Numéro 11 - 24 mars 2018
Supplément
Projet de loi C-59: Loi concernant
des questions de
sécurité nationale
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Piquetage
à Vancouver le 14 octobre 2017 pour demander le retrait du
projet de loi C-59 et l’abrogation de la loi C-51
Audiences
du
Comité
permanent
de
la
sécurité
publique et
nationale
• Inquiétudes au sujet du dangereux
projet de loi
• Le ministre, les agences de renseignement,
de la police et de l'espionnage s'adressent au comité
Audiences du Comité permanent de
la sécurité publique et nationale
Inquiétudes au sujet du dangereux projet de loi
Durant les audiences du Comité permanent de la
sécurité publique nationale qui ont eu lieu du 5
décembre 2017 au 8 février 2018, des organisations ont
été invitées à donner leurs opinions. Voici
certains extraits des interventions des organisations de défense
des droits et libertés, d'associations d'avocats et de
professeurs.
Organisations de défense des libertés
civiles
Cara Zwibel, avocate générale par
intérim, Association canadienne des libertés civiles :
« Ce nouveau projet de loi a partiellement
remédié à certaines des lacunes constitutionnelles
du projet de loi C-51, mais il ne les a certainement pas tous
réparées. »
« ...l'expression 'réduire les menaces
pour la sécurité du Canada', qui enclenche la
communication d'information, demeure inutilement vaste et circulaire.
On voit mal pourquoi cette définition est beaucoup plus vaste
que celle de la Loi sur le Service canadien du renseignement de
sécurité (SCRS), et nous craignons encore que des actes
de défense, de protestation, de dissidence ou
d'expression artistique protégés par la Constitution,
surtout de la part de militants écologistes ou autochtones,
continuent d'être visés dans le processus. »
« ...la liste de mesures énoncées
à l'article 21.1(1.1) du projet de loi n'exige un mandat
que lorsque le SCRS détermine qu'il pourrait enfreindre la loi
ou limiter un droit garanti par la Charte. Il faudrait qu'un mandat
soit toujours exigé lorsque le SCRS prend ces mesures. Il est
essentiel de ne pas laisser le SCRS déterminer seul si une
loi est violée ou si un droit garanti par la Charte est
limité. »
Elle a dit ce qui suit au sujet des modifications
apportées à la Loi sur la sûreté des
déplacements aériens : « Le processus
utilisé pour ajouter des noms à la liste [Liste
d'interdiction de vol] demeure opaque, et les mécanismes de
recours sont inadéquats. Le projet de loi C-59 omet
également de corriger les lacunes de la
procédure d'appel, qui ressemble au système qui
était en place pour les certificats de sécurité
avant la décision de la Cour suprême dans l'affaire
Charkaoui en 2007. [...] À l'heure actuelle, le processus
autorise l'utilisation de ouï-dire et de preuves secrètes,
sans permettre à un avocat spécial de vérifier les
preuves ou de représenter
les intérêts de la personne dont le nom figure sur la
liste. »
Lex Gill, représentante, Programme de la sécurité
nationale, Association canadienne des libertés civiles :
« ...les aspects cyberopérationnels actifs
et défensifs proposés pour le mandat du CST autorisent
essentiellement les autorités en place à se livrer, en
secret et largement sans contrainte, à des activités de
piratage et de perturbation parrainées par l'État. Ces
activités ne doivent pas cibler les infrastructures canadiennes,
ce qui est manifestement
inadéquat comme restriction compte tenu de la nature
fondamentalement interreliée de l'écosystème
numérique. Les activités de ce genre auront
inévitablement une incidence sur la vie privée, la
liberté d'expression et la sécurité des Canadiens
et des personnes se trouvant au pays, et elles pourraient menacer
l'intégrité des outils de communication
comme le cryptage et les logiciels d'anonymat qui sont essentiels pour
protéger les droits de la personne à l'ère
numérique. »
« Les activités
cyberopérationnelles du CST ne font l'objet d'aucune mesure
importante de protection des renseignements personnels, ne
nécessitent qu'une autorisation ministérielle
secrète et font seulement l'objet d'un examen après
coup. »
« Le projet de loi C-59 aggrave ce risque en
créant une série d'exceptions relatives aux
données canadiennes, notamment en autorisant l'acquisition,
l'utilisation, l'analyse, la conservation et la divulgation, pourvu que
ce soit accessible au public.
« La définition est vaste au point de
plausiblement englober les renseignements personnels que les gens
tiennent beaucoup à protéger, et de peut-être
autoriser la collecte de données personnelles obtenues à
la suite de piratage, de fuites ou d'autres moyens illicites. De plus,
elle pourrait encourager la création d'un marché gris
pour des données
qui n'auraient autrement jamais été à la
disposition du gouvernement, qui est un client riche. Le gouvernement
n'a pas démontré pourquoi cette exception, dans sa
formulation actuelle, est nécessaire ou proportionnée, ou
quel risque elle est censée atténuer. »
« Nous ne croyons pas que l'autorisation du
ministre responsable et du ministre des Affaires
étrangères suffise. Nous préférerions que
ce genre de pouvoir soit encadré à peu près comme
les pouvoirs de perturbation ou de réduction des menaces qu'on
trouve dans la Loi sur le SCRS. Nous observons des mesures de
surveillance et
d'autorisation préalable beaucoup plus rigoureuses dans ce
contexte. »
Micheal Vonn, directrice de la politique, Association des
libertés civiles de la Colombie-Britannique :
« Grâce aux années de rapports du
commissaire du CST, entre autres, nous savons que les litiges relatifs
à l'interprétation des normes et des définitions
juridiques ont toujours été une source de
préoccupation, et que les activités liées à
la sécurité nationale en général sont
ravagées par le problème des « lois
secrètes », où le libellé d'une
loi ou d'une directive est interprété d'une façon
parfois obscure ou très troublante, des interprétations
qui peuvent ne pas être mises au jour avant des
années. »
« Le critère auquel il faut satisfaire
pour acquérir des ensembles de données canadiens -- qui,
il ne faut pas l'oublier, sont définis expressément comme
étant des ensembles de données qui contiennent des
renseignements personnels qui ne sont pas directement et
immédiatement liés à des activités
représentant une menace à la sécurité du
Canada -- consiste simplement à démontrer que les
résultats produits par leur recherche ou leur exploitation
pourraient être pertinents et il faut que cette évaluation
soit raisonnable.
« On pourrait faire valoir que la vaste
portée dont profite la collecte des données de masse est
au moins limitée par l'exigence d'une autorisation judiciaire
visant la conservation de ces ensembles de données, mais
plutôt que d'offrir une protection efficace, cette autorisation
intensifie simplement les effets des critères très peu
élevés qui l'ont
engendrée. Les renseignements personnels qui ne sont pas
directement et immédiatement liés à des menaces
à la sécurité du Canada peuvent être
recueillis s'ils « peuvent être pertinents », si
cette évaluation est « raisonnable », et si le
ou la juge décide ensuite que les ensembles de données
peuvent être conservés parce qu'ils répondent
au critère selon lequel « ils sont susceptibles
d'être utiles ».
« Ce sont donc les seuils de ce que la plupart
des Canadiens qualifieraient de surveillance de masse, et nous croyons
que la plupart des Canadiens rejetteraient ces seuils, car ils sont
beaucoup trop bas. Ainsi, une bonne occasion d'améliorer ces
pratiques de surveillance est gaspillée dans le projet de loi
C-59.
« Les critères proposés
représentent une érosion importante des protections de la
vie privée qui découlent du critère de stricte
nécessité qui s'applique actuellement. Nous recommandons
que les dispositions sur les données de masse du SCRS soient
révisées pour qu'elles soient expressément
visées par le critère de stricte nécessité
au lieu de
représenter une exception à ce critère. Nous
recommandons également que des critères de collecte de
données de masse -- comme ceux établis par le CSARS, qui
sont pragmatiques et dotés de principes -- soient établis
dans le projet de loi. »
Alex Neve, secrétaire général,
Amnistie internationale Canada :
« Sans mesures de protection et restrictions
adéquates, des activités trop générales
liées à la sécurité nationale sont
préjudiciables pour des particuliers et des collectivités
qui ne constituent absolument pas une menace à la
sécurité. Dans tous ces cas, l'impact est souvent
ressenti de façon disproportionnée et discriminatoire par
des communautés
religieuses, ethniques et raciales précises, créant ainsi
une autre préoccupation liée aux droits de la
personne. »
« Actuellement, à part la Loi sur
l'immigration et la protection des réfugiés , aucune
des lois canadiennes liées à la sécurité
nationale ne mentionne précisément les obligations
internationales du Canada en matière des droits de la personne
ni ne les intègre. [...] Notre première recommandation,
par conséquent, reste de modifier le projet
de loi C-59 pour inclure une disposition exigeant que toutes les lois
liées à la sécurité nationale soient
interprétées conformément aux obligations
internationales du Canada en matière de droits de la
personne. »
« il doit y avoir une interdiction précise
selon laquelle le SCRS ne participera à aucune activité
de réduction des menaces qui constituerait un manquement
à l'égard des obligations au titre de la Charte ou des
obligations internationales en matière de droits de la
personne. »
« Enfin, le projet de loi C-59 ne réforme
pas comme il faudrait l'approche prise en matière de
sécurité nationale dans le cadre des procédures de
l'immigration. Il y avait de graves préoccupations liées
au fait que le projet de loi C-51 accentue le caractère
inéquitable du processus lié au certificat de
sécurité pour l'immigration, par exemple, en
cachant certaines catégories de preuves aux avocats
spéciaux. »
Tim McSorley, (coordonnateur national, Coalition pour la
surveillance internationale des libertés civiles) :
Ce groupe n'a pas été invité
à témoigner mais le groupe OpenMedia l'a invité
car il croyait qu'il méritait d'être entendu.
