Numéro 21 - 24 mars 2021
Fermeture totale de l'Inde
le 26 mars
Tout en oeuvre pour appuyer les
revendications des fermiers indiens!
La résistance des travailleurs de
Grande-Bretagne contre l'offensive antisociale
• Les travailleurs
intensifient leur lutte contre les méthodes de
« congédiement-réembauchage»
• Le manque de respect
du gouvernement envers les travailleurs de la
santé
Fermeture totale de l'Inde
le 26 mars
Des fermières à la frontière de Delhi-Tikri,
le 15 mars 2021
Les fermiers qui manifestent en Inde ont annoncé
un certain nombre d'actions. Le 19 mars, dans
toute l'Inde, ils ont célébré le Kheti Bachao
(sauvons l'agriculture), le Mandi Bachao
(sauvons les marchés de céréales) et
l'anniversaire de la lutte des travailleurs sans
terre. Le 23 mars est la commémoration du
martyre de Rajguru, Sukhdev et Bhagat Singh il y
a 90 ans. Les fermiers ont appelé à une
fermeture totale de l'Inde le 26 mars. Les
syndicats du transport représentant plus
de 14 millions de chauffeurs routiers ont
apporté leur soutien aux syndicats des fermiers et
menacé d'interrompre le transport des marchandises
dans certains États.
Des centaines de milliers de femmes et de jeunes
ont pris leur place aux premiers rangs du
mouvement. Un groupe de fils et de filles de
fermiers du Pendjab qui sont d'éminents chanteurs
ont composé une nouvelle chanson Kisan
Anthem 2, qui exprime la détermination
des fermiers. L'essence de leur chanson est La
victoire ou la mort ! Ya Jit Ke Jawange
Ya Laashan Jaangiyan (Soit nous reviendrons
victorieux, soit nos cadavres reviendront).
Les lieux des manifestations autour de Delhi sont
devenus de grands centres d'enseignement et des
universités pour les fermiers et des milliers de
personnes. Toutes les questions qui concernent le
peuple sont discutées publiquement devant des
centaines de milliers de personnes. Les gens
ordinaires soulèvent des questions et participent
aux discussions. Des projets de gaddi wapsi (enlever
[le BJP] du pouvoir) sont déjà discutés au sein
des mahapanchayats (réunions de masse
conjointes de plusieurs villages).
Mahapanchayat au Rajasthan, le 13
mars 2021
Il ne fait aucun doute qu'il s'agit d'un
mouvement de masse sans précédent que l'Inde n'a
pas connu depuis la division brutale du pays menée
par les Britanniques qui ont ensuite imposé les
mêmes institutions britanniques au peuple qui les
opprimaient sous le Raj - cette fois avec un
visage indien. Le résultat est que les deux tiers
des propriétés foncières de l'Inde - les terres
que les dirigeants convoitent aujourd'hui - dont
dépendent les fermiers pour leur subsistance ont
moins d'un hectare. L'Inde a rapporté un total
de 296 438 suicides de fermiers indiens
endettés entre 1995 et 2015.
En 2019, 10 281 personnes qui
travaillaient dans le secteur agricole se sont
suicidées.
Ce mouvement de masse est
entré dans son neuvième mois. Depuis plus de
quatre mois, des centaines de milliers de fermiers
vivent dans des campements à l'extérieur de Delhi.
Les persécutions, les harcèlements, les
arrestations et les opérations secrètes n'ont pu
les dissuader de manifester ni diviser leurs
rangs.
Leur niveau d'organisation est sans précédent.
Les fermiers nourrissent des centaines de milliers
de personnes et leur fournissent des installations
sanitaires, un abri et une protection. Les masses
du peuple se sont soulevées de manière
indépendante, élevant l'esprit de tous ceux qui
composent la majorité du peuple indien, en
particulier ceux qui sont tout en bas de l'échelle
sociale et qui sont écrasés par l'oppression et
l'exploitation. Ils ont laissé l'empreinte de
leurs propres revendications sur le cours des
développements en Inde et même dans le monde.
Forum ouvrier salue leur puissante
réalisation. Leur lutte pour construire à leur
manière une société nouvelle pour remplacer
l'ancienne qui les écrase est résolue, héroïque,
résiliente et historique.
Tout en oeuvre pour bâtir le
nouveau en mettant de l'avant les réclamations
du peuple qui appartiennent à tous et toutes du
fait qu'ils sont des êtres humains!
Tout en oeuvre pour appuyer les fermiers
indiens !
