Forum ouvrier

Numéro 88 - 27 septembre 2021

L'éducation est un droit

Identifier les problèmes et
leur trouver des solutions


http://www.cpcml.ca/francais/images2011/Manifetudiants1011-2011/manif10nov11educationestundroit.jpg

Nouveau-Brunswick
Les travailleurs du secteur public votent fortement pour la grève

Ontario
Les travailleurs de l'éducation postsecondaire exigent que les travailleurs et les étudiants soient protégés
Les syndicats de l'éducation demandent des comptes au gouvernement


L'éducation est un droit

Identifier les problèmes et leur trouver des solutions

L'éducation est un droit. Cette affirmation est à peu près acceptée par tous dans le monde d'aujourd'hui, mais qu'est-ce que ça signifie ? Comment ce droit est-il défini et comment faire pour qu'il soit appliqué en pratique ? Une chose est sûre : définir et faire respecter ce droit est une nécessité. Si nous n'offrons pas aux générations futures une éducation correspondant au niveau requis par les sociétés et le monde d'aujourd'hui, comment pouvons-nous entrevoir l'avenir que nous souhaitons ?

https://cpcml.ca/images/Education/Slogans/EducationEstUnDroit.JPGMais qui décide de ce dont les sociétés ont besoin aujourd'hui ? Qui décide du contenu et du financement de l'éducation ? Quelles sont les formes de culture sociale, politique et autres que le système d'éducation inculque aux jeunes aujourd'hui ? Comment se fait le règlement des comptes avec la vieille conscience de la société, comme la discrimination cruelle dont sont victimes les enfants et les familles autochtones et le racisme systémique auquel ils sont confrontés ? Comme la discrimination que subissent les enfants issus de familles d'immigrants et d'autres milieux ou l'exploitation des étudiants internationaux comme s'ils étaient des vaches à lait pour l'économie canadienne ? C'est plus de 19 milliards de dollars sur le dos des « étudiants avec visa ». Comment le système d'éducation identifie-t-il et traite-t-il les problèmes de l'adolescence et de la croissance et les nombreuses questions connexes ?

Le traitement de ces questions par les gouvernements à tous les niveaux soutient-il les éducateurs, les écoles, les communautés et surtout les jeunes, ou ces choses sont-elles utilisées pour nous diviser ? Traite-t-on les jeunes comme des êtres humains ayant des droits ou simplement comme une catégorie de « choses » à récompenser ou à punir, des choses à consommer selon des valeurs définies à l'avance ?

Le système d'éducation est financé pour éduquer et former les jeunes en fonction des besoins de l'économie. Lorsque cette économie est entre les mains d'une minuscule oligarchie financière, dont l'action est uniquement centrée sur ses propres besoins, l'orientation de l'économie et du système d'éducation est fixée en fonction des objectifs privés très étroits des oligarques en position de contrôle. Que devons-nous faire, nous éducateurs et personnes concernées par l'éducation et la jeunesse, face à cette réalité ?

Dans le domaine de l'éducation, ce que les gouvernements jugent bon de fournir est décidé en fonction des objectifs privés étroits de ceux qui possèdent et contrôlent l'économie, et en particulier les entreprises qui produisent et vendent tout sur le marché de l'éducation. Cela inclut les infrastructures nécessaires, les bâtiments, les ordinateurs, le mobilier, les manuels scolaires et les équipements de toutes sortes. Mais les tentacules de ces intérêts privés s'étendent bien au-delà, jusqu'au type de travailleurs qu'ils veulent que le système produise pour leur marché du travail. Le contrôle de ces puissants intérêts privés s'étend aussi au curriculum et à la recherche et surtout à l'objectif même du système d'éducation.

L'objectif de ceux qui dirigent le système d'éducation d'en haut est de servir les intérêts privés de ceux qui contrôlent l'économie, l'oligarchie financière. Quand l'objectif vient d'en haut, cela signifie que les éducateurs et les jeunes sont soumis à une pression énorme d'obéir et de s'adapter à cette atmosphère antisociale de servir des intérêts privés étroits et leur marché, y compris leur marché du travail. Ils sont obligés de se « débrouiller par eux-mêmes » et de « faire tout ce qu'il faut » pour s'assurer une place dans le système d'éducation et le marché du travail contrôlés par les oligarques financiers.

