Numéro 38 - 3 juin 2020
Discussion sur les alternatives
Le besoin d'une nouvelle direction
pour l'économie
• La
nécessité d'une autorité publique crédible
• Augmentez les
investissements dans les soins aux aînés et
les autres programmes sociaux! Augmentez la
valeur
de la capacité de travail de la classe ouvrière!
- K.C. Adams -
Discussion sur les alternatives
La pandémie a montré clairement la nécessité de
donner une nouvelle direction aux soins pour les
aînés et au secteur de la santé en général. Pour
cela, la nécessité la plus urgente est de créer
une autorité publique crédible.
1. Une
autorité publique crédible est nécessaire pour que
le peuple participe à la définition de la
direction de l'économie. À l'ère moderne, pour
être crédible, légitime et responsable, l'autorité
publique doit avoir un lien direct avec la classe
ouvrière. Le fait d'avoir un lien direct avec les
producteurs réels a à voir avec l'importante
question de qui décide de la direction de
l'économie. Dans les secteurs des soins aux aînés,
de la santé en général et de l'éducation, une
nouvelle forme est nécessaire pour diriger ces
secteurs et leurs entreprises publiques.
Il faut une autorité publique dont les membres
sont élus par les travailleurs de la santé, les
aînés et les personnes soucieuses de leur
bien-être. Une telle organisation serait une
victoire issue de la mobilisation des travailleurs
et de l'activation du facteur humain/conscience
sociale.
Les travailleurs directement engagés dans les
secteurs de la santé et de l'éducation, par
exemple, doivent disposer de formes et de
mécanismes pour discuter, échanger des points de
vue et décider de la direction de ces secteurs et
du fonctionnement des entreprises publiques qu'ils
contrôlent ainsi que de leurs rapports avec les
autres entreprises, les autres secteurs et la
société, et l'économie dans leur ensemble.
De nouveaux mécanismes doivent être créés par
lesquels l'autorité publique est chargée de la
responsabilité sociale de la direction du secteur,
de ses entreprises et de ses budgets publics. Les
responsables nommés par le peuple détermineront le
montant des investissements supplémentaires
nécessaires pour élever le niveau des soins et
veilleront au respect en tout temps des règles et
règlements qui régissent la prestation des soins
et les conditions de travail. Toutes les
discussions, toutes les décisions et tous les
rapports de l'autorité publique doivent être
entièrement ouverts et transparents et diffusés à
la télévision, accessibles sur Internet et publiés
sous forme écrite.
2. Il faut créer des entreprises publiques de
soins aux aînés qui assurent un niveau élevé et
uniforme de soins pour tous les aînés, notamment
ceux qui vivent dans des centres de soins de
longue durée ou qui reçoivent des soins à
domicile. Il doit être interdit à quiconque reçoit
des fonds publics de tirer des profits privés de
la prestation des soins de santé en général et des
soins aux aînés en particulier. Il faut également
créer des entreprises pharmaceutiques publiques et
d'autres entreprises de fournitures médicales
publiques ou transformer les entreprises qui
reposent sur la recherche du profit en entreprises
publiques si elles souhaitent continuer de vendre
leurs biens et services au secteur public. Toute
la valeur ajoutée provenant de la production des
entreprises publiques du secteur des soins de
santé et des soins aux aînés doit être réinvestie
dans l'amélioration des soins de santé en général.
3. Les établissements d'enseignement publics
devraient former les travailleurs du secteur des
soins aux aînés pour tous les aspects et au plus
haut niveau de connaissance, d'expérience pratique
et d'expertise disponible. Tous ceux qui
souhaitent travailler dans ce secteur devraient
recevoir un enseignement gratuit et une allocation
de subsistance pour suivre des cours de
préparation au travail de soins aux personnes
âgées. Ces établissements d'enseignement devraient
être chargés de recueillir des informations auprès
des travailleurs du secteur et par des études
scientifiques pour établir le plus haut niveau de
soins pour les personnes dans le besoin. Cela est
particulièrement important pour ce qui est du
déclin cognitif chez les aînés et la manière de le
combattre.