La résistance des travailleurs de
Grande-Bretagne contre l'offensive antisociale
La méthode qui consiste à «
congédier-réembaucher » par laquelle les
travailleurs signent un nouveau contrat à des
conditions défavorables sous la menace d'être
congédiés, ou sont forcés de postuler à nouveau
pour leurs positions, est devenue un phénomène
très répandu en Grande-Bretagne, en particulier
depuis un an avec la pandémie de la COVID-19. Son
usage est maintenant tellement répandu que
l'opposition se développe parmi différents
syndicats, la Centrale des syndicats (TUC) et au
Parlement.
Environ un travailleur sur 11,
soit 9 %, parmi les plus
de 2 000 travailleurs auprès desquels la
TUC a fait un sondage en novembre dernier, ont
fait l'expérience de cette tactique sous une forme
ou une autre. Le sondage a aussi révélé que le
nombre de ces travailleurs double,
atteignant 18 %, parmi les travailleurs
âgés entre 18 et 24 ans. Les
travailleurs noirs et de minorités nationales sont
aussi touchés de manière disproportionnée
(15 %).
Congédier et réembaucher est une méthode qui est
utilisée pour marginaliser les travailleurs et les
empêcher d'exprimer d'une manière significative
toute forme d'opposition. C'est semblable à la
gouvernance ouverte des pouvoirs de police.
On lit dans le journal Workers' Weekly :
« En tant que partie intégrante de l'offensive
antisociale, un déséquilibre général existe dans
la relation sociale entre ceux qui travaillent et
ceux qui les emploient, soit ceux qui possèdent et
contrôlent les entreprises et l'économie dans son
ensemble.
« Ce déséquilibre existe à la fois au niveau de
la société et des endroits de travail individuels,
où les relations d'emploi sont devenues à sens
unique et sont sous le contrôle absolu de
l'employeur. Sans équilibre, c'est la perturbation
et le chaos qui règnent. Seule existe la relation
à sens unique dominée par de puissants intérêts en
concurrence les uns avec les autres.
« L'imposition et l'arbitraire sont des traits de
cette situation et constituent un refus de la part
de ceux en contrôle de reconnaître le droit des
travailleurs de négocier des conventions
collectives ; en tant que tel, ils
constituent une tentative de priver les
travailleurs et leurs syndicats de tout pouvoir de
résister.
« La reconnaissance de ce droit est le point de
départ pour regagner un équilibre aux endroits de
travail et elle contribue à l'établissement d'un
équilibre dans la société dans son ensemble. Les
travailleurs ont le droit à un équilibre au
travail et dans la société pour pouvoir vivre et
travailler en sécurité et sans un sentiment
d'anxiété constant et croissant. »
En dernière analyse, la raison de cet état de
choses est le caractère très performant et
sophistiqué de l'économie moderne socialisée et sa
propriété fragmentée en composantes privées en
concurrence les unes avec les autres, ce qui
produit un taux de rendement sur l'investissement
en baisse pour les propriétaires du capital.
Ces propriétaires
réclament leur profit, soit la valeur ajoutée, à
la nouvelle valeur que crée la classe ouvrière.
Pour être compétitive, l'entreprise moderne
investit de vastes montants de capital dans la
machinerie automatisée, les ordinateurs et
d'autres moyens de production, créant une économie
qui est si productive qu'un vaste produit social,
sous la forme de biens et de services, est produit
avec le temps de travail de relativement peu
d'ouvriers, comparativement à ce qui se produisait
dans le passé.
Le résultat est qu'une marchandise donnée
contient souvent beaucoup moins de nouvelle valeur
que la vieille valeur préexistante qui lui a été
transférée par la machinerie et d'autres moyens.
De cette façon, la productivité accrue a
grandement réduit la quantité de nouvelle valeur
produite, en relation avec la valeur transférée,
le produit social et l'investissement total de
capital.
En ce moment, les puissants oligarques mondiaux
sont engagés dans une concurrence encore plus
féroce pour maximiser leurs réclamations à la
valeur nouvelle que la classe ouvrière produit
afin de contrer cette baisse du taux de rendement.
La situation a atteint le point où ils ne peuvent
admettre quelque opposition que ce soit et
demandent le contrôle total de chaque aspect de
l'économie, de la politique et des relations
sociales qui les lient aux travailleurs qu'ils
emploient, et tout ceci prend la forme de
l'offensive antisociale.
Il est donc significatif que les syndicats
intensifient la résistance. L'arrogance avec
laquelle les propriétaires du capital agissent en
toute impunité par leur offensive contre l'intérêt
social et tout arrangement prosocial met à l'ordre
du jour la remise en question de leur autorité
traditionnelle et juridique.
Le 4 mars, après la présentation du budget
du gouvernement britannique, le département de la
Santé et de la Sécurité sociale (DHSC) a annoncé
qu'il avait recommandé au comité de révision des
salaires du Service national de la Santé (NHS) une
augmentation de salaire de 1 %, inférieure à
l'inflation, pour le personnel du NHS
pour 2021-2022. Le gouvernement dit qu'il va
attendre « la réponse des comités indépendants de
révision des salaires avant d'annoncer le
règlement de la question des salaires ».
