Numéro 71 - 20 octobre 2020
Journée d'action
le 1er novembre à la défense
des droits des migrants
Reprenons l'appel:
Un statut
pour tous et toutes!
La
pandémie
sert de prétexte à des stratagèmes antiouvriers
• La défense des droits
des travailleurs est
essentielle à l'arrêt de la propagation de la
pandémie -
Pierre Chénier
• Lettre à la rédaction
Les
travailleurs en
action à la défense de leurs droits
• Actions de solidarité
avec les travailleurs
en grève de Ledcor - Roland Verrier
• Les travailleurs en
grève de Dominion
affrontent l'intransigeance du monopole Loblaw
- Louis Lang
Journée d'action le 1er novembre à
la
défense des droits des migrants
Migrante et la Association de Mexicanos en
Calgary visitent une
ferme de l'Alberta la fin de semaine de l'Action
de grâce et partagent
un repas, des jeux et un karaoké avant que
les travailleurs migrants ne rentrent chez eux
pour la saison.
Le Réseau des droits des migrants organise une
journée
nationale d'action le dimanche 1er novembre
pour lancer l'appel,
une fois de plus : un statut pour tous et
pour toutes ! Les
actions comprendront piquets, rassemblements,
événements en ligne,
déploiements de bannières, pose d'affiches,
distribution de tracts et
appels téléphoniques au bureau du premier ministre
et des députés
locaux. L'Alliance des travailleurs migrants pour
le changement a
annoncé un événement en direct sur Facebook -
Niagara : pleurons
les morts, luttons pour les vivants ! Un
statut pour tous et pour
toutes ! Le Centre ouvrier du PCC(M-L) organise un
piquet devant le
bureau de circonscription de Toronto du ministre
de l'Immigration, des
Réfugiés et de la Citoyenneté à 11 h. Forum
ouvrier appelle
ses lecteurs à prendre en main la revendication
d'un statut pour tous
et toutes et à organiser des actions ou à se
joindre aux actions
annoncées.
Les participants aux actions du 1er novembre
recueilleront des signatures pour la lettre
ouverte « Un statut
d'immigration complet pour tous et pour toutes »
lancée par le Réseau
des droits des migrants avant le récent discours
du Trône et
l'ouverture du Parlement. Plus de 350
organisations, dont le Parti
communiste du Canada (marxiste-léniniste), ont
signé la lettre ouverte
qui déclare : « Nous, sous-signés, appelons à un
système d’immigration
à un seul palier, où tout le monde au Canada
possède les mêmes droits.
L’ensemble des personnes migrant.e.s, réfugié.e.s,
étudiant.e.s,
travailleur.euse.s et sans-papiers au pays doivent
être régularisé.e.s
et recevoir un statut d’immigration complet dès
maintenant sans
exception. L’ensemble des personnes migrantes qui
arriveront à l’avenir
doivent le faire avec un statut d’immigration
complet et permanent. »
Le gouvernement a failli à son devoir. Les droits
de tous et de toutes
doivent être reconnus !
Un
statut pour tous,
par exemple,
mettrait fin à la situation où un travailleur est
lié à un seul
employeur. Il permettrait aux travailleurs
migrants d'accéder à la
résidence permanente, éliminerait les obstacles
qui restreignent
actuellement les droits au travail et de
négociation collective des
travailleurs agricoles et leur donnerait accès à
des formes de soutien
qui ne sont disponibles que pour ceux qui ont un
statut dans la société
canadienne.
Le refus d'octroyer le statut est un facteur
important
de propagation de la COVID-19 parmi les
travailleurs agricoles. En
Ontario seulement, il y a eu 1100 demandes
d'indemnisation pour la
COVID-19 de la part de travailleurs agricoles
- 17 %
des 6600 cas d'indemnisation pour la COVID-19
dans la province -
et, selon le Toronto Star, de nombreux cas
n'ont tout
simplement pas été signalés. La grande majorité de
ces réclamations
proviennent de travailleurs migrants. Le
gouvernement et les
propriétaires de l'agroalimentaire n'ont pas pris
les mesures
nécessaires pour protéger ces travailleurs. Le
Syndicat des
Travailleurs unis de l'alimentation et du commerce
(TUAC), en
collaboration avec l'Alliance des travailleurs
agricoles, s'est chargé
de distribuer des milliers de masques aux
travailleurs agricoles
temporaires et migrants - ainsi qu'à tous les
autres travailleurs ayant
besoin d'équipements de protection pour le travail
- au Centre de
soutien des travailleurs agricoles du syndicat à
Leamington.
