Numéro 85 - 17 décembre 2020
Des travailleurs
migrants de Trinité-et-Tobago bloqués au Canada
Le gouvernement
fédéral doit être
poursuivi pour mauvais traitement
des travailleurs migrants!
Des actions
au Québec
et au Nouveau-Brunswick pour revendiquer une
réforme en profondeur de
l'assurance-emploi
• Tous à la défense des
chômeurs!
• Commentaires de
porte-paroles d'organisations
de défense des chômeurs et chômeuses
La gestion de
l'hôtel
Pacific Gateway par le gouvernement fédéral
• Les travailleurs de
l'hôtellerie réclament un
rappel garanti au travail
Des travailleurs migrants de
Trinité-et-Tobago bloqués au Canada
Plusieurs centaines de travailleurs agricoles
migrants
sont bloqués au Canada en raison d'une
interdiction de voyager
à Trinité-et-Tobago en raison de la pandémie. Ces
travailleurs sont venus au Canada cette année dans
le cadre du
Programme des travailleurs agricoles saisonniers
(PTAS), en même
temps que des travailleurs du
Mexique et d'autres pays des Caraïbes.
Normalement, lorsque leur
travail dans les fermes canadiennes prend fin, les
travailleurs
agricoles migrants retournent dans leur pays
d'origine et beaucoup
reviennent au Canada année après année. Cette
année, la plupart des travailleurs sont rentrés
chez eux
à la fin de la saison, mais les travailleurs de
Trinité-et-Tobago n'ont pas pu le faire.
La situation dans laquelle ces travailleurs
migrants
sont placés est intenable et constitue une
violation flagrante de la
personne humaine. Le gouvernement fédéral devrait
être accusé de
mauvais traitements et fournir une indemnisation
pour ce que les
travailleurs ont souffert. Ces travailleurs sont
forcés de payer des
cotisations à
l'assurance-emploi, mais ils n'ont pas droit aux
prestations. C'est
parce qu'une des conditions de l'assurance-emploi
est qu'un travailleur
doit être disposé et apte à travailler, alors que
sous le programme
PTAS, un travailleur est lié à un employeur et se
voit donc refuser de
travailler pour tout autre employeur. Cela veut
dire que ces
travailleurs sont ici sans
aucun revenu. En plus, comme ils sont venus au
Canada prêts à retourner
dans leur famille à la fin de la saison, ils n'ont
pas de vêtements
d'hiver et ont été forcés de vivre dans des
logements inadéquats,
notamment dans les dortoirs de leurs employeurs
qui ne sont pas tous
isolés pour l'hiver. En plus d'être sans revenu,
sans vêtements d'hiver
et
sans logement adéquat, ils doivent payer pour leur
nourriture et dans
certains cas, pour le loyer et/ou les services
tels que l'électricité,
le gaz, etc., tout cela à des températures en
dessous de zéro.
Forum ouvrier condamne fermement le
gouvernement
canadien pour avoir permis que cette situation se
produise. Le
traitement que ces travailleurs ont été forcés
d'endurer est un mauvais
traitement flagrant de la personne humaine.
Les défenseurs des travailleurs migrants leur
fournissent de la nourriture et des vêtements. Ils
demandent au
gouvernement de prendre des mesures immédiates
pour que tous les
besoins de ces travailleurs soient comblés pendant
qu'ils demeurent au
Canada, notamment une aide financière, des
soins de santé et de la
nourriture,
des vêtements et des logement adéquats.
Ils demandent au gouvernement de fournir des
prestations
d'assurance-emploi et une formation, et de mettre
fin aux restrictions
qui empêchent les travailleurs bloqués ici de
travailler pour d'autres
employeurs. Ils réitèrent également la demande de
résoudre les
problèmes qui existent depuis aussi longtemps que
le PTAS existe et qui
se sont
aggravés cette année à cause de la pandémie. Les
travailleurs migrants
doivent recevoir tous les avantages sociaux
auxquels les travailleurs
canadiens ont droit en vertu de la loi, des permis
de travail ouverts
et un statut permanent au Canada.
