Numéro 4 - 11 février 2017
Les relations
Canada-États-Unis et la lutte pour affirmer les droits
Un besoin urgent de développer un
travail concret à la défense des
droits de tous
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Les
relations
Canada-États-Unis
et
la
lutte
pour
affirmer les droits
• Un besoin urgent de développer un
travail concret à la défense des droits de tous
• Trudeau s'en va à Washington: rien de
bon ne viendra de la répétition de fausses croyances
idéologiques - Pauline Easton
• Intensifions la lutte pour sortir le Canada
de l'OTAN et de toutes les alliances militaires agressives! - Margaret Villamizar
Les étudiants
et professeurs de l'Université Carleton développent le
travail pour défendre les droits
• Pétition contre la promotion du
recours aux pouvoirs de police pour
réprimer la parole
• Le soutien de l'Université Carleton au
groupe faisant la promotion du recours à la C-51 contre les
manifestants doit cesser
• Le Groupe de recherche sur la
résilience des infrastructures de l'Université Carleton
• De quoi est faite l'infrastructure
essentielle? - Sam Heaton
Opposition à la
réunion de la Conférence des
armées des Amériques à Toronto
• Les forces armées des
Amériques coordonnent leurs «opérations
domestiques»
• Une entreprise inacceptable - Charlie Vita
Discussion
• La signification du débat sur le
commerce équilibré et équitable entre le
Canada et les États-Unis? - K.C. Adams
Cinquième
Sommet de la Communauté des États d'Amérique
latine et des Caraïbes
• L'Amérique latine et les
Caraïbes se réaffirment en tant que Zone de paix
• Rassemblement des mouvements sociaux et des
forces politiques
• Jamais il n'a été plus
nécessaire de nous engager réellement dans la voie de
l'unité - Raúl Castro
Les relations Canada-États-Unis et
la lutte pour affirmer les droits
Un besoin urgent de développer un travail
concret à la défense des droits de tous
Rassemblement devant l'ambassade des États-Unis à Ottawa
le 30 janvier 2017, une des nombreuses manifestations ce jour-là
au Canada à la défense des droits et contre l'utilisation
des pouvoirs policiers
2017 a déjà été
témoin d'importantes mobilisations aux États-Unis et au
Canada à la défense des droits. Les grandes mobilisations
qui regroupent des gens de tous les milieux sont sans
précédent. Les gens se soulèvent en masse contre
l'utilisation des pouvoirs policiers et les décrets
présidentiels de Donald Trump concernant
l'immigration, le mur à la frontière sud et
l'interdiction d'entrée pour les citoyens de sept pays
pendant 90 jours et pour tous les réfugiés
pendant 120 jours. Les événements ont culminé
avec la décision de la cour d'appel de San Francisco de
maintenir la suspension de ces décrets sur la base qu'ils
représentent une discrimination envers
les musulmans. Par ailleurs la multiplication des descentes de l'agence
d'immigration et des douanes qui expulse des familles ouvrières,
des femmes et des enfants déclarés «
illégaux » dans des villes partout aux
États-Unis a également provoqué une mobilisation
de masse.
Manifestation contre les descentes du département de
l'immigration à
Los Angeles le 9 février 2017
Ces grandes mobilisations
mettent en évidence le
fait que les peuples sont confrontés à un danger sans
précédent avec l'utilisation sans entraves des pouvoirs
policiers. Pendant que Trump fait tout en son pouvoir pour faire
éclater les limites de la Constitution, d'autres font tout en
leur pouvoir pour maintenir la forme constitutionnelle. Il est
clair que la forme constitutionnelle actuelle est anachronique et
qu'elle ne permet pas de résoudre les contradictions, ni celles
au sein de la classe dominante, ni celles qui opposent les cercles
dominants au peuple. Le peuple, lui, est confronté à la
nécessité de donner à la démocratie une
définition complètement modernisée qui donne aux
droits une
garantie et lui donne ainsi les moyens de les faire respecter. Une
démocratie qui ne permet pas au peuple de tenir les dirigeants
redevables n'est pas une démocratie qui sert le peuple.
Dans ce numéro, LML présente de
l'information sur certains développements, à commencer
par la visite du premier ministre Justin Trudeau à Washington
lundi et les tentatives de détourner l'attention des Canadiens
du besoin d'une nouvelle direction pour l'économie et les
relations entre le Canada et les États-Unis. LML appelle
aussi ses lecteurs à soutenir vigoureusement tous ceux et celles
qui luttent au Canada pour l'affirmation des droits contre leur
usurpation sanctionnée par l'État. Nous portons à
votre attention le travail des étudiants et professeurs de
l'Université Carleton à Ottawa pour mettre un terme
à l'utilisation de leur université par les agences
policières
pour priver les Canadiens de leurs droits. Le 8 février ils
ont lancé une pétition pour exiger que
l'université mette un terme à sa coopération avec
le Groupe de recherche sur la résilience des infrastructures
(IRRG) qui coordonne l'application de la loi C-51, la Loi
antiterroriste de 2015, contre les manifestants et les
activistes.
La décision a été prise à une
assemblée du 22 novembre où les étudiants et
plusieurs professeurs ont discuté de l'urgence d'intensifier
l'opposition à l'utilisation du campus pour criminaliser ceux
qui se battent pour leurs droits. Les étudiants ont
décidé de lancer une campagne pour recueillir des
signatures par différents moyens :
intervenir dans les classes, contacter les professeurs et faire
circuler la pétition en ligne et partout où les
étudiants se rassemblent.
Cette semaine, des activistes de Toronto ont
organisé une opposition à l'inacceptable
Conférence des armées américaines tenue dans cette
ville le 9 février. Cette conférence avait pour
objet de coordonner les « opérations
nationales » contre les peuples des Amériques.
Des actions hebdomadaires ont lieu à Vancouver
pour alerter les gens aux dangers de la Loi antiterroriste
de 2015 et exiger son abrogation. Ces actions mettent en
lumière le fait que le gouvernement Trudeau continue de soutenir
l'imposition de pouvoirs policiers contenus dans la loi, qui selon lui
sont nécessaires.
100e action hebdomadaire pour l'abrogation de la loi C-51 à
Vancouver le 30 janvier 2017
Le Marxiste-Léniniste appelle les
travailleurs et les jeunes et tous ceux et celles qui soutiennent la
cause des droits à intensifier leurs interventions pour ne pas
permettre la justification de l'utilisation sans entrave de pouvoirs
policiers et l'établissement des arrangements permettant leur
application. Ces arrangements criminalisent le
discours et la conscience. De grands idéaux sont invoqués
pour virer à l'envers la conception des droits, éliminer
les droits civils acquis et marginaliser le peuple davantage.
Les arrangements qui prennent la forme d'un contrat
social et de la société civile, avec des gouvernements
représentatifs, ont été créés il y a
quelque 250 ans pour priver les autocrates des pouvoirs sans
entrave reposant sur le soi-disant droit divin. La classe capitaliste
montante
réclamait la sécurité de sa
propriété et une prévisibilité pour
conclure
et faire respecter les contrats d'affaires. Les arrangements qui furent
institués et la définition des droits qui leur
correspondait ont depuis été usurpés, d'abord par
des monopoles puis maintenant par des oligopoles mondiaux encore plus
puissants qui privent la majorité des travailleurs de tout
contrôle sur leur vie. Les définitions et les arrangements
établis au cours des 250 dernières années ne
permettent plus de répondre aux besoins de notre époque.
Au lieu de renouveler ces
arrangements et ces
définitions, y compris le pacte incarnant la conception des
droits sur laquelle la société est basée, les
cercles dominants offrent un gouvernement des pouvoirs de police qui se
fait passer pour un gouvernement des lois. Tout cela souligne le besoin
d'aller au fond de ce que veut dire défendre les
droits pour garantir la sécurité, ce que veut dire
défendre le droit de conscience et de parole, et pourquoi il
faut aujourd'hui des définitions et des arrangements modernes
qui établissent les droits qui appartiennent à tous les
êtres humains du fait de leur humanité. Comment tenir ceux
qui gouvernent responsables est devenu une préoccupation
centrale pour l'humanité.
Trudeau s'en va à Washington: rien de bon
ne viendra de la répétition de fausses croyances
idéologiques
- Pauline Easton -
Il est maintenant confirmé que le premier
ministre Justin Trudeau se rendra à Washington pour s'entretenir
avec le président américain Donald Trump lundi le 13
février. La décision de se rendre à Washington
« rompt avec la tradition » qui veut que ce
soit le nouveau président américain qui visite d'abord le
Canada. Le gouvernement canadien préfère ne pas risquer
une visite de Trump, qui ferait l'objet de protestations partout au
pays et créerait un cauchemar pour les responsables de la
sécurité. Or, peu importe où a lieu la rencontre,
le fait demeure que les relations du Canada avec les États-Unis
comportent de graves dangers pour le bien-être des citoyens et
résidents de ce pays et contribuent aux préparatifs d'une
guerre mondiale dévastatrice.
Les Canadiens sont à juste titre
préoccupés par les développements ici au pays et
aux États-Unis, avec la direction de l'économie,
l'érosion des droits de tous, l'intensification des
préparatifs de guerre et l'offensive antisociale
généralisée contre les peuples aux
États-Unis et dans le monde. Pour détourner l'attention
de ces questions et de la domination du Canada par les
États-Unis sur tous les plans, on nous dit que les relations
entre les deux pays sont mutuellement avantageuses. Selon Kate
Purchase, directrice des communications au cabinet du premier ministre,
Trudeau et Trump
veulent discuter des relations uniques entre le Canada et les
États-Unis et voir « comment nous pouvons continuer
de travailler fort ensemble pour les Canadiens et les Américains
de la classe moyenne ». Les entretiens porteraient
essentiellement sur le commerce entre les deux pays et les relations
militaires
et de sécurité.
Derek Burney, ancien ambassadeur du Canada aux
États-Unis et conseiller de Trudeau et de l'ancien premier
ministre Brian Mulroney, a dit que Justin Trudeau « va
insister sur le fait que les relations entre nos deux pays ne sont pas
comme les autres ». Pour désinformer les gens sur ce
qui est en jeu,
il reprend le refrain du gouvernement canadien à propos des
« similitudes » entre Trudeau et Trump :
« Les deux ne s'attendaient pas à gagner leur
élection et ils ont tous deux gagné. Ils sont tous ceux
des créatures des médias sociaux. Ils ont donc
beaucoup en commun. Ils n'ont pas d'idéologie en commun mais qui
sait vraiment ce qu'est l'idéologie de Donald Trump ?
Même les républicains ne le savent pas. »
Bref, tout est fait pour renforcer l'idée que
Trudeau et Trump sont fait l'un pour l'autre pour créer
l'impression que le problème avec Donald Trump est qu'il a une
idéologie d'extrême droite mais qu'en tant qu'homme
d'affaires il est possible d'avoir un terrain d'entente. C'est pour en
échange
soutenir l'image de Trudeau comme politicien
« progressiste » qui mérite l'appui des
Canadiens dans ses rapports avec le dangereux Trump. En fait ce sont
les mêmes oligopoles qui rivalisent pour le pouvoir aux
États-Unis et au Canada et les intérêts de ces
oligopoles sont ce que
Trudeau et Trump ont en commun.
La répétition de fausses croyances
idéologiques pour décrire les relations entre le Canada
et les États-Unis
Deux scénarios sont envisagés
pour les entretiens entre le premier ministre Trudeau et le
président Trump le 13 février à Washington.
Les deux sont basés sur la répétition de fausses
convictions idéologiques qui privent le peuple d'une conception
du monde. Ils
privent le peuple d'une conception du monde qui lui sert à
défendre la conception moderne dans laquelle les êtres
humains ont des droits du fait de leur humanité et le Canada a
des droits souverains et le devoir en tant que pays de contribuer
à la cause des peuples du monde, celle de la paix et de la
sécurité véritables. Sur le plan de la
sécurité et des préparatifs de guerre, les
intérêts des peuples du Canada et des États-Unis
sont à l'antipode de ceux de l'oligarchie financière que
défendent Trudeau et Trump. Les Canadiens ne peuvent s'attendre
à
rien de bon de l'accélération de l'intégration aux
préparatifs de guerre des États-Unis qui sont l'enjeu des
négociations sous une présidence Trump.
Dans le premier scénario, Trudeau
« affronte » Trump pour
« défendre les emplois des Canadiens » en
insistant pour que le Canada ne soit pas victime des décrets
présidentiels et des politiques commerciales de Trump.
Dans le deuxième, les deux trouvent
« un terrain d'entente » et Trudeau cherche
à apaiser Trump car ce serait une approche plus pratique
d'atteindre les mêmes objectifs.
Le discours irrationnel qui s'appuie sur ces fausses
convictions idéologiques ne s'intéresse pas à
l'important problème de défendre les droits, y compris la
souveraineté du Canada, et de délibérer des
questions de la guerre et de la paix dans le corps politique.[1] Le Canada et son peuple n'ont pas
besoin de commentateurs qui se contentent de commenter la conduite de
Trudeau et de Trump, aussi offensante soit-elle. Les Canadiens veulent
et ont besoin de discuter des problèmes importants auxquels le
Canada et le monde sont confrontés.
La promotion de ces fausses croyances
idéologiques tient lieu d'une analyse des
événements. Il faut cette analyse qui donne au peuple un
guide à l'action pour s'armer face aux dangers qui pointent
à l'horizon et changer la situation en sa faveur. Or, la
promotion des fausses croyances idéologiques
détourne l'attention du fait que ce que Trudeau négocie,
c'est la place des oligopoles dans le Nouvel Ordre que Trump est
censé amener. Elle obscurcit la façon dont les
problèmes se posent du point de vue des travailleurs et de leurs
délibérations pour trouver une voie vers l'avant, pour
défendre leurs droits et les droits de tous.
Les travailleurs et les jeunes du Canada doivent
eux-mêmes déterminer quelle direction ils veulent pour
l'économie et délibérer des questions importantes
de la guerre et de la paix. Les Canadiens doivent analyser les
événements et les dangers inhérents à la
situation actuelle
dans la perspective d'avancer leur unité dans l'action à
la défense des droits.
On entend de plus en plus Trudeau, comme Trump, dire
que ça n'a pas d'importance ce que les Canadiens pensent parce
que c'est à lui de décider. Il prétend avoir
été élu pour prendre les décisions qu'il
veut et que les Canadiens n'y peuvent rien faire. Il n'y a rien de plus
faux et
les Canadiens vont le démontrer durant l'année qui vient.
Plus on prétend que Trudeau et Trump ont une approche
« radicalement différente » et que l'un
est « progressiste » tantis que l'autre est
« populiste d'extrême droite et
raciste », qu'ils sont pour ou contre la
« diversité », la
« sécurité nationale », l'
« ouverture », les
« emplois », le
« protectionnisme » et autres, plus il devient
clair que ni l'un ni
l'autre n'est apte à gouverner.
Note
1. Voir « Ce
qu'ils
ont
dit
au sujet du voyage
du premier ministre à Washington »
Intensifions la lutte pour sortir le Canada de l'OTAN
et de toutes les alliances militaires agressives!
- Margaret Villamizar -
Les
Canadiens se doivent d'être vigilants face à la tentative
délibérée de faire dévier leur opposition
à la guerre et à la présidence belliciste de Trump
et leur lutte pour sortir le Canada de l'OTAN et démanteler
l'OTAN et NORAD. Avec l'avènement de Trump à la
présidence des États-Unis, on a d'abord dit que les gens
devraient prendre la défense de l'OTAN parce que Trump allait
« abandonner l'OTAN » qui selon lui est
« désuète ». On
dit maintenant que les représentants de l'administration Trump
sont d'accord avec le Canada pour dire que renforcer l'OTAN est
très
important et que les Canadiens devraient se joindre à l'effort
en élevant leurs dépenses militaires à 2% du
PIB.
