15 février 2016 • N° 4 | PDF Numéros précédents
Reprise des travaux parlementaires après une semaine de préparatifs de guerre
Ce que fabrique le gouvernement
Le Parlement reprend ses travaux le mardi 16 février après une pause d’une semaine. Le parlement va maintenant siéger jusqu’au 29 février, après quoi il fera une autre pause d’une semaine et une autre encore après une courte reprise du 7 au 11 mars.
Le premier point à l’ordre du jour de la Chambre des communes est la reprise des débats sur le projet de loi C-4, Loi modifiant le Code canadien du travail, la Loi sur les relations de travail au parlement, la Loi sur les relations de travail dans la fonction publique et la Loi de l’impôt sur le revenu. Si adopté, ce projet de loi aura pour effet d’abroger deux lois antitravailleurs issues de députés, la Loi C-525 et la Loi C-377 déposées par des députés conservateurs et appuyées par le gouvernement précédent.
Il y a deux autres motions du gouvernement à l’ordre du jour. Le projet de loi C-2 déposé en décembre 2015 officialise les modifications apportées par le gouvernement aux échelles d’impôt sur le revenu. Le projet de loi C-5, Loi abrogeant la section 20 de la partie 3 de la Loi no 1 sur le plan d’action économique de 2015, abroge l’élément « plan d’action économique » de l’époque Harper qui « autorise le Conseil du Trésor, malgré la Loi sur les relations de travail dans la fonction publique, à établir et à modifier les conditions d’emploi des fonctionnaires employés dans l’administration publique centrale en ce qui touche les congés de maladie ».
Le projet de loi C-5 a été déposé par Scott Brison, président du Conseil du Trésor, qui est présentement en négociation avec les travailleurs de la fonction publique qui sont sans convention collective depuis 2014. M. Brison se livre à une tentative effrontée de duper les travailleurs pour leur faire accepter les politiques d’austérité en demandant aux syndicats d’accepter de renoncer à leur droit de négocier les congés de maladie et de remettre le pouvoir décisionnel à ce sujet au Conseil du Trésor — ce qui revient à faire exactement ce que prévoyait le Plan d’action économique qu’il se propose d’abroger. Les travailleurs ne sont pas d’humeur à se laisser berner et ont clairement fait savoir qu’ils n’ont pas l’intention de tomber dans le piège.
Il y aura deux réunions du Comité des finances de la Chambre des communes le 16 février pour entendre des témoins sur le prochain budget fédéral dans le contexte de l’approfondissement de la crise financière qui frappe durement le Canada.
Les Canadiens subissent le plein impact de cette crise à cause du refus des gouvernements de garantir la sécurité alimentaire du Canada. Le droit à une alimentation saine est maintenant la victime de l’augmentation rapide des prix des aliments ainsi que de la détérioration constante de la qualité des aliments en raison du suremploi des hormones et pesticides et de la modification génétique. Non seulement le prix des aliments devient-il inabordable mais tout cela a un impact négatif sur la santé des gens.
Près de 80 % des fruits et légumes frais que consomment les Canadiens sont importés, principalement des États-Unis, et les prix augmentent rapidement. Le prix des légumes crucifères (brocoli, chou-fleur, chou, cresson, navet, radis, etc.) a doublé après la hausse de plus de 9 % en 2015. Cela a un impact important pour tous les Canadiens et Canadiennes et surtout pour les gens qui vivent dans le nord et pour les peuples autochtones.
À cet égard, le Comité sénatorial sur les banques a débuté des audiences sur la valeur du dollar canadien et entendra des représentants de la Banque du Canada, du ministère des Finances et de banques privées. Selon le sénateur David Tkachuk (Saskatchewan), « c’est une occasion d’apporter certaines informations à l’attention des Canadiens sur ce qui se passe avec notre dollar » et « de donner de l’information aux médias et aux reporters qui écrivent à ce sujet ». À en juger par les commentaires faits en rapport avec les audiences, on conclut que ce sera également une occasion de propager l’idée que le Canada devrait adopter le dollar américain comme monnaie.
L’ordre du jour de cette session parlementaire montre clairement que le gouvernement libéral continue d’entraîner le Canada dans la même direction néolibérale que le gouvernement Harper avant lui tout en prétendant le faire de façon moins extrémiste.
