Numéro 75 - 5 novembre 2020
Les travailleurs
défendent leurs droits et
le système de santé public
Un vaste appui
pour les travailleurs d'hôpitaux de l'Alberta
- Peggy Morton -
Actions
du 5 novembre en appui aux
travailleurs d'hôpitaux
Le 2 novembre
2020.
Rassemblement à Calgary au
Centre McDougall,
en appui aux travailleurs
d'hôpitaux
CALENDRIER
D'ÉVÉNEMENTS
|
|
• Les
syndicats prennent la parole à la défense des
travailleurs en grève
Journée
d'action pour
un statut pour tous et toutes
• Lutter pour les vivants
— honorer les morts
Les
travailleurs dans
le feu de la lutte pour freiner la COVID-19
• Protéger les
travailleurs et travailleuses du
Québec face aux éclosions accrues aux endroits
de travail -
Entrevue avec Ann Gingras
• Pétition des
travailleurs de première ligne
de l'Alberta pour l'accès aux
masques N95
Les travailleurs défendent leurs
droits
et le système de santé public
- Peggy Morton -
Le 31 octobre 2020. Les aînés et les
travailleurs sociaux pour la justice sociale
appuient
les travailleurs des hôpitaux.
Les débrayages des membres du Syndicat des
employés
provinciaux de l'Alberta dans les hôpitaux et les
centres de
santé le 26 octobre ont été fortement
appuyés dans toute la
province. Les revendications des travailleurs
d'annuler
les 11 000 mises à pied que le
gouvernement du Parti
conservateur uni (PCU) a annoncées, de
renverser et de stopper
toute privatisation reçoivent un vaste appui,
tandis que les attaques
du gouvernement du PCU contre les travailleurs
sont accueillies par un
profond mépris. De nombreuses personnes demandent
aussi aux Services de
santé de l'Alberta de mettre fin à leur menace de
punir les
travailleurs.
En criminalisant les travailleurs, le ministre
des
Finances Travis Toews a dit : « Nous nous
attendons à ce que tous
les syndicats respectent le processus de
négociations et cessent de
mettre en péril la sécurité des Albertains. [...]
Nous ne tolérerons
pas de grève illégale. » Il a ajouté que les
travailleurs et le
syndicat devront « rendre des comptes » pour
la grève.
C'est le comble de l'hypocrisie et cela montre le
cynisme du gouvernement du PCU qui déchire les
conventions collectives,
adopte une loi après l'autre pour attaquer les
droits des travailleurs
et annonce 11 000 mises à pied afin de
remettre des services
publics vitaux dans les mains d'intérêts privés.
La
riposte à cette tentative du gouvernement du PCU
de blâmer les
travailleurs qui défendent le droit aux soins de
santé a été rapide.
Comment le gouvernement ose-t-il prétendre que
c'est lui qui se soucie
de la sécurité publique, ont répondu les
Albertains. Comment ose-t-il
accuser les travailleurs de la santé, nos
héros ! C'est le
gouvernement qui doit rendre des comptes !
Les travailleurs de la
santé démontrent leur souci pour leurs patients à
chaque jour par leurs
actes, en risquant leur santé et leur vie. C'est
eux qui travaillent
sans relâche et gardent le système de santé en vie
en dépit de toute la
destruction qui a été causée par des décennies de
saccage néolibéral.
De nombreuses voix s'élèvent pour remercier les
travailleurs de la santé pour leur courage et
alerter tout le monde sur
les graves dangers, le chaos et la destruction qui
sont l'oeuvre du
PCU. À chaque jour, depuis le 27 octobre, les
aînés ont organisé
des lignes de piquetage devant l'Hôpital Foothills
de Calgary.
Le 31 octobre, les Travailleurs sociaux pour
la justice sociale se
sont joints à eux. Les syndicats et les
enseignants et le personnel des
institutions d'enseignement postsecondaire
organisent des piquetages
d'information à Edmonton et Athabasca le 5
novembre. Des
piquetages sont aussi organisés à 6 h 15
à Edmonton et à
Calgary pour accueillir les travailleurs du
premier quart de travail.
