Numéro 56 - 14 juin 2021
Grève des mineurs de Vale à Sudbury
Les mineurs en grève s'opposent aux
concessions antisociales et antiouvrières
• Les
travailleurs de Sudbury luttent pour les
générations futures - David Starbuck
• Les travailleurs de Vale
à Sudbury produisent une énorme quantité
de richesse sociale
Grève des mineurs de Vale à
Sudbury
Les travailleurs de la production et de
l'entretien des installations de Sudbury du géant
minier Vale ont déclenché la grève le 1er
juin. Les travailleurs de Vale, qui sont membres
de la section locale 6500 du Syndicat des
Métallos, ont rejeté une entente de principe qui
avait été conclue entre le comité de négociation
du syndicat et la compagnie.
Un aspect négatif de l'entente de principe
rejetée était la demande d'éliminer les
prestations de santé à la retraite de tous les
employés engagés le ou après le 1er
juin 2021. Cette concession voudrait dire
qu'il n'existerait plus de prestations de santé
pour les nouveaux engagés, plus de régime
d'assurance-médicaments par exemple, après qu'ils
aient travaillé pendant 30 ans dans
l'environnement dangereux de cette industrie.
Cette demande diviserait aussi la section
locale 6500, dressant une section des
travailleurs contre l'autre, ce qui affaiblirait
inévitablement leur lutte collective à la défense
des droits de tous.
Ligne de piquetage devant l'usine de traitement
Clarabelle, le 11 juin 2021
D'autres concessions comprises dans l'entente de
principe rejetée comprenaient l'élimination de
toute couverture des médicaments en vente libre,
l'augmentation du co-paiement par les travailleurs
pour l'assurance-médicaments et une offre
salariale inacceptable de 4 %
d'augmentation sur cinq ans alors que la hausse
des prix s'accélère. La section locale 6500
possède une clause d'ajustement au coût de la vie
dans sa convention collective. Le salaire est
ajusté au coût de la vie une fois par année,
lorsque le coût de la vie augmente au rythme
indiqué par la convention collective. Il devait y
avoir un ajustement de salaire de 0,82 $
l'heure le 1er juin et celui-ci devrait
entrer en vigueur à la fin de la grève.
Le 13 juin, Vale a déposé une deuxième offre
de convention collective qui comprend à peu près
les mêmes concessions avec quelques changements.
La deuxième offre de Vale propose toujours
d'éliminer le régime d'assurance-maladie et de
prestations médicales pour les nouveaux employés
embauchés. La compagnie propose maintenant aux
futurs retraités un « compte de dépenses en
santé » de 1000 $ qui éliminerait
environ 80 % de la couverture accordée
par le régime actuel. La couverture pour certains
médicaments et pour certaines fournitures
médicales serait entièrement éliminée. La
couverture des médicaments en vente libre pour les
travailleurs actuels est toujours éliminée. Dans
sa nouvelle offre, Vale offre 1 %
d'augmentation salariale par année, en plus de
l'ajustement au coût de la vie quand celui-ci
s'applique.
Le comité de négociation du syndicat recommande
de façon unanime aux membres de rejeter la
nouvelle offre de Vale truffée de concessions.
Cette offre est examinée par les membres de la
section locale 6500 le 14 juin, suivie
d'un vote en ligne sur la proposition le même
soir.
Les mineurs produisent
d'énormes quantités de valeur économique dans un
environnement dangereux qui donne souvent lieu à
des accidents et affecte la santé. Priver les
travailleurs à la retraite de prestations de santé
lorsqu'ils en ont le plus besoin est une attaque
intolérable au droit des travailleurs de vivre
dans la dignité. Cette demande de concession, par
laquelle les travailleurs sont considérés comme
superflus lorsqu'ils sont devenus vieux,
représente un assaut contre la conscience de la
personne humaine.
La tentative de Vale de diviser les travailleurs
sur la base de quand ils ont été engagés est
inacceptable et révèle à quel point son objectif
et sa pratique sont déconnectés de la réalité
moderne du travail. Les droits de tous au travail
et pendant toute leur vie sont la préoccupation de
tous et ils sont l'essence même de la vie. La
lutte pour les droits est la lutte pour la vie.
Cela est particulièrement évident dans le travail
d'extraction du minerai et du raffinage.
