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Il s'agit d'une direction bien particulière que prend le gouvernement qui consiste à remettre les pouvoirs de police en ce qui a trait aux élections et aux campagnes électorales aux agences d'espionnage comme le Centre de la sécurité des télécommunications de même qu'à des entreprises multinationales privées étrangères comme Facebook et Google. Spécifiquement, le gouvernement fédéral étend le rôle opérationnel du Centre de la sécurité des télécommunications et d'autres agences d'espionnage pour qu'ils puissent mener des opérations défensives et offensives contre ce qui apparaît comme des menaces au processus démocratique canadien. Ceci s'ajoute au nouveau projet de loi C-59 sur la sécurité du gouvernement fédéral, qui peut s'en prendre à quiconque est présumé être un opposant « au système de gouvernement canadien établi constitutionnellement » ou une menace aux « objectifs stratégiques plus larges du gouvernement ». Pourquoi ces agences d'espionnage et la police secrète sont-elles placées dans des positions clés en ce qui concerne les élections et le processus électoral au Canada ? Et pourquoi outrepasse-t-on l'autorité publique d'Élections Canada, l'organisme indépendant qui est responsable de la conduite des élections ? En plus, pourquoi la surveillance effectuée par Élections Canada est-elle remplacée elle aussi par des entreprises multinationales privées comme Facebook dont on dit qu'il a 23 millions d'utilisateurs. Par exemple, dans le plan de Facebook qui est intitulé « Initiative pour soutenir l'intégrité des élections canadiennes », Facebook engage des milliers d'employés pour surveiller et censurer le matériel affiché sur Facebook pendant les élections et en d'autres moments. La ministre fédérale des Institutions démocratiques a déclaré que les plateformes de médias sociaux comme Facebook « sont devenues les nouveaux arbitres de l'information et qu'elles ont la charge importante de favoriser un discours public respectueux et éclairé » et de participer à « l'orientation du discours public et à la protection de notre démocratie contre ceux qui cherchent à lui nuire ». Vraiment ? Le gouvernement canadien va permettre à Facebook de participer à « l'orientation du discours public » ? On peut se demander ce que ces dirigeants ont en guise de cerveau ou s'ils ne sont pas plutôt animés de mauvaises intentions ? Est-ce qu'ils n'ont pas lu les nouvelles ces jours-ci qui ont pris une grande ampleur et montrent que Facebook est empêtré dans un vaste scandale électoral lié à d'immenses fuites et peut-être même la remise de données personnelles à la firme-conseil Cambridge Analytica qui a joué un grand rôle dans le ciblage de dizaines de millions d'électeurs lors de l'élection présidentielle américaine en faveur de la campagne de Trump ? [1] Comme certains analystes l'ont mentionné, on ne peut plus qualifier Facebook d'entreprise de média social, mais d'entreprise de surveillance plongée jusqu'au cou dans des activités douteuses. Plus encore, est-ce que ces politiciens ont lu les nouvelles qui remontent à 2013 et montrent que Facebook, Google et d'autres entreprises de l'Internet américain ont une « porte arrière » par laquelle ils travaillent avec des agences du renseignement des États-Unis comme la CIA, la NSA et d'autres et leur fournissent de l'information ? Nous devons donc maintenant nous soucier non seulement des agences d'espionnage canadiennes qui jouent un rôle dans les élections canadiennes, mais également des agences d'espionnage américaines. Tout cela n'empêche pas notre gouvernement fédéral d'avoir la brillante idée de s'associer avec Facebook, Google et d'autres entreprises étrangères de l'Internet pour superviser et orienter le discours électoral au Canada. Ce que nous observons en effet c'est la fusion des intérêts d'affaires privés et de ceux de l'État canadien. Un monstre a été créé qui pourrait bien s'en prendre aux libéraux fédéraux eux-mêmes. Est-ce que la police secrète et les intérêts privés vont maintenant déterminer ce qui est un discours politique légitime au pays ? Sommes-nous en train d'assister au développement d'une surveillance étatique publique-privée ? Nous en voyons des signes inquiétants en Amérique du Nord. Par exemple, le géant Google a modifié les algorithmes d'un certain nombre de sites web de nouvelles alternatives et réduit dramatiquement leur nombre de visiteurs. Ces sites alternatifs sont connus pour les critiques qu'ils émettent des politiques étrangères et domestiques des gouvernements des États-Unis et du Canada, qu'on pense à Counterpunch, au World Socialist Website, à Global Research, Consortium News, Mediamatters, Commondreams, Democracy Now, Wikileaks, Truthout, The Intercept et plusieurs autres. Des processus répressifs similaires se retrouvent aussi sur You Tube où différentes vidéos politiques se voient imposer une audience restreinte par les censeurs de You Tube. On en a eu un exemple récent quand l'ancien sénateur américain Ron Paul a produit une vidéo qui critiquait la guerre des États-Unis en Afghanistan dont la propagation a été sérieusement restreinte. Où s'en va-t-on avec cette atmosphère et cette hystérie au sujet de l'influence étrangère ? Aux États-Unis, et même au Canada jusqu'à un certain point, on entend de plus en plus parler de « coupe-circuits » influencés par l'étranger, d'intermédiaires tiers, et de soi-disant acteurs politiques qui agissent de façon volontaire ou involontaire au nom de puissances étrangères, contre l'intérêt national. On a pu lire récemment dans un rapport de la CIA, du FBI et de la NSA, des critiques émises à l'endroit de Russia Today pour avoir soulevé ces enjeux lors de la campagne présidentielle américaine : - « que le système bipartite américain ne représente pas les opinions d'au moins un tiers de la population et est une « mascarade » ; - que le système politique américain est corrompu et dominé par les entreprises ; - que les États-Unis sont un « État de surveillance » qui empiète beaucoup sur les libertés civiles et qui pratique la brutalité policière et le recours aux drones ; - une critique du système économique des États-Unis, de la politique américaine sur la devise et ce que le rapport qualifie de « cupidité alléguée de Wall Street » ; - une critique de la fracturation hydraulique ; - une critique de l'intervention militaire américaine et occidentale. Il ressort de tout cela que si des citoyens américains ou des sites web américains soulèvent ces enjeux, ils agissent comme des instruments ou des agents de la Russie. Dans quelle mesure la Russie a réellement influencé l'élection américaine est une autre question. Mais qualifier les gens aux États-Unis d'agents de la Russie parce qu'ils soulèvent les mêmes problèmes est irresponsable et antidémocratique. En fait, c'est exactement ce qu'ont fait différents politiciens et experts américains. Ils oublient de mentionner que les pires