Forum ouvrier

Numéro 78 - 3 septembre 2021

De bonnes nouvelles dans la lutte des travailleurs
à la défense de leurs droits

Le syndicat des employés d'hôpitaux
de la Colombie-Britannique annonce
une victoire


Une des nombreuses actions tenues en Colombie-Britannique pour renverser la privatisation,
22 juillet 2021, à Victoria

La privatisation peut être renversée!
Félicitations aux travailleurs d'Olymel de Vallée-Jonction!


De bonnes nouvelles dans la lutte des travailleurs à la défense de leurs droits

Le syndicat des employés d'hôpitaux de
la Colombie-Britannique annonce une victoire

Le syndicat des employés d'hôpitaux de la Colombie-Britannique (HEU) a annoncé le 30 août une victoire dans la longue lutte des travailleurs d'hôpitaux pour renverser la privatisation des services de nettoyage et de préparation de repas dans les hôpitaux. Plus de 4 000 travailleurs des hôpitaux retrouveront leur emploi auprès de l'autorité sanitaire de la Colombie-Britannique.

Pour payer les riches, le gouvernement libéral de la Colombie-Britannique a privatisé certains services hospitaliers en 2002, confiant le travail à des cartels mondiaux sous forme de contrats lucratifs. Afin de préparer les dispositions légales pour privatiser le travail dans les hôpitaux, le gouvernement de la Colombie-Britannique de l'époque a présenté une loi visant à annuler les conventions collectives des travailleurs de la santé, qui contenaient des clauses de sécurité d'emploi, et à retirer aux travailleurs toute protection des lois provinciales sur le travail qui auraient pu prévenir ou atténuer l'impact négatif de la privatisation.

Après que le gouvernement ait ouvert, par sa loi, la voie à la privatisation et que les contrats avec les cartels aient été signés, tous les travailleurs des services concernés se sont retrouvés sans emploi. Le HEU écrit : « Des milliers de travailleurs de la santé - surtout des femmes - ont été licenciés lorsque les autorités sanitaires ont offert les services hospitaliers en sous-traitance. Ces travailleurs ont été invités à postuler de nouveau pour leur emploi, à la moitié du salaire, auprès des entreprises qui ont obtenu des contrats de service lucratifs. »

Sept cartels mondiaux achètent aujourd'hui la capacité de travail de 4 000 travailleurs réguliers et occasionnels des services hospitaliers. Les cartels ont 21 contrats commerciaux avec Vancouver Coastal Health, Vancouver Island Health, Fraser Health et les autorités provinciales des services de santé.

Les travailleurs se sont réorganisés au sein du HEU et ont mené une lutte sans relâche pour améliorer leurs salaires et leurs conditions de travail et pour faire annuler la privatisation. Malgré leurs efforts pour s'organiser et se défendre, leurs salaires en dollars équivalents sont présentement plus bas qu'il y a 18 ans, pendant l'épidémie du SRAS.

Le gouvernement et les autorités de la santé admettent que les bas salaires et les conditions de travail précaires, le plus souvent irrégulières, des travailleurs des services hospitaliers constituent un obstacle à l'embauche et à la rétention des travailleurs. Ce problème s'est aggravé pendant la pandémie et pourrait être une raison qui incite l'élite dirigeante à revenir sur la privatisation en ce moment.

Le HEU souligne « [qu'il] a conclu un accord avec les employeurs du secteur de la santé publique et le gouvernement plus tôt cette année sur un cadre d'ajustement de la main-d'oeuvre pour le transfert des travailleurs aux autorités de la santé ». Il dit que le fait de ramener les travailleurs en tant qu'employés du gouvernement augmentera immédiatement leurs salaires et « améliorera les taux de recrutement et de rétention pour ces emplois critiques, et assurera une plus grande sécurité pour les travailleurs et les patients ».

Les travailleurs, en tant qu'employés des autorités sanitaires, seront couverts par la convention collective existante qui couvre les travailleurs des services alimentaires et de l'entretien ménager de toute la province dont les emplois n'ont pas été sous-traités.

Le Parti marxiste-léniniste du Canada (PMLC) félicite les travailleurs des services et leur syndicat le HEU pour avoir remporté cette manche contre l'offensive antisociale qui ouvre une voie pour améliorer leurs salaires et leurs conditions de travail. L'attaque contre les travailleurs d'hôpitaux dans le cadre de l'offensive néolibérale antisociale est riche d'enseignements pour les travailleurs en général. Chose importante, elle met en évidence la nécessité que les travailleurs développent leurs propres positions indépendantes qui les favorisent et qu'ils sachent que leur sécurité réside dans la lutte pour les droits de toutes et tous !

