Le Marxiste-Léniniste

Numéro 7 - 25 février 2019

Développements dans la péninsule coréenne

Le deuxième sommet RPDC-États-Unis
aura lieu au Vietnam

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Les préparatifs et l'ordre du jour du sommet
Les développements depuis le sommet de Singapour
Approfondissement des relations intercoréennes

Tentatives de sabotage des efforts de paix



Développements dans la péninsule coréenne

Le deuxième sommet RPDC-États-Unis
aura lieu au Vietnam

Le deuxième Sommet RPDC-États-Unis entre le président Kim Jong Un, le dirigeant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), et le président des États-Unis, Donald Trump, aura lieu les 27 et 28 février prochain à Hanoï au Vietnam. Ce deuxième sommet est en préparation depuis l'automne dernier et le président Trump a confirmé la date lors de son Discours à la nation le 5 février.[1]

C’est une autre occasion historique à l'heure où les peuples de Corée et de l'ensemble de la région rejettent les tentatives de fomenter la guerre sur la péninsule coréenne. Les efforts des Coréens du nord et du sud et de leurs gouvernements pour avancer vers la réunification tout en gardant l'initiative dans leurs mains sont la clé à l'établissement de la paix et de la propsérité sur la péninsule, mais ils doivent aussi se débarrasser la péninsule et les eaux avoisinantes de toutes les bases, troupes et armes américaines. Il est essentiel de s'en tenir à ces objectifs pour que le désir de paix des Coréens demeure la priorité. Quant à l’administration américaine, qui est prise dans une rivalité avec la Chine et la Russie, elle a elle-même l’intention de contrôler le résultat de manière à ce que les États-Unis restent au centre des développements en Asie de l’Est et en Asie centrale. L'Asie orientale, qui comprend la Chine, Hong Kong, Macao, Taiwan, le Japon, la Mongolie et la nation coréenne, compte environ 1,6 milliard de personnes, soit environ 38% de la population de l'Asie continentale et 22% de la population mondiale.

Le Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) appelle les Canadiens à redoubler d'efforts pour soutenir le peuple coréen dans ses efforts en faveur de la paix et de la réunification de son pays divisé. Opposons-nous à la désinformation des forces réactionnaires aux États-Unis, au Canada et dans d’autres pays de l’OTAN, qui ont participé à l'invasion de la péninsule lors de la guerre de Corée de 1950-1953.

Les agences de presse rendent compte de la manière dont le ton est donné pour le sommet depuis tous les secteurs concernés. Un porte-parole du gouvernement de la République de Corée (RdC) a salué l'annonce de la date du sommet. Parlant du président de la RPDC, Kim Jong Un, et du président américain, il a dit lors d'un point de presse le 6 février: « Les deux dirigeants ont déjà fait le premier pas historique vers la cessation de 70 années d'hostilité à Singapour. Nous souhaitons qu'ils puissent faire un nouveau pas au Vietnam vers un progrès concret et substantiel. » Il a souligné que le Vietnam a lui-même réussi à établir des relations amicales avec les États-Unis. « Nous espérons que le Vietnam deviendra le meilleur endroit de l'histoire où la Corée du nord et les États-Unis écriront une nouvelle page d'histoire. »

Le président de la RdC Moon Jae-in a parlé avec optimisme du prochain sommet lors d'une réunion de son cabinet le 11 février et dit qu'il servira de « point tournant historique » pour la transformation de la péninsule coréenne en une « terre de paix et de prospérité ». Il a qualifié le premier Sommet RPDC-États-Unis, tenu à Singapour en juin 2018, de « réalisation historique marquant un véritable jalon de l'histoire mondiale ». Il a ajouté que « le deuxième sommet va constituer un point tournant significatif qui va donner lieu à un progrès plus détaillé et plus tangible en ce qui concerne une dénucléarisation complète, une nouvelle relation entre la Corée du nord et les États-Unis et la paix dans la péninsule coréenne. »

En ce qui a trait au rôle que joue le gouvernement de la Corée du sud pour faciliter des relations pacifiques, il a dit : « [le gouvernement de Corée du sud] a toujours maintenu les canaux de communication ouverts entre les deux Corées et nous continuons de jouer notre rôle, animés de grands espoirs. » Le président Moon a aussi souligné que le prochain Sommet RPDC-États-Unis constitue une occasion cruciale pour le développement des relations intercoréennes, ajoutant que « non seulement les deux Corées vont-elles devoir ouvrir une ère de paix sans guerre, mais également une ère d'économie de paix où la paix est le moteur de la croissance ».