De nombreuses organisations ont émis des
déclarations
d'appui. Des gens prennent la parole sur les
médias sociaux et dans des
forums de quartier, signent des pétitions,
écrivent à leur député et
des lettres aux rédactions, et prennent position
de mille et une façons.
Un aspect important de cette résistance c'est que
les
gens parlent en leur nom et mobilisent leurs
pairs, leurs collègues de
travail, actifs et à la retraite, et leurs
organisations. Une
conclusion importante est que les travailleurs
doivent s'appuyer sur
leur propre pensée et leur propre organisation,
doivent discuter et
faire le bilan de ce qu'ils ont accompli avec
leurs actions et passer à
l'étape suivante en gardant l'initiative dans
leurs mains.
(Photos: FO,
AUPE)
Plusieurs syndicats ont exprimé leur solidarité
avec
les travailleurs d'hôpitaux de l'Alberta en grève,
qui ont débrayé pour
demander au gouvernement du Parti conservateur uni
(PCU) de retirer
les 11 000 licenciements annoncés. Ils
ont également rejoint
les travailleurs sur les lignes de piquetage. Forum
ouvrier publie
des extraits de certains des messages d'appui.
L'Association des enseignants et enseignantes de
l'Alberta
« Lorsque le gouvernement et les Services de
santé de
l'Alberta ont décidé de supprimer 11 000
emplois – en
pleine pandémie – ils n'ont laissé aucun
autre choix à ces
travailleurs. Ces héros, à leurs risques et
périls, se sont dressés
pour nous et ont combattu la pandémie de manière
frontale, et ils
méritent un soutien et des encouragements au lieu
d'un manque de
respect et des menaces de pertes d'emploi. Nous
les appuyons », a
déclaré Jason Schilling, président de
l'Association des enseignants et
enseignantes de l'Alberta. Il a également
encouragé les enseignants à
visiter les lignes de piquetage.
Le syndicat des travailleurs et des
travailleuses des
postes
« Le Syndicat des travailleurs et travailleuses
des
postes (STTP) est solidaire des travailleurs et
travailleuses de la
santé en grève et dénonce le gouvernement
antisyndical de Jason Kenney
qui cherche à supprimer un grand nombre d'emplois,
à miner les
conditions de travail et à bafouer les droits
syndicaux. Au milieu de
la pire pandémie en 100 ans, les
travailleuses et travailleurs de
la santé s'emploient sans relâche à fournir les
soins dont a besoin la
population de l'Alberta. Le gouvernement Kenney
veut
éliminer 11 000 postes syndiqués dans le
secteur de la santé
et les confier au secteur privé. Loin d'avoir des
effets bénéfiques,
cette mesure ne fera qu'accroître la vulnérabilité
des Albertains et
paralysera une économie déjà fragile »,
peut-on lire dans le
communiqué du STTP.
« Le STTP demande au mouvement syndical de
demeurer
ferme face à l'intimidation néolibérale et aux
gouvernements
antisyndicaux. Il doit continuer de prendre et de
coordonner des
mesures énergiques pour contrer de telles
menaces. »
Le Syndicat canadien de la fonction publique
« Le SCFP appuie entièrement les travailleurs de
la
santé de l'Alberta qui protestent contre la perte
de leurs emplois aux
mains du gouvernement Kenney. Les gens qui
travaillent dans le domaine
de la santé sont les héros de la pandémie. Ils
risquent leur propre
santé pour nous garder en sécurité. Ces
travailleurs sont attaqués par
Jason Kenney qui veut les licencier, puis
réengager certains d'entre
eux dans des emplois moins bien rémunérés après
les avoir privés de
leur régime de retraite.
« Les travailleurs de la santé de l'Alberta ont
déjà
vécu cela. Les gouvernements conservateurs
précédents nous ont servi ce
numéro et ont dû admettre qu'il causait trop de
chaos et de
perturbations. Et c'était à l'époque où il n'y
avait pas de pandémie.
Jason Kenney doit démissionner. Jason Kenney doit
annuler son plan de
licencier 11 000 travailleurs de la
santé. Allez au site Protect
Alberta Health Care
pour dire à Jason Kenney de protéger ces
travailleurs ! »
L'Association des sciences de la santé de
l'Alberta
(HSAA)
« La HSAA soutient les travailleurs du Syndicat
des
employés provinciaux de l'Alberta (l'AUPE) qui se
dressent contre les
compressions dans les soins de santé annoncées par
Jason Kenney de
manière cruelle au milieu de cette
pandémie », déclare Mike
Parker, président de l'Association des sciences de
la santé de
l'Alberta.