Or, ils ont beau essayer, ces intérêts privés étroits ne contrôlent pas et ne peuvent pas contrôler la volonté du peuple. Ils ne peuvent pas forcer les éducateurs et les travailleurs sociaux, les parents et les étudiants à se soumettre à leurs désirs volontairement. C'est un gros problème pour les intérêts privés, mais un atout important pour la société. Si l'accès à l'éducation est une source d'inquiétude constante pour les jeunes générations à cause des coûts et de la culture du chacun pour soi, de nombreux jeunes défient ce diktat pour se construire un avenir brillant. Si la dégénérescence du système d'éducation apporte de plus en plus son lot de stress pour les enseignants, les travailleurs de l'éducation, les directeurs et les parents, nombreux sont ceux qui, poussés par le courage, le dévouement et une détermination sans pareil, trouvent les moyens de dire Non ! aux coupures, à la privatisation, au diktat et à l'imposition d'objectifs et de conditions inacceptables. Même les administrateurs, qui sont engagés et pressés par ceux qui ont la mainmise sur l'éducation et veulent que les écoles, les collèges et les universités soient gérés comme des entreprises privées dont le but premier est de faire de l'argent, osent s'exprimer malgré les menaces de perte d'emploi et d'autres formes de représailles.

Cette résistance, ce refus de céder, cet esprit de dire Non ! quand c'est nécessaire, rend l'unité d'action entre les éducateurs, le personnel de soutien, les étudiants et les parents vivifiante et importante. Elle rend les demandes et les revendications de ceux qui travaillent et vivent dans le réseau de l'éducation -- éducateurs, étudiants, parents et autres -- vivifiantes et importantes.

Les éducateurs sont des professionnels qui ont assumé un devoir envers la société, envers leurs étudiants et envers eux-mêmes. Lorsqu'ils parlent de leurs conditions de vie et de travail et des problèmes qui se posent dans le domaine de l'éducation en raison des coupures budgétaires et du manque de financement ou à cause des diktats de puissants intérêts privés, leur voix vaut plus que de l'or. Nous devons les écouter et les soutenir lorsqu'ils se battent pour affirmer leurs droits et parler en leur propre nom.

Nous avons besoin d'une société qui garantisse les droits, y compris le droit à l'éducation, car nous avons besoin d'enseignants, de travailleurs de l'éducation, d'écoles, de collèges et d'universités éclairés pour aider à élever nos jeunes et ouvrir la voie au progrès de la société.

(Photos: ETT, FEESO)

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Nouveau-Brunswick

Les travailleurs du secteur public
votent fortement pour la grève


Réunion à St-John durant le vote de grève du 22 septembre 2021

Dans son bulletin du 22 septembre, le Syndicat canadien de la fonction publique-Nouveau-Brunswick (SCFP-NB) rapporte que 7 des 10 sections locales engagées dans un effort pour renouveler leurs conventions collectives parfois échues depuis 4 ans ont tenu de forts votes de grève. Les travailleurs sont engagés en ce moment dans une négociation centralisée avec le gouvernement pour obtenir des salaires qu'ils jugent acceptables et qui vont contribuer à résoudre le problème de l'attraction et de la rétention des travailleurs dans les services publics. La question des conditions de travail doit être résolue par des négociations avec les sections locales.

Le SCFP NB rapporte que les votes en faveur de la grève se situent dans les 90 % avec un fort taux de participation au vote. Par exemple, les sténographes judiciaires ont voté à 96 % en faveur de la grève avec un taux de participation de 96 % ; les travailleurs des collèges communautaires ont voté à 93 % en faveur de la grève avec un taux de participation de 100 % des membres et les employés de Travail sécuritaire NB ont voté à 83 % pour la grève, avec une participation de 88 % des membres.

En date du 22 septembre, environ 9400 des 22 000 membres avaient tenu leur vote de grève.

La section locale 1252, la plus grande section locale qui représente près de 11 000 travailleurs de la santé, a tenu son vote du 23 au 25 septembre, et les votes seront comptés aujourd'hui le 27 septembre. Les deux dernières sections locales, qui représentent environ 1 800 travailleurs, afficheront bientôt leurs dates de vote.

Le président du SCFP NB, Stephen Drost, a dit à Forum ouvrier que le vote démontre que les travailleurs sont déterminés à défendre leurs droits et à obtenir des salaires qu'ils jugent acceptables.