4. La rémunération et les conditions de travail
des travailleurs des soins aux aînés doivent être
au plus haut niveau, sans exception. La
rémunération et les conditions de travail
devraient être fixées et contrôlées par les
syndicats et les collectifs de travailleurs de la
santé, en concertation avec l'autorité publique,
en s'assurant qu'elles ne tombent jamais en
dessous de ce qui est considéré comme une norme
canadienne.
5. Les médecins de famille, au besoin,
prescrivent pour les personnes âgées, ou même pour
des personnes plus jeunes, une évaluation du
niveau de soins nécessaires et déterminent si
elles doivent être admises dans un centre de soins
de longue durée ou recevoir des soins à domicile.
Un collectif de professionnels et d'autres
travailleurs du secteur des soins de longue durée
devrait être chargé de l'évaluation et du
placement des patients. Ce collectif devrait avoir
comme objectif de réduire le temps qu'un patient
doit attendre pour une évaluation et un placement.
Ce collectif pourrait utiliser ses propres
informations et celles des autres acteurs du
secteur sur les besoins du secteur en lits
supplémentaires et autres ressources, y compris
les bâtiments et les fournitures.
6. La valeur
produite dans le secteur de la santé, y compris
les soins aux personnes âgées, devrait être
entièrement comptabilisée et réalisée (payée) dans
l'économie au sens large et dans ses entreprises.
Le prix de production des soins aux personnes
âgées et des soins de santé en général devrait
être déterminé par une formule moderne. Le prix de
production des soins de santé, y compris les soins
aux personnes âgées, pour produire des
travailleurs en santé et prendre soin d'eux à la
retraite, doit être réalisé (payé) au prorata par
les entreprises publiques et privées de l'économie
dépassant une certaine taille. Le paiement
des soins de santé devrait être versé directement
aux entreprises publiques de soins de santé
établies sous l'autorité publique élue par les
travailleurs de la santé et d'autres intervenants
et non pas décrétée par un budget gouvernemental.
Les budgets des différentes entreprises publiques
et des sous-secteurs de la santé doivent être
fixés par les travailleurs eux-mêmes et leurs
collectifs; ils doivent être vérifiés au moyen de
discussions publiques et par l'autorité publique
élue par les travailleurs de la santé et des
autres secteurs. L'argent reçu devrait être versé
aux entreprises publiques par l'autorité
provinciale de la santé et non par les
gouvernements fédéral, provinciaux ou québécois.
7. Les règles et règlements qui régissent le
secteur des soins de santé et des soins aux aînés
ainsi que les conditions de travail doivent être
fixés dans le cadre d'un débat public et être
adoptés par l'autorité publique élue et les
collectifs de travailleurs de la santé et des
autres secteurs. Les entreprises publiques doivent
être pleinement responsables du respect des règles
et règlements approuvés concernant les soins aux
aînés et les conditions de travail et doivent
faire preuve de transparence en signalant toutes
les violations et en indiquant tous les recours
requis. Toutes les entreprises publiques du
secteur des soins de santé et des soins aux aînés
doivent publier des rapports publics annuels qui
détaillent leurs opérations, leurs plans et leurs
besoins pour l'année à venir et dans un avenir
prévisible, notamment l'augmentation des
investissements.
8.
L'augmentation nécessaire des investissements dans
les programmes sociaux devrait être déterminée par
les travailleurs eux-mêmes et leur autorité
publique dans tous les différents secteurs,
surtout celui des soins aux aînés. Les
travailleurs de chaque secteur, leur autorité
publique élue et les syndicats devraient avoir la
responsabilité de déterminer la somme de
l'investissement supplémentaire nécessaire,
c'est-à-dire en plus du réinvestissement de la
valeur réalisée par le secteur même.
Tous les fonds nécessaires à l'augmentation des
investissements, en plus de ce que le secteur et
les sous-secteurs reçoivent en paiement direct des
autres entreprises pour la réalisation de leur
valeur ajoutée, doivent être empruntés à une
banque publique et non à des sources privées. La
garantie de remboursement du prêt pour
l'augmentation des investissements vient de
l'augmentation potentielle de la valeur réalisée
de l'expansion du service. Tout prêt doit provenir
d'une banque publique comme la Banque du Canada ou
d'autres banques publiques nouvellement créées et
non de sources privées. La question des banques
publiques doit également être à l'ordre du jour de
la discussion pour donner une autre direction à
l'économie.
