Numéro 7 - 17 février 2021
La lutte pour un statut pour tous et toutes
Le programme de
résidence permanente pour les demandeurs d'asile
ne répond absolument pas aux besoins des
travailleurs migrants
• Qui
peut faire la demande pour le statut de
résidence permanente en vertu des « mesures
spéciales » du ministère de l'Immigration?
Le Honduras
• La migration de masse,
un legs de l'après COVID-19 - Javier
Suazo
La lutte pour un statut pour tous
et toutes
Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada
(IRCC) accepte désormais les demandes « pour son
programme spécial pour les demandeurs d'asile
travaillant dans le domaine de la santé pendant la
pandémie ». Les personnes peuvent faire une
demande jusqu'au 31 août 2021.
Ce programme a été mis en place après la
déclaration du premier ministre du Québec,
François Legault, le 25 mai 2020, qu'il
envisagerait de permettre aux demandeurs d'asile
qui travaillent dans les établissements de soins
de longue durée du Québec pendant la pandémie de
s'établir de façon permanente au Québec. Le
programme a été officiellement annoncé en août et
IRCC a commencé à accepter les demandes le 14
décembre 2020.
Le programme temporaire permet à certains
demandeurs du statut de réfugié, uniquement ceux
qui « offrent des soins directs aux
patients » pendant la pandémie de la
COVID-19, de faire une demande pour le statut de
résident permanent (RP). Il permet également aux
époux et conjoints de fait de demandeurs d'asile
admissibles qui ont contracté la COVID-19 et sont
décédés de faire une demande, si les demandeurs
sont au Canada et sont arrivés avant le 14
août 2020.
Selon le ministre fédéral de l'Immigration, Marco
Mendicino, ce programme temporaire vise à
reconnaître « le dévouement des nombreux
demandeurs d'asile qui ont levé la main afin de
servir alors que nous traversons une situation
unique et sans précédent ».
En vertu de l'Accord Canada-Québec, le
gouvernement du Québec a la responsabilité
exclusive de décider qui deviendra résident
permanent. Le gouvernement fédéral a donc élaboré
deux politiques temporaires, une pour les
personnes vivant au Québec et une autre pour
celles résidant à l'extérieur du Québec. On estime
que la plupart des travailleurs admissibles sont
au Québec.
Les demandeurs résidant au
Québec doivent d'abord soumettre une demande de
statut de résident permanent à Immigration,
Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC). S'ils
répondent aux exigences fédérales, le ministère de
l'Immigration, de la Francisation et de
l'Intégration (MIFI) du Québec doit alors valider
s'ils satisfont également aux exigences de son
programme spécial. S'ils le font, le MIFI délivre
un certificat de sélection du Québec (CSQ) et
l'IRCC accorde le statut de résident permanent.
La ministre de l'Immigration du Québec, Nadine
Girault, a déclaré que le but du programme spécial
est de « reconnaître la contribution
exceptionnelle des demandeurs d'asile qui ont
oeuvré en première ligne, auprès de nos malades et
de nos aînés, pendant la première vague de la
crise sanitaire » et leur permettre de «
poursuivre leur apport essentiel en matière de
soins de santé et s'intégrer pleinement à la
société québécoise ».
Les personnes admissibles aux « mesures
spéciales » représentent une petite fraction
des milliers de demandeurs d'asile qui ont
travaillé et continuent de travailler en
fournissant des services essentiels en tant que
cuisiniers ou nettoyeurs et dans d'autres emplois
qui ne comportent pas « de soins directs aux
patients », ainsi que ceux qui travaillent
dans d'autres secteurs économiques. Ces
travailleurs ne sont pas reconnus pour leur
sacrifice et leur contribution au maintien du
fonctionnement et de la sécurité de la société et
ne sont pas admissibles au programme.
(Photos: FO, Migrant Rights
Network)
Par voie de communiqué de presse publié
le 9 décembre 2020, Immigration, Réfugiés et
Citoyenneté Canada explique les critères pour
accorder une résidence permanente à certains
demandeurs d'asile[1].