« Nous maintenons notre opposition fondamentale
et nous demandons l'abrogation du système des listes
d'interdiction de vol. »
« Nous craignons que dans sa formulation actuelle
ou future, la LCISC ( Loi sur la communication d'information ayant
trait à la sécurité du Canada ) n'entrave la
capacité légitime des dissidents et des manifestants au
Canada à se mobiliser du fait de l'inclusion de la
définition actuelle des infrastructures essentielles.
« ...en ce qui concerne la loi proposée
sur le CST et le SCRS, à savoir qu'il faut attribuer des
rôles proactifs pour ce qui est de la divulgation des
renseignements étrangers. Quant à la LCISC, que nous
ayons des définitions claires du partage de renseignements
étrangers et de la façon dont il peut avoir
lieu. »
Dominique Peschard et Denis Barrette, porte-paroles,
Ligue des droits et libertés :
« Le pouvoir accordé au SCRS de constituer
légalement des bases de données sur l'ensemble des
Canadiens est inacceptable. Il n'y a pas de restriction sur les
données que le SCRS peut compiler, pourvu qu'elles soient
considérées comme publiques, ce qui est très
large. D'autres ensembles de données pourront être
compilés après l'approbation
d'un juge sur la base de critères très faibles. Il suffit
qu'il soit probable que la conservation de ces données aide le
Service. »
« En vertu de ces dispositions, le SCRS pourra
continuer, en toute légalité, d'espionner et de monter
des données et des dossiers sur des groupes contestataires,
écologistes, autochtones et autres qui ne font qu'exercer leurs
droits démocratiques. Le SCRS pourra compter sur le soutien du
CST qui, lui aussi, pourra acquérir, utiliser, analyser,
conserver et divulguer de l'information accessible au public et dont le
mandat inclut l'assistance technique au SCRS. Ces bases de
données pavent également la voie au Big Data et à
l'exploration de données qui mènent à la
constitution de listes de personnes sur la base de profils de risque.
Nous sommes opposés à cette approche de la
sécurité, qui
finit par placer des milliers d'innocents sur des listes de suspects et
qui cible de manière disproportionnée les musulmans et
les musulmanes.
« Avec le projet de loi C-59, le SCRS pourra
continuer de prendre des mesures actives, notamment de perturbation,
pour contrer les menaces. Les mesures peuvent limiter un droit ou une
liberté garantis par la Charte canadienne des droits et
libertés , si un juge accorde un mandat autorisant la prise
de ces mesures. Soulignons que ces
autorisations judiciaires sont consenties dans le secret, ex parte, de
sorte que les personnes visées par ces atteintes à leurs
droits ne pourront pas plaider devant le juge leur «
innocence » ou le caractère déraisonnable des
mesures. II se peut même qu'elles ignorent que le SCRS soit
à l'origine de leurs déboires, ce qui les
empêcherait de porter
plainte après les faits. Ces pouvoirs évoquent les abus
révélés par la Commission Macdonald pour contrer
la menace séparatiste. En conséquence, nous sommes
fermement opposés à l'octroi de ces pouvoirs au
SCRS. »
Leurs recommandations comprennent :
- que la Loi sur la
sûreté des transports aériens soit
abrogée et que toute liste d'interdiction de vol soit abolie ;
- que le critère pour
donner et recevoir de l'information dans l'application de la Loi
sur la communication d'information soit celui de ce qui est «
strictement nécessaire ;
- que soit retiré au
SCRS le pouvoir de prendre des mesures actives, notamment de
perturbation, pour contrer les menaces ;
En ce qui concerne l'Office de surveillance des
activités en matière de sécurité nationale
et de renseignement, ils recommandent qu'il « dispose des
ressources matérielles, humaines et financières
nécessaires pour accomplir son mandat ».
D'autres recommandations comprennent que «
l'Office doit être clairement vu comme un organisme
indépendant qui a aussi une expertise et dont le mandat est de
rendre compte à la population. Nous pensons que ce qui ne
fonctionne pas dans le projet de loi C-59, c'est que l'Office rend
compte beaucoup plus au ministère et au gouvernement
qu'à la population de la façon dont les agences se
comportent. On pourrait modifier le projet de loi C-59 pour que
l'Office agisse plus comme un chien de garde qui rend compte à
la population de la façon dont les agences accomplissent leur
mandat par rapport au respect des droits. »
Groupes de défense
Ihsaan Gardee, directeur exécutif, Conseil
national des musulmans canadiens :
« La loi va trop loin. Elle garantit quasiment
une violation de la Constitution et offre une justification
inadéquate. Elle renforce le milieu de la sécurité
alors que toutes les données probantes montrent clairement que
les institutions responsables de la collecte de renseignements et
d'application de la loi liée à la sécurité
nationale sont en
difficulté, truffées de préjugés et
d'intimidation à tous les échelons. La surveillance de
ces agences n'est pas suffisante. Il faut une vraie
réforme. »
« Au cours des 15 dernières
années, il y a eu trois enquêtes judiciaires distinctes,
de nombreuses décisions de tribunaux, des ententes à
l'amiable et des excuses qui reconnaissent les violations de la
Constitution commises par des responsables du renseignement et de
l'application de la loi dans le contexte de la sécurité
nationale contre
d'innocents musulmans. Les musulmans canadiens sont non seulement
touchés de façon disproportionnée par ces erreurs
et abus, mais ils font les frais des répercussions sociales
lorsqu'apparaissent des sentiments xénophobes et antimusulmans.
Le CNMC est d'accord avec un grand nombre d'experts
selon lesquels donner plus de pouvoir aux organismes de
sécurité ne signifie pas nécessairement que les
Canadiens seront plus en sécurité. Les erreurs des
responsables de la sécurité nationale non seulement
exposent des personnes innocentes à un risque de soupçons
et de stigmatisation,
mais détournent aussi l'attention des réelles menaces
tout en empêchant des actions pouvant efficacement promouvoir la
sûreté et la sécurité. Alors même
qu'Alexandre Bissonnette concoctait son attaque meurtrière
contre une mosquée de Québec, la GRC ' fabriquait un
crime ' selon un juge de la Cour supérieure de la
Colombie-Britannique, dans
un litige contre John Nuttall et Amanda Korody. Ce sont des personnes
qui se sont converties à l'islam, d'anciens
héroïnomanes vivant sur l'aide sociale, dont les
accusations de terrorisme ont été retirées
l'année dernière lorsqu'un tribunal a découvert
qu'ils avaient été piégés par la police. Le
projet de loi C-59 renforce le milieu de la sécurité,
mais
ne répond pas aux besoins en matière de
sécurité des musulmans canadiens. Même si
l'idée de prévention est louable, tout avantage qu'on
pourra tirer de cette approche sera annulé par les
empiétements sur les droits garantis par la Charte qui touchent
de façon disproportionnée les membres de notre
communauté, empiétements qui continueront de
se produire sous le couvert de la réduction de la menace, de la
communication de renseignements et de l'établissement de listes
d'interdiction de vol. »
« Pour beaucoup de jeunes musulmans canadiens, la
participation documentée et admise d'organismes responsables du
renseignement et de l'application de la loi à des cas
d'extradition et d'autres violations des droits de la personne, ce
à quoi s'ajoutent le manque total de responsabilisation et les
perceptions d'impunité qui en ont découlé, ont
suscité un manque de confiance à l'égard du milieu
canadien de la sécurité. »
« La perte de confiance envers l'organisme de
sécurité parmi les communautés musulmanes
canadiennes a été exacerbée par l'absence de
responsabilisation à l'égard des torts passés dont
ont été victimes d'innocents musulmans. Même si le
gouvernement a conclu d'importants règlements et
présenté des excuses, aucun membre de ces
organismes n'a été tenu responsable de ses actes.
Autant que nous sachions, il n'y a eu aucune mesure
disciplinaire, et aucune reconnaissance publique. Plutôt que
d'être tenues responsables, certaines des personnes
impliquées dans le cas bien connu de Maher Arar, qui a
été torturé, ont même été
promues au sein des organismes.
Dans le meilleur des cas, il faut parler
d'incompétence individuelle et institutionnelle au sein des
organismes de sécurité. Dans le pire des cas, c'est une
négligence grave et de la mauvaise foi. Ni l'un ni l'autre n'est
acceptable, et les contribuables canadiens qui financent ces organismes
méritent mieux.L'absence de responsabilité reflète
une
culture d'impunité au sein des organismes canadiens responsables
de la sécurité qui renforce l'insécurité
éprouvée par les musulmans canadiens. Le projet de loi
C-59 n'atténuera pas les problèmes liés au SCRS.
Aucun niveau de surveillance administrative ne peut éliminer des
maux systémiques. Ces organismes doivent être
réformés. »
« Selon nous, le projet de loi ne tient aucun
compte de l'impact réel que des préjugés dans le
milieu de la sécurité nationale, qui créent de
l'insécurité et causent des préjudices, peut avoir
dans nos communautés. Sans un mandat législatif clair et
des directives de notre gouvernement, nous ne croyons pas que la
société civile à elle seule peut
changer la culture au sein du SCRS et d'autres organismes de
sécurité. Nous sommes prêts à aider, mais
nous ne pouvons pas porter ce fardeau seuls. »
Faisal Bhabha, conseiller juridique, Conseil national
des musulmans canadiens :
« Premièrement, nous demandons la
suppression de la liste d'interdiction de vol, qu'on appelait avant le
Programme de protection des passagers. Nous constatons que cette
initiative continue d'être très préjudiciable pour
les familles canadiennes et n'offre aucun remède ou recours
efficace, comme mon collègue, ici, vous le dira. »
« Selon nous, aucun rafistolage ne permettra de
régler le problème sous-jacent, soit que la liste
d'interdiction de vol est l'un des instruments de profilage racial et
religieux les plus dommageables actuellement au pays. C'est le pendant,
dans le domaine de la sécurité nationale, du fichage dans
le contexte des services policiers en zone urbaine.