Ce thème a par la suite été
utilisé pour dire qu'il appartient au gouvernement Trudeau de
défendre « l'ordre international
libéral » face à une présidence Trump.
On suggère même qu'il appartient au Canada de
défendre les
« valeurs progressistes » et un
« système fondé sur des règles
internationales », qui comprendrait à la fois l'ONU
et l'OTAN. En d'autres termes, l'OTAN est présentée comme
une branche armée des Nations unies conforme aux principes de
la Charte de l'ONU. En fait, cette interprétation est une
attaque contre la Charte des Nations unies qui reconnaît le
droit de toutes les nations à l'autodétermination et
à la non-ingérence dans leurs affaires intérieures
et rejette l'utilisation et la menace du recours à la force
entre les pays
- exactement l'opposé de ce que représente et fait l'OTAN.
Le gouvernement canadien a fait sienne la demande de
l'administration Trump que les membres de l'OTAN
doivent « en faire plus » en augmentant sa
participation à l'OTAN au nom de la défense d'un
système « qui repose sur des
règles » et
même un « ordre international ». Le 10
février, quelques jours après que le ministre de la
Défense Harjit Sajjan se soit rendu à Washington pour
rencontrer le secrétaire américain à la
Défense James Mattis, le gouvernement canadien a
annoncé un montant de 404 millions $ pour
« moderniser » les Vécules blindés
légers canadiens (VBL) pour qu'ils soient utilisés
« au pays et à l'étranger ». Cela
est fait au moment où l'OTAN et les États-Unis
sont en train de déployer sur une base permanente des troupes en
grand nombre en Europe de l'Est et où le gouvernement
américain avertit les membres de l'OTAN qu'ils font mieux de
contribuer plus de fonds et de troupes aux préparatifs
militaires et aux guerre menés par les États-Unis.
Aujourd'hui, l'OTAN
représente l'une des plus
grandes menaces pour la paix et la capacité des pays et des
peuples de régler les différends sur une base politique
plutôt que militaire. L'OTAN est et a toujours été
un instrument des impérialistes anglo-américains pour
dicter aux
autres pays ce qu'ils peuvent et ne peuvent pas faire. Elle
opère en dehors des règles et aux
normes du droit international que les peuples du monde ont
établies par leurs sacrifices durant la Deuxième Guerre
mondiale.[1] Ceux qui
prétendent
maintenant que le Canada devrait devenir le défenseur de l'OTAN,
comme si elle défend le principe des relations pacifiques entre
les pays et au sein des pays, participent à une campagne qui
vise à engager davantage le Canada dans l'agression et la
guerre, y compris quand c'est fait au nom de l'opposition à
l'ordre du jour de Trump.
Les Canadiens doivent maintenir leur ferme opposition
au recours à la force dans les affaires internationales, que ce
soit par le biais de l'OTAN, les « opérations de
paix » des Nations unies ou les alliances ad hoc
établies par les États-Unis, comme dans le cas de la
guerre en Syrie et en
Irak. C'est sur cette base que les Canadiens peuvent établir un
gouvernement antiguerre qui contribue à la cause de la paix
à l'échelle internationale.
Note
1. Après la Deuxième Guerre mondiale, les
peuples du monde se sont unis dans leur opposition au fascisme. Les
peuples et leurs gouvernements qui se sont battus durant la grande
guerre antifasciste ont donné naissance à la Charte des
Nations unies et ont établi cette organisation sur la base de la
Charte
en 1945. Les Nations unies étaient à peine
établies que les impérialistes anglo-américains
ont cherché à rediviser le monde sur la base d'une fausse
opposition entre la démocratie et les droits humains d'un
côté et le communisme de l'autre, au moment où le
communisme, l'Union soviétique en particulier, était
à la tête de la lutte des peuples du monde pour la
démocratie, contre l'impérialisme, le fascisme et le
colonialisme.
L'OTAN a été créée
en 1949 comme un instrument militaire et politique de cette
division du monde par les impérialistes. Il s'agissait d'une
alliance de pays principalement européns dirigée par les
États-Unis et la Grande-Bretagne à l'époque,
organisée
sur une base anticommuniste avec pour but de criminaliser le droit des
peuples du monde de tracer leur propre voie du point de vue
économique, politique et militaire et de les empêcher de
marcher vers l'indépendance et le socialisme. L'OTAN a
été créée pour détruire
l'unité
antifasciste des peuples du monde et les gouvernements qui
défendaient cette position et détruire l'ordre mondial
issu des cendres de la Deuxième Guerre mondiale pour
défendre la
paix et prévenir l'agression.
Après l'effondrement de l'Union
soviétique, au lieu de se dissoudre, l'OTAN a cherché une
nouvelle justification pour la guerre et l'agression. En
avril 1999, l'OTAN a adopté un nouveau concept
stratégique pour s'ingérer dans les affaires de pays
souverains en invoquant le besoin de
répondre à la menace représentée par les
« États en déroute » et la
nécessité de
défendre la « sécurité
humaine » par la force lorsque les gouvernements des pays
ciblés ne le font pas. Il s'agissait de devenir une force de
réaction rapide dans le monde entier pour établir la
domination unipolaire des États-Unis.
Peu de temps après, l'OTAN a lancé un
assaut brutal contre la Yougoslavie au nom de la « protection des
civils » sur la base de fausses
allégations de génocide. L'OTAN a continué de
s'adapter en tant qu'instrument d'imposition de
l'hégémonie
impérialiste américaine, notamment sur la base de
résolutions adoptées par le Conseil de
sécurité des Nations unies qui violent la Charte de
l'ONU. Ce fut le cas par exemple des guerres contre l'Afghanistan
en 2001 et contre la Libye en 2011. L'OTAN continue de tenter
de créer des prétextes pour la
guerre contre la Syrie.
Les étudiants et les professeurs
de l'Université Carleton développent
le travail à la défense des droits
Pétition contre la promotion du recours aux
pouvoirs de police pour réprimer la parole
Dans leur pétition lancée le 8
février 2017, des étudiants et des professeurs de
l'Université Carleton demandent à l'université
de cesser son soutien au Groupe de recherche sur la
résilience des infrastructures (Infrastructure Resilience
Research Group - IRRG), un organisme qui a ses bureaux sur le campus et
qui a tenu
en novembre 2016 un colloque appelé « Les
défis liés aux projets de développement des
ressources naturelles et à l'activisme ». Ce colloque
a rassemblé des policiers et agents du SCRS, des avocats et des
juges, et des représentants de monopoles de la
sécurité et de l'énergie qui ont assisté
à des ateliers notamment sur «
L'environnement des menaces », « Les dispositions
juridiques pertinentes de la Loi antiterroriste
», « Les perspectives et expériences des
entreprises » et « L'échange d'information
entre les secteurs privé et public ». Selon un
article du Globe and Mail , Martin Rudner, un « expert en
sécurité » et
co-animateur du colloque, a déclaré que l'accent
principal
portait sur les « extrémistes
intérieurs » et a donné l'exemple des
manifestants des Premières Nations du Nouveau-Brunswick
en 2013 et des « éléments plus militants des
communautés autochtones et environnementales ».
La situation à Carleton reflète la
tendance au recours aux
pouvoirs de police
La réunion de Carleton au cours de laquelle a été
lancée la pétition le 8 février 2017
Le premier orateur au lancement de la pétition a
fait remarquer que le parrainage de la criminalisation de la dissidence
par l'Université Carleton et l'utilisation de
l'université pour coordonner les efforts des institutions
gouvernementales et publiques, des entreprises privées et des
entreprises de sécurité pour harmoniser leur
méthodes, trouver
des solutions aux problèmes et les appliquer reflètent la
tendance du recours aux pouvoirs de police comme forme principale de
gouvernance et de réponse à ceux qui luttent pour leurs
droits. C'est également ce que montre clairement la multitude de
décrets du nouveau gouvernement des États-Unis et sa
promesse d'utiliser la police et la force
militaire contre tout ce qu'il considère comme un
problème. À Carleton, l'alignement des méthodes et
pratiques des monopoles de sécurité et des monopoles de
l'énergie et des agences de sécurité de
l'État signifie également l'alignement et la coordination
avec les forces de sécurité des États-Unis
auxquelles ils sont étroitement liés -- par l'alliance
des services des renseignements des « Cinq yeux » sous
contrôle des États-Unis et par d'autres dispositifs de
sécurité et dispositifs frontaliers qui placent la
sécurité sous le contôle des États-Unis et
qui se sont multipliés sous le gouvernement Trudeau.
Le Plan stratégique intégré et le
Plan stratégique de recherche 2013-2018, approuvés
par le Bureau des gouverneurs de l'Université Carleton en
juin 2013, identifient « La protection des infrastructures
et la sécurité », « Le renseignement, de
sécurité et de défense » et « La
sécurité et la protection » comme des
priorités. L'Université Carleton est déjà
reconnue pour ses liens avec les agences de sécurité du
Canada, a souligné l'orateur. Elle héberge notamment
« le premier, et seul, Canadian Centre of Intelligence and
Security Studies (CCISS) fondé peu après
le 11
septembre 2001 ». Le fondateur du CCISS est Martin
Rudner.
Loin d'être un lieu où les
étudiants et les universitaires peuvent discuter des questions
de sécurité, où une véritable enquête
peut être faite sur comment la société peut
garantir la sécurité, sur ce que signifie la
sécurité et examiner des questions comme la
sécurité pour qui, le IRRG est simplement un organe de
coordination pour la police et des
intérêts privés. Il mène une croisade contre
les « extrémistes intérieurs », les
« éléments plus militants des communautés
autochtones et environnementales », l'«
extrémisme islamique », contre toute personne qui
provoque des « troubles civils » et autres
qualificatifs de la répression politique qui criminalisent le
peuple. C'est
l'antithèse de la liberté académique, de la
liberté de parole, des idées éclairées et
de l'apport de solutions aux problèmes de la
société d'aujourd'hui, a souligné le premier
orateur. Tous les étudiants et les professeurs de
l'université ont le droit de délibérer sur ces
sujets et l'université,
avec le IRRG, ne doit pas transformer le comportement, les discours et
les opinions politiques en une affaire
criminelle ou un problème de terrorisme.
Les étudiants affirment leurs droits
L'orateur a souligné que les questions qui
concernent la sécurité, l'environnement et la direction
de l'économie, ainsi que toutes les questions de guerre et de
paix appartiennent à tout le monde. Cependant, on nous dit que
les décisions sont prises par ceux qu'on appelle des
représentants dûment élus ou des
représentants mandatés et que, sur
cette base, les décisions peuvent être prises sans
délibération parmi les Canadiens, les peuples autochtones
ou les collectifs. Quand les gens affirment leur droit de participer
aux prises de décisions qui affectent leur vie, ils sont
criminalisés, ils sont accusés d'être violents,
d'être des « perturbateurs » et de causer des
problèmes.
À Carleton, quand
les étudiants et
d'autres personnes ont manifesté contre le colloque de
novembre 2016 du IRRG qui faisait la promotion de la violence
d'État contre le peuple, la réponse de l'administration
universitaire a été d'accuser les manifestants d'attaquer
la liberté de parole. Le 12 janvier 2017, la
présidente de
l'Université Carleton, Roseann Runte, a envoyé une lettre
ouverte à certains membres de la communauté de Carleton
dans laquelle elle déclare que les manifestants ont
empêché des « représentants dûment
élus » et d'autres personnes d'exercer leur mandat et
d'exercer leur liberté d'expression. Elle écrit, entre
autres, que « ces personnes
bruyantes ne se rendent pas compte qu'en empêchant leurs
représentants dûment élus d'exercer leur mandat,
elles enfreignent elles-mêmes le principe fondamental d'une
société civile » et soutient que « les
universités doivent accueillir la société civile,
accueillir la liberté d'expression et permettre aux autres de
parler ».
Une lettre anonyme très suspecte a
été transmise au Bureau des gouverneurs de Carleton
le 2 février dans laquelle il est affirmé
qu'à cause de manifestants des étudiants n'ont pas pu
participer à «
un événement instructif tant attendu, qui aurait
été d'un grand intérêt pour un vaste
éventail d'étudiants ayant une formation en
affaires, science, droit, sciences sociales, affaires internationales,
journalisme, MIPIS, domaines politiques, sécurité,
affaires publiques, phycologie [sic] ». La lettre décrit
comment les « étudiants »
ont souffert de ne pouvoir assister à l'événement
du IRRG qui selon son auteur s'adressait à
« tous les responsables de la sécurité des
infrastructures et des politiques de résilience, de
l'élaboration et prestation des programmes et de la gestion des
urgences ».
Tout cela masque le fait que la Loi C-51, les
activités du IRRG et les pouvoirs de police ont comme objectif
de criminaliser la parole, les manifestations, de faire du profilage et
de cibler tous ceux qui luttent pour leurs droits comme les peuples
autochtones, les musulmans et les environnementalistes, a
souligné le premier orateur.
Dans sa lettre, la présidente de
l'Université Carleton avance une théorie
sur le sens du contrat social de Rousseau (écrit en 1762)
et fait l'« observation » que « parfois nous
voyons que nos représentants démocratiquement élus
sont incapables de faire ce pour quoi ils ont été choisis
par le vacarme de ceux qui
exerçent ce qu'ils considèrent comme leur droit à
la liberté d'expression ».
Aujourd'hui les questions de sécurité, de
guerre et de paix, de climat et d'environnement, de l'économie
et du bien-être du peuple concernent tout le monde, et cela pas
de manière abstraite, car vraiment tout le monde est
concerné et veut son mot à dire sur ces questions.
Soulever que des responsables sont « dûment
élus » ou nommés
pour administrer une institution, l'élimine pas le fait que
tous les membres du corps politique ou d'une institution comme une
université ont le droit de délibérer de ces
questions. Les gouvernements et les institutions de la
société doivent fournir des forums pour cela, mais
à la place tout est criminalisé, des luttes
ouvrières aux luttes des
enseignants, aux luttes des peuples autochtones. Les étudiants
ont déclaré qu'il est inacceptable de justifier de telles
positions en s'appuyant sur l'interprétation d'une personne de
ce que Rousseau a dit il y a 254 ans, et de proposer que les
conditions d'aujourd'hui ressemblent, même de loin, aux
conditions de l'époque de Rousseau.
Opposons-nous à la criminalisation
Un dirigeant étudiant autochtone a
également pris la parole à la réunion. Il a dit
que les étudiants défendaient la
liberté de parole contre la persécution du gouvernement,
et que cela ne signifiait pas se taire et ne pas s'opposer à ce
qui est inacceptable. Le IRRG et ceux qui y participent attaquent la
liberté de parole des peuples
autochtones, a-t-il dit. Il a souligné que le discours de
l'université sur le renouvellement des relations avec les
peuples autochtones et sa « reconnaissance »
d'être sur un territoire Algonquin non cédé sont
vides de sens, car elle appuie la criminalisation des Algonquins qui
affirment leur souveraineté. Il a dit que l'administration de
Carleton
est inquiète face à l'opposition des étudiants au
IRRG et d'avoir à rencontrer des représentants des
étudiants sur la question à la fin de février.