Le programme « Arrêtez de payer les riches ! Augmentez les investissements dans les programmes sociaux ! » est crucial aujourd'hui, alors que les partis cartellisés s'affrontent pour former le gouvernement au niveau fédéral en faveur de groupes comme les sept cartels mondiaux qui ont fait un carnage dans le secteur des soins de santé de la Colombie-Britannique.

(Photos : HEU)

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La privatisation peut être renversée!

Depuis des décennies, dans le contexte de l'offensive néolibérale antisociale, les gouvernements aux niveaux provincial et fédéral ont entrepris un programme de privatisation des programmes sociaux et des institutions publiques au moyen de recours légaux et tortueux pour passer outre aux conventions collectives, mettre fin aux régimes de retraite et traiter les travailleurs comme s'ils étaient bons à jeter. Dans le secteur privé, on a aussi eu recours à des moyens légaux et tortueux pour faire baisser les salaires, renverser les conditions de travail et voler les régimes de retraite. Lorsqu'en 2002 le gouvernement de la Colombie-Britannique a ouvert les portes du secteur de la santé à sept cartels mondiaux privés, il a rompu avec impunité le cadre juridique existant de conventions collectives et de lois du travail pour privatiser le travail des services d'hôpitaux par le biais de la sous-traitance.

La classe ouvrière considère qu'il s'agit là d'un crime grave contre les travailleurs, et pourtant, personne n'a été tenu responsable.

Partout au pays, les travailleurs ont besoin d'une garantie que les salaires et les conditions de travail sont fixés à des normes canadiennes et que la privatisation néolibérale ne l'emportera pas. À l'exception des hôpitaux de soins intensifs et de certaines résidences de soins de longue durée, le système de santé de la Colombie-Britannique en entier a été privatisé pour payer les riches. Les travailleurs eux-mêmes, par leur détermination et la force organisée de leur nombre et leur position dans l'économie en tant que classe productrice ont défendu avec succès leurs droits qui défendent le bien-être de tous. C'est une lutte politique menée sur la base de ce qui sert les travailleurs et la société.

Félicitations pour votre victoire durement gagnée ! La privatisation peut être renversée ! Bravo !

Les autorités provinciales de la santé vont mettre fin aux contrats suivants avec sept cartels mondiaux.

Autorité de la santé de l'Île-de-Vancouver
MHC/Compass, 190 équivalents temps-plein (ÉTP), services divers
Morrison, 152 ÉTP, services alimentaires aux patients
Compass, 230 ÉTP, entretien ménager
Acciona, 115 ÉTP, entretien ménager

Fraser Health
Sodexo, 297 ÉTP, entretien ménager; 63 ÉTP, services divers
Aramark, 214 ÉTP, entretien ménager
Compass, 132 ÉTP, services divers

Autorité provinciale des services de santé
Compass, 91 ÉTP, entretien ménager; 47 ÉTP, services alimentaires aux patients et au détail (deux contrats avec le même service, le même fournisseur, dans plusieurs établissements)
SerVantage, 25 ÉTP, entretien ménager

Vancouver Coastal Health/Soins de santé Providence
Compass, 12 ÉTP, services alimentaires aux patients; 736 ÉTP, entretien ménager; 13 ÉTP, services divers (deux contrats, même service, même fournisseur, dans plusieurs établissements)
Sodexo, 538 ÉTP, services alimentaires au patient et au détail (cinq contrats, même service, même fournisseur, dans plusieurs établissements)

(Photos : HEU)

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Félicitations aux travailleurs d'Olymel
de Vallée-Jonction!

Le 31 août, les travailleurs de l'usine d'abattage et de découpe de porcs d'Olymel ont ratifié à78 % l'entente de principe intervenue avec la compagnie deux jours plus tôt. Cela met fin à leur grève qu'ils avaient déclenchée le 28 avril dernier.

Par voie de communiqué, le Syndicat des travailleurs d'Olymel Vallée-Jonction—-CSN, a présenté les principaux aspects de l'entente.

« Nous avons donc accepté un nouveau contrat de travail d'une durée de six ans durant lequel nous toucherons des augmentations salariales de l'ordre de 26,4 %, dont 10 % la première année. En plus de ce 4,4 % d'augmentation moyenne par année, nous avons également obtenu un montant forfaitaire de 65 $ par année de service, par membre », a dit Martin Maurice, le président du syndicat.

