Numéro 6 - 17 février 2018
Le verdict dans l'affaire du meurtre
de Colten Boushie
Un autre moment de honte nationale
Saskatoon le
10 février 2018: rassemblement devant la cour
municipale le lendemain de la prononciation du verdict de
non-culpabilité dans l'affaire Colton Boushie
Le
verdict
dans
l'affaire
du
meurtre
de
Colten
Boushie
• Un autre moment de honte nationale
• Rassemblements à l'échelle du
Canada: justice pour
Colten Boushie
• Lettre à la rédaction
• Déclaration commune sur les
décès de Fort Albany suite à une
altercation avec la police - Nation Nishnawbe Aski
Marches et vigiles
commémoratives des femmes du 14 février
• Justice pour les familles des femmes et
filles autochtones disparues et assassinées!
Les employés
accusés de négligence criminelle dans la
tragédie de Lac- Mégantic sont acquittés
• Tentative de masquer l'objectif
économique des responsables
• Les gouvernements et les monopoles
pétroliers doivent rendre des comptes pour leur
négligence criminelle
• Des demandes importantes pour la
responsabilisation et la sécurité de
Lac-Mégantic et de toutes les communautés ferroviaires
Des élections
le 22 avril au Venezuela
• Les États-Unis et le « Groupe de
Lima » poursuivent leur ingérence
grossière dans les affaires internes du Venezuela
La nation
coréenne en quête de paix et de réunification
• De PyeongChang à une paix durable
- Hyun Lee
• La proposition de la RPDC pour clarifier la
base juridique des
« résolutions relatives aux sanctions »
Cuba
• Vers le prochain Congrès de la
Centrale des travailleurs
cubains
Supplément
170e anniversaire du Manifeste du
Parti communiste
• Le Manifeste a révolutionné la
pensée de l'être humain
Le verdict dans l'affaire du meurtre de
Colten Boushie
Un autre moment de honte nationale
Toronto, 11 février 2018
La justice pour les peuples autochtones sans mettre fin
aux relations coloniales que le Canada leur a imposées
en 1867 et avant, voilà ce qu'on appelle une fausse
conviction idéologique. Le gouvernement Trudeau aime faire la
promotion de cette croyance pour maintenir ces rapports coloniaux au
nom de toutes sortes d'idéaux
supérieurs et cela est méprisable.
Calgary, 11 février 2018
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Le 9 août 2016, un fermier de 55
ans, Gerald Stanley, a tiré sur Colten (Coco) Boushie et
l'a tué dans l'allée menant à sa ferme où
le jeune homme de 22 ans et des amis se seraient avancés
pour obtenir de l'aide. Colten Boushie vivait avec sa famille sur la
réserve de la Première Nation de Red Pheasant en
Saskatchewan, tout juste au sud de North Battleford.
Le 9 février dernier, un jury
saskatchewanais a acquitté Gerald Stanley accusé de
meurtre au deuxième degré malgré le fait que
Colten a bel et bien été tué par Stanley, avec
l'arme de Stanley, sur la ferme de Stanley et que rien de tout cela
n'est contesté. Stanley dit que le coup est parti par erreur
et l'histoire s'arrête là. Non coupable de meurtre au
deuxième degré.
La mort de
Colten Boushie est un autre moment de honte nationale et le verdict de
non-culpabilité en est un autre. Les larmes de crocodile du
gouvernement Trudeau et ses tentatives de camouflage sont aussi une
honte nationale. La suite des événements montre que le
génocide et la terreur sanctionnés
par l'État continuent de causer des ravages dans les Prairies.
Les faits sont que les colons agriculteurs de la Saskatchewan ont
été pendant longtemps la cible d'une propagande raciste
organisée par l'État contre les peuples autochtones. Tout
est fait pour créer un ressentiment entre eux et les autochtones
et pour bloquer toute tentative de résoudre le
problème du partage de la terre et du travail en commun pour
bâtir une économie nouvelle dans les conditions modernes.
Dès le début de la colonisation agricole, des
restrictions ont été imposées dans les rapports
entre autochtones et fermiers. Ce phénomène n'existait
pas à l'époque du commerce des fourrures, lorsque les
guides et commerçants
autochtones étaient nécessaires, il est à
l'origine des Métis dont le désir de vivre en
paix a également été noyé dans le sang.
Avec la colonisation agricole et les traités qui ont suivi,
l'État a délibérément créé la
discorde avec des lois interdisant certaines interactions. Par exemple,
il y a eu l'interdiction de vente des produits agricoles autochtones
à
l'extérieur des réserves, qui a fait en sorte que les
réserves ne pouvaient accumuler suffisamment de fonds pour
acheter de la machinerie et d'autres moyens de développement
agricole et que l'agriculture autochtone a été
freinée. L'interaction avec la population non autochtone a
été sérieusement entravée.