Depuis la mise en oeuvre de la liste, elle a causé tellement de
préjudices sans donner de résultat clair ou établi
qu'on ne peut tout simplement pas justifier son maintien au sein de
notre démocratie fondée sur la primauté du droit.
C'était une expérience intéressante, mais il est
temps de l'arrêter. Ce dont le Canada a besoin, c'est non pas
d'une liste
de voyageurs interdits, mais plutôt de meilleures
activités d'enquête et de renseignement afin que les
personnes qui constituent vraiment un risque ou qui ont commis des
crimes puissent être traduites devant le système de
justice pénale. »
« La deuxième recommandation, c'est qu'il
faut réformer le SCRS. En ce qui a trait au Service, nous
affirmons qu'on ne peut pas lui donner des pouvoirs
supplémentaires, vu le manque de confiance actuel à
l'égard de l'institution de la part de nombreux Canadiens. Il y
a tout simplement trop de preuves d'un biais et d'une discrimination
systématiques pour que nous puissions demander aux musulmans
canadiens et aux autres citoyens de croire que tout nouveau pouvoir ne
sera pas exercé de façon inappropriée ou
discriminatoire. En fait, tout porte à croire que tout nouveau
pouvoir sera exercé de façon inappropriée et
discriminatoire. Comme on l'a mentionné, les violations
liées à
la sécurité nationale touchent de façon
disproportionnée les musulmans canadiens, même si ce n'est
pas seulement les musulmans canadiens, et ce n'est pas une
coïncidence. Ce dont on a besoin, c'est un changement de culture
au sein des organismes de sécurité nationale avant que
Canadiens puissent croire que les enquêtes ne sont pas
fondées sur
des préjugés et des stéréotypes et que ces
préjugés et stéréotypes ne vont pas
définir la façon dont les nouveaux pouvoirs
proposés de perturbation seront utilisés. »
Zamir Khan, un des parents fondateurs de No-Fly List
Kids :
« Je suis simplement un citoyen canadien et un
père, ici pour témoigner des répercussions
négatives qui peuvent découler des lacunes
législatives et lorsque les renseignements recueillis par nos
propres organismes de sécurité sont utilisés de
façon aléatoire. »
« Comme vous le savez probablement, le Programme
de protection des passagers, qu'on appelle aussi la liste
d'interdiction de vol du Canada, a été mis en oeuvre
en 2007. La conception du programme incluait, pour reprendre les
mots de notre actuel ministre de la Sécurité publique et
de la Protection civile, une ' erreur fondamentale'.
Cette lacune, qui persiste aujourd'hui, c'est que la
vérification pour déterminer si des passagers figurent
peut-être sur la liste des personnes interdites de vol revient
aux transporteurs aériens et se fait uniquement en fonction du
nom, et ce, même si les renseignements d'enregistrement et la
liste de surveillance dressée au titre de la Loi sur la
sûreté des déplacements aériens
contiennent des identifiants supplémentaires, comme la date de
naissance. »
« Les statistiques au sujet du programme et de
son efficacité n'ont pas été communiquées
depuis sa mise en place en 2007, quand le ministre des Transports
a indiqué qu'il y avait jusqu'à 2 000 noms sur
la liste. Notre groupe a été contacté par plus
de 100 familles touchées, qui représentent seulement
la pointe de
l'iceberg. La vaste majorité des voyageurs ainsi ennuyés
ne connaissent pas la source de leur difficulté puisque la
Loi sur la sûreté des déplacements aériens
interdit explicitement de divulguer des renseignements liés
à une personne inscrite. Cependant, à la lumière
des noms des personnes faussement identifiées que nous
connaissons et vu
le nombre de Canadiens qui ont le même nom, nous pouvons estimer
de façon conservatrice que plus de 100 000 Canadiens
pourraient être des faux positifs lorsqu'ils prennent
l'avion. »
« Mon fils de trois ans, Sebastian, a
été traité comme une personne possiblement
inscrite depuis sa naissance. Cela signifie que, pour les deux
premières années de sa vie, Sebastian était assez
jeune, au titre de la réglementation sur les voyages, pour
être considéré comme un bébé qui
voyage sur les 'genoux d'un parent' et qui n'avait pas besoin
d'un siège dans l'avion, mais assez vieux pour être
considéré comme une possible menace pour la
sécurité. »
« Cette stigmatisation a été
décrite par le ministre comme une expérience
traumatisante pour eux et leur famille. Lorsque les enfants grandiront
et deviendront adolescents et jeunes adultes, particulièrement
les jeunes hommes, leur innocence deviendra moins évidente.
Comme notre groupe l'a appris, les retards deviennent plus longs, et
les
contrôles, plus intenses. Cela signifie que certaines familles
ont manqué des vols et que des enfants refusent de voyager par
crainte d'être stigmatisés. Ce n'est pas le genre d'avenir
que je souhaite à mon fils. La Loi sur la
sûreté des déplacements aériens permet
au ministre de conclure des accords avec des États
étrangers pour divulguer les
noms figurant sur notre liste de surveillance. Par exemple, un groupe
de travail a été créé en 2016 pour
communiquer les noms figurant sur notre liste d'interdiction de vol
avec les États-Unis. La possibilité que ces
données soient communiquées à l'échelle
internationale est troublante pour nos familles, qui ont vécu
des épreuves effrayantes,
les gens étant questionnés, ou leur passeport,
confisqué, lorsqu'ils voyagent à l'étranger. En
fait, mon épouse et moi sommes préoccupés par le
traitement qu'on nous réservera si notre famille décide
de voyager à l'extérieur du Canada, vu ce qui se passe
déjà au pays. »
« En janvier 2016, le ministre a
souligné aux transporteurs aériens que les enfants
âgés de moins de 18 ans n'ont pas à faire
l'objet de contrôles supplémentaires. Cependant, comme la
CBC l'a déclaré, le résultat a été
qu'Air Canada a rappelé à ses employés que toute
correspondance avec les noms figurant sur la liste doit faire
l'objet d'une vérification en personne de l'identité,
peut importe l'âge. En juin 2016, le gouvernement a
annoncé la création du Bureau de renseignements sur le
Programme de protection des passagers, le BDRPPP, visant à aider
les voyageurs qui ont eu de la difficulté parce qu'ils figurent
sur des listes liées à la sûreté de
l'aviation. Notre
groupe n'est au fait d'aucune famille dont le problème a pu
être réglé par le BDRPPP. Pour le Canadien moyen,
une solution consisterait à éliminer de façon
permanente une personne fichée à tort. Le BDRPPP
considère que recommander d'inscrire son enfant à un
programme de récompense d'un transporteur aérien ou que
présenter une demande
dans le cadre du système de recours du Department of Homeland
Security américain est une solution. Pour les personnes
visées par la liste canadienne comme mon fils, un numéro
de recours américain n'est d'aucune aide. Les programmes de
récompense des transporteurs aériens constituent une
solution de fortune qui manque d'uniformité et qui
est viciée, une solution que le ministre a qualifiée de
solution provisoire. Ce n'est pas assez bon. »
« Le groupe a réussi à obtenir des
lettres de 202 députés, soit les deux tiers de la
Chambre des communes, des lettres qui demandaient toutes la
création rapide d'un système de recours. Il semble que
tous les partis soient favorables à un tel système, mais
me voilà rendu aux mauvaises nouvelles. À la lecture des
modifications proposées à
la Loi sur la sûreté des déplacements
aériens contenues dans le projet de loi C-59, il est
apparent que, même si le projet de loi fait un petit pas en avant
en vue d'établir le système de recours, il n'en
établit pas un au bout du compte. »
« ...le projet de loi C-59...n'arrive même
pas près de définir en détail un système de
recours à l'intention des personnes faussement visées en
raison de la liste. Mon dernier point, c'est que nous ne demandons pas
au gouvernement de réinventer la roue. On n'a qu'à
regarder ce qu'a fait notre plus proche voisin, les États-Unis.
Nous avons joint
des saisies d'écran de données de réservation pour
le même passager voyageant du Canada à Halifax et New York
avec un transporteur aérien canadien, Air Canada. Comme vous
pouvez le voir, la technologie existe déjà, une
technologie permettant au passager de consigner son numéro de
recours lorsqu'il voyage aux États-Unis afin d'être
autorisé
à voyager au moment de l'enregistrement. »
Laura Tribe, directrice exécutive, OpenMedia :
Laura Tribe décrit OpenMedia comme « un
organisme communautaire voué à la promotion d'un Internet
ouvert, abordable et exempt de surveillance ».
Madame Tribe décrit OpenMedia comme « un
organisme communautaire voué à la promotion d'un Internet
ouvert, abordable et exempt de surveillance ».
