Un appel à des actions pour défendre la sécurité des travailleurs du rail

Lancement d'une enquête sur le déraillement de 2019

Le 4 février était le deuxième anniversaire de la mort tragique de trois cheminots du Canadien Pacific (CP) dans un déraillement près de Field, en Colombie-Britannique. Le chef de train Dylan Paradis, l'ingénieur de locomotive Andrew Dockrell et le stagiaire Daniel Waldenberger-Bulmer sont décédés lorsque le train CP 301 a déraillé près de Field, en Colombie-Britannique, et a plongé dans la rivière Kicking Horse.

À l'occasion de l'anniversaire, Lyndon Isaak, président de la Conférence ferroviaire de Teamsters Canada, a publié une déclaration commémorative qui dit, entre autres : « Avec la publication prévue de l'enquête du Bureau de la sécurité des transports dans les mois à venir et l'enquête de la GRC en cours, nous espérons avoir des réponses à bon nombre de questions en suspens concernant cet événement tragique. Nous sommes déterminés à lutter pour améliorer la sécurité ferroviaire et à mettre fin à ces tragédies insensées qui ont frappé l'industrie ferroviaire au cours des dernières années. »

La Conférence ferroviaire de Teamsters Canada, en collaboration avec Niki Ashton, députée néodémocrate de ChurchillKeewatinook Aski, et les familles des trois travailleurs, a organisé une pétition électronique au Parlement et des appels vidéo au premier ministre Trudeau. Le texte de la pétition dit que « L'enquête du CP a mené à des allégations inquiétantes, lesquelles doivent faire l'objet d'une enquête criminelle indépendante. Le déroulement de l'enquête soulève des questions importantes quant au rôle actuel des services de police ferroviaires. Le gouvernement du Canada, par l'intermédiaire du ministère des Transports et du ministère de la Sécurité publique, n'a pas demandé à la Gendarmerie royale du Canada de mener une enquête complète et indépendante sur l'accident. La sécurité des travailleurs du secteur ferroviaire, qui sont des travailleurs essentiels, est en jeu, et les familles de ceux qui ont perdu la vie ont le droit d'obtenir des réponses ». Les pétitionnaires appellent le gouvernement à « lancer une enquête criminelle exhaustive et indépendante sur le déraillement mortel du train 301 du CP ».

CBC rapporte que l'unité des crimes majeurs de la GRC en Colombie-Britannique a maintenant ouvert une enquête criminelle sur le déraillement. Un porte-parole de la GRC aurait déclaré que le bureau du procureur de la Colombie-Britannique avait convenu qu'« il pourrait y avoir de la criminalité dans cette affaire et que cela justifiait une enquête plus approfondie ».

Les deux principaux monopoles ferroviaires au Canada, le Canadien National (CN) et le Canadien Pacifique (CP), ont chacun leur propre service de police privé. La police du CP a mené une enquête initiale qui s'est terminée un mois seulement après la tragédie. L'enquête n'a porté que sur les actions de l'équipage pendant la période précédant le déraillement. Elle n'a examiné aucune des politiques et actions de l'entreprise. L'un des agents impliqués dans l'enquête, qui a démissionné par la suite et qui est maintenant agent de la GRC à Golden, en Colombie-Britannique, a déclaré à l'émission The Fifth Estate sur la chaîne CBC TV que l'enquête avait été entravée par le CP qui n'a pas fourni aux enquêteurs les renseignements dont ils avaient besoin. Une enquête distincte du Bureau de la sécurité des transports du Canada (BST) n'est pas encore terminée. Sur son site Web, le BST indique que l'enquête R19C0015 sur le déraillement de Field, mise à jour en date du 1er février 2021, « en est à l'étape de production du rapport, la dernière étape d'une enquête du BST. Une copie confidentielle du rapport préliminaire sera envoyée aux personnes désignées aux fins de commentaires. Pour obtenir de plus amples renseignements, veuillez vous reporter au processus d'enquête du BST. » Aucune date n'est indiquée pour la publication du rapport. Quoi qu'il en soit, le BST n'a pas le pouvoir de porter des accusations, et ne peut que publier des conclusions et faire des recommandations.

Les travailleurs du rail travaillent dans des conditions dangereuses. La nécessité d'un repos et d'une formation adéquats, de la mise en oeuvre de procédures de sécurité rigoureuses et de normes de sécurité liées à la taille de l'équipage, au transport de marchandises dangereuses et à des questions telles que la longueur des trains dans les cols de montagne, la modification ou l'arrêt des opérations dans des situations météorologiques extrêmes, sont des questions très préoccupantes. En 2019, les travailleurs ont mené une grève de huit jours sur les conditions de sécurité qui a mené à certaines améliorations, mais les conditions restent loin d'être satisfaisantes. Le BST, dans son rapport annuel de 2019 sur les « événements de transport ferroviaire », déclare que 72 personnes, dont cinq employés, sont décédées dans des « accidents ferroviaires » cette année-là, « contre 57 signalés l'année dernière et à peu près le même que la moyenne de 73 pour les 10 années précédentes ». En 2019, outre l'augmentation du nombre de décès par rapport à la moyenne des années 2009-2108, il y a eu une augmentation de 17 % des accidents ferroviaires, soit une augmentation de 42 % du nombre d'accidents sur les voies principales par million de milles de voie principale ferroviaire et une augmentation du nombre d'accidents mettant en cause des marchandises dangereuses. Le nombre d'accidents qui ont entraîné le déversement de matières dangereuses était de huit, soit le double de la moyenne de quatre déversements sur 10 ans.

Le recours par les compagnies ferroviaires à leurs propres forces de police pour faire enquête et l'autorèglementation de l'industrie par les compagnies ferroviaires sans surveillance publique ont entraîné des tragédies comme la catastrophe de Lac-Mégantic en 2013 et de nombreux autres incidents évitables. Les compagnies de chemin de fer et le gouvernement fédéral doivent être obligés de rendre des comptes et d'assumer la responsabilité de la sécurité des travailleurs du rail et de tous ceux qui vivent dans les communautés traversées par les trains.

(Sources : Conférence ferroviaire de Teamsters Canada, CBC, Bureau de la sécurité des transports. Photos : CFTC, STTP)


Cet article est paru dans

Numéro 3 - 8 février 2021

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