- K.C. Adams -
La crise des centres de soins de longue durée a
mis en évidence le manque d'investissement dans
les programmes sociaux nécessaires pour assurer le
bien-être des personnes âgées. Cette situation
désastreuse exige des investissements accrus dans
les programmes sociaux destinés aux personnes
âgées, mais aussi dans la santé en général et en
éducation. L'objectif est de garantir le droit de
tous et de toutes aux soins et aux programmes
sociaux dont ils ont besoin à toutes les étapes de
la vie, y compris pendant l'enfance avant d'entrer
sur le marché du travail et pendant la vieillesse.
L'investissement
dans les soins aux aînés est lié à la valeur de la
capacité de travail sous l'impérialisme et à la
réclamation que la classe ouvrière est en droit de
faire à la valeur qu'elle produit, en particulier
la valeur sociale reproduite. L'oligarchie
impérialiste prive la classe ouvrière de sa
revendication légitime sur la valeur sociale
reproduite, car cette revendication est en
contradiction avec l'expropriation de la valeur
nouvelle en tant que profit privé.
L'amélioration de la vie des retraités signifie
que la valeur économique de la capacité de travail
de la classe ouvrière dans son ensemble augmente.
L'amélioration de la qualité de vie à la retraite
augmente la réclamation de la classe ouvrière à la
valeur qu'elle produit, ce qui réduit la quantité
de valeur nouvelle que l'oligarchie impérialiste
peut exproprier.
L'oligarchie impérialiste s'oppose à toute
amélioration de la valeur économique de la
capacité de travail de la classe ouvrière qui
n'est pas nécessaire à l'économie impérialiste.
Les oligarques cherchent à réduire tous les
programmes sociaux qui n'améliorent pas
l'employabilité de la classe ouvrière et trouvent
les moyens d'établir ceux qui l'améliorent, comme
l'éducation, mais de manière à ne pas réduire la
valeur ajoutée qu'ils exproprient comme profit
privé ou à ne pas nuire à leur économie de guerre.
Les impérialistes sont confrontés à un dilemme.
Ils ont besoin de travailleurs instruits et en
santé, mais toute amélioration sur ce front
signifie une augmentation de la valeur de leur
capacité de travail. La manière de résoudre ce
dilemme a été une des raisons de l'apparition des
programmes sociaux publics et semi-publics.
Les oligarques impérialistes dans leur ensemble
ont créé une éducation et des services de santé
semi-publics comme moyens de se soustraire au
fardeau de les payer tout en mettant à leur
disposition des travailleurs instruits et en
santé. Cela ne signifie pas que ceux qui
travaillent dans l'enseignement et les services de
santé publics et semi-publics ne produisent pas
autant de valeur nouvelle que s'ils travaillaient
dans des entreprises complètement privatisées de
même niveau. Les programmes sociaux publics et
semi-publics présentent deux avantages pour les
oligarques dans leur ensemble : ils n'ont pas
à payer le plein prix de production pour éduquer
et soigner les travailleurs car le financement
provient de taxes dont les plus grandes
entreprises paient très peu, et ils n'ont pas à
réaliser (acheter) directement une valeur
augmentée de la capacité de travail, car elle est
réduite par l'équivalent de la valeur ajoutée que
les programmes sociaux publics n'exproprient pas.
Les travailleurs de la plupart des programmes
sociaux employés dans des entreprises publiques et
semi-publiques produisent une énorme valeur
nouvelle dont ils revendiquent une partie en tant
que valeur reproduite. Les salaires représentent
la partie individuelle de la valeur reproduite et
les programmes sociaux la partie sociale. La
classe ouvrière revendique la valeur reproduite
individuelle et sociale comme sa part de la valeur
nouvelle qu'elle produit tandis que ceux qui
achètent sa capacité de travail exproprient le
reste en tant que valeur ajoutée ou profit. Le
problème avec les programmes sociaux publics est
que la valeur ajoutée ou le profit n'est pas
directement exproprié, mais transféré
indirectement aux impérialistes qui achètent la
capacité de travail de travailleurs instruits et
en santé, du moins en partie.