« Je suis d'avis que les cyberopérations
actives, et plus particulièrement celles qui visent à
déployer des outils à l'étranger, posent un grand
risque pour la sécurité du Canada, dans la façon
dont elles pourraient être exploitées. »
« Je pense qu'une fois que de tels pouvoirs
existent à l'intérieur d'un système très
opaque, dans lequel il est difficile d'intégrer des
mécanismes de transparence, il est difficile de concevoir
comment nous pouvons avoir confiance, alors que nous voyons que ce
système est constamment utilisé à mauvais escient
dans le monde entier. Nous ne
nous inquiétons pas que le gouvernement actuel soit sur le point
de déployer toutes ces armes. Nous nous inquiétons
plutôt que de tels pouvoirs existent, sans aucune justification
pour prouver que nous en avons besoin. »
En réponse à une question concernant les
rapports de partage d'information entre la GRC et la Drug Enforcement
Agency aux États-Unis, madame Tribe dit : « L'un des
soucis majeurs, je crois, est que nous ne savons pas combien d'ententes
de partage d'information le Canada a conclues et le fait que nous ne
disposons d'aucune
information à ce sujet. Nous ne savons pas avec qui les ententes
ont été conclues. Nous ignorons quelles sont nos
alliances ou de quoi il s'agit. Lorsque le gouvernement du Canada
obtient nos renseignements, que nous les communiquions ou qu'il les
recueille directement, nous ignorons leur destinée. Inversement,
quand nous souscrivons des
ententes avec d'autres pays, nous ne savons pas comment cette
information peut revenir au Canada. En outre, notre communauté
n'a de cesse de répéter que, quelle que soit
l'information dont il s'agit, n'importe qui peut éventuellement
l'obtenir dans le réseau des organismes membres du Groupe des
cinq ou de n'importe quel ministère des pays
alliés. Une fois qu'une information est saisie dans un ensemble
de données, elle l'est dans celui de tout le monde. »
Un membre du Comité qui est d'avis que le Canada
a besoin d'une « capacité offensive » en
matière de cybersécurité lui a
demandé : « J'aimerais savoir ce que vous
conseilleriez à ce gouvernement ou à tout autre
gouvernement canadien pour se prémunir contre les menaces bien
réelles qui existent dans le cyberespace ou les
cyber-réseaux ? » Ce à quoi elle a
répondu : « Ce qui nous préoccupe surtout,
c'est l'absence de freins et de contrepoids dans la formulation
actuelle de la loi proposée sur le CST. [...] Fondamentalement,
cependant, nous sommes préoccupés par le fait que la
portée de la loi est trop vaste et qu'elle laisse le CST faire
trop de
choses sans la reddition de comptes et les mécanismes de
contrôle nécessaires pour veiller à ce qu'il soit
utilisé uniquement si quelqu'un cible quelque chose comme notre
infrastructure énergétique. »
« Les précisions qui permettraient aux
Canadiens d'avoir confiance sont absentes. Nous n'avons pas
été consultés à ce sujet. Lors des
consultations, on ne nous a jamais demandé ce que nous pensions
donner de nouveaux pouvoirs au CST. Je crois que les
préoccupations de notre organisme viennent de
là. »
Associations de juristes
Peter Edelmann, membre à titre particulier,
Section du droit de l'immigration, Association du Barreau
canadien :
Maître Edelmann dit que bien que l'Association du
Barreau canadien « appuie généralement les
objectifs et la structure du projet de loi C-59 », elle est
d'avis que « la définition d''activité portant
atteinte à la sécurité du Canada', à
l'article 2, reste très vaste et, en particulier, elle
diffère de la définition de 'menaces envers la
sécurité du Canada' selon la Loi sur le Service
canadien du renseignement de sécurité . Rien ne sert
d'avoir deux définitions. Cela prête à confusion et
ne donne pas de mandat clair aux organismes de sécurité
nationale et, en particulier, à un office de surveillance ou
d'examen. Je signale au passage que la modification à
l'exception au
paragraphe 2(2) de la LCISC est troublante, car elle limite
considérablement la protection que prévoit la version
actuelle. Plusieurs activités politiques légitimes
pourraient être perçues comme des atteintes à la
souveraineté ou à l'intégrité territoriale
du Canada.
« Par le passé, nous avons
recommandé d'adopter une définition claire et
cohérente de 'sécurité nationale' et nous ne
changeons pas d'idée. On ne sait pas non plus si certaines
autres activités entrent dans la définition de
'sécurité nationale'. Ainsi, la Loi sur la
sûreté des déplacements aériens, la
LSDA, ne dit rien de la sécurité
nationale et on ne sait pas trop si la surveillance des
activités visées par la LSDA relèverait de l'OSSNR
ou pas. Autrement dit, s'agit-il ici d'une loi de
sécurité nationale ? Est-ce l'OSSNR qui en est
responsable ?
« Il est manifestement essentiel de coordonner
l'action de l'OSSNR avec celle d'autres organismes de surveillance,
mais nous dirions que le cadre de l'examen présente encore des
lacunes importantes. Le problème est particulièrement
criant dans le cas de l'Agence des services frontaliers du Canada, et
nous avons exprimé des préoccupations
au sujet de cette absence d'examen indépendant de l'ASFC
plusieurs fois par le passé. L'ASFC, l'un des plus importants
services d'application de la loi au pays, n'est pas soumise à
une surveillance ou un examen indépendant. »
« Quant au SCRS, nous demeurons
préoccupés par les pouvoirs de perturbation. En
particulier, les pouvoirs cinétiques du SCRS lui viennent de son
mandat d'origine, consécutif à la Commission McDonald.
[...] Nous avons toujours les mêmes préoccupations que
jadis au sujet de ces mandats qui limitent les droits garantis par la
Charte dans ce
contexte. »
Faisal Mirza, président, Conseil
d'administration, Association canadienne des avocats musulmans :
« En particulier, le projet de loi passe sous
silence un élément clé de la
sécurité, à savoir le critère juridique
minimal pour la fouille de dispositifs numériques à la
frontière. »
« [...] je suis d'avis que des directives
législatives sont nécessaires pour préciser dans
quelles circonstances l'ASFC peut fouiller des dispositifs
numériques à la frontière. Nous pouvons nous
étendre sur le fait que le projet de loi marque un
progrès dans la conciliation des droits individuels et des
intérêts de l'État, mais la réalité
sur le terrain est
qu'il est possible de contourner toutes ces dispositions en fouillant
les dispositifs numériques de voyageurs à la
frontière. La Loi sur les douanes doit être
révisée. Elle date des années 1980,
époque où les dispositifs numériques
n'étaient pas la norme, et il y était question de la
fouille des bagages des voyageurs.
« L'utilisation de la collecte de données
est l'avenir de la sécurité nationale et les dispositifs
qu'emportent les gens font manifestement partie intégrante de
l'équilibre à trouver entre les intérêts
individuels et la protection de notre sécurité. Dans le
monde d'aujourd'hui, la plupart des gens voyagent. Les Canadiens de
retour au pays sont
facilement soumis à la fouille sans restriction de leurs
dispositifs numériques. Il faut adopter un meilleur
critère juridique minimal qui tienne compte de la nature de la
technologie. À l'heure actuelle, les douanes et le gouvernement
estiment qu'il n'existe pas de critère juridique minimal qui
empêche de fouiller les cellulaires, les portables et ainsi de
suite des personnes qui se représentent à la
frontière. Même avec une attente réduite de
protection des renseignements personnels dans ce contexte, il devient
essentiel qu'il y ait au moins un critère juridique minimal
quelconque. Autrement, il devient facile de contourner les dispositions
du Code criminel ou les modifications à la Loi sur
l'immigration et la protection des réfugiés visant
à protéger l'échange de renseignements lorsque des
personnes se présentent à la frontière à
leur retour, sans qu'il leur reste aucune protection. »
Concernant la liste de personnes
soupçonnées d'être liées au terrorisme, il
dit : « La difficulté, c'est que des organisations
privées de leurs actifs ou dont les actifs sont bloqués
sont dans l'impossibilité de prendre un avocat pour
présenter des propositions au ministre ou pour participer
à un contrôle judiciaire obligatoire. En fait, à
notre
sens, cette omission est contraire à la Constitution. On se
trouve devant une infraction à l'article 7 en même
temps qu'une infraction à l'article 10, car ces
entités n'ont pas la possibilité d'engager un avocat pour
se défendre. Cette faiblesse constitutionnelle pourrait poser un
sérieux problème à cette loi à
l'avenir. »
Chercheurs
Christina Szurlej, chaire dotée, Atlantic
Human Rights Centre, St. Thomas University, à titre
personnel) :
« Bien que le projet de loi C-59 ait
corrigé certaines lacunes de la Loi antiterroriste
de 2015 , il subsiste des préoccupations au sujet de
son incidence sur les droits de la personne, et en particulier sur les
droits à la vie privée, le droit de liberté de
réunion et d'association, la liberté d'expression, la
liberté et la sécurité, les droits
démocratiques, l'application régulière de la loi
et les protections contre la discrimination. »
« S'il est question d'ingérence dans la
vie privée des gens, il faut en principe un mandat pour agir.
Et, oui, il existe des circonstances exceptionnelles, mais la Charte
des
droits
et
libertés n'est pas là pour rien :
elle protège constitutionnellement ces droits, et toute atteinte
à ces droits doit être raisonnable.