« Notre lutte n'est pas uniquement pour nous, mais pour les services publics et pour la population du Nouveau-Brunswick dans son ensemble », a-t-il dit.

http://cpcml.ca/images2018/WorkersEconomy/PostOffice/181201-Montreal-Postiers-04.jpgLe Nouveau-Brunswick est maintenant aux prises avec la quatrième vague de la COVID-19, avec une recrudescence de cas et d'hospitalisations, notamment aux soins intensifs. Les travailleurs déploient d'énormes efforts pour faire face à la situation et ils le font dans ce contexte où ils sont attaqués dans leur dignité et leurs conditions par le gouvernement de la province.

Pour ajouter à l'injure, le gouvernement du Nouveau-Brunswick a récemment déposé une plainte pour pratiques de travail déloyales et négociation de mauvaise foi contre le syndicat, alléguant qu'une section locale du SCFP a distribué une affiche avec de fausses affirmations sur l'offre de la direction.

« C'est très décevant et cela semble indiquer que le SCFP est plus intéressé à faire la grève qu'à faire un effort raisonnable et de bonne foi pour conclure une convention collective », allègue la plainte.

Le syndicat a réfuté les allégations du gouvernement comme étant fausses factuellement et mal intentionnées.

Avec ses prétentions sur la négociation, le gouvernement nie que depuis plus de 15 ans maintenant, les gouvernements qui se sont succédé au Nouveau-Brunswick ont imposé un mandat de suppression des salaires aux travailleurs du secteur public qui ont appauvri les travailleurs et aggravé les problèmes des services publics. Le gouvernement a même introduit des demandes de concessions, notamment sur les régimes de retraite, dans une négociation centralisée qui devait porter uniquement sur les salaires. Le gouvernement ne reconnaît pas le problème de rétention et d'attraction qui existe dans les services, qui pousse même bon nombre de travailleurs des services publics à quitter la province à la recherche de meilleures conditions. Sa considération des travailleurs comme étant jetables et la carte blanche qu'il cherche pour la privatisation accrue des services est un sérieux problème pour la population de la province.

Ce sont les travailleurs qui défendent le bien-être et les droits de toutes et de tous. Ils méritent leur entier appui.

(Photos : WF, S. Harding)

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Ontario

Les travailleurs de l'éducation postsecondaire exigent que les travailleurs et les étudiants soient protégés

Les sections locales du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) représentant une partie des 30 000 travailleurs de soutien et universitaires sur les campus postsecondaires de l'Ontario ont tenu une conférence de presse le 23 septembre pour exiger que le gouvernement et les universités et collèges prennent des mesures pour protéger les travailleurs et les étudiants.

https://cpcml.ca/francais/Images2020/Movement%20Ouvrier/20623-Ensemble%20luttonspoursante-securite-au%20travail-FTQ-ConstructionCr.JPGLa province de l'Ontario est actuellement soumise aux directives de réouverture de l'étape trois. Pour le secteur postsecondaire, selon le site Web du gouvernement, l'étape trois exige que « la capacité intérieure de chaque espace d'enseignement soit limitée à deux mètres de distance physique jusqu'à 50 % ou 1 000 étudiants, selon le nombre le moins élevé, ... une distance physique d'au moins deux mètres entre chaque autre personne doit être maintenue, sauf lorsque cela est nécessaire pour l'enseignement ou l'instruction ». Il existe également des restrictions sur la capacité d'accueil à l'extérieur.

Quelques jours à peine avant l'ouverture des établissements postsecondaires, en réponse à une demande d'exemption du Conseil des universités de l'Ontario, le gouvernement provincial a supprimé les directives de la troisième étape pour l'enseignement en classe dans les universités et les collèges. Les travailleurs et leurs syndicats exigent que leur santé et leur sécurité et celles des étudiants soient le facteur déterminant, et non la position du Conseil, qu'ils jugent intéressée.

L'exemption des restrictions de la troisième étape signifie que les cours ont repris avec pratiquement aucune restriction et sans mesures pour améliorer le nettoyage ou la ventilation ou la possibilité de travailler à distance.