Les présidents Moon et Trump, lors d'un appel téléphonique du 19 février, « ont eu de longues discussions sur des mesures concrètes de coopération pour assurer le succès du deuxième sommet Corée du nord-États-Unis », selon un communiqué de presse du gouvernement de la RdC. Le président Moon « a proposé que la Corée du sud soit utilisée dans une même mesure pour encourager la Corée du nord à prendre des mesures de dénucléarisation. Il a également déclaré que Séoul était déterminée à assumer n'importe quel rôle si le président Trump en fait la demande, allant du simple chemin de fer et des routes entre le sud et le nord aux projets de coopération économique intercoréenne. Il a ajouté que cela contribuerait à alléger les charges pesant sur les États-Unis », lit-on dans le communiqué de presse.


Le vice-ministre vietnamien des Affaires étrangères, Le Hoai Trung, rend compte des préparatifs du sommet du 21 février 2019.

Le 19 février également, le président Trump a parlé du sommet RPDC-États-Unis lors d'une cérémonie de signature à la Maison-Blanche. « J'aimerais juste voir se réaliser, finalement, la dénucléarisation de la Corée du nord. Je pense que nous verrons cela en fin de compte, a déclaré Trump. Je ne suis pas pressé. Les sanctions sont appliquées, les relations sont très solides et beaucoup de bonnes choses se sont produites. » Trump a déclaré plus tard le 20 février qu'il espérait un autre sommet RPDC-États-Unis après celui d'Hanoi. « Les sanctions sont intégralement appliquées, a-t-il ajouté. Comme vous le savez, je ne les ai pas supprimées. J'aimerais pouvoir le faire, mais pour ce faire, nous devons faire quelque chose de significatif de l'autre côté. »

Le président Trump et le premier ministre japonais Shinzo Abe se sont également entretenus par téléphone le 20 février au sujet du sommet à venir. Après l'appel, M. Abe a déclaré que les deux pays « se sont consultés de près sur nos projets de réponse au deuxième sommet Corée-États-Unis », et sur le projet de coopération plus étroite dans plusieurs domaines afin de résoudre les problèmes liés aux armes et missiles nucléaires de la RPDC, ainsi que les prétendus enlèvements de citoyens japonais par la RPDC.

Se préparant à accueillir le sommet, le ministère vietnamien des Affaires étrangères a souligné le 6 février : « Le Vietnam accueille le deuxième Sommet RPDC-États-Unis et appuie fermement le dialogue pour le maintien de la paix, de la sécurité et de la stabilité dans la péninsule coréenne [...] Le Vietnam est prêt à faire une contribution active et à coopérer avec les parties concernées pour garantir le succès du deuxième Sommet RPDC-États-Unis afin d'aider à réaliser l'objectif ci-haut mentionné. »


Le Vietnam a tout mis en oeuvre pour créer à Hanoi une atmosphère propice au développement des relations amicales entre la RPDC et les États-Unis.


Un centre multimédia doté de toutes les technologies de communication requises est en train d'être mis en place pour le sommet.


L'artiste vietnamien Le Duc Tung a récemment réalisé trois peintures en l'honneur du sommet, représentant le président Trump et le président Kim, ainsi qu'une autre représentant le président Ho Chi Minh et le premier ministre Kim Il Sung en 1957.

