Forum ouvrier

Numéro 86 - 22 septembre 2021

Journée nationale d'action du 17 septembre

Il est temps d'exiger, disent les infirmières


Devant le bureau de circonscription du premier ministre de la Colombie-Britannique John Horgan à Victoria

La prochaine crise dans le secteur de la santé est déjà là - Fédération canadienne des syndicats des infirmières et infirmiers

Les préoccupations des travailleurs sont les préoccupations de toutes et de tous
Non à l'utilisation de la loi pour attaquer les droits des travailleurs des postes!

- Jeff Callaghan
De sérieuses préoccupations face au projet de loi 59 du gouvernement du Québec - Simon Lévesque


Journée nationale d'action du 17 septembre

Il est temps d'exiger, disent les infirmières

De la Colombie-Britannique au Labrador, les infirmières ont dénoncé leurs conditions de travail intenables le 17 septembre. Elles ont exhorté les gouvernements à agir immédiatement en appui aux infirmières et aux travailleurs de la santé sous la bannière de « Il est temps d'exiger ».

La Fédération canadienne des syndicats d'infirmières et d'infirmiers (FCSII) et les syndicats d'infirmières des provinces et du Québec ont organisé des caravanes, des piquetages, des rassemblements, des conférences de presse et des événements sur les médias sociaux pour mettre en lumière les revendications des infirmières pour un niveau sécuritaire de dotation en personnel et pour les salaires et conditions de travail dont elles ont besoin pour faire leur travail. L'annonce de la FCSII pour la journée d'action soulignait : « Après dix-sept mois d'une pandémie mortelle et plus d'une décennie de pénurie chronique de personnel en soins de santé, les infirmières et le personnel de la santé sont surchargés, sous-payés, brûlés et en proie à une détresse morale du fait qu'il n'y a pas suffisamment de personnel pour prodiguer les soins que les patients méritent. »

Les infirmières prennent la parole en leur propre nom et développent une opinion publique en faveur des solutions qui sont requises, rejetant les décrets ministériels dictatoriaux du gouvernement qui aggravent la situation. Elles démontrent par leur travail et leurs prises de position que leurs conditions de travail sont essentielles pour les soins de santé des gens au Canada et au Québec et elles défendent leurs droits et les droits de toutes et de tous.

Colombie-Britannique

Edmonton, Alberta

Saskatchewan

Winnipeg, Manitoba

Cantons-de-l'Est, Québec

Nouveau-Brunswick

Nouvelle-Écosse

 Île-du-Prince-Édouard (à gauche); Terre-Neuve

(Photos: BCNU, UNA, SUN, MNU, FIQ-SPSCE, NBNU, PEINU, NSNU, RNUNL)


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La prochaine crise dans le secteur de la santé
est déjà là

La pénurie de personnel de la santé a atteint un stade critique.

La pandémie de la COVID-19 a mis en évidence les fissures profondes du système de santé au Canada. Ce sont des problèmes que la distanciation sociale ne peut régler. Dans cette élection, il est crucial que nous financions les infirmières et les soins de santé.

Les niveaux de dotation sont dangereusement bas partout au pays. Vingt-neuf pour cent des infirmières ont eu des maladies professionnelles diagnostiquées — et c'était avant la pandémie.

Si cette crise continue dans le secteur de la santé, cela va signifier moins de lits pour les urgences, annulation de chirurgies pouvant sauver des vies, et moins de soutien dans le secteur des soins de longue durée, entre autres.

Notre système de soins de santé est poussé à sa limite et il faut agir de façon urgente, y compris investir pour embaucher davantage de personnel infirmier, améliorer les soins aux aînés, en élargissant l'accès à des services de garde d'enfants de qualité et finalement s’assurer que chaque personne puisse obtenir les médicaments dont elle a besoin grâce à un régime national d’assurance-médicaments.

Nous devons immédiatement investir dans notre système de santé — pour un avenir meilleur et pour se remettre des contrecoups de la COVID-19. Nos dirigeants politiques doivent répondre « présents ».

Nous ne pouvons continuer dans la voie des solutions temporaires, nous allons mettre encore plus de vies en danger.

Pour en savoir davantage, téléchargez le programme des infirmières ici.

(thenextcrisis.ca)

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Les préoccupations des travailleurs sont les préoccupations de toutes et de tous

Non à l'utilisation de la loi pour attaquer
les droits des travailleurs et travailleuses des postes !

Jeff Callaghan est le directeur national, région de l'Atlantique, du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP).

Je pense que le plus grand problème pour nous, le STTP, lorsqu'il s'agit de notre employeur, est de nous assurer que celui-ci, et par extension le gouvernement, respecte le travail que nous faisons et ne se contente pas de le reconnaître du bout des lèvres. Lorsque nous sommes confrontés à une pandémie, on nous qualifie de héros, on qualifie notre travail d'essentiel et pourtant, chaque fois que nous exerçons l'un de nos droits fondamentaux dans ce pays, à savoir le droit de retirer notre travail par la grève, le gouvernement intervient et protège les intérêts de l'employeur.

Nous n'avons pas vraiment eu l'occasion de négocier librement une convention collective depuis un bon moment. Si l'on fait abstraction de la prolongation de deux ans de la convention collective que nous venons d'accepter, pendant au moins les trois ou quatre dernières rondes de négociations, Postes Canada a été réticente à aborder des questions vraiment importantes comme la santé et la sécurité. En raison de son intransigeance et sachant que le gouvernement assure ses arrières, Postes Canada n'a pas négocié et le gouvernement a tout simplement balayé nos droits fondamentaux, nous a forcé à retourner au travail par voie législative et nous a imposé des conventions collectives.

