Les infirmières de Colombie-Britannique exigent une solution à la pénurie de personnel

Les infirmières de Colombie-Britannique quittent leur emploi en nombre record. Selon un reportage de la CBC du 20 août, environ les deux-tiers des infirmières de l'urgence de l'Hôpital Royal Inland de Kamloops, dans l'intérieur de la Colombie-Britannique, ont démissionné à cause du stress et de l'épuisement professionnel des derniers mois. Partout dans la province, les infirmières font état d'une situation d'effectifs insuffisants au quotidien. Les infirmières autorisées, les infirmières auxiliaires autorisées, les aide-infirmières et d'autres membres du personnel quittent leurs emplois parce que la pression sur leur santé physique et mentale et les conséquences pour leurs familles sont insoutenables.

Le refus du gouvernement et des autorités de la santé de s'attaquer à la crise de la pénurie va au-delà du problème du stress, de la surcharge de travail et de l'épuisement professionnel, comme si ce n'était pas encore assez criminel. La plus grande préoccupation des infirmières est que sans le personnel requis, le soin aux patients est mis en péril. Dans une entrevue à CTV le 13 août, une porte-parole de la Fédération canadienne des syndicats d'infirmières et infirmiers a dit que « les infirmières et le personnel de la santé sont surchargés de travail, sous-payés, épuisés et  souffrent de détresse morale parce qu'il n'y a pas suffisamment de personnel pour fournir les soins dont les patients ont besoin ».

Les médecins et les infirmières quittent la profession, et nombre d'entre eux indiquent qu'ils sont épuisés et découragés par la déclaration du gouvernement selon laquelle, plutôt que de mettre en oeuvre des mesures d'appui, il leur demande de travailler plus longtemps et plus fort, surtout avec le programme du gouvernement d'augmenter le nombre des chirurgies. Une infirmière a dit que « le ministre de la Santé « devrait venir travailler avec nous pendant un petit bout de temps ». Une augmentation des chirurgies, que les travailleurs de la santé savent nécessaire, sans s'attaquer au problème du manque de personnel et des conditions de travail intenables, augmente encore les risques pour les travailleurs de la santé et pour les patients.

Voici la situation à laquelle la population de la Colombie-Britannique fait face : dans certaines régions, en particulier dans l'intérieur, la population de la Colombie-Britannique connaît une augmentation rapide des cas de la COVID-19 au moment où des milliers de personnes ont été évacuées et de nombreuses autres sont dans un état d'alerte d'évacuation à cause des feux de forêt. Le 21 août, le gouvernement de la province a indiqué que 4 000 propriétés étaient sous le coup d'ordres d'évacuation et plus de 18 000 d'alertes d'évacuation. En plus de l'évacuation des domiciles et des commerces privés, les résidents des centres de soins de longue durée dans cinq communautés de l'intérieur ont été évacués, la plupart vers d'autres centres, mais environ 100 d'entre eux ont été transférés à Vancouver.

Le système de santé de la Colombie-Britannique est en crise, Le système était déjà en crise de pénurie de personnel avant la pandémie, ce qui forçait les membres du personnel à faire une quantité excessive de temps supplémentaire et à travailler avec des effectifs insuffisants. Les demandes de travail plus grandes aux infirmières et aux autres employés de la santé dans les conditions de pandémie n'ont pas amené les autorités de la santé à prendre quelque mesure pour traiter le problème d'effectifs. En fait, des décisions récentes ont aggravé la situation, forçant des infirmières à faire des quarts de travail de 24 heures, selon le Syndicat des infirmières et infirmiers de Colombie-Britannique.

Le ministre de la Santé, malgré les objections des travailleurs de la santé, continue d'insister pour que les chirurgies soient augmentées, ce qu'il appelle un programme de renouvellement des chirurgies. Il agit ainsi malgré la pression accrue qui est créée sur les équipes de chirurgie parce que ce travail est plus épuisant et difficile à cause du besoin d'ÉPI additionnels et des mesures sanitaires plus grandes de protection contre la COVID-19.

Lorsqu'un journaliste de CTV lui a demandé si c'était réaliste de poursuivre le programme de renouvellement des chirurgies en ce moment, le ministre de la santé Adrian Dix a répondu de façon cavalière que « ce sont des temps difficiles pour tout le monde et nous faisons de notre mieux pour appuyer les gens en fournissant les services, en particulier les services de chirurgie auxquels les résidents de la province s'attendent et auxquels ils ont droit, ... Bien sûr, satisfaire les demandes accrues d'une société qui grandit et qui vieillit est un défi, mais je pense que nous avons fait un travail exceptionnel. » La médecin-hygiéniste en chef, la docteure Bonnie Henry, a dit, après avoir admis que les médecins, les infirmières et le personnel faisaient face à une pression extrême à cause de la pandémie et que plusieurs quittaient leur emploi, que « je sais par expérience personnelle des pandémies et des crises qui n'en finissent plus, qu'il n'est pas surprenant que des gens vivent un épuisement professionnel , ... Nous voulons tous que cela finisse. Nous voulions tous que cela finisse l'été dernier mais nous devons affronter la réalité. »

Les travailleurs de la santé du pays disent depuis longtemps que les éloges a leur égard et les remerciements ne résolvent pas le problème de manque de personnel. Si le gouvernement et les autorités de la santé voulaient vraiment « affronter la réalité », non seulement écouteraient-ils le personnel de la santé mais ils mettraient en oeuvre leurs revendications concernant le problème de la rétention et du recrutement de personnel, des conditions de travail qui respectent la dignité et les droits des employés et des patients et l'élargissement des programmes de formation afin que de nouveaux travailleurs joignent le secteur. Les travailleurs de la santé prennent la parole et présentent des solutions dont ils exigent la mise en oeuvre. Traiter les travailleurs comme étant remplaçables, comme des « choses » qui peuvent être poussées à la limite, et non comme un facteur humain qui est essentiel à la solution des problèmes du système de santé, n'est pas une solution.

(Avec des dossiers de CBC et CTV. Photos : NNU,UIES)


Cet article est paru dans

Numéro 73 - 23 août 2021

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