Note

1. Voir le rapport et l'analyse du premier sommet dans LML du 16 juin et son Supplément.

(Sources : Hankyoreh, département d'État américain et Vietnam News)

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Les préparatifs et l'ordre du jour du sommet

Le représentant spécial du département d'État américain pour la politique à l'égard de la Corée du nord, Stephen Biegun, a visité Pyongyang du 6 au 8 février pour la tenue de rencontres de travail de haut niveau avec son homologue, le représentant spécial de la Commission des affaires d'État de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) pour les relations avec les États-Unis, Kim Hyok Chol.

Le 11 février, au département d'État, Biegun a fait un compte-rendu de la rencontre de Pyongyang lors d'une réunion à laquelle assistaient l'assistant-secrétaire d'État américain John Sullivan, le président de l'Assemblée nationale de la RdC Moon Hee-sang et des dirigeants des cinq principaux partis politiques de la Corée du sud. Il a dit : « Nous nous sommes mis d'accord sur l'ordre du jour [du sommet], mais nous avons besoin d'un peu de temps pour nous comprendre l'un l'autre pour le bien des pourparlers. »

Biegun a dit que l'ordre du jour comprend douze points. On a rapporté qu'il a dit que les deux parties « ont eu l'occasion d'expliquer exactement ce qu'elles veulent » et que « l'aplanissement des différences va débuter lors de la prochaine rencontre ». Le journal sud-coréen Hankyoreh a mentionné que la RPDC a demandé un relâchement partiel des sanctions en échange de l'autorisation d'inspections de ses installations nucléaires de Yongbyon, alors que les États-Unis ont proposé la signature d'une déclaration qui met fin à la Guerre de Corée en échange des inspections. Hankyoreh mentionne aussi que les deux parties vont vraisemblablement développer certains aspects qui proviennent de l'entente conclue lors du premier sommet, soit la formation d'une nouvelle relation bilatérale, l'établissement d'un régime de paix permanent dans la péninsule coréenne et la dénucléarisation complète de la péninsule.

Biegun a expliqué que l'objectif de la prochaine rencontre sera de développer une ébauche d'accord du sommet. « À deux semaines seulement du sommet, nous ne pouvons pas résoudre toutes les questions, mais il est possible que nous puissions obtenir un accord sur certains aspects », aurait dit Biegun.

Il a ensuite exprimé « l'espoir que le progrès dans les relations intercoréennes aille de pair avec le processus de dénucléarisation nord-coréen » et ajouté que « la normalisation des relations avec la Corée du nord, un traité de paix et l'établissement d'une base pour la prospérité économique de la péninsule coréenne sont des objectifs encore éloignés, mais nous [le gouvernement des États-Unis], avons choisi de nous y engager. Nous espérons et nous croyons que la Corée du nord fera le choix qui s'impose. »

Des rapports subséquents indiquent que la réunion de travail a commencé le 19 février avec les responsables des échelons inférieurs. Biegun et Kim Hyok Chol s'y sont joints le 21 ou le 22 février. Ces négociations devraient se poursuivre jusqu'au début du sommet.

Hankyoreh souligne qu'« un des aspects les plus distinctifs du deuxième sommet est qu'il va durer deux jours, alors que le premier sommet n'en a duré qu'un. Comme les dirigeants auront amplement de temps, les experts prédisent que le sommet va comprendre, en plus des négociations, des événements sociaux [...] dans un effort pour bâtir et accentuer la confiance ».

Un responsable de l'administration américaine a déclaré lors d'une téléconférence du 21 février que le sommet de Hanoi serait « de format similaire au [sommet] du 12 juin à Singapour », ajoutant : « Les deux dirigeants auront l'occasion de se parler tête-à-tête , de partager un repas et participer à des réunions élargies de leurs délégations respectives ».

Le président Trump devrait arriver à Hanoi le 26 février. Le président Kim a quitté Pyongyang en train le 23 février en direction du sommet en passant par la Chine.

