Numéro 101 - 29 octobre 2021
Les membres du Syndicat canadien
de la fonction publique du Nouveau-Brunswick
déclenchent la grève
Tout en oeuvre pour appuyer la
lutte
des travailleurs pour leurs droits
et pour les services !
Rassemblement à Sackville en appui aux
travailleurs de première ligne, le 28
août 2021
Semaine des chômeurs et des chômeuses
• Les organisations de
défense font valoir l'urgence de défendre les
droits des travailleurs sans emploi
• Des changements
régressifs effectués au régime
d'assurance-emploi au fil des années
Les membres du Syndicat canadien
de la fonction publique du Nouveau-Brunswick
déclenchent la grève
La section du
Nouveau-Brunswick du Syndicat canadien de la
fonction publique (SCFP NB) a annoncé vers 5
heures ce matin que la grève des membres de 10
sections locales débute aujourd'hui. Des piquets
de grève ont été dressés dans diverses localités
de la province à partir de 6 heures. Le syndicat
donnera plus d'information dans la journée à
mesure que les événements se développent. Forum
ouvrier appuie fermement la grève des
travailleurs pour leurs droits et les services et
lance l'appel à tous les travailleurs du Canada à
leur fournir tout l'appui possible.
Dans son communiqué de presse du 27 octobre, le
SCFP NB a annoncé que les négociations par
médiation sur la question des salaires entre
l'équipe de négociation centralisée du SCFP et le
gouvernement du Nouveau-Brunswick a pris fin après
que
le gouvernement a rompu les pourparlers. L'équipe
centralisée du SCFP représente 10 sections
locales et environ 22 000 membres. La
plupart des sections locales attendent de
nouvelles conventions collectives depuis plus
de 4 ans. Les salaires de leurs membres ont
stagné et reculé au cours des 12 dernières
années,
essentiellement avec des gels de salaire et des
augmentations de 1 %. En plus
d'appauvrir les travailleurs du secteur public qui
sont maintenant les moins bien payés du Canada,
selon le SCFP, cela a accru le grave problème de
rétention et d'attraction dans les services
publics et même le problème de la migration de la
main-d'oeuvre
hors de la province.
Parlant des demandes du syndicat, le président du
SCFP NB, Steve Drost, écrit dans le
communiqué : « Nous avons considérablement
modifié notre demande initiale, et nous espérions
à de la réciprocité et à la bonne volonté du
gouvernement, mais cela ne s'est pas
produit ».
Le syndicat indique que pour obtenir un
règlement, il a réduit ses demandes salariales. Il
a ramené ses demandes à une augmentation
de 3 % par an, pour une convention
collective de 4 ans, sans concessions. Le
gouvernement, dans sa dernière offre, a mis de
l'avant une offre
salariale de 2 %, pour un contrat
de 5 ans, assortie d'une concession
inacceptable sur la question des régimes de
retraite, compte tenu surtout que cette
négociation centralisée devait porter uniquement
sur les salaires. Dans la matinée du 27
octobre, les négociateurs gouvernementaux se sont
simplement retirés de la table, la
deuxième fois qu'ils le font en deux mois.
Le premier ministre Blaine Higgs a dit à la
presse que son offre est maintenant retirée et que
le gouvernement n'a rien d'autre à proposer. «
Nous n'offrirons pas un sou de plus. »
En ce qui concerne la concession sur les régimes
de retraite, Steve Drost a dit ceci à Forum
ouvrier :
« Le gouvernement veut convertir deux régimes de
retraite à prestations déterminées de sections
locales dans le domaine de l'éducation en régimes
à risques partagés, ce à quoi ces membres sont
opposés. Et il veut le faire dans le cadre de la
négociation. C'est non seulement injuste mais cela
prend les autres sections en otage. Ou bien vous
acceptez que les régimes de retraite de ces deux
sections sont convertis ou bien vous n'obtenez
rien et il vous reste la grève.. Personne ne va
avoir d'augmentations de salaires et nous avons
des membres qui attendent une convention
collective depuis cinq ans. C'est absolument
inacceptable. »
« Les membres de nos dix sections locales ont dit
qu'assez c'est assez. Ils sont prêts à mener des
actions de grève et nous sommes en train de tenir
des sessions de planification dans ce sens. Le
public s'est vraiment rallié à nous, ce qui est
magnifique. Il reconnaît la valeur de nos membres.