exemples de sales trucs électoraux et de manipulation proviennent de nos partis politiques au pays, que ce soit le scandale des appels robotisés au Canada dans des élections précédentes, du scandale de Watergate aux États-Unis ou du scandale Cambridge Analytics/Facebook qui se déroule en ce moment sous nos yeux. Sommes-nous en train d'adopter cette voie ici au Canada alors que notre gouvernement se lance dans cette hystérie sur l'ingérence étrangère et des entreprises multinationales de technologie des fonctions clés de surveillance lors des élections ? Il est utile de se rappeler en ce moment-ci les moments du passé où on a eu recours à l'hystérie pour priver le peuple de ses droits, notamment la période du maccarthysme qui a affecté les États-Unis et le Canada dans les années 1950. Ou encore l'hystérie au sujet des soi-disant armes de destruction massive de Saddam Hussein en Irak, une affirmation dont on sait maintenant qu'elle était entièrement fausse et fabriquée par l'État américain et qui a tout de même servi à l'invasion américaine dans laquelle des millions de gens ont été tués ou blessés et l'Irak comme nation a été détruit. On peut dire la même chose de l'hystérie au sujet du bombardement de la Libye et d'autres exemples d'agression militaire. Je veux conclure cette présentation avec quatre
pensées. Premièrement, il faut que la liberté de parole et de conscience soit enchâssée comme un droit inaliénable au Canada. Deuxièmement, nous avons besoin de mécanismes politiques et constitutionnels qui reconnaissent que le pouvoir souverain réside dans le peuple canadien et non dans les agences d'espionnage, les partis politiques ou les entreprises privées. Troisièmement, avec le développement des médias sociaux et d'autres changements, nous vivons une situation radicalement nouvelle. Les médias sociaux sont-ils en train d'atteindre un statut de service d'utilité publique, comme l'eau ou l'électricité, ce qui fait qu'ils devraient être de propriété publique et non privée ou à tout le moins beaucoup plus réglementés ? Quatrièmement, pour faire face à la situation, nous avons besoin d'une autorité publique indépendante, peut-être même élue, peut-être une Élections Canada aux pouvoirs plus étendus, qui peut de manière effective superviser les élections et le système électoral du pays. Pas la police secrète. Pas les agences d'espionnage. Et pas Facebook ou Google. Merci.
Note
1. Facebook a autorisé des tiers à accéder à ses données. Dans une entrevue à CNN le 21 mars, Mark Zuckerberg s'est excusé de la façon dont l'entreprise a géré le scandale des données privées avec Cambridge Analytica. « Ça été un grand abus de confiance et j'en suis vraiment désolé », a-t-il dit. « Nous devons nous assurer que cela ne se reproduira plus. » La compagnie a parlé d'un plan en plusieurs parties qui est soi-disant « conçu pour réduire la quantité des données qui sont partagées par les usagers avec les développeurs tiers et la compagnie va effectuer une vérification des développeurs qui ont eu accès à de larges portions de données avant que des restrictions ne soient mises en place en 2014 ». Zuckerberg a dit au New York Times que Facebook va doubler sa force de sécurité cette année et ajouté que « plus de 20 000 personnes vont travailler aux opérations de sécurité et communautaires d'ici la fin de l'année alors que leur nombre se chiffre à environ 15 000 en ce moment ». L'activité trompeuse de Cambridge Analytica a été révélée en public pour la première fois en 2015. La firme analytique londonienne a fait un mauvais usage des données d'environ 50 millions d'usagers lors de l'élection américaine de 2016. Selon The Verge, les données « ont été obtenues par le professeur de psychologie de Cambridge Aleksander Kogan et remises à la firme de recherche affiliée en comportement Strategic Communication Laboratories en violation des conditions de service de Facebook. Les actions de la firme, qui dit n'avoir rien fait de mal, ont suscité un grand débat sur l'incapacité de Facebook à contrôler sa plateforme et à assumer sa responsabilité envers la vie privée des utilisateurs et l'institution de la démocratie. » Kogan a eu recours à une application de tests de personnalité pour amasser les données et a plus tard passé cette information à la firme de profilage des électeurs Cambridge Analytica qui a dit (et nie maintenant) avoir utilisé les données pour faire des publicités politiques pour Donald Trump à l'élection présidentielle de 2016. Kogan a dit que Cambridge Analytica l'a assuré que « des milliers, peut-être même des dizaines de milliers d'applications faisaient exactement la même chose » et que « c'était une utilisation très répandue des données de Facebook ». « Nous pensions que ce que nous faisions était entièrement approprié. Nous pensions que nous faisions quelque chose de normal », a dit Kogan. « Je pense que je suis utilisé comme bouc émissaire par Facebook et Cambridge Analytica. » Facebook a dit que Kogan avait violé les politiques de la compagnie en ce qui concerne les données en utilisant l'information qu'il avait amassée à des fins commerciales. Entre 2007 et 2014, la compagnie a donné accès à des développeurs à son graphique social - la carte des amis, des intérêts et des j'aime des réseaux des utilisateurs. Selon plusieurs rapports, le réseau social n'a pas vraiment cherché à contrôler ce genre d'activités et a seulement demandé à des tiers de signer des ententes minimales et a fait enquête sur les mauvais usages seulement après qu'ils aient été rapportés à la compagnie. Cambridge Analytica a fait l'objet d'enquêtes parallèles, celle notamment d'un journaliste clandestin qui a filmé le PDG Alexander Nix en train de se vanter d'avoir recours aux pots-de-vin et à des travailleuses du sexe pour piéger des politiciens. Une campagne #deletefacebook est en
cours. (Traduit de
l'anglais par LML)
100e anniversaire des manifestations contre la conscription au Québec Un siècle d'opposition à la participation
à
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Selon l'historiographie bourgeoise, le Canada a atteint « l'âge de la maturité » en vertu du rôle qu'il a joué dans la Première Guerre mondiale où il se serait montré digne de posséder un statut de grande puissance. On a dit que le sacrifice des jeunes Canadiens comme chair à canon dans les tranchées de l'Europe a montré que le Canada était en mesure de mener sa propre politique étrangère et de briser ses liens à cet égard avec le Parlement impérial britannique. Cette désinformation cherche à imprégner les Canadiens d'une vision chauvine selon laquelle le Canada est une force de l'Entente majeure digne d'être à la table où le butin de guerre a été partagé. En fait, cette participation a fait du Canada un béni-oui-oui au service de la connivence entre la Grande-Bretagne et la France pour exclure l'Allemagne pendant qu'elles appuyaient toutes les nouvelles organisations hostiles à la Russie.