« Les travailleurs de la santé ont travaillé sans
relâche pour assurer la sécurité des Albertains et
ils ont été
récompensés par des menaces à leur emploi par un
gouvernement déterminé
à démanteler notre système public de soins de
santé. Le blâme pour
cette perturbation des soins aux patients, qui
peut se produire
aujourd'hui, doit carrément être porté par Jason
Kenney et le
PCU », a ajouté Mike Parker.
Les Infirmières et infirmiers unis de l'Alberta
De nombreuses infirmières se sont jointes aux
lignes de
piquetage pendant leurs pauses, et les Infirmières
et infirmiers unis
de l'Alberta (IIUA) ont publié une déclaration qui
se lit : « L'IIUA
soutient les travailleurs de la santé qui
défendent le principe des
soins de santé publics et s'opposent aux efforts
du gouvernement Kenney
de miner le système de soins de santé publics et
de supprimer des
milliers d'emplois. Les membres de l'IIUA ne
feront pas le travail des
membres d'autres syndicats. [...]
« Le gouvernement de l'Alberta a créé cette
crise au
milieu d'une pandémie mondiale alors qu'il devrait
soutenir les
travailleurs de la santé qui risquent leur vie
pour assurer la sécurité
des Albertains », a déclaré l'IIUA.
Unifor
Unifor a émis une déclaration dans laquelle il
donne son
plein appui aux travailleurs d'hôpitaux en grève.
« Jason Kenney est en
fonction depuis peu de temps et il a criminalisé
la dissidence, importé
le pire du droit du travail américain et effectué
des compressions
dévastatrices dans les services publics en pleine
pandémie. Il faut le
stopper », a déclaré Gavin McGarrigle,
directeur de la région de
l'Ouest d'Unifor. « Unifor est solidaire de tous
les travailleurs et
travailleuses de la santé qui défendent leur
emploi et les services
publics. »
La section locale 401 des Travailleurs unis
de l'alimentation et du commerce
Les employés des hôpitaux de première ligne sont
en
action pour protester contre l'injustice et les
compressions massives
dans les soins de santé publics qui toucheront
tous les Albertains. En
tant que syndicat albertain des travailleurs de
l'alimentation, nous
avons de l'empathie et nous comprenons la lutte
des travailleurs de la
santé de première ligne pendant cette pandémie.
« Le droit des travailleurs de faire la grève et
de
retirer leur travail en signe de protestation est
l'ingrédient
essentiel d'une société démocratique, et les
travailleurs ont toujours
trouvé des moyens de faire face à l'injustice de
la manière qu'ils
jugent la plus efficace.
« Il a été signalé que les grévistes luttent
pour la
sécurité de l'emploi, contre l'envoi de leurs
emplois au secteur privé
en sous-traitance, pour une solution à la pénurie
de personnel, pour
l'arrêt de la privatisation du système de santé
public de l'Alberta et
pour qu'il n'y ait pas de représailles pour avoir
pris position à la
défense ses soins de santé publics. Leurs
revendications portent sur la
protection de l'intérêt public pendant la
pandémie, et une fois de
plus, nous voyons les travailleurs mener
courageusement la
charge », a déclaré le président de la
section locale 401 des
TUAC, Thomas Hesse.
(Photos : UNA, AUPE)
Journée d'action pour un statut
pour tous
et toutes
Le 1er novembre 2020. Piquetage devant les
bureaux à
Toronto du ministre de l'Immigration, des Réfugiés
et de la Citoyenneté
Dia de los Muertos – le « Jour des
Morts » – est célébré au Mexique et en
Amérique latine. C'est
une célébration de la vie et de la mort. Ce jour a
été souligné partout
au Canada cette année par des réunions, des
piquetages et des
rassemblements pour rendre hommage aux
travailleurs qui sont décédés de
la COVID-19 alors qu'ils travaillaient au Canada,
et célébrer la lutte
pour affirmer que tous les êtres humains ont des
droits, ce qu'exprime
le mot d'ordre Un statut pour tous et
toutes !