La compagnie demande ces concessions pour servir
son objectif étroit de profit maximum sur le dos
des travailleurs et de leur communauté. Cela ne
doit pas passer ! En rejetant une convention
collective qui impose des concessions et en
déclenchant leur grève, les travailleurs ont
clairement démontré qu'ils s'opposent aux attaques
de Vale et à sa détermination de mettre en péril
leurs vies et celles de la génération future.
Cette tentative délibérée de briser l'unité
combattante du collectif des travailleurs de Vale
en attaquant les droits des générations futures
est méprisable et ne doit pas passer !
Les concessions ne sont pas une solution aux
problèmes auxquels les travailleurs ou l'économie
font face. Les travailleurs canadiens partout au
pays ont de l'expérience en ce qui concerne les
demandes de concessions et les compressions
antisociales qui prennent les travailleurs pour
cible et enrichissent les riches.
Tous en appui à la section
locale 6500 du Syndicat des Métallos !
Notre sécurité est dans la lutte pour les
droits de tous !
La lutte pour les droits est la lutte pour
la vie !
- David Starbuck -
Rassemblement en appui aux travailleurs en grève
de la section locale 6500 des Métallos,
le 12 juin 2021
Le 1er juin, 2 450 travailleurs
de la production et de l'entretien des
exploitations minières de nickel-cuivre de Vale SA
à Sudbury ont déclenché une grève. Ils ont rejeté
une entente de principe recommandé par le comité
de négociation du syndicat et se sont mis en
grève. Sur les 87 % des membres qui ont
voté, 70 % ont voté en faveur du rejet
de l'accord de principe.
Les travailleurs sont membres de la section
locale 6500 du Syndicat des Métallos. Les
mineurs de Sudbury luttent depuis plus d'un siècle
pour les droits de la classe ouvrière et ont
notamment fait une grève d'un an
en 2009-2010.
Le 13 juin, Vale a déposé une deuxième offre
qui comprend des concessions semblables à celles
déjà rejetées par les travailleurs. Le syndicat
recommande à l'unanimité le rejet de la nouvelle
offre.
Alors que l'entente de principe prévoyait une
augmentation de salaire de 4 % sur cinq
ans
(0,5 %, 0,5 %, 1 %, 1 %
et 1 %) à un moment où les menaces
importantes d'inflation des prix et de hausse du
coût de la vie sont devenues une réalité, la
nouvelle offre prévoit une augmentation de salaire
de 5 % sur cinq ans (1 % lors de la
ratification, suivi de 1 % chaque
année). Les États-Unis rapportent que l'inflation
annuelle calculée des prix a grimpé
à 5 % à la fin mai.
Vale a affiché un profit net de 4,8
milliards de dollars US en 2020 et dans ce
contexte a offert dans l'entente de principe un
paiement unique aux travailleurs
de 2 500 dollars et une prime à la
signature de 3 500 dollars en
reconnaissance des « efforts continus au cours de
la dernière année » liés à la COVID 19.
La nouvelle offre élimine le paiement unique de
2 500 $. Les primes déconnectées des
échelles salariales disparaissent rapidement et
les travailleurs nouvellement embauchés en sont
aussi exclus.
Les propositions de la compagnie pour les
régimes de retraite
Pour les travailleurs qui sont couverts par un
régime de retraite à prestations déterminées, la
prestation mensuelle minimale avant 65 ans
pour les travailleurs ayant 30 années ou plus
d'emploi passerait de 3 750 dollars
à 3 800 dollars par mois à compter
du 1er juillet 2021 et à 3 850
dollars par mois le 1er juillet 2024. La
prestation mensuelle de retraite de base par année
d'emploi passerait de 61 dollars à 62
dollars au 1er juillet 2021 et à 63
dollars au 1er juillet 2024.
Les travailleurs couverts par un régime de
retraite à cotisations déterminées auraient la
possibilité de verser une cotisation volontaire
supplémentaire (sans une contribution équivalente
par l'entreprise) de 1 à 19 % du
salaire de base régulier à compter du 1er
janvier 2022. La proposition prévoit également
l'inscription automatique des cotisations
volontaires à être initiée à 6 % du
salaire de base pour tous les travailleurs
nouvellement embauchés, ce qui, selon la
compagnie, « attirerait en contrepartie des
contributions correspondantes de
l'entreprise ».
