27 février 2020
Les travailleurs de l'Ontario rejettent
l'ordre du jour du gouvernement Ford
Les éducateurs s'unissent puissamment pour
dire non! aux attaques antisociales contre
l'éducation en Ontario
- Laura Chesnik -
Les travailleurs de l'éducation participent en
grand nombre à une manifestation à Niagara
Falls
contre les coupures du gouvernement
progressiste-conservateur de l'Ontario, le 22
février 2020.
• Manifestation
de
masse au congrès d'orientation des
progressistes-conservateurs à Niagara
• Ce que révèle la
situation des préposés aux services de soutien à
la personne
- Rolf Gerstenberger, co-président de la
Coalition de la santé de Hamilton et ancien
président de la section locale 1005 du
Syndicat des Métallos
Fermeture de
six mois du service d'obstétrique à Shawville au
Québec
• Non ! à la
fermeture des services de santé de base !
- Louis Lang
Les travailleurs de l'Ontario
rejettent l'ordre du jour du gouvernement Ford
- Laura Chesnik -
Les éducateurs venus de partout à Toronto
encerclent Queen's Park avec une ligne
de piquetage massive
Le 21 février, les
travailleurs de l'éducation de l'Ontario ont
organisé un débrayage coordonné et retiré leur
force de travail. C'est la première fois depuis
les protestations politiques de 1997 que les
quatre syndicats représentant les enseignants de
tous les conseils scolaires de la province et des
milliers de travailleurs de l'éducation débraient
ensemble et dressent des lignes de piquetage
communes.
Vue aérienne de la ligne de piquetage
encerclant Queen's Park
|
L'esprit sur les lignes de
piquetages exprimait bien la signification de cet
acte d'unité. Sur plusieurs lignes, les membres de
différents syndicats piquetaient ensemble au gré
des différents horaires, se rencontrant,
retrouvant de vieux amis et partageant leur
expérience. Au-delà des différents drapeaux et des
différentes positions dans le système d'éducation,
ils étaient tous puissamment unis pour leurs
conditions de travail, qui sont les conditions
d'apprentissage des étudiants.
Dans la région de Peel, les parents et les
étudiants se sont joints aux représentants de Peel
et Peel Dufferin de la FEESO, de la FEEO, d'OECTA
et de l'AEFO pour former une ligne de piquetage de
20 000 personnes sur une distance de 30 kilomètres
longeant l'autoroute 10, de Caledon à Brampton et
Mississauga au lac Ontario. Ils en ont fait une
vidéo intitulée « Je suis sur la ligne pour la
grève 102030 ». Cliquer
ici pour la visionner.
À Kitchener-Waterloo, les membres des quatre
syndicats ont rempli le square face à l'hôtel de
ville, démontrant la grande quantité de personnes
qui oeuvrent dans l'éducation des jeunes et des
adultes dans la région.
À Toronto, 30 000 travailleurs de l'éducation et
leurs supporters ont encerclé Queen's Park, le
transformant en « Parc des éducateurs » pour la
journée.
Partout dans la province, ceux et celles qui
fournissent l'éducation primaire et secondaire de
même que l'éducation des adultes et l'éducation
permanente ont affirmé leur non ! collectif aux
tentatives du gouvernement de les rendre
responsables des problèmes en éducation, pour
mieux attaquer leurs conditions de travail.
Cette semaine, certains districts de la FEESO
tiennent une journée de grève complète le vendredi
28 février. On peut accéder à la liste des
districts visés ici.
L'AEFO planifiait elle aussi une journée de grève
complète cette semaine mais elle a annoncé son
report à cause d'une prévision de pluie
verglaçante. La FEEO a donné jusqu'au 6 mars au
gouvernement pour négocier une entente acceptable
faute de quoi ses membres vont entamer une
nouvelle phase d'actions de grève. L'OECTA a
interrompu ses grèves tournantes alors qu'elle
avait négocié avec le gouvernement et
l'association des administrateurs catholiques
jusqu'au 24 février, lorsque les discussions ont
été rompues. Dans un communiqué du 24 février, la
présidente d'OECTA, Liz Stuart, écrit :
[...]Après que le ministre
de l'Éducation ait passé la fin de semaine à
faire des commentaires sans fondement et des
accusations incendiaires contre les enseignants
catholiques et notre association, son équipe de
négociation a insisté sur son programme de
retrait de ressources des salles de classe. Il
semble par moment qu'ils n'aient aucune
intention de négocier une entente.
Notre association demeure
déterminée à réaliser notre objectif d'en
arriver à une entente équitable à la table de
négociation, et nous attendons que la médiatrice
nous dise si elle croit que d'autres séances de
négociation seraient utiles. Cependant, nous ne
tolérerons pas le manque de respect que le
gouvernement manifeste envers nos membres ou son
insistance à effectuer des coupures permanentes
dans le système d'éducation financé par les
fonds publics. Pendant que nous maintenons nos
moyens de pression de nature administrative,
l'OECTA considérera l'option d'autres actions de
grève.