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Les développements depuis le sommet de Singapour

Dans l'Accord commun conclu à Singapour en juin 2018, la RPDC et les États-Unis ont pris les engagements suivants :

1. La RPDC et les États-Unis ont décidé d'établir des relations nouvelles entre les deux pays conformément à l'aspiration des deux peuples à la paix et à la prospérité.

2. La RPDC et les États-Unis conjugueront leurs efforts pour instaurer un système de paix permanent et durable dans la péninsule coréenne.

3. La RPDC réaffirme la Déclaration de Panmunjom adoptée le 27 avril 2018 et s'engage formellement à entreprendre de réaliser une dénucléarisation complète de la péninsule coréenne.

4. La RPDC et les États-Unis s'engagent formellement à procéder à des fouilles pour découvrir les dépouilles des prisonniers de guerre (POW) et des disparus (MIA) et à rapatrier immédiatement celles qui seront identifiées.


Au premier sommet entre le président de la RPDC Kim Jong Un et le président des États-Unis Donald Trump à Singapour le 12 juin 2018

À peine deux jours après la conclusion du Sommet de Singapour, le gouvernement de la RPDC a restitué les dépouilles de soldats américains se trouvant sur son territoire qui ont été tués lors de la Guerre de Corée. Depuis la tenue du sommet, la RPDC n'a effectué aucun test nucléaire ou lancement de missiles (il n'y en a pas eu en quinze mois), a démantelé la base de lancement de missiles de Sohae, a déminé sa partie de la Zone démilitarisée et a éliminé onze postes de garde de la région. Tout ceci montre qu'elle a respecté sa partie de l'accord.

Par contre, le Sommet de Singapour était à peine terminé que les États-Unis ont commencé à présenter la question de la dénucléarisation de la péninsule coréenne comme une question à sens unique, une dénucléarisation par la RPDC d'abord qui serait suivie de concessions de la part des États-Unis. Les gouvernements des États-Unis et du Canada, dans le cadre du soi-disant « Groupe de Vancouver » qui vise à un changement de régime en RPDC, ont continué à répandre de la désinformation par le biais des médias monopolisés pour semer le doute sur la sincérité et les motifs de la RPDC, malgré les faits qui les prouvent.

Le 11 janvier, le département d'État américain a annoncé qu'il levait certaines sanctions contre la RPDC afin de permettre aux travailleurs humanitaires des États-Unis de se rendre en RPDC et de retirer certains médicaments et certaines fournitures « pouvant sauver la vie » de la liste des items interdits. Les sanctions ont créé d'énormes difficultés pour le peuple de la RPDC et ce geste est vu comme une contribution à la normalisation des relations, laquelle requiert la levée de toutes les sanctions.

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Approfondissement des relations intercoréennes

Une délégation civile sud-coréenne pose pour une photo de groupe au camp du Mount Kumgang en RPDC le 13 février 2019, après une réunion de deux jours avec une délégation semblable nord-coréenne pour discuter des moyens de promouvoir des échanges et une coopération bilatéraux plus larges.

La base des développements en faveur de la paix dans la péninsule coréenne a été le développement des relations intercoréennes, dont l'approfondissement depuis un an augure bien pour le succès des peuples et leur désir de paix et de réunification.

Kim Jong Un, président de la Commission des Affaires de l'État de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), a dressé le bilan des relations intercoréennes lors de son allocution du Nouvel An. Il a noté que trois sommets intercoréens ont eu lieu depuis 2018. Il en va de même pour les autres réunions de haut niveau, qui ont été sans précédent et qui ont marqué un tournant dans les relations intercoréennes. Il a appelé le peuple coréen à déployer tous les efforts pour mettre en oeuvre les déclarations historiques nord-sud et l'a exhorté à poursuivre, fort des succès de l'année précédente, le développement des relations et la construction d'un régime de paix dans la péninsule coréenne en 2019.

Plus particulièrement, il a appelé les dirigeants et le peuple de la République de Corée (RdC) à « faire disparaître l'hostilité militaire entre le nord et le sud et faire de la péninsule coréenne une zone de paix durable ».

