L'éducation est un droit
Identifier les problèmes et leur trouver des solutions
- Laura Chesnik -
L'éducation est un droit. Cette
affirmation est à peu près acceptée par tous dans
le monde d'aujourd'hui, mais qu'est-ce que ça
signifie ? Comment ce droit est-il défini et
comment faire pour qu'il soit appliqué en
pratique ? Une chose est sûre : définir
et faire respecter ce droit est une nécessité. Si
nous n'offrons pas
aux générations futures une éducation
correspondant au niveau requis par les sociétés et
le monde d'aujourd'hui, comment pouvons-nous
entrevoir l'avenir que nous souhaitons ?
Mais
qui décide de ce dont les sociétés ont besoin
aujourd'hui ? Qui décide du contenu et du
financement de l'éducation ? Quelles sont les
formes de culture sociale, politique et autres que
le système d'éducation inculque aux jeunes
aujourd'hui ? Comment se fait le règlement
des comptes avec la vieille conscience de la
société, comme la discrimination cruelle dont sont
victimes les enfants et les familles autochtones
et le racisme systémique auquel ils sont
confrontés ? Comme la discrimination que
subissent les enfants issus de familles
d'immigrants et d'autres milieux ou l'exploitation
des étudiants internationaux comme s'ils étaient
des vaches à lait pour
l'économie canadienne ? C'est plus de 19
milliards de dollars sur le dos des « étudiants
avec visa ». Comment le système d'éducation
identifie-t-il et traite-t-il les problèmes de
l'adolescence et de la croissance et les
nombreuses questions connexes ?
Le traitement de ces questions par les
gouvernements à tous les niveaux soutient-il les
éducateurs, les écoles, les communautés et surtout
les jeunes, ou ces choses sont-elles utilisées
pour nous diviser ? Traite-t-on les jeunes
comme des êtres humains ayant des droits ou
simplement comme une catégorie de « choses »
à récompenser
ou à punir, des choses à consommer selon des
valeurs définies à l'avance ?
Le système d'éducation est financé pour éduquer
et former les jeunes en fonction des besoins de
l'économie. Lorsque cette économie est entre les
mains d'une minuscule oligarchie financière, dont
l'action est uniquement centrée sur ses propres
besoins, l'orientation de l'économie et du système
d'éducation est fixée en fonction des objectifs
privés très étroits des oligarques en position de
contrôle. Que devons-nous faire, nous éducateurs
et personnes concernées par l'éducation et la
jeunesse, face à cette réalité ?
Dans le domaine de l'éducation, ce que les
gouvernements jugent bon de fournir est décidé en
fonction des objectifs privés étroits de ceux qui
possèdent et contrôlent l'économie, et en
particulier les entreprises qui produisent et
vendent tout sur le marché de l'éducation. Cela
inclut les infrastructures nécessaires, les
bâtiments, les ordinateurs, le
mobilier, les manuels scolaires et les équipements
de toutes sortes. Mais les tentacules de ces
intérêts privés s'étendent bien au-delà, jusqu'au
type de travailleurs qu'ils veulent que le système
produise pour leur marché du travail. Le contrôle
de ces puissants intérêts privés s'étend aussi au
curriculum et à la recherche et surtout à
l'objectif même du
système d'éducation.
L'objectif de ceux qui dirigent le système
d'éducation d'en haut est de servir les intérêts
privés de ceux qui contrôlent l'économie,
l'oligarchie financière. Quand l'objectif vient
d'en haut, cela signifie que les éducateurs et les
jeunes sont soumis à une pression énorme d'obéir
et de s'adapter à cette atmosphère antisociale de
servir des intérêts privés étroits et leur marché,
y compris leur marché du travail. Ils sont obligés
de se « débrouiller par eux-mêmes » et de «
faire tout ce qu'il faut » pour s'assurer une
place dans le système d'éducation et le marché du
travail contrôlés par les oligarques financiers.
Or,
ils ont beau essayer, ces intérêts privés étroits
ne contrôlent pas et ne peuvent pas contrôler la
volonté du peuple. Ils ne peuvent pas forcer les
éducateurs et les travailleurs sociaux, les
parents et les étudiants à se soumettre à leurs
désirs volontairement. C'est un gros problème pour
les intérêts privés, mais un atout important pour
la société.
Si l'accès à l'éducation est une source
d'inquiétude constante pour les jeunes générations
à cause des coûts et de la culture du chacun pour
soi, de nombreux jeunes défient ce diktat pour se
construire un avenir brillant. Si la
dégénérescence du système d'éducation apporte de
plus en plus son lot de stress pour les
enseignants, les travailleurs de
l'éducation, les directeurs et les parents,
nombreux sont ceux qui, poussés par le courage, le
dévouement et une détermination sans pareil,
trouvent les moyens de dire Non ! aux
coupures, à la privatisation, au diktat et à
l'imposition d'objectifs et de conditions
inacceptables. Même les administrateurs, qui sont
engagés et pressés par ceux qui
ont la mainmise sur l'éducation et veulent que les
écoles, les collèges et les universités soient
gérés comme des entreprises privées dont le but
premier est de faire de l'argent, osent s'exprimer
malgré les menaces de perte d'emploi et d'autres
formes de représailles.
Cette résistance, ce refus de céder, cet esprit
de dire Non ! quand c'est nécessaire, rend
l'unité d'action entre les éducateurs, le
personnel de soutien, les étudiants et les parents
vivifiante et importante. Elle rend les demandes
et les revendications de ceux qui travaillent et
vivent dans le réseau de l'éducation --
éducateurs, étudiants, parents
et autres -- vivifiantes et importantes.
Les éducateurs sont des professionnels qui ont
assumé un devoir envers la société, envers leurs
étudiants et envers eux-mêmes. Lorsqu'ils parlent
de leurs conditions de vie et de travail et des
problèmes qui se posent dans le domaine de
l'éducation en raison des coupures budgétaires et
du manque de financement ou à cause des diktats de
puissants intérêts privés, leur voix vaut plus que
de l'or. Nous devons les écouter et les soutenir
lorsqu'ils se battent pour affirmer leurs droits
et parler en leur propre nom.
Nous avons besoin d'une société qui garantisse
les droits, y compris le droit à l'éducation, car
nous avons besoin d'enseignants, de travailleurs
de l'éducation, d'écoles, de collèges et
d'universités éclairés pour aider à élever nos
jeunes et ouvrir la voie au progrès de la société.
Cet article est paru dans
Numéro 88 - 27 septembre 2021
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