La crise dans la santé requiert
des solutions centrées sur l'humain
Les infirmières de l'Alberta disent non! à l'imposition de pouvoirs d'urgence
- Peggy Morton -
Journée d'action des Infirmières et infirmiers
unis de l'Alberta le 11 août 2021, à Calgary
Le 20 août, les Services de santé de
l'Alberta (AHS) ont informé l'Association des
infirmières et infirmiers unis de l'Alberta (UNA)
qu'ils invoqueraient une fois de plus les
dispositions d'urgence de la convention collective
pour résoudre « d'importants problèmes de
personnel ».
Le conseiller principal en négociations et
relations de travail d'AHS, Rick Mann, a informé
l'UNA par courriel le 21 août qu'il allait
redéployer le personnel infirmier, rendre
obligatoire des heures supplémentaires et annuler
les vacances prévues pour assurer la dotation en
personnel des unités de soins intensifs, des
services d'urgence et
d'autres unités, indique l'UNA sur son site Web.
« Suite à nos notifications précédentes selon
lesquelles nous utiliserions les dispositions
d'urgence des conventions collectives, nous
voulons vous faire savoir que la situation a
progressé et a créé des pressions supplémentaires
dans tout le système de santé, les zones les plus
touchées à l'heure actuelle étant Edmonton et
Sud », indique le
courriel du porte-parole de l'agence provinciale,
qui ajoute que « l'AHS ressent une pression due à
l'augmentation du taux d'occupation, de l'acuité
et des absences du personnel ».
Le directeur des relations de travail de l'UNA,
David Harrigan, a répondu que l'UNA ne croit pas
que la situation actuelle réponde à la définition
d'urgence de la convention collective. La
convention collective de l'UNA stipule qu'« une
urgence est une combinaison imprévue de
circonstances ou l'état qui en résulte qui exige
une action
immédiate. Une situation n'est pas une urgence si
elle résulte d'un concours de circonstances
raisonnablement prévisible ou si des mesures
correctives raisonnables ont pu être prises ou
peuvent encore être prises pour faire face aux
circonstances ».
David Harrigan souligne que « la plupart des
professionnels de la santé de l'Alberta ont prévu
les problèmes auxquels l'AHS est maintenant
confrontée et qui découlent d'une pénurie
chronique de personnel infirmier dans les
établissements de santé de la province et des
pressions de la quatrième vague de la pandémie de
COVID-19 qui allaient
inévitablement se produire lorsque le gouvernement
et les responsables de la santé publique se sont
précipités pour rouvrir la province trop tôt le
mois dernier ».
Le premier ministre
albertain Jason Kenney a déclaré que la pandémie
était terminée en juillet. S'en est suivie la
décision irréfléchie d'annuler les tests COVID-19
et d'éliminer la quarantaine, une annonce qui a
suscité une tempête d'opposition et des
rassemblements quotidiens, obligeant le
gouvernement Kenney à faire marche arrière et à
annoncer qu'il reportait les mesures de
relâchement. Mais au lieu de tenir compte des
revendications des travailleurs de la santé, dont
l'UNA, et des experts en maladies infectieuses et
de mettre en place des mesures adéquates pour
faire face à la quatrième vague, le gouvernement
utilise à nouveau son option préférée, à savoir la
force arbitraire et
le diktat sous couvert d'une « urgence ». Non
seulement le gouvernement n'a pas embauché
davantage d'infirmières, mais il s'en tient à son
plan d'éliminer 750 postes d'infirmières
autorisées.
Le recours aux « pouvoirs d'urgence » ne
fait qu'aggraver la crise, et les infirmières du
Canada et du Québec s'y opposent avec force. Les
infirmières soulignent que le fait de forcer un
personnel épuisé à faire plus d'heures
supplémentaires, de le priver de vacances et
d'imposer un redéploiement forcé a pour
conséquence que davantage
d'infirmières tombent malades et sont incapables
de travailler, et que davantage d'infirmières
décident de démissionner.
L'UNA a également révélé récemment que des
agences privées tentent de recruter des
infirmières à des taux de rémunération plus élevés
que ceux des infirmières travaillant pour l'AHS.
Bien que les négociateurs de l'AHS aient confirmé
à l'UNA le 11 août le recours à des
recruteurs extérieurs, le gouvernement albertain
verse dans
l'absurde lorsqu'il affirme que l'UNA « négocie de
mauvaise foi » lorsqu'elle informe les
Albertains de ce que fait le gouvernement. Cela
montre certainement à quel point le gouvernement
est désespéré à brouiller les pistes alors que de
plus en plus d'Albertains se joignent aux actions
de soutien aux revendications des infirmières et
des
autres travailleurs de la santé.
L'UNA a récemment organisé une journée d'action
très réussie au niveau de toute la province et les
infirmières ont été rejointes par d'autres
travailleurs de la santé, des travailleurs
d'autres secteurs, des personnes âgées, des
femmes, des jeunes et des étudiants sur leurs
lignes de piquetage. L'esprit et la détermination
à faire respecter leurs droits
et à accomplir ainsi leur devoir envers leurs
patients étaient partout évidents. Il faut des
solutions centrées sur l'être humain qui
préservent la santé et le bien-être des
infirmières, et non des attaques qui entraînent
davantage de maladies et la démission des
infirmières. Forum ouvrier appelle tous
les travailleurs à continuer à apporter un soutien
total
aux revendications des infirmières.
Journée d'action de l'UNA le 11
août 2021
Cet article est paru dans
Numéro 73 - 23 août 2021
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