L'entente de principe
rejetée exigeait également plusieurs concessions
de la part des travailleurs, en particulier ceux
nouvellement embauchés. La suppression de toutes
les prestations de santé à la retraite pour tout
nouveau travailleur embauché à compter de juin est
quelque chose de très sérieux. Dans la nouvelle
offre, les nouveaux employés seraient éligibles à
participer à un Compte de dépenses en santé (HSA)
payé par l'entreprise auquel celle-ci
contribuerait 1 000 dollars par an à
compter de la date à laquelle l'employé prend sa
retraite. L'entreprise établirait les termes et
les conditions du HSA. Dans sa réponse à la
nouvelle offre de Vale, le syndicat note que le
coût moyen des prestations en 2020 par
retraité était de 4 700 $, près de
cinq fois plus que ce que l'employeur offre
maintenant. Il souligne que les médicaments à eux
seuls coûtent en moyenne 3 500 $
par retraité. De plus, certains coûts ne sont pas
des dépenses admissibles en vertu du compte de
dépenses comme les tensiomètres, les médicaments,
suppléments et vitamines en vente libre.
La nouvelle offre maintient également
l'élimination de la couverture des médicaments en
vente libre (à l'exception des médicaments
essentiels au maintien de la vie) pour tous les
employés. D'autres changements qui sont des
concessions sont les prestations de soins de santé
qui comprennent l'ajout d'un avenant obligatoire
en ce qui a trait aux médicaments génériques, une
augmentation de 4 dollars par ordonnance sur
la franchise de l'employé et un plafond de 10
dollars par ordonnance sur les frais d'exécution
d'ordonnance payés par l'employeur.
Nick Larochelle, président de la section
locale 6500 des Métallos, a dit que
l'exploitation minière en roches dures expose les
travailleurs à des substances toxiques et
dangereuses, laissant de nombreux travailleurs à
la retraite avec de graves problèmes de santé. «
L'élimination de ces bénéfices de santé après la
retraite (...) des travailleurs qui sont exposés à
des substances toxiques et dangereuses durant
toute leur carrière et qui souffrent souvent des
maladies ou des conditions médicales graves une
fois à la retraite» n'est pas justifiée, a-t-il
déclaré. « La meilleure solution pour Vale est
d'opter pour une approche équitable et de
conserver ces prestations vitales pour tous. Il
faut éviter ce nivellement par le bas. »
Les concessions ne sont pas une solution !
Les concessions conduisent les employeurs à
exiger davantage de concessions de la part des
travailleurs. Les travailleurs de Sudbury de Vale
ont déjà été contraints d'accepter un régime de
retraite à cotisations déterminées pour les
travailleurs nouvellement embauchés après que
l'État canadien, par une injonction du tribunal
en 2009, ait autorisé Vale à faire entrer des
briseurs de grève pour faire fonctionner les mines
et les usines lorsque les travailleurs ont d'abord
rejeté cette demande qui divisait leurs rangs.
Maintenant, Vale exige plus de concessions.
Les travailleurs des mines, du concentrateur, de
la fonderie et de l'affinerie de Sudbury employés
par Vale SA sont tout à fait justifiés d'avoir
rejeté l'entente de principe comprenant des
concessions et de lutter pour des salaires et des
conditions de travail acceptables pour eux-mêmes.
Les travailleurs de Sudbury défendent les
générations futures de travailleurs de Sudbury. De
nombreux travailleurs sont issus de familles
minières représentant plusieurs générations. Leurs
pères et grands-pères travaillaient dans les mines
et les usines de surface. Ils ont vécu les luttes
du passé et voient la nécessité de prendre
position pour les générations futures, pour leurs
propres fils et filles. Ils sont particulièrement
justifiés de s'opposer à des conventions
collectives à deux vitesses où les nouveaux
embauchés sont employés dans des conditions de
travail inférieures à celles des travailleurs
actuels.
Les travailleurs du complexe minier de Sudbury
savent que l'extraction du précieux nickel et
d'autres minerais situés à des milliers de mètres
sous terre ne peut être déplacée hors du pays.
Leurs emplois, par conséquent, ne peuvent pas être
déplacés ailleurs comme les propriétaires mondiaux
de monopoles menacent de le faire de façon si
insensible et le font dans le secteur
manufacturier. Si les propriétaires de Vale
espèrent extraire le précieux minerai, ils doivent
trouver un accommodement acceptable aux
travailleurs de Vale à Sudbury.