Des actions ont eu lieu dans plusieurs villes du
Canada,
dont Halifax, Sherbrooke, Montréal, Toronto,
Niagara, Sudbury et
Vancouver. Le Réseau des droits des migrants a
coordonné cette journée
d'action.
À Toronto, plus de 100 personnes se sont
rassemblées au parc Dufferin en soirée pour
commémorer et célébrer la
vie des travailleurs migrants au Canada et partout
dans le monde qui
sont décédés de la COVID-19. Une tente a été
montée où on a affiché des
photographies des personnes commémorées par des
amis et membres de la
famille.
Plus tôt dans la journée, un piquetage organisé
par le
Centre ouvrier du PCC(M-L), a eu lieu devant le
bureau de
circonscription de Marco Mendicino, le ministre
fédéral de
l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté,
pour réitérer la
revendication d'un statut pour tous et toutes.
À Montréal, les gens se sont rassemblés devant
l'édifice
de Radio-Canada pour mettre en lumière le
caractère invisible de la
lutte des travailleurs migrants pour leurs droits
dans les médias dits
traditionnels. Dans la région de Niagara, un
événement commémoratif en
bordure de route a été organisé en hommage à
Zenaida, une travailleuse
agricole migrante de 33 ans, une mère
monoparentale du Mexique qui a
été tuée dans un délit de fuite l'an dernier.
Après cela, les
participants se sont réunis devant le bureau d'un
député local libéral
et une ofrenda
(offrande) a
été installée en hommage aux travailleurs
migrants. À Sudbury, les gens
se sont réunis au parc Bell.
Entre 50 000 et 60 000
travailleurs
étrangers migrants viennent au Canada à chaque
année dans le cadre du
Programme des travailleurs agricoles saisonniers
et on évalue que près
de 1 300 d'entre eux ont eu un test
positif à la COVID-19.
Plusieurs en sont morts et pourtant ces
travailleurs n'ont pas accès
aux soins de santé, à de l'aide financière en cas
d'urgence ou à des
conditions de vie et de travail décentes.
Le 28
octobre, des organisations de travailleurs qui
sont des aides-soignants
ont publié un rapport dans lequel sont documentées
les expériences de
centaines de ces travailleurs migrants durant la
pandémie de la
COVID-19. Le rapport, « Behind Closed
Doors : Exposing
Migrant Care Worker Exploitation During
COVID-19 » (Derrière des
portes closes : la vérité sur l'exploitation
des aides-soignants
temporaires pendant la COVID-19) est disponible ici
Lors de son lancement, la dirigeante du Centre
d'action
des aides-soignants, Karen Savitra, a dit : «
On devrait pouvoir
obtenir notre résidence permanente dès notre
arrivée, de même que pour
nos familles, ce qui nous permettrait d'éviter les
ennuis de toutes
sortes. Ils nous ont autorisés à venir au Canada,
nous y avons
travaillé, maintenant nous voulons de
l'équité. »
Les travailleurs migrants font partie intégrante
de la
classe ouvrière canadienne. Tout le système de
programmes de
travailleurs migrants et temporaires créé par
l'État canadien vise à
fournir aux monopoles agro-alimentaires une
main-d'oeuvre bon marché.
C'est une attaque contre les droits des plus
vulnérables, et contre les
droits de la classe ouvrière dans son ensemble.
Montréal, Québec
Toronto, Ontario
Région de Peel, Ontario
Niagara, Ontario
Leamington, Ontario
Vancouver, Colombie-Britannique
(Photos : FO, Solidarité sans
frontières, Réseau des droits des migrants, D.
Ladd, C. Murphy, Conseil
du travail de la région de Peel, , Action pour
le changement des
travailleurs migrants, J4MW)
Les travailleurs dans le feu de la
lutte
pour freiner la COVID-19
- Entrevue avec Ann Gingras -
Ann Gingras est la présidente
du
Conseil central de
Québec—Chaudière-Appalaches-CSN (Confédération
des
syndicats nationaux). Le Conseil central
représente
environ 45 000 membres, dans tous les
secteurs d'activité,
notamment la santé, l'éducation, la
construction, les services publics,
le commerce et le secteur manufacturier.