Les entreprises publiques et les entreprises
semi-publiques
L'oligarchie
impérialiste dans son ensemble ne paie pas le
plein prix de la production pour ce que les
travailleurs produisent dans les entreprises
publiques et semi-publiques. Elle se soustrait à
cette responsabilité économique en se cachant
derrière les impôts généraux comme forme de revenu
nécessaire pour financer la plupart des programmes
sociaux. Les travailleurs et les petites et
moyennes entreprises paient la majeure partie des
impôts qui servent à réaliser la valeur des
entreprises publiques et semi-publiques tandis que
les grandes entreprises évitent généralement de
payer quoi que ce soit.
En ne payant pas directement le plein prix de la
production de ce que les travailleurs publics
produisent et en évitant en grande partie de payer
des impôts, l'élite impérialiste au pouvoir et ses
entreprises privées mondiales exproprient
indirectement la partie ajoutée de la valeur
nouvelle produite par les travailleurs publics par
le biais des programmes sociaux et des entreprises
publiques et semi-publiques.
Cette valeur ajoutée existe sous la forme de la
capacité de travail de travailleurs instruits et
en santé ou sous la forme d'infrastructures fixes
bon marché telles que les ponts, les routes, les
transports en commun, etc. et comme valeur
circulante produite socialement comme
l'électricité ou les services postaux, que les
oligarques achètent à des « tarifs industriels
préférentiels ».
Les oligarques impérialistes reçoivent la pleine
valeur de la valeur produite socialement des
infrastructures publiques et des programmes
sociaux et la valeur augmentée de la capacité de
travail des travailleurs qu'ils emploient, mais ne
paient pas entièrement le prix de production des
infrastructures ni la portion socialement produite
de la capacité de travail de la classe ouvrière.
La différence entre le prix de production et ce
que les impérialistes et leurs entreprises paient,
qu'ils devraient payer, est expropriée en tant que
profit privé indirect.
L'expropriation de la valeur ajoutée des
programmes
de soins des aînés
Les travailleurs des programmes sociaux publics
de soins aux aînés produisent une valeur nouvelle
qui comprend la valeur reproduite qu'ils réclament
comme salaires, avantages sociaux et programmes
sociaux, et la valeur ajoutée que les oligarques
exproprient indirectement en tant que profit. Les
centres de soins de longue durée publics et sans
but lucratif transmettent une grande partie de la
valeur ajoutée que les travailleurs produisent à
l'économie générale où les entreprises publiques
et privées l'exproprient sous forme de profit
indirect. Cela se produit indirectement parce que
les entreprises publiques et privées ne paient pas
directement le prix de la production résultant du
temps de travail consacré aux soins aux aînés. La
valeur sociale reproduite des soins aux aînés fait
partie de la valeur globale de la capacité de
travail de la classe ouvrière. Dans le rapport
social entre la classe ouvrière et la classe non
ouvrière qui achète sa capacité de travail, la
classe ouvrière est disponible pour travailler et
la classe non ouvrière est censée payer la pleine
valeur individuelle et sociale de la capacité de
travail des travailleurs, qui comprend les soins
aux aînés.
La privatisation des programmes sociaux
Lorsqu'un programme social est privatisé, comme
c'est le cas de nombreux établissements de soins
de longue durée et des entreprises de soins à
domicile, le propriétaire individuel du service
privatisé exproprie en tant que valeur ajoutée ou
profit privé une partie de la valeur nouvelle
produite par les travailleurs. Cela signifie que
le plein prix de production du programme social
privatisé doit être réalisé ailleurs. Le
gouvernement en paie généralement la majeure
partie et les aînés et leur famille paient le
reste sous forme de frais d'utilisation.