« Il ne suffit pas de dire que la collecte de
données relève des fonctions du SCRS pour qu'elle
respecte ce seuil. Peut-être faudrait-il démontrer
clairement qu'une menace pèse sur la sécurité
nationale pour justifier le dépassement du seuil. »
Madame Szurlej recommande : « Veiller
à ce que toute limitation des droits de la personne soit
conforme aux obligations nationales et internationales du Canada. Toute
atteinte à ces droits doit être nécessaire,
proportionnée, raisonnable et justifiable dans une
société libre et démocratique. Le gouvernement
doit veiller à ce que la collecte
de renseignements personnels soit directement liée à la
protection de la sécurité publique et nationale et non
pas tangentiellement associée aux fonctions et
responsabilités du SCRS ou de tout autre organisme. Il y aurait
lieu d'adopter une loi visant à protéger la population
canadienne de toute marchandisation des renseignements personnels par
de
tierces parties en contrepartie d'un paiement ou d'un abonnement
à un service. L'Office de surveillance des activités en
matière de sécurité nationale et de renseignement
devrait être doté du pouvoir de rendre des
décisions exécutoires. Le poste du commissaire au
renseignement devrait être un poste à temps plein et non
à temps partiel compte tenu
de l'importance de ce portefeuille. »
Craig Forcese, professeur, Faculté de droit,
Université d'Ottawa, à titre personnel :
« Le nouveau système ne réglera le
problème constitutionnel que s'il intègre toutes les
activités de collecte de renseignements protégés
par la Constitution au nouveau système d'autorisation. C'est
là qu'est le problème. Le projet de loi C-59 ne
prévoit une utilisation de ce processus d'autorisation que dans
le cas d'une contravention à une loi
fédérale. Sur le plan constitutionnel, le processus doit
également être utilisé dans d'autres circonstances.
« Certains types de collecte de renseignements
qui peuvent intéresser un Canadien relativement à la
Constitution ne contreviennent pas à une loi
fédérale. C'est le cas de certaines
métadonnées, par exemple. La solution est simple. Je
recommande d'élargir la portée de la loi ainsi :
« Les activités menées par le Centre dans la
réalisation
du volet de son mandat touchant le renseignement
étranger » ou la cybersécurité «
ne doivent pas contrevenir aux autres lois fédérales ou
entraîner la collecte d'informations pour lesquelles les
Canadiens ou une personne au Canada peut s'attendre raisonnablement
à ce qu'elles soient protégées »,
à moins d'être menées au titre d'une
autorisation ministérielle pouvant faire l'objet d'un examen du
commissaire au renseignement. »
Wesley Wark, professeur,
École supérieure d'affaires publiques et internationales,
Université d'Ottawa, à titre personnel :
Le professeur Wark se porte entièrement à
la défense du projet de loi C-59. Par contre, un de ses
commentaires suffit à dissiper toute notion que les
libéraux ne font que modifier la Loi C-51 pour éliminer
les éléments auxquels les Canadiens s'objectent
fortement :
« Le projet de loi C-59 est un effort très
ambitieux et vaste de modernisation du cadre de la
sécurité nationale du Canada. Il ne faut pas penser que
cela signifie tout simplement que l'on va rafistoler le projet de loi
C-51 du gouvernement précédent. »
Le ministre, les agences de renseignement, de la police
et de l'espionnage s'adressent au comité
Le 30 novembre, le Comité permanent de la
sécurité publique et nationale a tenu sa première
audience dans
le cadre de son étude du projet de loi C-59, Loi concernant des
questions de sécurité nationale. L'audience
comprenait une
déclaration préliminaire du ministre de la
Sécurité publique, Ralph Goodale, suivie des questions et
réponses des
membres du Comité à Goodale, et les déclarations
des représentants du ministère de la
Sécurité publique et de la Protection civile, du Service
canadien du renseignement de sécurité, du Centre de la
sécurité des télécommunications et du
ministère de la Justice.
À ce jour,
après avoir évité un débat à la
Chambre des communes, le gouvernement n'a pas présenté
d'arguments pour expliquer pourquoi les pouvoirs prévus dans la
loi sont nécessaires, sauf pour dire qu'il s'agit de la
moderniser et de protéger les Canadiens. Cela s'est poursuivi au
sein du comité. Goodale n'a pas présenté la raison
d'être de
la loi selon le gouvernement ni expliqué les diverses parties de
la loi et les raisons pour lesquelles elles étaient
présentées. Il a présenté une brève
introduction dans laquelle il a dit que tout ce que fait le
gouvernement vise à protéger les Canadiens et à
défendre nos droits et libertés.
« Dans tout ce que fait notre gouvernement en
matière de sécurité nationale, il y a deux
objectifs inséparables : protéger les Canadiens et
défendre les droits et libertés », a-t-il dit.
Lui et les autres députés du
comité n'ont même pas mentionné dans leurs
remarques les centaines de milliers de Canadiens qui se sont
prononcés contre le projet de loi C-51 et ont demandé son
abrogation complète. Au lieu de cela, Goodale a cherché
à le cacher en présentant les actions du gouvernement
comme si cela venait des Canadiens. «
Le projet de loi C-59 est le fruit des consultations les plus
exhaustives qui aient été menées au Canada sur la
sécurité nationale. Nous avons reçu plus
de 75 000 mémoires provenant d'un grand
éventail d'experts et d'intervenants ainsi que de la population.
Les membres du Comité y ont aussi apporté une
contribution très importante,
comme ils pourront le constater, je l'espère, à son
contenu. »
Cette tentative de surmonter la crise de
légitimité à laquelle le gouvernement est
confronté devant son refus d'abroger le projet de loi C-51 s'est
poursuivie durant la période de questions et réponses. La
première question adressée au ministre est venue de la
députée libérale de Toronto-Danforth Julie
Dabrusin qui a dit : « Pendant les
consultations, j'ai organisé une rencontre à laquelle
beaucoup de gens ont participé. L'assistance était
nombreuse. Les gens étaient très préoccupés
par la protection de la vie privée et des droits garantis par la
Charte.[...]Beaucoup de gens m'ont demandé pourquoi
n'abroge-t-on pas tout simplement l'ancien projet de loi C-51
adopté sous l'ancien
gouvernement lors de la précédente
législature ? Pourquoi a-t-on besoin d'un nouveau projet de
loi ? Pourquoi ne pas abroger la précédente mesure
et laisser les choses comme elles étaient ? »
Goodale a répondu en déclarant «
que le projet de loi C-51 n'existe plus. Son contenu a
été intégré dans d'autres textes
législatifs qui touchent cinq ou six lois et différents
organismes et activités du gouvernement du Canada. C'est un peu
maintenant comme vouloir séparer les oeufs d'une omelette, au
lieu d'abroger simplement ce qui était
là ».
Il a ajouté que « Au sujet de la
consultation dont vous avez parlé, nous avons passé au
peigne fin les lois sur la sécurité au Canada, qu'elles
aient été touchées ou non par le projet de loi
C-51, et nous nous sommes posés la question importante
suivante : 'est-ce la meilleure disposition, la bonne disposition
pour atteindre, dans l'intérêt
des Canadiens, les deux objectifs simultanément, soit assurer
leur sécurité et protéger leurs droits et
libertés ?' »
Mettre les opérations illicites à labri
des contestations judiciaires
Dans ses renarques, Goodale a concentré son
attention à s'adresser aux « pouvoirs de réduction
de la menace du SCRS », qui permettent aux agents du SCRS de
mener toutes sortes d'opérations illicites. Il a cherché
à donner l'impression que les Canadiens sont principalement
préoccupés par la surveillance de ces pouvoirs
plutôt que par
les pouvoirs eux-mêmes. En réponse aux
préoccupations, il a dit que « Le SCRS doit avoir, et les
Canadiens ont besoin que le SCRS ait, des pouvoirs clairement
définis, sans ambiguïté, afin qu'il puisse faire son
travail qui est d'assurer notre sécurité. Le projet de
loi apporte cette clarté. En ayant des pouvoirs très
clairs, les agents du SCRS
peuvent accomplir le travail difficile qui est le leur en sachant
qu'ils le font en respectant pleinement la loi et la
Constitution. »
Ce « projet de loi
fera en sorte que les mesures prises par le SCRS respectent la Charte
des droits et libertés. Le projet de loi C-51 supposait
le
contraire, et même si le SCRS a très clairement
indiqué qu'il n'a jamais utilisé cette option, le projet
de loi C-59 éliminera toute ambiguïté à ce
sujet », a-t-il dit.
En réponse à des questions au cours de
l'audience concernant le projet de loi C-51 et ce que Goodale affirme
être les principaux problèmes qu'il a soulevés, il
a dit :
« Le principal problème
découlant du projet de loi C-51, c'est que le libellé
initial de ce qui est devenu l'article 12.1 de la Loi sur le SCRS
indiquait, en raison de la manière dont il était
structuré, que le SCRS pouvait s'adresser à un tribunal
pour obtenir l'autorisation de violer la Charte. Tous les
spécialistes du droit que j'ai
entendus ont affirmé que cette disposition n'avait aucune valeur
juridique. Une loi ordinaire comme la Loi sur le SCRS ne peut avoir
préséance sur la Charte. C'est cette dernière qui
prime. Le libellé de l'article 12.1 était toutefois
structuré de manière à donner l'impression que le
SCRS pouvait s'adresser à un tribunal pour obtenir
l'autorisation de violer la Charte.
« Le projet de loi C-59 modifie ce
libellé, notamment en ajoutant une liste des activités de
perturbation que le SCRS peut entreprendre avec l'autorisation d'un
tribunal. Cependant, lorsqu'il s'adresse à la cour pour obtenir
cette autorisation, ce n'est pas pour être autorisé
à violer la Charte, mais pour s'assurer que les activités
respectent cette
dernière, y compris l'article 1.
