Semaine des chômeurs et des chômeuses

Les organisations de défense font valoir l'urgence de défendre les droits des travailleurs sans emploi


La semaine des chômeurs et des chômeuses soulignée au Lac-St-Jean, le 25 octobre 2021

Du 25 au 31 octobre se tient la Semaine nationale des chômeurs et des chômeuses.

À cette occasion, les organisations de défense des travailleurs sans emploi font valoir le besoin à la fois de mesures immédiates et d'une réforme en profondeur du régime de l'assurance-emploi pour assurer aux travailleurs un revenu décent de standard canadien qui permet de vivre une vie dans la dignité. Une des interventions principales est de dénoncer le caractère arbitraire et discriminatoire des critères d'admissibilité à l'assurance-emploi qui font en sorte qu'à peine 40 % des chômeurs ont droit à des prestations.

Dans une vidéo produite à l'occasion de la Semaine nationale des chômeurs et des chômeuses, le Mouvement Action-Chômage de Montréal indique :

« Moins de la moitié des travailleurs et travailleuses vont être protégés en cas de chômage bien qu'ils aient cotisé à des prestations d'assurance-chômage pendant toutes leurs années de travail.

« [...] Dès qu'on démissionne, on n'a pas droit aux prestations. On a plusieurs cas de gens qui démissionnent pour des cas de harcèlement, de pratiques de leur employeur contraires au droit qui vont se retrouver avec absolument rien quand ils quitteront leur travail. [...] En ce moment, ce sont uniquement les salariés, les gens qui cotisent à l'assurance-chômage qui vont être protégés. Cela exclut les travailleurs autonomes, cela exclut les travailleurs à la demande, qu'on appelle les ‘gig workers'. Les critères sont très sévères à l'assurance-chômage. C'est quelque chose que nous on dénonce depuis plus de trente ans. Pour avoir accès à l'assurance-chômage, il faut avoir travaillé un certain nombre d'heures dans la dernière année. On veut vérifier si les personnes appartiennent au marché du travail. Ce critère-là de nombre d'heures travaillées dans la dernière année a plus que doublé depuis 25 ans. Le régime est difficile d'accès pour les travailleurs et les travailleuses qui sont précaires. On peut s'imaginer qu'une personne qui travaille à temps partiel au salaire minimum va se ramasser avec 55 % de pas grand-chose. [La prestation est établie à 55 % du salaire du prestataire pendant la période précédant sa perte d'emploi - Note de FO] »

Comme exemple de mesures arbitraires, le gouvernement Trudeau a adopté à la fin septembre des mesures dites transitoires pour un an pendant qu'il dit préparer une réforme en profondeur du régime. Une de ces mesures comprend l'établissement d'un seuil d'heures national universel d'admissibilité aux prestations, soit 420 heures de travail. Les organisations de défense appuient l'instauration d'un seuil national d'heures bien que plusieurs demandent un seuil plus bas, mais dénoncent le fait que le nombre de semaines de prestation sera basé sur le nombre d'heures travaillées et sur le taux de chômage officiel de la région dans laquelle vit le prestataire. Pratiquement, cela veut dire que pour 420 heures de travail, le prestataire aura droit à environ 14 semaines de prestations. Cela signifie, entre autres choses, que les travailleurs saisonniers n'auront pas droit à suffisamment de semaines de prestation pour couvrir la période où leur travail saisonnier n'aura pas encore repris. Ils seront sans revenu pendant toute une période que les chômeurs appellent le « trou noir ».

Les activistes rappellent aussi que le processus de consultations annoncé par le gouvernement Trudeau pour une réforme du régime est un semblant de consultation pour justifier l'inaction et maintenir l'inacceptable statu quo. Déjà le questionnaire du gouvernement fédéral pour amorcer la consultation est rempli de questions tendancieuses. Par exemple, on y demande si les répondants sont près à payer plus cher en cotisations au régime si l'admissibilité aux prestations est rendue plus aisée. Ou si les répondants pensent qu'une plus grande admissibilité au régime peut aggraver le problème de la pénurie de main-d'oeuvre.

Au sujet de la consultation, le Mouvement autonome et solidaire des sans-emploi écrit :

« Le gouvernement continue de cultiver un flou autour de cette deuxième phase. Les groupes de travailleuses et travailleurs et de chômeuses et chômeurs auront-ils l'occasion de faire entendre leur voix dans un processus impartial où les termes ne les désavantagent pas déjà à l'avance ? Enfin, les mêmes groupes qui déposent des mémoires et recommandations à chaque année déposeront les mêmes critiques et les mêmes revendications. Que pouvons-nous attendre de différent à l'issue de ce processus ? [...] Pour le MASSE, une chose est certaine : la mise en place d'un régime d'assurance-chômage accessible, juste, universel et non discriminatoire ne peut plus faire l'objet d'un éternel débat. »

https://cpcml.ca/images2020/WorkersEconomy/EI/slogans/121027-ThetfordMinesEIDemo-02cr2.jpgLe Masse et ses organisations membres sont aussi intervenues sur les médias sociaux pour parler des différents aspects d'un régime d'assurance-emploi juste et universel qui protège l'ensemble des personnes sans emploi. Une discussion virtuelle a notamment été organisée le 26 octobre pour discuter d'une réforme du régime qui serait viable financièrement pour couvrir les besoins des chômeurs et des chômeuses. Une des propositions avancées est la reprise des cotisations au régime par le gouvernement fédéral qui a mis fin à son financement en 1990 au nom de la lutte au déficit budgétaire. Une autre proposition est l'élimination des mesures dites d'aide à l'emploi qui font partie du régime. Censées aider les chômeurs à trouver du travail, ces mesures sont souvent utilisées pour refuser les prestations des travailleurs. Les participants ont convenu que les fonds versés par les travailleurs et les employeurs à la caisse d'assurance-emploi ne devraient être utilisés que pour les prestations destinées aux personnes sans emploi. Si le gouvernement veut aider les chômeurs, il devrait le faire dans un programme séparé qui n'est pas lié aux prestations d'assurance-emploi et qui est financé indépendamment de la caisse de l'assurance-emploi.

Bien qu'elles varient selon l'organisation, les demandes des organisations de défense des travailleurs sans emploi visent toutes à établir un seuil national universel d'heures travaillées qui permet au plus grand nombre de chômeurs d'avoir accès aux prestations ; l'augmentation significative du montant des prestations et de leur durée ; l'inclusion des travailleurs autonomes et des travailleurs à la demande ; la fin de l'exclusion totale des travailleurs qui perdent leur emploi par départ dit volontaire ou qui sont congédiés et l'accès aux prestations régulières d'assurance-emploi, en cas de perte d'emploi, sans égard aux prestations maternité/parentales/paternité versées.

La lutte pour les droits des travailleurs sans emploi est une juste lutte qui est une partie intégrante de la lutte de la classe ouvrière pour ses droits et pour une nouvelle direction de l'économie qui répond aux besoins du peuple et non des intérêts privés étroits. L'assurance-emploi ne peut pas être basée sur les aléas du marché du travail. Elle doit être un programme social de protection des chômeurs face à un système économique qui est incapable et n'a pas pour but d'assurer un emploi et un moyen de subsistance à toutes et à tous.

Forum ouvrier appuie fermement le travail des organisations de défense des travailleurs sans emploi pour garantir qu'ils ont ce dont ils ont besoin et auquel ils ont droit pour mener une vie dans la dignité.


Cet article est paru dans

Numéro 21 - 29 octobre 2021

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