Discussion sur les alternatives
La nécessité d'une autorité publique crédible
La pandémie a montré clairement la nécessité de
donner une nouvelle direction aux soins pour les
aînés et au secteur de la santé en général. Pour
cela, la nécessité la plus urgente est de créer
une autorité publique crédible.
1. Une
autorité publique crédible est nécessaire pour que
le peuple participe à la définition de la
direction de l'économie. À l'ère moderne, pour
être crédible, légitime et responsable, l'autorité
publique doit avoir un lien direct avec la classe
ouvrière. Le fait d'avoir un lien direct avec les
producteurs réels a à voir avec l'importante
question de qui décide de la direction de
l'économie. Dans les secteurs des soins aux aînés,
de la santé en général et de l'éducation, une
nouvelle forme est nécessaire pour diriger ces
secteurs et leurs entreprises publiques.
Il faut une autorité publique dont les membres
sont élus par les travailleurs de la santé, les
aînés et les personnes soucieuses de leur
bien-être. Une telle organisation serait une
victoire issue de la mobilisation des travailleurs
et de l'activation du facteur humain/conscience
sociale.
Les travailleurs directement engagés dans les
secteurs de la santé et de l'éducation, par
exemple, doivent disposer de formes et de
mécanismes pour discuter, échanger des points de
vue et décider de la direction de ces secteurs et
du fonctionnement des entreprises publiques qu'ils
contrôlent ainsi que de leurs rapports avec les
autres entreprises, les autres secteurs et la
société, et l'économie dans leur ensemble.
De nouveaux mécanismes doivent être créés par
lesquels l'autorité publique est chargée de la
responsabilité sociale de la direction du secteur,
de ses entreprises et de ses budgets publics. Les
responsables nommés par le peuple détermineront le
montant des investissements supplémentaires
nécessaires pour élever le niveau des soins et
veilleront au respect en tout temps des règles et
règlements qui régissent la prestation des soins
et les conditions de travail. Toutes les
discussions, toutes les décisions et tous les
rapports de l'autorité publique doivent être
entièrement ouverts et transparents et diffusés à
la télévision, accessibles sur Internet et publiés
sous forme écrite.
2. Il faut créer des entreprises publiques de
soins aux aînés qui assurent un niveau élevé et
uniforme de soins pour tous les aînés, notamment
ceux qui vivent dans des centres de soins de
longue durée ou qui reçoivent des soins à
domicile. Il doit être interdit à quiconque reçoit
des fonds publics de tirer des profits privés de
la prestation des soins de santé en général et des
soins aux aînés en particulier. Il faut également
créer des entreprises pharmaceutiques publiques et
d'autres entreprises de fournitures médicales
publiques ou transformer les entreprises qui
reposent sur la recherche du profit en entreprises
publiques si elles souhaitent continuer de vendre
leurs biens et services au secteur public. Toute
la valeur ajoutée provenant de la production des
entreprises publiques du secteur des soins de
santé et des soins aux aînés doit être réinvestie
dans l'amélioration des soins de santé en général.
3. Les établissements d'enseignement publics
devraient former les travailleurs du secteur des
soins aux aînés pour tous les aspects et au plus
haut niveau de connaissance, d'expérience pratique
et d'expertise disponible. Tous ceux qui
souhaitent travailler dans ce secteur devraient
recevoir un enseignement gratuit et une allocation
de subsistance pour suivre des cours de
préparation au travail de soins aux personnes
âgées. Ces établissements d'enseignement devraient
être chargés de recueillir des informations auprès
des travailleurs du secteur et par des études
scientifiques pour établir le plus haut niveau de
soins pour les personnes dans le besoin. Cela est
particulièrement important pour ce qui est du
déclin cognitif chez les aînés et la manière de le
combattre.
4. La rémunération et les conditions de travail
des travailleurs des soins aux aînés doivent être
au plus haut niveau, sans exception. La
rémunération et les conditions de travail
devraient être fixées et contrôlées par les
syndicats et les collectifs de travailleurs de la
santé, en concertation avec l'autorité publique,
en s'assurant qu'elles ne tombent jamais en
dessous de ce qui est considéré comme une norme
canadienne.