Le 16
décembre,
on a rapporté qu'Immigration,
Réfugiés et Citoyenneté Canada a mis en place une
politique publique temporaire qui permettra aux
travailleurs de
Trinité-et-Tobago de faire une demande de statut
temporaire et
d'obtenir un permis de travail ouvert de six mois.
Dans son
communiqué, Immigration, Réfugiés et
Citoyenneté Canada dit : « Dans le cadre de cette
politique, qui sera en vigueur jusqu'au 12
février 2021, les travailleurs pourront
demander un statut
temporaire et obtenir un permis de travail ouvert
de six mois. Cela
devrait leur permettre de trouver un autre emploi
et de demander toute
autre aide gouvernementale à laquelle ils
pourraient avoir
droit, telle que l'assurance-emploi. Cette mesure
s'inscrit dans le
cadre d'un effort plus large visant à répondre aux
besoins de ces travailleurs, notamment en matière
d'hébergement d'urgence. »
Justice pour les travailleurs migrants a publié
une
déclaration le 17 décembre, qui dit : «
Cela fait des
décennies que les travailleurs agricoles migrants
revendiquent du
changement et des réformes substantielles au
Programme des travailleurs
étrangers temporaires (PTET). Cette réponse du
gouvernement fédéral est
le résultat direct
du travail d'organisation effectué par les
travailleurs et les
activistes pour s'attaquer à un programme de
migration archaïque et
dépassé qui est la cause de la crise à laquelle
les travailleurs de
Trinité-et-Tobago font face en ce moment. Il est
urgent d'offrir de
l'appui et toute la gamme des avantages sociaux et
des libertés à ceux
qui sont forcés de
demeurer au Canada et que des gestes soient posés
immédiatement pour
aider les migrants qui désirent retourner dans
leur pays. »
Justice pour les travailleurs migrants a demandé
au
gouvernement d'étendre la politique à tous les
travailleurs migrants
employés au Canada, de fournir immédiatement des
permis de travail
ouverts à tous les migrants et de mettre en place
un système par lequel
tous les migrants obtiennent leur statut permanent
à leur arrivée. Le
texte intégral de
la déclaration peut être lu ici.
Justice pour les travailleurs migrants lance
l'appel à
tous à se joindre à une campagne de lettres
adressées aux ministres de
la Famille, des Enfants et du Développement
social, de l'Immigration,
des Réfugiés et de la Citoyenneté, et de l'Emploi,
du Développement de
la main-d'oeuvre et de l'Inclusion des personnes
handicapées –
respectivement Ahmed Hussen, Marco Mendicino et
Carla Qualtrough. Pour
un exemple de formulaire que les gens peuvent
remplir pour envoyer une
lettre aux trois ministres et à leur député local,
cliquer
ici. La
lettre déclare :
« Nous demandons au gouvernement du Canada de
faire ce
qui suit :
« 1. Annuler toutes les décisions qui nient
des
prestations d'assurance-emploi régulières aux
travailleurs agricoles
migrants, qui ont été prises sur la base qu'ils
n'étaient pas
disponibles pour travailler en raison du statut de
leur permis de
travail. Accorder immédiatement des prestations
d'assurance-emploi à
tous les travailleurs qui ont
présenté une demande;
« 2. Supprimer les conditions qui font
dépendre
l'accès aux prestations d'assurance-emploi
régulières de leur permis de
travail et de leur présence physique au Canada.
Fournir un accès égal
aux prestations d'assurance-emploi régulières pour
les travailleurs
migrants, après leur retour dans leur pays, par le
biais du
développement d'accords
inter-États entre les gouvernements du Canada et
les pays d'origine.