Il a ajouté : « ...nous maintenons que les exercices militaires conjoints avec des forces étrangères, qui sont une source d'exacerbation de la situation dans la péninsule coréenne, ne devraient plus être autorisés, et la prolifération d'équipement de guerre, y compris des armes stratégiques provenant de l'extérieur, doit cesser complètement. » Il a appelé le peuple coréen à s'unir comme une seule personne et à « contrecarrer et empêcher tout acte qui nuit à la paix et qui suscite la tension militaire au pays. »

Dans son discours, il a aussi appelé à l'amélioration d'autres relations tant économiques, culturelles que sportives, y compris la réouverture de la Zone industrielle de Kaesong où précédemment près de 50 000 travailleurs de la RPDC travaillaient dans 125 usines de la RdC et produisaient des biens de consommation pour les marchés locaux et étrangers. Depuis plus d'une décennie, jusqu'à ce que la RdC impose sa fermeture en 2016, Kaesong était un modèle de coopération économique à avantage réciproque.

Le président Kim a dit espérer que la réunification des familles, séparées par la division forcée de la Corée, sera facilitée.

Le gouvernement de la RdC présente son programme de « coexistence » et de « prospérité partagée » intercoréenne

Le 3 décembre 2018, le ministère de l'Unification de la RdC a annoncé son « Troisième Programme-cadre de développement des relations intercoréennes (2018-2022) et son Programme de mise en oeuvre 2018 », qui comprennent deux grandes visions, trois objectifs, quatre stratégies et cinq principes. On y décrit les deux grandes visions comme étant la « coexistence pacifique » et la « prospérité partagée » dans son programme pour le développement des relations intercoréennes jusqu'en 2022. La réunification a été transformée en objectif à long terme. Pour ce qui est de sa stratégie intitulée « progrès dans les relations intercoréennes » - une de ses quatre stratégies - l'administration s'est aussi nettement distancée de l'approche stratégique par laquelle la dénucléarisation est un prérequis pour tout développement des relations intercoréennes.

« Par l'élaboration et la mise en oeuvre de Troisième Programme-cadre de développement des relations intercoréennes, nous réaliserons concrètement la vision et les objectifs de la politique de Moon Jae-in pour la péninsule coréenne », a dit le ministère. En vertu de la Constitution et de la Loi pour le développement des relations intercoréennes, le gouvernement de la Corée du sud est juridiquement tenu, depuis 2008, d'élaborer des programmes-cadres pour le développement des relations intercoréennes tous les cinq ans.

Le troisième programme est axé sur les termes de la Déclaration de Panmunjom du 27 avril 2018 et de la Déclaration Commune de Pyongyang et l'entente militaire intercoréenne de septembre 2018. Le quotidien sud-coréen Hankyuoreh souligne : « Le cadre général comprend deux 'visions' de coexistence pacifique et de prospérité partagée. Quoique le titre officiel de la Déclaration de Panmunjom (Déclaration de Panmunjom pour la Paix, la Prospérité et l'Unification de la péninsule coréenne) parle d'unification', les visions, elles, n'en font pas mention. Cette omission tranche avec les précédentes références à l'unification contenues dans le premier Programme-cadre (2008-2012), lequel comprenait une vision de 'prospérité partagée pour le Sud et pour le Nord et une unification pacifique de la péninsule coréenne'. On suggère implicitement que l'unification a été reportée et qu'elle est dorénavant un projet à long terme qui ne pourra être réalisé qu'au-delà de cinq ans. »

Hankyoreh souligne aussi une différence majeure entre ce programme et les deux programmes antérieurs des administrations de Lee Myung-bak et de Park Geun-hye, c'est-à-dire « l'inclusion explicite de 'développement à la fois des relations intercoréennes et de la question nucléaire nord-coréenne' comme l'une des quatre grandes stratégies. Cette inclusion est l'expression d'un engagement politique à ne pas abandonner les acquis des relations intercoréennes même si Pyongyang et Washington ne s'entendent pas sur la dénucléarisation et la normalisation des relations. »

Hankyoreh explique les aspects importants du Programme-cadre :

« Une autre stratégie adoptée par l'administration Moon a été 'la démarche progressive, globale' dans la résolution de la question nucléaire nord-coréenne. Cette démarche, par laquelle on tente de résoudre la question nucléaire dans le contexte d'un processus de paix global, est très différente de la stratégie d'un 'accord global' et est absente du premier et du deuxième Programme-cadre.