En Alberta, les TUAC ont rapporté récemment qu'en
raison
du travail du syndicat et des groupes de défense
des droits des
migrants, les conditions se sont améliorées dans
les usines de
transformation des viandes qui ont été si durement
touchées par les
épidémies de la COVID-19 plus tôt cette année.
Cependant, deux
éclosions ont été déclarées en août, cette fois à
l'usine d'emballage
de viande prête pour le comptoir de Cargill et à
l'usine de
transformation du boeuf de Harmony, à Calgary. Les
deux éclosions sont
maintenant terminées. Une éclosion vient d'être
rapportée à l'usine
Capital Fine Meats à Edmonton. Plus
de 1 600 travailleurs au
total avaient été infectés plus tôt à l'usine
Cargill de High River et
à l'usine JBS Canada de Brooks, à l'est de
Calgary.
Les
étudiants étrangers ont également fait face à de
grandes difficultés en
raison du manque de statut pendant la pandémie. Il
y a près
de 700 000 étudiants étrangers au Canada
qui ont un permis de
travail et un permis d'études liés aux études
supérieures. Les
étudiants étrangers paient des frais de scolarité
qui sont près de
quatre fois supérieurs à ceux payés par les
étudiants canadiens et
québécois et ont ainsi ajouté environ 22
milliards de dollars à
l'économie canadienne au cours de l'année
universitaire 2016-2017.
Leurs frais de scolarité représentent
environ 30 % des
revenus totaux des frais de scolarité de premier
cycle des universités
canadiennes. Leurs frais de scolarité soutiennent
l'éducation
postsecondaire au Canada, mais ils ont sur les
épaules un fardeau et
des difficultés énormes en raison de leur
situation précaire. Leurs
programmes d'études ont été interrompus. Leurs
opportunités d'emploi
ont été perturbées. Leurs visas d'études et leurs
permis de travail
sont échus. C'est complètement injuste.
Forum ouvrier invite à nouveau ses
lecteurs à
prendre en mains l'appel d'un Statut pour tous et
pour toutes. Visitez
le site Web du Réseau des droits des migrants à migrantrights.ca
pour
plus d'informations sur la façon dont vous pouvez
participer.
La pandémie sert de prétexte à des
stratagèmes antiouvriers
- Pierre Chénier -
Les travailleurs et les travailleuses de la santé
du Québec défendent
leurs droits et déclarent
qu'ils sont la solution et qu'un meilleur système
de santé est
nécessaire.
La crise de la COVID-19 continue d'être utilisée
comme
prétexte par les dirigeants des gouvernements pour
attaquer les
travailleurs et le peuple et privatiser davantage
les soins de santé et
les services sociaux. Trente ans et plus
d'offensive antisociale ont
mené à la normalisation de pratiques qui
détournent une quantité
massive de fonds publics des soins aux patients
vers les coffres des
multinationales de la construction et des services
de soutien, y
compris les services alimentaires, l'entretien
ménager, l'informatique,
le personnel soignant et autres. Ils ont mené
aussi à la prolifération
des entreprises privées pour le profit dans les
soins aux aînés. Le
système est en crise et les normes pour lesquelles
les travailleurs se
sont battus sont érodées. Cette offensive
antisociale prend de
l'ampleur dans les conditions de la crise de la
COVID-19 et a un effet
dramatique sur la vie des gens et augmente le
danger pendant la
deuxième phase de la pandémie qui est déjà parmi
nous.
Par exemple, le nombre de démissions parmi le
personnel
soignant a énormément augmenté partout au Québec.
Rien
qu'à Montréal, les syndicats représentant les
travailleurs et
travailleuses du Centre intégré universitaire de
santé et de services
sociaux (CIUSSS) de l'Est-de-l'île-de-Montréal
disent que plus
de 1 800 travailleurs ont démissionné
depuis le début de
cette année. Il s'agit de travailleurs de toutes
catégories -
infirmières, personnel d'entretien ménager,
travailleurs des services
alimentaires, employés de bureau et de soutien
administratif, etc. Ils
quittent le secteur, prennent une retraite
anticipée (avec la pénalité
qui est imposée sur leurs prestations de retraite)
ou restent dans le
secteur mais vont travailler pour des agences de
recrutement privées.