Cet accès peut être calqué sur des accords
similaires qui existent déjà
avec les États-Unis et des accords entre États à
l'échelle mondiale;
« 3. Rétablir l'accès des travailleurs
migrants aux
droits particuliers de l'assurance-emploi, y
compris les prestations
parentales, de maternité et de compassion;
« 4. Permettre aux travailleurs migrants
d'accéder
à la formation et à l'éducation et à toutes les
prestations sociales et
de revenu au Canada et lorsqu'ils sont de retour
dans leur pays
d'origine;
« 5. Supprimer tous les frais de demande de
permis
de travail liés aux emplois agricoles;
« 6. Fournir à tous les travailleurs qui
arrivent
au Canada dans le cadre du PTAS ou des volets
agricoles des permis de
travail ouverts qui ne dépendent pas des EIMT
(études d'impact sur le
marché du travail);
« 7. Leur fournir le statut de résident
permanent à
leur arrivée. »
(Photos :
J4MW,
P.A. Gampoa, FTO)
Des actions au Québec et au
Nouveau-Brunswick pour revendiquer une réforme en
profondeur de
l'assurance-emploi
Du 7 au 11 décembre, des actions ont
eu lieu
dans plusieurs villes du Québec et au
Nouveau-Brunswick pour réclamer
une réforme en profondeur de l'assurance-emploi et
défendre les droits
et la dignité des chômeurs. Les actions au Québec
faisaient partie de
la campagne « Améliorer notre sort, c'est vital.
Une réforme de
l'assurance-chômage s'impose ! » du
Mouvement autonome et
solidaire des sans-emploi (MASSE). L'action du
Nouveau-Brunswick a été
organisée par le groupe Aide et soutien aux
travailleuses et
travailleurs des secteurs saisonniers (ASTS) qui
est principalement
actif dans la péninsule acadienne et d'autres
communautés du nord du
Nouveau-Brunswick. Les actions ont été menées par
des organisations de
défense des chômeurs avec le soutien des
syndicats. Elles ont mobilisé
uniquement quelques activistes des organisations
afin de respecter les
protocoles de santé et de sécurité liés à la
pandémie.
Ces actions faisaient partie de la lutte de
longue date
pour un régime d'assurance-emploi qui respecte les
droits et la dignité
de tous les chômeurs. Les organisateurs ont
souligné le fait que des
millions de travailleurs qui ont perdu leur emploi
pendant la pandémie
n'ont pu survivre que par le biais des prestations
temporaires
d'urgence créées par
le gouvernement fédéral. Cela montre bien que le
régime
d'assurance-emploi ne protège pas les chômeurs.
Aujourd'hui,
seulement 40 % des chômeurs ont droit à
des prestations
d'assurance-emploi et ces prestations ne couvrent
pas leurs besoins de
base et ne durent pas assez longtemps pour
garantir que les chômeurs
n'auront pas à
faire face à des périodes où ils n'auront aucun
revenu entre deux
emplois. Les chômeurs appellent cette période sans
aucun revenu « le
trou noir ». Cela fait référence à l'écart
entre le moment où les
prestations d'assurance-emploi d'un travailleur
saisonnier s'épuisent
et le moment où l'emploi du travailleur reprend.
Le trou noir a un
impact énorme sur les travailleurs saisonniers qui
sont à court de
prestations, s'ils sont admissibles aux
prestations au départ.
Les organisateurs des actions ont mis de l'avant
trois
principales revendications : un seuil
d'admissibilité unique
de 350 heures ou 13 semaines
travaillées ; un taux de
prestations d'au moins 70 % du salaire
précédent basé sur
les 12 meilleures semaines ; un plancher
minimum de 35
semaines de prestations. Cela éliminerait les
seuils d'admissibilité
différents et la durée différente des prestations
établis
arbitrairement dans différentes régions du pays
sur la base du taux de
chômage officiel dans la région. L'objectif est
d'augmenter
l'admissibilité dans son ensemble à
l'assurance-emploi, en accordant
une attention particulière aux
travailleurs à temps partiel, de garantir aux
chômeurs un revenu viable
tant qu'ils sont au chômage et d'éliminer des
phénomènes tels que le
trou noir.