Forum ouvrier : L'Institut
national
de santé publique du Québec parle d'une
propagation sérieuse de la
COVID-19 dans les endroits de travail au Québec.
Est-ce un phénomène
que vous vivez dans votre région ?
Ann Gingras : Oui, nous le
vivons.
Pendant la première vague, nous avons été assez
épargnés. Nous avons eu
très peu de cas dans la Capitale nationale et
encore moins dans
Chaudière-Appalaches, mais nous nous faisons
rattraper pendant la
deuxième vague. On le voit par la transmission
communautaire, ce qui
veut dire aussi dans les milieux de travail, comme
la santé évidemment
mais aussi, maintenant, dans le secteur privé. Il
y a eu une éclosion
au chantier naval de Davie et une éclosion sans
précédent à l'abattoir
d'Olymel à Vallée-Jonction.
Il y a des endroits de travail
heureusement
qui ont mis en place un fonctionnement par bulle
de travail, ou qui ont
revu l'organisation des postes de travail. Mais,
en ce qui concerne les
syndicats, c'est un combat de tous les jours de
s'assurer que les
équipements de protection individuelle sont
disponibles et en nombre
suffisant et que les conditions sont sécuritaires.
FO : Quel est le travail du
Conseil
central pour freiner la propagation de la
COVID-19 ?
AG : Il y a tout d'abord un
vaste
travail d'information, de sensibilisation, de
soutien aux exécutifs
syndicaux au niveau local.
Par exemple, au printemps, nous avons dû faire un
travail de tous les instants avec toutes les
politiques qui nous
arrivaient, au niveau du gouvernement du Québec ou
du gouvernement
fédéral, au niveau des politiques d'aide. Juste
pour démêler cela et
préparer un document accessible qui soit mis à la
disposition de nos
membres, cela a été tout un travail qui a été
fait. On a dû mettre le
tableau à jour presque à chaque semaine parce que
les politiques
changeaient ou se rajoutaient. Il a fallu
rejoindre les gens le plus
largement possible pour qu'ils puissent utiliser
les services
existants, notamment dans le secteur de
l'hôtellerie où les gens sont
sans emploi et où l'avenir de plusieurs hôtels est
même menacé. Sans
oublier les gens de la restauration, dans le
secteur des services, qui
est un secteur très durement touché.
En ce qui concerne les équipements de protection,
pendant la première vague, si on parle en
particulier dans le secteur
de la santé, les gestionnaires n'étaient pas prêts
pour cette vague. Il
n'y avait pas assez d'équipements de protection
individuelle. Il y a eu
toute une course au début pour avoir les
équipements nécessaires et en
quantité suffisante. Pendant cette deuxième vague,
la situation au
niveau des équipements de protection est toujours
à surveiller. On doit
toujours s'assurer que cela ne manque pas, dans la
santé et de façon
générale dans les milieux de travail.
Il y a eu beaucoup de signalements au niveau de
la Commission des normes, de l'équité, de la
santé et de la
sécurité du travail (CNEEST) pour des consignes
sanitaires qui n'ont
pas été respectées ou des équipements de
protection individuelle qui
manquaient. Je dois dire que la CNEEST est assez
réticente au niveau
des avis qu'elle peut émettre envers les
entreprises ou les
établissements. Elle va peut-être envoyer un
inspecteur pour venir
inspecter les lieux, mais c'est très rare qu'elle
condamne un
employeur. En ce qui nous concerne, la santé des
gens n'est pas quelque
chose de négociable.
Avec la réouverture des écoles, en septembre, les
syndicats ont dû être vigilants. Une de nos
grandes préoccupations est
le personnel de soutien. Les enseignants et les
enseignantes sont
extrêmement importants, mais le personnel de
soutien est très important
lui aussi. Par exemple, il a fallu s'assurer que
les conducteurs
d'autobus scolaire soient protégés. Les
conducteurs d'autobus scolaires
sont souvent des personnes plus âgées et donc plus
à risque. Il a fallu
trouver les moyens pour qu'ils soient protégés
pendant qu'ils gèrent ce
qui se passe dans leur autobus.