5. Les médecins de famille, au besoin,
prescrivent pour les personnes âgées, ou même pour
des personnes plus jeunes, une évaluation du
niveau de soins nécessaires et déterminent si
elles doivent être admises dans un centre de soins
de longue durée ou recevoir des soins à domicile.
Un collectif de professionnels et d'autres
travailleurs du secteur des soins de longue durée
devrait être chargé de l'évaluation et du
placement des patients. Ce collectif devrait avoir
comme objectif de réduire le temps qu'un patient
doit attendre pour une évaluation et un placement.
Ce collectif pourrait utiliser ses propres
informations et celles des autres acteurs du
secteur sur les besoins du secteur en lits
supplémentaires et autres ressources, y compris
les bâtiments et les fournitures.
6. La valeur
produite dans le secteur de la santé, y compris
les soins aux personnes âgées, devrait être
entièrement comptabilisée et réalisée (payée) dans
l'économie au sens large et dans ses entreprises.
Le prix de production des soins aux personnes
âgées et des soins de santé en général devrait
être déterminé par une formule moderne. Le prix de
production des soins de santé, y compris les soins
aux personnes âgées, pour produire des
travailleurs en santé et prendre soin d'eux à la
retraite, doit être réalisé (payé) au prorata par
les entreprises publiques et privées de l'économie
dépassant une certaine taille. Le paiement
des soins de santé devrait être versé directement
aux entreprises publiques de soins de santé
établies sous l'autorité publique élue par les
travailleurs de la santé et d'autres intervenants
et non pas décrétée par un budget gouvernemental.
Les budgets des différentes entreprises publiques
et des sous-secteurs de la santé doivent être
fixés par les travailleurs eux-mêmes et leurs
collectifs; ils doivent être vérifiés au moyen de
discussions publiques et par l'autorité publique
élue par les travailleurs de la santé et des
autres secteurs. L'argent reçu devrait être versé
aux entreprises publiques par l'autorité
provinciale de la santé et non par les
gouvernements fédéral, provinciaux ou québécois.
7. Les règles et règlements qui régissent le
secteur des soins de santé et des soins aux aînés
ainsi que les conditions de travail doivent être
fixés dans le cadre d'un débat public et être
adoptés par l'autorité publique élue et les
collectifs de travailleurs de la santé et des
autres secteurs. Les entreprises publiques doivent
être pleinement responsables du respect des règles
et règlements approuvés concernant les soins aux
aînés et les conditions de travail et doivent
faire preuve de transparence en signalant toutes
les violations et en indiquant tous les recours
requis. Toutes les entreprises publiques du
secteur des soins de santé et des soins aux aînés
doivent publier des rapports publics annuels qui
détaillent leurs opérations, leurs plans et leurs
besoins pour l'année à venir et dans un avenir
prévisible, notamment l'augmentation des
investissements.
8.
L'augmentation nécessaire des investissements dans
les programmes sociaux devrait être déterminée par
les travailleurs eux-mêmes et leur autorité
publique dans tous les différents secteurs,
surtout celui des soins aux aînés. Les
travailleurs de chaque secteur, leur autorité
publique élue et les syndicats devraient avoir la
responsabilité de déterminer la somme de
l'investissement supplémentaire nécessaire,
c'est-à-dire en plus du réinvestissement de la
valeur réalisée par le secteur même.
Tous les fonds nécessaires à l'augmentation des
investissements, en plus de ce que le secteur et
les sous-secteurs reçoivent en paiement direct des
autres entreprises pour la réalisation de leur
valeur ajoutée, doivent être empruntés à une
banque publique et non à des sources privées. La
garantie de remboursement du prêt pour
l'augmentation des investissements vient de
l'augmentation potentielle de la valeur réalisée
de l'expansion du service. Tout prêt doit provenir
d'une banque publique comme la Banque du Canada ou
d'autres banques publiques nouvellement créées et
non de sources privées. La question des banques
publiques doit également être à l'ordre du jour de
la discussion pour donner une autre direction à
l'économie.
Cet article est paru dans
Volume 50 Numéro 38 - 3 juin 2020
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Discussion sur les alternatives: La nécessité d'une autorité publique crédible
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