S'ils vont travailler pour des agences privées,
les travailleurs
sacrifient de nombreux avantages sociaux et en
plus les revenus qu'ils
reçoivent de l'agence n'ouvrent pas droit à une
pension. Les
travailleurs vont vers les agences privées pour
avoir accès à ce que
celles-ci appellent la liberté de choix en matière
d'heures de travail.
Cela signifie que leurs heures sont prévues à
l'avance par contrat et
ne peuvent pas être prolongées par des heures
supplémentaires
obligatoires.
Les travailleurs signalent également que de plus
en plus
d'agences de recrutement privées sont engagées
dans le trafic d'êtres
humains. Par un système de sous-traitance en
cascades, l'agence qui
passe un contrat avec l'autorité publique offre le
contrat en
sous-traitance à d'autres qui l'offrent eux aussi
à d'autres, et le
résultat final est qu'il y a de nombreux
travailleurs de la santé qui
sont sans papiers, sans aucun droit. Les
nombreuses manifestations de
travailleurs migrants sans statut permanent ou
sans papiers ont
amplement montré les mauvais traitements
systématiques auxquels ces
travailleurs sont soumis en tant que main-d'oeuvre
sacrifiable et le
rôle que jouent les agences de recrutement
privées. Le nombre de
travailleurs non syndiqués et précaires dans le
secteur de la santé
augmente constamment.
Alors que les agences de recrutement privées
prolifèrent
dans le contexte de la crise du secteur public de
la santé, il est de
plus en plus courant que les gestionnaires des
centres de santé et de
services sociaux intégrés publics deviennent
eux-mêmes propriétaires
d'agences de recrutement privées. Une couche se
forme au sein de la
direction du système public de soins de santé, qui
est encouragée à
devenir propriétaire d'agences privées afin
d'augmenter le nombre de
travailleurs embauchés par son intermédiaire et
démanteler les normes
et la continuité des soins de santé. Par exemple,
les agences de
recrutement privées peuvent envoyer des
travailleurs dans un
établissement de santé un jour et dans un autre le
lendemain, faisant
des travailleurs des vecteurs potentiels de la
propagation du virus.
De plus, les conventions collectives des
travailleurs du
secteur public québécois sont terminées depuis
le 31 mars et les
syndicats rapportent que les négociations ne vont
nulle part parce que
le gouvernement rejette les revendications des
travailleurs et tente
d'imposer des concessions qui ne feront
qu'aggraver davantage la
situation dans le secteur.
Par
exemple, la Fédération de la santé du Québec a
révélé certaines des
demandes de concessions du gouvernement. L'une de
ces exigences est de
redéfinir les heures supplémentaires en calculant
la moyenne des heures
de travail sur plus d'une semaine. La semaine de
travail en cours est
définie comme une semaine de cinq jours. Toutes
les heures en plus des
heures régulières convenues doivent être
rémunérées au taux des heures
supplémentaires. Faire une moyenne des heures de
travail sur plus de
cinq jours permettra aux employeurs de payer des
taux réguliers même
lorsque les travailleurs font du temps
supplémentaire. Pendant ce
temps, au nom de la « flexibilité », le
gouvernement veut créer
des horaires de travail dans lesquels le nombre de
jours pourrait
varier d'une semaine à l'autre. Ce ne sont pas
seulement de graves
attaques économiques contre les travailleurs mais
aussi des
provocations, qui contribuent à l'épuisement
professionnel et aux
démissions du personnel soignant..
Les travailleurs et les travailleuses de la santé
rejettent cette provocation et ce chantage et
insistent pour que des
améliorations immédiates soient apportées aux
soins de santé et aux
services sociaux sur la base de leurs
revendications. Les travailleurs
défendent leur capacité à agir collectivement par
le biais de leur
organisation de défense et à parler d'une seule
voix pour se défendre
et protéger les personnes dont ils prennent soin.
L'action collective
des travailleurs et leur mise en oeuvre des
mesures de sécurité est un
facteur clé pour arrêter la propagation du virus.
La situation montre
clairement la nécessité de changer la direction
des soins de santé et
des services sociaux, pour éliminer complètement
le profit privé du
système.
Alors que les travailleurs intensifient leur
lutte pour
leurs droits et les droits de tous, Forum
ouvrier ouvre ses
pages pour faire entendre leur voix.