Un professeur qui participait à la
réunion a souligné que les étudiants ont fait une
distinction importante sur les questions de la liberté
académique et la liberté de parole. Il a dit que le
problème avec le IRRG est l'appui institutionnel pour ce groupe,
pas les croyances ou les actions des professeurs ou chargés de
cours de Carleton. Il a annoncé
que les professeurs vont proposer une motion à leur
organisation, l'Association du personnel académique de
l'Université Carleton pour demander à l'université
de préciser qu'elle n'appuie pas la criminalisation des
manifestants et des militants.
Le dernier intervenant, un membre des Étudiants
contre l'apartheid israélien-Carleton, a donné un
aperçu de l'histoire des attaques de l'Université
Carleton contre la liberté de parole des étudiants qui
organisent pour défendre les droits du peuple palestinien. Parmi
les exemples, il a cité l'interdiction d'une affiche qui
annonçait les événements de
la Semaine contre l'apartheid israélien en 2009 et le refus
obstiné du Bureau des gouverneurs de Carleton de permettre
quelque discussion que ce soit sur les investissements du régime
de retraite de Carleton dans les entreprises complices de l'occupation
des territoires palestiniens. Il a appelé les étudiants
à se mobiliser pour appuyer cette
nouvelle initiative et fait des suggestions fondées sur le
travail que les étudiants de Carleton ont fait pour
défendre la Palestine pendant de nombreuses années.
À la réunion, beaucoup d'étudiants
ont donné leurs opinions sur la question et fait des suggestions
sur la pétition et pour faire en sorte que les revendications
des étudiants soient couronnées de succès. La
réunion s'est terminée en soulignant que la meilleure
réponse à ce qui se passe à Carleton et plus
largement au Canada est de se mobiliser
pour mettre fin à l'appui de Carleton au IRRG et de s'attaquer
à cette question cruciale qui concerne tout le monde.
La pétition souligne : « Le colloque
est le premier cas connu au Canada d'organismes d'État,
d'entreprises de sécurité privée ou de
représentants du secteur pétrolier et gazier qui
proposent l'utilisation des pouvoirs de la Loi C-51, loi largement
condamnée, contre les manifestants et des
militants. » Une autre conférence organisée
par le IRRG en mai à Toronto réunira des dirigeants
« de la communauté de la sécurité et du
renseignement, de la communauté financière et des
assurances, des propriétaires et des gestionnaires d'immeubles
commerciaux, des chefs de la communauté policière, des
dirigeants de la collectivité civile
(municipale/régionale/nationale) ;
[ONG] ; [et] des chefs d'entreprise » pour «
élaborer de nouvelles stratégies pour lutter contre les
extrémistes, les troubles civils violents et le
terrorisme/contre- terrorisme ». Ralph Goodale, ministre de
la sécurité publique, a été invité
comme conférencier principal.
Manifestation des étudiants lors de la réunion du Bureau
des
gouverneurs de l'Université Carleton,la plus haute instance de
décision de l'université, le 2 février 2017. Le
Bureau des gouverneurs de Carleton est principalement composé de
personnes nommées qui représentent les
intérêts d'entreprises privées ou du gouvernement,
dont Michael Wernick, greffier du Conseil privé. Les
étudiants s'opposent à la décision du Bureau des
gouverneurs d'augmenter les frais de scolarité au montant
légal maximum pour les deux prochaines années, à
la politique sur les violences sexuelles adoptée par
l'Université contre la volonté des personnes qui
prônent des changements sur la question, exigent que Carleton
ferme le IRRG et dénoncent les déclarations de la
présidente de Carleton, Roseann Runte, contre les manifestants
et le droit à la liberté de parole.
Le soutien de l'Université Carleton au groupe
faisant la promotion du recours à la C-51 contre les
manifestants doit cesser
Lettre ouverte à la
communauté et à l'administration au sujet du Groupe de
recherche sur la résilience des infrastructures (IRRG)
Pour consulter et signer la pétition en ligne, cliquez
ici.
Introduction
Les 14 et 15
novembre 2016,
l'Université Carleton et son Groupe de recherche sur la
résilience des infrastructures (Infrastructure Resilience
Research Group -- IRRG) a commandité un colloque sur « Les
défis liés aux projets de développement des
ressources naturelles et à l'activisme ».
L'événement a réuni « des
procureurs, des avocats, des responsables chargés de la
réglementation, des représentants des organismes
d'application de la loi, des représentants de l'industrie et des
représentants d'associations d'industries » dans des
ateliers sur « l'environnement des menaces , les dispositions
juridiques pertinentes de la Loi antiterroriste [Bill
C-51] et d'autres éléments pertinents du code criminel,
l'expérience de poursuites dans les cas impliquant des actes de
violence visant les infrastructures nationales essentielles, les
dossiers d'arbitrage et les principales leçons
retenues ». Une cible principale du colloque était
les peuples autochtones exerçant leur droit de décider
des projets de
développement de l'énergie et des ressources sur leur
territoire (voir le contexte ci-dessous).
Le parrainage du IRRG et des événements
comme le colloque sont contraires au respect autodéclaré
de
Carleton des étudiants autochtones et des peuples autochtones.
Cela va également à l'encontre de l'université
comme
un lieu où les questions politiques peuvent être
discutées et non pas criminalisées. L'Université
Carleton doit présenter des
excuses aux étudiants autochtones et mettre fin à tout
soutien au Groupe de recherche sur la résilience des
infrastructures.
Les revendications
Pour s'assurer que notre campus n'est pas encore
impliqué dans des activités inacceptables telles que
celles du colloque du IRRG, nous, les soussignés
étudiants, professeurs, personnel et membres de la
communauté appelons l'Université Carleton à
immédiatement :
1. Présenter des excuses pour le
parrainage du « Colloque 2016 sur la sécurité
et la résilience des infrastructures », pour la
Conférence du doyen le 15 novembre et pour avoir permis que
l'événement se déroule sur le terriroire
traditionnel non cédé de la nation algonquine.
2. Divulguer les informations pertinentes sur le
IRRG, notamment : a. les fonds que l'Université Carleton a
accordés à ce groupe ; b. les fonds publics ou
privés que l'Université Carleton a reçus pour
appuyer ce groupe ; c. les partenariats d'entreprise ou
étatiques de ce groupe.
3. Cesser tout financement du IRRG, et cesser
d'accepter des fonds y compris d'entreprises pour soutenir les IRRG.
4. Annuler le bail du IRRG au 310 Minto
Centre de Minto et offrir cet espace aux étudiants autochtones
qui décideront de son usage alternatif approprié.
Contexte
Manifestation des étudiants de Carleton lors de la session de
clotûre du symposium de l'IRRG le 15 novembre 2016
Le colloque est le premier cas connu au Canada
d'organismes d'État, d'entreprises de sécurité
privée ou de représentants du secteur pétrolier et
gazier qui proposent l'utilisation des pouvoirs de la Loi C-51, loi
largement condamnée, contre les manifestants et des militants.
Adoptée par le gouvernement conservateur en 2015, la Loi
C-51, Loi antiterroriste, 2015 a élargi le mandat
du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS)
de collecte de renseignements à «
perturbation » des « menaces »
présumées « envers la sécurité du
Canada » et élargi le partage de l'information, entre
autres choses. Elle a été largement condamnée par
les
Canadiens et les peuples autochtones, qui ont souligné les
dangers de l'utilisation de ces pouvoirs pour criminaliser la
protestation et l'activisme politique et cibler les musulmans et
d'autres groupes.
Les étudiants ont
manifesté lors de la
Conférence de clotûre du doyen du colloque le 15
novembre. Ils ont souligné que dans le contexte de la violence
brutale utilisée contre les peuples autochtones à
Standing Rock, au Dakota du Nord, qui s'opposent au Dakota Access
Pipeline (DAPL) et dans des cas similaires au Canada, il est
inacceptable que l'université commandite ou permette la tenue de
tels événements. Martin Rudner, un des organisateurs du
colloque et un « professeur émérite de
recherche » à Carleton a déclaré au Globe
and
Mail
le 14 novembre que les peuples autochtones qui
exercent leur souveraineté ou manifestent étaient une des
préoccupations principales de l'événement.
L'Université Carleton a réagi en essayant
de masquer son patronage de la criminalisation du militantisme.
Après la manifestation, Carleton a supprimé toute
référence de l'événement de son site Web
ainsi qu'une grande partie du site du IRRG, incluant des détails
sur des particuliers, des entreprises et des organismes affiliés
au programme, y
compris Martin Rudner. Carleton a aussi temporairement supprimé
le site Web du Canadian Centre of Intelligence and Security Studies
(CCISS), un centre fondé par Rudner. Selon les étudiants
présents à l'événement du 15 novembre,
dont Rudner était le modérateur, celui-ci a faussement
accusé les étudiants d'être violents et a fait la
déclaration raciste que le IRRG s'efforçait de «
protéger les autochtones contre eux-mêmes ».
L'Université Carleton se décrit
elle-même comme un « centre réputé
d'apprentissage et de recherche novatrice autochtones » qui
a « été de plus en plus actif dans la promotion des
initiatives autochtones au cours des dernières
années ». En novembre 2011, Carleton a
adopté une stratégie coordonnée destinée
aux autochtones
« pour souligner son engagement à faire participer les
étudiants, les professeurs, le personnel et les
communautés autochtones ». Carleton a annoncé
qu'elle « se consacre à accueillir un plus grand nombre
d'étudiants et professeurs autochtones sur le campus tout en
augmentant les partenariats communautaires ». Depuis lors,
Carleton a
déclaré officiellement qu'elle « reconnaît
que l'emplacement de son campus se trouve sur les territoires
traditionnels non cédés de la nation
algonquine » et de nombreuses initiatives importantes ont
été lancées sur le campus notamment Ojigkwanong,
un centre pour les étudiants autochtones qui comprend de
nouveaux programmes menant à
un diplôme.
Le Groupe de recherche sur la résilience des
infrastructures de l'Université Carleton
Le Groupe de recherche sur la résilience des
infrastructures (IRRG) a été créé
en 2013 par le directeur du département de conception
technique et celui des affaires publiques de l'Université
Carleton à Ottawa. Il définit son mandat comme
étant « de conseiller et de faire la promotion
d'initiatives d'accumulation des connaissances
interdisciplinaires concernant les risques et
vulnérabilités des infrastructures nationales critiques
dans tous les types d'environnement dangereux, y compris
l'évaluation des menaces, les préceptes administratifs et
les solutions de gestion de risques ». La page du site Web
du groupe pour le « cadre conceptuel » requiert un mot
de passe.
L'IRRG a été créé dans le cadre du Plan
stratégique intégré et du Plan de recherche
stratégique de l'Université Carleton pour 2013-2018,
tels qu'approuvés par le conseil d'administration en
juin 2013. Le Plan de recherche stratégique identifie comme
priorité « la protection et la sécurité des
infrastructures » et « le renseignement,
la sécurité et la défense » tandis que
le plan stratégique intégré décrit «
la sécurité et la protection » comme un des
aspects du « thème unificateur » de
l'université, soit « la prospérité durable
pour les communautés et le monde ».
Carleton est déjà connue pour ses
affiliations avec les milieux du renseignement au Canada. Par exemple,
elle loge « le premier et le seul centre universitaire
dédié à la recherche sur le renseignement et les
études sur la sécurité nationale », le
Canadian Centre of Intelligence and Security Studies (CCISS)
créé quelque temps après les
attentats du 11 septembre 2001. Selon le CCISS, «
l'Université Carleton et la capitale nationale sont un
emplacement idéal pour générer une synergie
nationale et un corps de connaissance entre les chercheurs, les
praticiens et les autres intervenants qui s'intéressent aux
études sur le renseignement et la
sécurité ». Le CCISS a été
fondé par Martin Rudner à l'École des affaires
internationales Norman Paterson à partir du Centre
d'études sur la sécurité et la défense. Au
moins deux des administrateurs principaux de l'IRRG (Martin Rudner et
Angela Gendron, rédactrice en chef du journal du groupe)
proviennent du CCISS.
L'IRRG a été
créé à
Carleton à cause précisément de ce rapprochement
avec le gouvernement et les institutions d'État, allant de la
police aux services de renseignement, au système judiciaire et
aux firmes privées de sécurité, pour coordonner
leurs méthodes et mette leurs modèles en pratique.
L'activité principale de l'IRRG est la tenue de
symposiums et de conférences sur des sujets
d'intérêt pour le milieu du renseignement et les
entreprises de l'énergie. Le groupe ne cache pas le fait que ses
activités sont liées à ces besoins. Par exemple,
à son symposium de novembre 2016 il dit qu'il a
été conçu pour « aider les procureurs,
les avocats, les régisseurs, les corps policiers, les
représentants de l'industrie de l'exploitation des ressources
naturelles qui doivent affronter des prestations ciblant des
infrastructures critiques. Lors d'une conférence à
Toronto en mai 2016 il a dit que son rôle est « de
réunir les experts internationaux pour mettre au point de
nouvelles
stratégies pour combattre les extrémistes, le
désordre civil violent et le terrorisme », ce qui
comprend« les dirigeants de la communauté du renseignement
et de la communauté des finances et de l'assurance ; les
propriétaires et gestionnaires d'édifices
commerciaux ; les chefs de la communauté des corps
policiers ; les
leaders civils, les agences non gouvernementales ; les chefs
d'entreprises ».
Son symposium de 2016 à Ottawa a
réuni « un ancien directeur adjoint du SCRS, des avocats,
dont l'avocat général du ministère de la Justice,
des directeurs d'entreprises et d'autres représentants du
secteur de la sécurité privée et de firmes
conseils sur les menaces et les risques, le directeur de l'Association
gazière canadienne, le
vice-président de l'Association canadienne des pipelines
d'énergie, le directeur des services de sécurité
de Irving Oil et l'ancien commissaire adjoint de la GRC ».
Face aux protestations des étudiants, l'événement
et les informations relatives aux participants ont été
retirés du site Web de l'université.
Pour brouiller les pistes, l'IRRG dit aussi
s'intéresser à des choses comme les prévisions
météorologiques pour la protection des réseaux
hydro-électriques et autres infrastructures ou la
prévention des bris de certaines infrastructures, mais la
« protection » des pipelines et des grands projets de
développement vise l'opposition politique et
les « extrémistes ». En fait, les
administrateurs de l'université ont invoqué cet aspect
« économique » du programme pour
démontrer que les étudiants n'avaient pas raison de
s'inquiéter.
Martin Rudner
Il n'y a que deux professeurs de Carleton qui sont
associés au IRRG, soit Martin Rudner, professeur
émérite de l'Université Carleton, et Felix
Kwamena, professeur auxiliaire dont l'emploi principal est à
titre de directeur la Division de la protection des infrastructures
énergétiques de Ressources naturelles Canada. Les autres
personnes
associées à l'IRRG, les informations au sujet desquelles
ont été retirées du site Web de
l'université, sont des représentants d'agences du
renseignement et de firmes gouvernementales et privées du
secteur de l'industrie et de la sécurité. Rudner et
Kwamena ont présidé le symposium de novembre 2016.
Rudner a dit que les étudiants qui
protestaient à l'extérieur de la salle étaient
« violents » et a rejeté du revers de la main
les critiques au sujet de la criminalisation des protestations des
peuples autochtones. Selon les étudiants présents, il
aurait dit que l'IRRG cherche plutôt à protéger les
autochtones contre eux-mêmes.
