Forum ouvrier

Numéro 71 - 20 octobre 2020

Journée d'action le 1er novembre à la défense
des droits des migrants

Reprenons l'appel: Un statut
pour tous et toutes!

La pandémie sert de prétexte à des stratagèmes antiouvriers
La défense des droits des travailleurs est essentielle à l'arrêt de la propagation de la pandémie - Pierre Chénier
Lettre à la rédaction

Les travailleurs en action à la défense de leurs droits
Actions de solidarité avec les travailleurs en grève de Ledcor - Roland Verrier
Les travailleurs en grève de Dominion affrontent l'intransigeance du monopole Loblaw - Louis Lang


Journée d'action le 1er novembre à la défense des droits des migrants

Reprenons l'appel: Un statut pour tous et toutes!


Migrante et la Association de Mexicanos en Calgary visitent une ferme de l'Alberta la fin de semaine de l'Action de grâce et partagent un repas, des jeux et un karaoké avant que
les travailleurs migrants ne rentrent chez eux pour la saison.

Le Réseau des droits des migrants organise une journée nationale d'action le dimanche 1er novembre pour lancer l'appel, une fois de plus : un statut pour tous et pour toutes ! Les actions comprendront piquets, rassemblements, événements en ligne, déploiements de bannières, pose d'affiches, distribution de tracts et appels téléphoniques au bureau du premier ministre et des députés locaux. L'Alliance des travailleurs migrants pour le changement a annoncé un événement en direct sur Facebook - Niagara : pleurons les morts, luttons pour les vivants ! Un statut pour tous et pour toutes ! Le Centre ouvrier du PCC(M-L) organise un piquet devant le bureau de circonscription de Toronto du ministre de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté à 11 h. Forum ouvrier appelle ses lecteurs à prendre en main la revendication d'un statut pour tous et toutes et à organiser des actions ou à se joindre aux actions annoncées.

Les participants aux actions du 1er novembre recueilleront des signatures pour la lettre ouverte « Un statut d'immigration complet pour tous et pour toutes » lancée par le Réseau des droits des migrants avant le récent discours du Trône et l'ouverture du Parlement. Plus de 350 organisations, dont le Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste), ont signé la lettre ouverte qui déclare : « Nous, sous-signés, appelons à un système d’immigration à un seul palier, où tout le monde au Canada possède les mêmes droits. L’ensemble des personnes migrant.e.s, réfugié.e.s, étudiant.e.s, travailleur.euse.s et sans-papiers au pays doivent être régularisé.e.s et recevoir un statut d’immigration complet dès maintenant sans exception. L’ensemble des personnes migrantes qui arriveront à l’avenir doivent le faire avec un statut d’immigration complet et permanent. » Le gouvernement a failli à son devoir. Les droits de tous et de toutes doivent être reconnus !

http://cpcml.ca/images2020/Rights/200822-Mtl-StatutMigrantRefugie08-LML.jpgUn statut pour tous, par exemple, mettrait fin à la situation où un travailleur est lié à un seul employeur. Il permettrait aux travailleurs migrants d'accéder à la résidence permanente, éliminerait les obstacles qui restreignent actuellement les droits au travail et de négociation collective des travailleurs agricoles et leur donnerait accès à des formes de soutien qui ne sont disponibles que pour ceux qui ont un statut dans la société canadienne.

Le refus d'octroyer le statut est un facteur important de propagation de la COVID-19 parmi les travailleurs agricoles. En Ontario seulement, il y a eu 1100 demandes d'indemnisation pour la COVID-19 de la part de travailleurs agricoles - 17 % des 6600 cas d'indemnisation pour la COVID-19 dans la province - et, selon le Toronto Star, de nombreux cas n'ont tout simplement pas été signalés. La grande majorité de ces réclamations proviennent de travailleurs migrants. Le gouvernement et les propriétaires de l'agroalimentaire n'ont pas pris les mesures nécessaires pour protéger ces travailleurs. Le Syndicat des Travailleurs unis de l'alimentation et du commerce (TUAC), en collaboration avec l'Alliance des travailleurs agricoles, s'est chargé de distribuer des milliers de masques aux travailleurs agricoles temporaires et migrants - ainsi qu'à tous les autres travailleurs ayant besoin d'équipements de protection pour le travail - au Centre de soutien des travailleurs agricoles du syndicat à Leamington.