Le nouveau gouvernement de guerre du Canada
Durant cette dernière session du Parlement, il est également devenu clair que ce gouvernement, comme le gouvernement Harper avant lui, est un gouvernement de guerre. Le 8 février, le premier ministre Justin Trudeau a annoncé une extension importante de la mission militaire du Canada en Irak et le stationnement de soldats canadiens en Jordanie et au Liban. Les Canadiens n’ont pas été informés si les gouvernements de la Jordanie ou du Liban ont demandé qu’on leur envoie des soldats ni de ce que feront les soldats canadiens dans ces pays.
Lorsqu’il a fait cette annonce, le premier ministre a clairement laissé savoir qu’il détient des pouvoirs de prérogative sur les questions de guerre et de paix, c’est-à-dire que la décision d’élargir la mission lui appartient. Pour éviter de dire à quoi servira cette mission précisément et qui elle sert, il a répété qu’il agissait suivant le mandat que les électeurs lui ont donné. Il fait cette affirmation alors qu’on sait très bien que les Canadiens et les Canadiennes veulent que le Canada soit un pays pacifique qui respecte les principes de l’ONU de non-ingérence dans les affaires des autres et de non-recours à la force dans le règlement des conflits. Il a dit que la décision sera débattue au Parlement mais qu’il « est évidemment question du pouvoir exécutif de notre gouvernement par opposition au pouvoir législatif ». Il a ajouté qu’« il y aura aussi un autre débat au Parlement dans deux ans sur la poursuite de cette mission ».
Appuyé par le chef d’état-major Jonathan Vance, Justin Trudeau insiste pour dire que la mission annoncée le 8 février n’est pas une mission de combat. Le chef d’état-major a utilisé ce tour de phrase: « J’estime que ce n’est pas une mission de combat puisque nous ne sommes pas le combattant principal. » C’est se moquer du sérieux du sujet et les Canadiens n’ont qu’à conclure qu’ils n’entendront pas la vérité de la bouche de ce gouvernement. Cela montre l’importance de ne pas perdre de vue le caractère agressif de la mission et le fait que le Canada s’engage encore dans la stratégie de domination des États-Unis.
La mission militaire prolongée en Irak, qui devait à l’origine se terminer en mars 2017, est appelée mission pour « conseiller, aider et équiper ». Elle commence avec le déploiement de 400 autres soldats en Irak, y compris des unités des forces spéciales. Le Canada fournira des armes à des forces régionales et doublera « les services de renseignement » dans la région, dont le nombre reste secret. La deuxième mission, qui envoie au moins 100 soldats au Liban et en Jordanie, est appelée mission de « renforcement de la capacité ».
L’ironie de la chose, qui semble échapper aux cercles officiels, est que si d’une part la mission de formation du Canada en Irak comprend l’aide aux forces kurdes, d’autre part la Turquie, un allié du Canada par l’entremise de l’OTAN, intensifie les frappes aériennes et les bombardements contre les Unités de protection du peuple kurde (YPG), y compris à l’intérieur de la Syrie.
Le 11 février on apprenait que la frégate canadienne HMCS Fredericton a été déployée dans la mer Égée sous le commandement de l’OTAN censément pour « contrer la traite des personnes ». C’est une décision très inquiétante pour les Canadiens quand on sait que les crises humanitaires de par le monde aujourd’hui font en sorte que des milliers de personnes tentent de trouver un passage sûr par ces eaux chaque jour et que déjà des centaines de personnes y ont perdu la vie cette année. On sait que cette militarisation ne contribuera pas à résoudre la crise des réfugiés quand on attend les représentants de l’OTAN dire qu’il s’agit surtout de « combattre le trafic d’êtres humains et les réseaux criminels ».
L’OTAN ne dit pas si elle aidera à secourir ceux dont les bateaux chavirent. Or, selon les protocoles en place en Grèce et Turquie, qui bordent la mer Égée, toutes les personnes interceptées seront envoyées en Turquie. Après des années de déstabilisation de la région par les États-Unis, provoquant la crise qu’on connaît, l’OTAN cherche maintenant à empêcher les réfugiés d’atteindre l’Europe sous prétexte de sécurité et de lutte aux réseaux de criminels.
La mission dans la mer Égée a été annoncée le dernier jour de la rencontre des ministres de la Défense des pays de l’OTAN à Bruxelles. Le ministre canadien, Harjit Sajjan, a indiqué que le Canada est d’accord avec les décisions qui ont été prises. Par l’OTAN et par son ingérence dans les conflits au Moyen-Orient, le gouvernement de guerre du Parti libéral entraîne directement le Canada dans les préparatifs de guerre dans cette région ainsi qu’en Europe de l’Est et en Asie de l’Est.
