Lettre à la rédaction
J'ai lu avec intérêt les articles que vous avez
publiés
sur les décrets du gouvernement Legault en réponse
à la pandémie. Je
pense moi aussi qu'ils ne sont pas une solution à
cette crise sérieuse.
Cela n'augure rien de bon parce que cela enlève
des droits aux
travailleurs. Quand tu obliges les travailleurs à
observer des règles
qu'ils n'ont pas contribué à adopter, les mesures
deviennent
inapplicables.
En plus, les décrets enlèvent de la liberté aux
citoyens. Prévoir que les policiers vont entrer
dans les maisons avec
des télé-mandats pour voir s'il y a un
rassemblement illégal ne tient
pas la route et n'augure rien de bon pour l'avenir
non plus.
Je pense que beaucoup de gens commencent à penser
que le
problème de la COVID-19 n'est pas bien géré, que
les décisions sont
prises trop tard au nom de ne pas nuire à
l'économie. Et maintenant le
gouvernement essaie de se rattraper avec ses
nouveaux décrets. Mon
impression est que la Santé publique est
contredite par le politique,
par le gouvernement, pour ne pas nuire à
l'économie. Le problème de la
COVID-19 est plus complexe qu'une question de
décrets gouvernementaux.
On est en train de tomber dans l'abus de pouvoir.
Par
exemple, ils n'ont toujours pas réglé le problème
auquel les
infirmières font face. Elles ont des besoins
criants qui ne sont
toujours pas traités après des mois de pandémie.
Le gouvernement les
appelle nos anges gardiens mais les anges sont au
front et sont épuisés
et plusieurs démissionnent. Le temps
supplémentaire obligatoire existe
toujours. Les infirmières n'ont pas le droit de
parler quand elles sont
confrontées à des situations qui n'ont pas de bon
sens dans les centres
hospitaliers. Si elles parlent, elles sont
pénalisées par les
employeurs. C'est comme la loi de l'omerta.
Mettons-nous à leur place.
Dans un pays démocratique on ne peut pas accepter
cela.
Dans le secteur minier, nous avons été favorables
à
l'adoption de certaines mesures parce que nous les
avons décidées
ensemble avec l'entreprise par une consultation.
Maintenant la tendance
se développe qu'ils nous informent qu'ils vont
mettre des mesures en
place et nous sommes simplement supposés les
appliquer. Ce n'est pas
ça, une consultation. Nous avons le droit de
donner notre point de vue
parce que nous devons vivre avec les mesures. Par
exemple, des
employeurs dans le secteur minier parlent de
rendre les masques
obligatoires dans les mines. Est-ce qu'ils ont
pensé que sous terre,
nous travaillons à 38 degrés Celsius et
avec 100 %
d'humidité ? Les travailleurs ne vont pas les
porter. En plus,
c'est déjà prouvé que des masques ordinaires ne
vont pas nous protéger
des gouttelettes par lesquelles le virus est
transmis. Est-ce qu'ils
vont nous donner des masques N95 ? Il faut
que les mesures soient
prouvées scientifiquement et que les travailleurs
soient mobilisés dans
la solution du problème.
Si on veut
que les mesures soient appliquées mais les
travailleurs ne participent pas dans la prise de
la décision, c'est
voué à l'échec. Si vous procédez par l'imposition
de mesures, les
travailleurs vont vous défier. Les travailleurs
doivent être
partenaires de la décision.
Si on met en place des mesures sanitaires, il
faut que
les travailleurs soient informés par le biais
d'information et de
formation sur le terrain sur l'application des
mesures sanitaires. Dans
notre cas, lorsque nous avons adopté ces mesures
au début, après avoir
consulté nos travailleurs, nous avons même fait
des tournées avec les
contremaîtres dans la mine pour promouvoir les
mesures. Le but des
tournées n'était pas de dire que nous sommes très
satisfaits des
mesures mais que nous pensions que c'étaient les
meilleures mesures à
notre disposition dans le contexte actuel pour
prévenir la COVID.
Pour être capables de faire cela, les
représentants des
travailleurs doivent être à la fine pointe de
l'information afin de
pouvoir prendre les décisions pour donner la
meilleure prévention
possible. Parce qu'en fait, on parle ici de
prévention. Si l'employeur
décide seul de la mesure, la prévention n'aura pas
lieu. Les
travailleurs doivent avoir leur mot à dire sur ce
qui va arriver.
Un travailleur du secteur minier en Abitibi
Cet article est paru dans
Numéro 71 - Numéro 71 - 20 octobre 2020
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Lettre à la rédaction
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