Approfondissement des
relations intercoréennes
Une délégation civile
sud-coréenne
pose pour une photo de groupe au camp du Mount Kumgang en RPDC le
13
février 2019, après une réunion de deux
jours avec
une délégation semblable nord-coréenne pour
discuter des moyens de
promouvoir des échanges et une coopération
bilatéraux plus larges.
La base des développements en faveur de la
paix
dans la péninsule coréenne a été le
développement des relations intercoréennes, dont
l'approfondissement depuis un an augure bien pour le
succès des
peuples et leur désir de paix et de
réunification.
Kim Jong Un, président de la Commission
des
Affaires de l'État de la République populaire
démocratique de Corée (RPDC), a dressé le
bilan
des relations intercoréennes lors de son allocution du
Nouvel
An. Il a noté que trois sommets intercoréens ont eu
lieu
depuis 2018. Il en va de même pour les autres
réunions de
haut niveau, qui ont été
sans précédent et qui ont marqué un tournant
dans
les relations intercoréennes. Il a appelé le peuple
coréen à déployer tous les efforts pour
mettre en
oeuvre les déclarations historiques nord-sud et l'a
exhorté à poursuivre, fort des succès de
l'année précédente, le développement
des
relations et la construction d'un régime de paix dans la
péninsule
coréenne en 2019.
Plus particulièrement, il a appelé
les
dirigeants et le peuple de la République de Corée
(RdC)
à « faire disparaître l'hostilité
militaire
entre le nord et le sud et faire de la péninsule
coréenne
une zone de paix durable ».
Il a ajouté : « ...nous maintenons
que les
exercices militaires conjoints avec des forces
étrangères, qui sont une source d'exacerbation de
la
situation dans la péninsule coréenne, ne devraient
plus
être autorisés, et la prolifération
d'équipement de guerre, y compris des armes
stratégiques
provenant de l'extérieur, doit cesser complètement.
» Il a
appelé le peuple coréen à s'unir comme une
seule
personne et à « contrecarrer et empêcher tout
acte
qui
nuit à la paix et qui suscite la tension militaire au
pays.
»
Dans son discours, il a aussi appelé
à
l'amélioration d'autres relations tant économiques,
culturelles que sportives, y compris la réouverture de la
Zone
industrielle de Kaesong où précédemment
près de 50 000 travailleurs de la RPDC travaillaient dans
125
usines de la RdC et produisaient des biens de consommation pour
les
marchés locaux et
étrangers. Depuis plus d'une décennie,
jusqu'à ce
que la RdC impose sa fermeture en 2016, Kaesong était un
modèle de coopération économique à
avantage
réciproque.
Le président Kim a dit espérer que
la
réunification des familles, séparées par la
division forcée de la Corée, sera
facilitée.
Le gouvernement de la RdC présente son
programme de « coexistence » et de «
prospérité partagée »
intercoréenne
Le 3 décembre 2018, le
ministère
de l'Unification de la RdC a annoncé son «
Troisième Programme-cadre de développement des
relations
intercoréennes (2018-2022) et son Programme de mise en
oeuvre
2018 », qui comprennent deux grandes visions, trois
objectifs,
quatre stratégies et cinq principes. On y décrit
les deux
grandes visions
comme étant la « coexistence pacifique » et la
« prospérité partagée » dans son
programme pour le développement des relations
intercoréennes jusqu'en 2022. La réunification a
été transformée en objectif à long
terme.
Pour ce qui est de sa stratégie intitulée «
progrès dans les relations intercoréennes » -
une
de ses quatre stratégies -
l'administration s'est aussi nettement distancée de
l'approche
stratégique par laquelle la dénucléarisation
est
un prérequis pour tout développement des relations
intercoréennes.
« Par l'élaboration et la mise en
oeuvre
de Troisième Programme-cadre de développement des
relations intercoréennes, nous réaliserons
concrètement la vision et les objectifs de la politique de
Moon
Jae-in pour la péninsule coréenne », a dit le
ministère. En vertu de la Constitution et de la Loi pour le
développement des relations
intercoréennes, le gouvernement de la Corée
du sud
est
juridiquement tenu, depuis 2008, d'élaborer des
programmes-cadres pour le développement des relations
intercoréennes tous les cinq ans.