À la rencontre de Bruxelles, l’alliance militaire a convenu d’« accroître la présence avancée » dans l’Est et de renforcer « la défense et la dissuasion » autour de la Russie et de la Chine. Cela se traduira par d’autres exercices de patrouille aérienne et maritime et de « maintien de l’ordre ». L’OTAN a annoncé qu’elle a triplé sa « force de réaction », passant à plus de 40 000 soldats, autour d’une « formation de lance de fer ».
En aparté de la réunion de l’OTAN, le ministre de la Défense du Canada a rencontré le secrétaire américain Ashton Carter et a participé à une rencontre de cinq pays participant à la formation de « forces de défense et de sécurité » néonazies en Ukraine. Le Royaume de l’Arabie saoudite, qui vient d’annoncer son intention d’envahir la Syrie, a aussi envoyé l’adjoint de son prince héritier et ministre de la Défense Mohammed bin Salman à Bruxelles pour s’entretenir avec le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg et le secrétaire américain de la Défense.
Dans un important article cette semaine, Le Marxiste-Léniniste écrit : « À la lumière des dangereux développements qui ont lieu, il est important de rappeler que si les politiques des grandes puissances ont toujours joué un rôle important, le rôle décisif appartient aux peuples et aux travailleurs du monde. »
« Il est important que ceux qui chérissent la cause de la paix discutent de ces questions et s’assurent de ne pas laisser passer les préparatifs de guerre du nouveau gouvernement libéral sans opposition. »
Début des audiences budgétaires du Comité
des finances
Le Comité permanent des finances de la Chambre des communes commence ses audiences en vue du budget fédéral 2016 le 16 février. Le ministre des Finances Bill Morneau et de hauts fonctionnaires ont tenu des consultations prébudgétaires avec des « intervenants » à l’échelle du pays en janvier et le Comité des Finances maintenant formé va tenir ses propres audiences.
Le Comité des finances n’a rien dit sur les principes qui guident les audiences ou sur leur but et ce qu’elles doivent résoudre. Il invite les Canadiens à «faire connaître leurs priorités pour le budget fédéral de 2016 » mais ne les informe pas sur la réalité à laquelle plusieurs d’entre eux font face. Par exemple, les suicides en Alberta ont augmenté de 30% en 2016 et les gens soupçonnent que cela est lié directement aux pertes d’emplois et à l’insécurité croissante qui accompagnent l’approfondissement de la crise économique, la guerre des prix du pétrole et le pouvoir des monopoles sur leur vie. Les audiences offrent l’occasion aux intérêts privés de faire du lobbying auprès du gouvernement qui pourra alors justifier les nouvelles mesures antisociales qu’il va prendre. Tout cela sera accompagné de litanies de phrases à propos d’un gouvernement qui a écouté les opinions des experts et des « Canadiens ordinaires ».
Le comité va entendre 89 témoins pendant quatre jours.[1] Le fait que le comité va entendre un si grand nombre de ces « intervenants » montre qu’une des préoccupations principales du gouvernement est de régler la question du budget et de « faire sortir l’argent » rapidement dans le contexte de l’approfondissement de la crise économique.
Le communiqué du 5 février du comité mentionne que les témoins ont été choisis à partir d’invitations envoyées « aux individus et groupes sélectionnés pour les audiences » mais il va aussi recevoir des mémoires comptant un maximum de 2000 mots.[2]
Notons qu’aucune organisation des travailleurs représentant des secteurs spécifiques comme l’acier, les mines, l’automobile, le rail ou le pétrole, par exemple, qui ont pourtant une très bonne connaissance des problèmes, n’ont été invités. Jusqu’à présent la liste des intervenants ne comprend que le Congrès du travail du Canada qui représente les centrales syndicales à l’échelle nationale.
Le 12 février, avant le début des audiences officielles, le ministre des Finances a rencontré un groupe d’économistes du secteur privé dont plusieurs travaillent pour de grandes banques. L’objectif des rencontres était de « connaître leurs points de vue sur l’économie du pays et l’économie mondiale ».
Le gouvernement écrit que « depuis 1994, le gouvernement fonde sa planification budgétaire sur les prévisions économiques du secteur privé, ce qui confère un élément d’indépendance à ses prévisions budgétaires. Cette approche jouit du soutien d’organisations internationales comme le Fonds monétaire international ». L’idée même que les économistes des plus grandes institutions financières canadiennes, dont plusieurs sont les détenteurs de la dette des gouvernements fédéral et provinciaux, contribueraient à l’indépendance des prévisions du gouvernement n’augure rien de bon pour les Canadiens et les travailleurs en particulier.
