Forum ouvrier

Numéro 82 - 13 septembre 2021

Les décrets du gouvernement du Québec vont aggraver la crise dans la santé et les services sociaux

Seuls les travailleurs peuvent décider des conditions qui sont requises pour maintenir la population en sécurité

Manifestation de professionnels de la santé du Québec du 30 août 2021 à Cowansville contre les tentatives de leur imposer le silence sur leurs conditions de travail et les soins aux patients

Ontario
Les travailleurs d'hôpitaux concluent leur été de rassemblements à la défense des droits de toutes et tous
Les technologues de laboratoire de l'Ontario ont besoin d'aide immédiatement

Affirmer le droit à l'éducation dans le contexte de la quatrième vague
Discussion sur les mesures concrètes à prendre pour défendre la santé, la sécurité et les droits lors de la réouverture des écoles


Les décrets du gouvernement du Québec vont aggraver la crise dans la santé
et les services sociaux

Seuls les travailleurs peuvent décider des conditions qui sont requises pour maintenir la population
en sécurité

Le 7 septembre, le gouvernement du Québec a annoncé que la vaccination contre la COVID-19 sera maintenant imposée à tous les travailleurs de la santé et des services sociaux, et que tous les travailleurs qui n'auront pas été doublement vaccinés d'ici le 15 octobre pourraient être suspendus sans solde. Ils devront fournir une preuve de vaccination complète. S'ils ne le font pas, ils seront affectés à d'autres tâches, ce qui semble impossible puisque tous les travailleurs de ces secteurs sont visés par la décision du gouvernement, sinon ils seront renvoyés à la maison sans salaire. Les bénévoles seront aussi renvoyés chez eux s'ils n'ont pas la preuve de double vaccination au 15 octobre. Les personnes proches aidantes et les visiteurs devront présenter leur passeport vaccinal sinon ils n'auront pas accès aux patients.

Le ministre de la Santé Christian Dubé a dit lors de l'annonce qu'« on ne peut pas accepter qu'il y ait des travailleurs qui mettent des personnes vulnérables à risque ». Le premier ministre François Legault nie la responsabilité de son gouvernement pour la situation intenable que vit le personnel infirmier et de la santé au Québec, qui a mené à une démission massive d'infirmières et à des problèmes de santé physique et mentale de toutes sortes parmi le personnel. Il a déclaré de manière irrationnelle que la mesure annoncée sera combinée à un effort pour ramener les infirmières dans le système, notamment les infirmières à la retraite.

Forum ouvrier tient à souligner que cette nouvelle mesure du gouvernement du Québec ne va qu'accroître l'incohérence, l'anarchie et le chaos qui règnent dans le système de santé au Québec. Au lieu d'assumer sa responsabilité sociale de fournir un financement et des effectifs adéquats au système de santé, de mettre fin immédiatement à toute privatisation des services et d'assurer un dépistage de la COVID-19 universellement accessible, le gouvernement écarte tout cela du revers de la main et s'en prend une fois de plus aux travailleurs et aux travailleuses de la santé, qui tiennent littéralement le système à bout de bras.

Les syndicats de la santé ont fait valoir que l'irrationalité et l'irrespect flagrants qui sont exprimés par cette mesure vont pousser un plus grand nombre de travailleurs hors du système, notamment les infirmières, qui sont excédées par les arrêtés ministériels qui ont été adoptés depuis un an et demi par le gouvernement. Ces arrêtés s'attaquent à la dignité des infirmières et des autres travailleurs de première ligne qui sont au service du public et ils nient leurs conditions de travail négociées.

Il est à prévoir que si le gouvernement maintient sa décision, encore plus d'infirmières quitteront, y compris des infirmières doublement vaccinées.