En Alberta, les TUAC ont rapporté récemment qu'en raison du travail du syndicat et des groupes de défense des droits des migrants, les conditions se sont améliorées dans les usines de transformation des viandes qui ont été si durement touchées par les épidémies de la COVID-19 plus tôt cette année. Cependant, deux éclosions ont été déclarées en août, cette fois à l'usine d'emballage de viande prête pour le comptoir de Cargill et à l'usine de transformation du boeuf de Harmony, à Calgary. Les deux éclosions sont maintenant terminées. Une éclosion vient d'être rapportée à l'usine Capital Fine Meats à Edmonton. Plus de 1 600 travailleurs au total avaient été infectés plus tôt à l'usine Cargill de High River et à l'usine JBS Canada de Brooks, à l'est de Calgary.

Les étudiants étrangers ont également fait face à de grandes difficultés en raison du manque de statut pendant la pandémie. Il y a près de 700 000 étudiants étrangers au Canada qui ont un permis de travail et un permis d'études liés aux études supérieures. Les étudiants étrangers paient des frais de scolarité qui sont près de quatre fois supérieurs à ceux payés par les étudiants canadiens et québécois et ont ainsi ajouté environ 22 milliards de dollars à l'économie canadienne au cours de l'année universitaire 2016-2017. Leurs frais de scolarité représentent environ 30 % des revenus totaux des frais de scolarité de premier cycle des universités canadiennes. Leurs frais de scolarité soutiennent l'éducation postsecondaire au Canada, mais ils ont sur les épaules un fardeau et des difficultés énormes en raison de leur situation précaire. Leurs programmes d'études ont été interrompus. Leurs opportunités d'emploi ont été perturbées. Leurs visas d'études et leurs permis de travail sont échus. C'est complètement injuste.

Forum ouvrier invite à nouveau ses lecteurs à prendre en mains l'appel d'un Statut pour tous et pour toutes. Visitez le site Web du Réseau des droits des migrants à migrantrights.ca pour plus d'informations sur la façon dont vous pouvez participer.

(Photos : Migrante Alberta, D. Hammond, J. Campbell)

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La pandémie sert de prétexte à des stratagèmes antiouvriers

La défense des droits des travailleurs est essentielle
à l'arrêt de la propagation de la pandémie


Les travailleurs et les travailleuses de la santé du Québec défendent leurs droits et déclarent
qu'ils sont la solution et qu'un meilleur système de santé est nécessaire.

La crise de la COVID-19 continue d'être utilisée comme prétexte par les dirigeants des gouvernements pour attaquer les travailleurs et le peuple et privatiser davantage les soins de santé et les services sociaux. Trente ans et plus d'offensive antisociale ont mené à la normalisation de pratiques qui détournent une quantité massive de fonds publics des soins aux patients vers les coffres des multinationales de la construction et des services de soutien, y compris les services alimentaires, l'entretien ménager, l'informatique, le personnel soignant et autres. Ils ont mené aussi à la prolifération des entreprises privées pour le profit dans les soins aux aînés. Le système est en crise et les normes pour lesquelles les travailleurs se sont battus sont érodées. Cette offensive antisociale prend de l'ampleur dans les conditions de la crise de la COVID-19 et a un effet dramatique sur la vie des gens et augmente le danger pendant la deuxième phase de la pandémie qui est déjà parmi nous.

Par exemple, le nombre de démissions parmi le personnel soignant a énormément augmenté partout au Québec.