La privatisation des programmes sociaux a pour
effet de réduire indirectement la quantité de
valeur ajoutée ou le profit que l'oligarchie
impérialiste dans son ensemble exproprie des
programmes sociaux, ou du moins les oligarques qui
ne profitent pas directement des programmes
sociaux privatisés. Elle augmente également le
prix de production si le niveau des programmes
sociaux est maintenu parce qu'avant, le
gouvernement ne payait pas la valeur ajoutée qui
est maintenant expropriée par le propriétaire
privé. Le montant total du prix de production doit
être payé directement aux propriétaires des
programmes sociaux privatisés, et c'est le
gouvernement qui paie. Le fait que le plein prix
de production des programmes sociaux privatisés
doit être payé a pour effet de concentrer la
valeur ajoutée expropriée entre quelques mains
tout en privant le reste des oligarques
impérialistes de leur accès indirect à une partie
de la valeur.
Les oligarques en contrôle, qui ne profitent pas
directement des programmes sociaux privatisés,
acceptent la privatisation parce que les
impérialistes qui ont pénétré dans les programmes
sociaux sont extrêmement puissants et ils peuvent
aussi imposer une réduction de la valeur des
programmes sociaux privatisés pour réduire le
montant de valeur reproduite sociale que la classe
ouvrière peut revendiquer. Selon les nombreux
rapports récents sur la gravité de la situation
dans de nombreux établissements de soins de longue
durée et dans le secteur des soins à domicile, le
niveau de soins a été considérablement réduit. Une
situation similaire existe dans l'enseignement
public qui connaît une baisse de la qualité due à
l'augmentation de la taille des classes et à
d'autres problèmes.
Face à cette situation, l'oligarchie impérialiste
peut demander, et demande en effet, l'élimination
de la privatisation comme option pour revenir à la
prestation publique ou semi-publique de programmes
sociaux. Jusqu'à présent dans le monde
impérialiste, y compris au Canada, la classe
ouvrière n'est pas intervenue avec force avec ses
propres vues et perspectives, mais a été amenée à
discuter uniquement des options que les oligarques
au pouvoir ont présentées concernant la direction
des programmes sociaux. C'est une situation que la
classe ouvrière organisée doit changer.
En
Colombie-Britannique, presque tout l'argent pour
financer les établissements de soins de longue
durée et les soins à domicile privatisés provient
du gouvernement. Les propriétaires individuels des
services privatisés, par le biais de leurs
entreprises privées, exproprient directement la
valeur ajoutée de la valeur nouvelle produite par
leurs travailleurs. Avec la privatisation de ces
établissements de soins de longue durée et la
privatisation des soins à domicile, contrairement
à la situation précédente où ces entreprises
étaient des entreprises publiques, soit le niveau
de service doit baisser, soit le gouvernement doit
maintenant payer plus pour les services, car les
propriétaires individuels exproprient la valeur
ajoutée directement. Si le service est maintenu au
même niveau et que les propriétaires individuels
exproprient directement la valeur ajoutée en tant
que profit privé, cela signifie que le prix de
production du service est payé principalement par
le gouvernement et qu'aucune partie de la valeur
ajoutée que les travailleurs produisent ne revient
aux oligarques impérialistes qui ne sont pas
directement engagés dans la dispensation des
programmes sociaux privatisés.
Si le programme social privatisé reste au même
niveau de service, cela signifie que le
gouvernement paie plus, car le prix de production
total doit être payé parce que le propriétaire
individuel du service privatisé exproprie son
profit. En fait, cela laisse moins de fonds
publics disponibles pour les autres programmes
tout en faisant pression sur le gouvernement pour
qu'il augmente les impôts.
En revanche, un établissement de soins de longue
durée ou un service de soins à domicile
appartenant à l'État n'exproprie pas directement
la valeur ajoutée. Au même niveau de service, le
prix payé par le gouvernement est inférieur et la
valeur ajoutée du service se retrouve dans
l'économie générale, principalement en tant que
valeur de la capacité de travail de la classe
ouvrière qui n'est pas payée. Ce phénomène
explique en partie pourquoi les oligarques
impérialistes ont créé l'éducation, les services
de santé et d'autres programmes sociaux publics et
semi-publics en premier lieu. Ils avaient
besoin de travailleurs plus instruits et en
meilleure santé et les programmes sociaux publics
semblaient être la meilleure option pour le faire
à une échelle de masse.