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Les syndicats de l'éducation demandent
des comptes au gouvernement

Lors d'une conférence de presse tenue le 23 septembre, les représentants des travailleurs de l'éducation membres du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) Ontario ont présenté la revendication de la protection des travailleurs et des étudiants dans les établissements postsecondaires face à la COVID-19.

Kathleen Webster, vice-présidente du secteur universitaire de l'Ontario du SCFP et déléguée en chef de la section locale 2361 du SCFP qui représente le personnel de soutien de l'Université Western Ontario, a dit :

« Pendant toute la durée de la pandémie, nous avons demandé aux conservateurs de Doug Ford de consulter les étudiants et les travailleurs universitaires. Ils ne l'ont pas fait. Ils nous ont ignorés. S'ils nous avaient parlé, nous leur aurions dit que, compte tenu de décennies de sous-financement, beaucoup de nos universités n'ont pas eu les fonds nécessaires pour investir dans des réparations aux immobilisations, y compris le genre d'améliorations de la ventilation qui seraient nécessaires pour arrêter la propagation de la COVID. Nous leur aurions dit que des années de sous-financement ont conduit beaucoup de nos universités à réduire le personnel, à sous-traiter les services de nettoyage et d'entretien au plus bas soumissionnaire, et à réduire les normes de nettoyage au niveau de négligence 'débraillée' ce qui n'est pas suffisant dans le meilleur des cas, mais est particulièrement problématique lors d'une crise de santé publique comme celle de la COVID-19. »

Sharoni Mitra, présidente de la section locale 3906 du SCFP, qui représente les travailleurs de l'Université McMaster, a dit :

« Je ne peux pas le dire assez clairement : la suppression de ces mesures importantes met en danger les étudiants et les travailleurs de McMaster. À l'heure actuelle, McMaster autorise jusqu'à 100 étudiants dans les salles de classe sans aucune mesure de distanciation. Nous voyons également des tutoriels qui sont donnés dans de petits espaces bondés au sous-sol. Il n'y a aucune confirmation des horaires de nettoyage dans les bureaux partagés, et il n'y a aucun engagement à permettre aux travailleurs de choisir de travailler à distance lorsque c'est possible. »

Amy Conwell, présidente de la section locale 3902 du SCFP, qui représente les travailleurs universitaires de l'Université de Toronto (U de T), a dit  :

« Comme prévu, ce mois de septembre ressemble beaucoup à un semestre ordinaire, prépandémique. Malgré la pandémie en cours, la prévalence de la variante Delta et la probabilité de transmission dans des endroits fermés et bondés comme les salles de classe et les laboratoires, l'Université de Toronto a mis en place peu de contrôles réels en milieu de travail, surtout sur le campus St. George. Par conséquent, nous n'avons tout simplement pas confiance dans la stratégie de l'Université de Toronto pour atténuer la COVID-19 et pour assurer la sécurité des travailleurs et des étudiants. Mais nous n'avons pas non plus confiance dans les conservateurs de Doug Ford. »

Sherri Ferris, présidente de la section locale 229 du SCFP, qui représente les travailleurs des services de garde, des métiers et des services alimentaires de l'Université Queens, a dit  :

« En tant que personnel de soutien sur le campus, nous savons que les conservateurs de Doug Ford n'en font pas assez pour assurer un retour sécuritaire à l'apprentissage en personne. La décision de lever les limites sur la capacité du nombre de personnes qui peuvent être présentes nous a été imposée à la dernière minute par les conservateurs de Doug Ford. En fait, la veille de la rentrée scolaire, les conservateurs ont adopté ce règlement et ont exempté les universités. »

Fred Hahn, président du SCFP Ontario, a dit  :

« S'il est clair pour les conservateurs de Doug Ford qu'une politique de vaccination obligatoire ne suffit tout simplement pas à nous protéger dans une salle de cinéma, pourquoi n'est-il pas évident pour eux qu'il en va de même dans un amphithéâtre ? Ils le savent pourtant et il est inadmissible que le gouvernement de la province supprime des mesures essentielles comme les limites de capacité et les exigences de distanciation physique pour les espaces d'enseignement intérieurs, comme les salles de classe et les laboratoires. Nous devons mettre ces mesures en place immédiatement pour assurer la sécurité des étudiants et des 30 000 travailleurs de soutien et universitaires du SCFP Ontario sur les campus. »

(Photo : SCFP-ON)

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