Martin Rudner est un « expert en matière
de sécurité » et est fréquemment
cité dans la presse monopolisée. Il prétend
habituellement que les projets de développement du secteur de
l'énergie et des ressources sont menacés par de
supposés terroristes islamistes. Dans un article du Globe
and Mail du 14 novembre, il
affirme que « certaines preuves permettent de croire que des
gouvernements étrangers, dont l'Iran, ont soutenu des groupes
opposés aux projets de l'industrie canadienne des
ressources ». En octobre 2014 il a dit au Vancouver
Observer qu'« il est évident pour moi que
l'État islamique veut faire du tort à l'économie
pétrolière
des pays occidentaux comme partie de sa stratégie du djihad
économique... » En juillet 2012, il a dit au Toronto
Sun que Al-Qaïda a identifié la production
pétrolière du Canada comme cible d'attaque possible.
« La protection véritable n'est pas une défense
passive, comme le déploiement de gardes armés dans les
raffineries,
mais plutôt une utilisation proactive du renseignement et des
corps policiers. Il faut identifier les personnes qui
représentent une menace », a-t-il dit.
Rudner était aussi le seul « témoin
en expertise » du gouvernement contre Mohamed Harkat lors
des contestations des certificats de sécurité, ce
régime de procès secrets et de détention de
non-citoyens, devant les tribunaux en 2010. Prétendu expert
en terrorisme formé dans une université
israélienne comme spécialiste de
l'Indonésie et de la Malaisie, il a été
témoin contre des personnes accusées par le gouvernement
de l'Arabie saoudite d'avoir soutenu Mohamed Harkat dans des
activités toujours non prouvées. Un autre témoin,
le professeur Brian Williams, qui a enseigné l'histoire de
l'Islam à l'Université du Massachussetts, a
qualifié le témoignage de Rudner de
« bizarre », « stupéfiant » et
« inconcevable ». Le juge de la procédure du
certificat de sécurité qui a maintenu la
constitutionnalité du régime en 2010 était
Simon Noël, lui aussi panéliste au symposium du 15
novembre de l'IRRG qui a fait l'objet de protestations des
étudiants.
En tant que prétendu spécialiste de
l'Indonésie, Martin Rudner a exprimé dans les
médias canadiens son appui à la dictature militaire
anticommuniste de Suharto qui a exercé le pouvoir dans ce pays
de 1968 à 1998 suite à un coup d'État
soutenu par les États-Unis. À la radio de CBC
en 1996, lors du passage en Indonésie de
l' « équipe Canada » de Jean Chrétien,
il a été invité à commenter les massacres
commis au Timor oriental et celui de millions de personnes tuées
par les forces armées et les escadrons de la mort
anticommunistes soutenus par la CIA en 1965-66. Il a
justifié le premier en disant qu'au Timor oriental (avec une
population d'un million
de personnes) il y avait « un parti marxiste » au
pouvoir « qui menaçait implicitement son voisin
l'Indonésie » (avec une population de 250
millions de personnes). Puis le massacre en Indonésie
était selon lui le produit du fait qu'il se produisait un
« soulèvement rural » et « une tentative
de coup d'État
communiste » mais que la minorité chinoise qui en
était prétendument la cible est aujourd'hui «
prospère financièrement, socialement et au niveau de la
famille ».
D'autres affiliés de l'IRRG
Parmi les affiliés de l'IRRG, selon les pages
qui ont maintenant été retranchées du site web de
l'Université Carleton en novembre 2016, on retrouve :
- Paul Adams, président de
Newfoundland Transhipment Ltd, une entreprise de navires transporteurs
de pétrole.
- Jean-Philippe Caron, directeur
exécutif des opérations de sécurité
(SECOPS) au Bureau du Conseil privé et agent de
sécurité du ministère.
- Tiago de Jesus, associé de l'IRRG et
membre du bureau du doyen de la faculté d'engineering et de
design à Carleton. De Jesus est également expert civil de
la Force de déploiement rapide de l'OTAN et un ancien
spécialiste du Programme de sécurité nationale de
la GRC.
- Connie Delisle, membre de la Division des
opérations de sécurité du Bureau du Conseil
privé.
- Rick Garber, Chef de groupe de
l'intégration de la sécurité et de l'engagement
à l'Office national de l'énergie.
- Gaétan Houle, partenaire
associé aux services-conseil chez Ernst & Young LLP, une des
quatre plus grandes firmes néolibérales d'experts-conseil
avec un revenu annuel de 30 milliards $.
- Ross Johnson, cadre supérieur au Security and
Contingency Planning, Capital
Power Corporation.
- Alan Jones, ancient directeur adjoint au
SCRS.
- Raynald Lampron, directeur des
opérations au Commissariat à l'intégrité du
secteur public.
- Michael Martin, président de Valley
Associates Group, un des plus grands entrepreneurs privés
canadiens en matière de défense et de
sécurité.
- Tim O'Neil, associé de la
firme privée Oldcastle Security Consulting Inc. et ancien agent
du SCRS.
- John Patterson, agent en fonction du SCRS et
représentant en chef du SCRS à la « séance
semi-annuelle d'information classifiée sur les parties prenantes
du secteur de l'énergie ».
- Doug Powell,
directeur de Smart Metering Security, Privacy and Safety pour BC Hydro.
- Paul Rietdyk, vice président des
opérations d'ingénierie, de construction, de storage et
de transmission chez Union Gas Ltd.
- Sharon Savoie, chef de
Savoie Security Associates, qui donne des cours privés de
formation pour l'IRRG.
Conférence à venir : «
Conférence, ateliers et expositions 2017 sur la
sécurité et la résilience urbaines »
Cette conférence qui se tiendra sous les
auspices de l'IRRG à Toronto du 16 au 19 mai
démontre clairement que cet aspect du travail de l'IRRG, soit la
résolution des problèmes techniques ou la
prévention des défaillances des différents
systèmes d'infrastructure, est secondaire ou une façon de
masquer son rôle principal qui
consiste à coordonner les forces de sécurité et
les intérêts privés. La note «
Conférence, ateliers et expositions 2017 sur la
sécurité et la résilience urbaine : Nouvelles
réalités - Nouvelles stratégie »
mentionne qu' « une nouvelle administration aux États-Unis
et l'attaque mortelle contre la mosquée de Québec au
Canada ont ajouté
de nouveaux niveaux de complexité à un environnement de
sécurité urbaine déjà en
changeant ».
L'IRRG décrit ainsi cet
événement : « Une conférence
internationale de grande envergure, la première du genre, qui va
réunir des experts de premier plan de partout dans le monde pour
développer des stratégies pour lutter contre les
extrémistes, les désordres civils violents et le
terrorisme/contre-terrorisme. » On s'attend à la
présence de 1200 représentants des
communautés de la sécurité, du renseignement, de
l'application de la loi, de praticiens de la sécurité
publique et privée, de hauts fonctionnaires, de dirigeants
d'affaires et communautaires, d'agences non gouvernementales et de
personnalités académiques. »
L'IRRG publie la liste suivante sous le titre «
Qui devrait participer » :
- Des dirigeants de la communauté de la
sécurité et du renseignement
- La communauté financière et des
assurances
- Des propriétaires et des gérants
d'immeubles commerciaux.
- Des dirigeants de la communauté de
l'application de la loi - Des leaders de la société
civile ( locaux/régionaux/nationaux)
- Des agences non gouvernementales - Des dirigeants
d'affaires.
Les frais d'inscription sont de 795 $ (pour
ceux qui s'inscrivent tôt), 895 $ (tarif
régulier), 1095 $ (inscriptions tardives)
et 1195 $ (inscriptions de dernière minute).
Selon le programme de la conférence, l'orateur
principal sera le ministre canadien de la Sécurité
publique, Ralph Goodale. Les orateurs comprennent :
- Richard Fadden, ancien directeur du Service
canadien du renseignement de securité et ancien conseiller
à la Sécurité nationale du premier ministre du
Canada ;
- Alan Jones, directeur adjoint du Service
canadien du renseignement de sécurité ;
- Paul Goldenberg, président-directeur
général de Cardinal Strategies, membre du Conseil de la
Sécurité intérieure des États-Unis ;
- Anna Carlstedt, coordonnatrice nationale du Bureau
du gouvernement suédois pour la sauvegarde de la
démocratie contre l'extrémisme ;
- Anne Speckhard, professeure
associée adjointe de pshchiatrie à l'École de
médicine de l'Université Georgetown, et directrice du
Centre international pour l'étude de l'extrémisme
violent ;
- Giuliano Zaccardelli, commissaire
(retraité) de la Gendarmerie royale du Canada ;
- Juge
Leonie Brinkema, Tribunal de district, district-est de
Virginie ;
- Malcolm Chivers, directeur à la
sécurité pour l'Association des banquiers
canadiens ;
- Michael Masters, directeur pour le
comté de Cook du Bureau de la Sécurité
intérieure des États-Unis ;
- Rafik Goubran, président en exercice, Recherche et
Affaires internationals,
Université
Carleton ;
- Juge en chef Richard Bell, Cour d'appel de
la cour martiale du Canada ;
- Roger Brown, commissaire
adjoint (retraité) de la Gendarmerie royale du Canada ;
- Tim
Egan, président-directeur général de
l'Association canadienne du gaz.
Pour lire le programme tel qu'il était le 3
février,
cliquer
ici.
Parrainage privé
En lien avec la Conférence, l'IRRG de Carleton
envoie des trousses de parrainage aux organisations concernées
par l'événement. Selon un document du site web de l'IRRG
appelé « Niveaux de parrainage », une
contribution de 100 000 $ va donner droit à la
compagnie d'avoir son nom et son logo bien en évidence à
la conférence, de distribuer son matériel promotionnel,
d'avoir un kiosque dans la partie exposition de
l'événement, d'avoir un temps de parole garanti
de 15 minutes, en plus d'autres avantages. Il existe
des trousses semblables pour des contributions
de 80 000 $, de 60 000 $,
jusqu'à 8000 $ et même 1500 $ qui
donnent droit respectivement au mention de votre présence
à un souper et à un déjeuner.
Les étudiants et les professeurs de
l'Université Carleton veulent des information au sujet de ce
financement privé. Tout indique qu'un organisme universitaire
sollicite des fonds du privé et peut-être même de
l'État en échange d'une promotion garantie. Ni
l'Université Carleton ni l'IRRG ne disent quelle relation
financière existe entre elles, si
Carleton finance l'IRRG ou si l'IRRG sollicite des fonds privés
au nom de Carleton.
Pour lire sur les trousses de parrainage privé
de Carleton IRRG, cliquer ici.
De quoi est faite l'infrastructure essentielle?
- Sam Heaton -
Selon l'énoncé de mission du Groupe de
recherche en résilience des infrastructures (IRRG) de
l'Université Carleton, le gouvernement dans ses politiques
définit 10 secteurs appartenant à l'infrastructure
essentielle : l'énergie et les services d'utilité
publique, la finance, la nourriture, la santé, la technologie de
l'information et des
communications, le secteur manufacturier, la sécurité
publique, le transport, l'eau et le gouvernement. « Ces
infrastructures sont de plus en plus interconnectées et
interdépendantes, ce qui les rend plus vulnérables aux
perturbations ou à la destruction à caractère
naturel ou de main humaine », lit-on dans
l'énoncé de mission.
Cette définition est en tout point semblable aux
mesures et aux approches intégrées en ce qui concerne
« l'infrastructure essentielle » qui ont
été mises de l'avant par les États-Unis. Depuis
le 11 septembre 2001, le Canada a adopté dix lois
différentes traitant d'infractions liées au terrorisme
dont la loi C-51 qui elle-même
comprend cinq lois. Ces lois ont harmonisé les concepts et les
approches en ce qui a trait à l' « infrastructure
essentielle » avec ceux des États-Unis. Les pays
appelés « cinq yeux » qui partagent le
renseignement avec les États-Unis et entre eux ont fait la
même chose (États-Unis, Royaume-Uni, Canada, Australie,
Nouvelle-Zélande).
On peut voir comment tout cela fonctionne de
manière concrète au message que l'ambassade des
États-Unis à Ottawa a envoyé à Washington
en 2005 et qui a été publié par Wikileaks. On
y lit que l'Ambassador Bridge et le Tunnel de Détroit reliant
Windsor à Détroit sont « vraisemblablement les deux
édifices d'infrastructure les plus
importants le long de toute la frontière », et
qu'environ 25 % de tout le commerce de marchandises entre le
Canada et les États-Unis passe par eux. Leur désignation
d' « infrastructure essentielle » fait de toute
obstruction, qu'elle vienne du côté canadien, des peuples
autochtones ou de n'importe qui d'autre, une menace à
la sécurité nationale des États-Unis.
Le département de la Sécurité
intérieure définit l'infrastructure essentielle comme
« ce qui fournit les services essentiels permettant à la
société américaine de fonctionner et sert
d'épine dorsale à l'économie, la
sécurité et la santé de notre pays. Elle est le
pouvoir électrique que nous utilisons dans nos maisons, l'eau
que nous buvons, le
transport qui nous permet de nous déplacer, les magasins
où nous achetons les choses et les systèmes de
communications dont nous dépendons pour rester en contact avec
les amis et la famille. »
Cette définition est
intéressée et
ne résiste pas à l'examen. Ceux qui résistent
héroïquement à Standing Rock au Dakota du Nord le
font non seulement pour défendre leurs droits issus de
traités et leur souveraineté mais aussi parce que ce
développement menace les ressources d'eau potable qu'ils
utilisent et que les générations futures vont
utiliser. La route que devait suivre le pipeline Dakota Access avait
déjà été détournée parce que
la communauté dans laquelle il devait passer s'est
objectée aux dangers à leur approvisionnement en eau,
mais les peuples autochtones sont considérés comme des
victimes acceptables. Les manifestations à Muskrat Falls au
Labrador ont fait valoir les
mêmes préoccupations.
Au Canada, 130 avis sur la qualité de l'eau
potable ont été émis concernant environ 90
Premières Nations. En juillet 2015, ce nombre est
passé à 133 avis concernant 93 Premières
Nations. Pendant la campagne électorale de 2015, Justin
Trudeau a dit qu'il s'engageait à régler tous ces avis
avant la
prochaine élection, mais un an plus tard, rien n'a
été fait. Il y a de nombreux exemples d'infrastructures
qui sont vitales à la santé et au bien-être du
peuple et à l'exercice de leurs droits économiques,
sociaux et culturels qui ne sont pas fournies ou ne font pas l'objet de
protection de la part de l'État et des puissants
intérêts privés. En ce qui a trait
à la sécurité, les métallos canadiens,
lorsqu'ils manifestaient contre le projet de loi C-51 lançaient
le slogan « Et la sécurité de ma pensions,
alors ? » .
Cela fait plus de 40 ans que la nation
Asubpeeschoseewagong, également connue comme la Première
Nation Grassy Narrows, au nord de Kenora en Ontario, souffre d'un
approvisionnement en eau contaminé suite au déversement
de milliers de kilogrammes de mercure dans la rivière par la
compagnie qui opérait un moulin à papier près
de Dryden en Ontario. Des centaines de résidents ont
été victimes d'empoisonnement au mercure dont des enfants
qui vont en subir des séquelles toute leur vie. Les moyens de
subsistance de la population, liés étroitement à
la pêche, la chasse et le tourisme dans la région, ont
été dévastés. Une étude faite
en 2005 a démontré
que 79 % des 175 personnes qui ont passé des
tests dans la région entre 2002 et 2004 étaient
empoisonnées ou pouvaient être empoisonnées au
méthylmercure. La majorité d'entre elles n'ont
reçu aucune compensation et aucune décontamination n'a
été faite jusqu'à maintenant.