Il reconnaît aussi que le premier ministre
n'agit pas de manière équitable. Je suis très fier
de nos membres et nous luttons pour tous les
résidents du Nouveau-Brunswick et pour les
services publics. »
Le gouvernement a poursuivi ses provocations en
disant qu'il est prêt à passer une loi de retour
au travail ou même à utiliser les pouvoirs que lui
donne, dit-il, la Loi sur les mesures
d'urgence dans des situations d'urgence
comme celle que le gouvernement a décrétée face à
l'aggravation de la COVID-19.
Les revendications des travailleurs du secteur
public du Nouveau-Brunswick pour des conditions
qu'ils jugent acceptables pour eux-mêmes et
essentielles à la prestation des services publics
sont justes. C'est le fonds de la question. Les
demandes du gouvernement du
Nouveau-Brunswick sont injustes. La revendication
des travailleurs du secteur public de pouvoir
fournir les services sans s'appauvrir et sans
constamment affronter un grave problème de
rétention et d'attraction qui décime les effectifs
est nécessaire et défend les intérêts de toutes et
de tous et de la société dans son ensemble.
Semaine des chômeurs et des
chômeuses
La semaine des chômeurs et des chômeuses soulignée
au Lac-St-Jean, le 25 octobre 2021
Du 25 au 31 octobre se tient la Semaine
nationale des chômeurs et des chômeuses.
À cette occasion, les organisations de défense
des travailleurs sans emploi font valoir le besoin
à la fois de mesures immédiates et d'une réforme
en profondeur du régime de l'assurance-emploi pour
assurer aux travailleurs un revenu décent de
standard canadien qui permet de vivre une vie dans
la dignité. Une des interventions principales est
de dénoncer le caractère arbitraire et
discriminatoire des critères d'admissibilité à
l'assurance-emploi qui font en sorte qu'à
peine 40 % des chômeurs ont droit à des
prestations.
Dans
une vidéo produite à l'occasion de la Semaine
nationale des chômeurs et des chômeuses, le
Mouvement Action-Chômage de Montréal
indique :
« Moins de la moitié des travailleurs et
travailleuses vont être protégés en cas de chômage
bien qu'ils aient cotisé à des prestations
d'assurance-chômage pendant toutes leurs années de
travail.
« [...] Dès qu'on démissionne, on n'a pas droit
aux prestations. On a plusieurs cas de gens qui
démissionnent pour des cas de harcèlement, de
pratiques de leur employeur contraires au droit
qui vont se retrouver avec absolument rien quand
ils quitteront leur travail. [...] En ce moment,
ce sont uniquement les salariés, les gens qui
cotisent à
l'assurance-chômage qui vont être protégés. Cela
exclut les travailleurs autonomes, cela exclut les
travailleurs à la demande, qu'on appelle les ‘gig
workers'. Les critères sont très sévères à
l'assurance-chômage. C'est quelque chose que nous
on dénonce depuis plus de trente ans. Pour avoir
accès à l'assurance-chômage, il faut avoir
travaillé un
certain nombre d'heures dans la dernière année. On
veut vérifier si les personnes appartiennent au
marché du travail. Ce critère-là de nombre
d'heures travaillées dans la dernière année a plus
que doublé depuis 25 ans. Le régime est
difficile d'accès pour les travailleurs et les
travailleuses qui sont précaires. On peut
s'imaginer qu'une
personne qui travaille à temps partiel au salaire
minimum va se ramasser avec 55 % de pas
grand-chose. [La prestation est établie
à 55 % du salaire du prestataire
pendant la période précédant sa perte d'emploi -
Note de FO] »
Comme
exemple de mesures arbitraires, le gouvernement
Trudeau a adopté à la fin septembre des mesures
dites transitoires pour un an pendant qu'il dit
préparer une réforme en profondeur du régime. Une
de ces mesures comprend l'établissement d'un seuil
d'heures national universel d'admissibilité aux
prestations, soit 420 heures de
travail. Les organisations de défense appuient
l'instauration d'un seuil national d'heures bien
que plusieurs demandent un seuil plus bas, mais
dénoncent le fait que le nombre de semaines de
prestation sera basé sur le nombre d'heures
travaillées et sur le taux de chômage officiel de
la région dans laquelle vit le prestataire.
Pratiquement, cela veut
dire que pour 420 heures de travail, le
prestataire aura droit à environ 14 semaines
de prestations. Cela signifie, entre autres
choses, que les travailleurs saisonniers n'auront
pas droit à suffisamment de semaines de prestation
pour couvrir la période où leur travail saisonnier
n'aura pas encore repris. Ils seront sans revenu
pendant toute
une période que les chômeurs appellent le « trou
noir ».