L'irrationalité de la décision se voit aussi au fait que la vaccination est présentée comme la mesure ultime de protection de la population, et non comme une des mesures, et qu'elle s'accompagne de mesures dites d'« assouplissement » que le gouvernement a décrétées. Les travailleurs de la santé dénoncent en particulier le fait que le gouvernement a décrété récemment un affaiblissement des règles de prévention et de contrôle des infections dans les établissements de santé. C'est le cas notamment de l'abolition des zones collectives chaudes, tièdes ou froides dans lesquelles les patients étaient rassemblés selon qu'ils aient la COVID-19 ou non et selon sa gravité, alors que le personnel lui-même demeurait dans la zone dans laquelle il était affecté. On assiste maintenant au retour de la mobilité du personnel à l'intérieur d'un même centre hospitalier, sans quarantaine ni autre mesure de prévention. Dans les urgences, on revient au phénomène où un patient affecté de la COVID-19 se retrouve sur un lit dans un couloir séparé par un drap d'un patient non affecté par la COVID mais ayant un système immunitaire extrêmement faible. Les travailleurs rapportent aussi que les travailleurs sans symptômes de la COVID ne sont plus dépistés lorsqu'ils sont en contact avec un patient testé positif.

Alors que la vaccination de la population fait partie des protocoles médicaux modernes, ces mesures sont adoptées sans discussion publique éclairée et sans le consentement des travailleurs qui livrent les services, comme cela a été le cas depuis le début de l'offensive antisociale. Des positions pour et contre sont imposées pour que la population soit divisée, tandis que des alternatives qui protégeraient la population et uniraient le peuple sont délibérément ignorées.

Il revient aux travailleurs et à leurs collectifs de discuter et de décider des mesures à prendre pour se protéger et protéger le public dans les établissements de santé. Ce sont eux qui défendent l'intérêt public et ce sont eux qui ont gagné le respect et la confiance du public par leur dévouement et leur courage dans les conditions les plus difficiles. En ce qui concerne la décision qui vient d'être annoncée, ce sont les travailleurs qui doivent décider ce qui doit être fait à son sujet.

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Ontario

Les travailleurs d'hôpitaux concluent leur été de rassemblements à la défense des droits
de toutes et tous

Le 10 septembre, les travailleurs d'hôpitaux de l'Ontario se sont rassemblés devant le siège social de l'Association des hôpitaux de l'Ontario (AHO) au centre-ville de Toronto. Le siège social de l'AHO a été choisi comme lieu du rassemblement parce que plus de 70 000 travailleurs membres du CSHO/SCFP (Conseil des syndicats d'hôpitaux de l'Ontario - SCFP) et de l'UIES-Division santé (Union internationale des employés des services) tentent de négocier le renouvellement de leurs conventions collectives avec l'AHO.

Le thème du rassemblement était Respectez-nous ! Protégez-nous ! Payez-nous ! et Non aux concessions ! Le rassemblement était le point culminant de plus de 60 actions organisées par les travailleurs hospitaliers à travers l'Ontario au cours de l'été pour défendre leurs droits et leur dignité.

Des dirigeants des deux syndicats et des travailleurs de première ligne ont pris la parole. Ils ont dit que les travailleurs de la santé de l'Ontario protègent la santé et la sécurité du public et que, depuis le début de la pandémie, plus de 24 000 travailleurs de la santé ont contracté la COVID-19 et 24 en sont morts. Ils ont parlé de l'épuisement et des problèmes de santé mentale qui touchent un très  grand nombre d'entre eux en raison de leurs conditions de travail intenables. Cela rend la provocation du gouvernement Ford inacceptable.

En 2019, le gouvernement Ford a adopté la loi 124 qui dicte que la rémunération totale d'une large section de travailleurs du secteur public, y compris les organismes d'État, les conseils scolaires, les universités et les collèges, les hôpitaux et les foyers de soins de longue durée sans but lucratif, ne peut dépasser 1 % par an pendant trois ans. La loi s'applique également aux sociétés d'aide à l'enfance, aux organismes de services sociaux et aux secteurs de l'électricité et de l'énergie. Les travailleurs d'hôpitaux estiment qu'avec cette politique de plafonnement des salaires, le gouvernement Ford réduit en fait leurs salaires. Une augmentation de salaire de 1 % signifierait une réduction réelle de près de 1 500 dollars cette année seulement, si l'on tient compte de l'inflation, qui dépasse actuellement largement les 3 %.