Je pense que c'est là le principal enjeu pour les travailleurs de Postes Canada, qui est de s'assurer que nous sommes en mesure de négocier librement avec notre employeur sans ingérence, sans que la société d'État sache que le gouvernement assure ses arrières et non ceux des travailleurs.

Le droit de grève est censé être un droit fondamental et il a été confirmé par la Cour suprême du pays. Pourtant, chaque fois que les travailleurs, non seulement ceux de Postes Canada mais aussi ceux de tout le pays, exercent ce droit, les gouvernements de toutes les allégeances, non seulement les libéraux et les conservateurs mais aussi le NPD à l'échelle provinciale, interviennent, prennent le parti de l'employeur et légifèrent pour nous priver de nos droits.

Nos membres s'attendent à beaucoup plus et, en ce qui concerne le syndicat, nous consacrons une grande partie de nos ressources financières et humaines à la négociation de conventions collectives pour nos membres, tant dans le secteur public que dans le secteur privé. Nous avons constaté à maintes reprises que les employeurs assis en face de nous disent du bout des lèvres qu'ils apprécient notre travail, qu'ils comprennent nos problèmes, mais ils ne font rien pour répondre à ces préoccupations, sachant qu'il y a un gouvernement dans leur camp.

Notre principale préoccupation, d'abord et avant tout, est notre santé et notre sécurité au travail. Nous avons des employeurs qui vont de l'avant avec de nouveaux programmes, qui introduisent de nouveaux équipements et processus de travail, des équipements automatisés qui mettent en jeu le gagne-pain des travailleurs.

Nous devons être en mesure de négocier librement avec notre employeur sur ces questions, afin de nous assurer que nos travailleurs sont bien protégés à l'avenir. Et nous ne pouvons pas le faire efficacement compte tenu de la façon dont les choses se passent dans ce pays et dans les provinces, avec des gouvernements qui sont prêts à prendre chaque fois le parti de l'employeur plutôt que celui des travailleurs.

Dans le contexte particulier de la pandémie et des élections fédérales qui viennent de se terminer, tous les partis politiques ont dit combien ils appréciaient les travailleurs, comme ceux de Postes Canada, qui ont travaillé pendant la pandémie en fournissant des services essentiels aux gens. Pourtant, une fois les élections fédérales terminées, nous savons que les gouvernements vont revenir à leur ancienne façon de prendre le parti de l'employeur.

Il faut que cela cesse si nous voulons avoir une quelconque paix sociale dans ce pays. Les travailleurs doivent sentir qu'ils sont respectés, que les syndicats sont respectés et que le travail qu'ils font est important pour l'ensemble du pays.

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De sérieuses préoccupations face au projet de loi 59 du gouvernement du Québec

Simon Lévesque est le responsable de la santé et de la sécurité à la FTQ-Construction

Une grande préoccupation à l'heure actuelle, c'est le projet de loi 59 du gouvernement du Québec sur le régime de santé et sécurité au travail.

On est très loin d'une entente entre les employeurs et les travailleurs avec ce projet de loi qui prétendument est une modernisation du régime alors qu'on est essentiellement dans la gestion de pertes. Les employeurs veulent faire des économies dans le régime en pénalisant les travailleurs.

Ils ne veulent pas prendre d'engagements pour faire de la prévention dans les milieux de travail.

Ils veulent faire des économies sur la réparation, sur l'indemnisation, en fixant le nombre de traitements qui seront alloués pour réparer une lésion. Le projet de loi met des limites sur les traitements et donne l'autorité en ce qui concerne la reconnaissance des maladies professionnelles à des comités réglementaires, qui demandent une entente entre les employeurs, les syndicats et la CNESST. On sait par expérience que cela prend tellement de temps pour avoir un règlement, je ne vois pas comment on pourrait s'entendre pour faire reconnaître des maladies professionnelles par des comités réglementaires.

On est dans un contexte de rareté au niveau de la main-d'oeuvre, les employeurs cherchent à combler des postes en y allant rapidement, en diminuant la formation, en ne se préoccupant pas de la santé et de la sécurité du travail. Si dans ce contexte, on ne valorise pas les emplois par des conditions de travail adéquates et des mécanismes de prévention qui protègent la santé et l'intégrité physique des travailleurs, alors on va le faire quand ? Cela prend un gros changement et on sait que les gouvernements au pouvoir ne sont pas pro-travailleurs.

Les employeurs ont le même discours économique qu'au début des années 1900, que la santé-sécurité coûte cher, que cela va tuer l'économie, etc. Le facteur humain pour eux n'est pas important. Tout est monnayé. Ils parlent de réduire les coûts en réduisant la prévention. En fait c'est par la prévention qu'on réduira les coûts. Le coût humain est énorme et c'est l'économie et l'ensemble de la société qui souffrent si la personne ne peut plus fonctionner, ne peut plus se divertir, se payer des choses, en faire profiter ses enfants.

Les employeurs disent qu'ils veulent garder leurs droits de gérance, c'est absurde. Ils vont garder leurs droits de gérance en décidant de ce qui est bon ou non pour les travailleurs même s'ils savent que ce n'est pas bon. Le projet de loi 59 vient leur donner ce qu'ils veulent, au détriment de la santé et de la sécurité des travailleurs.

On ne peut pas être d'accord avec ça.

(Photos: CSN, CSD)

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