Selon le communiqué de presse :
« Les personnes admissibles en vertu de ces
politiques d'intérêt public doivent, entre
autres :
- être un demandeur d'asile, dont la demande est
en attente ou a été déboutée, qui a présenté une
demande d'asile avant le 13 mars 2020 et
qui a continué de résider au Canada lorsque sa
demande de résidence permanente en vertu de cette
politique d'intérêt public a été présentée;
- avoir reçu un permis de travail après avoir
fait leur demande d'asile;
- avoir travaillé dans une profession désignée
pour prodiguer des soins directs aux patients,
dans un hôpital, un établissement de soins de
longue durée ou un foyer avec services publics ou
privés, ou encore, pour un organisme offrant des
services de soins de santé aux aînés à domicile ou
en établissement ou aux personnes handicapées dans
des résidences privées;
- détenir un Certificat de sélection du Québec si
le demandeur a l'intention de résider au Québec;
- satisfaire aux exigences existantes en matière
d'admissibilité, notamment celles relatives à la
vérification des antécédents criminels, à la
vérification de sécurité et à l'examen de santé.
Certains demandeurs d'asile ne seraient pas
autorisés à présenter une demande, notamment ceux
dont la demande d'asile a été jugée non recevable
et n'a pas pu être déférée à la Commission de
l'immigration et du statut de réfugié du Canada,
ou ceux dont la demande a fait l'objet d'un
désistement ou d'un retrait. »
Les demandeurs doivent aviser la Commission de
l'immigration et du statut de réfugié (CISR)
qu'ils ont fait la demande, afin que les demandes
d'asile en cours puissent être suspendues. Dès que
la CISR confirme leur éligibilité et qu'ils ont
l'expérience de travail requise, toute mesure de
renvoi qui pèse contre eux sera suspendue jusqu'à
ce que la décision finale soit prise par rapport à
leur demande.
Un demandeur d'asile dont la demande est en
instance ou a été déboutée doit aussi avoir été
autorisé à travailler au Canada en vertu d'un
permis de travail, sauf si « l'individu ait perdu
son autorisation de travailler lorsqu'une mesure
de renvoi à son égard est devenue exécutoire à la
suite d'une décision finale négative de sa demande
d'asile, auquel cas le travail effectué suivant la
perte de cette autorisation n'a pas besoin d'être
autorisé. » Autrement dit, si une personne a
perdu son permis de travail à la suite de
l'émission d'un ordre de renvoi contre lui et a
toutefois continué de travailler pour assurer sa
survie, elle peut faire la demande en vertu du
programme. Cependant, si elle est rejetée, le
demandeur se trouve sans aucun recours et à risque
de renvoi immédiat du Canada.
Dans sa demande pour le statut de résidence
permanente en vertu de ces « mesures
spéciales », quiconque a reçu une décision
défavorable finale de la CISR et a « présenté une
demande d'autorisation et de contrôle judiciaire
concernant la décision négative de la CISR devant
la Cour fédérale, ou un appel en lien avec la
décision sous-jacente de la CISR devant la Cour
d'appel fédérale » doit retirer sa demande
d'asile de la CISR ou son appel d'une décision
négative « afin d'obtenir la résidence permanente
au titre de cette même politique d'intérêt
public ». S'il ne les retire pas, « ces
processus continueront, mais sa demande de
résidence permanente au titre de la présente
politique d'intérêt public sera refusée ».
Les personnes non éligibles sont celles, entre
autres, dont « la demande d'asile a été jugée
irrecevable et n'a pas été déférée à la CISR; la
demande d'asile a été jugée retirée (à moins
qu'elle ne soit retirée immédiatement avant
l'octroi de la résidence permanente dans le cadre
de la présente politique d'intérêt public) ou son
désistement a été prononcé; la demande d'asile a
été jugée manifestement infondée ou dépourvue d'un
minimum de fondement; la demande d'asile est visée
par une exclusion au titre de la section F de
l'article premier de la Convention sur les
réfugiés; la détermination que la protection des
réfugiés a été perdue ou a été annulée ».
Note
1.«
IRCC annonce la date d'ouverture de son
programme spécial pour les demandeurs d'asile
travaillant dans le domaine de la santé pendant
la pandémie », Immigration, Réfugiés et
Citoyenneté Canada, 9 décembre 2020.
Le Honduras
- Javier Suazo -
Une caravane de migrants
honduriens traverse le Guatemala, en
janvier 2021.