« Les trois principaux objectifs fixés par l'administration dans son Troisième Programme-cadre sont 'la résolution de la question nucléaire nord-coréenne et la réalisation d'une paix permanente', 'le développement durable des relations intercoréennes' et 'la réalisation d'une nouvelle communauté économique dans la péninsule coréenne'. Les quatre stratégies consistent en une 'démarche progressive, globale', un 'développement parallèle des relations intercoréennes et de la question nucléaire nord-coréenne', 'l'atteinte de la durabilité par l'institutionnalisation', et 'l'établissement des fondements de l'unification pacifique par la coopération mutuelle'. »

« Les cinq principes sont 'le rôle de leadership sud-coréen dans la résolution des questions touchant à la péninsule coréenne', 'le maintien de la paix par une sécurité forte', 'le développement des relations intercoréennes sur la base du respect mutuel', 'l'importance de la communication avec le public et le consensus', et 'l'adoption de politiques en coopération avec la communauté internationale'. »

Inauguration des travaux du chemin de fer intercoréen

Le 26 décembre 2018, la RdC et la RPDC ont organisé une cérémonie de lancement pour la modernisation et le reliage de chemins de fer et de routes traversant les frontières intercoréennes. Le président Moon et le président Kim avaient convenu lors de leur premier sommet en avril de moderniser et d'éventuellement relier les chemins de fer et les routes dans l'ouest et dans l'est de la péninsule coréenne. Tous les chemins de fer et routes entre les deux Corées ont été coupés à la fin de la Guerre de Corée.

Un train de neuf wagons a transporté des participants de Séoul au site de la cérémonie à la station de Panmun, la ville frontalière de Kaesong dans la RPDC, à laquelle ont participé une centaine de personnes des deux côtés, selon le ministère sud-coréen de l'Unification.

La cérémonie d'une heure a été ponctuée d'allocutions de représentants de la RPDC et de la RdC, de la signature des traverses ferroviaires en bois, de la liaison d'une voie ferrée et de l'inauguration de l'écriteau de la station.


Des représentants de la RdC et de la RPDC connectent les rails nord-sud.

Le ministre sud-coréen des Territoires, de l'Infrastructure et du Transport, Kim Hyun-mee, et Kim Yun Hyok, le vice-ministre des Chemins de fer de la RPDC, se sont adressés aux participants en tant que représentants des deux côtés. Du côté de la RPDC, Ri Son Gwon, le président du Comité pour la Réunification pacifique de la Patrie et quatre autres fonctionnaires de haut niveau ont participé à l'événement. Du côté sud-coréen, il y avait entre autres le ministre de l'Unification, Cho Myoung-gyon, Lee Hae-chan, chef du Parti démocratique au pouvoir, et d'autres leaders parlementaires.

Des dignitaires étrangers ont aussi participé à la cérémonie, notamment Armida Alisjahbana, la secrétaire de direction onusienne de la Commission économique et sociale pour l'Asie et le Pacifique, et des hauts fonctionnaires des chemins de fer et des routes de pays avoisinants.

Parmi les autres invités sud-coréens, il y avait cinq civils qui ont été séparés de leurs familles de la RPDC depuis la Guerre de Corée de 1950-1953. Une des invitées, Kim Kum-ok, une femme âgée de 86 ans née à Kaesong, a dit que le voyage dans sa ville natale était la réalisation d'un rêve. Un autre civil était le dernier conducteur de train qui a conduit le train entre Kaesong et Munsan, une ville un peu au sud de la RPDC. La Corée du sud a exploité des trains de marchandises cinq fois par semaine pendant environ un an dans la section de la ligne de Gyeongui de Kaesong à Munsan, mais l'activité a cessé en décembre 2008, suite à la détérioration des relations intercoréennes par le régime Lee Myung-bak.