Forum ouvrier appuie fermement les
demandes des
chômeurs et appelle tous les Canadiens à défendre
la dignité du travail
en se joignant à eux. Ces demandes reflètent la
prise de conscience
croissante, que la pandémie a mise en évidence de
manière dramatique,
de la nécessité de changements profonds qui
favorisent le peuple et le
protègent
des crises qui éclatent. La revendication d'une
réforme de
l'assurance-emploi fait partie intégrante de la
lutte des travailleurs
pour des programmes sociaux qui défendent le
bien-être de tous et sont
sous le contrôle du peuple. Forum ouvrier
félicite et salue
aussi tous les activistes qui font face à un lourd
fardeau de travail
pour s'assurer que
les chômeurs ne soient pas laissés à eux-mêmes
parce que l'élite
dirigeante et son système ont saccagé le programme
de
l'assurance-emploi et ont rendu la société
incapable de faire face aux
crises.
(Photos : G. Depalo,
Action-Chômage
Côte-Nord)
Forum ouvrier publie ci-dessous les
commentaires de trois porte-paroles
d'organisations qui ont participé
aux actions pour revendiquer une réforme de
l'assurance-emploi et qu'il
a interviewés à propos de leur travail.
France Simard, Mouvement Action Chômage
Lac-Saint-Jean
La pandémie a fait ressortir avec force la lacune
profonde d'une loi désuète qui ne correspond pas à
la réalité du
travail du 21e siècle et qui prive un très grand
nombre de personnes
sans emploi de prestations d'assurance-emploi
auxquelles elles
devraient avoir droit. Il faut qu'il y ait une
réforme en profondeur de
l'assurance-emploi et il
faut que nous soyons consultés, on ne veut pas
qu'ils la fassent tout
seuls de leur côté. On veut être assis à la même
table, parce qu'on
voit les lacunes sur le terrain, nous avons la
réalité-terrain de notre
côté. Nous voulons un régime de l'assurance-emploi
juste et universel
pour tous les citoyens du Canada. Nous avons fait
un point de presse
le 7 décembre où nous avons présenté les
revendications de la
campagne, avec l'appui de la CSN et de la FTQ qui
ont joint leurs voix
à la nôtre.
France Simard en conférence de presse à
Chicoutimi le 7 décembre 2020
|
En ce qui concerne la pandémie, celle-ci a amené
son lot
de surplus de travail. Nous avons eu tous des
surplus de travail
épouvantables. Il y a eu beaucoup de changements
dans les programmes,
surtout au début. Tout le monde a agi de bonne
foi, mais le départ a
été boiteux. Service Canada a fermé ses portes
pendant un bout de
temps.
Maintenant ils offrent les services, mais de
manière très réduite alors
ils se tournent vers nous. Nous avons connu une
grande augmentation de
gens à qui il fallait répondre, il fallait
répondre aux interrogations
d'à peu près tout le monde. Il a fallu apprendre
les programmes très
vite. Une fois que la PCU (Prestation canadienne
d'urgence) a été
installée, les choses se sont calmées. Nous avons
fait beaucoup plus
d'aide individuelle que d'habitude. Ce n'est pas
notre point majeur.
Nous sommes financés pour faire de la défense
collective, mais depuis
le mois de mars notre accent a été sur l'aide
individuelle. Nous avons
réussi à passer au travers et à répondre à tout le
monde. Personne ne
voulait vivre une crise comme celle-là, mais elle
est là. Nous avons
été capables de relever le défi. Je suis fière de
mon équipe, une
équipe petite mais solide. On voit qu'on n'a pas
travaillé pour rien
depuis toutes ces années.
Fernand Thibodeau, Aide et soutien aux
travailleuses et
travailleurs des secteurs saisonniers (ASTS, dans
le nord du
Nouveau-Brunswick)
Le 7 décembre, nous sommes allés placer des
arbres
de Noël devant le bureau du centre d'emploi, avec
des clochettes noires
pour illustrer le problème du trou noir. La
situation de nos gens s'est
améliorée un peu avec les programmes d'urgence du
gouvernement fédéral,
mais il ne faut pas oublier que le problème de
l'assurance-emploi n'est pas réglé, entre autres
le problème du trou
noir. Dans la région où nous sommes actifs, la
péninsule acadienne,
Baie-Sainte-Anne, Pointe-Sapin, etc.,
entre 60 et 70 %
des gens travaillent dans des industries
saisonnières, comme les usines
de poisson, la pêche, la tourbe, la forêt, le
tourisme et d'autres
industries.