« Voilà ce qui différencie la
structure de l'ancienne disposition et le nouveau libellé. Nous
avons tenté d'indiquer nettement que la Charte
prime. »
L'article 1 de la Charte s'énonce
ainsi : « 1. La Charte canadienne des droits et
libertés garantit les droits et libertés qui y sont
énoncés. Ils ne peuvent être restreints que par une
règle de droit, dans des limites qui soient raisonnables et dont
la justification puisse se démontrer dans le cadre d'une
société libre et
démocratique. »
Durant les mêmes audiences, le directeur du SCRS
a expliqué que le rapport entre ces « pouvoirs de
réduction de la menace » et la Charte est qu'«
en ce qui concerne la réduction de la menace, on s'assure que
toute éventuelle mesure dans ce qui brimerait la liberté
de quelqu'un aux termes de la Charte fera l'objet d'une requête
auprès
de la Cour fédérale. La Cour fédérale
décidera à ce moment-là si l'entorse faite
à la liberté est raisonnable et proportionnelle, ce que
permet la Charte. C'est la façon dont le projet de loi C-59
aborde la question du respect de la Charte en ce qui concerne le mandat
de réduction de la menace. »
Parmi les autres remarques qu'il a faites, Goodale a
dit « Grâce à l'éventail de nouvelles
dispositions que comprend le projet de loi C-59, nous donnerons au
Service canadien du renseignement de sécurité, à
la GRC et aux autres organismes la capacité et les outils
nécessaires pour être aussi bien informés qu'il est
humainement possible de
l'être au sujet de ces activités et pour pouvoir agir dans
le respect de la loi et de la Constitution afin de faire ce qu'ils
doivent faire pour contrer ces menaces. »
David Vigneault du SCRS a aussi expliqué que le
projet de loi C-59 ne modifie pas les mesures de réduction de la
menace que le SCRS peut prendre pour lesquelles il n'exige pas de
mandat. Il a donné l'exemple que « si nous avions
connaissance d'une personne qui voulait aller à
l'étranger afin de se joindre à une organisation
terroriste, nous
n'aurions pas à obtenir de mandat afin d'intervenir
auprès d'un parent ou des proches de la personne pour les
informer et leur demander d'exercer une influence. Le projet de loi
C-59 ne modifie aucunement la disposition pertinente ».
Définitions d'une infraction liée au
terrorisme
Les intervenants ont ensuite
porté leur attention à la définition de «
propagande terroriste » dans la nouvelle loi et l'infraction
criminelle existante de promotion du terrorisme qui était
incluse dans le projet de loi C-51. En expliquant la nouvelle
formulation qui interdirait « de conseiller la commission
d'infractions de terrorisme »,
Goodale a déclaré que « Le problème à
l'heure actuelle est que la définition du projet de loi C-51
étant très vaste et très vague, elle est
pratiquement inapplicable, et la disposition n'a pas été
utilisée. Le projet de loi C-59 propose donc une terminologie
claire et courante en droit canadien. Il interdirait de conseiller
à une personne la commission
d'infractions de terrorisme. Cela ne nécessite pas qu'une
personne en particulier soit incitée à commettre une
infraction particulière. Le simple fait d'encourager les autres
à poser des gestes terroristes non spécifiques se
qualifiera et enclenchera cette disposition du Code
criminel. »
« La loi étant plus claire, il sera plus
facile de l'appliquer. Des poursuites seront peut-être
intentées en vertu de cette nouvelle disposition pour cette
infraction, ce qui n'a pas été le cas jusqu'à
maintenant », a-t-il ajouté.
En réponse à des préoccupations
soulevées au Parlement concernant de nouvelles mesures de
« reddition de comptes » et si elles forceraient les
agences de sécurité et de renseignement à faire
« trop de pirouettes » Goodale a dit que ce
n'était pas le cas et que deux des principaux experts en
matière de sécurité nationale, Craig
Forcese et Kent Roach, ont déclaré que le projet de loi
représente « des avancées solides -- tant du point
de vue de la règle de droit que des libertés civiles --
et
sans coût apparent pour la sécurité ».
S'adressant à la question d'examen et de
surveillance il a dit « Certaines activités de
surveillance prévues dans le projet de loi auront lieu a
posteriori, et quand les activités de surveillance auront lieu
en temps réel, nous avons inclus des dispositions pour couvrir
les situations d'urgence où il faut intervenir sans
attendre. »
Il a ajouté que « la reddition de comptes
vise, bien sûr, à s'assurer que les droits et les
libertés des Canadiens sont protégés, mais aussi
à s'assurer que nos organismes fonctionnent le mieux possible
pour protéger les Canadiens. La sécurité et les
droits sont deux objectifs essentiels qui doivent être atteints
simultanément, et non pas l'un sans
l'autre ».
La criminalisation de la dissidence
Le député conservateur Dave MacKenzie a
demandé au ministre d'expliquer que le projet de loi C-59
«
interdit expressément les activités de défense
d'une cause, de protestation et tout le reste, les changements
qu'apportera le nouveau projet de loi entraîneront-ils des
accusations qui n'étaient pas possibles en vertu du projet de
loi
C-51 ? Les probabilités de poursuites sont-elles plus
élevées avec le projet de loi C-59 qu'avec le projet de
loi C-51 ? »
Goodale a dit que le «
problème avec le langage utilisé dans le projet de loi
C-51 était que c'était très vaste. Pour reprendre
l'expression des avocats devant la cour, le libellé était
tellement vaste que c'était vague et impossible à
appliquer.
« Je vous rappelle qu'il y a eu certaines
discussions durant la campagne électorale en 2015 faisant
valoir que le libellé de cet article pourrait être
utilisé pour inclure certaines publicités
électorales, ce qui n'était évidemment pas le but
de la mesure législative.
« Nous avons précisé le
libellé sans nuire à son efficacité, et je crois
que nos changements rendront plus probables le dépôt
d'accusations et les condamnations, parce que nous avons dressé
un parallèle avec une structure juridique existante que les
tribunaux, les avocats et les procureurs connaissent, soit l'infraction
de conseiller. Ce n'est
clairement pas obligé que ce soit une personne précise
qui conseille à une autre de faire quelque chose de
précis. Si une personne conseille de manière
générale à une autre de commettre un acte
terroriste, c'est une infraction de conseiller une telle commission en
vertu du projet de loi, tel que nous l'avons écrit. »
Pouvoirs d'arrestation préventive
Douglas Breithaupt directeur et avocat
général de la Section de la politique en matière
de droit pénal du ministère de la Justice a
répondu à une question du député
conservateur Glen Motz au sujet de la modification de la terminologie
de l'article 83.3 du Code
criminel de « peut servir à
prévenir » une activité terroriste à
« est
nécessaire à la prévention » d'un acte
terroriste et de la répercussion de cette modification en termes
de « notre capacité à procéder à des
arrestations préventives ». Breithaupt a
expliqué que le projet de loi C-59 « rétablit l'un
des critères tel qu'il figurait dans l'ancien projet de loi
C-51. Il y a deux critères, à savoir que l'agent de la
paix ait d'abord des motifs raisonnables de croire qu'une
activité terroriste est entreprise, et deuxièmement,
qu'il ait des motifs raisonnables de soupçonner que l'imposition
d'un engagement assorti de conditions ou son arrestation aura, comme il
est écrit actuellement, « vraisemblablement pour effet
d'empêcher que l'activité terroriste ne soit
entreprise. »
Divulguer au lieu de communiquer
Le député du NPD Mathew Dubé a
demandé au ministre de clarifier la différence entre
« communiquer » et « divulguer »
puisque divulguer remplace communiquer dans la Loi sur la communication
d'information ayant trait à la sécurité du Canada.
Le
ministre
a
répondu que « nous ne créons aucun
nouveau pouvoir concernant la
collecte de renseignements. Cela concerne uniquement de l'information
qui existe déjà ». À un autre moment de
l'audience, Vincent Rigny, le sous-ministre
délégué auprès du ministère de la
Sécurité publique et de la Protection civile a dit :
« Je pense que c'est en fait un changement très important.
Comme le ministre l'a laissé entendre, en
remplaçant le terme 'sharing' par 'disclosure', on perd la
notion de collecte de renseignements. Il est question de divulguer
l'information, et parfois, je crois que lorsqu'on utilise le terme
'sharing', cela implique qu'il y a collecte de renseignements
également. Ce changement vise donc à clarifier les choses.
« En outre, lorsqu'on parle de 'disclosure', il
est clair que l'information est transmise d'une entité, d'un
organisme, à un autre. Par conséquent, l'organisme qui
divulgue l'information doit respecter certaines exigences en ce qui
concerne l'information qu'elle transmet à une autre
organisation. »
Les cyber-opérations
La député conservatrice Cheryl Gallant a
demandé à la chef du CST, Greta Bossenmaier, si elle
pouvait expliquer la nécessité d'inclure le ministre des
Affaires étrangères dans la prise de décisions
lorsqu'il s'agit d'autoriser des cyberopérations dans les
clauses du projet de loi sur la mise sur pied du CST.
Elle a répondu que pour des
cyber-opérations défensives la ministre devait être
consultée mais que dans des opérations «
actives » (en réalité, des opérations
offensives), l'approbation de la ministre ainsi que du ministre de la
Défense serait requise. Elle a affirmé : «
Bien entendu, le ministre des Affaires étrangères s'y
intéresserait
puisqu'il a la responsabilité des affaires internationales et
étrangères du Canada, et, comme ces activités
visent des cibles étrangères ou des menaces à
l'endroit du Canada, nous incluons par conséquent le ministre
des Affaires étrangères. »
Le pouvoir d'acquisition d'informations par le CST et
le SCRS
Le député néodémocrate
Matthew Dubé a soulevé une question au sujet d'une
contradiction dans les pouvoirs accordés au CST en lien avec
l'acquisition d'information disponible au public et a cité le
paragraphe 23(1) : « il est précisé que
les activités du Centre 'ne peuvent viser des Canadiens ou des
personnes se trouvant au
Canada', tandis que nous avons à l'article 24 du projet de
loi 'Malgré les paragraphes 23(1) et (2), le Centre peut
mener' et ce qui suit a déjà été lu. En
gros, nous disons que les activités ne viseraient pas
normalement des Canadiens ou des personnes se trouvant au Canada, mais
ce n'est plus le cas, parce qu'il est précisé que c'est
fait 'malgré' ce que prévoit l'article 23 du
projet de loi. »
« Acquérir, utiliser, analyser, conserver
et divulguer de l'information sur l'infrastructure à des fins de
recherche et de développement ou de mise à l'essai de
systèmes ou pour mener des activités de
cybersécurité et d'assurance de l'information dans
l'infrastructure à partir de laquelle celle-ci a
été acquise [...]