Mais le plafonnement de la rémunération affecte beaucoup plus que leurs salaires. Le 1 % comprend tout ce que le gouvernement et les employeurs considèrent comme un coût, y compris toute amélioration des vacances, des congés de toutes sortes, des prestations de santé et plus encore. Cela a un impact sur l'accès des travailleurs à des services de conseillers et de soutien en matière de santé mentale, dont le besoin est urgent dans les conditions de la pandémie.

Les participants au rassemblement ont clairement indiqué qu'ils considèrent cette mesure comme une violation de leur droit de négocier des salaires qu'ils jugent acceptables. C'est également une insulte aux travailleurs qui ont fait et continuent de faire de grands sacrifices personnels pour prendre soin du public et le protéger dans les conditions de la COVID-19.

Faisant preuve d'une insensibilité extrême à l'égard du sort des travailleurs, un porte-parole du président du Conseil du Trésor a écrit, dans un courriel adressé à CBC News, qu'il est « inexact de suggérer » que la loi 124 plafonne les salaires à 1 % par an, car « les employés du secteur public de l'Ontario pourront toujours recevoir des augmentations de salaire pour l'ancienneté, le rendement ou le rehaussement des qualifications ».

« La loi 124 est conçue pour protéger les emplois du secteur public et les services vitaux de première ligne, qui sont essentiels dans notre lutte contre la COVID-19, a-t-il également écrit. Nous pensons qu'il s'agit d'une approche équitable, cohérente et limitée dans le temps qui nous permettra de protéger les emplois et les travailleurs de première ligne. »

Les progressions salariales selon les échelons dans les conventions collectives n'ont rien à voir avec les salaires de base des travailleurs et ne s'appliquent pas à tous. L'idée même que s'attaquer aux droits et aux conditions de ceux qui fournissent les services protège les services et les travailleurs est irrationnelle et constitue une nouvelle provocation. Cela montre que la seule réponse du gouvernement Ford aux problèmes du système de santé est d'imposer encore plus de chaos, d'intensifier les attaques contre les droits des travailleurs et d'ouvrir le système à une plus grande privatisation.

La colère des travailleurs s'est accrue, selon les orateurs, lorsque les négociateurs de l'AHO se sont présentés à la table de négociation pour rencontrer le comité de négociation des syndicats et ont présenté des demandes de concessions, notamment des attaques contre les droits d'ancienneté et les pensions et d'autres attaques qui permettent plus de sous-traitance de leur travail.

Tout au long de l'été, les travailleurs de la santé de l'Ontario ont organisé des actions pour présenter leurs positions au public et expliquer ce qui se passe réellement dans le système de santé. Ils s'expriment et mobilisent l'opinion publique pour trouver une solution à la crise des soins de santé qui favorise à la population.

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Les technologues de laboratoire de l'Ontario
ont besoin d'aide immédiatement

Les technologues de laboratoire de l'Ontario dénoncent leurs conditions de travail et la crise du système de soins de santé qui a été exacerbée par la pandémie.

Lors d'un entretien avec CTV News le 11 septembre, Michelle Hoad, présidente de l'Association des professionnels des laboratoires médicaux de l'Ontario, a clairement indiqué qu'une aide immédiate est nécessaire. Elle a indiqué que 92 % des technologues de laboratoire font des heures supplémentaires et que 97 % des laboratoires manquent de personnel. Plus de 66 % des technologues n'ont pas pu prendre de vacances. L'association a également constaté que 87 % de ses membres sont victimes d'épuisement professionnel et que près de la moitié d'entre eux, 42 %, envisagent de quitter leur emploi. En outre, 41 % d'entre eux pourront prendre leur retraite d'ici deux à quatre ans.