Le troisième programme est axé sur
les
termes de la Déclaration de Panmunjom du 27 avril 2018 et
de la
Déclaration Commune de Pyongyang et l'entente militaire
intercoréenne de septembre 2018. Le quotidien
sud-coréen Hankyuoreh
souligne : « Le cadre général comprend deux
'visions' de coexistence pacifique et de prospérité
partagée. Quoique le titre officiel de la
Déclaration de
Panmunjom (Déclaration de Panmunjom pour la Paix, la
Prospérité et l'Unification de la péninsule
coréenne) parle d'unification', les visions, elles, n'en
font
pas mention. Cette omission tranche avec les
précédentes
références à l'unification contenues dans le
premier Programme-cadre
(2008-2012), lequel comprenait une vision de
'prospérité
partagée pour le Sud et pour le Nord et une unification
pacifique de la péninsule coréenne'. On
suggère
implicitement que l'unification a été
reportée et
qu'elle est dorénavant un projet à long terme qui
ne
pourra être réalisé qu'au-delà de cinq
ans.
»
Hankyoreh souligne aussi une
différence
majeure entre ce programme et les deux programmes
antérieurs des
administrations de Lee Myung-bak et de Park Geun-hye,
c'est-à-dire « l'inclusion explicite de
'développement à la fois des relations
intercoréennes et de la question nucléaire
nord-coréenne' comme l'une des quatre grandes
stratégies. Cette inclusion est l'expression d'un
engagement
politique à ne pas abandonner les acquis des relations
intercoréennes même si Pyongyang et Washington ne
s'entendent pas sur la dénucléarisation et la
normalisation des relations. »
Hankyoreh explique les aspects importants
du
Programme-cadre :
« Une autre stratégie adoptée
par
l'administration Moon a été 'la démarche
progressive, globale' dans la résolution de la question
nucléaire nord-coréenne. Cette démarche, par
laquelle on tente de résoudre la question nucléaire
dans
le contexte d'un processus de paix global, est très
différente de la stratégie d'un 'accord global' et
est
absente du
premier et du deuxième Programme-cadre.
« Les trois principaux objectifs
fixés par
l'administration dans son Troisième Programme-cadre sont
'la
résolution de la question nucléaire
nord-coréenne
et la réalisation d'une paix permanente', 'le
développement durable des relations intercoréennes'
et
'la réalisation d'une nouvelle communauté
économique dans la péninsule coréenne'. Les
quatre stratégies consistent en une 'démarche
progressive,
globale', un 'développement parallèle des relations
intercoréennes et de la question nucléaire
nord-coréenne', 'l'atteinte de la durabilité par
l'institutionnalisation', et 'l'établissement des
fondements de
l'unification
pacifique par la coopération mutuelle'. »
« Les cinq principes sont 'le rôle de
leadership sud-coréen dans la résolution des
questions
touchant à la péninsule coréenne', 'le
maintien de
la paix par une sécurité forte', 'le
développement
des relations intercoréennes sur la base du respect
mutuel',
'l'importance de la communication avec le public et le
consensus', et
'l'adoption de
politiques en coopération avec la communauté
internationale'. »
Inauguration des travaux du chemin de fer
intercoréen
Le 26 décembre 2018, la RdC et la RPDC ont
organisé une cérémonie de lancement pour la
modernisation et le reliage de chemins de fer et de routes
traversant
les frontières intercoréennes. Le président
Moon
et le président Kim avaient convenu lors de leur premier
sommet
en avril de moderniser et d'éventuellement relier les
chemins de
fer et les routes dans l'ouest et dans l'est de la
péninsule
coréenne. Tous les chemins de fer et routes entre les deux
Corées ont été coupés à la fin
de la
Guerre de Corée.
Un train de neuf wagons a transporté des
participants de
Séoul au site de la cérémonie à la
station
de Panmun, la ville frontalière de Kaesong dans la RPDC,
à laquelle ont
participé une centaine de personnes des deux
côtés,
selon le ministère sud-coréen de l'Unification.
La cérémonie d'une heure a
été ponctuée d'allocutions de
représentants
de la RPDC et de la RdC, de la signature des traverses
ferroviaires en
bois, de la liaison d'une voie ferrée et de l'inauguration
de
l'écriteau de la station.
Des représentants de la RdC et de la RPDC
connectent les rails
nord-sud.