Rien qu'à Montréal, les syndicats représentant les travailleurs et travailleuses du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) de l'Est-de-l'île-de-Montréal disent que plus de 1 800 travailleurs ont démissionné depuis le début de cette année. Il s'agit de travailleurs de toutes catégories - infirmières, personnel d'entretien ménager, travailleurs des services alimentaires, employés de bureau et de soutien administratif, etc. Ils quittent le secteur, prennent une retraite anticipée (avec la pénalité qui est imposée sur leurs prestations de retraite) ou restent dans le secteur mais vont travailler pour des agences de recrutement privées. S'ils vont travailler pour des agences privées, les travailleurs sacrifient de nombreux avantages sociaux et en plus les revenus qu'ils reçoivent de l'agence n'ouvrent pas droit à une pension. Les travailleurs vont vers les agences privées pour avoir accès à ce que celles-ci appellent la liberté de choix en matière d'heures de travail. Cela signifie que leurs heures sont prévues à l'avance par contrat et ne peuvent pas être prolongées par des heures supplémentaires obligatoires.

Les travailleurs signalent également que de plus en plus d'agences de recrutement privées sont engagées dans le trafic d'êtres humains. Par un système de sous-traitance en cascades, l'agence qui passe un contrat avec l'autorité publique offre le contrat en sous-traitance à d'autres qui l'offrent eux aussi à d'autres, et le résultat final est qu'il y a de nombreux travailleurs de la santé qui sont sans papiers, sans aucun droit. Les nombreuses manifestations de travailleurs migrants sans statut permanent ou sans papiers ont amplement montré les mauvais traitements systématiques auxquels ces travailleurs sont soumis en tant que main-d'oeuvre sacrifiable et le rôle que jouent les agences de recrutement privées. Le nombre de travailleurs non syndiqués et précaires dans le secteur de la santé augmente constamment.

Alors que les agences de recrutement privées prolifèrent dans le contexte de la crise du secteur public de la santé, il est de plus en plus courant que les gestionnaires des centres de santé et de services sociaux intégrés publics deviennent eux-mêmes propriétaires d'agences de recrutement privées. Une couche se forme au sein de la direction du système public de soins de santé, qui est encouragée à devenir propriétaire d'agences privées afin d'augmenter le nombre de travailleurs embauchés par son intermédiaire et démanteler les normes et la continuité des soins de santé. Par exemple, les agences de recrutement privées peuvent envoyer des travailleurs dans un établissement de santé un jour et dans un autre le lendemain, faisant des travailleurs des vecteurs potentiels de la propagation du virus.

De plus, les conventions collectives des travailleurs du secteur public québécois sont terminées depuis le 31 mars et les syndicats rapportent que les négociations ne vont nulle part parce que le gouvernement rejette les revendications des travailleurs et tente d'imposer des concessions qui ne feront qu'aggraver davantage la situation dans le secteur.

Par exemple, la Fédération de la santé du Québec a révélé certaines des demandes de concessions du gouvernement. L'une de ces exigences est de redéfinir les heures supplémentaires en calculant la moyenne des heures de travail sur plus d'une semaine. La semaine de travail en cours est définie comme une semaine de cinq jours. Toutes les heures en plus des heures régulières convenues doivent être rémunérées au taux des heures supplémentaires. Faire une moyenne des heures de travail sur plus de cinq jours permettra aux employeurs de payer des taux réguliers même lorsque les travailleurs font du temps supplémentaire. Pendant ce temps, au nom de la « flexibilité », le gouvernement veut créer des horaires de travail dans lesquels le nombre de jours pourrait varier d'une semaine à l'autre. Ce ne sont pas seulement de graves attaques économiques contre les travailleurs mais aussi des provocations, qui contribuent à l'épuisement professionnel et aux démissions du personnel soignant..

Les travailleurs et les travailleuses de la santé rejettent cette provocation et ce chantage et insistent pour que des améliorations immédiates soient apportées aux soins de santé et aux services sociaux sur la base de leurs revendications. Les travailleurs défendent leur capacité à agir collectivement par le biais de leur organisation de défense et à parler d'une seule voix pour se défendre et protéger les personnes dont ils prennent soin. L'action collective des travailleurs et leur mise en oeuvre des mesures de sécurité est un facteur clé pour arrêter la propagation du virus. La situation montre clairement la nécessité de changer la direction des soins de santé et des services sociaux, pour éliminer complètement le profit privé du système.

Alors que les travailleurs intensifient leur lutte pour leurs droits et les droits de tous, Forum ouvrier ouvre ses pages pour faire entendre leur voix.