J'ai lu avec intérêt les articles que vous avez
publiés
sur les décrets du gouvernement Legault en réponse
à la pandémie. Je
pense moi aussi qu'ils ne sont pas une solution à
cette crise sérieuse.
Cela n'augure rien de bon parce que cela enlève
des droits aux
travailleurs. Quand tu obliges les travailleurs à
observer des règles
qu'ils n'ont pas contribué à adopter, les mesures
deviennent
inapplicables.
En plus, les décrets enlèvent de la liberté aux
citoyens. Prévoir que les policiers vont entrer
dans les maisons avec
des télé-mandats pour voir s'il y a un
rassemblement illégal ne tient
pas la route et n'augure rien de bon pour l'avenir
non plus.
Je pense que beaucoup de gens commencent à penser
que le
problème de la COVID-19 n'est pas bien géré, que
les décisions sont
prises trop tard au nom de ne pas nuire à
l'économie. Et maintenant le
gouvernement essaie de se rattraper avec ses
nouveaux décrets. Mon
impression est que la Santé publique est
contredite par le politique,
par le gouvernement, pour ne pas nuire à
l'économie. Le problème de la
COVID-19 est plus complexe qu'une question de
décrets gouvernementaux.
On est en train de tomber dans l'abus de pouvoir.
Par
exemple, ils n'ont toujours pas réglé le problème
auquel les
infirmières font face. Elles ont des besoins
criants qui ne sont
toujours pas traités après des mois de pandémie.
Le gouvernement les
appelle nos anges gardiens mais les anges sont au
front et sont épuisés
et plusieurs démissionnent. Le temps
supplémentaire obligatoire existe
toujours. Les infirmières n'ont pas le droit de
parler quand elles sont
confrontées à des situations qui n'ont pas de bon
sens dans les centres
hospitaliers. Si elles parlent, elles sont
pénalisées par les
employeurs. C'est comme la loi de l'omerta.
Mettons-nous à leur place.
Dans un pays démocratique on ne peut pas accepter
cela.
Dans le secteur minier, nous avons été favorables
à
l'adoption de certaines mesures parce que nous les
avons décidées
ensemble avec l'entreprise par une consultation.
Maintenant la tendance
se développe qu'ils nous informent qu'ils vont
mettre des mesures en
place et nous sommes simplement supposés les
appliquer. Ce n'est pas
ça, une consultation. Nous avons le droit de
donner notre point de vue
parce que nous devons vivre avec les mesures. Par
exemple, des
employeurs dans le secteur minier parlent de
rendre les masques
obligatoires dans les mines. Est-ce qu'ils ont
pensé que sous terre,
nous travaillons à 38 degrés Celsius et
avec 100 %
d'humidité ? Les travailleurs ne vont pas les
porter. En plus,
c'est déjà prouvé que des masques ordinaires ne
vont pas nous protéger
des gouttelettes par lesquelles le virus est
transmis. Est-ce qu'ils
vont nous donner des masques N95 ? Il faut
que les mesures soient
prouvées scientifiquement et que les travailleurs
soient mobilisés dans
la solution du problème.
Si on veut
que les mesures soient appliquées mais les
travailleurs ne participent pas dans la prise de
la décision, c'est
voué à l'échec. Si vous procédez par l'imposition
de mesures, les
travailleurs vont vous défier. Les travailleurs
doivent être
partenaires de la décision.
Si on met en place des mesures sanitaires, il
faut que
les travailleurs soient informés par le biais
d'information et de
formation sur le terrain sur l'application des
mesures sanitaires. Dans
notre cas, lorsque nous avons adopté ces mesures
au début, après avoir
consulté nos travailleurs, nous avons même fait
des tournées avec les
contremaîtres dans la mine pour promouvoir les
mesures. Le but des
tournées n'était pas de dire que nous sommes très
satisfaits des
mesures mais que nous pensions que c'étaient les
meilleures mesures à
notre disposition dans le contexte actuel pour
prévenir la COVID.
Pour être capables de faire cela, les
représentants des
travailleurs doivent être à la fine pointe de
l'information afin de
pouvoir prendre les décisions pour donner la
meilleure prévention
possible. Parce qu'en fait, on parle ici de
prévention. Si l'employeur
décide seul de la mesure, la prévention n'aura pas
lieu. Les
travailleurs doivent avoir leur mot à dire sur ce
qui va arriver.