Fernand Thibodeau, porte-parole de
l'ASTS
|
Un problème que nous avons c'est que les bureaux
de
l'assurance-emploi ont rouvert, mais ils sont
limités dans leurs
services. Ils t'assignent un agent qui te rappelle
dans les 24-48
heures. Très souvent quand les gens qui ont besoin
de faire une demande
d'assurance-emploi vont pour ouvrir leur dossier
sur Internet, ils ne
peuvent pas
l'ouvrir, souvent c'est écrit que leur dossier est
expiré, plusieurs ne
reçoivent pas leur relevé d'emploi de leur
employeur, alors c'est nous
qu'ils viennent voir pour faire une demande
d'assurance-emploi. Il y a
des gens qui sont analphabètes, qui ont des
troubles d'apprentissage,
aussi il y beaucoup de crainte de faire des
erreurs dans sa demande car
l'assurance-emploi est extrêmement judiciarisée.
J'ai fait moi-même
environ 400 demandes d'assurance-emploi. Je
dois faire cela chez
moi parce que notre comité ne reçoit pas de
financement du gouvernement
provincial. Nous sommes tous des bénévoles. Nous
aidons aussi les gens
sur d'autres questions, comme les montants
auxquels les
gens âgés sont admissibles au niveau provincial en
ce qui concerne la
COVID-19, on les aide à renouveler leurs plaques
d'immatriculation,
entre autres choses. Je peux dire en toute
franchise que cette année,
si le comité de l'ASTS n'avait pas été là pour les
gens, cela aurait
été un cauchemar.
La pandémie a jeté un éclairage sur ce qu'on dit
depuis
plusieurs années, que le programme de
l'assurance-emploi est désuet. On
veut que le gouvernement travaille avec nous pour
effectuer une réforme
complète de l'assurance-emploi.
Line Sirois, Action-Chômage Côte-Nord
Le 7 décembre, nous avons fait un point de
presse
devant les bureaux de Service Canada à
Forestville. Nous avons fait ce
que nous avons toujours fait, nous avons amené un
arbre de Noël décoré
de trous noirs. Nous étions avec la CSN. Nous
avions convoqué les
médias, et nous avons demandé que les mesures que
le gouvernement
Trudeau a mises en place de façon temporaire pour
la pandémie
deviennent des mesures permanentes. Dans cette
réforme temporaire, le
gouvernement Trudeau a établi à 420 heures le
nombre d'heures de
travail requises pour se qualifier à
l'assurance-emploi, on ne veut pas
revenir à des exigences allant jusqu'à 700
heures de travail
pour se qualifier comme cela se produit dans notre
région. Le
gouvernement a dit qu'il doit consulter avant de
faire une réforme de
l'assurance-emploi. Oui il faut que tout le monde
soit consulté, mais
pendant ce temps les mesures temporaires mises en
place en raison de la
pandémie doivent devenir des mesures permanentes.
Nous voulons une
réforme en profondeur, et nous ne voulons pas que
cela finisse en
promesse électorale.
Action à Forestville le 7
décembre 2020. Line Sirois est la
quatrième à
partir de la gauche.
|
Présentement le taux de chômage est en train de
baisser.
Nous avons dit aux journalistes que peu importe
que le taux de chômage
baisse ou augmente, nos gens qui vivent du travail
saisonnier ne
travailleront pas plus ou moins d'heures. Plus le
taux de chômage
officiel est bas, plus le travailleur doit
travailler d'heures pour se
qualifier et il a
droit à moins de semaines de prestations. À
l'inverse, plus le chômage
est élevé, le nombre d'heures de travail pour se
qualifier est plus bas
et le travailleur a droit à plus de semaines de
prestations. Nous
voulons que cela cesse, qu'on élimine le taux de
chômage comme critère
pour identifier les heures de travail requises et
le nombre de semaines
de prestations, et établir le même nombre d'heures
et le même nombre de
semaines pour tout le monde de manière suffisante
entre autres pour que
le phénomène du trou noir, qui est très fort chez
nous, soit éliminé.