Dans un communiqué de presse, le ministre Morneau déclare qu’ « au moment où nous planifions le prochain budget, nous nous employons à examiner les conditions qui ont mené à une croissance faible et aux défis auxquels tant de familles canadiennes sont confrontées aujourd’hui ».
Notes
1. Les 32 témoins qui vont participer aux deux rencontres du 16 février, sont, par ordre d’apparition :
– Roger Augustine, chef régional, Nouveau-Brunswick / Île-du-Prince-Édouard, Assemblée des Premières Nations
– John Williamson, vice-président, Recherche, Atlantic Institute for Market Studies
– Finn Poschmann, président et directeur général, Conseil économique des provinces de l’Atlantique
– Daniel-Robert Gooch, président, Conseil des aéroports du Canada
– Angella MacEwen, économiste principale, Service des politiques économiques et sociales, Congrès du travail du Canada
– Glen Hodgson, premier vice-président et économiste en chef, Conference Board du Canada
– Thomas Mueller, président et directeur général, Conseil du bâtiment durable du Canada
– Dennis Laycraft, vice-président directeur, Canadian Cattlemen’s Association
– Annie Bérubé, coordonnatrice, Coalition du budget vert
– Natan Obed, président, Inuit Tapiriit Kanatami
– Clément Chartier, président, Ralliement national des Métis
– Steve McLellan, président-directeur général, Saskatchewan Chamber of Commerce
– Erik Queenan, président, Alliance canadienne des associations étudiantes
– Janet Gray, présidente de section, Section d’Ottawa, Association canadienne des individus retraités
– Fred Phelps, directeur exécutif, Association canadienne des travailleuses et travailleurs sociaux
– Daniel Kelly, président et chef de la direction, Fédération canadienne de l’entreprise indépendante
– Kevin Lee, chef de la direction, Association canadienne des constructeurs d’habitations
– Hans Marotte, avocat, Mouvement Action-Chômage de Montréal
– David Macdonald, économiste principal, Bureau national, Centre canadien de politiques alternatives
– Warren Everson, vice-président principal, Politiques, Chambre de commerce du Canada
– Deirdre Laframboise, directrice exécutive, Canadian Climate Forum
– Michael McSweeney, président et chef de la direction, Association canadienne du ciment
– Cindy Blackstock, directrice générale, Société de soutien à l’enfance et à la famille des Premières Nations du Canada
– Éric Forest, Maire, Ville de Rimouski
– Gilles Garon, Maire, Ville de Témiscouata-sur-le-Lac
– Michael Toye, directeur général, Réseau canadien de développement économique communautaire
– Bill Ferreira, vice-président, Relations gouvernmentales et affaires publiques, Association canadienne de la construction
– Sergio Marchi, président-directeur général, Association canadienne de l’électricité
– Pascale St-Onge, Membre, Tous Amis de Radio-Canada, Fédération nationale des communications
– Phil Upshall, directeur général national, Société pour les troubles de l’humeur du Canada
– Michael Wilson, président, Commission de la santé mentale du Canada
– Monika Dutt, présidente, Médecins canadiens pour le régime public
2. Le gouvernement a reçu et publié les mémoires de:
– Association des chemins de fer du Canada
– Association médicale canadienne
– Association des administrations portuaires canadiennes
– YWCA Canada
– Coopératives et mutuelles Canada
– Fédération de l’habitation coopérative du Canada
– Conseil des aéroports du Canada
– Association canadienne des coopératives financières
– Motorola Solutions Canada Inc.
Une manoeuvre du Conseil du Trésor pour accomplir des objectifs antisociaux
Les fonctionnaires fédéraux membres de l’Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC) ont repris les négociations avec le Conseil du Trésor dans la première semaine de février en vue du renouvellement de leurs conventions collectives. Les négociations ont débuté en juillet 2014, un mois après que les conventions collectives soient arrivées à terme. Les unités de négociation de l’AFPC rapportent que peu de choses ont changé suite à l’élection du nouveau gouvernement et que le Conseil du Trésor continue de s’acharner sur le régime de congés de maladie des fonctionnaires sous prétexte de sauver de l’argent.
