Numéro 73 - 23 août 2021
La crise dans la santé requiert
des solutions centrées sur l'humain
Les infirmières de l'Alberta disent
non! à l'imposition de pouvoirs d'urgence
- Peggy Morton -
Journée d'action des Infirmières et infirmiers
unis de l'Alberta le 11 août, à Edmonton
• Les
infirmières de Colombie-Britannique exigent une
solution à la pénurie de personnel
La crise dans la santé requiert
des solutions centrées sur l'humain
- Peggy Morton -
Journée d'action des Infirmières et infirmiers
unis de l'Alberta le 11 août 2021, à Calgary
Le 20 août, les Services de santé de
l'Alberta (AHS) ont informé l'Association des
infirmières et infirmiers unis de l'Alberta (UNA)
qu'ils invoqueraient une fois de plus les
dispositions d'urgence de la convention collective
pour résoudre « d'importants problèmes de
personnel ».
Le conseiller principal en négociations et
relations de travail d'AHS, Rick Mann, a informé
l'UNA par courriel le 21 août qu'il allait
redéployer le personnel infirmier, rendre
obligatoire des heures supplémentaires et annuler
les vacances prévues pour assurer la dotation en
personnel des unités de soins intensifs, des
services d'urgence et
d'autres unités, indique l'UNA sur son site Web.
« Suite à nos notifications précédentes selon
lesquelles nous utiliserions les dispositions
d'urgence des conventions collectives, nous
voulons vous faire savoir que la situation a
progressé et a créé des pressions supplémentaires
dans tout le système de santé, les zones les plus
touchées à l'heure actuelle étant Edmonton et
Sud », indique le
courriel du porte-parole de l'agence provinciale,
qui ajoute que « l'AHS ressent une pression due à
l'augmentation du taux d'occupation, de l'acuité
et des absences du personnel ».
Le directeur des relations de travail de l'UNA,
David Harrigan, a répondu que l'UNA ne croit pas
que la situation actuelle réponde à la définition
d'urgence de la convention collective. La
convention collective de l'UNA stipule qu'« une
urgence est une combinaison imprévue de
circonstances ou l'état qui en résulte qui exige
une action
immédiate. Une situation n'est pas une urgence si
elle résulte d'un concours de circonstances
raisonnablement prévisible ou si des mesures
correctives raisonnables ont pu être prises ou
peuvent encore être prises pour faire face aux
circonstances ».
David Harrigan souligne que « la plupart des
professionnels de la santé de l'Alberta ont prévu
les problèmes auxquels l'AHS est maintenant
confrontée et qui découlent d'une pénurie
chronique de personnel infirmier dans les
établissements de santé de la province et des
pressions de la quatrième vague de la pandémie de
COVID-19 qui allaient
inévitablement se produire lorsque le gouvernement
et les responsables de la santé publique se sont
précipités pour rouvrir la province trop tôt le
mois dernier ».
Le premier ministre
albertain Jason Kenney a déclaré que la pandémie
était terminée en juillet. S'en est suivie la
décision irréfléchie d'annuler les tests COVID-19
et d'éliminer la quarantaine, une annonce qui a
suscité une tempête d'opposition et des
rassemblements quotidiens, obligeant le
gouvernement Kenney à faire marche arrière et à
annoncer qu'il reportait les mesures de
relâchement. Mais au lieu de tenir compte des
revendications des travailleurs de la santé, dont
l'UNA, et des experts en maladies infectieuses et
de mettre en place des mesures adéquates pour
faire face à la quatrième vague, le gouvernement
utilise à nouveau son option préférée, à savoir la
force arbitraire et
le diktat sous couvert d'une « urgence ». Non
seulement le gouvernement n'a pas embauché
davantage d'infirmières, mais il s'en tient à son
plan d'éliminer 750 postes d'infirmières
autorisées.
