats de
puissants intérêts privés, leur voix vaut plus que
de l'or. Nous devons les écouter et les soutenir
lorsqu'ils se battent pour affirmer leurs droits
et parler en leur propre nom.
Nous avons besoin d'une société qui garantisse
les droits, y compris le droit à l'éducation, car
nous avons besoin d'enseignants, de travailleurs
de l'éducation, d'écoles, de collèges et
d'universités éclairés pour aider à élever nos
jeunes et ouvrir la voie au progrès de la société.
Nouveau-Brunswick
Réunion à St-John durant le vote de grève
du 22 septembre 2021
Dans son bulletin du 22 septembre, le
Syndicat canadien de la fonction
publique-Nouveau-Brunswick (SCFP-NB) rapporte
que 7 des 10 sections locales engagées
dans un effort pour renouveler leurs conventions
collectives parfois échues depuis 4 ans ont
tenu de forts votes de grève. Les travailleurs
sont engagés en ce moment dans une négociation
centralisée avec le gouvernement pour obtenir des
salaires qu'ils jugent acceptables et qui vont
contribuer à résoudre le problème de l'attraction
et de la rétention des travailleurs dans les
services publics. La question des conditions de
travail doit être résolue par des négociations
avec les sections locales.
Le SCFP NB rapporte que les votes en faveur de la
grève se situent dans les 90 % avec un
fort taux de participation au vote. Par exemple,
les sténographes judiciaires ont voté
à 96 % en faveur de la grève avec un
taux de participation de 96 % ; les
travailleurs des collèges communautaires ont voté
à 93 % en faveur de la grève avec un
taux de participation de 100 % des membres et
les employés de Travail sécuritaire NB ont voté
à 83 % pour la grève, avec une
participation de 88 % des membres.
En date du 22 septembre, environ 9400
des 22 000 membres avaient tenu leur
vote de grève.
La section locale 1252, la plus grande
section locale qui représente près
de 11 000 travailleurs de la santé, a
tenu son vote du 23 au 25 septembre, et
les votes seront comptés aujourd'hui le 27
septembre. Les deux dernières sections locales,
qui représentent environ 1 800
travailleurs, afficheront bientôt leurs dates de
vote.
Le président du SCFP NB, Stephen Drost, a dit à Forum
ouvrier que le vote démontre que les
travailleurs sont déterminés à défendre leurs
droits et à obtenir des salaires qu'ils jugent
acceptables.
« Notre lutte n'est pas uniquement pour nous,
mais pour les services publics et pour la
population du Nouveau-Brunswick dans son
ensemble », a-t-il dit.
Le Nouveau-Brunswick est
maintenant aux prises avec la quatrième vague de
la COVID-19, avec une recrudescence de cas et
d'hospitalisations, notamment aux soins intensifs.
Les travailleurs déploient d'énormes efforts pour
faire face à la situation et ils le font dans ce
contexte où ils sont attaqués dans leur dignité et
leurs conditions par le gouvernement de la
province.
Pour ajouter à l'injure, le gouvernement du
Nouveau-Brunswick a récemment déposé une plainte
pour pratiques de travail déloyales et négociation
de mauvaise foi contre le syndicat, alléguant
qu'une section locale du SCFP a distribué une
affiche avec de fausses affirmations sur l'offre
de la direction.
« C'est très décevant et cela semble indiquer que
le SCFP est plus intéressé à faire la grève qu'à
faire un effort raisonnable et de bonne foi pour
conclure une convention collective », allègue
la plainte.
Le syndicat a réfuté les allégations du
gouvernement comme étant fausses factuellement et
mal intentionnées.
Avec ses prétentions sur la négociation, le
gouvernement nie que depuis plus de 15 ans
maintenant, les gouvernements qui se sont succédé
au Nouveau-Brunswick ont imposé un mandat de
suppression des salaires aux travailleurs du
secteur public qui ont appauvri les travailleurs
et aggravé les problèmes des services publics. Le
gouvernement a même introduit des demandes de
concessions, notamment sur les régimes de
retraite, dans une négociation centralisée qui
devait porter uniquement sur les salaires. Le
gouvernement ne reconnaît pas le problème de
rétention et d'attraction qui existe dans les
services, qui pousse même bon nombre de
travailleurs des services publics à quitter la
province à la recherche de meilleures conditions.
Sa considération des travailleurs comme étant
jetables et la carte blanche qu'il cherche pour la
privatisation accrue des services est un sérieux
problème pour la population de la province.
Ce sont les travailleurs qui défendent le
bien-être et les droits de toutes et de tous. Ils
méritent leur entier appui.
Ontario
Les sections locales du Syndicat canadien de la
fonction publique (SCFP) représentant une partie
des 30 000 travailleurs de soutien et
universitaires sur les campus postsecondaires de
l'Ontario ont tenu une conférence de presse
le 23 septembre pour exiger que le
gouvernement et les universités et collèges
prennent des mesures pour protéger les
travailleurs et les étudiants.
La
province de l'Ontario est actuellement soumise aux
directives de réouverture de l'étape trois. Pour
le secteur postsecondaire, selon le site Web du
gouvernement, l'étape trois exige que « la
capacité intérieure de chaque espace
d'enseignement soit limitée à deux mètres de
distance physique jusqu'à 50 %
ou 1 000 étudiants, selon le nombre le
moins élevé, ... une distance physique d'au moins
deux mètres entre chaque autre personne doit être
maintenue, sauf lorsque cela est nécessaire pour
l'enseignement ou l'instruction ». Il existe
également des restrictions sur la capacité
d'accueil à l'extérieur.