Dans les années 1980, des scientifiques ont
estimé que le coût d'une décontamination qui se
ferait par le dragage de la rivière serait d'environ 200
millions $ mais rien n'a été fait. Le chef de la
Premiere Nation de Grassy Narrows Simon Fobister a appelé le
gouvernement de Justin Trudeau le 17 janvier dernier à
«
s'engager de facon claire par écrit à décontaminer
notre rivière jusqu'à ce que nos poissons puissent
être consommés en toute
sécurité ». La réponse du gouvernement
a été de nier toute responsabilité sous
prétexte que le moulin à papier qui est la source de
l'empoisonnement n'est pas situé sur une terre
fédérale. Trudeau a donné une réponse
à une question lors d'une « réunion
communautaire » à Fredericton au Nouveau-Brunswick en
janvier dernier que plusieurs ont considérée comme
étant complètement détachée et
insouciante : « Nous travaillons avec le gouvernement
provincial à résoudre cette question. Mon gouvernement
s'est engagé à mettre fin aux avis de faire
bouillir l'eau dans tout le pays », a-t-il dit.
Fobister a répliqué que « je suis
très choqué que deux niveaux de gouvernement ne vont pas
plus loin en disant, suite à l'étude, qu'ils s'engagent
à effectuer la décontamination peu importe le coût.
[...] Je sais que les deux niveaux de gouvernement donnent beaucoup
d'appui à d'autres grands projets industriels comme la
construction de
pipelines », a-t-il dit. « Leur
crédibilité cependant en souffre en ce moment parce
qu'ils n'ont toujours pas réglé cette contamination qui a
elle-même été causée par une activité
industrielle. »
Les « infrastructures
essentielles »
qui font l'objet de « protection » sont d'ailleurs
d'immenses projets de développement des ressources comme le
Barrage Site C de 9 milliards $ et le projet de gaz naturel
liquéfié Pacific North West en Colombie-Britannique et le
pipeline Dakota Access de 3,7 milliards $
aux États-Unis. Leur caractère commun c'est qu'ils ne
sont pas vitaux au bien-être du peuple, aux besoins du pays en
énergie ou même à la santé de
l'économie dans son ensemble. Ils font l'objet d'un
investissement massif de l'État et privé lequel requiert
le recours aux pouvoirs de police afin de garantir le succès du
projet et le profit qui sera
réalisé par le transport des produits et leur vente
à l'étranger ; les pouvoirs de police servent aussi
à venir à bout de l'opposition.
Ce sont les pouvoirs de police qui fournissent la
définition
L'expression « infrastructure
essentielle » n'est pas définie dans les lois
canadiennes. C'est le pouvoir exécutif par le biais des
réglementations ou des documents ministériels, surtout
ceux de Sécurité publique Canada, qui fournissent la
définition.
L'expression « infrastructure
essentielle » était plutôt marginale et peu
discutée avant les attentats du 11 septembre. Un rapport
d'une conférence tenue en novembre 2000 et intitulée
« Directions futures de la protection de l'infrastructure
essentielle au Canada », que l'on retrouve dans le
numéro du
printemps 2001 du Journal of Conflict Studies mentionne
que le Canada devrait se doter d'une stratégie nationale de
« protection de l'infrastructure essentielle ». En
février 2001, le gouvernement Chrétien a
créé le Bureau de la protection des infrastructures
essentielles et de la protection civile, qui comprenait Protection
civile Canada, un groupe de travail sur la protection de
l'infrastructure essentielle et le Centre de coordination de la
protection de l'information gouvernementale.
À ce
moment-là, le gouvernement et
d'autres joueurs du secteur travaillaient encore à
élaborer comment la question de l'infrastructure essentielle
devrait être abordée. Margaret Purdy, secrétaire
adjointe du Cabinet pour la sécurité et le renseignement
au Bureau du Conseil privé de la fin des annes 1990
à 2001, et sous-ministre
déléguée au ministère de la Défense
nationale de 2001 à 2003, a dirigé le travail
menant à l'établissement du Bureau de la protection des
infrastructures essentielles et de la protection civile. En
novembre 2000, Purdy a posé les questions suivantes lors de
la conférence sur les « directions
futures » :
Comment allons-nous mobiliser le secteur privé
dans la protection de l'infrastructure essentielle ?
Est-ce que les vérificateurs et l'industrie de
l'assurance peuvent jouer un rôle dans la mobilisation des
joueurs clés ? Comment pouvons-nous amener le gouvernement
et les entreprises à penser en « temps
Internet » afin qu'ils répondent rapidement aux
menaces qui changent rapidement et à cet environnement de
vulnérabilité ? Comment allons-nous approcher le
défi de faire la collecte du renseignement sur les individus et
les groupes qui pourraient s'attaquer à l'infrastructure
essentielle du Canada ? Comment devrions-nous caractériser
la protection de l'infrastructure essentielle, comme un problème
de sécurité et de renseignement, un problème
technologique et économique, ou une question de protection
civile ? Serons-nous capables de réaliser le niveau
nécessaire de coopération horizontale pour affronter les
défis de la protection de l'infrastructure
essentielle ? »
À ce moment-là, la question de comment
caractériser les actions de protestation est elle aussi venue
sur le tapis. Tim Smith, un agent du SCRS, avait dit à la
conférence que les « trois menaces
importantes » à l'infrastructure essentielle
étaient l' « espionnage/sabotage, le
terrorisme » et ce qu'il a appelé l' «
hacktivisme ».
Ce dernier, avait-il dit, était constitué surtout de la
« cyber-menace, qui s'était exprimée par exemple
lors des récentes manifestations contre la 'mondialisation' qui
fonctionnaient partiellement au moyen du partage de l'information sur
l'Internet entre les groupes d'activistes. »
En 1998 a été créé le
« Centre de protection de l'infrastructure nationale »
(NIPC) des États-Unis. À cette époque, une
ex-agente du SCRS du nom de Katie Tolan était la
représentante du Canada au NIPC et c'est à ce niveau que
la coopération s'est faite.
Après le 11 septembre 2001,
l'expression « infrastructure essentielle » a
été intégrée à la politique de
sécurité nationale du gouvernement des États-Unis
et ses concepts et pratiques ont alors été
importés par le Canada. Le USA Patriot Act, qui est
devenu loi le 26 octobre 2001, comprenait la Loi
de 2001 de la protection des infrastructures essentielles.
Le Homeland Security Act de 2002 a établi le
Department of Homeland Security ( département de la
Sécurité intérieure) qui voit à la
protection de l'infrastructure essentielle. Ce département est
le résultat de la fusion de 187 agences et
départements fédéraux,
dont la Garde nationale, l'Agence fédérale des situations
d'urgence, Protection des douanes et des frontières,
Citoyenneté et Immigration, les Services secrets et 14
agences américaines du renseignement.
La création du département de la
Sécurité intérieure a créé le
modèle pour l'établissement au Canada du ministère
de la Scurité publique et de la Protection civile (aujourd'hui
Sécurité publique Canada) en 2003 sous le
gouvernement libéral de Paul Martin. Le ministère
regroupait l'Agence des services frontaliers du Canada, la GRC, le
SCRS, Service correctionnel Canada, la Commission des
libérations conditionnelles du Canada et différents
organismes d'examen.
On trouve l'expression « infrastructure
essentielle » dans seulement trois lois canadiennes :
- la Loi sur la communication d'information ayant
trait à la sécurité du Canada (2015), qui fait
partie de la loi C-51 et identifie l'acte d' « entraver le
fonctionnement d'infrastructures essentielles » comme une
« activité portant atteinte à la
sécurité du Canada » et permet au SRCS
d'entrer en action ;
- la Loi sur la gestion des urgences (2007) ,
qui dit qu' « il incombe à chaque ministre responsable
d'une institution fédérale devant le Parlement de
déterminer les risques qui sont propres à son secteur de
responsabilité ou qui y sont liés, notamment les risques
concernant les infrastructures essentielles ; il est aussi
chargé de
mener les activités ci-après conformément aux
principes, programmes et autres mesures établis par le
ministre » ;
- la Loi sur les systèmes de
télédétection spatiale (2005) qui dit que les
satellites de télédétection doivent fournir tout
service par le biais de leur système au gouvernement canadien
lorsque le ministre de la Sécurité publique « a des
motifs raisonnables de croire que ce service est souhaitable pour la
protection de l'infrastructure
essentielle ou à la protection civile ».
Opposition à la
réunion de la Conférence des armées des
Amériques à Toronto
Les forces armées des Amériques
coordonnent leurs «opérations domestiques»
Intervention le 9 février 2017 à la réunion de
Toronto de la
Conférence des armées des Amériques
Le Parti communiste du Canada
(marxiste-léniniste) condamne la tenue de la Conférence
spécialisée de la Conférence des armées des
Amériques (CAA) à Toronto du 6 au 10
février. Selon le ministère de la Défense
nationale, le thème de la réunion était «
l'instruction dans un contexte interorganismes » et
l'accent était
mis sur « les possibilités d'instruction en vue
d'opérations nationales et sur « l'échange des
leçons retenues et des pratiques exemplaires ». On
lit dans un communiqué de presse de l'armée que la
réunion s'est notamment penchée sur l'expérience
du Sommet du G20 en 2010 à Toronto.
Fondée en 1960, un an après la
triomphe de la Révolution cubaine, la CAA a servi d'organisme de
coopération de la répression génocidaire par
l'impérialisme américain des travailleurs, des paysans et
des peuples autochtones d'Amérique latine et des Caraïbes
au nom de l' « endiguement du communisme » pendant la
guerre
froide. Sa politique, qui a été établie à
sa réunion de 1973 quelques jours avant le coup
d'État du 11 septembre au Chili, est que ce sont les forces
armées des pays membres qui portent l'ultime
responsabilité de la défaite du communisme et de la
subversion.
L'accent placé cette année sur les
« opérations domestiques » est une entreprise
criminelle visant à défendre l'hégémonie de
l'impérialisme américain en Amérique du Nord, en
Amérique centrale et latine et dans les Caraïbes, à
coordonner le recours à la force contre les mouvements de
résistance des peuples des Amériques et
d'intensifier le recours à la politique d'attaques, d'assassinat
et de subversion de l'État contre les défenseurs de la
terre et les peuples autochtones qui défendent leur
souveraineté. Cela est fait dans le contexte de
la répression brutale du peuple du Honduras par les forces
armées, du recours accru à la force contre les
défenseurs de
Standing Rock qui protestent contre le pipeline Dakota Access dans le
Dakota du Nord, des menaces du ministre canadien des ressources
naturelles d'utiliser la force militaire contre ceux qui s'opposent aux
projets de pipelines et du recours à la force contre la
résistance qui se mène contre les coups
néolibéraux au Brésil et en Argentine. Cette
réunion est un rappel brutal de la nécessité que
les peuples des Amériques, qui ont fait de grands pas dans
l'affirmation de leurs droits et de leur souveraineté, fassent
en sorte que les forces armées de leur pays ne soient plus
jamais placées sous le commandement des États-Unis. Cette
réunion se tient en violation de la proclamation de
l'Amérique
latine et des Caraïbes comme une Zone de paix, laquelle a
été adoptée au deuxième Sommet de la
Communauté des États d'Amérique latine et de la
Caraïbe (CELAC) qui s'est tenu à La Havane à Cuba
en 2014. Cela ne doit pas passer !
Le Parti communiste du Canada
(marxiste-léniniste) félicite ceux qui se sont
opposés à la réunion de Toronto de la CAA.
Le 9 février, des manifestants ont interrompu la
réunion de la CAA et dénoncé le fait qu'un grand
nombre des forces armées de ces pays, dont celles du Canada,
sont engagées dans la répression des peules
autochtones et des autres collectifs des peuples qui se battent pour
leurs droits.
Jayden Lavallée, un organisateur métis
qui
était de la manifestation du 9 février à
l'hôtel Sheraton où se tenait la réunion, a dit
à Media Co-Op que « l'État et les forces
armées qui le soutiennent ont recours à la force brutale
contre les peuples autochtones qui assument leurs responsabilité
de protéger l'eau, comme on l'a vu dans les
actions de la Garde nationale contre les campements de Standing Rock.
Cette conférence sur les « opérations
domestiques » vise à mobiliser le armées des
États coloniaux pour mieux défendre les industries contre
les peuples autochtones et leurs alliés. »
D'autres intervenants ont fait remarquer que parmi les
participants à la réunion on comptait le colonel
hondurien Gabriel Rixci Cárcamo Bonilla, responsable du
troisième bataillon d'infanterie hondurien dans la ville de Naco
au nord du pays pendant les années 2013 et 2014.
Durant cette période, la Police militaire de l'ordre public
du Honduras (PMOP) et les Troupes de renseignement et Groupes de
Réponse Spéciale de Sécurité (TIGRES), qui
sont toutes deux utilisées pour réprimer les mouvements
politiques au Honduras, ont été entraînées
à la base que Bonilla commandait. Karen Spring, coordonnatrice
du Réseau de solidarité avec le Honduras, a
critiqué le gouvernement
canadien pour son « appui au régime hondurien en
dépit de la documentation et des rapports approfondis qui font
état de niveaux extrêmement élevés de
violations des droits humains, d'impunité et de
corruption ».
Dans le contexte de l'anarchie et de la violence que
l'impérialisme américain a déchaînée,
qui est portée à un niveau encore plus
élevé par l'administration Trump, et des contre-attaques
des forces de l'impérialisme contre les mouvements politiques
des peuples dans les Amériques et les Caraïbes, les
Canadiens ne sont pas d'accord avec la
tenue de telles réunions. Ils ne sont pas d'accord non plus
à ce qu'on donne une nouvelle vie aux instruments de la guerre
froide contre le communisme et la libération nationale en tant
que mécanismes pour coordonner les attaques contre la
résistance des peuples aujourd'hui. Plus que jamais, les
Canadiens doivent prendre en main eux-mêmes la
question de la guerre et de la paix et prendre des mesures
concrète pour faire en sorte que le Canada soit un facteur de
paix et que ce genre d'activités ne soient pas permises.
Condamnons la Conférence des
armées des Amériques !
Travaillons-tous à établir un
gouvernement antiguerre
afin de faire du Canada une zone de paix !
Une entreprise inacceptable
- Charlie Vita -
La Conférence des armées des
Amériques (CAA) a été fondée en 1960.
Cette année-là, le major Theodore F. Bogart, chef du
United States Southern Command (Commandement des États-Unis dans
le Sud) invitait les chefs militaires des pays de l'Amérique
latine et des Caraïbes à une réunion à une
base américaine dans la zone du
canal de Panama. La rencontre a établi la CAA en tant
qu'instrument anticommuniste de l'impérialisme américain
sous le nom d'Organisation internationale des commandants des
armées de terre de l'hémisphère occidental. Sa
première réunion s'est tenue sous le
thème : « La sécurité de
l'Amérique du Sud » , ciblant l'« ennemi
commun », soit le communisme et les mouvements de
libération nationale et des travailleurs des peuples des
Amériques. Son objectif déclaré était de
« renforcer la coopération et l'intégration entre
les armées et contribuer du point de vue des penseurs militaires
à la sécurité et au développement
démocratique des pays membres ».
De 1960 à 1963, des réunions ont eu lieu au
Fort Amador américain au Panama et à partir de 1964
elles ont été tenues à l'Académie militaire
américaine de West Point.
Musée à la mémoire des victimes des sales guerre
des États-Unis au Chili
|
La CAA, avec l'École des Amériques,
était un corps principal de coordination pour les guerres sales
brutales appuyées par les États-Unis et pour le
terrorisme d'État contre les peuples de l'Amérique latine
et des Caraïbes connus sous le nom de Opération Condor.