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Lettre à la rédaction

J'ai lu avec intérêt les articles que vous avez publiés sur les décrets du gouvernement Legault en réponse à la pandémie. Je pense moi aussi qu'ils ne sont pas une solution à cette crise sérieuse. Cela n'augure rien de bon parce que cela enlève des droits aux travailleurs. Quand tu obliges les travailleurs à observer des règles qu'ils n'ont pas contribué à adopter, les mesures deviennent inapplicables.

En plus, les décrets enlèvent de la liberté aux citoyens. Prévoir que les policiers vont entrer dans les maisons avec des télé-mandats pour voir s'il y a un rassemblement illégal ne tient pas la route et n'augure rien de bon pour l'avenir non plus.

Je pense que beaucoup de gens commencent à penser que le problème de la COVID-19 n'est pas bien géré, que les décisions sont prises trop tard au nom de ne pas nuire à l'économie. Et maintenant le gouvernement essaie de se rattraper avec ses nouveaux décrets. Mon impression est que la Santé publique est contredite par le politique, par le gouvernement, pour ne pas nuire à l'économie. Le problème de la COVID-19 est plus complexe qu'une question de décrets gouvernementaux. On est en train de tomber dans l'abus de pouvoir.

Par exemple, ils n'ont toujours pas réglé le problème auquel les infirmières font face. Elles ont des besoins criants qui ne sont toujours pas traités après des mois de pandémie. Le gouvernement les appelle nos anges gardiens mais les anges sont au front et sont épuisés et plusieurs démissionnent. Le temps supplémentaire obligatoire existe toujours. Les infirmières n'ont pas le droit de parler quand elles sont confrontées à des situations qui n'ont pas de bon sens dans les centres hospitaliers. Si elles parlent, elles sont pénalisées par les employeurs. C'est comme la loi de l'omerta. Mettons-nous à leur place. Dans un pays démocratique on ne peut pas accepter cela.

Dans le secteur minier, nous avons été favorables à l'adoption de certaines mesures parce que nous les avons décidées ensemble avec l'entreprise par une consultation. Maintenant la tendance se développe qu'ils nous informent qu'ils vont mettre des mesures en place et nous sommes simplement supposés les appliquer. Ce n'est pas ça, une consultation. Nous avons le droit de donner notre point de vue parce que nous devons vivre avec les mesures. Par exemple, des employeurs dans le secteur minier parlent de rendre les masques obligatoires dans les mines. Est-ce qu'ils ont pensé que sous terre, nous travaillons à 38 degrés Celsius et avec 100 % d'humidité ? Les travailleurs ne vont pas les porter. En plus, c'est déjà prouvé que des masques ordinaires ne vont pas nous protéger des gouttelettes par lesquelles le virus est transmis. Est-ce qu'ils vont nous donner des masques N95 ? Il faut que les mesures soient prouvées scientifiquement et que les travailleurs soient mobilisés dans la solution du problème.

Si on veut que les mesures soient appliquées mais les travailleurs ne participent pas dans la prise de la décision, c'est voué à l'échec. Si vous procédez par l'imposition de mesures, les travailleurs vont vous défier. Les travailleurs doivent être partenaires de la décision.

Si on met en place des mesures sanitaires, il faut que les travailleurs soient informés par le biais d'information et de formation sur le terrain sur l'application des mesures sanitaires. Dans notre cas, lorsque nous avons adopté ces mesures au début, après avoir consulté nos travailleurs, nous avons même fait des tournées avec les contremaîtres dans la mine pour promouvoir les mesures. Le but des tournées n'était pas de dire que nous sommes très satisfaits des mesures mais que nous pensions que c'étaient les meilleures mesures à notre disposition dans le contexte actuel pour prévenir la COVID.

Pour être capables de faire cela, les représentants des travailleurs doivent être à la fine pointe de l'information afin de pouvoir prendre les décisions pour donner la meilleure prévention possible. Parce qu'en fait, on parle ici de prévention. Si l'employeur décide seul de la mesure, la prévention n'aura pas lieu. Les travailleurs doivent avoir leur mot à dire sur ce qui va arriver.