Aujourd'hui, cette vision présente le bellicisme du Canada comme une valeur canadienne fondatrice. Ce n'est absolument pas le cas. Le sacrifice des Canadiens a été fait au nom de l'empire. L'envoi des jeunes Canadiens pour participer à l'abattoir de la boucherie impérialiste qu'a été la Première Guerre mondiale n'a pas établi l'indépendance du Canada. Cette boucherie a été une guerre de division entre les empires de l'époque pour accaparer les sources de matières premières, de main-d'oeuvre à bon marché, de zones pour l'exportation de capital et acquérir une influence stratégique. Au contraire, les élites dirigeantes se sont taillé une place à titre de serviteurs serviles d'abord des impérialistes britanniques puis des impérialistes américains, tandis que le mouvement des peuples persiste à bâtir un véritable projet d'édification nationale dans lequel les ressources naturelles et humaines et le pouvoir décisionnel sont au service du peuple et non des riches.
À cet égard, les célébrations du 100e anniversaire de la fin de la Première Guerre mondiale arrivent à un moment où le Canada est intégré à un rythme toujours plus rapide à la machine de guerre impérialiste américaine alors que les États-Unis, l'OTAN et leurs alliés étendent leur ingérence et leur agression et menacent de guerre les pays qui ne vont pas se soumettre à leur diktat. Pendant ce temps, le gouvernement canadien se prépare, pour servir cet ordre du jour, à avoir recours à ses pouvoirs de police pour qualifier l'opposition à la guerre et aux alliances agressives comme l'OTAN de menace à la sécurité nationale.
On célèbre ce mois-ci le 100e anniversaire de l'opposition à la conscription au Québec en 1918. Il est important d'étudier l'opposition des Québécois et des Canadiens à la conscription lors de la Première Guerre mondiale comme un mouvement sérieux contre l'empire et l'édification d'empire. Maintenant plus que jamais, les Canadiens et les Québécois doivent développer leurs convictions contre l'agression impérialiste et prendre en main le travail pour faire du Canada une zone de paix.
La fin mars et le début avril de cette année marquent le 100e anniversaire des manifestations militantes des Québécois contre la tentative du gouvernement canadien d'avoir recours à ses pouvoirs de police pour imposer la conscription aux travailleurs et aux jeunes du Canada et du Québec pendant la Première Guerre mondiale.
Dans les conditions de l'époque, l'élite dirigeante du Canada s'est heurtée à un mur de résistance de la part du peuple québécois qui refusait d'être conscrit pour la guerre. Les aspirations des Québécois à leur statut de nation avaient été bafouées avant la Confédération par la force des armes britanniques. De pair avec la subjugation des peuples autochtones et des colons dans le Haut-Canada, cela avait fourni la base à l'établissement d'un État et d'une Confédération anglo-canadiens. Il n'est pas difficile de s'imaginer que la classe ouvrière du Québec n'ait pas considéré d'un bon oeil le fait d'être envoyée sur les champs de bataille de l'Europe pour servir l'Empire britannique.
En août 1914, la Grande-Bretagne déclare la guerre à l'empire austro-hongrois. Le Canada, en tant que dominion de l'Empire britannique, doit automatiquement y participer.
Robert Laird Borden, alors premier ministre conservateur du Canada, s'active avec enthousiasme pour participer à la guerre. « Dès le dimanche 9 août, les principaux arrêtés en conseil avaient été promulgués et une session parlementaire débuta deux semaines après le début des hostilités. On adopta rapidement des lois pour protéger les institutions financières du pays et l'on augmenta les tarifs douaniers sur certains articles de consommation très en demande. Le projet de loi sur les mesures de guerre, qui donnait au gouvernement des pouvoirs de coercition exceptionnels sur les Canadiens, fut adopté à la hâte après trois lectures. »[1].
C'est l'homme d'affaires William Price (de la Price Brothers and Company ancêtre de Produits forestiers Résolu) qui reçoit le mandat de créer de toutes pièces un camp d'entraînement à Valcartier, près de Québec. Les terres de cent vingt-six cultivateurs furent expropriées pour étendre la superficie du camp à 12 428 acres (50 km2). « Dès le début du conflit, on y construit un champ de tir de 1500 cibles, comprenant abris, positions de tir et affiches, ce qui en fit, dès le 22 août 1914, le plus important et le plus réussi des champs de tir au monde. Le camp accueillit 33 644 hommes en 1914. » [2] Valcartier fut pendant ce temps la plus grande base militaire du Canada.