Ottawa ; Kingston
Peterborough
Toronto
Région de Peel
Hamilton
Kitchener-Waterloo
Stratford
Windsor
Owen Sound
Nord de l'Ontario
À Vancouver, les enseignants de
Colombie-Britannique solidaires des enseignants de
l'Ontario
-- Du rouge pour l'éducation
L'action de masse organisée devant le congrès
d'orientation du Parti progressiste-conservateur
le 22 février témoigne de l'opposition
massive à l'ordre du jour du gouvernement Ford.
Près de 5 000 personnes de différentes
régions de l'Ontario ont convergé vers Niagara
Falls, en Ontario, pour prendre part au
rassemblement « Le peuple contre les compressions
des conservateurs » afin de dénoncer l'ordre
du jour antisocial du gouvernement
progressiste-conservateur.
Le contingent le plus imposant était celui des
travailleurs de l'éducation qui, la veille,
avaient débrayé massivement à l'échelle
provinciale. D'importants contingents de
travailleurs de la santé et d'autres travailleurs
du secteur public étaient aussi présents ainsi que
des contingents de métallos de Hamilton et de
travailleurs de l'automobile.
Les premiers orateurs à prendre la parole au
rassemblement ont exhorté les travailleurs de
l'Ontario à continuer d'appuyer les manifestations
politiques des peuples autochtones contre
l'invasion illégale du territoire wet'suwet'en par
la GRC. Un orateur a dit qu'il s'agissait
clairement d'une lutte contre l'injustice.
Les orateurs qui ont suivi, dont des
représentants de la communauté autiste, des
travailleurs sociaux, des défenseurs des soins de
santé et des étudiants du postsecondaire, se sont
opposés aux attaques du gouvernement contre les
personnes les plus vulnérables. Ont aussi pris la
parole Patty Coates, la présidente de la
Fédération du travail de l'Ontario, et les
présidents des syndicats de l'éducation de
l'Ontario, y compris la section ontarienne du
Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP),
dont les 55 000 membres en éducation ne
sont pas en grève mais mènent des actions en
solidarité avec leurs collègues en grève.
- Rolf Gerstenberger, co-président
de la Coalition de la santé de Hamilton et ancien
président de la section locale 1005 du
Syndicat des Métallos -
Depuis 2003, la section locale 1005 du
Syndicat des Métallos tient une réunion
hebdomadaire à chaque jeudi pour discuter des
questions importantes auxquelles les travailleurs
font face. Lors de la réunion du jeudi 13
février, nous avons eu une vive discussion sur la
situation des préposés aux services de soutien à
la personne (PSSP) en Ontario et ce que nous
révèle leur situation.
Le président de la section locale 1005, Gary
Howe, m'a demandé de présenter un rapport sur la
situation, laquelle est très bien décrite dans
l'étude qui a été confiée à la Coalition
ontarienne de la santé par Unifor.[1] La coalition a
visité plusieurs villes, dont Hamilton, et
organisé des conférences de presse partout dans la
province pour rendre public les résultats.
À notre réunion de jeudi, nous avons discuté de
certaines des questions soulevées dans l'étude et
pendant la conférence de presse du 10 février
à Hamilton. Deux semaines plus tôt, à notre
réunion, nous avons aussi discuté de la situation
et plusieurs travailleurs ont parlé de leur propre
expérience lorsqu'ils ont tenté de placer un être
cher en soins de longue durée, la lutte qu'il a
fallu mener et les nombreux problèmes auxquels ils
ont dû faire face une fois que la personne a été
acceptée.
En ce moment, près de 80 000 personnes
sont dans des soins de longue durée en Ontario et
30 000 personnes sont sur des listes
d'attente, où elles peuvent attendre cinq ans et
même plus. Les soins de longue durée sont les
soins prodigués dans un foyer pour les personnes
qui ne sont plus autonomes en raison de leur
condition médicale qui nécessite des soins. Lors
des élections de 2018 en Ontario, les partis
se sont engagés à créer plus de centres
d'hébergement de soins de longue durée. Doug Ford,
pour sa part, s'est engagé à construire des
résidences pour 15 000 personnes dans
les cinq prochaines années. Que ces résidences
soient créées ou non, le fait qu'il n'y a pas
suffisamment de PSSP pour prendre soin
des 80 000 personnes qui ont déjà
recours aux soins de longue durée est un véritable
problème. Selon l'étude, même lorsque le nombre de
préposés dans les résidences pour personnes âgées
est conforme aux normes en vigueur, les centres
manquent de personnel parce que personne n'est
disponible pour faire le remplacement lorsque
quelqu'un est malade, en vacances ou en congé.