Cependant, les forces productives se développent
et changent, par exemple avec l'introduction des
ordinateurs et de l'Internet, et la tendance au
parasitisme et à la putréfaction est omniprésente,
s'emparant d'une partie toujours plus grande de
l'économie impérialiste. De nouveaux et puissants
cartels impérialistes, qui apparaissent comme des
fonds mondiaux, parcourent le monde à la recherche
de secteurs où investir, tels que les programmes
sociaux et les infrastructures publiques. En
outre, de nouveaux cartels mondiaux possédant une
immense richesse sociale - tels que Microsoft,
Sodexo, Aramark et Compass - ont directement
envahi les entreprises publiques et
semi-publiques, et même les prisons aux
États-Unis. Les monopoles de la gestion des
déchets et d'autres monopoles impérialistes verts
se sont développés pour contester la prestation
publique de programmes sociaux, tels que la
cueillette des déchets dans les villes, et veulent
exproprier la valeur ajoutée que les travailleurs
du secteur des services sociaux produisent. Ils ne
veulent pas que cette valeur soit accaparée par le
collectif des impérialistes et leurs entreprises
qui, jusque-là, ont profité indirectement des
programmes sociaux et de cette production de la
capacité de travail de la classe ouvrière pour
laquelle ils n'ont pas payé. Les impérialistes qui
privatisent les programmes sociaux et les
infrastructures veulent que les gouvernements leur
paient le plein prix de production des programmes
sociaux privatisés, même si cela signifie des
hausses d'impôts ou une baisse des sommes
disponibles pour les autres programmes - à moins
que les investissements dans les programmes
sociaux ne soient réduits, ce qui en fait s'est
produit. Cependant, les services privatisés sont
confrontés à une opposition des autres membres de
l'oligarchie impérialiste qui souhaitent que les
programmes sociaux soient organisés différemment
afin de pouvoir exproprier le produit social
indirectement et également étouffer tout
soulèvement de la classe ouvrière.
Le Bureau provincial de défense des aînés de la
Colombie-Britannique, dans un rapport intitulé A
Billion Reasons to Care portant sur le
fonctionnement des centres de soins de longue
durée a constaté qu'en général le niveau de soins
diminue avec la privatisation si le financement
est maintenu au même niveau. Pour ramener le
niveau des services privatisés à ce qu'il était
avant la privatisation, il faut davantage de
financement public. Cet argent doit provenir de la
valeur nouvelle globale produite par la classe
ouvrière, généralement sous forme de nouveaux
impôts pour les travailleurs et les petites et
moyennes entreprises ou d'emprunts publics auprès
de prêteurs privés, qui sont devenus une source
lucrative de profit garanti.
Cependant, l'augmentation du financement des
programmes sociaux privatisés signifie
généralement que plus de valeur ajoutée est
expropriée par les entreprises qui les dispensent
en tant que profit privé et qu'aucune partie de la
valeur ajoutée n'est accaparée indirectement par
l'oligarchie impérialiste dans son ensemble. Cela
peut également se traduire par une dégradation du
niveau général de santé et d'éducation et de
l'employabilité de la classe ouvrière. Le Canada
et les États-Unis ont en grande partie pallié à ce
problème avec l'arrivée d'un grand nombre
d'immigrants instruits sur le marché du travail,
volés aux pays en développement.
Quoi qu'il en soit, un
différend existe au sein de l'élite dirigeante sur
la privatisation des services publics. Une partie
s'y oppose car cela signifie que le profit des
programmes sociaux va à des propriétaires
particuliers des services plutôt qu'à l'oligarchie
impérialiste dans son ensemble. De manière
générale, la classe ouvrière est spectatrice de ce
débat, appelée à être pour ou contre la
privatisation des services publics, et ne présente
pas avec force ses propres vues ou une alternative
qui soit favorable au peuple.