Lors
de sa deuxième rencontre, en 1961, la CAA a mis sur pied un
comité
permanent dans la zone du canal de Panama pour le partage d'information
et du renseignement. Un réseau d'attachés militaires
appelé Agremil fut établi pour partager l'information
commune au sujet des « subversifs » entre les agences
du renseignement, les militaires et les escadrons de la mort. Durant la
rencontre de la CAA à Caracas au
Venezuela le 3 septembre 1973, huit jours avant le coup
d'État au Chili, le chef de l'armée brésilienne,
le général Breno Borges Fortes, a proposé que la
lutte contre le communisme soit dirigée par les forces
armées de chaque pays et dit que « les seules
méthodes efficaces sont le partage d'expériences et
d'informations de même que
l'assistance technique sur demande ». La CAA a
décidé de « renforcer le partage d'information afin
de contrer le terrorisme et de contrôler les
éléments subversifs dans chaque pays ».
Lors de sa réunion du 19 au 26
octobre 1975 à Montevideo en Uruguay, la CAA a mis sur pied
une « réunion de travail sur les services nationaux de
renseignement » préparée par la figure de
proue de la lutte au communisme du dictateur chilien Augusto Pinochet,
le colonel Manuel Contreras. Cette rencontre, qui a
eu lieu du 25 novembre au 1er décembre 1975
à Santiago, a créé une base de données
continentale « similaire à la base de données
Interpol à Paris, mais spécialisée dans la
subversion ». Les rencontres de l'opération Condor se
sont alors poursuivies parallèlement à celles de la CAA,
et plusieurs personnes participaient aux
deux rencontres.
Les réunions de la CAA ont continué de se
tenir sous la direction des États-Unis tandis que la
résistance et les guerres de libération nationale se
développaient contre les massacres brutaux et les autres crimes
commis en Amérique latine et dans les Caraïbes.
En 1977, la
CAA s'est réunie à Managua au Nicaragua (une année
avant le
renversement du régime Somoza par le Front sandiniste de
libération nationale) et en 1979 à Bogota en
Colombie. La victoire du peuple au Nicaragua a poussé les
membres de la CAA à standardiser et aligner les méthodes
afin d'accélérer la lutte contre la «
subversion » tandis que les guerres sales et la
répression contre les peuples
d'Amérique centrale et du sud s'intensifiaient. La CAA s'est
réunie à Washington en 1981, peu de temps
après l'élection de Ronald Reagan à la
présidence des États-Unis. La réunion a
décidé de renouveler les accords bilatéraux de
partage de l'information sur les « subversifs « et de
créer un Secrétariat permanent de la CAA. Le
Secrétariat
a été établi à Santiago de Chile le 24
mai 1984. La CAA considérait de plus en plus tous ceux qui
étaient considérés comme étant de gauche ou
adhérant à la « théologie de la
libération »
comme des cibles de sa guerre contre le communisme.
Le Secrétariat exécutif permanent de la
CAA (SEPCAA) pour 2016-2017 est basé aux États-unis.
Sa mission est de « diriger, administrer, exécuter,
contrôler évaluer le processus qui se déroule au
cours du cycle de l'organisation, guidé par son but et les
accords éventuellement adoptés par les commandants pour
le cycle
correspondant ».
Son président est le général
américain Mark A. Milley, chef d'état-major de
l'armée des États-Unis, consistant en 750 000
soldats actifs, membres de la Réserve et de la Garde nationale.
Le secrétaire général de la CAA est le major
général Clarence K. K. Chinn, le commandant
général de l'US Army South située à Fort
Sam
Houston au Texas. US Army South est la composante de l'armée du
USSOUTHCOM, dont la « zone de responsabilité »
inclut l'Amérique centrale et du sud, les Caraïbes et
ses 32 États souverains. Son secrétaire
exécutif permanent est le colonel Brian McNaughton.
Les armées membres de la CAA sont celles des
pays suivants : Antigua-et-Barbuda, Argentine, Bolivie,
Brésil, Canada, Chili, Colombie, République dominicaine,
Équateur, États-Unis, Guatemala, Honduras, Mexique,
Nicaragua,
Paraguay, Pérou, Salvador, Trinité-et-Tobago, Uruguay et
Venezuela. Les cinq armées observatrices sont
celles de la Barbade, du Bélize, du Guyana, de la Jamaïque
et du Suriname, tandis que l'armée observatrice spéciale
est celle de l'Espagne. Deux organisations militaires internationales
ont également le statut d'observatrices : la
Conférence des forces armées de l'Amérique
centrale et l'Organisation interaméricaine de défense.
La participation du Canada
Le Canada s'est joint à la CAA en 1993. En
excluant la dernière conférence à Toronto, il a
été hôte de six conférences, la
dernière en septembre 2003 à Ottawa. Depuis ce
temps, un décret ministériel a été
adopté intitulé « Décret sur les
privilèges et immunités (Conférence des
armées des Amériques) », accordant aux
représentants de la CAA l'immunité diplomatique pour la
durée de la conférence. Les Forces armées
canadiennes identifient ses « partenaires
prioritaires » dans la coopération militaire
bilatérale comme étant le Mexique, le Brésil, le
Chili, la Colombie et la Jamaïque. Un communiqué de presse
de l'armée canadienne mentionne que le
secrétaire général de la CAA, le
major-général Clarence K. K. Chinn, commandant de la U.S.
Army South, a accueilli « l'occasion de discuter des
opérations dans le contexte interorganismes »,
ajoutant que « la réalité de la situation mondiale
actuelle est une plus grande instabilité, qui, maintenant plus
que jamais, étaye l'importance que nos
armées continuent le dialogue et travaillent ensemble pour
protéger nos intérêts ».
La conférence de la CAA à Toronto
du 6 au 10 février avait pour « thème
principal » « l'examen de la façon dont les
armées peuvent travailler avec des organismes relevant de
différents niveaux devant les défis croissants à
la défense régionale, tout en considérant les
différents rôles, capacités et cadres légaux
de chaque
pays ». Natalie Flynn des Affaires publiques de
l'armée canadienne écrit : « En lien avec le
thème, le sujet défini par l'Armée canadienne pour
la conférence spécialisée de la CAA se concentrait
sur l'aspect formation des opérations interagences, qui comprend
des activités planifiées à grande échelle,
comme des épreuves sportives
importantes et des sommets, et des incidents imprévus, comme les
catastrophes naturelles. [...]
« Selon le lieutenant-général
Wynnyk, c'est un domaine pour lequel l'Armée canadienne est bien
placé pour fournir une expertise, en raison de ses
expériences des opérations de sécurité de
grande envergure au pays et des interventions en cas de catastrophes
naturelles, nationales et internationales. Les études de cas
discutées dans le cadre de la
conférence spécialisée comprenaient la
sécurité pour les Jeux olympiques de Vancouver et le
sommet du G20 à Toronto, ainsi que la préparation en vue
d'un tremblement de terre important sur la côte Ouest du
Canada. »
Lors du Sommet du G20 à Toronto en 2010,
l'armée canadienne (représentée par le
Commandement Canada) faisait partie du Groupe intégré de
la sécurité qui a rassemblé sous commandement
militaire tous les niveaux d'agences de police, du renseignement et
même de sécurité privée. Elle a
travaillé directement avec le Commandement
de la défense aérospatiale de l'Amérique du Nord
(NORAD) qui est sous le contrôle du Commandement nord des
États-Unis. Ces organisations sont responsables des violations
des droits du peuple qui ont été commises, dont les
arrestations préventives, la criminalisation de masse de la
dissidence, la violence et les incarcérations. Les Canadiens
n'ont pas oublié que le Sommet du G20 a été
utilisé précisément en tant que terrain
d'entraînement pour les opérations «
interagences » toutes sous le commandement de NORAD. Sept
ans et plusieurs enquêtes plus tard, notamment par l'Ombudsman de
l'Ontario, la Commission civile d'examen et de traitement des plaintes
relatives à la
GRC et l'Enquête d'intérêt public sur la conduite de
membres de la GRC lors des sommets du G8 et du G20 de 2010, cette
expérience est maintenant présentée comme une
« étude de cas » des « meilleures
pratiques » pour réprimer les mouvements des peuples.
Discussion
La signification du débat sur le commerce
équilibré et équitable entre le Canada et les
États-Unis
- K.C. Adams -
Un thème émergeant depuis
l'élection de Donald Trump est que le Canada sera
favorisé par une présidence Trump par rapport à
des pays comme le Mexique et la Chine. Le Mexique et la Chine seraient
dans la ligne de mire de Trump, alors que les échanges
commerciaux entre le Canada et les États-Unis, dit-on, sont
équilibrés, ce qui est
synonyme de commerce équitable ou même de commerce
mutuellement avantageux.
En retirant lui-même le 23 janvier les
États-Unis du Partenariat transpacifique (PTP), Trump a
déclaré qu'il poursuivrait des accords de commerce
équitable. Dans certains cas, ce geste est applaudi par des
représentants syndicaux et est décrit comme quelque chose
qui est bon pour les travailleurs.
Pendant ce temps, l'ALÉNA
est également
visé par Trump. On raconte aux travailleurs canadiens que le
commerce n'est pas équilibré entre les États-Unis
et le Mexique, mais qu'il l'est entre les États-Unis et le
Canada. De cette façon, le Canada se présente comme
étant dans une position privilégiée et la question
est de ne pas faire trop de
bruit. L'argument mis de l'avant est que les échanges
commerciaux entre le Canada et les États-Unis sont relativement
égaux ou équilibrés par rapport à ce qui se
passe entre les États-Unis et le Mexique et les
États-Unis et la Chine. Dans certains cas, il est dit que
l'ordre du jour de Trump pourrait même être avantageux pour
le Canada, car le
déficit commercial perçu entre le Canada et le Mexique
pourrait être réglé.
Décrivant la question des dettes et des
déficits dans les échanges commerciaux, Michael Den Tandt
a écrit le 23 janvier dans le National Post
:
« Selon le Bureau du représentant
commercial des États-Unis, le Mexique a eu en 2015 des
échanges commerciaux bilatéraux de biens avec les
États-Unis d'une valeur de 531 milliards $US. Le
déficit des États-Unis dans cet échange a
été de 58 milliards $, ce qui signifie que les
Américains ont acheté 58
milliards $ de plus en biens des Mexicains, qu'ils ne leur en ont
vendus. »
« La Chine a eu en 2015 un commerce
bilatéral de marchandises avec les États-Unis
de 659,4 milliards $. Les exportations américaines
vers la Chine n'ont représenté que 116
milliards $, alors que les importations de biens américains
en provenance de Chine ont été de 482
milliards $. Le déficit
américain dans cet échange a été la somme
fulgurante de 366 milliards $. Le déséquilibre
est énorme.. [1]
« [Le Canada] a eu en 2015 un commerce
bilatéral de biens avec les États-Unis d'une valeur
de 575 milliards $, pratiquement équilibré - un
déficit pour les États-Unis de seulement 15
milliards $. Les biens achetés (par les États-Unis)
en 2015 provenant du Canada sont avant tout des combustibles
minéraux, du pétrole et du gaz naturel, à hauteur
de 70 milliards $. Les trois principales catégories de
biens américains achetés par les Canadiens ont
été des véhicules (48 milliards $US), des
machines (43 milliards $US) et des équipements
électriques (25 milliards $US). »
Jim Stanford, ancien économiste d'Unifor et
professeur d'économie actuellement à l'Université
McMaster, a réitéré ce thème dans un
article du 5 janvier dans le Globe and Mail (les
soulignés sont de nous) :
« Contrairement au Mexique, le commerce
automobile entre le Canada et les États-Unis est
équilibré. Le commerce automobile entre le Canada et
les États-Unis est énorme : environ 135
milliards $ l'an dernier. Nous vendons plus de véhicules
aux États-Unis que nous en importons d'eux, mais nous achetons
beaucoup plus de pièces des États-Unis. Le
déséquilibre qui en résulte (en faveur du Canada)
est infime, par rapport à la valeur des échanges
commerciaux bilatéraux. Si l'on inclut les achats canadiens de
services liés à l'automobile (tels que les paiements
d'ingénierie, de marketing et de gestion faits aux
sociétés-mères américaines) et le
rapatriement des bénéfices provenant des
opérations canadiennes, on arrive à effacer le
déficit. C'est un cas où le commerce est
réellement équilibré et mutuellement avantageux
(comme les manuels d'économie disent qu'il devrait
l'être). C'est grâce au Pacte de l'automobile
canado-américain, mis en oeuvre en 1965, qui a
obligé le
commerce automobile à s'effectuer dans les deux sens .
« Avec le Mexique, en revanche, le commerce
automobile (en vertu des règles du laisser-faire de
l'ALÉNA) est précairement
déséquilibré. Les États-Unis importent au
moins 10 fois plus de véhicules du Mexique (2,3 millions
d'unités en 2015).
« Grâce à nos achats aux
États-Unis de pièces importantes, chaque véhicule
fabriqué au Canada contient 50 % de composants
américaines de plus que les véhicules fabriqués au
Mexique. Toute perturbation du commerce transfrontalier d'automobiles
au Canada nuirait autant aux États-Unis qu'à
nous. »
Les lecteurs pourront noter l'utilisation dans les deux
articles de termes généraux du concept «la nation
une et une seule» tels que « les
États-Unis », « le
Mexique » et « nous les Canadiens » ou
« nous » ou « notre » sans
référence aux classes sociales et aux conditions
concrètes des peuples concernés, selon les rapports de
production et leur classe sociale, leur position de richesse, de
pouvoir, de privilège ou l'absence de tout cela. Les rapports de
production dans le monde moderne existent principalement entre ceux qui
vendent leur capacité de travail et ceux qui achètent la
capacité de travail des travailleurs. Ceux qui achètent
la capacité des travailleurs à travailler
dans les secteurs de base se retrouvent avant tout principalement parmi
les oligopoles contrôlés par des oligarques milliardaires.
Lorsqu'on discute des échanges commerciaux (ou
d'une question sociale, politique ou économique), une analyse
doit discuter concrètement de qui contrôle et qui
bénéficie des échanges commerciaux et des classes
sociales concernées, et des rapports qui existent entre elles et
les forces productives. Sinon, la discussion aboutit à
l'obscurantisme
et au chauvinisme antiouvrier, et à appuyer les oligopoles et
leurs plans pour traiter de leurs problèmes sur le dos de la
classe ouvrière.
Des termes généraux sans contenu de
classe sociale ou contexte historique peuvent être
manipulés pour faire la preuve d'une notion
préconçue. Ces termes et les présomptions qui en
découlent visent à distraire le lecteur de l'analyse
concrète des conditions concrètes et des conclusions qui
s'imposent.
Les oligopoles mondiaux
contrôlent la production
automobile dans les trois pays nord-américains. La
récente annonce de GM déménageant la production
d'automobiles d'Ingersoll, en Ontario, éliminant plus
de 600 emplois dans le secteur automobile reflète ce
contrôle qui s'exerce sans égard à ce qui arrive
à la classe ouvrière, à la
collectivité ou à l'économie partout où ils
opèrent. Les oligopoles contrôlent le commerce au point
qu'une grande partie de celui-ci se fait de façon interne, au
sein d'un groupe de propriété particulier. La classe
ouvrière ne contrôle pas le secteur de l'automobile ou
quelque autre secteur. Les oligarques possèdent et
contrôlent tous les secteurs de
base et contrôlent les échanges commerciaux. Ils
s'emparent de la valeur objective créée par les
travailleurs dans les trois pays et dictent où cette valeur
aboutit et comment elle peut être employée. Une grande
partie de la valeur dans le secteur de l'automobile a été
regroupée dans la robotique pour diminuer le temps de travail
nécessaire pour
produire des véhicules. Cela a exercé d'énormes
pressions à la baisse sur la classe ouvrière des trois
pays.