« La réponse de Trump a été
d'adopter des politiques d'immigration
draconiennes
pour tenter d'abroger nos lois d'asile et de
réfugiés, et de réduire grandement notre aide
étrangère dans la région. » - Joe Biden
Dans les programmes de réforme agraire des
années 1970 et d'une partie des
années 1980, la migration interne faisait
partie de la politique de l'État d'organiser et de
former les paysans afin qu'ils aient accès à des
terres productives et non cultivées de bonne
qualité appartenant à de grands propriétaires. Il
y avait aussi une stratégie de transfert des
familles paysannes des régions moins développées
vers celles ayant un plus grand potentiel, bien
qu'une partie de la terre promise fût propriété de
l'État.
Ces politiques et ces actions avaient non
seulement l'appui de la coopération
internationale, qui approvisionnait les paysans «
migrants » en nourriture et en vêtements,
mais celui de l'État lui-même, avec ses programmes
d'assistance technique, de crédit et d'outils.
Mais ces programmes étaient aussi appuyés par
diverses banques pour l'exécution de projets de
développement agricole, soutenus par l'exportation
de récoltes telles que les bananes, les noix
d'acajou, le coton et les agrumes, alors que des
compagnies transnationales et des intermédiaires
locaux contrôlaient la commercialisation de ces
produits, transférant ainsi les risques de la
production aux fermiers et aux gouvernements
eux-mêmes.
La situation n'a pas été la même pour les
migrations à l'extérieur du pays, où le risque
était assumé par les migrants individuels et leur
famille (aujourd'hui, ils sont en quête du rêve
américain – le père, la mère,
les enfants et d'autres membres de la famille), un
facteur qui a pris de l'ampleur à la suite de la
crise politique générée par le coup d'État de
juin 2009. Avant cela, de façon générale, la
migration externe se faisait sur une base
volontaire et spontanée. Les gens qui
réussissaient à traverser la frontière entre le
Mexique et les États-Unis faisaient parvenir de
l'argent aux membres de la famille pour qu'ils
puissent partir à leur tour, ou engageaient un «
coyote » pour les aider à parcourir la route
vers le nord. Certains sont restés au Guatemala ou
au Mexique pour y travailler, pour mettre de côté
l'argent nécessaire à un périple sécuritaire,
d'autres sont simplement retournés, ou ont été
déportés par les autorités de l'immigration
mexicaines ou gringos.
Aujourd'hui, la migration vers les États-Unis est
devenue compliquée. D'une part, la paralysie et
l'abandon des programmes de réforme agraire ont
mené à l'expulsion de la population paysanne des
régions rurales vers la ville et éliminé les
programmes de migration provoquée soutenus par l'État et
la coopération internationale. En même temps, il y
a eu une concentration accrue d'appropriation des
terres et une plus grande précarité rurale, ce qui
a engendré une plus grande pauvreté et
l'insécurité alimentaire. Depuis les
années 1990, les programmes à la mode ont été
des programmes de transfert conditionnel de fonds
et d'aide alimentaire, augmentant encore plus la
dette, ainsi que le recours aux surplus de
céréales de base que les producteurs américains «
subventionnés » par l'État ne peuvent vendre
sur leur marché régional, affectant ainsi
négativement la production locale.
Cette situation a été rendue encore plus
compliquée par des politiques et des programmes
orthodoxes de stabilisation économique et
d'ajustements structuraux appuyés par le Fonds
monétaire international (FMI) et la Banque
mondiale, qui ont engendré un déclin des dépenses
de l'État qui a heurté de front les paysans
oeuvrant dans l'agriculture domestique. Tout cela
a augmenté la concentration de la propriété
foncière et la dépossession des ressources
naturelles et de la biodiversité dans les
communautés. Contrairement à ce qui était visé par
leur conception, ces politiques ont engendré une
plus grande migration, et en même temps moins de
protection économique et sociale pour les familles
pauvres et vulnérables.
La COVID-19 et des phénomènes naturels comme les
ouragans Eta et Iota ont fait en sorte que les
inégalités et le manque de débouchés sont devenus
plus visibles pour les familles rurales, ce qui
affecte présentement surtout les jeunes dans les
centres urbains où les emplois sont devenus une
denrée rare et où le gouvernement est engagé
directement dans la violence, le trafic de
stupéfiants et la corruption.