Dans notre travail dans les conditions de la
pandémie,
nous donnons beaucoup d'informations
téléphoniques. Nous recevons peu
les gens au bureau parce que nous sommes capables
de régler les
dossiers par téléphone. Nous recevons beaucoup
d'appels de gens qui
attendent encore leurs prestations
d'assurance-emploi, qui n'ont pas
reçu encore
de réponse de Services Canada. Le transfert ne
s'est pas très bien fait
entre la PCU et l'assurance-emploi à partir de la
fin du mois de
septembre (la PCU s'est terminée à la fin
septembre 2020 en
faveur de mesures temporaires de
l'assurance-emploi qui augmentent
l'admissibilité par rapport aux critères
habituels extrêmement
contraignants – Note de FO). Il semble que
Service Canada manque de
personnel.
Nous continuons la bataille pour la défense des
droits
de tous les chômeurs.
La gestion de l'hôtel Pacific
Gateway par
le gouvernement fédéral
Conférence de presse de la section
locale 40 de Unite Here qui représente les
travailleurs de
l'hôtellerie à l'hôtel Pacific Gateway à
Burnaby, le 25 novembre 2020.
Plus de 80 % des 150 travailleurs
employés par l'hôtel Pacific Gateway à Burnaby
près de l'aéroport de
Vancouver ont été mis à pied ce printemps. L'hôtel
est l'un des
nombreux sites de quarantaine du gouvernement
fédéral. Le gouvernement
fédéral et plusieurs gouvernements provinciaux et
des agences ont
négocié des
contrats avec les hôtels pour que ceux-ci
hébergent non seulement des
voyageurs, mais aussi des travailleurs agricoles
migrants en plus de
servir d'abri d'urgence aux gens sans domicile,
aux femmes fuyant la
violence et à d'autres personnes. Dans la presque
totalité des cas, les
hôtels ont rappelé leur personnel mis à pied pour
subvenir aux services
alimentaires, de nettoyage et d'entretien, tous
les emplois nécessaires
au bon fonctionnement de l'hôtel. Le personnel a
reçu la formation sur
les protocoles de travail de la santé publique.
Ce n'est pas le cas cependant de l'hôtel Pacific
Gateway
qui sert de site de quarantaine pour les voyageurs
internationaux qui
arrivent à l'aéroport international de Vancouver.
Au lieu que les
travailleurs mis à pied soient rappelés, la
Croix-Rouge a fait appel à
d'autres travailleurs. Dans les hôtels à l'échelle
du pays, ce sont les
travailleurs d'hôtel
qui font le travail. Selon un reportage de CBC
du 20 août, le
gouvernement fédéral a organisé et défrayé les
coûts de la quarantaine
de plus de 3 000 personnes qui étaient
entrées au Canada à ce
moment-là, dans onze hôtels partout au pays.
Les
travailleurs d'hôtellerie et leur syndicat, la
section locale 40
de Unite Here, ont toujours revendiqué avec force
la protection de
leurs emplois alors que la plupart des hôtels et
restaurants
fonctionnent au minimum de leur capacité. Les
travailleurs de
l'hôtellerie syndiqués ont négocié des périodes de
rappel dans leurs
conventions
collectives qui varient d'une convention à
l'autre, mais aucune de ces
périodes ne couvre la durée sans précédent des
mises à pied actuelles.
Les travailleurs non syndiqués sont protégés
uniquement par les lois du
travail provinciales, qui n'offrent elles aussi
aucune protection dans
de telles circonstances. Les gouvernements fédéral
et provinciaux ont
agi rapidement pour distribuer des milliards de
dollars à des individus
et des entreprises et n'ont cessé de répéter qu'il
est important de
préserver le lien entre travailleurs et
employeurs. Cependant, depuis
plusieurs mois, les revendications des
travailleurs d'hôtellerie pour
que le gouvernement adopte des mesures pour les
protéger des
congédiements
n'ont pas été entendues. Des centaines de
travailleurs ont été
congédiés et des centaines d'autres pourraient
perdre leur emploi dans
les prochains mois.