Avec la prise de conscience grandissante de servir de
chair à canon pour des puissances impérialistes et les
profonds impacts des efforts de guerre sur l'économie du pays,
le nombre de volontaires ne cesse de diminuer. L'imposition du service
militaire obligatoire plane de plus en plus au pays. Le peuple du
Québec, exprimant ses sentiments
antiguerre, est aux premiers rangs de l'opposition à la
conscription. L'establishment canadien de l'époque blâme
alors les Québécois pour le « manque d'engagement
des Québécois francophones à l'endroit de la
Grande Guerre. »[3]
Dès 1917, l'absence
d'enthousiasme pour la guerre est tel que le gouvernement recourt
à la conscription
des soldats. Le 29 août 1917, la Loi concernant le
service militaire est sanctionnée. Elle stipule que «
tous les habitants mâles du Canada âgés de dix-huit
ans et plus, et de moins de soixante ans, non exemptés ni
frappés d'incapacité par la loi, et sujets britanniques,
peuvent être appelés à servir dans la milice ;
dans le
cas d'une levée en masse, le gouverneur général
peut appeler au service toute la population mâle du Canada en
état de porter les armes ».
Au Québec, les manifestations en opposition à la conscription s'intensifient. Les agents du Dominion, appelés « spotters », traquent les hommes refusant de s'engager. La professeur Béatrice Richard du Collège militaire royal de Saint-Jean écrit à propos de ces racoleurs: « Ces agents ont la réputation d'être des voyous à la solde du gouvernement fédéral et de chercher davantage à se remplir les poches — à raison d'une prime de 10 $ par réfractaire épinglé — qu'à appliquer la loi. »[4] Chaque arrestation qui est faite soulève la colère de la population. Certains jeunes Québécois, dont la demande d'exemption est en attente devant les tribunaux sont « enlevés en pleine rue et les parents mettent une semaine avant d'apprendre qu'ils ont été envoyés sur les champs de bataille européens ».[5]
Le soir du 28 mars 1918, des policiers fédéraux font une razzia dans une salle de quilles et procèdent à l'arrestation de jeunes qui s'y trouvent. Devant l'arbitraire et la violence des policiers, 3000 personnes assiègent le poste de police et poursuivent leur manifestation dans les rues durant la nuit.
Le lendemain, une foule de près de 10 000 personnes se rassemble devant l'Auditorium de la Place Montcalm (endroit actuel du Capitole de Québec), là où on administre les dossiers des conscrits. Les militaires, baïonnettes au canon, sont appelés et il s'en faut de peu pour que l'acte d'émeute ne soit lu, leur donnant l'autorisation de tirer.
Le lendemain, « le général Landry reçoit d'Ottawa les directives qu'il attendait : désormais l'armée disposera des pleins pouvoirs pour faire respecter la loi et l'ordre dans la ville de Québec. [...] Concrètement, cela signifie que la sécurité publique ne relève plus des autorités municipales, la police étant désormais soumise à l'autorité militaire. »[6] Les manifestations se poursuivent quand même et le 31 mars, il y a des blessés par balle.
Borden, obsédé par l'envoi de Canadiens dans les tranchées, octroie des pouvoirs spéciaux « avec des instructions spéciales pour réprimer les troubles ». Pendant ce temps, des trains bondés de soldats affluent à Québec. Deux jours durant, le 31 mars et le 1er avril, pas moins de 10 000 hommes en provenance de l'Ontario et du Manitoba convergeront vers la capitale.[7] La population confronte l'armée, n'hésite pas à cerner les soldats et à les pourchasser. Chaque manifestation démantelée se reforme quelques rues plus loin.
Le lundi 1er avril, les militaires reçoivent les instructions suivantes :
1. tout rassemblement est
défendu
2. toute personne qui n'obéit pas peut être
arrêtée sur-le-champ
3. les soldats peuvent employer
toute force nécessaire pour procéder aux arrestations.[8]
Cette même journée, 4 civils sont tués. On dénombre plus de 50 blessés et une soixantaine d'arrestations.
Le 4 avril, on impose la loi martiale pour la ville de Québec, en vertu de la Loi sur les mesures de guerre. Elle légalise toute intervention de l'armée fédérale « le ou après le 28e jour de mars dernier ».[9]
Borden maintient la pression sur le Québec non seulement pour écraser la résistance à la conscription, mais aussi pour prévenir tout risque de « contagion révolutionnaire ». À cette fin, Ottawa rend illégale toute association jugée subversive, qu'il s'agisse d'organisations syndicales ou politiques.[10]
La « crise de la conscription » s'est terminée quand la guerre elle-même s'est terminée le 18 novembre 1918. Avant cette date, les riches ont tellement profité de la guerre que Borden a « dû congédier son ministre de la Milice et de la Défense et faire face à des scandales liés à la corruption et à la recherche de profits en temps de guerre. » [11]. L'opposition du peuple à la guerre était telle que le Parti conservateur « dans la province de Québec fut anéanti pour des dizaines d'années à venir. »[12]
Cela fait plus de 100 ans que les Québécois expriment leur opposition à l'agression et à la guerre impérialiste. Aujourd'hui, tous les efforts sont faits pour saper leur sentiment et leur mouvement antiguerre au moyen de sophismes néolibéraux qui invoquent de soi-disant objectifs humanitaires et même de grands idéaux comme la défense des droits des femmes. Le mot d'ordre qui guide notre peuple est toujours « Pas un seul jeune pour la guerre impérialiste ! »
1. « Sir Robert Laird Borden », greatwaralbum.ca
2. Article de Pierre Vennat, « Les débuts du camp de Valcartier et d'une armée improvisée de toutes pièces », tiré du site « Le Québec et les guerres mondiales », 17 décembre 2011.