La décision a été prise à la suite d'une vague de
protestation l'an dernier lorsque le gouvernement
a tenté de diviser les rangs des travailleurs en
accordant une augmentation salariale supérieure à
l'inflation à 900 000 travailleurs des
services publics mais pas aux travailleurs de la
santé.
Dans les jours qui ont suivi l'annonce, il y a eu
une opposition grandissante des travailleurs de la
santé et de leurs syndicats qui soutiennent que
non seulement cette offre ne reconnaît pas la
contribution des travailleurs de la santé durant
la pandémie mais que l' « augmentation
salariale » en question représente en fait
une réduction salariale pour le personnel du NHS.
En outre, le gouvernement a maintenant gelé le
salaire des autres travailleurs du secteur public.
Pour comble, il a fait de même pour les salaires
et les conditions de travail des aides-soignants
et de tous ceux qui jouent un rôle essentiel dans
la pandémie.
« Cette offre du gouvernement est l'équivalent
d'une tasse de café par semaine ! » a
déclaré un des syndicats.
La recommandation du gouvernement au comité de
révision des salaires a un impact sur 1,5 million
de membres du personnel de la santé du NHS en
Angleterre, en Écosse, au Pays de Galles et en
Irlande du Nord. La recommandation ne s'applique
pas aux 160 000 personnes qui
travaillent pour des agences ou qui détiennent un
emploi contractuel. Elle ne s'applique pas non
plus aux près de 1,65 million de personnes
qui travaillent comme préposés dans des résidences
de soins et de services sociaux aux adultes. Les
médecins, les dentistes et les hauts gestionnaires
du NHS ont des ententes de révision de salaires
distinctes.
Selon la recommandation, durant la pandémie, « le
gouvernement a annoncé une pause d'augmentations
salariales dans le secteur public pour toutes les
catégories d'emploi, à l'exception des employés
ayant des salaires à temps plein équivalents
à 24 000 livres ou moins et pour le NHS.
En réglant le budget du DHSC et du NHS, le
gouvernement a accordé une importante augmentation
de 1 % au personnel du NHS. Toute
augmentation supérieure exigerait une
réorientation de nos priorités ».
Bien que le gouvernement
prétende que cette mesure est due à la COVID-19,
qui « a exercé une énorme pression sur les
finances publiques et du NHS », elle est due
plutôt à la direction par laquelle « à la fois les
finances publiques et du NHS » servent à
payer les riches. Le gouvernement actuel et le
gouvernement précédent ont coupé dans les services
du NHS et les services publics tout en ayant de
plus en plus recours à la sous-traitance auprès
d'entreprises privées pour les services. Pendant
la pandémie, de vastes sommes ont été versées à
des individus et à des entreprises privées, des
intérêts privés que le gouvernement cherche de
plus en plus à intégrer dans le système de santé
et de services sociaux. C'est là la priorité axée
sur le capital que le gouvernement met en
application et qu'il essaie de justifier pour son
manque d'investissements dans les ressources
humaines d'un service public comme le NHS.
À la Chambre des communes, il n'y a que Jeremy
Corbyn, maintenant député indépendant, qui a
souligné la nécessité de payer adéquatement le
personnel du NHS et a dénoncé les versements
exorbitants aux entreprises privées. « Les
infirmières nous ont permis de traverser cette
crise et ont sauvé plusieurs vies, et pourtant on
leur offre une baisse de salaire pour leurs
efforts. Certaines doivent déjà avoir recours aux
banques alimentaires pour survivre, et un tiers
d'entre elles songent à quitter la profession si
elles n'ont pas une augmentation de salaire
décente. Assurément, s'il est possible de
trouver 37 millions de livres pour payer
Serco pour un système de traceur de contacts
défaillant, il doit y avoir de l'argent pour
rémunérer décemment le personnel du NHS », a
dit Corbyn le 10 mars.
Selon le ministre de la Santé au nom du DHSC, «
chaque augmentation de 1 %
coûtera 750 millions de livres aux
contribuables ». Il a laissé entendre que le
gouvernement compte imposer de nouvelles
augmentations d'impôts et aura recours à d'autres
moyens pour rejeter le fardeau de la crise sur le
dos du peuple, pendant qu'il continue de payer les
riches. Il compte aussi adopter de nouvelles lois
sur le NHS comme le prévoit le livre blanc sur le
NHS qui a le même objectif.
Les travailleurs de la santé rejettent ces
raisonnements intéressés et continuent d'exprimer
leur détermination à mettre en oeuvre des
solutions pour résoudre la crise à l'avantage de
tous.
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