Les préposés
doivent courir d'une chambre à l'autre pour tenter
de donner leur bain aux patients, s'occuper d'eux,
et les problèmes ne font que s'accumuler. La
situation est terrible non seulement pour les
patients mais pour les préposés également, car ils
sont obligés de travailler deux quarts de travail
de suite. Ils n'ont pas de journée de congé et ne
connaissent pas leur horaire à l'avance. Plusieurs
d'entre eux sont des travailleurs à temps partiel
qui occupent deux emplois en soins de longue durée
et doivent équilibrer leurs horaires, ce qui
bouleverse leur vie au quotidien. Ces préposés aux
services de soutien à la personne dans les
résidences de soins de longue durée parlent de
leurs conditions de travail comme d'un véritable
cauchemar.
En tant que métallos, nous avons évoqué la longue
lutte que nous avons menée pour simplement obtenir
des horaires réguliers. Si vous n'avez pas la
protection d'horaires réguliers, la compagnie fait
ce qu'elle veut avec vous. Sans cette protection,
il est impossible de connaître à l'avance quel
quart de travail vous devez travailler ni quelles
sont vos journées de congé, ce qui vire toute
votre vie à l'envers. Nous nous sommes battus
pendant plusieurs années pour avoir des horaires
réguliers, pour connaître notre horaire de travail
à l'avance. Et si la compagnie ne respecte pas
l'horaire, des pénalités s'appliquent comme
l'obligation de payer le travailleur temps et demi
et il existe d'autres mesures pour faire respecter
la règle.
L'autre secteur très problématique est celui des
soins à domicile. C'est le phénomène des hôpitaux
qui se disent surpeuplés et qui blâment ceux
qu'ils accusent de bloquer les lits, qui n'ont pas
besoin de soins hospitaliers et devraient être aux
soins de longue durée mais sont coincés à
l'hôpital parce qu'il n'y a pas de lits de soins
de longue durée de disponibles. La «
solution » préconisée est qu'en attendant les
centres d'hébergement de soins de longue durée
promis par le gouvernement, les gens devraient
avoir recours aux soins à domicile, que cela soit
adapté à leur situation ou non. Les autorités
accusent les gens de surpeupler les hôpitaux et
cela leur sert de justification pour imposer aux
gens vulnérables et aux travailleurs qui s'en
occupent des conditions inacceptables.
On prétend que les soins à domicile sont les
moins onéreux puisque la personne ayant besoin de
soins demeure chez elle et que les préposés
s'occupent de vous chez vous. C'est ce qu'on
prétend, mais le fait est que c'est sur le dos des
préposés et des personnes ayant besoin de soins
qu'on rend ces services moins onéreux. Les
salaires des préposés aux soins à domicile sont
bas et plusieurs reçoivent à peine le salaire
minimum. Leurs déplacements ne sont pas indemnisés
et ils voyagent à même leur propre véhicule. Ils
sont sur appel et vont d'un domicile à l'autre
sans soutien.
Les auteurs de l'étude proposent un certain
nombre de solutions pour tenter de régler la crise
dans les soins à longue durée. L'une d'elles est
de garantir une période de soins de quatre heures
par jour pour chaque patient. Ce sont quatre
heures, au cours de la même journée, qui
permettent de donner le bain et de s'occuper des
autres problèmes médicaux, pendant lesquelles les
préposés et les infirmières peuvent prodiguer les
soins qui sont requis. C'est un des objectifs qui
sont préconisés pour changer et améliorer la
situation. En ce moment, nous sommes loin des
quatre heures.
À notre réunion, nous avons aussi discuté d'un
article publié dans un quotidien local qui
explique que les hôpitaux ne reçoivent pas les
subventions requises pour se procurer de
l'équipement médical. Ils sont donc obligés de
faire des levées de fonds, des loteries et
quémander des dons et des contributions de
philanthropes. L'équipement d'hôpital n'est pas
inclus dans les subventions gouvernementales. J'ai
dit que lorsque l'armée a besoin d'avions ou de
chars d'assaut, doit-elle organiser une vente de
biscuits ou une loterie et recueillir de l'argent
des gens qui veulent appuyer l'armée ?
Comment un hôpital ou une entreprise moderne
peut-elle fonctionner de la sorte ?
Il y a un ou deux ans, une pétition a circulé en
Ontario demandant qui appuie les compressions dans
le financement des hôpitaux.