Un travailleur du secteur minier en Abitibi

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Les travailleurs en action à la défense de leurs droits

Actions de solidarité avec les travailleurs
en grève de Ledcor

Le 30 septembre, les travailleurs en grève contre Ledcor Technical Services (LTS) ont reçu l'appui de dizaines de sympathisants sur leurs lignes de piquetage devant l'usine de production LTS à Port Coquitlam et le siège social de Ledcor au centre-ville de Vancouver. C'était la date du premier anniversaire de la grève par les membres de la section locale 213 de la Fraternité internationale des ouvriers de l'électricité (FIOE). Tout au cours de l'année, il y a eu des actions d'appui et de solidarité à l'initiative du Conseil du travail de New Westminster et du district, le principal organisateur de l'action du 30 septembre, de même que des Métiers de la construction de la Colombie-Britannique, de la section locale 1944 du Syndicat des Métallos, du Syndicat canadien de la fonction publique, de la Fédération des enseignants et enseignantes de la Colombie-Britannique, du Syndicat des employés d'hôpitaux, du Syndicat international des débardeurs et magasiniers et d'autres. En plus des travailleurs qui ont participé aux lignes de piquetage avec leurs bannières et leurs drapeaux syndicaux, plusieurs autres ont formé une caravane de voitures en réponse à l'appel de la section locale et du Conseil du travail.

Les travailleurs de Ledcor et leurs alliés soulignent que ce qui se passe actuellement dans l'industrie des télécommunications avec des monopoles comme Telus  qui ont recours à des « sous-traitants », comme Ledcor, pour faire certaines des installations de câbles de fibre optique que font aussi des employés de Telus, se passe aussi dans d'autres industries. La main-d'oeuvre des sous-traitants n’est pas syndiquée, elle est rémunérée à la pièce, à des taux que l'entreprise peut changer unilatéralement, poussée à travailler à une cadence non sécuritaire, sans horaire stable et prévisible et sujette à des mesures disciplinaires et congédiée sans recours. En plus des conséquences néfastes pour les travailleurs, cet arrangement sert à exercer une pression à la baisse sur les salaires et les conditions de travail des employés de Telus, membres de la section locale 1944 des Métallos. Les travailleurs de Ledcor se sont syndiqués pour agir collectivement afin d'améliorer leurs conditions de travail. Comme l'a dit un des travailleurs en grève : « Nous ne nous battons pas uniquement pour nous-mêmes ou pour le gars qui nous côtoie. Nous nous battons pour le technicien qui travaillera dans cinq ans ou celui qui travaillera dans 15 ans. »

Tout au long de la grève, l'entreprise a eu recours à des briseurs de grève pour faire le travail des grévistes, ce qui selon elle est légal puisque l'industrie des télécommunications est réglementée par le fédéral et que la loi fédérale n'interdit pas le recours aux briseurs de grève. Le syndicat demande que les clients de Telus ayant besoin d'installations, soit à leur résidence ou à leur entreprise, de téléphones, de l'Internet, de télévisions ou d'alarmes « exigent que les services soient fournis par les employés syndiqués de Telus (la section locale 1944 des Métallos). Les clients devront peut-être attendre un peu plus longtemps pour le service, mais ils courront moins de risques pour leurs maisons et leurs entreprises tout en exprimant leur appui aux travailleurs de la section locale de la FIOE. »

L'audience pour donner suite à la demande du syndicat auprès du Conseil canadien des relations industrielles pour que celui-intervienne et règle les termes et conditions d'une première convention collective doit avoir lieu ce mois-ci. En attendant, tout le monde est invité à appuyer les revendications des grévistes de Ledcor en partageant l'information sur les réseaux sociaux et en participant avec eux sur les lignes de piquetage devant la nouvelle usine de production au 2120, rue Vintner à Port Moody ou au siège social de Ledcor au 1055, rue Hastings, Ouest, à Vancouver.