Un travailleur du secteur minier en Abitibi
Les travailleurs en action à la
défense
de leurs droits
- Roland Verrier -
Le 30 septembre, les travailleurs en grève
contre
Ledcor Technical Services (LTS) ont reçu l'appui
de dizaines de
sympathisants sur leurs lignes de piquetage devant
l'usine de
production LTS à Port Coquitlam et le siège social de
Ledcor au centre-ville
de Vancouver. C'était la date du premier
anniversaire de la grève par
les membres de la section locale 213 de la
Fraternité
internationale des ouvriers de l'électricité
(FIOE). Tout au cours de
l'année, il y a eu des actions d'appui et de
solidarité à l'initiative
du Conseil du travail de New Westminster et du
district, le principal
organisateur de l'action du 30 septembre, de
même que des Métiers
de la construction de la Colombie-Britannique, de
la section
locale 1944 du Syndicat des Métallos, du
Syndicat canadien de la
fonction publique, de la Fédération des
enseignants et enseignantes de
la Colombie-Britannique, du Syndicat des employés
d'hôpitaux, du
Syndicat international des débardeurs et
magasiniers et d'autres. En
plus des travailleurs qui ont participé aux lignes
de piquetage avec
leurs bannières et leurs drapeaux syndicaux,
plusieurs autres ont formé
une caravane de voitures en réponse à l'appel de
la section locale et
du Conseil du travail.
Les
travailleurs de Ledcor et leurs alliés soulignent
que ce qui se passe
actuellement dans l'industrie des
télécommunications avec des monopoles
comme Telus qui ont recours à des «
sous-traitants », comme
Ledcor, pour faire certaines des installations de
câbles de fibre
optique que font aussi des employés de Telus, se
passe aussi dans
d'autres industries. La main-d'oeuvre des
sous-traitants n’est pas
syndiquée, elle est rémunérée à la pièce, à des
taux que l'entreprise
peut changer unilatéralement, poussée à travailler
à une cadence non
sécuritaire, sans horaire stable et prévisible et
sujette à des mesures
disciplinaires et congédiée sans recours. En plus
des conséquences
néfastes pour les travailleurs, cet arrangement
sert à exercer une
pression à la baisse sur les salaires et les
conditions de travail des
employés de Telus, membres de la section locale
1944 des Métallos. Les
travailleurs de Ledcor se sont syndiqués pour agir
collectivement afin
d'améliorer leurs conditions de travail. Comme l'a
dit un des
travailleurs en grève : « Nous ne nous battons pas
uniquement pour
nous-mêmes ou pour le gars qui nous côtoie. Nous
nous battons pour le
technicien qui travaillera dans cinq ans ou celui
qui travaillera dans
15 ans. »
Tout au long de la grève, l'entreprise a eu
recours à
des briseurs de grève pour faire le travail des
grévistes, ce qui selon
elle est légal puisque l'industrie des
télécommunications est
réglementée par le fédéral et que la loi fédérale
n'interdit pas le
recours aux briseurs de grève. Le syndicat demande
que les clients de
Telus ayant besoin d'installations, soit à leur
résidence ou à leur
entreprise, de téléphones, de l'Internet, de
télévisions ou d'alarmes «
exigent que les services soient fournis par les
employés syndiqués de
Telus (la section locale 1944 des Métallos).
Les clients devront
peut-être attendre un peu plus longtemps pour le
service, mais ils
courront moins de risques pour leurs maisons et
leurs entreprises tout
en exprimant leur appui aux travailleurs de la
section locale de la
FIOE. »
L'audience pour donner suite à la demande du
syndicat
auprès du Conseil canadien des relations
industrielles pour que
celui-intervienne et règle les termes et
conditions d'une première
convention collective doit avoir lieu ce mois-ci.
En attendant, tout le
monde est invité à appuyer les revendications des
grévistes de Ledcor
en partageant l'information sur les réseaux
sociaux et en participant
avec eux sur les lignes de piquetage devant la
nouvelle usine de
production au 2120, rue Vintner à Port Moody
ou au siège social de
Ledcor au 1055, rue Hastings, Ouest, à
Vancouver.