Les activistes rappellent aussi que le processus
de consultations annoncé par le gouvernement
Trudeau pour une réforme du régime est un semblant
de consultation pour justifier l'inaction et
maintenir l'inacceptable statu quo. Déjà le
questionnaire du gouvernement fédéral pour amorcer
la consultation est rempli de questions
tendancieuses. Par exemple, on y demande si les
répondants sont près à payer plus cher en
cotisations au régime si l'admissibilité aux
prestations est rendue plus aisée. Ou si les
répondants pensent qu'une plus grande
admissibilité au régime peut aggraver le problème
de la pénurie de main-d'oeuvre.
Au sujet de la consultation, le Mouvement
autonome et solidaire des sans-emploi écrit :
« Le gouvernement continue de cultiver un flou
autour de cette deuxième phase. Les groupes de
travailleuses et travailleurs et de chômeuses et
chômeurs auront-ils l'occasion de faire entendre
leur voix dans un processus impartial où les
termes ne les désavantagent pas déjà à
l'avance ? Enfin, les mêmes groupes qui
déposent des
mémoires et recommandations à chaque année
déposeront les mêmes critiques et les mêmes
revendications. Que pouvons-nous attendre de
différent à l'issue de ce processus ? [...]
Pour le MASSE, une chose est certaine : la
mise en place d'un régime d'assurance-chômage
accessible, juste, universel et non
discriminatoire ne peut plus
faire l'objet d'un éternel débat. »
Le
Masse et ses organisations membres sont aussi
intervenues sur les médias sociaux pour parler des
différents aspects d'un régime d'assurance-emploi
juste et universel qui protège l'ensemble des
personnes sans emploi. Une discussion virtuelle a
notamment été organisée le 26 octobre pour
discuter d'une réforme du régime qui serait viable
financièrement pour couvrir les besoins des
chômeurs et des chômeuses. Une des propositions
avancées est la reprise des cotisations au régime
par le gouvernement fédéral qui a mis fin à son
financement en 1990 au nom de la lutte au
déficit budgétaire. Une autre proposition est
l'élimination des mesures dites d'aide à l'emploi
qui font partie
du régime. Censées aider les chômeurs à trouver du
travail, ces mesures sont souvent utilisées pour
refuser les prestations des travailleurs. Les
participants ont convenu que les fonds versés par
les travailleurs et les employeurs à la caisse
d'assurance-emploi ne devraient être utilisés que
pour les prestations destinées aux personnes sans
emploi. Si le
gouvernement veut aider les chômeurs, il devrait
le faire dans un programme séparé qui n'est pas
lié aux prestations d'assurance-emploi et qui est
financé indépendamment de la caisse de
l'assurance-emploi.
Bien qu'elles varient selon l'organisation, les
demandes des organisations de défense des
travailleurs sans emploi visent toutes à établir
un seuil national universel d'heures travaillées
qui permet au plus grand nombre de chômeurs
d'avoir accès aux prestations ;
l'augmentation significative du montant des
prestations et de leur durée ;
l'inclusion des travailleurs autonomes et des
travailleurs à la demande ; la fin de
l'exclusion totale des travailleurs qui perdent
leur emploi par départ dit volontaire ou qui sont
congédiés et l'accès aux prestations régulières
d'assurance-emploi, en cas de perte d'emploi, sans
égard aux prestations
maternité/parentales/paternité versées.
La lutte pour les droits des travailleurs sans
emploi est une juste lutte qui est une partie
intégrante de la lutte de la classe ouvrière pour
ses droits et pour une nouvelle direction de
l'économie qui répond aux besoins du peuple et non
des intérêts privés étroits. L'assurance-emploi ne
peut pas être basée sur les aléas du marché du
travail. Elle doit
être un programme social de protection des
chômeurs face à un système économique qui est
incapable et n'a pas pour but d'assurer un emploi
et un moyen de subsistance à toutes et à tous.
Forum ouvrier appuie fermement le travail
des organisations de défense des travailleurs sans
emploi pour garantir qu'ils ont ce dont ils ont
besoin et auquel ils ont droit pour mener une vie
dans la dignité.
Le piquet d'Ottawa en 2005, à l'occasion
du 70e anniversaire de la marche sur Ottawa,
pour s'opposer au retrait de fonds du système
d'assurance-chômage
Les gouvernements fédéraux successifs n'ont
cessé de rendre plus défavorables aux travailleurs
les critères d'admissibilité et les conditions du
régime de l'assurance-emploi. Voici certains des
principaux changements qui ont été faits depuis le
début des années 1990.