Le discours du gouvernement et des politiciens
est que ce sont les migrants qui sont le problème,
donc il est nécessaire de trouver tous les moyens
possibles de les convaincre de ne pas migrer, mais
en réalité il s'agit d'un droit humain. Le père de
famille qui a perdu sa terre parce qu'il n'a pu
rembourser ses dettes à la banque à la suite d'une
récolte détruite, ou qui, en ville, a été congédié
de son emploi précaire à cause du confinement et
pour éviter la propagation de la COVID-19, ou dont
la maison a été détruite par Eta, n'a pas une
foule d'options pour arriver à nourrir sa famille
et à survivre. Ce qui s'offre à lui, c'est la
migration ou la mort.
Le gouvernement de la République espère que les
choses retourneront à la « normale » d'avant
la COVID-19, mais avec les politiques qui
promeuvent la concentration de la propriété
foncière rurale, la destruction des ressources
naturelles, l'exclusion économique et sociale en
raison d'un manque de programmes domiciliaires à
grande échelle pour le peuple, d'accès à
l'éducation, à la santé et à des emplois durables
organisés par l'État, cette normale était et
continuera d'être une normale d'exclusion.
La politique de Donald Trump, acceptée sans
rechigner par les gouvernements du Honduras, du
Guatemala et du Mexique, a aussi rendu possible,
en pratique, la criminalisation de la migration
devenue un délit, en dépit des discours des
représentants publics et de la police que la
migration continue d'être un droit humain. Ces
pays sont devenus une extension de la « migra
gringa » [Service de l'immigration et de
l'application des règles douanières des
États-Unis], puisque leurs forces policières sont
responsables de la persécution des migrants.
Ceux-ci sont organisés et retenus dans des centres
publics (que certains appellent des cages) ou dans
des centres sociaux, en attendant que leur demande
d'asile soit traitée, ce qui ne se produit pas.
Mais d'autres sont simplement déportés et séparés
de leurs enfants, sans avoir pu réussir à faire
traiter leur demande par les autorités d'un pays
sûr, comme le Guatemala ou le Mexique.
Les migrants quittent San Pedro Sula au Honduras
vers le nord, le 14 janvier 2021.
Le 14 janvier 2021, une nouvelle
caravane de migrants a quitté San Pedro Sula, la
capitale industrielle du Honduras –
près de 3 000 personnes selon les
chiffres officiels –
faisant en sorte que 6 000 personnes
étaient entassées à la frontière du Guatemala le
dimanche 17 janvier (de nouvelles caravanes
se sont rajoutées au cours de la fin de semaine,
selon ce qui a été rapporté dans la presse non
monopolisée, y compris des enfants, mais aussi des
adultes plus âgés, des femmes enceintes et des
personnes invalides). La police hondurienne,
plutôt que de les encourager à poursuivre leur
route et de leur souhaiter bonne chance, leur dit
de faire attention aux « migra » du Guatemala
et du Mexique, et de ne pas tenter de se rendre à
la frontière américaine. En plus des documents
personnels (certificats d'identité et de naissance
pour les enfants), un test de la COVID-19 est
requis pour entrer au Guatemala, et ceux qui ne
s'y conforment pas seront déportés.
La mobilisation de la police et des forces armées
guatémaltèques à la frontière du Honduras a été
considérable. Il en va de même avec la police
mexicaine à la frontière du Guatemala, où le mot
d'ordre est « No Pasaran », conformément à
l'engagement qu'ils ont pris envers Donald Trump
lorsqu'ils ont accepté d'agir comme des « pays
sûrs » pour les migrants. La presse parle de
Honduriens ayant été déportés avant d'entrer au
Guatemala, c'est-à-dire par les douaniers et
agents associés, mais les migrants, qui n'ont pas
l'intention de s'en retourner confrontent la
police et l'armée, espérant pouvoir franchir près
de 20 cordons de sécurité à la frontière
entre le Guatemala et le Mexique.
Les migrants sont attaqués brutalement par
la police et les soldats du Guatemala,
le 17 janvier 2021.
Les déportés seront inscrits par les autorités
honduriennes en vertu du décret exécutif numéro
PCM-033-2014, qui déclare une urgence humanitaire
en raison des migrations de masse et oblige le
gouvernement à activer le système de protection
sociale dont la principale politique est les
transferts conditionnels de fonds et l'assistance
alimentaire, ainsi que des emplois temporaires et
de piètre qualité lorsque les ressources et les
projets nécessitent le plus souvent une
main-d'oeuvre non qualifiée. De même, les centres
de soins aux enfants et aux familles migrantes
doivent être activés, ce qui ne garantira pas non
plus une réintégration concrète dans les marchés
du travail ou dans les écoles et les logements.