Non aux concessions !
Défendons les générations futures de
travailleurs !
Les plus de 75 000 travailleurs de
Vale dans le monde produisent d'énormes quantité
de minerai de fer, de nickel et d'autres minéraux.
À Sudbury, environ 4000 travailleurs de Vale
produisent principalement du nickel dans les cinq
mines, au concentrateur, à la fonderie et à la
raffinerie et produisent aussi du cuivre, du
cobalt, des métaux du groupe platine de même que
de l'or et de l'argent.
Les
travailleurs estiment que leur production au
complexe minier va augmenter car le nickel et le
cobalt sont des composantes importantes de la
fabrication de batteries pour le marché en
expansion des véhicules et des vélos électriques
et d'autres produits. Allié à d'autres métaux, le
nickel est également nécessaire à la production de
turboréacteurs pour les avions militaires et
civils. Les États-Unis considèrent le nickel et le
cobalt comme des minéraux stratégiques critiques
pour leur économie de guerre et ils demandent un
approvisionnement garanti sans se soucier de ceux
qui le produisent et vivent là où se trouve le
minerai. L'élite dirigeante du Canada s'incline
depuis longtemps devant les États-Unis et déploie
les pouvoirs de police de l'État pour attaquer les
droits des travailleurs de Vale, comme elle l'a
fait avec l'injonction des tribunaux contre leur
grève en 2009 qui a permis aux briseurs de
grève de la compagnie d'entrer aux endroits de
travail et d'affaiblir la lutte des travailleurs.
Aucune des activités de Vale dans la région de
Sudbury ne vise à développer les ressources
naturelles de façon à ce que la richesse sociale
que les travailleurs produisent devienne un pilier
pour l'édification d'une économie à secteurs
multiples qui contribue à l'édification nationale
en Ontario et au Canada. Le bien-être des
travailleurs, de leurs communautés, de l'économie
et du pays n'entre pas en ligne de compte pour
ceux qui contrôlent Vale et en sont les
propriétaires. Les oligarques mondiaux ne pensent
qu'à extraire les ressources naturelles pour
servir leur appétit vorace pour le profit privé,
pour le pouvoir et les préparatifs de guerre.
À
la suite de la décision des travailleurs de Vale
de déclencher la grève pour une convention
collective qui leur est acceptable, un
porte-parole de la compagnie a déclaré dans un
communiqué de presse que « Vale s'engage à assurer
la durabilité à long terme de son entreprise de
métaux de base et de ses opérations en
Ontario. » Selon les oligarques de Vale, la
durabilité se réalise en attaquant le facteur
humain, ceux qui produisent les métaux de base.
Selon eux, la durabilité ne signifie pas
réinjecter la richesse sociale produite dans la
ville, la région, la population et
l'environnement social et naturel afin de soutenir
une économie locale vibrante. L'objectif de ceux
qui contrôlent Vale est d'extraire et d'expédier
le produit social et la richesse sociale en tant
que profit maximum pour enrichir leurs comptes en
banque déjà gonflés et pour utiliser le produit
social et la richesse sociale pour la guerre et
attaquer ceux qu'ils considèrent leurs
concurrents. Ceux au contrôle de la compagnie
voient la compagnie et le produit social comme
étant distincts ou séparés du facteur humain
qu'ils emploient et des besoins de l'économie de
Sudbury et du Canada, et du peuple. La compagnie
considère son entreprise de métaux de base et sa
durabilité dans une optique très étroite de profit
maximum pour les propriétaires mondiaux, qui sont
essentiellement préoccupés par leurs rapports
trimestriels et le prix sur les marchés boursiers.
Les demandes de concessions et les attaques
contre les droits par ceux qui contrôlent et
possèdent Vale et leur objectif déconnecté des
besoins du peuple et de l'édification nationale
sont précisément ce qui n'est pas durable. Une
nouvelle direction est nécessaire dans laquelle le
facteur humain, l'économie locale et canadienne et
l'environnement social et naturel sont au centre
des considérations. Le premier pas vers une
nouvelle direction centrée sur l'humain est le
rejet des demandes de concessions des oligarques
de Vale. Le rejet de ces demandes et
l'établissement d'un arrangement qui est
acceptable pour les travailleurs ouvre la voie à
cette nouvelle direction.
Tout en oeuvre pour appuyer
la juste lutte des travailleurs de Vale !
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