3. « La
Première Guerre mondiale », Sean Mills (sous la
direction de
Brian Young, University McGill), site web du Musée McCord.
4. « Le 1er
avril 1918
-
Émeute
à
Québec
contre
la
conscription :
résistance
politique
ou
culturelle ? »
Conférence
de
Béatrice
Richard,
professeur
agrégé,
directrice
du département des
Humanités et des sciences sociales au Collège militaire
royal de
Saint-Jean, le 31 janvier 2013.
5. « Québec sous la loi des mesures de guerre - 1918 », par Jean Provencher, Éditions Lux, 2014
6. « Le 1er
avril 1918
-
Émeute
à
Québec
contre
la
conscription :
résistance
politique
ou
culturelle ? »
Conférence
de
Béatrice
Richard,
professeur
agrégé,
directrice
du département des
Humanités et des sciences sociales au Collège militaire
royal de Saint-Jean, le 31
janvier 2013.
7. Ibid.
8. « Québec sous la Loi des mesures de guerre -- 1918 », par Jean Provencher, Editions Lux, 2014
9. Ibid.
10. Article de Pierre Vennat, «
Les débuts du camp de Valcartier et d'une armée
improvisée de toutes pièces », tiré
du site « Le Québec et les guerres
mondiales », 17 décembre 2011.
11. « Biographie : le très honorable Sir Robert Laird Borden », Bibliothèque et Archives Canada
12. Dictionnaire biographique du Canada
(Tiré de Chantier politique)
États-Unis
Le 24 mars, plus de 500 000 jeunes et leurs amis se sont rassemblés dans une grande Marche pour Nos Vies à Washington pour protester contre la violence par les armes. Plus de 300 villes se joignent au mouvement dans le monde en solidarité. Le 14 mars, des dizaines de milliers de jeunes partout aux États-Unis ont quitté les classes en opposition à la violence armée et pour exiger que leur droit à des écoles qui sont des environnements d'apprentissage sécuritaires et non des prisons soit reconnu. Ils ont demandé que cesse la violence policière dans leurs communautés et ont rejeté la promotion de la violence et du recours à la force comme solution aux problèmes. Les pancartes l'indiquaient bien : « Pourquoi avons-nous besoin d'armes si nous voulons un monde pacifique ? », « Les armes automatiques - un assaut contre notre avenir », « Impossible de construire la paix avec un fusil » et « Les armes n'incitent pas à la paix et ne préviennent pas la violence ».
Les étudiants de Parkland, en Floride, sont à l'origine des débrayages et, lors de plusieurs actions, le nom des personnes tuées dans cette école a été prononcé à haute voix et commémoré. Les étudiants des écoles secondaires et intermédiaires ainsi que des universités se sont rassemblés et ont marché, souvent en dépit des menaces de suspension, pour affirmer qu'un changement important est nécessaire et qu'ils sont déterminés à le réaliser. Les étudiants ont déclaré : « Nous allons nous faire entendre que vous vouliez nous entendre ou pas », « Nous allons parler haut et fort et nous ne nous en excuserons pas », « Nous n'arrêterons pas » et « La jeunesse de notre mouvement nous donne du pouvoir car nous avons beaucoup de temps devant nous pour réclamer le changement et le réaliser ».
C'est à Washington qu'a eu lieu une des plus grandes actions, alors que des étudiants de la Virginie, de Maryland et du district de Columbia ont convergé vers la Maison-Blanche et le Congrès. Ils ont bloqué les rues et déclaré que le gouvernement doit garantir les droits. Maryland avait imposé une interdiction de débrayer mais des milliers d'étudiants ont rejeté cette interdiction. Plusieurs jeunes des banlieues du district de Columbia ont marché en grand nombre sur les principales artères en signe de défi.
Partout au pays, il y avait une grande unité des jeunes alors qu'ils s'organisaient et décidaient eux-mêmes des actions à prendre en dépit des efforts qui étaient faits pour les en empêcher. À Alameda, en Californie, les étudiants ont brisé une clôture cadenassée pour poursuivre leur débrayage. À Madison, de jeunes immigrants sans papiers ont rejoint les étudiants pour demander que les droits qu'ils réclament à la société soient reconnus. De Yarmouth, dans le Maine, à Parkland, en Floride, de New York à Decatur, en Géorgie, et à Birmingham en Alabama ; de Nashville, au Tennessee, à Livingston, au Montana, de Las Vegas, au Nevada, à Los Angeles en Californie, à Seattle, à Washington et à Juneau, en Alaska - et dans plus de 3 000 autres localités, les étudiants ont marché, fermement unis, pour exiger des solutions à la violence sociale à laquelle ils sont confrontés.
Lors de rassemblements à Chicago et ailleurs, les étudiants ont levé leurs mains en criant aux policiers « Ne me descendez pas », rappelant le meurtre d'un jeune sans arme par les policiers à Ferguson. Des étudiants de Chicago ont aussi dressé une liste de revendications comme le financement égal, le maintien des écoles ouvertes, la réouverture des cliniques de santé mentale et la fin de la criminalisation de la jeunesse. Le sentiment général était que le problème, ce n'est pas un tireur armé d'un fusil, mais plutôt une société qui ne protège pas et ne défend pas les jeunes, d'où la nécessité de changer cette situation. L'esprit des actions était que le changement qui bénéficie aux jeunes est une nécessité et que les jeunes vont continuer d'organiser pour que ce changement se produise.
Tandis que les jeunes prennent pour cible la violence en tant que problème social qui requiert des solutions sociales, les représentants gouvernementaux à tous les niveaux appellent au recours accru à la force. Le sherif de Broward County, en Floride, où se trouvent Parkland et Miami, a annoncé qu'il munirait ses adjoints présents dans les écoles d'armes automatiques. Une loi adoptée en Floride prévoit munir les enseignants d'armes. Les étudiants ont répliqué : « Les bras servent à étreindre; un policier et un enseignant avec des fusils, c'est deux fusils de trop. » À Long Island, les troupes de l'État sont dans les écoles, supposément pour combattre la violence de gang. Mais ce sont en fait les jeunes sans-papiers, en particulier leurs organisateurs, qui sont ciblés comme soi-disant membres de gang et menacés de déportation. À plusieurs endroits, on a dit aux étudiants de rester à l'intérieur sous menace de suspension, le tout accompagné d'une lourde présence policière.