Après la cérémonie, les participants de la Corée du sud ont dîné à Kaesong et sont retournés par train à la station de Séoul.

Participation conjointe aux Jeux olympiques

Le 15 février, après une réunion avec le président du Comité international olympique (CIO), Thomas Bach, au siège du CIO à Lausanne, en Suisse, des représentants de la RPDC et de la République de Corée ont décidé de constituer des équipes conjointes de basket-ball féminin, de hockey sur gazon, d'aviron et de judo pour les Jeux olympiques d'été de 2020 à Tokyo.

De gauche à droite: le ministre des Sports de la RDC, Do Jong-hwan, le président du Comité international olympique (CIO), Thomas Bach, et le ministre des Sports de la RPDC, Kim Il-guk, au siège du CIO à Lausanne, en Suisse. Le 15 février 2019, des responsables ont annoncé que la Corée du nord et la Corée du sud organiseraient des équipes unifiées dans quatre sports aux Jeux olympiques d'été de 2020 à Tokyo.

La candidature commune RPDC-RdC aux Jeux olympiques d'été de 2032 a également été proposée à la réunion. Le président du CIO, Thomas Bach, a dit à propos de cette proposition: «Les discussions de la réunion de travail sont un nouveau geste qui montre que le sport peut une fois de plus contribuer à la paix dans la péninsule coréenne et dans le monde.

«Nous avons de bonnes bases sur lesquelles bâtir et progresser avant les Jeux Olympiques de Tokyo 2020. Le sport continuera de créer des ponts et de démontrer le pouvoir unificateur des Jeux Olympiques. Nous accueillons donc chaleureusement l'initiative historique des deux Corées de présenter une candidature commune pour les Jeux olympiques de 2032. »

Do Jong-hwan, ministre de la Culture, du Sport et du Tourisme de la RdC, a déclaré que la RdC «continuerait de collaborer étroitement» avec la RPDC dans le cadre d'une candidature commune, et Kim Il Guk, président du Comité olympique national de la RPDC et ministre de la Culture physique et du Sport, a dit: «Je suis très ému et enthousiasmé par la perspective de présenter une soumission commune avec la Corée du sud. Nous souscrivons aux concepts avancés par la Corée du sud et demandons le soutien du président Bach et du CIO pour accueillir conjointement les Jeux olympiques à Séoul et à Pyongyang», a-t-il déclaré.

La commission exécutive du CIO décidera d'une participation coréenne commune aux Jeux olympiques de Tokyo 2020 lors de sa prochaine réunion à Lausanne les 26 et 28 mars.

(Sources : Naenara, Hankyoreh, Xinhua, Yonhpap, CNN. Photos : Xinhua, Yonhap)

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Tentatives de sabotage des efforts de paix

La République de Corée (RdC) et la République populaire démocratique de Corée (RPDC) ont ensemble oeuvré avec diligence à la paix et à la réunification dans la péninsule coréenne. C'est pourquoi la RPDC s'est efforcée d'obtenir des relations normalisées avec les États-Unis, avec le soutien de la République de Corée.

Toutefois, divers politiciens américains membres du Congrès s'emploient à faire en sorte que les États-Unis maintiennent une politique hostile à l'égard de la RPDC afin de justifier le maintien d'une présence militaire importante dans la péninsule, afin de maintenir la Corée divisée et en état de guerre permanent.