Pour ajouter à la crise, les entreprises américaines offrent des primes à la signature de 10 000 à 20 000 dollars pour inciter les travailleurs à quitter l'Ontario.

L'association a fait une proposition concrète au gouvernement de l'Ontario sur la façon de résoudre le problème. Elle demande un investissement de 3,6 millions de dollars sur trois ans pour former davantage de technologues de laboratoire en créant des stages cliniques pour les étudiants. Elle demande un investissement de 2,6 millions de dollars sur trois ans pour les laboratoires des régions rurales éloignées du Nord de l'Ontario. Enfin, elle demande au gouvernement provincial de créer un laboratoire de simulation, un laboratoire de formation où les étudiants acquièrent une expérience pratique, en mettant l'accent sur les communautés rurales, éloignées et du Nord.

La pandémie et la réponse du gouvernement ont révélé et exacerbé les problèmes du système de soins de santé qui nécessitent des solutions. En dénonçant leurs conditions de travail et en formulant leurs revendications, les travailleurs de la santé défendent non seulement leurs propres droits, mais aussi les droits de tous.

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Affirmer le droit à l'éducation dans le contexte de la quatrième vague

Discussion sur les mesures concrètes à prendre pour défendre la santé, la sécurité et les droits
lors de la réouverture des écoles

Le 29 août 2021, le balado L'Éducation est un droit a tenu un forum virtuel pour discuter des préoccupations des éducateurs, des parents et des élèves de tout le Canada à l'occasion de la réouverture des écoles dans le contexte de la quatrième vague de la pandémie et du déploiement continu des vaccins. Les participants provenaient de l'Alberta, de l'Ontario et du Québec et comprenaient des éducateurs, des étudiants et des parents des niveaux primaire, secondaire et postsecondaire.

Le thème principal était comment assumer la responsabilité sociale dans les écoles et les communautés lors de la réouverture des écoles. Les participants ont eu droit à une présentation sur les lignes directrices pour des écoles sûres proposées par Santé Canada, puis ont discuté de la situation dans leur région du pays et de la façon dont ils prévoient faire face à la réalité en classe. Cette présentation a été suivie d'une session sur la façon de s'assurer que la Journée du Maillot Orange 2021 devienne un projet important pour les jeunes de chaque classe afin qu'ils participent à la vérité et à la réconciliation, et que cela ne soit pas laissé au hasard.

Le forum s'est terminé par une discussion sur les élections fédérales et l'importance de mobiliser les jeunes pour qu'ils acquièrent leur propre expérience du processus politique, malgré le très mauvais timing des élections.

Un fil conducteur tout au long de la plénière de trois heures a été l'importance que les éducateurs prennent leurs propres initiatives pour s'engager et engager leurs élèves dans la recherche de moyens de préserver la santé et la sécurité de leur classe et de leurs familles et, par extension, de leur communauté. C'était également le cas pour la Journée du Maillot Orange et les élections fédérales : il est important de nous organiser nous-mêmes et de prendre nos propres initiatives afin que la pandémie ne conduise pas à ne rien organiser ou conduise à des choses qui viennent d'en haut sans la participation des gens.

Trois décisions ont été prises par les personnes présentes :

1) que les délibérations de la conférence soient publiées sous forme de balados en septembre et en octobre
2) qu'en septembre, les épisodes soient consacrés à la Journée du Maillot Orange

3) que les participants se retrouvent virtuellement pendant les vacances de décembre pour faire le point sur ce qui s'est passé et préparer la prochaine phase de l'année scolaire.

La présentation d'ouverture sur les directives pour la réouverture des écoles et la discussion ont été publiées en podcast ici.

Épisode 108 - Planifier l'année scolaire 2021-22 dans le contexte de la 4e vague

Épisode 109 - Discussion sur une rentrée scolaire sécuritaire

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