Le recours aux « pouvoirs d'urgence » ne
fait qu'aggraver la crise, et les infirmières du
Canada et du Québec s'y opposent avec force. Les
infirmières soulignent que le fait de forcer un
personnel épuisé à faire plus d'heures
supplémentaires, de le priver de vacances et
d'imposer un redéploiement forcé a pour
conséquence que davantage
d'infirmières tombent malades et sont incapables
de travailler, et que davantage d'infirmières
décident de démissionner.
L'UNA a également révélé récemment que des
agences privées tentent de recruter des
infirmières à des taux de rémunération plus élevés
que ceux des infirmières travaillant pour l'AHS.
Bien que les négociateurs de l'AHS aient confirmé
à l'UNA le 11 août le recours à des
recruteurs extérieurs, le gouvernement albertain
verse dans
l'absurde lorsqu'il affirme que l'UNA « négocie de
mauvaise foi » lorsqu'elle informe les
Albertains de ce que fait le gouvernement. Cela
montre certainement à quel point le gouvernement
est désespéré à brouiller les pistes alors que de
plus en plus d'Albertains se joignent aux actions
de soutien aux revendications des infirmières et
des
autres travailleurs de la santé.
L'UNA a récemment organisé une journée d'action
très réussie au niveau de toute la province et les
infirmières ont été rejointes par d'autres
travailleurs de la santé, des travailleurs
d'autres secteurs, des personnes âgées, des
femmes, des jeunes et des étudiants sur leurs
lignes de piquetage. L'esprit et la détermination
à faire respecter leurs droits
et à accomplir ainsi leur devoir envers leurs
patients étaient partout évidents. Il faut des
solutions centrées sur l'être humain qui
préservent la santé et le bien-être des
infirmières, et non des attaques qui entraînent
davantage de maladies et la démission des
infirmières. Forum ouvrier appelle tous
les travailleurs à continuer à apporter un soutien
total
aux revendications des infirmières.
Journée d'action de l'UNA le 11
août 2021
Les infirmières de Colombie-Britannique quittent
leur emploi en nombre record. Selon un reportage
de la CBC du 20 août, environ les deux-tiers des
infirmières de l'urgence de l'Hôpital Royal Inland
de Kamloops, dans l'intérieur de la
Colombie-Britannique, ont démissionné à cause du
stress et de l'épuisement professionnel des
derniers mois.
Partout dans la province, les infirmières font
état d'une situation d'effectifs insuffisants au
quotidien. Les infirmières autorisées, les
infirmières auxiliaires autorisées, les
aide-infirmières et d'autres membres du personnel
quittent leurs emplois parce que la pression sur
leur santé physique et mentale et les conséquences
pour leurs familles
sont insoutenables.
Le refus du gouvernement
et des autorités de la santé de s'attaquer à la
crise de la pénurie va au-delà du problème du
stress, de la surcharge de travail et de
l'épuisement professionnel, comme si ce n'était
pas encore assez criminel. La plus grande
préoccupation des infirmières est que sans le
personnel requis, le soin aux patients est mis en
péril. Dans une entrevue à CTV le 13 août,
une porte-parole de la Fédération canadienne des
syndicats d'infirmières et infirmiers a dit que «
les infirmières et le personnel de la santé sont
surchargés de travail, sous-payés, épuisés
et souffrent de détresse morale parce qu'il
n'y a pas suffisamment de personnel pour fournir
les soins
dont les patients ont besoin ».
Les médecins et les infirmières quittent la
profession, et nombre d'entre eux indiquent qu'ils
sont épuisés et découragés par la déclaration du
gouvernement selon laquelle, plutôt que de mettre
en oeuvre des mesures d'appui, il leur demande de
travailler plus longtemps et plus fort, surtout
avec le programme du gouvernement d'augmenter le
nombre des
chirurgies. Une infirmière a dit que « le ministre
de la Santé « devrait venir travailler avec nous
pendant un petit bout de temps ». Une
augmentation des chirurgies, que les travailleurs
de la santé savent nécessaire, sans s'attaquer au
problème du manque de personnel et des conditions
de travail intenables, augmente encore les risques
pour les
travailleurs de la santé et pour les patients.