Les migrants face à la police du Guatemala
Selon les chiffres de l'Institut national de la
migration (INM) du Honduras,
en 2020, 43 757 Honduriens ont été
déportés des États-Unis, du Mexique et du
Guatemala et, de ce nombre, 10 484 étaient
des mineurs. Curieusement, le plus grand nombre de
personnes déportées viennent du Mexique, et non
des États-Unis, ce qui prouve que la politique de
Trump a été efficace, quoique les coûts soient
assumés par le pays sûr, qui dans ce cas est le
Mexique.
La migration de Honduriens a lieu à peine
quelques jours après l'investiture de Joe Biden en
tant que président des États-Unis. Les migrants
s'imaginent qu'il y a de l'espoir et que le nouvel
occupant de la Maison-Blanche assouplira ou
éliminera les politiques, les actions et les lois
approuvées par l'administration Trump, qui à la
fin de son mandat a tout fait pour entraver les
actions du nouveau gouvernement et retarder la
mise en oeuvre de nouvelles lois. Dans la même
veine, ils comptent sur Biden et le fait qu'il
respectera son engagement électoral d'accorder la
résidence au plus grand nombre possible de
Latino-Américains vivant aux États-Unis. Il y a
aussi des revendications pour exiger que les
enfants ne soient pas séparés et que ceux qui sont
sans accompagnement bénéficient d'une protection
adéquate et soient réunis, pour enfin éliminer ce
que Trump appelait la « tolérance zéro ».
On espère que Biden
relancera le Plan de l'Alliance pour la prospérité
du Triangle nord en Amérique centrale (le
Guatemala, le Salvador et le Honduras) dont il
était le responsable lorsqu'il était
vice-président dans l'administration Obama, mais
qui a été interrompu ou ne s'est pas concrétisé,
sans doute parce que la spécialité de ce
gouvernement était les déportations. Le budget de
ce plan était de 750 millions de dollars pour
accélérer les réformes nécessaires dans la région,
en particulier la lutte contre le crime organisé,
le combat contre la pauvreté et la consolidation
des institutions publiques contaminées par le
virus de la corruption et de l'inefficacité. Un
des problèmes qui se posaient, sans compter le
fait que Trump avait gelé les fonds, était de
faire confiance à des dirigeants et des
gouvernements contaminés par la corruption et la
collusion avec le crime organisé.
Cette initiative a été prise en main par le
Mexique avec l'appui de la Commission économique
pour l'Amérique latine et les Caraïbes (CEPAL), au
moment de formuler et d'approuver le Plan global
de développement pour le Salvador, le Honduras, le
Guatemala et le Mexique, mais les gouvernements de
l'Amérique centrale et les organisations d'appui
aux migrants attendent toujours les ressources
financières annoncées. En outre, malgré l'appui
des Nations unies et de l'Union européenne, ce
plan était mal engagé dès le départ puisqu'il
allait à l'encontre de la politique de Donald
Trump dans la région, celui-ci ayant même
développé un ordre du jour parallèle aux
propositions du Plan. De plus, le Plan repose sur
des gouvernements et des dirigeants politiques
faisant l'objet d'enquêtes pour des actes de
corruption et accusés d'avoir des liens avec le
trafic de stupéfiants. On s'attend à ce qu'avec
Biden l'ordre du jour de travail du Plan soit
relancé, mais la CEPAL devra ajuster ses
propositions et chercher à avoir une approche plus
bienveillante pour ce qui est du développement
global des pays, notamment en consultant le peuple
et ses organisations d'appui.
Au Honduras, tout indique que les politiques et
les lois en appui aux migrants ne fonctionnent
pas, les politiques économiques, agricoles et
sociales mises en oeuvre depuis le coup d'État
étant par définition des politiques d'exclusion,
avec un modèle économique qui est un échec, mais
qui continue d'être promu. Il en va de même pour
les actions de la Commission nationale des Droits
humains et sa Stratégie de sécurité humaine pour
le développement social, qui est perçue comme une
mesure qui change peu de choses à la politique de
pouvoir centralisé et à la violation systématique
des droits humains, et qui a peu d'impact sur la
qualité de vie des familles des municipalités et
les revendications des citoyens pour leurs droits.
Choluteca, Honduras, 17 janvier 2021
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