Le gouvernement libéral utilise son abrogation de la législation antiouvrière de la période Harper et son engagement à « négocier de bonne foi avec les syndicats du secteur public » et à « appuyer et protéger les droits des travailleurs » pour donner l’impression aux Canadiens que toute demande qu’il fait aux fonctionnaires est raisonnable.
L’AFPC a exprimé de sérieuses inquiétudes car elle croit que le gouvernement libéral est en train d’essayer d’accomplir les mêmes résultats que le gouvernement précédent mais par des moyens différents. Dans un communiqué du 5 février au sujet de la première rencontre que les représentants des travailleurs et le Conseil du trésor ont tenue depuis l’élection du 19 octobre, l’AFPC écrit que « les propositions mises de l’avant par l’employeur sentent le réchauffé ».
« En effet, la proposition présentée par les négociateurs du Conseil du Trésor ressemblait à s’y méprendre à celle du gouvernement conservateur. Il s’agit, encore une fois, de remplacer notre régime actuel de congés de maladie par un régime d’invalidité de courte durée beaucoup moins avantageux pour nos membres, qui perdront leurs acquis. Il s’agirait d’un régime non négocié que le gouvernement pourrait modifier à son gré », écrit l’AFPC. L’Alliance poursuit en disant que « nous sommes ouverts à l’amélioration du régime de congés de maladie, pour autant que nous n’ayons pas à faire de concessions à la table de négociation et que nos membres n’aient pas à choisir entre ne pas être payés et travailler malade ».
La présidente de l’AFPC, Robyn Benson, a dit aux journalistes que « les libéraux ont fait miroiter pendant leur campagne la possibilité d’un nouveau mandat mais il y a peu d’indications qu’un changement se prépare. En fait, ce qu’ils ont déposé aux tables ressemble à s’y méprendre aux demandes du gouvernement conservateur. Il y avait bien quelques améliorations mais ce que nous voulions ce sont des améliorations au régime de congés de maladie et certainement pas le maintien du programme d’invalidité à court terme ».
Le gouvernement libéral propose par exemple de retirer le régime de congés de maladie des conventions collectives, une « concession énorme » demandée aux travailleurs, selon Robyn Benson. Cela veut dire que le gouvernement pourrait faire des changements unilatéraux au régime à n’importe quel moment, soit la même chose que les conservateurs ont fait par voie de législation, laquelle est inconstitutionnelle selon les syndicats.
Plus tard dans le même journée, le gouvernement a déposé le projet de loi C-5, qui abroge la section vingt de la partie trois de la Loi no 1 sur le plan d’action économique de 2015, la loi qui autorisait le Conseil du Trésor à déterminer et modifier les termes et conditions d’emploi reliés aux congés de maladie des employés qui travaillent dans l’administration publique centrale, ce qui contrevenait aux procédures établies dans la Loi sur les relations de travail dans la fonction publique. Les libéraux tentent d’accomplir les mêmes objectifs que la loi, mais cette fois-ci, « volontairement », écrit l’AFPC.
Le président du Conseil du Trésor Scott Brison a évoqué les propositions du gouvernement à la Chambre des communes le 5 février. « Nous avons l’occasion de moderniser le régime de congés de maladie d’une façon qui est équitable pour les membres de la fonction publique dans le contexte où nous avons hérité d’une situation fiscale difficile du gouvernement précédent. »
Les Canadiens rejettent les préparatifs de guerre
La Coalition d’Edmonton contre la guerre et le racisme organise une discussion le 29 février
Le lundi 29 février à 19 heures
Pavillon Telus de l’Université de l’Alberta, salle 150
11104, 87e avenue
La Coalition d’Edmonton contre la guerre et le racisme (ECAWAR) tient une rencontre le 29 février pour discuter de la « nouvelle mission » du Canada en Irak, au Liban et en Jordanie et du besoin d’un gouvernement antiguerre.
L’ECAWAR fait remarquer que pendant les élections fédérales, les libéraux de Justin Trudeau se sont présentés comme des adversaires du bellicisme et de l’extrémisme de Stephen Harper. Ils ont dit que « le Canada a longtemps été un leader dans le monde » et promis de mettre fin à la mission de combat du Canada en Irak. Aujourd’hui, Trudeau prétend que retirer les CF-18 des missions de bombardement c’est mettre fin à la mission de combat et il intensifie l’implication du Canada en accroissant notamment le nombre de membres des Forces spéciales du Canada dans les opérations au sol. Ceci s’accompagne de phrases qui donnent l’impression que le Canada est engagé dans une « mission de paix » et non dans une mission d’agression ce qui est pourtant le cas.