Lors d'une conférence de presse le 25
novembre,
deux travailleuses de Pacific Gateway et le
directeur général de la
section locale 40 de Unite Here, Robert
Demand, ont expliqué la
situation que vivent les travailleurs à l'hôtel,
et le refus jusqu'à
présent du gouvernement fédéral, du gouvernement
provincial et de
l'employeur de
garantir le droit des travailleurs à la sécurité
d'emploi[1].
Une des travailleuses qui a pris la
parole à la conférence de presse est une serveuse,
Treva Martell, qui
travaille à l'hôtel depuis 15 ans. L'autre
travailleuse, Gangamma
Naidu, travaille à l'hôtel comme préposée aux
chambres depuis 45
ans. Le 3 décembre, la direction de l'hôtel a
avisé les travailleurs
que la soi-disant « prise en charge
involontaire » de l'hôtel
avait été prolongée jusqu'en mars 2021. Le
syndicat revendique une
extension de 24 mois des droits de rappel,
jusqu'à
l'automne 2022, date à laquelle il croit que
les activités du
secteur auront
repris. Le silence des gouvernements fédéral et
provinciaux est
assourdissant.
Dans un communiqué de presse publié le 3
décembre,
Zailda Chan, la présidente de la section
locale 40 de Unite Here,
écrit : « Le refus du gouvernement fédéral de
s'assurer que les
travailleurs d'hôtellerie ne subissent pas les
conséquences de sa prise
en charge de Pacific Gateway est inconcevable. Les
travailleurs de
l'hôtel – en grande partie des femmes et des
travailleurs
immigrants – sont sans information depuis des mois
sur la durée du
contrat fédéral et pourquoi le fédéral a recours à
des sous-traitants
pour faire le travail des travailleurs
d'hôtellerie. Maintenant l'hôtel
laisse entendre que les travailleurs pourraient
perdre leur emploi de
façon permanente en raison
du contrat prolongé du fédéral.
« C'est inacceptable de la part d'un gouvernement
fédéral qui a fait croire qu'il se souciait des
travailleurs frappés
par la pandémie. Nous voulons savoir comment le
gouvernement compte
régler la situation, alors que ses actions font en
sorte que les
travailleurs d'hôtellerie perdront leurs
emplois. »
Certains des plus gros employeurs de l'hôtellerie
profitent de la pandémie et de la fermeture de
presque tout le secteur
du tourisme pour congédier des travailleurs pour
se dégager de leur
obligation de respecter les salaires et les
conditions de travail pour
lesquels les travailleurs se sont battus et qu'ils
ont gagnés. La
plupart des employeurs
d'hôtellerie n'ont pas demandé les subventions de
la Subvention
salariale d'urgence du Canada pour garder les
travailleurs sur leurs
listes de paie. Les travailleurs, eux, ont fait
des demandes de
prestations de la Prestation canadienne d'urgence
et de
l'assurance-emploi.
Les gouvernements sont responsables envers les
travailleurs de l'hôtel Pacific Gateway et envers
tous les travailleurs
de l'hôtellerie qui risquent de perdre leur emploi
de façon permanente,
et doivent veiller à ce que des mesures d'urgence
soient mises en place
pour prolonger les droits de rappel aussi
longtemps qu'il faudra pour
que l'industrie
se rétablisse et que les travailleurs soient
rappelés au travail.
Forum ouvrier appuie fermement la
revendication
des travailleurs d'hôtellerie pour leurs droits et
pour la protection
de tous les travailleurs de tous les secteurs dont
les emplois sont à
risque en raison des fermetures et des mises à
pied dues à la COVID-19.
Note
1. Pour visionner la vidéo
de la
conférence de presse, cliquer ici
(Pour voir les articles
individuellement, cliquer sur le titre de
l'article.)
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