(Photos : FO)

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Les travailleurs en grève de Dominion affrontent l'intransigeance du monopole Loblaw


Ligne de piquetage des travailleurs en grève de Dominion à St-Jean, Terre-Neuve, le 15 octobre 2020

Onze magasins Dominion à Terre-Neuve sont fermés alors que 1 400 travailleurs de cette chaîne, membres de la section locale 597 d'Unifor, sont en grève depuis le 22 août. Les travailleurs ont voté pour la grève en juin, exigeant davantage d'emplois à temps plein après l'élimination de 60 emplois en 2019, faisant en sorte que la main-d'oeuvre est maintenant constituée à plus de 80 % d'employés à temps partiel. La société mère, Loblaw Companies Ltd, a aussi mis fin à son augmentation de 2 dollars l'heure en raison de la pandémie. Les travailleurs sont sans nouvelle convention collective depuis octobre 2019.

Dans des entrevues avec la Presse canadienne au cours de la fin de semaine de l'Action de grâce, les travailleurs de Dominion ont dit qu'ils ne se battaient pas seulement pour eux-mêmes, mais pour tous les travailleurs au détail au pays. Le mandat de grève est venu après que Loblaw, Sobeys et d'autres grandes chaînes alimentaires aient mis fin à l'augmentation de 2 dollars l'heure offerte au plus fort de la première vague de la pandémie. Les employés de Terre-Neuve ont rejeté l'offre de convention collective de Loblaw Companies Ltd., la société mère de Dominion, qui prévoyait une augmentation salariale de 1 dollar l'heure pour les trois prochaines années.

À la fin du mois d'août, la Cour suprême de Terre-Neuve-et-Labrador a accordé une injonction contre les travailleurs d'épicerie en grève. Selon l'injonction, les travailleurs ne peuvent brimer le droit de Loblaw de sortir le stock en inventaire périmé ou sur le point d'être périmé, ni celui d'entrepreneurs qui entrent sur la propriété pour effectuer les pleins de réfrigérants pour les produits réfrigérés entreposés dans les semi-remorques ou qui arrivent ou repartent avec de l'argent.

Immédiatement après que l'injonction ait été accordée à l'entreprise, celle-ci a déclaré dans une lettre au syndicat que, parce que la « compétition est féroce et que les affaires dans les Dominions à Terre-Neuve sont en déclin », la compagnie ne changerait pas son offre et elle a refusé de participer à toute future négociation.

Un communiqué de presse émis par le syndicat le 8 octobre cite la présidente de la section locale 597 d'Unifor, Carolyn Wrice : « Au cours des dernières six semaines, Loblaw a continué de vendre ses produits aux No Frills et aux Shoppers Drug Mart. Même si la compagnie continue d'augmenter ses profits pendant la pandémie [1], elle refuse toujours d'accorder aux travailleurs de première ligne un salaire décent [...] Les travailleurs ont bénéficié d'un immense appui de la part du public pendant la grève et aujourd'hui nous demandons au public de se joindre à nous pour faire parvenir un message à Loblaw et à son président, Galen Weston. »


Les travailleurs de Dominion tiennent une collecte de denrées alimentaires de l'Action de grâce partout dans la province.

En plus de dresser des lignes de piquetage, les travailleurs en grève contre Dominion aident à fournir des repas aux plus démunis de Terre-Neuve-et Labrador avec leur collecte de denrées alimentaires de l'Action de grâce sur les lignes de piquetage partout dans la province. Les membres du public ont contribué des denrées non périssables sur les lignes de piquetage devant les onze magasins Dominion de Terre-Neuve.

Face au refus de la compagnie de négocier, les travailleurs sont déterminés à ne pas accepter l'affirmation de la compagnie comme quoi « la profitabilité réduite due à la pandémie » justifie la transformation de 80 % de la main-d'oeuvre en personnel à temps partiel et le refus de rémunérer les travailleurs à des salaires décents. Les travailleurs de Dominion à Terre-Neuve affirment que la grève va se poursuivre et que la question va être soulevée à l'échelle nationale pour appeler les travailleurs des produits Loblaw partout au pays à appuyer le droit des travailleurs de négocier des salaires et des conditions de travail acceptables.


Ligne de piquetage devant un magasin No Frills à St-Jean

Note

1. De mars à septembre, pendant la première vague de la COVID-19, la valeur nette de la famille Weston a augmenté en flèche, atteignant 1,6 milliard de dollars, selon un communiqué de presse d'Unifor du 29 septembre 2020.

(Photos : Section locale 597 d'Unifor)

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