Lancer des termes généraux sans contenu
de classe sociale et contexte historique empêche les travailleurs
de l'automobile et les autres travailleurs de discuter,
d'enquêter, d'organiser et de lutter pour une nouvelle
orientation de l'économie centrée sur l'humain où
les producteurs réels du produit social et sa valeur objective
contrôlent la
production et, chose importante, contrôlent comment la valeur
qu'ils créent est distribuée et employée.
Stephen Schwarzman est le directeur
général milliardaire de la firme américaine
d'investissement Blackstone Group et chef de Strategic and Policy Forum
de Trump. Après que Schwarzman ait rencontré le premier
ministre Trudeau et son cabinet le 23 janvier, il a
présenté son point de vue aux journalistes et dit :
« Je pense que le
commerce entre le Canada et les États-Unis est très
équilibré et constitue un modèle de ce que
devraient être les relations commerciales. »
« Le Canada est tenu en haute estime. Le commerce
entre les États-Unis et le Canada est équilibré.
Vous n'avez vraiment pas à vous inquiéter. »
La rencontre et les commentaires de Schwarzman semblent
avoir transformé les élus du gouvernement Trudeau en
mendiants cherchant les bonnes grâces de Trump et de son
équipe de ploutocrates. En réponse aux remarques de
Schwarzman, le ministre de l'Innovation, des Sciences et du
Développement économique Navdeep Singh Bains a
dit : « Nous sommes très chanceux d'être dans
cette position. Nous ne la tenons pas pour acquis et nous continuerons
de nous assurer de parler de la nature intégrée de nos
économies. »
Le ministre du Commerce international de Trudeau
François-Philippe Champagne a louangé Schwarzman pour sa
« très profonde compréhension de la relation entre
les États-Unis et le Canada. »
Le ministre des Transports et président du
Comité du Cabinet chargé des questions concernant les
relations canado-américaines Marc Garneau a
déclaré à CTV : « (Schwarzman) nous a
donné son point de vue sur la situation et c'était
très encourageant. Je pense que la relation entre la nouvelle
administration Trump et le Canada sera très
bonne. »
La classe ouvrière et les Canadiens sont
censés espérer que l'équipe de ploutocrates de
Trump va accepter les arguments du gouvernement Trudeau et des
différents porte-paroles des oligopoles selon lesquels le
commerce est équilibré et même mutuellement
bénéfique. Si les oligarques acceptent l'argument, tout
ira bien, nous dit-on.
Si cela ne marche pas, on demandera aux Canadiens de se
rallier derrière le gouvernement Trudeau pour tenter de
convaincre le Congrès américain de la justesse de la
position et de la cause du Canada. Il est particulièrement
important, se font dire les Canadiens, de convaincre les pouvoirs en
place dans 35 États qu'ils bénéficient
directement du commerce canadien et qu'ils devraient dire à
Trump d'être bon envers nous parce que ces États
après tout dépendent du Canada comme premier partenaire
pour l'achat et la vente de biens.
En tout cas, les travailleurs Canadiens sont
censés faire appel à Trump dans l'espoir qu'il utilise
les pouvoirs de police de l'État d'une manière qui vise
le Mexique et non le Canada. Si les appels à Trump ne
parviennent pas à le convaincre de l'importance d'avoir un
voisin comme le Canada, alors nous devrions faire appel au
Congrès des
États-Unis pour contester Trump au sujet des cibles qu'il
choisit avec ses décrets présidentiels et les pouvoirs de
police.
Tapage au sujet de l'intégration
Le gouvernement canadien, différents
universitaires et porte-paroles des monopoles soutiennent que, outre ce
« commerce équilibré et mutuellement
avantageux » avec les États-Unis, les
économies des deux pays sont si intégrées que
toute taxe sur les importations et exportations de biens canadiens
nuirait aux oligopoles. L'imposition
d'une taxe à la frontière entraînerait une
réduction des profits à moins que le montant ne puisse
être refilé dans le prix du marché.
Brendan Sweeney, professeur à
l'université MacMaster et gestionnaire de projet au Automotive
Policy Research Centre écrit ceci dans Open Canada sur
les techniques de production intégrées juste à
temps des oligopoles de l'automobile : « Au cours du dernier
demi-siècle, la production et la commercialisation des
véhicules
sont devenues très intégrées entre les
États-Unis, le Canada et le Mexique. Aujourd'hui, dans le cadre
de l'ALÉNA, les chaînes d'approvisionnement de
l'automobile traversent le continent. Les véhicules
assemblés dans un pays partenaire contiennent des pièces
produites dans les trois pays. L'intégration permet la
spécialisation, l'efficacité et les
gains de productivité. (Dans son enthousiasme, le professeur ne
mentionne pas la pression à la baisse sur les salaires des
travailleurs et les conditions de travail résultant de
l'automatisation sous le contrôle de l'oligarchie
financière.)
« Les ventes de
véhicules aux
États-Unis et au Canada sont à des niveaux record, et
plusieurs des modèles préférés par les
clients américains sont produits exclusivement au Canada,
notamment les Ford Edge, Chrysler Pacifica, Chevrolet Equinox et Toyota
RAV4. L'augmentation du prix de ces véhicules pour les
consommateurs américains en
taxant les véhicules importés du Canada serait
probablement impopulaire. »
Chrystia Freeland, en tant que ministre des Affaires
étrangères, est allée jusqu'à dire :
« Le Canada faisait partie de la chaîne d'approvisionnement
des États-Unis » , ce qui implique clairement que
pour elle, le Canada n'est pas une nation souveraine mais un appendice
des États-Unis parce que les oligopoles fonctionnent sans
frontières ou souci de la souveraineté.
Les oligopoles ont établi des opérations
en Amérique du Nord qui ne reconnaissent pas l'existence de
nations et de peuples distincts. Ils ne parlent que de «
juridictions » qui sont dressées les unes contre les
autres et manipulées pour payer des dizaines et des centaines de
millions de dollars en argent d'extorsion pour avoir le
privilège
d'avoir des exploitations établies dans un endroit donné,
qui sont déplacées ou fermées quand elles ne
s'inscrivent plus dans leurs plans intéressés. Le plan
actuel de GM d'éliminer 600 emplois à Ingersoll en
est un bon exemple.
Cette soi-disant intégration de la production et
des ventes est présentée comme quelque chose que les
travailleurs doivent défendre et soutenir afin de
préserver leurs emplois et l'existence même du pays. En
d'autres termes, la négation de la souveraineté et d'une
économie prosociale autosuffisante qui favorise le peuple sont
présentées comme
la condition préalable à toute discussion sur le
commerce, que ce soit le libre-échange favorisé par la
bande Trudeau/Freelance/Clinton ou le commerce protectionniste de la
bande à Trump. Cela montre bien que la discussion ne porte pas
sur le commerce avec les États-Unis, mais sur la façon
dont le Canada devrait se subordonner à l'impérialisme
américain et aux intérêts étroits de
l'oligarchie financière.
Préoccupation au sujet des effets secondaires
Quelles sont les raisons derrière
l'hostilité ouverte de l'oligarque Trump envers le Mexique et
les Mexicains qui pourrait causer des problèmes à
certains oligopoles ? Les relations se détériorent
rapidement avec l'injure nationale et raciste de Trump de construire un
mur de frontière avec le Mexique et de taxer les importations
mexicaines
pour le payer. Une section des oligarques peut voir une guerre avec le
Mexique comme une option pour compléter l'annexion
américaine des personnes et du territoire mexicain
commencée avec la guerre États-Unis-Mexique
de 1846-1848 lorsque les États-Unis se sont emparés
de vastes étendues de territoire mexicain comprenant la
Californie, le Texas, le Nouveau Mexique, l'Arizona et d'autres
régions. Certains considèrent une nouvelle guerre avec le
Mexique comme un moyen d'éviter l'orage en formation d'une
guerre civile aux États-Unis.
Dans le cas du Mexique en
particulier,
l'intégration des exploitations de plusieurs oligopoles
fonctionnant partout en Amérique du Nord signifie que tout tarif
ou taxe sur les produits mexicains, comme le tarif de 20 %
proposé par Trump pour toutes les exportations mexicaines vers
les États-Unis, pourrait exercer une pression à la
baisse sur le taux de profit. En ce sens, dans le cadre du
régime Trump, l'intégration de l'économie
canadienne au Mexique est présentée comme un passif alors
qu'une annexion plus profonde avec l'Empire des États-Unis est
considérée comme un atout.
Les effets secondaires de l'accrochage de Trump avec le
Mexique peuvent conduire à des problèmes qui pourraient
être évités selon certains membres de
l'élite politique canadienne qui proposent une
intégration plus profonde et même une annexion
complète à l'Empire des États-Unis tout en
éloignant le Canada du Mexique pour le
moment.
Un reportage de Robert Fife dans le Globe and Mail
indique : « Un haut responsable du gouvernement canadien a
déclaré au Globe and Mail que les signaux de
l'équipe du commerce de M. Trump indiquaient que l'attention du
commerce visera en grande partie le Mexique, ce qui enlèverait
au voisin du sud des
États-Unis de nombreux avantages de l'ALÉNA. »
« ' L'indication claire que nous avons obtenue de
ce côté-ci des choses c'est qu'ils visent le Mexique et
pas nous ', a dit le responsable. 'Nous maintenons une ligne de
communication ouverte avec eux afin de savoir ce qu'ils ont l'intention
de faire avec le Mexique parce que cela pourrait avoir de
sérieuses répercussions pour
nous.' »
Dilemme sur la question des échanges commerciaux
et Keystone XL
Une autre question est apparue dans le cadre de la
discussion sur les dettes et les déficits reliés aux
échanges commerciaux. Elle est liée à
l'approbation de l'oléoduc Keystone par Trump le 23 janvier
et aux demandes qu'aurait faites le secrétaire au commerce de
Trump, Wilbur Ross, à l'effet que les ententes sur les accords
commerciaux
devraient être rouvertes sur une base régulière
pour que les échanges commerciaux demeurent équitables,
du moins du point de vue des impérialistes américains.
Cela signifie que l'élite des États-Unis,
et la bande de Trump en particulier, avec son obsession sur «
l'art de conclure une affaire », veulent automatiquement
ouvrir ou négocier régulièrement des changements
aux accords de libre-échange comme l'ALÉNA. La
renégociation des ententes interviendrait en réponse
à des changements dans
le prix du pétrole ou d'autres produits, par exemple, qui
peuvent changer radicalement la balance commerciale en termes
monétaires et causer des dettes et des déficits aux
États-Unis. En fait, les oligopoles dominants exigeraient sans
cesse des changements aux termes de l'échange commercial en
fonction de leurs intérêts privés.
Suite à l'approbation
de Keystone XL par Trump
et à sa demande d'un nouvel accord, certains commentateurs
disent que le pétrole additionnel qui coulerait du Canada vers
le sud pourrait déséquilibrer les échanges
commerciaux entre le Canada et les États-Unis, menant à
un déficit commercial américain avec le Canada. La
solution qui est
présentée est une annexion encore plus poussée
pour faire en sorte que les importations de pétrole canadien par
les États-Unis ne soient pas considérées comme des
importations ; les réserves pétrolières
canadiennes seraient considérées comme faisant partie de
l'approvisionnement intérieurr des États-Unis. La
solution serait de concéder la
souveraineté et le contrôle canadiens sur le territoire et
les ressources du Canada au nom de la préservation de
l'exportation de ressources du Canada vers les États-Unis. Cet
argument, qui est irrationnel et représente une capitulation
selon beaucoup de Canadiens, et qui abandonne totalement
l'indépendance et le contrôle de l'économie
canadienne,
s'étendrait à toutes les ressources canadiennes y compris
les forêts et l'eau du Canada. La proposition est de transformer
officiellement et légalement le Canada en un vaste
réservoir de ressources pour les oligopoles américains et
course à l'hégémonie mondiale.
Le 23 janvier, Campbell Clarke écrivait
dans le Globe and Mail :
« L'approbation de Keystone XL pourrait entrer en
conflit avec un autre aspect important de la politique commerciale de
M. Trump : l'élimination des déficits commerciaux
des États-Unis.
« En 2015, les États-Unis ont
bénéficié d'un excédent commercial
de 11,9 milliards $US avec le Canada. Keystone XL effacerait
cependant l'excédent commercial des États-Unis et une
hausse du prix du pétrole à 75 ou 80 $ le
baril le transformerait soudainement en un déficit.
« Imaginez ce que cela pourrait signifier pour le
Canada en vertu d'un nouvel ALÉNA qui redémarre une
renégociation chaque fois que les États-Unis
développent un déficit commercial avec le Canada :
lorsque les prix du pétrole augmentent, les règles
commerciales pour les autres marchandises allant des voitures au
bétail pourraient
être réécrites, créant des incertitudes pour
les exportateurs.
« Si M. Trump obtient l'oléoduc qu'il
veut, le Canada peut s'attendre à ce que l'ALÉNA soit
rouvert. Et deux fois plutôt qu'une.
« Cela pourrait
être une question
clé pour M. Trudeau de convaincre M. Trump qu'il devrait
considérer le pétrole canadien comme le pétrole
des États-Unis - autrement dit que les États-Unis ne
devraient pas considérer le pétrole canadien comme une
importation quand ils prennent en considération leur balance
commerciale.
« M. Trudeau doit faire en sorte que
l'administration Trump considère le pétrole canadien
comme une partie de son approvisionnement continental, autrement, aux
yeux de Washington, un pipeline ou un changement de prix pourraient
faire pencher la balance. »
En plus de ces arguments qui sont équivalents
à l'annexion du Canada par les États-Unis et à la
liquidation de toute notion d'un Canada indépendant, d'autres
arguments sont présentés pour que le Canada augmente ses
échanges commerciaux avec la Chine si les choses ne vont pas
bien avec les États-Unis. À cet égard, à la
suite de l'abandon
du PTP par Trump, le Canada entame des pourparlers exploratoires sur un
accord de libre-échange avec la Chine à compter de ce
mois-ci. Une autre proposition qui est lancée est que le Canada
collabore étroitement avec le Mexique et l'Amérique
latine afin de traiter conjointement avec Trump.
Dans tous ces cas, ce qui est présenté
c'est que la crise d'incertitude que Trump a créée ne
devrait pas être résolue en faveur d'une nouvelle
direction pour l'économie, y compris un commerce international
qui favorise les travailleurs. Au lieu de cela, les propositions et les
appels à faire face à la crise orientent le pays vers la
préservation de la
domination et du contrôle de l'oligarchie financière d'une
manière ou d'une autre. Aucune de ces propositions ne vise une
nouvelle direction pour l'économie et les échanges
commerciaux, fondée sur le fait qu'une économie
autosuffisante et indépendante dépend du contrôle
des producteurs. Une économie canadienne axée sur
l'être humain
s'appuierait sur sa propre force interne et sa reproduction
élargie pour garantir les droits et le bien-être de tous
et commercer avec d'autres pour le bénéfice mutuel des
peuples concernés et le développement pacifique collectif
de toute l'humanité.
Note
1. Les termes économiques centrés
sur le capital dans l'article du National Post ont un double
sens qui peut facilement être manipulé pour faire la
promotion d'une thèse. Les prix du marché des
exportations chinoises ne sont pas comparables à la valeur
objective des marchandises similaires produites aux États-Unis
ou au
Canada. Les importateurs américains et canadiens de produits
chinois les achètent à des prix du marché bien
inférieurs aux prix comparables de la production de biens
similaires produits aux États-Unis et au Canada. On pourrait
dire que les pays en développement subventionnent les centres de
l'impérialisme.