« Nous avons également obtenu un rehaussement de 50 % de la contribution de la part de l'employeur à nos assurances collectives pour la couverture familiale, ce qui pousse l'augmentation totale de la première année à 12,48 %. Le résultat du vote nous démontre que nos membres sont satisfaits des gains que nous avons obtenus. Nous avions fait le choix de négocier un enrichissement pour tous et c'est exactement ce que nous avons finalement obtenu », a ajouté Martin.

En 2007, les travailleurs de Vallée-Jonction ont perdu près de 40 % de leur salaire, sous la menace d'Olymel de fermer l'usine complètement. Avant la ratification de la nouvelle convention collective, la majorité des membres du syndicat gagnaient seulement 1,13 $ l'heure de plus qu'en 2007, soit une augmentation moyenne annuelle de 0,08 $ l'heure en 14 ans. Un rattrapage salarial significatif était une des principales revendications des travailleurs.

C'était nécessaire pour obtenir des salaires que les travailleurs considèrent acceptables dans les conditions d'aujourd'hui. C'était nécessaire aussi pour retenir les travailleurs à l'usine alors que le taux de roulement est élevé à cause des salaires trop bas et des mauvaises conditions de travail. Le syndicat estime qu'entre 2015 et 2021, plus de 1800 personnes ont été engagées à Vallée-Jonction et près de 1700 ont quitté leur emploi.

Les travailleurs avaient aussi perdu leur régime de retraite en 2007, toujours sous la menace de fermeture. La nouvelle convention prévoit l'établissement d'un régime de retraite simplifié, une forme de régime de retraite à cotisations déterminées. Il entrera en vigueur pendant les deux dernières années de la convention, avec une contribution d'Olymel d'un total de 1,5 % pendant ces années.

A la suite de la ratification de l'entente, le processus de reprise des opérations a été rapidement enclenché.

Les mécaniciens sont entrés au travail le 1er septembre. La désinfection de l'usine a été entreprise le 2 septembre, et il y a eu de l'abattage de porcs le 3 septembre. Tous les travailleurs reviennent au travail le 7 septembre pour amorcer la reprise complète des opérations.

Forum ouvrier salue les travailleurs d'Olymel qui ont mené une lutte courageuse à Vallée-Jonction. Ils ont lutté avec conviction et honneur, pour eux-mêmes et leur région. Cette contribution à la lutte pour la dignité du travail et particulièrement celle des travailleurs de l'industrie de l'abattage et de la transformation des viandes, qui font face à des conditions de travail qui sont parmi les plus oppressives au pays, va donner confiance aux autres que c'est possible de changer les choses.

Olymel a utilisé son contrôle de 80 % de la capacité de l'abattage du porc au Québec et ses liens dans les médias pour tenter de dresser la population contre les travailleurs en les présentant comme étant opposés aux éleveurs de porcs et à l'approvisionnement alimentaire de la population. Plus la grève durait et plus intense était la propagande dans les médias que les travailleurs seraient responsables de l'euthanasie de plus de 130 000 porcs. Olymel a aussi ressorti l'arme de la fermeture de l'usine.

Au dernier moment, Olymel a annoncé qu'elle éliminerait le quart de travail de soir si les travailleurs ne ratifiaient pas l'entente de principe. Cela aurait causé la perte de 500 emplois.

Le gouvernement Legault et son ministre du Travail ont gardé le silence face à ces provocations tout en prétendant de manière hypocrite appuyer un règlement négocié du conflit.

Les travailleurs d'Olymel n'ont pas bronché et ont persisté à défendre les réclamations qu'ils sont en droit de faire.

Le président du syndicat Martin Maurice a dit ceci à Forum ouvrier :

« Les travailleurs se sont battus, ils n'ont pas eu peur de la fermeture. Il y a certains médias qui ont dit que ‘vous avez eu peur de la fermeture, c'est pour ça que vous avez accepté l'entente de principe'. Non, on n'a pas eu peur de la bataille et il n'y a personne qui a eu peur de la fermeture. C'est le contraire. On avait quatre points à aller chercher quand on a négocié pendant la dernière fin de semaine. On est allé en chercher trois sur quatre. C'est pour ça que les travailleurs ont accepté l'entente et non à cause de la menace de fermeture. »

Bravo aux travailleurs d'Olymel ! Vous avez inspiré tous les travailleurs en menant cette lutte juste dans les conditions les plus difficiles !

( Photo: CSN)

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