Évidemment, 99,99 % des gens ont répondu
Non !, ils ne veulent pas de compressions
touchant aux hôpitaux et pourtant c'est bien ce
qui se produit. Lorsque ces partis se retrouvent
au parlement ou à Queen's Park, du jour au
lendemain ils trouvent toutes sortes d'excuses
pour couper dans les soins de santé et d'autres
programmes sociaux, comme Ford le fait
présentement en éducation. Les libéraux de
l'Ontario, avant que le gouvernement Ford n'arrive
au pouvoir, ont gelé le financement des hôpitaux
pendant dix ans, ce qui constitue une énorme
compression compte tenu d'une combinaison de
facteurs tels le vieillissement de la population,
les besoins accrus, une population grandissante et
l'inflation.
Les coupures dans le financement des soins de
santé sont exigées par une importante section de
l'oligarchie financière et c'est ce qui a force de
loi au parlement et dans les assemblées
législatives. À vrai dire, les gens au pouvoir à
l'assemblée législative se disent qu'eux, ils
n'ont pas à s'inquiéter. Ils ont de l'argent, ils
ont des contacts, ils n'auront pas à aller vivre
dans ces centres de soins de longue durée qui
manquent de ressources et de main-d'oeuvre. Ils
prennent des décisions qui imposent aux autres des
conditions qu'eux-mêmes n'auront pas à vivre.
En discutant de la situation des préposés en
services de soutien à la personne et ce qu'elle
nous révèle, nous avons soulevé à notre réunion
que les gens se demandent pourquoi quelque chose
d'aussi important et fondamental que les soins de
santé, lesquels sont une priorité pour le peuple,
n'est pas traité de façon sérieuse par les gens au
pouvoir, au parlement et à l'assemblée
législative. Ceux-ci font exactement le contraire
de ce que le peuple veut, ce qui montre que le
peuple n'est pas investi du pouvoir et que cette
absence de pouvoir est le problème fondamental
auquel la société est confrontée. Le système
politique actuel empêche le peuple de résoudre les
problèmes auxquels eux et la société sont
confrontés. Quelles formes politiques modernes
sont nécessaires pour renverser la situation et
investir le peuple du pouvoir politique ?
C'est un problème qui doit être pris en main comme
une priorité car il est au coeur de tous les
autres problèmes.
Notes
1. "Caring
in
Crisis : Ontario's Long-Term Care PSW
Shortage" — Rapport et recommandations des
premières lignes partout en Ontario — Étude
confiée à la Coalition ontarienne de la santé
par Unifor — Janvier 2020
Fermeture de six mois du service
d'obstétrique à Shawville au Québec
- Louis Lang -
Une vingtaine de personnes ont conduit près de
deux heures de Shawville et d'autres villes de
Pontiac pour manifester, lundi matin le 24
février devant l'hôpital de Hull, pour exprimer
leur colère après l'annonce du Centre intégré de
santé et de services sociaux de l'Outaouais
(CISSO) qu'à compter du 21 février, le
service d'obstétrique de l'hôpital Shawville sera
fermé pendant six mois. Le département est un
service essentiel aux femmes de diverses villes de
Pontiac comme Fort-Coulonge et
Mansfield-et-Pontefract. Avec cette fermeture, les
femmes qui attendent un enfant n'auront plus
d'hôpital à proximité en cas d'urgence et devront,
dans certains cas, conduire deux heures pour aller
accoucher.
Le CISSSO a annoncé
qu'il fermait le département pour des raisons de
sécurité, ce que le ministre responsable de
l'Outaouais, Mathieu Lacombe, a approuvé. La
question de la sécurité est soulevée parce que,
entre autres facteurs, seulement trois infirmières
sont disponibles dans le département, alors que le
nombre d'infirmières requises pour fournir des
services complets et sécuritaires en obstétrique
est de 12. Les conditions de travail
médiévales des infirmières québécoises sont un
facteur clé dans la fermeture du département.
Celle-ci est étroitement liée aux préoccupations
exprimées par les travailleurs du secteur de la
santé qui déclarent depuis des années, que pour
améliorer les services de santé, il faut améliorer
les conditions de travail de ceux qui livrent les
services.
Les femmes de Pontiac ont exprimé leur inquiétude
que non seulement le service d'obstétrique ne
puisse jamais rouvrir, mais que d'autres services
pourraient également être touchés. Les personnes
qui manifestaient ont reçu un large appui de la
part des personnes qui entraient et sortaient de
l'hôpital. Les manifestants ont déclaré qu'ils
continueraient de tenir des actions jusqu'à ce que
le problème soit résolu et que le service soit
rétabli. Leurs préoccupations et leurs demandes
méritent l'appui de tous. Le dimanche 1er
mars, il y aura une manifestation à 14 heures
devant l'hôpital de Shawville.
Des informations continues sur la lutte peuvent
être obtenues à l'adresse suivante : La
Voix Du Pontiac
(Pour voir les articles
individuellement, cliquer sur le titre de
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