Tous les efforts sont déployés pour prôner une plus grande présence de policiers armés dans les écoles et davantage de mesures pour traiter les jeunes de criminels, en un mot, transformer les enseignants en policiers et les écoles en prisons. Au nom de la sécurité, ces mesures servent à mieux contrôler et réprimer les jeunes et à habituer tout le monde à accepter l'inacceptable. Une jeunesse et une main-d'oeuvre passives sont nécessaires pour non seulement maintenir le règne des riches au pays, mais aussi pour mener leurs guerres à l'étranger pour protéger leurs intérêts. Les jeunes déclarent clairement qu'ils rejettent cette direction et qu'ils luttent pour un avenir radieux. C'est par la lutte pour les droits de tous, à l'étranger et au pays, que leurs intérêts seront défendus.
Voice of Revolution est une publication de l'Organisation marxiste-léniniste des États-Unis.
(6 mars 2018. Traduit de l'anglais par LML)
Vietnam
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Phan Van Khai, le premier ministre du Vietnam de 1997 à 2006, est décédé à son domicile dans la commune de Tan Thong Hoi, dans le district de Cu Chi, Ho-Chi-Minh-Ville, le 17 mars, à l'âge de 84 ans. Son legs a été célébré par la tenue de funérailles nationales les 21 et 22 mars.
La dirigeante nationale du Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste), Anna Di Carlo, a exprimé ses condoléances au Parti communiste du Vietnam (PCV) et à l'État et au peuple vietnamiens en ce moment d'affliction.
Khai est né le 25 décembre 1933 à Ho-Chi-Minh-Ville. Il s'est joint au mouvement révolutionnaire en 1947 en opposition au colonialisme français, et ensuite au PCV le 15 juillet 1959. Il a étudié l'économie et les langues étrangères à l'université Plekhanov à Moscou et, entre autres fonctions, de 1965 à 1971, il a travaillé pour le Comité de planification de l'État du Vietnam. Vers la fin de la guerre pour libérer le Vietnam du contrôle américain, il a été envoyé sur les champs de bataille dans le sud. Le PCV, dans l'annonce spéciale sur la mort de Phan Van Khai, a aussi mis en relief ses nombreuses responsabilités au sein du Comité central, du Politburo et à l'Assemblée nationale.
« Tout au long des 70 ans de ses activités révolutionnaires, il a fait de grandes contributions à la cause révolutionnaire du PCV et de la nation.
« Il a reçu l'Ordre de l'Étoile d'or et l'écusson pour les membres qui ont oeuvré dans le parti pendant 55 ans, ainsi que plusieurs autres nobles distinctions vietnamiennes et d'autres pays. »
En tant que vice-premier ministre et premier ministre, Phan Van Khai « a toujours soutenu le 'rassemblement d'intellects et de sagesse' des plus grandes personnalités de tous les milieux, en particulier les experts dévoués et compétents » en prises de décision, selon l'Agence vietnamienne d'information (AVI). Son prédécesseur en tant que premier ministre, Vo Van Kiet, en fonction de 1991 à 1997, avait proposé la formation d'un comité d'experts en 1993, tâche que Khai, alors vice-premier ministre, a prise en main avec grand intérêt.
Le comité, qui a fonctionné de 1993 à 2006, était formé d'experts non gouvernementaux. L'AVI souligne la « volonté de Khai d'écouter les gens ayant des opinions contraires à la sienne et de leur offrir l'occasion de faire valoir leur opinion. Cette façon de voir -- 'être près du peuple, être à son écoute et apprendre de lui' -- est perçue par plusieurs comme étant une qualité de leadership que Khai aurait héritée de son prédécesseur Vo Van Kiet. » Le leadership de Khai, conseillé par le comité, a joué un rôle important dans la transformation et la consolidation de l'économie vietnamienne dans l'objectif d'améliorer le bien-être du peuple. Selon l'AVI :
« L'adoption de la toute première Loi sur les entreprises, la reconnaissance des entreprises privées en tant que secteur légitime et un programme de politiques qui a permis à l'économie vietnamienne de s'éloigner du modèle centralisé des décennies précédentes ont remis le pays sur la voie d'une ferme croissance économique. Ces changements de politique étaient nécessaires suite aux deux années de recul en raison de la tristement célèbre crise financière qui a affecté les pays asiatiques en 1997. »
Khai a aussi participé aux 15 rondes de pourparlers avec l'Organisation internationale du Travail (OIT) pendant 11 ans à la suite desquels le Vietnam est devenu membre à part entière en 2007.
L'AVI met aussi en relief la qualité d'ouverture du premier ministre Khai, tant sur le plan international que national, qui a permis de créer des liens avec le reste du monde et de tenir le peuple vietnamien informé de tous les développements.
Khai a présenté le projet de loi sur l'Entente commerciale bilatérale États-Unis-Vietnam (ECB), conclue en 2001. En 2005, il a fait un voyage historique alors que pour la première fois un premier ministre du Vietnam faisait une visite aux États-Unis suite à la résistance héroïque du peuple vietnamien qui avait vaincu les impérialistes américains en 1975. Cette visite allait mettre fin à des décennies d'hostilité de la Guerre froide des États-Unis suite à la victoire du peuple vietnamien. Le New York Times rapporte que le commerce du Vietnam avec les États-Unis est passé de 45 millions $ US en 1995 à 45 milliards $ US en 2016.