- Louis Lang -
Ligne de piquetage des travailleurs en grève de
Dominion à St-Jean,
Terre-Neuve, le 15 octobre 2020
Onze magasins Dominion à Terre-Neuve sont fermés
alors
que 1 400 travailleurs de cette chaîne,
membres de la section
locale 597 d'Unifor, sont en grève depuis
le 22 août. Les
travailleurs ont voté pour la grève en juin,
exigeant davantage
d'emplois à temps plein après l'élimination
de 60 emplois en 2019,
faisant en sorte que la main-d'oeuvre est
maintenant constituée à plus
de 80 % d'employés à temps partiel. La
société mère, Loblaw
Companies Ltd, a aussi mis fin à son augmentation
de 2 dollars
l'heure en raison de la pandémie. Les travailleurs
sont sans nouvelle
convention collective depuis octobre 2019.
Dans des entrevues avec la Presse canadienne au
cours de
la fin de semaine de l'Action de grâce, les
travailleurs de Dominion
ont dit qu'ils ne se battaient pas seulement pour
eux-mêmes, mais pour
tous les travailleurs au détail au pays. Le mandat
de grève est venu
après que Loblaw, Sobeys et d'autres grandes
chaînes alimentaires aient
mis fin à l'augmentation de 2 dollars l'heure
offerte au plus fort
de la première vague de la pandémie. Les employés
de Terre-Neuve ont
rejeté l'offre de convention collective de Loblaw
Companies Ltd., la
société mère de Dominion, qui prévoyait une
augmentation salariale
de 1 dollar l'heure pour les trois prochaines
années.
À la fin du mois d'août, la Cour suprême de
Terre-Neuve-et-Labrador a accordé une injonction
contre les
travailleurs d'épicerie en grève. Selon
l'injonction, les travailleurs
ne peuvent brimer le droit de Loblaw de sortir le
stock en inventaire
périmé ou sur le point d'être périmé, ni celui
d'entrepreneurs qui
entrent sur la propriété pour effectuer les pleins
de réfrigérants pour
les produits réfrigérés entreposés dans les
semi-remorques ou qui
arrivent ou repartent avec de l'argent.
Immédiatement après que l'injonction ait été
accordée à
l'entreprise, celle-ci a déclaré dans une lettre
au syndicat que, parce
que la « compétition est féroce et que les
affaires dans les Dominions
à Terre-Neuve sont en déclin », la compagnie
ne changerait pas son
offre et elle a refusé de participer à toute
future négociation.
Un communiqué de presse émis par le syndicat
le 8
octobre cite la présidente de la section
locale 597 d'Unifor,
Carolyn Wrice : « Au cours des dernières six
semaines, Loblaw a
continué de vendre ses produits aux No Frills et
aux Shoppers Drug
Mart. Même si la compagnie continue d'augmenter
ses profits pendant la
pandémie [1],
elle refuse
toujours d'accorder aux travailleurs de première
ligne un salaire
décent [...] Les travailleurs ont bénéficié d'un
immense appui de la
part du public pendant la grève et aujourd'hui
nous demandons au public
de se joindre à nous pour faire parvenir un
message à Loblaw et à son
président, Galen Weston. »
Les travailleurs de Dominion tiennent une collecte
de denrées
alimentaires de l'Action de grâce partout dans la
province.
En plus de dresser des lignes de piquetage, les
travailleurs en grève contre Dominion aident à
fournir des repas aux
plus démunis de Terre-Neuve-et Labrador avec leur
collecte de denrées
alimentaires de l'Action de grâce sur les lignes
de piquetage partout
dans la province. Les membres du public ont
contribué des denrées non
périssables sur les lignes de piquetage devant les
onze magasins
Dominion de Terre-Neuve.
Face au refus de la compagnie de négocier, les
travailleurs sont déterminés à ne pas accepter
l'affirmation de la
compagnie comme quoi « la profitabilité réduite
due à la
pandémie » justifie la transformation de
80 % de la
main-d'oeuvre en personnel à temps partiel et le
refus de rémunérer les
travailleurs à des salaires décents. Les
travailleurs de Dominion à
Terre-Neuve affirment que la grève va se
poursuivre et que la question
va être soulevée à l'échelle nationale pour
appeler les travailleurs
des produits Loblaw partout au pays à appuyer le
droit des travailleurs
de négocier des salaires et des conditions de
travail acceptables.
Ligne de piquetage devant un magasin No Frills à
St-Jean
Note
1. De mars à septembre,
pendant la
première vague de la COVID-19, la valeur nette de
la famille Weston a
augmenté en flèche, atteignant 1,6 milliard
de dollars, selon un
communiqué de presse d'Unifor du 29
septembre 2020.
(Pour voir les articles
individuellement, cliquer sur le titre de
l'article.)
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