En 1990 le gouvernement conservateur de
Brian Mulroney a adopté une loi par laquelle le
gouvernement fédéral a cessé ses contributions au
régime de ce qu'on appelait à l'époque
l'assurance-chômage. Cela a été fait au nom de la
lutte au déficit budgétaire du gouvernement
fédéral, un des thèmes majeurs de l'offensive
antisociale.
Depuis ce temps, seuls les travailleurs et les
employeurs cotisent au régime.
En 1993, le gouvernement conservateur a
adopté une loi qui imposait la perte du droit aux
prestations pour les personnes réputées avoir
quitté volontairement leur emploi sans
justification ou l'avoir perdu en raison de leur «
inconduite » (dans le cas d'un congédiement
par exemple).
En 1994, le gouvernement libéral de Jean
Chrétien a fait passer le taux de prestation
de 57 % à 55 % du salaire du
prestataire. Le gouvernement conservateur avait
fait passer le taux de 60 % à 57 %.
En 1996, le gouvernement libéral a introduit
une série de changements majeurs dans le régime,
qui est devenu le Régime d'assurance-emploi.
L'admissibilité et la durée des prestations
reposaient dorénavant sur les heures de travail
plutôt que sur les semaines de travail. Ce passage
des semaines aux heures a affecté un grand nombre
de travailleurs et surtout de manière
particulièrement brutale les travailleurs et
travailleuses à temps partiel. Cette mesure est
considérée comme une des principales mesures qui
ont rapidement fait chuter la couverture du régime
à moins
de 50 % des chômeurs. Autre mesure, le
nombre maximum de semaines payables en prestations
d'assurance-emploi est passé de 50 à 45
semaines.
C'est sur la base de ces mesures que le régime a
commencé à accumuler d'énormes soi-disant surplus.
que le gouvernement détourne dans ses revenus
généraux qu'il peut utiliser pour ses stratagèmes
pour payer les riches.
En 2008, le gouvernement conservateur de
Stephen Harper a mis fin au compte de
l'assurance-emploi sur lequel était noté un
surplus de 57 milliards de dollars dans le
régime, qui avaient été détournés vers le
gouvernement fédéral. Cette décision
administrative a consacré le vol de la caisse de
l'assurance-emploi !
En 2012,
le gouvernement conservateur de Stephen Harper a
imposé une autre réforme régressive majeure du
régime de l'assurance-emploi. Entre autres choses,
le gouvernement a créé des classes distinctes de
chômeurs, les prestataires fréquents, les
prestataires occasionnels et les travailleurs de
longue date, qui n'ont plus les mêmes
droits et ne sont pas soumis aux mêmes
obligatiernières années ou qui ont reçu des
prestations régulièrons. Les travailleurs les plus
ciblés sont les prestataires fréquents, définis
comme ceux qui ont présenté trois demandes de
prestations au cours des 5 des
pendant 60 semaines ou plus. Ils devaient
maintenant accepter un salaire plus bas
que les autres dans leur recherche d'emploi sinon
leurs prestations étaient coupées. Un prestataire
fréquent devait maintenant chercher un emploi
similaire ou différent et accepter un salaire
équivalent à 70 % de son ancien emploi à
compter de la 7e semaine de sa période de
prestations. Il devait aussi accepter un temps de
déplacement jusqu'à 1 heure de sa résidence,
même plus dans certains cas.
Le gouvernement Harper a aussi créé le Tribunal
de la sécurité sociale qui a remplacé les
anciennes instances d'appel tripartites
(président, représentant des travailleurs,
représentant des employeurs) pour les travailleurs
qui veulent contester des décisions de la
Commission de l'assurance-emploi. Le chômeur
devait porter sa
cause devant un commissaire seul qui n'a même pas
à le rencontrer personnellement. La rencontre peut
se faire par téléphone ou par vidéoconférence.
Le gouvernement Trudeau a annulé une partie de la
réforme Harper, éliminant par exemple les
catégories de prestataires, et il a ramené la
structure tripartite des procédures d'appel. Mais
les autres mesures régressives ont été maintenues.
En opposition à tous ces changements régressifs,
les travailleurs et les organisations de défense
des chômeurs et chômeuses demandent que leur voix
soit entendue et que le gouvernement Trudeau
satisfasse à leur demande d'un régime
d'assurance-emploi qui est accessible, juste,
universel et non discriminatoire.
(Pour voir les articles
individuellement, cliquer sur le titre de
l'article.)
PDF
NUMÉROS
PRÉCÉDENTS | ACCUEIL
Site web: www.pccml.ca
Email: forumouvrier@cpcml.ca
|