Le 22 janvier, le congressiste Tom Malinowski a présenté la Loi sur le soutien aux alliances des États-Unis et de la République de Corée, qui visait à permettre aux États-Unis de « maintenir des alliances et de renforcer la présence militaire en Asie afin de dissuader les conflits et de préserver la paix et la sécurité » et de réaffirmer le « Traité de défense mutuelle entre les États-Unis et la République de Corée ».[1]

Ce projet de loi stipule : « Aucun des fonds mis à la disposition du département de la Défense pour l'exercice fiscal 2019 ne peut être utilisé pour réduire le nombre total de membres des forces armées des États-Unis en service actif déployés en République de Corée au-dessous de 22 000, à moins que le secrétaire à la Défense et président du Comité des chefs d'état-major ne certifient d'abord conjointement aux comités du Congrès concernés que la République de Corée serait tout à fait capable de se défendre et de dissuader un conflit dans la péninsule coréenne qui menacerait les intérêts des États-Unis suite à une telle réduction. »

Le 29 janvier, un groupe de 13 membres républicains et démocrates du Congrès a envoyé une lettre au secrétaire à la Défense par intérim, Patrick M. Shanahan, appelant à la reprise des exercices militaires américains. Ils écrivent : « Depuis le sommet de Singapour de juin 2018, les États-Unis ont suspendu Ulchi Freedom Guardian, Vigilant Ace et d'autres exercices plus modestes avec les forces armées de la RdC. Votre bureau a qualifié cette suspension de 'geste de bonne foi pour permettre la diplomatie'. Mais avec l'évaluation de l'Agence internationale de l'énergie atomique selon laquelle le programme nucléaire nord-coréen se poursuit et se développe davantage, nous estimons qu'il serait approprié de reprendre les exercices en coordination avec la République de Corée. »

Ils ajoutent : « En fin de compte, le moment et la portée des exercices bilatéraux devraient être dictés par des intérêts de sécurité nationale et non par les caprices du régime de Pyongyang. Nous ne considérons pas les exercices militaires comme contraires aux efforts diplomatiques en cours. En démontrant l'engagement des États-Unis envers un traité allié lié par traité et en favorisant la préparation, les exercices militaires menés avec les forces armées de la République de Corée sont un complément aux efforts conjoints pour faire pression sur la Corée du nord pour qu'elle réduise ou élimine son programme nucléaire. »

Ainsi, ce projet de loi garantirait que l'armée américaine reste sur la péninsule coréenne indéfiniment afin de protéger les « intérêts » américains et parce que la RdC est un « allié du traité ». En ce qui concerne les exercices militaires conjoints menés sous le prétexte de « défense légitime », il est notoire qu'ils visent un changement de régime en RPDC et qu'ils ont exacerbé les tensions dans la région. En outre, l'objectif des impérialistes américains à partir de 1945, lorsque la Corée a été divisée par la force, était de la maintenir comme base de « présence militaire avancée en Asie » au nom des « intérêts américains ».

Si ce projet de loi, promu à la veille du sommet RPDC-États-Unis de février, était adopté, il ferait en sorte que peu importe les améliorations obtenues dans les relations RPDC-États-Unis, la RdC reste dans la poche de l'impérialisme américain. C'est le contraire de ce que demande le peuple coréen et de ce que les temps exigent et il faut s'y opposer.

Note

1. Le traité de défense mutuelle entre la RdC et les États-Unis a été signé le 1er octobre 1953, juste après que les États-Unis aient été forcés de reconnaître leur défaite dans la guerre de Corée et de signer l'accord d'armistice (KAA) le 27 juillet 1953. Ce traité de défense mutuelle États-Unis-RdC a été imposé à la RdC et était une violation directe de l'accord d'armistice qui interdit aux États-Unis d'introduire de nouveaux matériels ou troupes militaires en Corée, de se livrer à tout acte hostile envers la RPDC, et exigeait qu'un traité de paix soit signé pour remplacer l'accord d'armistice dès que possible. Le Traité de défense mutuelle entre les États-Unis et la République de Corée a coûté très cher au peuple coréen au cours des dernières décennies, non seulement en termes financiers, mais aussi dans ses aspirations à la paix et à la réunification. C'est la raison principale derrière leur demande « troupes américaines hors de Corée » et pour que les États-Unis signent un traité de paix avec la RPDC.

(Source : www.zoominkorea.org)

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