Voici la situation à laquelle la population de la
Colombie-Britannique fait face : dans
certaines régions, en particulier dans
l'intérieur, la population de la
Colombie-Britannique connaît une augmentation
rapide des cas de la COVID-19 au moment où des
milliers de personnes ont été évacuées et de
nombreuses autres sont dans un état
d'alerte d'évacuation à cause des feux de forêt.
Le 21 août, le gouvernement de la province a
indiqué que 4 000 propriétés étaient
sous le coup d'ordres d'évacuation et plus
de 18 000 d'alertes d'évacuation. En
plus de l'évacuation des domiciles et des
commerces privés, les résidents des centres de
soins de longue
durée dans cinq communautés de l'intérieur ont été
évacués, la plupart vers d'autres centres, mais
environ 100 d'entre eux ont été transférés à
Vancouver.
Le système de santé de la Colombie-Britannique
est en crise, Le système était déjà en crise de
pénurie de personnel avant la pandémie, ce qui
forçait les membres du personnel à faire une
quantité excessive de temps supplémentaire et à
travailler avec des effectifs insuffisants. Les
demandes de travail plus grandes aux infirmières
et aux autres
employés de la santé dans les conditions de
pandémie n'ont pas amené les autorités de la santé
à prendre quelque mesure pour traiter le problème
d'effectifs. En fait, des décisions récentes ont
aggravé la situation, forçant des infirmières à
faire des quarts de travail de 24 heures,
selon le Syndicat des infirmières et infirmiers de
Colombie-Britannique.
Le ministre de la Santé,
malgré les objections des travailleurs de la
santé, continue d'insister pour que les chirurgies
soient augmentées, ce qu'il appelle un programme
de renouvellement des chirurgies. Il agit ainsi
malgré la pression accrue qui est créée sur les
équipes de chirurgie parce que ce travail est plus
épuisant et difficile à cause
du besoin d'ÉPI additionnels et des mesures
sanitaires plus grandes de protection contre la
COVID-19.
Lorsqu'un journaliste de CTV lui a demandé si
c'était réaliste de poursuivre le programme de
renouvellement des chirurgies en ce moment, le
ministre de la santé Adrian Dix a répondu de façon
cavalière que « ce sont des temps difficiles pour
tout le monde et nous faisons de notre mieux pour
appuyer les gens en fournissant les services, en
particulier les services de chirurgie auxquels les
résidents de la province s'attendent et auxquels
ils ont droit, ... Bien sûr, satisfaire les
demandes accrues d'une société qui grandit et qui
vieillit est un défi, mais je pense que nous avons
fait un travail exceptionnel. » La
médecin-hygiéniste en chef, la docteure Bonnie
Henry, a dit, après avoir
admis que les médecins, les infirmières et le
personnel faisaient face à une pression extrême à
cause de la pandémie et que plusieurs quittaient
leur emploi, que « je sais par expérience
personnelle des pandémies et des crises qui n'en
finissent plus, qu'il n'est pas surprenant que des
gens vivent un épuisement professionnel , ... Nous
voulons tous
que cela finisse. Nous voulions tous que cela
finisse l'été dernier mais nous devons affronter
la réalité. »
Les travailleurs de la santé du pays disent
depuis longtemps que les éloges a leur égard et
les remerciements ne résolvent pas le problème de
manque de personnel. Si le gouvernement et les
autorités de la santé voulaient vraiment «
affronter la réalité », non seulement
écouteraient-ils le personnel de la santé mais ils
mettraient en oeuvre
leurs revendications concernant le problème de la
rétention et du recrutement de personnel, des
conditions de travail qui respectent la dignité et
les droits des employés et des patients et
l'élargissement des programmes de formation afin
que de nouveaux travailleurs joignent le secteur.
Les travailleurs de la santé prennent la parole et
présentent des
solutions dont ils exigent la mise en oeuvre.
Traiter les travailleurs comme étant remplaçables,
comme des « choses » qui peuvent être
poussées à la limite, et non comme un facteur
humain qui est essentiel à la solution des
problèmes du système de santé, n'est pas une
solution.
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