Khai était premier ministre durant la croissance du rôle joué par le Vietnam en Asie du Sud-Est lorsque le pays s'est joint à l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN) en 1995. Durant cette période, l'ASEAN s'est établie comme important bloc commercial des nations de la région tout en élargissant ses relations avec la Chine, le Japon, l'Australie, la Nouvelle-Zélande, la Corée du sud et l'Inde.
Au pays, Khai a joué un rôle dirigeant dans l'information et la mobilisation du peuple sur les questions qui le concernent. Nguyen Thi Thuy, l'ancienne députée responsable des nouvelles sociales et culturelles du département des nouvelles domestiques de l'AVI, se remémore l'appui indispensable de Khai pendant l'épidémie internationale du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) en 2003.
« La maladie s'est répandue comme une trainée de poudre, et le nombre de nouveaux patients et de personnes atteintes augmentait à chaque heure, et la moitié de ces personnes étaient elles-mêmes des membres du personnel médical. Les rumeurs publiques laissaient entendre que le ministère de la Santé n'avait pas encore réussi à en déterminer la cause, ni les souches du virus ni les méthodes de transmission, encore moins les médicaments et les diagnostiques, ce qui ne pouvait qu'alimenter la confusion et l'anxiété », a dit Thuy. Elle ajoute que l'AVI avait beaucoup d'information entre les mains, mais n'avait pas été autorisée à la rendre publique. « Évidemment, en tant que journalistes sur le terrain, nous étions furieux, puisque de toute évidence les efforts de la communauté étaient nécessaires pour contenir l'épidémie. Nous avons donc décidé de contacter le chef du gouvernement pour nous conseiller. Heureusement, seulement quelques minutes plus tard, le premier ministre Khai a accepté de rendre publique l'information au sujet de l'étendue de l'épidémie du SRAS au Vietnam », a-t-elle dit.
La décision du premier ministre a marqué le début de nouveaux efforts des scientifiques et de toute la société, et le Vietnam est venu à bout de l'épidémie en seulement 45 jours, le premier pays au monde à réussir. L'Organisation mondiale de la Santé, dans son message de félicitations au Vietnam, a attribué ce succès à un « engagement politique au plus haut niveau ».
Khai a été exposé en chapelle ardente au Palais de l'Indépendance à Ho-Chi-Minh-Ville et les personnes en deuil ont pu lui rendre hommage, y compris des générations de dirigeants vietnamiens et d'invités étrangers.
Le 22 mars, un cortège funèbre a
porté sa dépouille chez lui dans le district de Cu Chi,
où il a été inhumé près de sa
conjointe, alors que les gens attendaient dans les rues devant le
palais pour le saluer et lui dire adieu.
(Sources : PCV, AVI, VN Express International. Photos : VNA, VN Express International)
Le droit du peuple coréen à la paix
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Des réunions ont eu lieu à Hamilton et à Toronto les 20 et 22 mars respectivement, créant des occasions pour les Canadiens de participer à la discussion sur une question qui est une source de préoccupation majeure — la lutte pour la paix dans la péninsule coréenne.
La réunion de Hamilton, dont le thème était « La guerre économique et les menaces d'annihilation contre la Corée du nord », a été organisée par la Coalition de Hamilton pour arrêter la guerre. Les orateurs étaient Christopher Black, un avocat qui pratique le droit international, et Atif Kubursi qui enseigne l'économie à l'université McMaster.
Black, qui a visité la République populaire démocratique de Corée (RPDC) à deux reprises, a fait la première présentation. Il a fait valoir que toutes les sanctions imposées à la RPDC par le Conseil de sécurité de l'ONU sont illégales puisque la RPDC n'a jamais violé les lois internationales comme le prétend le Conseil de sécurité. Il a souligné que dans ses propres relations avec les représentants de la RPDC, il les a toujours trouvés courtois et directs et fermement résolus à défendre la souveraineté et l'indépendance de leur pays. Il a souligné que la RPDC a été forcée de construire un arsenal nucléaire pour des raisons d'autodéfense face aux sanctions et menaces d'annihilation nucléaire des États-Unis. Le gouvernement de la RPDC a réitéré son engagement à suspendre son programme d'armes nucléaires à condition que les États-Unis signent un traité de paix et cessent de menacer la Corée de guerre et d'agression, a-t-il dit. Il a noté que cet engagement a à nouveau été affirmé au cours de la réunion du 5 mars à Pyongyang entre une délégation du gouvernement sud-coréen et Kim Jong Un, le dirigeant de la RPDC. Black a fait valoir que les sanctions imposées par le Conseil de sécurité de l'ONU et celles imposées par les États-Unis, le Canada et d'autres pays sont en fait des actes d'agression. Il a appelé les Canadiens à se dresser contre ces actes illégaux et immoraux.
Le professeur Kubursi, pour sa part, a dit que
non
seulement les sanctions contre des pays comme la RPDC, Cuba, l'Iran,
l'Irak et d'autres pays sont illégales, mais leurs
répercussions se
font ressentir surtout parmi les plus vulnérables. Il a
expliqué que
les sanctions contre la RPDC affectent surtout les enfants, les
aînés
et les personnes
qui vivent dans les régions rurales, puisqu'elles rendent
difficiles
les échanges commerciaux de la RPDC en termes d'aliments, de
médecines
et d'autres produits dont la population civile a besoin. Il a fait
valoir que toutes les études ont montré que de telles
sanctions sont un
échec et qu'elles ne sont rien de moins que des instruments pour
forcer
les
nations à se soumettre. D'abord, il a noté que les pays
hésitent à
imposer ces sanctions et que celles-ci sont perçues comme
étant
arbitraires et injustes, en particulier par les pays voisins de celui
qui subit les sanctions. Aussi, le professeur Kubursi a souligné
que
les sanctions ont comme effet d'inciter les peuples et les pays qui les
subissent à
affirmer davantage leur indépendance et leur
souveraineté, comme on a
pu le constater à Cuba et dans la RPDC.