Dans le cadre du différend sur la question de
savoir si les programmes sociaux doivent être
dispensés par des entreprises entièrement
publiques, des organisations caritatives sans but
lucratif ou bien par des entreprises privées,
rarement le sujet est abordé comme étant celui de
la garantie des droits de tous et de toutes à la
santé, à l'éducation, à un niveau de vie et de
culture élevé et à des soins aux aînés du plus
haut niveau qui correspond au développement actuel
des forces productives. Le différend tourne
généralement autour de la question du «
coût » pour l'oligarchie impérialiste et qui
en profite, et comment maintenir les dépenses pour
la classe ouvrière le plus bas possible pour que
le prix de sa capacité de travail soit aussi bas
que possible, que le profit privé exproprié soit
le plus élevé possible, tout en s'assurant que la
classe ouvrière et sa capacité de travail restent
disponibles au niveau exigé par l'oligarchie
financière.
Comment payer pour les programmes sociaux
Pour fonctionner, une économie et une société
modernes ont besoin d'un niveau élevé de
programmes sociaux. Il est important de discuter
de la question de réaliser (payer) la valeur que
les travailleurs produisent dans ces programmes et
de formuler une alternative prosociale qui soit en
faveur du peuple.
La classe ouvrière doit sortir de la discussion
antisociale des oligarques au pouvoir. Elle doit
trouver les moyens d'imposer sa vision que les
investissements dans les programmes sociaux
doivent être augmentés et que l'économie
socialisée dans son ensemble, qui comprend toutes
ses entreprises individuelles, doit payer le plein
prix de production de la capacité de travail de
l'ensemble de la classe ouvrière en santé et
instruite, de sa reproduction et de son existence
tout au long de sa vie au plus haut niveau que le
permet le développement des forces productives. La
classe ouvrière dans son ensemble est toujours
disponible pour travailler, alors sa reproduction,
son existence et ses droits tout au long de sa vie
doivent être garantis.
L'histoire a montré que le droit à la santé, à
l'éducation et aux soins aux aînés ne peut être
garanti en dehors des entreprises publiques et
sans que les entreprises ne paient directement la
valeur produite par les programmes sociaux.
L'utilisation des entreprises publiques pour
résoudre le problème ne peut être dissociée de
l'augmentation des investissements dans les
programmes sociaux pour les amener à un niveau
civilisé et durable pour tous et forcer les autres
secteurs de l'économie et des entreprises à payer
le plein prix de production de la capacité de
travail de la classe ouvrière. Cela augmenterait
la valeur globale de la capacité de travail de la
classe ouvrière et la quantité qu'elle peut
réclamer de la valeur qu'elle produit, la valeur
reproduite.
Les mécanismes du plein paiement de la valeur des
programmes sociaux qui augmentent la valeur de la
capacité de travail de la classe ouvrière à partir
de la valeur que les travailleurs produisent dans
l'économie peuvent être établis au niveau de
chaque entreprise ; ce n'est pas un problème.
Le problème est de savoir comment l'organiser et
l'appliquer. Quelles nouvelles formes et quels
nouveaux mécanismes alternatifs sont nécessaires
pour que la classe ouvrière réalise ses droits et
décide de ces questions, telles que le niveau de
vie des travailleurs en général, et pour faire
respecter ces droits ? Forcer l'oligarchie
impérialiste à accepter cette nécessité de
garantir les droits de tous les travailleurs est à
l'ordre du jour et c'est la tâche de la classe
ouvrière organisée. Cela nécessite un large front
de lutte pour l'augmentation des investissements
dans les programmes sociaux et l'amélioration de
la qualité de vie de la classe ouvrière et pour
garantir les droits de tous et de toutes,
notamment les droits des aînés et des enfants. La
façon de le faire en pratique et avec de nouvelles
formes doit être discutée et concrétisée. Cela
peut se faire !
À titre d'information
Voir Time
to End Profit-Making in Seniors' Care (extraits)
(«Il est temps de mettre fin à la recherche du
profit dans les soins pour les aînés ») des
auteurs Andrew Longhurst et Kendra Strauss pour le
Centre canadien pour les politiques alternatives.
(Pour voir les articles
individuellement, cliquer sur le titre de
l'article.)
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