Il faut aussi s'assurer que le personnel de
soutien dans
les centres de services scolaires (anciennement
les commissions
scolaires) soit protégé. Je pense entre autres aux
éducatrices au
niveau des services de garde. Elles sont épuisées,
il y a une vague de
départs. Le gouvernement a très peu de
préoccupations envers ces
gens-là. Le concept de bulle-classe ne tient pas
dans les services de
garde. Les éducatrices s'occupent d'enfants qui
proviennent de
différentes bulles. Il faut réduire les groupes,
réduire le nombre
d'enfants par éducatrice. La question est ramenée
à une question de
coûts. Oui, il y a des coûts, mais qu'est-ce qu'on
fait du coût social
qu'on est en train de payer avec le nombre de
personnes qui quittent le
réseau, qui tombent malades ? Les éducatrices
nous disent qu'elles
en sont réduites à jouer à la police, à passer
leur journée à dire aux
enfants ce qu'ils ne peuvent pas faire. Elles ne
sont pas capables de
jouer leur rôle d'éducatrices.
Aussi, il y a la façon de gérer, de la part du
ministère
de la Famille au niveau des responsables des
services de garde en
milieu familial. C'est une véritable hécatombe
pour ces femmes-là. Ce
sont des femmes qui prennent soin des enfants à la
maison, qui les
reçoivent à la maison. Les consignes sanitaires
qui se sont rajoutées
allongent la journée de travail, avec la
désinfection de leur maison
par exemple à la fin de la journée. Dans la
région, il y a 200
femmes qui ont quitté le réseau des services de
garde. Elles sont
sous-payées, surtout avec les heures qui se
rajoutent.
Au niveau des professeurs, ils ont dû se
réorganiser et
apprendre à donner des cours en ligne. Ils doivent
contrôler un cours
qui se donne en ligne. Ce ne sont pas des
techniciens en informatique,
ce sont des enseignants de Cégeps. La bataille se
mène au niveau des
ressources, par exemple pour réduire les groupes
d'étudiants. Il y a
des institutions qui en ont profité pour élargir
les groupes. Par
exemple, à l'Université Laval, au niveau des
chargés de cours, ils sont
habitués à donner des cours devant 100
personnes, ils en sont
maintenant rendus à donner des cours à 300
personnes. L'université
a dit que c'est un cours en ligne alors le chargé
de cours est capable
de prendre plus d'étudiants. Ils ne doivent pas
seulement enseigner la
matière, ils doivent aussi répondre aux étudiants.
Il ne faut pas que
les institutions profitent de la situation pour
mettre tout le fardeau
sur le dos de l'enseignant ou de l'enseignante.
FO : Voulez-vous ajouter
quelque
chose en conclusion ?
AG : C'est important pendant
cette
pandémie qu'on soit capable de vivre avec les
consignes émises par la
santé publique, pour exprimer notre solidarité
sociale. Mais obéir à
des consignes de santé publique, cela ne veut pas
dire qu'on doit
arrêter de revendiquer nos droits et le respect
dans nos milieux de
travail. Un ne doit pas être marchandé avec
l'autre.
Nous avons toujours pensé que le principe du
travailleur
jetable était quelque chose du passé, qu'on avait
su surmonter cette
façon de voir les choses. Malheureusement, c'est
revenu à grand galop
avec la pandémie pour bien des travailleurs.
Sans le respect des travailleurs, on ne peut pas
freiner
la propagation de la COVID-19 pendant cette
deuxième vague.
Un aide-soignant dans un centre de soins de
longue
durée à Edmonton a lancé une pétition qui demande
au gouvernement
albertain de prescrire l'utilisation des masques
N95 lorsque les
travailleurs de la santé le considèrent approprié
lors de l'évaluation
au point de service.
Un
travailleur de soins de longue durée
explique : « Avec
l'augmentation du nombre de travailleurs de la
santé qui contractent la
COVID-19 au travail, peut-être devons-nous
considérer que les masques
chirurgicaux ne sont pas suffisants lorsqu'on
traite les patients et
les résidents pour la COVID-19. Peut-être, lorsque
la distanciation est
impossible, devons-nous avoir accès à un niveau
plus élevé de
protection.