Le thème de la réunion du 22
mars à l'Université de Toronto, organisée par le
Partenariat
international pour la diplomatie, la science et la paix et autres,
était : « La Corée du nord : faits et
fictions et la recherche de
la paix ». Christopher Black a encore une fois pris la
parole à cette
réunion au cours de laquelle il a fait un survol de sa
présentation à
Hamilton. Il a rappelé l'importance de s'opposer à la
désinformation au
sujet de la RPDC véhiculée par les médias et de
tenir le gouvernement
canadien responsable pour son rôle de soutien aux sanctions et
aux menaces contre la RPDC.
L'autre oratrice à cette réunion était Patti Talbot, présidente des Partenariats internationaux, Église unie du Canada. Talbot a partagé son expérience en tant que membre de la délégation des femmes artisanes de la paix qui avaient convergé vers Vancouver au moment du Sommet sur la sécurité et la stabilité dans la péninsule coréenne, où s'étaient réuni les ministres des Affaires étrangères. Le sommet lui-même avait été organisé par le « Groupe de Vancouver » - qui était formé des pays agresseurs dans la Guerre de Corée — dont le Canada et les États-Unis ont été les hôtes le 16 janvier. Talbot a expliqué que les femmes artisanes de la paix des États-Unis, de la Corée, du Japon et d'autres endroits avaient convoqué leur propre forum et organisé une vigile à la chandelle ainsi qu'une marche pour la paix et d'autres actions dans le but d'encourager les ministres participant au sommet — où ni la RPDC, la Chine ou la Russie n'avaient été invitées — à inclure le point de vue de la société civile dans leurs discussions et à « préparer le terrain à la paix ». Selon Talbot, la grande déception du sommet a été que les ministres des Affaires étrangères se sont en fait engagés à exercer encore plus de pression et de sanctions contre la RPDC, et non de s'engager dans la voie de non-agression et du dialogue.
Sans se laisser perturber, les femmes qui ont pris part
au forum et
d'autres femmes ont continué leur important travail pour la
paix, dont
une réunion récente de groupes ecclésiastiques
à Séoul, en Corée du
sud. Talbot a souligné que depuis les Jeux olympiques de
PyeongChang,
il y a eu de nombreux échanges de la société
civile entre la Corée
du nord et du sud. D'ailleurs, a-t-elle dit, l'ambiance dans la
péninsule coréenne est à l'optimisme puisque les
questions de paix, de
réconciliation et d'unification peuvent très bien
progresser dans les
prochains jours.
Aux deux réunions, les participants se sont engagés à poursuivre la discussion sur cette importante question et sur le travail pour la paix sur la péninsule coréenne. Les participants ont accueilli avec enthousiasme l'information au sujet de la réunion publique du 31 mars à Toronto dont le thème sera « La paix sur la péninsule coréenne : sur la perspective du Sommet intercoréen de 2018 et du Sommet historique RPDC-États-Unis », dont l'invité d'honneur et l'orateur principal sera le professeur Kiyul Chung. Plus de 100 personnes ont signé la pétition contre la guerre et l'agression sur la péninsule coréenne lors des deux réunions.
Tournée de parlementaires cubains
C'est le mercredi 21 mars, dans une salle remplie à Toronto, qu'a débuté la tournée pancanadienne sur la démocratie cubaine animée par Juan Carlos Rodriguez Diaz, professeur d'histoire à Pinar del Rio et membre élu de l'Assemblée nationale du pouvoir populaire de Cuba. M. Rodríguez Díaz est accompagné de Yamil Martínez Marrero, fonctionnaire de la section canadienne de l'Institut cubain pour l'amitié avec les peuples (ICAP). La tournée canadienne est organisée par le Réseau canadien pour Cuba et la réunion de Toronto a été organisée par l'Association d'amitié Canada-Cuba de Toronto.
M. Rodriguez Diaz a livré un exposé passionné et instructif sur le processus démocratique cubain qui investit le peuple du pouvoir, ce qui a mené à une participation de 85,65 % des électeurs aux dernières élections de 2017 à l'Assemblée nationale. Il a parlé de l'expérience cubaine du système multipartite de démocratie non représentative avant la victoire de la Révolution cubaine qui privait les travailleurs de toute parole et de tout rôle dans les affaires de leur pays. Il a également évoqué l'histoire des interventions et des coups d'État américains à Cuba, auxquels la victoire de la Révolution cubaine a mis fin.
M. Rodriquez Diaz a également longuement parlé de la mise en place des instruments du pouvoir populaire à la suite de la Révolution cubaine, qui sont bâtis sur et enrichissent les traditions cubaines ainsi que l'expérience historique de la lutte du peuple pour la souveraineté, l'indépendance, la paix et la prospérité, ainsi que sa solidarité et son amitié avec les peuples du monde. De nombreux exemples ont été donnés.
Au nom de l'ICAP, M. Martinez Marrero a exprimé
sa vive appréciation de l'amitié et de la
solidarité de longue date entre les peuples cubain et canadien.
Il a parlé brièvement du travail de la Brigade de travail
bénévole Che Guevara à Cuba qui, depuis 25
ans, offre aux Canadiens des occasions uniques de visiter, de faire
l'expérience
et d'apprendre de la Révolution cubaine et de se faire une
idée de la vie et de la société bâties par
le peuple cubain sous la direction du Parti communiste de Cuba.
Pour de l'information concernant la Brigade 2018 qui se
rendra à Cuba du 28 avril au 6 mai, cliquer ici.
La tournée de parlementaires cubains a lieu du 21 mars au 5 avril et comprend des réunions prévues à Niagara Falls, Kingston, Ottawa, Montréal, Halifax, Winnipeg, Vancouver et Victoria. Visitez notre page des événements ici ou le site Web du Réseau canadien pour Cuba pour plus de détails.
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