La résistance des travailleurs de Grande-Bretagne contre l'offensive antisociale

Les travailleurs intensifient leur lutte contre les méthodes de « congédiement-réembauchage»

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La méthode qui consiste à « congédier-réembaucher » par laquelle les travailleurs signent un nouveau contrat à des conditions défavorables sous la menace d'être congédiés, ou sont forcés de postuler à nouveau pour leurs positions, est devenue un phénomène très répandu en Grande-Bretagne, en particulier depuis un an avec la pandémie de la COVID-19. Son usage est maintenant tellement répandu que l'opposition se développe parmi différents syndicats, la Centrale des syndicats (TUC) et au Parlement.

Environ un travailleur sur 11, soit 9 %, parmi les plus de 2 000 travailleurs auprès desquels la TUC a fait un sondage en novembre dernier, ont fait l'expérience de cette tactique sous une forme ou une autre. Le sondage a aussi révélé que le nombre de ces travailleurs double, atteignant 18 %, parmi les travailleurs âgés entre 18 et 24 ans. Les travailleurs noirs et de minorités nationales sont aussi touchés de manière disproportionnée (15 %).

Congédier et réembaucher est une méthode qui est utilisée pour marginaliser les travailleurs et les empêcher d'exprimer d'une manière significative toute forme d'opposition. C'est semblable à la gouvernance ouverte des pouvoirs de police.

On lit dans le journal Workers' Weekly :

« En tant que partie intégrante de l'offensive antisociale, un déséquilibre général existe dans la relation sociale entre ceux qui travaillent et ceux qui les emploient, soit ceux qui possèdent et contrôlent les entreprises et l'économie dans son ensemble.

« Ce déséquilibre existe à la fois au niveau de la société et des endroits de travail individuels, où les relations d'emploi sont devenues à sens unique et sont sous le contrôle absolu de l'employeur. Sans équilibre, c'est la perturbation et le chaos qui règnent. Seule existe la relation à sens unique dominée par de puissants intérêts en concurrence les uns avec les autres.

« L'imposition et l'arbitraire sont des traits de cette situation et constituent un refus de la part de ceux en contrôle de reconnaître le droit des travailleurs de négocier des conventions collectives ; en tant que tel, ils constituent une tentative de priver les travailleurs et leurs syndicats de tout pouvoir de résister.

« La reconnaissance de ce droit est le point de départ pour regagner un équilibre aux endroits de travail et elle contribue à l'établissement d'un équilibre dans la société dans son ensemble. Les travailleurs ont le droit à un équilibre au travail et dans la société pour pouvoir vivre et travailler en sécurité et sans un sentiment d'anxiété constant et croissant. »

En dernière analyse, la raison de cet état de choses est le caractère très performant et sophistiqué de l'économie moderne socialisée et sa propriété fragmentée en composantes privées en concurrence les unes avec les autres, ce qui produit un taux de rendement sur l'investissement en baisse pour les propriétaires du capital.

http://www.cpcml.ca/francais/Images2019/Slogans/150228-Montreal-ArretezPayez-12crop2.jpgCes propriétaires réclament leur profit, soit la valeur ajoutée, à la nouvelle valeur que crée la classe ouvrière. Pour être compétitive, l'entreprise moderne investit de vastes montants de capital dans la machinerie automatisée, les ordinateurs et d'autres moyens de production, créant une économie qui est si productive qu'un vaste produit social, sous la forme de biens et de services, est produit avec le temps de travail de relativement peu d'ouvriers, comparativement à ce qui se produisait dans le passé.

Le résultat est qu'une marchandise donnée contient souvent beaucoup moins de nouvelle valeur que la vieille valeur préexistante qui lui a été transférée par la machinerie et d'autres moyens. De cette façon, la productivité accrue a grandement réduit la quantité de nouvelle valeur produite, en relation avec la valeur transférée, le produit social et l'investissement total de capital.

En ce moment, les puissants oligarques mondiaux sont engagés dans une concurrence encore plus féroce pour maximiser leurs réclamations à la valeur nouvelle que la classe ouvrière produit afin de contrer cette baisse du taux de rendement. La situation a atteint le point où ils ne peuvent admettre quelque opposition que ce soit et demandent le contrôle total de chaque aspect de l'économie, de la politique et des relations sociales qui les lient aux travailleurs qu'ils emploient, et tout ceci prend la forme de l'offensive antisociale.

Il est donc significatif que les syndicats intensifient la résistance. L'arrogance avec laquelle les propriétaires du capital agissent en toute impunité par leur offensive contre l'intérêt social et tout arrangement prosocial met à l'ordre du jour la remise en question de leur autorité traditionnelle et juridique.


Cet article est paru dans

Numéro 21 - 24 mars 2021

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