La lutte pour le contrôle des
régimes de retraite
des travailleurs de l'Alberta s'intensifie
Ne touchez pas aux pensions des travailleurs!
Le gouvernement de l'Alberta a entrepris de
prendre le contrôle de tous les régimes de
retraite du secteur public de la province. Sa
cible est les régimes de retraite de plus
de 450 000 travailleurs actifs et à la
retraite. Les travailleurs de tous les secteurs
dénoncent ce geste éhonté du gouvernement pour
contrôler leurs pensions.
Les
décrets ministériels donnent un pouvoir de veto
sur les décisions d'investissement des pensions du
secteur public à une société d'État appelée AIMCo.
Cette entreprise provinciale d'investissement
contrôle déjà 119 milliards de dollars de
fonds formés de fonds gouvernementaux et de
régimes de retraite de l'Alberta et du fonds pour
les accidents de la Commission d'indemnisation des
travailleurs (WCB). Le PDG d'AIMCo est nommé par
le ministre des Finances de l'Alberta, lui est
redevable et en reçoit ses directives.
Le ministre albertain des Finances Travis Toews a
signé des décrets ministériels le 23 décembre
qui imposent des « ententes de gestion de
l'investissement » contrôlées par le
gouvernement sur les fonds des régimes de retraite
du secteur public. Toews a avisé les régimes de
retraite de ce diktat unilatéral le 4
janvier. Le décret ministériel fait suite à la Loi
omnibus 22, la Loi sur la réforme des
agences, des conseils d'administration et des
commissions et des entreprises gouvernementales.
La Loi 22 requiert que tous les régimes de
retraite du secteur public utilisent l'AIMCo comme
unique gestionnaire de l'investissement. Ce diktat
s'applique aussi au Fonds de retraite des
enseignants de l'Alberta qui gère son propre fonds
depuis sa création.
La Loi ordonne aux conseils d'administration des
régimes de pensions de négocier des ententes avec
l'AIMCo en ce qui concerne leur gouvernance. Aucun
conseil n'a pu jusqu'à maintenant négocier une
entente satisfaisante bien qu'on ait parlé de «
négociations intensives ». Au lieu de cela,
le gouvernement a une fois de plus eu recours à
ses pouvoirs de police et émis des décrets
ministériels pour dicter ses conditions aux
conseils d'administration des régimes de retraite,
qui sont composés de représentants des employés et
des employeurs, bien que les montants en pensions
qu'ils contrôlent appartiennent aux seuls
travailleurs en tant qu'épargne accumulée.
Les décrets ministériels donnent à l'AIMCo
l'autorité d'apposer son veto sur toute décision
des conseils d'administration si, selon la seule
opinion de l'AIMCo, ces décisions sont
susceptibles de menacer les « économies d'échelle
ou l'efficience opérationnelle » de l'AIMCo.
Une telle déclaration peut vouloir dire n'importe
quoi mais elle indique clairement que, selon le
gouvernement albertain, les régimes de retraite
des travailleurs n'appartiennent pas aux
travailleurs, mais sont une source d'argent pour
le gouvernement afin qu'il paie les riches d'une
façon ou d'une autre. Aucun recours et aucun
arbitrage du veto ne sont permis.
Les décrets contredisent directement les
déclarations que le gouvernement a faites lors du
débat sur la Loi omnibus 22 en 2019. Le
gouvernement avait dit à l'époque que le contrôle
sur l'investissement des pensions demeurera entre
les mains des conseils d'administration des
régimes. Répondant à l'opposition à la Loi 22 de
l'Association des enseignantes et des enseignants
de l'Alberta, le ministre des Finances de
l'Alberta avait dit le 7
novembre 2019 : « Le conseil
d'administration du fonds de retraite des
enseignants de l'Alberta (ATRF) continuera de
déterminer comment les fonds de pension sont
investis à un niveau stratégique et demeurera le
propriétaire des actifs du régime. Autrement dit,
l'AIMCo va faire des investissements selon les
politiques établies par le conseil
d'administration de l'ATRF ».
Les actions arbitraires commises en vertu de la
Loi 22 et les décrets ministériels constituent une
ingérence grossière dans les affaires financières
de la classe ouvrière. Les régimes de retraite des
travailleurs appartiennent aux travailleurs et ils
doivent avoir le contrôle et le dernier mot sur la
façon dont leur richesse sociale est investie et
sur les formes institutionnelles dont ils ont
besoin pour exercer un contrôle effectif sur leur
argent.
La Loi 22 et les décrets subséquents sont un vol
d'une richesse sociale qui n'appartient pas au
gouvernement et cela revient à dire aux
travailleurs comment ils doivent dépenser leur
argent. Les pensions représentent la richesse
sociale que la classe ouvrière reproduit par son
travail et elle lui appartient au même titre que
les salaires qu'elle reçoit lorsqu'elle travaille.
Le gouvernement et l'oligarchie financière n'ont
pas le droit de prendre le contrôle de la richesse
sociale des travailleurs qui leur appartient de
droit et qui doit être contrôlée par eux.
C'est aux travailleurs à décider et à élaborer,
par le biais de leurs organisations et sans
ingérence gouvernementale, comment leurs régimes
de retraite doivent être investis et distribués.
Les travailleurs actifs et à la retraite ont
répondu en masse à la loi et au décret antipeuple
du gouvernement de l'Alberta en disant Ne
touchez pas aux pensions des travailleurs !
Ce sont nos pensions ! À nous de
décider !
Cet article est paru dans
Numéro 3 - 8 février 2021
Lien de l'article:
La lutte pour le contrôle des
régimes de retraite : Ne touchez pas aux pensions des travailleurs!
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