Une déclaration commune émise en mars 2020
par les
Services de santé de l'Alberta (AHS), le Syndicat
des employés
provinciaux de l'Alberta (AUPE), le Covenant
Health (CH), l'Association
des sciences de la santé de l'Alberta (HSAA) et
les Infirmières et
infirmiers unis de l'Alberta (UNA), fait le point
sur l'approche à
suivre en ce qui a trait aux ÉPI en Alberta.
On y lit : « Une évaluation du risque au
point de
service (PCRA) doit être effectuée avant toute
interaction avec un
patient. Cette évaluation doit comprendre la
fréquence et la
probabilité, sur une base régulière ou d'appoint,
d'utilisation d'AGMP (procédures
produisant des aérosols - Note de FO). Si un
travailleur de la
santé détermine, sur une base raisonnable, qu'un
ÉPI spécifique est
requis, il doit avoir accès à l'ÉPI approprié sur
la base de la PCRA.
L'employeur ne doit pas nier cette requête de
façon non raisonnable,
sinon l'employé doit être déployé dans un autre
secteur.
Les Services de santé de l'Alberta ont déterminé
que les
requêtes des travailleurs des soins de longue
durée pour des
respirateurs N95 ne sont « pas
raisonnables ». Ils ont maintenu
leur position en dépit du nombre terrible de décès
de personnes âgées
qui auraient pu être évités, des décès de
travailleurs partout au pays
qui ont donné leur vie en soignant les résidents
et les patients et
malgré la propagation rapide qui se produit dans
un établissement après
l'autre. Les Services de santé de l'Alberta ont
même retiré les masques
N95 de sites où l'exploitant les avait fournis. Ce
qui est
irraisonnable, c'est ce refus de protéger les
résidents et le personnel
dans les centres de soins de longue durée et pour
les personnes âgées.
C'est en réponse à cela que le travailleur des
soins de
longue durée, qui a contracté la COVID-19, a lancé
une pétition qui
demande au gouvernement Kenney de fournir l'accès
aux masques N95 à
tous les travailleurs de la santé qui font face à
la pandémie de la
COVID-19.
La pétition
La pétition se lit :
Permettre aux travailleurs de la santé qui font
face
aux éclosions de la COVID-19 en Alberta d'avoir
accès aux N95.
Je travaille comme aide-soignant dans les soins
de
longue durée en Alberta et je suis aux premières
lignes en ce qui
concerne la pandémie de la COVID-19.
J'ai d'ailleurs contracté la COVID-19 pendant une
éclosion au travail. De plus en plus de
travailleurs de la santé sont
testés positifs même lorsqu'ils suivent les
protocoles officiels d'ÉPI
de précaution envers les gouttelettes,
c'est-à-dire le port de
jaquettes, de masques chirurgicaux, de
couvre-visages ou de lunettes de
sécurité et de gants. Cela ne s'est pas avéré
efficace pour assurer
notre protection. Nous sommes censés être
autorisés à faire une
évaluation de risque au point de service et de
recevoir un masque N95
si nous en ressentons le besoin.
L'AHS nie aux travailleurs de première ligne leur
droit
de se protéger en prétendant que les masques
chirurgicaux sont
suffisants.
Il est devenu évident que, comme nous ne pouvons
pas
maintenir une distance avec nos résidents, que
nous suivons les guides
de l'AHS et que nous contractons quand même la
COVID-19, les
précautions doivent être modifiées. Nous avons
besoin du plus haut
niveau de protection.
Le plus haut niveau de protection respiratoire
est censé
être utilisé lorsque les effets à long terme de
l'exposition sont
inconnus. Nous ignorons encore beaucoup de choses
sur le fonctionnement
de la COVID-19.
Les autres secteurs commencent à changer
d'opinion sur
la façon dont la COVID-19 se transmet. L'Ontario a
modifié tout
récemment son arrêté ministériel afin de permettre
à un travailleur de
décider s'il a besoin d'un N95 dans son
interaction avec un résident
qui a été déclaré positif à la COVID-19. Les
centres de contrôle et de
prévention de la maladie (CDC) aux États-Unis
disent maintenant qu'il y
a des preuves de la transmission par voie aérienne
du virus.
Pour protéger et veiller sur nos proches, nous
devons
être protégés.
Protégeons-nous.
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collègues ! Pour signer la pétition, cliquer
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