La lutte pour le contrôle des régimes de retraite
des travailleurs de l'Alberta s'intensifie

Ne touchez pas aux pensions des travailleurs!

Le gouvernement de l'Alberta a entrepris de prendre le contrôle de tous les régimes de retraite du secteur public de la province. Sa cible est les régimes de retraite de plus de 450 000 travailleurs actifs et à la retraite. Les travailleurs de tous les secteurs dénoncent ce geste éhonté du gouvernement pour contrôler leurs pensions.

http://cpcml.ca/images2018/WorkersEconomy/PensionsBenefits/Slogans/170501-MontrealPremierMai-56cr.jpgLes décrets ministériels donnent un pouvoir de veto sur les décisions d'investissement des pensions du secteur public à une société d'État appelée AIMCo. Cette entreprise provinciale d'investissement contrôle déjà 119 milliards de dollars de fonds formés de fonds gouvernementaux et de régimes de retraite de l'Alberta et du fonds pour les accidents de la Commission d'indemnisation des travailleurs (WCB). Le PDG d'AIMCo est nommé par le ministre des Finances de l'Alberta, lui est redevable et en reçoit ses directives.

Le ministre albertain des Finances Travis Toews a signé des décrets ministériels le 23 décembre qui imposent des « ententes de gestion de l'investissement » contrôlées par le gouvernement sur les fonds des régimes de retraite du secteur public. Toews a avisé les régimes de retraite de ce diktat unilatéral le 4 janvier. Le décret ministériel fait suite à la Loi omnibus 22, la Loi sur la réforme des agences, des conseils d'administration et des commissions et des entreprises gouvernementales. La Loi 22 requiert que tous les régimes de retraite du secteur public utilisent l'AIMCo comme unique gestionnaire de l'investissement. Ce diktat s'applique aussi au Fonds de retraite des enseignants de l'Alberta qui gère son propre fonds depuis sa création.

La Loi ordonne aux conseils d'administration des régimes de pensions de négocier des ententes avec l'AIMCo en ce qui concerne leur gouvernance. Aucun conseil n'a pu jusqu'à maintenant négocier une entente satisfaisante bien qu'on ait parlé de « négociations intensives ». Au lieu de cela, le gouvernement a une fois de plus eu recours à ses pouvoirs de police et émis des décrets ministériels pour dicter ses conditions aux conseils d'administration des régimes de retraite, qui sont composés de représentants des employés et des employeurs, bien que les montants en pensions qu'ils contrôlent appartiennent aux seuls travailleurs en tant qu'épargne accumulée.

Les décrets ministériels donnent à l'AIMCo l'autorité d'apposer son veto sur toute décision des conseils d'administration si, selon la seule opinion de l'AIMCo, ces décisions sont susceptibles de menacer les « économies d'échelle ou l'efficience opérationnelle » de l'AIMCo. Une telle déclaration peut vouloir dire n'importe quoi mais elle indique clairement que, selon le gouvernement albertain, les régimes de retraite des travailleurs n'appartiennent pas aux travailleurs, mais sont une source d'argent pour le gouvernement afin qu'il paie les riches d'une façon ou d'une autre. Aucun recours et aucun arbitrage du veto ne sont permis.

Les décrets contredisent directement les déclarations que le gouvernement a faites lors du débat sur la Loi omnibus 22 en 2019. Le gouvernement avait dit à l'époque que le contrôle sur l'investissement des pensions demeurera entre les mains des conseils d'administration des régimes. Répondant à l'opposition à la Loi 22 de l'Association des enseignantes et des enseignants de l'Alberta, le ministre des Finances de l'Alberta avait dit le 7 novembre 2019 : « Le conseil d'administration du fonds de retraite des enseignants de l'Alberta (ATRF) continuera de déterminer comment les fonds de pension sont investis à un niveau stratégique et demeurera le propriétaire des actifs du régime. Autrement dit, l'AIMCo va faire des investissements selon les politiques établies par le conseil d'administration de l'ATRF ».

Les actions arbitraires commises en vertu de la Loi 22 et les décrets ministériels constituent une ingérence grossière dans les affaires financières de la classe ouvrière. Les régimes de retraite des travailleurs appartiennent aux travailleurs et ils doivent avoir le contrôle et le dernier mot sur la façon dont leur richesse sociale est investie et sur les formes institutionnelles dont ils ont besoin pour exercer un contrôle effectif sur leur argent.

La Loi 22 et les décrets subséquents sont un vol d'une richesse sociale qui n'appartient pas au gouvernement et cela revient à dire aux travailleurs comment ils doivent dépenser leur argent. Les pensions représentent la richesse sociale que la classe ouvrière reproduit par son travail et elle lui appartient au même titre que les salaires qu'elle reçoit lorsqu'elle travaille. Le gouvernement et l'oligarchie financière n'ont pas le droit de prendre le contrôle de la richesse sociale des travailleurs qui leur appartient de droit et qui doit être contrôlée par eux.

C'est aux travailleurs à décider et à élaborer, par le biais de leurs organisations et sans ingérence gouvernementale, comment leurs régimes de retraite doivent être investis et distribués. Les travailleurs actifs et à la retraite ont répondu en masse à la loi et au décret antipeuple du gouvernement de l'Alberta en disant Ne touchez pas aux pensions des travailleurs ! Ce sont nos pensions ! À nous de décider !


Cet article est paru dans

Numéro 3 - 8 février 2021

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La lutte pour le contrôle des régimes de retraite : Ne touchez pas aux pensions des travailleurs!


    

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