La pandémie sert de prétexte à des stratagèmes antiouvriers

La défense des droits des travailleurs est essentielle à l'arrêt de la propagation de la pandémie


Les travailleurs et les travailleuses de la santé du Québec défendent leurs droits et déclarent
qu'ils sont la solution et qu'un meilleur système de santé est nécessaire.

La crise de la COVID-19 continue d'être utilisée comme prétexte par les dirigeants des gouvernements pour attaquer les travailleurs et le peuple et privatiser davantage les soins de santé et les services sociaux. Trente ans et plus d'offensive antisociale ont mené à la normalisation de pratiques qui détournent une quantité massive de fonds publics des soins aux patients vers les coffres des multinationales de la construction et des services de soutien, y compris les services alimentaires, l'entretien ménager, l'informatique, le personnel soignant et autres. Ils ont mené aussi à la prolifération des entreprises privées pour le profit dans les soins aux aînés. Le système est en crise et les normes pour lesquelles les travailleurs se sont battus sont érodées. Cette offensive antisociale prend de l'ampleur dans les conditions de la crise de la COVID-19 et a un effet dramatique sur la vie des gens et augmente le danger pendant la deuxième phase de la pandémie qui est déjà parmi nous.

Par exemple, le nombre de démissions parmi le personnel soignant a énormément augmenté partout au Québec.

Rien qu'à Montréal, les syndicats représentant les travailleurs et travailleuses du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) de l'Est-de-l'île-de-Montréal disent que plus de 1 800 travailleurs ont démissionné depuis le début de cette année. Il s'agit de travailleurs de toutes catégories - infirmières, personnel d'entretien ménager, travailleurs des services alimentaires, employés de bureau et de soutien administratif, etc. Ils quittent le secteur, prennent une retraite anticipée (avec la pénalité qui est imposée sur leurs prestations de retraite) ou restent dans le secteur mais vont travailler pour des agences de recrutement privées. S'ils vont travailler pour des agences privées, les travailleurs sacrifient de nombreux avantages sociaux et en plus les revenus qu'ils reçoivent de l'agence n'ouvrent pas droit à une pension. Les travailleurs vont vers les agences privées pour avoir accès à ce que celles-ci appellent la liberté de choix en matière d'heures de travail. Cela signifie que leurs heures sont prévues à l'avance par contrat et ne peuvent pas être prolongées par des heures supplémentaires obligatoires.

Les travailleurs signalent également que de plus en plus d'agences de recrutement privées sont engagées dans le trafic d'êtres humains. Par un système de sous-traitance en cascades, l'agence qui passe un contrat avec l'autorité publique offre le contrat en sous-traitance à d'autres qui l'offrent eux aussi à d'autres, et le résultat final est qu'il y a de nombreux travailleurs de la santé qui sont sans papiers, sans aucun droit. Les nombreuses manifestations de travailleurs migrants sans statut permanent ou sans papiers ont amplement montré les mauvais traitements systématiques auxquels ces travailleurs sont soumis en tant que main-d'oeuvre sacrifiable et le rôle que jouent les agences de recrutement privées. Le nombre de travailleurs non syndiqués et précaires dans le secteur de la santé augmente constamment.

Alors que les agences de recrutement privées prolifèrent dans le contexte de la crise du secteur public de la santé, il est de plus en plus courant que les gestionnaires des centres de santé et de services sociaux intégrés publics deviennent eux-mêmes propriétaires d'agences de recrutement privées. Une couche se forme au sein de la direction du système public de soins de santé, qui est encouragée à devenir propriétaire d'agences privées afin d'augmenter le nombre de travailleurs embauchés par son intermédiaire et démanteler les normes et la continuité des soins de santé. Par exemple, les agences de recrutement privées peuvent envoyer des travailleurs dans un établissement de santé un jour et dans un autre le lendemain, faisant des travailleurs des vecteurs potentiels de la propagation du virus.

De plus, les conventions collectives des travailleurs du secteur public québécois sont terminées depuis le 31 mars et les syndicats rapportent que les négociations ne vont nulle part parce que le gouvernement rejette les revendications des travailleurs et tente d'imposer des concessions qui ne feront qu'aggraver davantage la situation dans le secteur.

Par exemple, la Fédération de la santé du Québec a révélé certaines des demandes de concessions du gouvernement. L'une de ces exigences est de redéfinir les heures supplémentaires en calculant la moyenne des heures de travail sur plus d'une semaine. La semaine de travail en cours est définie comme une semaine de cinq jours. Toutes les heures en plus des heures régulières convenues doivent être rémunérées au taux des heures supplémentaires. Faire une moyenne des heures de travail sur plus de cinq jours permettra aux employeurs de payer des taux réguliers même lorsque les travailleurs font du temps supplémentaire. Pendant ce temps, au nom de la « flexibilité », le gouvernement veut créer des horaires de travail dans lesquels le nombre de jours pourrait varier d'une semaine à l'autre. Ce ne sont pas seulement de graves attaques économiques contre les travailleurs mais aussi des provocations, qui contribuent à l'épuisement professionnel et aux démissions du personnel soignant..

Les travailleurs et les travailleuses de la santé rejettent cette provocation et ce chantage et insistent pour que des améliorations immédiates soient apportées aux soins de santé et aux services sociaux sur la base de leurs revendications. Les travailleurs défendent leur capacité à agir collectivement par le biais de leur organisation de défense et à parler d'une seule voix pour se défendre et protéger les personnes dont ils prennent soin. L'action collective des travailleurs et leur mise en oeuvre des mesures de sécurité est un facteur clé pour arrêter la propagation du virus. La situation montre clairement la nécessité de changer la direction des soins de santé et des services sociaux, pour éliminer complètement le profit privé du système.

Alors que les travailleurs intensifient leur lutte pour leurs droits et les droits de tous, Forum ouvrier ouvre ses pages pour faire entendre leur voix.


Cet article est paru dans

Numéro 71 - Numéro 71 - 20 octobre 2020

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La pandémie sert de prétexte à des stratagèmes antiouvriers: La défense des droits des travailleurs est essentielle à l'arrêt de la propagation de la pandémie - Pierre Chénier


    

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