« À mon avis, cela semble créer une
situation où vous pourriez recueillir de l'information à
partir de l'infrastructure ici au Canada dont se servent
évidemment des Canadiens sans nécessairement avoir la
même obligation qui est créée en excluant les
Canadiens à l'article 23 du projet de loi. »
La chef du CST, Greta
Bossenmaier, a répondu ainsi : « Notre organisme
s'occupe du renseignement électromagnétique
étranger, et nous mettons l'accent sur les cibles
étrangères et les menaces étrangères envers
le Canada. Notre mandat n'est donc pas de mettre l'accent sur les
Canadiens. Nous sommes bel et bien un organisme qui met
l'accent sur les menaces étrangères envers le
Canada. » Plus tard elle ajouta : « Je suis au
paragraphe 24(1) du projet de loi. Dans la première partie,
il est question des « activités ci-après dans la
réalisation de son mandat ». Je répète
que notre mandat a trait au renseignement
électromagnétique étranger et à la
cybersécurité.
C'est vraiment l'élément central qui lie le reste des
alinéas. »
Elle a conclu en disant : « toutes les
activités du Centre, y compris toutes celles qui seront
menées en vertu du paragraphe 24(1) du projet de loi,
feront l'objet des mécanismes de surveillance dont le ministre a
déjà parlé concernant l'Office de surveillance des
activités en matière de sécurité nationale
et de renseignement et
évidemment le nouveau Comité des parlementaires sur la
sécurité nationale et le renseignement ».
Bossenmaier a aussi expliqué qu'avec ces
nouveaux pouvoirs le CST pourrait non seulement répondre
à des attaques contre les infrastructures gouvernementales et
non gouvernementales, mais aussi « tenter d'empêcher une
attaque dirigée contre le Canada, les Canadiens ou une
infrastructure canadienne avant même qu'elle se
produise ».
Le député libéral Michel Picard a
posé une question au ministre au sujet de comment le projet de
loi C-59 pouvait surmonter les obstacles à la
préservation et l'utilisation des informations recueillies en
vertu de la décision du juge Noël de la Cour suprême
qui avait « trouvé qu'il y avait problème face aux
types d'information sur lesquelles on
peut enquêter et qui peuvent être conservées et
utilisés lors d'une enquête ».[1]
Goodale a expliqué que le projet de loi C-59
« donne suite aux conseils et au jugement du juge Noël
concernant une procédure ayant trait à la gestion des
données et des ensembles de données ».
Le directeur du SCRS David Vigneault a expliqué
que sous les nouveaux pouvoirs « Le projet de loi C-59
énonce des catégories d'information, qui sont
déterminées par le ministre. En tant que directeur, il
nous dira quelles catégories d'information nous aurons le droit
d'utiliser. Les femmes et les hommes du Service iront chercher cette
information de façon organisée. Si cette information fait
partie d'un ensemble de données canadiennes, le commissaire au
renseignement devra évaluer la décision du
ministre. »
« Dans le cas d'information canadienne, la Cour
fédérale devra déterminer si nous pouvons
l'utiliser et la conserver. La façon dont nous allons utiliser
cette information sera revue par le nouvel Office de surveillance des
activités en matière de sécurité nationale
et de renseignement et par le Comité des parlementaires sur la
sécurité nationale et
le renseignement.
« La façon dont les catégories sont
déterminées par le ministre, la façon dont nous
utiliserons l'information canadienne, le rôle que joueront la
Cour fédérale et le commissaire au renseignement et le
fait que l'utilisation subséquente de cette information sera
revue par des comités de supervision, tout cela nous permettra
d'utiliser des données
qui sont absolument essentielles pour contrer les menaces du XXIe
siècle. »
Plus tard Vigneault s'est fait demander des
précisions par Dubé
à propos des « données non
sélectionnées ». « [Est-ce] que le
ministre et le nouveau commissaire vont déterminer si c'est
approprié ou non de rassembler ces données et de les
garder.
« Comment faites-vous pour distinguer les
ensembles de données ? Par exemple, le ministre ou le
commissaire pourrait juger un ensemble de données
approprié, parce qu'elles sont liées à quelqu'un
qui ne constitue pas une menace, mais qui aurait eu une conversation
avec un suspect que vous ciblez. Comment distinguez-vous ces
données des autres informations concernant les collaborateurs
légitimes de la personne qui, eux, peuvent être une
menace ?
« Pour mieux poser la question, comment
faites-vous pour distinguer des autres cas les ensembles de
données non sélectionnées qui touchent des gens
qui n'ont rien à voir avec le suspect ? »
Vigneault a expliqué qu'« il y a donc une
révision quasi judiciaire faite par le commissaire au
renseignement. Si les données touchent les Canadiens, c'est la
Cour fédérale qui va devoir déterminer si c'est
absolument nécessaire que le service conserve et utilise les
données. La Cour fédérale va faire le test de
protection de la vie privée, en vue
de nous permettre d'utiliser les données. Le régime qui
serait mis en place par le projet de loi C-59 comprend les
critères nous permettant d'utiliser les
données. »
Puis il a ajouté que c'est l'avis du SCRS qu'il
faut beaucoup d'informations sur les relations entre Canadiens pour
exclure que les Canadiens soient « une menace ».
« Avoir les données dans un plus grand ensemble nous
permet de caractériser la menace et de dire avec qui tel
individu est en contact et si cela constitue une menace ou
non. Souvent, cela nous permet d'établir que ce n'est pas une
menace. Le fait d'avoir cet ensemble de données fait que le SCRS
n'enquête pas sur des personnes innocentes.»
Dubé a répondu en demandant « Si la
cour juge que vous avez le droit de collecter ces données
à cause d'une cible légitime, comment faites-vous pour
distinguer la cible légitime des données non
sélectionnées qui seront inévitablement
collectées ? Un système a-t-il été mis
en place ? »
Vigneault a répondu sans vraiment s'adresser
à la question qu'« il y aura une séparation des
données non sélectionnées » et que
« Seules les personnes désignées pourront avoir
accès à ces données. [...] Les données non
sélectionnées seront isolées. Des personnes
désignées pourront présenter des requêtes
pour les utiliser. Chaque fois que
ce sera fait, ces activités seront révisées pour
s'assurer que nos procédures et notre mise en oeuvre satisfont
à l'esprit de la loi. » Après s'être fait
demander de
nouveau comment ils vont discriminer l'information, Vigneault a
expliqué.
« Nous ne commençons pas nos
enquêtes à partir des données
sélectionnées. Nous les commençons à partir
d'éléments liés à la menace.
« Si une cible identifiée est
impliquée dans des actions potentiellement terroristes ou
d'espionnage, et si nous constatons que cette personne est en contact
avec quelqu'un -- certaines informations, comme un numéro de
téléphone, peuvent nous être utiles --, nous
pouvons
alors vérifier dans nos données non
sélectionnées dont la rétention a
été
autorisée. Cela fait partie du processus que je vous ai
expliqué plus tôt. »
« On ne va pas à la
pêche », a-t-il affirmé.
Changements à la Loi sur le système de
justice pénale
pour les adolescents
La députée libérale Julie Dabrusin
a demandé « Le projet de loi crée un système
selon lequel des renseignements sur les jeunes délinquants
seront transmis aux responsables de la délivrance des
passeports. Respecte-t-on à ce moment-là les objectifs de
la Loi sur le système de justice pénale pour les
adolescents ? »
Douglas Breithaupt, du ministère de la Justice,
n'a simplement pas répondu à la question de savoir si
elle était conforme aux objectifs de la Loi sur le
système de justice pénale pour les adolescents ou
pourquoi le changement était apporté, mais plutôt
à la Loi sur la
sécurité de l'information ayant trait à la
sécurité du Canada. Il a
indiqué la façon dont la disposition
pourrait être utilisée, par exemple, « le fait qu'un
adolescent ait fait l'objet d'un engagement de ne pas troubler l'ordre
public visant le terrorisme pourrait être transmis à des
fins de prise de décisions ».
Le député libéral Sven Spengemann
a traité de ce qui « concerne les jeunes Canadiens et
leur vulnérabilité face au terrorisme ».
Il a demandé au ministre d'en dire davantage
sur l'article 159 du projet de loi en ce qui « a trait
à la Loi sur le système de justice pénale pour
les adolescents et à son application ; cela inclut
notamment le principe selon lequel la détention ne remplace pas
les mesures sociales et que cela vaut également pour la
détention
préventive, comme le prévoit l'article 83.3 du Code
criminel. Ce n'est pas un substitut. »
Puis le député d'ajouter que «
j'aimerais vous entendre au sujet de votre vision sur la manière
dont le projet de loi concerne les jeunes délinquants et les
jeunes vulnérables en ce qui a trait essentiellement à ce
qui se passe avant la commission d'une infraction de terrorisme ou leur
recrutement par des réseaux. Ensuite, j'aimerais avoir votre
vision globale sur ce que nous pouvons faire mieux pour empêcher
le terrorisme à la source en nous assurant que ces
réseaux ne cherchent pas à s'en prendre aux jeunes et aux
enfants ».