Une grande partie des marchandises chinoises
exportées vers les États-Unis et ailleurs sont produites
en réponse à des commandes d'énormes
détaillants américains (européens ou japonais)
tels que Wal-Mart ou en consignation tels que les iPhones Apple pour la
vente dans le monde entier. Cela se traduit par un transfert de valeur
objective des
mains des travailleurs chinois vers les oligarques aux
États-Unis. Ce phénomène, couplé à
l'hégémonie du dollar américain en tant que
monnaie de réserve officielle et dominante dans le
système impérialiste d'États, force les pays en
développement comme la Chine et d'autres d'acheter des
obligations du Trésor libellées en dollars
américains
uniquement pour faciliter le commerce international et aussi comme une
couverture contre les attaques contre leurs propres monnaies. Les
déficits des échanges commerciaux des États-Unis
sont pour la plupart illusoires puisqu'ils sont partiellement
financés par des bons du Trésor américains et une
dette nationale des États-Unis qui est constamment
renouvelée par une nouvelle dette jusqu'à ce qu'une crise
insoluble éclate et qu'une rébellion mondiale contre
l'hégémonie américaine balaye le monde.
Ces facteurs sont des facteurs majeurs qui garantissent
présentement le transfert de la valeur vers les coffres de
l'oligarchie financière américaine, permettant à
l'impérialisme américain de financer, entre autres, sa
machine militaire et politique massive dans le monde, avec des bases et
des opérations partout, engagée dans des guerres
prédatrices
et des ingérences continues dans des pays souverains jusqu'au
changement de régime et à l'occupation militaire.
Cinquième Sommet de la
Communauté des États d'Amérique latine et des
Caraïbes
L'Amérique latine et les Caraïbes se
réaffirment en tant que Zone de paix
Le Cinquième Sommet de la Communauté
d'États latino-américains et des Caraïbes (CELAC) a
eu lieu à Punta Cana en République dominicaine
les 24 et 25 janvier. Tous les pays des Amériques sont
membres de la CELAC, à l'exception du Canada, des
États-Unis et des fiefs coloniaux de pays européens et
des États-Unis. En
tout, l'organisation comprend 33 pays, ce qui représente
plus de 600 millions de personnes.
Le sommet a débuté le 24 janvier
avec une minute de silence pour rendre hommage au dirigeant historique
de la Révolution cubaine, Fidel Castro. Le président
dominicain, Danilo Medina, a ouvert la session en rendant hommage
à Fidel en tant que « l'un des principaux
défenseurs de la communauté et le défenseur
irréductible sa vie
durant de la vision d'une région unie sur la voie du
progrès. » Il a dit de la CELAC que c'était
« au sein de cette alliance des peuples, de cette
communauté de frères, que nous devons trouver les
idées, les voies, les actions et la volonté politique de
réaliser le destin historique de l'Amérique latine et des
Caraïbes ».
Ouverture du sommet de la CELAC avec une minute de silence à la
mémoire de Fidel
On rapporte que les représentants de 29
pays membres sont intervenus à la session
plénière. Certains pays membres n'ont pas
délégué de chefs d'État au sommet,
notamment le Brésil et l'Argentine, tandis que les
présidents du Chili, de la Colombie et du Mexique avaient
confirmé leur présence mais ont décommandé,
évoquant des
problèmes urgents de dernière minute. À la fin du
sommet, le président Salador Sanchez Ceren a assumé la
présidence intérimaire de la CELAC pour 2017 au nom
du Salvador et dit que cela représentant une importance
reconnaissance mais aussi une responsabilité énorme pour
son pays.[1]
Le sommet a conclu ses délibérations avec
la déclaration politique de Punta Cana ainsi que 20
déclarations spéciales et le Plan d'action de la CELAC
pour 2017. Des ministres des Affaires étrangères
ainsi que des représentants d'autres ministères
gouvernementaux se réuniront au cours de l'année afin de
discuter des domaines de
coopération tels que déterminés par le Plan
d'action.
Déclaration de Punta Cana
Les signataires de la déclaration
réitèrent que « le dialogue et l'entente politique
en vertu d'une confiance réciproque entre nos gouvernements et
le respect des différences sont essentielles pour
réaliser encore davantage l'intégration politique,
économique, sociale et culturelle de la
Communauté ». Aussi, ils « réaffirment
leur engagement
à consolider l'Amérique latine et les Caraïbes en
tant que Zone de paix, conformément aux décisions
du 2e sommet qui a eu lieu à La Havane en
janvier 2014, devenu désormais une référence
pour les relations entre pays, une importante contribution au climat de
respect réciproque et un gage de confiance pour les pays
membres ».
Les pays membres sont appelés à respecter
les principes de la déclaration dans leurs relations avec la
région, « dans le but de régler les conflits par
des moyens pacifiques et dans la reconnaissance du droit des
États d'avoir leur propre système politique, leur propre
développement économique, social et culturel en tant que
fondement
indispensable de la promotion de la paix et de l'harmonie dans la
région ».
Ils expriment aussi l'appui de la CELAC au processus de
dialogue national dans la République bolivarienne du Venezuela
entre le gouvernement et l'opposition « dans le cadre de la
constitution et des lois du Venezuela et en vertu du principe de
respect pour la non-ingérence dans les affaires internes de
pays ».
Sur les questions de paix et de sécurité
internationales, ils ont réaffirmé l'usage pacifique des
technologies de l'information et de la communication (TIC) et ont
appelé « la communauté internationale à
éviter et à refuser d'avoir recours à des actes
qui ne sont pas compatibles avec les objectifs et les principes de la
Charte des Nations unies, de
la Déclaration universelle des droits de la personne et du droit
international, tels que ces actes qui cherchent à subvertir des
sociétés ou à créer des situations
susceptibles d'inciter des conflits entre pays ».
Ils ont rejeté le recours aux mesures
coercitives unilatérales, y compris les listes et les
certifications touchant à des pays d'Amérique latine et
des Caraïbes en violation du droit international.
Les participants ont à nouveau exprimé
leur inquiétude face à l'adoption du Décret
exécutif des États-Unis, d'abord approuvé
le 9 mars 2015 et renouvelé en janvier par Barack
Obama, l'un de ses derniers actes en tant que président. Le
décret vise le Venezuela en tant que « menace inhabituelle
et extraordinaire » à la
sécurité nationale des États-Unis et impose des
sanctions unilatérales contre les fonctionnaires du gouvernement
de la République bolivarienne du Venezuela.
Les membres de la CELAC exhortent les États-Unis
à mettre fin inconditionnellement au blocus économique,
commercial et financier contre Cuba et à rendre à Cuba le
territoire occupé par la base navale de Guantanamo.
Ils ont aussi salué les progrès dans les
relations entre les gouvernements de Cuba et des États-Unis, y
compris l'entente sur l'immigration conclue le 12 janvier, qui a
mis fin à la politique « pieds secs pieds
mouillés » et du programme dit de probation qui
incitait les médecins cubains à abandonner leurs missions
d'outre-mer.
Sur la question de la décolonisation, ils ont
réitéré le caractère
latino-américain et caraïbe du Porto Rico et ont
noté les décisions adoptées par le Comité
spécial sur la décolonisation des Nations unies tout en
réaffirmant que cette question était
d'intérêt pour la CELAC.
Le sommet a aussi discuté des questions qui font
partie de l'ordre du jour de la CELAC en 2017, soit la
sécurité alimentaire, le développement,
l'égalité des sexes, la migration, la gestion des risques
en cas de désastre, le changement climatique et la protection
environnementale, la biodiversité, la lutte contre la
corruption, le problème
mondial de la drogue, la culture, la coopération internationale,
le commerce, les droits humains et transnationaux ainsi que la
réforme des Nations unies.
Note
1. Chaque année, le pays qui assume la
présidence de la CELAC accueille un sommet des chefs
d'État et de gouvernement pour établir l'ordre du jour et
les objectifs du regroupement pour l'année. Le premier sommet a
eu lieu au Chili en 2013, le deuxième à Cuba
en 2014, le troisième à Costa Rica en 2015 et
le
quatrième en Équateur en 2016.
Rassemblement des mouvements sociaux et des forces
politiques
Plus de 400 délégués
de 15 pays ont participé à une réunion des
mouvements sociaux et des forces politiques à
l'université autonome de Santo Domingo les 23 et 24
janvier, en marge du sommet de la CELAC. Les organisateurs affirment
que les participants ont exprimé leur appui inconditionnel au
travail mené
dans le cadre de la CELAC pour promouvoir l'intégration et ont
appelé à une plus grande participation des peuples
d'Amérique latine et des Caraïbes à ces efforts.
Les participants au rassemblement ont mis fin à
leurs délibérations avec la Déclaration de Santo
Domingo qui affirme leur « appui au 5e sommet des chefs
d'État et des gouvernements de la Communauté
d'États latino-américains et caraïbes (CELAC) tout
en souhaitant que celle-ci contribuera à une plus grande
consolidation de cet
important mécanisme pour la concertation et les actions
conjointes de nos pays, à la défense des
intérêts et des droits des nations et des
peuples ».
Par le biais de la déclaration, les participants
ont exprimé leur appui aux luttes des peuples d'Amérique
latine et des Caraïbes, aux relations pacifiques entre eux et
à la défense de leur souveraineté, de leur
indépendance et de leur droit à
l'auto-détermination. Pour lire la déclaration
intégrale,
cliquer ici.
Jamais il n'a été plus nécessaire
de nous engager réellement dans la voie de l'unité
- Raul Castro -
Discours prononcé par le
général d'armée Raul Castro Ruz, président
du Conseil d'État et du Conseil des ministres de la
République de Cuba, au 5e Sommet de la Communauté
des États d'Amérique latine et de la Caraïbe
(CELAC), à Punta Cana, République dominicaine, le 25
janvier 2017, « Année 59 de la
Révolution »
***
Cher président Medina,
Chers chefs d'État ou de gouvernement
d'Amérique latine et de la Caraïbe,
Illustres chefs de délégations et
invités,
Au Sommet qui a donné vie à cette
Communauté, à Caracas, en 2011, nous avons
exprimé la conviction que « l'unité et
l'intégration politique, économique, sociale et
culturelle de l'Amérique latine et de la Caraïbe
constituent [...] une nécessité pour affronter avec
succès les dangers qui se posent à nous en tant que
région ».
Jamais il n'a été plus nécessaire
de nous engager réellement dans la voie de l'unité, en
reconnaissant que nous avons de nombreux intérêts en
commun. Travailler en faveur de « l'unité dans la
diversité » est un besoin impératif.
Pour atteindre cet objectif, il s'impose un respect
absolu de la Proclamation de l'Amérique latine et de la
Caraïbe comme Zone de paix, signée par les chefs
d'État et de gouvernement en janvier 2014, dans laquelle
nous nous sommes engagés « envers le strict respect de
l'obligation de ne pas intervenir, directement ou indirectement, dans
les affaires intérieures de tout autre État »,
et à régler les différends par la voie pacifique,
ainsi qu'à « respecter pleinement le droit
inaliénable de tout État d'adopter le système
politique, économique, social et culturel de son
choix ».
Pour ce faire, il est indispensable que tous les
membres de la communauté internationale respectent pleinement
les postulats de la Proclamation dans leurs relations avec les pays de
la CELAC.
Il serait souhaitable que le nouveau gouvernement des
États-Unis opte pour le respect de la région, bien qu'il
soit préoccupant qu'il ait annoncé certaines intentions
qui mettent en danger nos intérêts dans les sphères
du commerce, de l'emploi, de la migration et de l'environnement, entre
autres.
Par conséquent, il est indispensable de lancer
des plans d'actions communs et de rendre plus efficace la gestion de la
CELAC.
Par ailleurs, un retour au néolibéralisme
provoquerait une recrudescence de la pauvreté et du
chômage, aggravant ainsi les conditions sociales en
Amérique latine et la Caraïbe.
Monsieur le Président,
Nous réaffirmons notre soutien au peuple et au
gouvernement vénézuéliens dans la défense
de leur souveraineté et de leur autodétermination face
aux actions menées contre la Révolution bolivarienne.
Nous continuerons, dans la mesure de nos
possibilités, de contribuer à la mise en oeuvre de
l'Accord final de paix entre le gouvernement de Colombie et les
FARC-EP, et d'appuyer les conversations de paix avec l'ELN.
Nous réaffirmons que le peuple de Porto Rico
doit être libre et indépendant ; nous continuerons
d'appuyer les revendications de l'Équateur face au refus des
transnationales de réparer les graves dommages environnementaux
causés en Amazonie ; nous rejetons la manipulation
politique contre le gouvernement bolivien et les
tentatives de déstabilisation contre ce pays ; nous
félicitons le président Daniel Ortega pour sa
récente réélection à la tête du
Nicaragua, et également la vice-présidente Rosario
Murillo. Nous réaffirmons notre rejet du coup d'État
parlementaire perpétré au Brésil contre la
présidente Dilma Rousseff, à qui nous exprimons notre
solidarité, de
même qu'à l'ancien président Luis Inacio Lula da
Silva.
Nous confirmons le soutien de Cuba aux nations soeurs
des Caraïbes face aux tentatives de les priver de l'accès
aux ressources financières, dans leur lutte contre le changement
climatique, et dans leurs revendications légitimes pour la
réparation des dommages provoqués par le colonialisme et
l'esclavage.
Nous renouvelons nos encouragements aux efforts de la
République argentine pour récupérer les Îles
Malouines, Georgie-du-Sud et Sandwich-du-Sud.
Cher président, je souhaite exprimer la
volonté de Cuba de continuer de discuter des affaires
bilatérales en suspens avec les États-Unis, sur la base
de l'égalité, la réciprocité et le respect
de la souveraineté et de l'indépendance de notre pays, et
de poursuivre le dialogue respectueux et la coopération sur des
sujets d'intérêt commun avec le
nouveau gouvernement du président Donald Trump.
Cuba et les États-Unis peuvent coopérer
et coexister de manière civilisée, en respectant leurs
différences et en favorisant tout ce qui peut s'avérer
positif pour les deux pays et les deux peuples, mais il ne faut pas
attendre pour autant que Cuba fasse des concessions inhérentes
à sa souveraineté et à son indépendance.
Le blocus économique, commercial et financier
persiste, et entraîne des privations et des dommages humains
importants qui affectent gravement notre économie et entrave
notre développement.
Cependant, nous continuons de centrer nos efforts sur
la mise à jour de notre modèle économique et
social, et de lutter pour construire une Nation souveraine,
indépendante, socialiste, démocratique, prospère
et durable.
Je tiens à exprimer ma profonde gratitude au
président Danilo Medina pour son émouvant hommage
à la mémoire du Commandant en chef de la
Révolution cubaine, Fidel Castro Ruz, à la
cérémonie d'ouverture de ce Sommet, ainsi qu'à
toutes les personnes qui nous ont transmis leurs condoléances et
leurs messages de solidarité.
Permettez-moi, pour conclure, de vous remercier, ainsi
que le peuple dominicain, pour votre hospitalité et pour votre
chaleureux accueil, et vous féliciter pour le travail
réalisé durant votre mandat à la présidence
tournante de la CELAC, et aussi de réitérer notre
engagement de soutien et de solidarité au Salvador et à
son président Salvador
Sanchez Cerén, dans sa gestion à la tête de la
Celac en 2017.
Je vous remercie. (Applaudissements)
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Marxiste-Léniniste
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