Les décrets du gouvernement du
Québec vont aggraver la crise dans la santé
et les services sociaux
Seuls les travailleurs peuvent décider des conditions qui sont requises pour maintenir la population en sécurité
- Pierre Chénier -
Le 7
septembre, le gouvernement du Québec a annoncé que
la vaccination contre la COVID-19 sera maintenant
imposée à tous les travailleurs de la santé et des
services sociaux, et que tous les travailleurs qui
n'auront pas été doublement vaccinés d'ici
le 15 octobre pourraient être suspendus sans
solde. Ils devront fournir une preuve de
vaccination complète. S'ils ne le font pas, ils
seront affectés à d'autres tâches, ce qui semble
impossible puisque tous les travailleurs de ces
secteurs sont visés par la décision du
gouvernement, sinon ils seront renvoyés à la
maison sans salaire. Les bénévoles seront aussi
renvoyés chez eux s'ils n'ont pas la preuve de
double vaccination au 15 octobre. Les
personnes proches aidantes et les visiteurs
devront présenter leur passeport vaccinal sinon
ils n'auront pas accès aux patients.
Le ministre de la Santé Christian Dubé a dit lors
de l'annonce qu'« on ne peut pas accepter qu'il y
ait des travailleurs qui mettent des personnes
vulnérables à risque ». Le premier ministre
François Legault nie la responsabilité de son
gouvernement pour la situation intenable que vit
le personnel infirmier et de la santé au Québec,
qui a mené à une démission massive d'infirmières
et à des problèmes de santé physique et mentale de
toutes sortes parmi le personnel. Il a déclaré de
manière irrationnelle que la mesure annoncée sera
combinée à un effort pour ramener les infirmières
dans le système, notamment les infirmières à la
retraite.
Forum ouvrier tient à souligner que cette
nouvelle mesure du gouvernement du Québec ne va
qu'accroître l'incohérence, l'anarchie et le chaos
qui règnent dans le système de santé au Québec. Au
lieu d'assumer sa responsabilité sociale de
fournir un financement et des effectifs adéquats
au système de santé, de mettre fin immédiatement à
toute privatisation des services et d'assurer un
dépistage de la COVID-19 universellement
accessible, le gouvernement écarte tout cela du
revers de la main et s'en prend une fois de plus
aux travailleurs et aux travailleuses de la santé,
qui tiennent littéralement le système à bout de
bras.
Les syndicats de la santé ont fait valoir que
l'irrationalité et l'irrespect flagrants qui sont
exprimés par cette mesure vont pousser un plus
grand nombre de travailleurs hors du système,
notamment les infirmières, qui sont excédées par
les arrêtés ministériels qui ont été adoptés
depuis un an et demi par le gouvernement. Ces
arrêtés s'attaquent à la dignité des infirmières
et des autres travailleurs de première ligne qui
sont au service du public et ils nient leurs
conditions de travail négociées.
Il est à prévoir que si le gouvernement maintient
sa décision, encore plus d'infirmières quitteront,
y compris des infirmières doublement vaccinées.
L'irrationalité
de la décision se voit aussi au fait que la
vaccination est présentée comme la mesure ultime
de protection de la population, et non comme une
des mesures, et qu'elle s'accompagne de mesures
dites d'« assouplissement » que le
gouvernement a décrétées. Les travailleurs de la
santé dénoncent en particulier le fait que le
gouvernement a décrété récemment un
affaiblissement des règles de prévention et de
contrôle des infections dans les établissements de
santé. C'est le cas notamment de l'abolition des
zones collectives chaudes, tièdes ou froides dans
lesquelles les patients étaient rassemblés selon
qu'ils aient la COVID-19 ou non et selon sa
gravité, alors que le personnel lui-même demeurait
dans la zone dans laquelle il était affecté. On
assiste maintenant au retour de la mobilité du
personnel à l'intérieur d'un même centre
hospitalier, sans quarantaine ni autre mesure de
prévention. Dans les urgences, on revient au
phénomène où un patient affecté de la COVID-19 se
retrouve sur un lit dans un couloir séparé par un
drap d'un patient non affecté par la COVID mais
ayant un système immunitaire extrêmement faible.
Les travailleurs rapportent aussi que les
travailleurs sans symptômes de la COVID ne sont
plus dépistés lorsqu'ils sont en contact avec un
patient testé positif.
Alors que la vaccination de la population fait
partie des protocoles médicaux modernes, ces
mesures sont adoptées sans discussion publique
éclairée et sans le consentement des travailleurs
qui livrent les services, comme cela a été le cas
depuis le début de l'offensive antisociale. Des
positions pour et contre sont imposées pour que la
population soit divisée, tandis que des
alternatives qui protégeraient la population et
uniraient le peuple sont délibérément ignorées.
Il revient aux travailleurs et à leurs collectifs
de discuter et de décider des mesures à prendre
pour se protéger et protéger le public dans les
établissements de santé. Ce sont eux qui défendent
l'intérêt public et ce sont eux qui ont gagné le
respect et la confiance du public par leur
dévouement et leur courage dans les conditions les
plus difficiles. En ce qui concerne la décision
qui vient d'être annoncée, ce sont les
travailleurs qui doivent décider ce qui doit être
fait à son sujet.
Cet article est paru dans
Numéro 82 - 13 septembre 2021
Lien de l'article:
https://cpcml.ca/francais/FO2021/Articles/FO06821.HTM
Site Web: www.pccml.ca
Email: redaction@cpcml.ca
|