Les libéraux ont accusé le gouvernement Harper de tourner le dos aux Nations unies et au multilatéralisme. Lorsque Trudeau a rencontré le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-Moon le 11 février, il a dit que le Canada souhaite « se réengager avec force aux Nations unies et à l’engagement international dans le monde » au moyen notamment d’un siège au Conseil de sécurité de l’ONU.
Les Canadiens veulent que le gouvernement soutienne le droit international et oeuvre à la résolution pacifique des conflits et l’ECAWAR répond au besoin des Canadiens de se réunir de façon régulière pour partager de l’information et discuter de notre position en faveur d’un gouvernement antiguerre et de la position du nouveau gouvernement libéral.
Un gouvernement antiguerre va soutenir les principes fondateurs des Nations unies, lesquels comprennent le droit de toutes les nations, grandes ou petites, de décider de leurs propres affaires et l’opposition à l’agression perpétrée par un pays contre un autre. Un gouvernement antiguerre va retirer le Canada des alliances militaires agressives et promouvoir la résolution pacifique des conflits.
L’ECAWAR a tenu son premier forum public de 2016 le 7 janvier. Plus de 70 personnes y ont écouté des orateurs et discuté de la crise des réfugiés et de ses causes. Le forum du 7 janvier a apprécié l’esprit d’accueil des Canadiens envers les réfugiés et reconnu que, dans le même esprit, il faut intensifier le travail pour forcer le gouvernement à arrêter de créer des réfugiés avec son appui à l’intervention étrangère et au changement de régime.
Pour obtenir plus d’information, visiter la page Facebook de la Coalition d’Edmonton contre la guerre et le racisme (ECAWAR)..
Le Forum antiguerre de Windsor adopte des résolutions contre l’agression militaire du Canada
Le 3 février, la Coalition pour la paix de Windsor a tenu un forum antiguerre réussi sur le rôle du Canada en Irak et en Syrie. Des membres de la communauté et des étudiants de l’Université de Windsor ont participé à une discussion des plus animée sur le rôle que joue le Canada en Syrie, en Irak et sur l’importance de réaffirmer le sentiment antiguerre du peuple canadien face à la tentative du gouvernement libéral de mettre de l’avant la guerre au nom de la paix et du multilatéralisme.
Le forum a adopté les résolutions suivantes :
1) Toutes les troupes canadiennes doivent sortir de l’Asie de l’Ouest et de l’Afrique du Nord et cesser de violer le droit international ;
2) Le Canada doit arrêter de s’ingérer dans les pourparlers de paix en Syrie menés par l’ONU ;
3) Le Canada doit mettre fin à ses exportations d’armes.
Des membres de la Coalition pour la paix ont fait des présentations sur des questions importantes concernant la guerre et la paix qui ont été suivies d’une discussion à laquelle tous ont participé. La première présentation a fait valoir que le Canada ne devrait pas participer à l’agression menée par les États-Unis et à ses tentatives de changements de régime en Syrie, évoquant les conséquences désastreuses que cela a eu en Afghanistan, en Irak, en Libye et en Haïti pendant et après les tentatives de changement de régime dans ces pays. Le présentateur a conclu en disant que le Canada doit cesser de s’ingérer dans les affaires du peuple syrien et se retirer entièrement du conflit qui sévit dans ce pays.
La deuxième présentation a informé les gens sur les rencontres de la coalition internationale menée par les États-Unis contre l’EIIL qui se sont tenues à Rome et auxquelles le Canada a participé. Les deux présentations ont mis en lumière l’importance de s’opposer à cet objectif de changement de régime qui anime le Canada et exprimé qu’avec de tels objectifs les actions du Canada ne peuvent pas être conformes aux aspirations du peuple à la paix et au respect du droit de toutes les nations de décider de leur propre destinée.
Tous les participants se sont exprimés et ont présenté les opinions et les préoccupations des Canadiens. Tous ceux qui ont parlé ont exprimé le sentiment profond que le Canada n’a pas d’affaire à intervenir militairement en Irak, en Syrie ou nulle part ailleurs dans la région et que le gouvernement doit immédiatement mettre fin à sa mission de combat en Irak et en Syrie. À cet égard, la discussion qui se tient parmi les Canadiens est très différente de celle qui se tient au Parlement où le sujet est quelle est la meilleure manière d’intervenir en Syrie et d’en arriver à un changement de régime.