Spengemann n'a pas expliqué ce qu'il entend par
ce qui se passe avant la commission d'une infraction de terrorisme.
Le ministre a dit qu'avec cette nouvelle
législation, « la Loi sur le système de
justice pénale pour les adolescents s'applique ; le
processus sera donc régi par cette loi lorsque de jeunes
contrevenants sont concernés ».
Se référant à « la
prévention », il a cité la mise sur pied par
le gouvernement du nouveau Centre canadien d'engagement communautaire
et de prévention de la violence qui sera « un bureau
national qui coordonnera les activités mises en oeuvre à
l'échelle locale, municipale et universitaire au pays, leur
accordera davantage de ressources
et assurera l'échange des idées et des renseignements les
meilleurs pour que si nous pouvons prévenir une tragédie,
nous disposions des outils pour y parvenir ».
Changements à la liste de personnes interdites
de vol
Spengemann a aussi demandé au ministre
d'expliquer comment les amendements à la Loi sur la
sûreté des déplacements aériens
accordent un droit de recours aux personnes, en particulier les enfants
qui se voient empêcher de voyager parce qu'ils ont le même
nom ou un nom similaire à quelqu'un sur la Liste d'interdiction
de
vol.
Vincent Rigby, le sous-ministre
délégué, ministère de la
Sécurité publique et de la Protection civile, a
répondu en expliquant « il faut commencer, à mon
avis, par instaurer un système de contrôle
centralisé pour que ce soit le gouvernement qui se charge du
contrôle. À l'heure actuelle, cette tâche
relève de la responsabilité de la compagnie
aérienne. Nous la confierons de nouveau au gouvernement pour
qu'il applique un processus de contrôle plus rigoureux et plus
cohérent à l'échelle du pays. Le projet de loi
lui-même fait également référence à
un numéro d'identification permettant à ceux qui
demandent ce numéro de se soumettre au contrôle à
l'avance. Si on croit par erreur qu'ils
figurent sur la liste, le problème peut être résolu
avant que les gens ne se présentent à l'aéroport.
[...] Quand un enfant ne figure pas sur la liste, par
exemple, le gouvernement en informera les parents. Nous
considérons qu'il s'agit d'une disposition importante, car les
parents appréhendent beaucoup de recevoir une réponse
positive quand ils demandent si leur enfant est sur la liste, que ce
soit par accident ou en raison d'une autre disposition.
Si nous pouvons aviser les parents que l'enfant ne figure pas sur la
liste, cela atténue grandement leur
appréhension ».
« Pour avoir un processus de contrôle
centralisé, nous devrons concevoir un système à
partir de zéro. Cette entreprise exigera une modernisation
considérable de la technologie et donc un financement
substantiel au fil du temps pour y parvenir. »
Spengemann a ensuite demandé aux fonctionnaires
d'expliquer « comment nous nous sommes retrouvés dans
cette situation » en ce qui a trait aux gens qui se voient
interdits de voyager par avion à cause de la Liste
d'interdiction de vol.
Monik Beauregard, sous-ministre adjointe principale,
Secteur de la sécurité et de la
cybersécurité nationale, auprès du
ministère de la
Sécurité publique et de la Protection civile, a
répondu en déclarant simplement « Je ne peux pas
vraiment expliquer pourquoi nous sommes dans cette situation. Nous
collaborons avec les États-Unis. Nous avons mis sur
pied un groupe de travail canado-américain pour régler
plus facilement les problèmes que subissent certains passagers
aériens. Nous nous inspirons de l'expérience qu'ont
vécue les États-Unis lorsqu'ils ont mis en place leur
programme de recours et nous tirons des leçons de la
façon dont ils ont procédé. »
La députée libérale Pan Damoff a
expliqué qu'un jeune homme dans sa circonscription a son nom qui
figure sur la liste. Elle a demandé « Qui établit
la liste et en assure la gestion ? Est-ce que ce sont les
compagnies aériennes ou le gouvernement ? »
Beauregard a déclaré « Le
gouvernement crée la liste établie en vertu de la Loi sur
la sûreté des déplacements aériens en
fonction
de
deux
critères. Premièrement, il
détermine les personnes susceptibles de constituer une menace
pour les compagnies aériennes et, deuxièmement, il
détermine les personnes susceptibles de se rendre à
l'étranger
pour participer à des activités terroristes. Cela ne
signifie pas que les compagnies aériennes ne possèdent
pas leurs propres listes, mais elles ne concernent pas le terrorisme.
Les compagnies aériennes établissent des listes des
personnes qui, par exemple, ont eu des accès de colère.
« Lorsqu'une personne fait l'objet d'un
signalement lors de l'enregistrement, un processus assez complexe
s'enclenche. Il se peut que cette personne figure sur la liste
établie en vertu de la Loi sur la sûreté des
déplacements aériens. Il y a tout un processus qui
s'ensuit au sein du gouvernement, de Transports Canada et du
ministère de la
Sécurité publique, afin de vérifier s'il y a
quasi concordance des noms ou s'il s'agit bien d'une personne dont le
nom figure sur la liste. »
Damoff a demandé spécifiquement «
Alors le Canada n'utilise pas une liste américaine ? C'est
une question qu'on me pose souvent. » Ce à quoi a
répondu Beauregard « Non. Comme je l'ai expliqué,
nous avons notre propre liste. La liste qui est communiquée aux
compagnies aériennes est la liste canadienne ».
Damoff est
revenue à la charge faisant remarquer qu'« il semble
exister une certaine confusion, surtout chez les parents, à
propos du fait qu'il existe une liste à laquelle tous les pays
ont accès ». Beauregard n'a pas répondu
à cela pour clarifier ce point.[2]
Notes
1.Dans cette affaire judiciaire le juge Simon
Noël avait décidé que le SCRS conservait
illégalement des métadonnées électroniques
au sujet de Canadiens « ne posant pas de menace » et
de « tiers » pendant une période de dix ans et
se servait de ces données à son Centre d'analyse des
données
opérationnelles sans en informer le ministre de la
Sécurité publique. Selon les documents
présentés en cour le SCRS avait créé le
Centre d'analyse des données opérationnelles (CODA)
en 2006 en tant que « centre d'excellence d'exploitation et
d'analyse » de différents ensembles de
données. Le SCRS n'aurait pas dû conserver
l'information puisqu'elle n'était pas directement liée
à des menaces à la sécurité du Canada,
selon le juge. Les données sur des données permettraient
à l'agence de tirer des « conclusions spécifiques
et personnelles sur le mode de vie et les choix personnels
d'individus ».
Le directeur du SCRS du moment, Michel Coulombe, avait
répondu : « La cueillette de toutes les
données connexes en vertu de mandats a été faite
en toute légalité », a-t-il dit. «
L'inquiétude de la cour touche plutôt à notre
rétention de données connexes non liées à
la menace mais à la communication avec un tiers après
qu'elles aient été recueillies. »
« Le SCRS, après avoir consulté le
ministère de la Justice, a conclu que la Loi sur le SCRS
autorisait la rétention d'un sous-ensemble de données
connexes. De toute évidence, la Cour fédérale ne
partage pas cette interprétation de la loi. »
Dans sa décision, le juge Noël a soulevé qu'il
serait sans doute approprié de réviser la Loi
de 1984 sur le SCRS qui n'est plus « à la
page » à cette ère de haute technologie.
Dans une déclaration émise au lendemain de la
décision, Goodale l'a accueillie positivement. « Je prends
également très au sérieux les conclusions
explicites du juge Noel selon lesquelles le SCRS n'a pas répondu
à son devoir d'être franc devant la cour », a
dit Goodale. « Lorsqu'il est question
de la sécurité et du renseignement, les Canadiens doivent
avoir la certitude que tous les ministères et organismes du
gouvernement du Canada réussissent efficacement à assurer
la sécurité des Canadiens, et ce, en accordant autant
d'importance au respect de nos droits et libertés. »
2. En vertu de la Loi sur la
sûreté des déplacements aériens, le
ministre
peut décider qui fait partie de la liste, ce qui veut dire
concrètement que si les États-Unis ou un autre
gouvernement demandent que leur liste soit comprise dans celle du
Canada,
le ministre peut le faire. Ainsi l'affirmation qu'une liste est «
canadienne » dissimule que le ministre a l'autorité
arbitraire
d'inclure une personne sur la liste en raison « des motifs
raisonnables de soupçonner qu'elle :
(a) soit participera ou
tentera de participer à un acte qui menacerait la
sûreté des transports ;
(b) soit se
déplacera en aéronef dans le but de commettre un fait --
acte ou omission -- qui :
(i) constitue une
infraction
visée aux articles 83.18, 83.19 ou 83.2 du Code
criminel ou à l'alinéa(c) de la définition
de
infraction de terrorisme à l'article 2 de cette loi,
(ii) s'il était commis au Canada, constituerait une des
infractions mentionnées au sous-alinéa (i). »
Aucune preuve n'est requise. Aussi la loi affirme que le
gouvernement peut
partager la liste avec un gouvernement étranger et conclure des
ententes liées à cette liste, et que par
conséquent, par le biais de règlements, la liste du
Canada peut être liée à la liste des
États-Unis ou d'autres pays ou institutions et modifiée
en fonction des changements apportés à ces listes.
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Marxiste-Léniniste
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