Quelques jours à peine avant l'ouverture des
établissements postsecondaires, en réponse à une
demande d'exemption du Conseil des universités de
l'Ontario, le gouvernement provincial a supprimé
les directives de la troisième étape pour
l'enseignement en classe dans les universités et
les collèges. Les travailleurs et leurs syndicats
exigent que leur santé et leur sécurité et celles
des étudiants soient le facteur déterminant, et
non la position du Conseil, qu'ils jugent
intéressée.
L'exemption des restrictions de la troisième
étape signifie que les cours ont repris avec
pratiquement aucune restriction et sans mesures
pour améliorer le nettoyage ou la ventilation ou
la possibilité de travailler à distance.
Lors d'une conférence de presse tenue le 23
septembre, les représentants des travailleurs de
l'éducation membres du Syndicat canadien de la
fonction publique (SCFP) Ontario ont présenté la
revendication de la protection des travailleurs et
des étudiants dans les établissements
postsecondaires face à la COVID-19.
Kathleen Webster, vice-présidente du secteur
universitaire de l'Ontario du SCFP et déléguée en
chef de la section locale 2361 du SCFP qui
représente le personnel de soutien de l'Université
Western Ontario, a dit :
« Pendant toute la durée de la pandémie, nous
avons demandé aux conservateurs de Doug Ford de
consulter les étudiants et les travailleurs
universitaires. Ils ne l'ont pas fait. Ils nous
ont ignorés. S'ils nous avaient parlé, nous leur
aurions dit que, compte tenu de décennies de
sous-financement, beaucoup de nos universités
n'ont pas eu les fonds nécessaires pour investir
dans des réparations aux immobilisations, y
compris le genre d'améliorations de la ventilation
qui seraient nécessaires pour arrêter la
propagation de la COVID. Nous leur aurions dit que
des années de sous-financement ont conduit
beaucoup de nos universités à réduire le
personnel, à sous-traiter les services de
nettoyage et d'entretien au plus bas
soumissionnaire, et à réduire les normes de
nettoyage au niveau de négligence 'débraillée' ce
qui n'est pas suffisant dans le meilleur des cas,
mais est particulièrement problématique lors d'une
crise de santé publique comme celle de la
COVID-19. »
Sharoni Mitra, présidente de la section
locale 3906 du SCFP, qui représente les
travailleurs de l'Université McMaster, a dit :
« Je ne peux pas le dire assez clairement :
la suppression de ces mesures importantes met en
danger les étudiants et les travailleurs de
McMaster. À l'heure actuelle, McMaster autorise
jusqu'à 100 étudiants dans les salles de
classe sans aucune mesure de distanciation. Nous
voyons également des tutoriels qui sont donnés
dans de petits espaces bondés au sous-sol. Il n'y
a aucune confirmation des horaires de nettoyage
dans les bureaux partagés, et il n'y a aucun
engagement à permettre aux travailleurs de choisir
de travailler à distance lorsque c'est
possible. »
Amy Conwell, présidente de la section
locale 3902 du SCFP, qui représente les
travailleurs universitaires de l'Université de
Toronto (U de T), a dit :
« Comme prévu, ce mois de septembre ressemble
beaucoup à un semestre ordinaire, prépandémique.
Malgré la pandémie en cours, la prévalence de la
variante Delta et la probabilité de transmission
dans des endroits fermés et bondés comme les
salles de classe et les laboratoires, l'Université
de Toronto a mis en place peu de contrôles réels
en milieu de travail, surtout sur le campus St.
George. Par conséquent, nous n'avons tout
simplement pas confiance dans la stratégie de
l'Université de Toronto pour atténuer la COVID-19
et pour assurer la sécurité des travailleurs et
des étudiants. Mais nous n'avons pas non plus
confiance dans les conservateurs de Doug
Ford. »
Sherri Ferris, présidente de la section
locale 229 du SCFP, qui représente les
travailleurs des services de garde, des métiers et
des services alimentaires de l'Université Queens,
a dit :
« En tant que personnel de soutien sur le campus,
nous savons que les conservateurs de Doug Ford
n'en font pas assez pour assurer un retour
sécuritaire à l'apprentissage en personne. La
décision de lever les limites sur la capacité du
nombre de personnes qui peuvent être présentes
nous a été imposée à la dernière minute par les
conservateurs de Doug Ford. En fait, la veille de
la rentrée scolaire, les conservateurs ont adopté
ce règlement et ont exempté les
universités. »
Fred Hahn, président du SCFP Ontario, a dit
:
« S'il est clair pour les conservateurs de Doug
Ford qu'une politique de vaccination obligatoire
ne suffit tout simplement pas à nous protéger dans
une salle de cinéma, pourquoi n'est-il pas évident
pour eux qu'il en va de même dans un
amphithéâtre ? Ils le savent pourtant et il
est inadmissible que le gouvernement de la
province supprime des mesures essentielles comme
les limites de capacité et les exigences de
distanciation physique pour les espaces
d'enseignement intérieurs, comme les salles de
classe et les laboratoires. Nous devons mettre ces
mesures en place immédiatement pour assurer la
sécurité des étudiants et des 30 000
travailleurs de soutien et universitaires du SCFP
Ontario sur les campus. »
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