Le ministre sud-coréen des Territoires, de
l'Infrastructure et du Transport, Kim Hyun-mee, et Kim Yun Hyok,
le
vice-ministre des Chemins de fer de la RPDC, se sont
adressés
aux participants en tant que représentants des deux
côtés. Du côté de la RPDC, Ri Son Gwon,
le
président du Comité pour la Réunification
pacifique de la Patrie et
quatre autres fonctionnaires de haut niveau ont participé
à l'événement. Du côté
sud-coréen, il y avait entre autres le ministre de
l'Unification, Cho Myoung-gyon, Lee Hae-chan, chef du Parti
démocratique au pouvoir, et d'autres leaders
parlementaires.
Des dignitaires étrangers ont aussi
participé à la cérémonie, notamment
Armida
Alisjahbana, la secrétaire de direction onusienne de la
Commission économique et sociale pour l'Asie et le
Pacifique, et
des hauts fonctionnaires des chemins de fer et des routes de pays
avoisinants.
Parmi les autres invités
sud-coréens, il
y avait cinq civils qui ont été
séparés de
leurs familles de la RPDC depuis la Guerre de Corée de
1950-1953. Une des invitées, Kim Kum-ok, une femme
âgée de 86 ans née à Kaesong, a dit
que le
voyage dans sa ville natale était la réalisation
d'un
rêve. Un autre civil était le dernier conducteur de
train
qui a conduit le train entre Kaesong et Munsan, une ville un peu
au sud
de la RPDC. La Corée du sud a exploité des trains
de
marchandises cinq fois par semaine pendant environ un an dans la
section de la ligne de Gyeongui de Kaesong à Munsan, mais
l'activité a cessé en décembre 2008, suite
à la détérioration des relations
intercoréennes par le
régime Lee Myung-bak.
Après la cérémonie, les
participants de la Corée du sud ont dîné
à
Kaesong et sont retournés par train à la station de
Séoul.
Participation conjointe aux Jeux olympiques
Le 15 février, après une
réunion
avec le président du Comité international olympique
(CIO), Thomas Bach, au siège du CIO à Lausanne, en
Suisse, des représentants de la RPDC et de la
République
de Corée ont décidé de constituer des
équipes conjointes de basket-ball féminin, de
hockey sur
gazon, d'aviron et de judo pour les Jeux olympiques
d'été
de 2020 à Tokyo.
De gauche à droite: le ministre des
Sports de la RDC, Do Jong-hwan, le
président du Comité international olympique (CIO),
Thomas
Bach, et le
ministre des Sports de la RPDC, Kim Il-guk, au siège du
CIO
à Lausanne,
en Suisse. Le 15 février 2019, des responsables ont
annoncé que la
Corée du nord et la Corée du sud organiseraient des
équipes unifiées
dans quatre sports aux Jeux olympiques d'été de
2020
à Tokyo.
|
La candidature commune RPDC-RdC aux Jeux
olympiques
d'été de 2032 a également été
proposée à la réunion. Le président
du CIO,
Thomas Bach, a dit à propos de cette proposition:
«Les
discussions de la réunion de travail sont un nouveau geste
qui
montre que le sport peut une fois de plus contribuer à la
paix
dans la péninsule coréenne et dans le monde.
«Nous avons de bonnes bases sur lesquelles
bâtir et progresser avant les Jeux Olympiques de Tokyo
2020. Le
sport continuera de créer des ponts et de démontrer
le
pouvoir unificateur des Jeux Olympiques. Nous accueillons donc
chaleureusement l'initiative historique des deux Corées de
présenter une candidature commune pour les Jeux olympiques
de
2032. »
Do Jong-hwan, ministre de la Culture, du Sport et
du
Tourisme de la RdC, a déclaré que la RdC
«continuerait de collaborer étroitement» avec
la
RPDC dans le cadre d'une candidature commune, et Kim Il Guk,
président du Comité olympique national de la RPDC
et
ministre de la Culture physique et du Sport, a dit: «Je
suis
très ému et enthousiasmé par la perspective
de
présenter une soumission commune avec la Corée du
sud.
Nous souscrivons aux concepts avancés par la Corée
du sud
et demandons le soutien du président Bach et du CIO pour
accueillir conjointement les Jeux olympiques à
Séoul et
à Pyongyang», a-t-il déclaré.
La commission exécutive du CIO
décidera
d'une participation coréenne commune aux Jeux olympiques
de
Tokyo 2020 lors de sa prochaine réunion à Lausanne
les 26
et 28 mars.
Cet article est paru dans
Volume 49 Numéro 7 - 25 février
2019
Lien de l'article:
Approfondissement des
relations intercoréennes
Site Web: www.pccml.ca
Courriel: redaction@cpcml.ca
|