La nature génocidaire de ces politiques
était évidente quand l'État colonial a
attribué ce sous-développement à une
prétendue incompétence inhérente des peuples
autochtones. Selon la mythologie officielle, la GRC et l'armée
étaient nécessaires pour défendre les colons
agriculteurs qui représentaient l'espoir du développement
économique dans
les conditions difficiles de l'époque et pour réprimer
ceux qui voulaient reprendre la terre et la retourner à son
état de plaine naturelle.
Un des thèmes centraux de la mythologie raciste
est que les autochtones sont dangereux, violents et inutiles et que les
colons avaient donc raison de les craindre. Pourtant, à
l'époque du commerce des fourrures, les marchands
européens dépendaient des peuples autochtones pour leur
survie et pour la production de la fourrure. Beaucoup de fermiers
saskatchewanais sont malheureusement restés prisonniers de cette
propagande d'État et croient que le rétablissement des
droits autochtones signifierait la perte de leurs terres et de leur
mode de vie. Ceux qui sont infectés par cette conception du
monde raciste voient les jeunes autochtones comme des voleurs ou tueurs
potentiels, ou du moins comme
une menace à leur vie dite pastorale, ce qui est
également un mythe puisque la réalité est que
d'énormes conglomérats internationaux s'emparent
rapidement des terres et de l'agriculture et que l'économie
agricole et rurale est de plus en plus concentrée dans les mains
des plus riches.
À ce jour, le racisme organisé par
l'État sert à cacher le vol historique des terres
autochtones sous la tutelle de l'État et la destruction de la
base économique et du mode de vie des autochtones, comme les
Cris des plaines, et la réalité que vivent les
populations de colonisation agricole aujourd'hui. Le racisme
organisé par l'État est en recrudescence dans les
conditions où d'immenses
intérêts privés s'emparent rapidement des
matières premières, comme le pétrole, le gaz
naturel et le cuivre, et de la terre, et que les peuples autochtones et
leurs réclamations sont perçus comme une entrave à
leur contrôle. Le racisme et la division des peuples sont
aujourd'hui répandus au nom de l'unité
et de la diversité ou d'autres idéaux du gouvernement
Trudeau, et avec des programmes pour assurer aux intérêts
privés colossaux qu'ils obtiendront ce qu'ils veulent et pour
maintenir la division parmi le peuple, malgré
l'intérêt commun à résoudre les
problèmes de façon pacifique.
Exprimant cette réalité historique, le
chef Clinton Wuttunee de la Première Nation de Red Pheasant a
déclaré, juste avant l'acquittement de Stanley :
« L'histoire dont nous avons été témoins
dans le procès Stanley sert à rappeler aux membres des
Premières Nations que nos vies ont moins de valeur que celles
des non-autochtones. »
Après le verdict, le chef Wuttunee a dit qu'il croyait que cette
déclaration était plus vraie que jamais. « Les
peuples des Premières Nations ont espéré plus de
la part des Canadiens, peut-être que notre espoir était
vain », a-t-il dit.
Bobby Cameron, chef de la Fédération des
nations autochtones souveraines (FSIN), a appelé le Canada
à intervenir face à cette violation et à
interjeter appel du verdict, et demandé une enquête
publique sur la conduite du processus judiciaire dans cette affaire.
Vancouver, 10 février 2018
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Le jour où Colten a été tué
par Stanley, ses amis ont dit qu'ils s'étaient
arrêtés à la ferme de Stanley pour demander de
l'aide pour des problèmes de voiture. Stanley les a
perçus comme une menace et une altercation s'en est suivie.
Stanley a tiré deux coups de semonce, et un troisième
coup, que Stanley affirme être parti accidentellement, a
été tiré à
bout portant. La balle a frappé Colten Boushie à la
tête et l'a tué.
Les préjugés raciaux, la criminalisation
et la conception des agences de l'État que les autochtones sont
coupables jusqu'à ce qu'ils soient prouvés innocents sont
évidents depuis le début dans cette affaire. Voici
comment la mère de Colten, Debbie Baptiste, a été
informée de sa mort par des agents de la GRC : «
Est-ce que Colten
Boushie est votre fils ? », ont demandé les
policiers. « Oui, il l'est », a répondu Mme
Baptiste. « Il est décédé », lui
a dit l'un des policiers. Baptiste, complètement
désemparée, s'est effondrée sur le balcon. Les
policiers sont alors entrés chez elle sans invitation ni mandat
et ont commencé à fouiller les lieux.
La façon dont elle et sa famille ont
été traitées lui apparaît comme insensible,
ont dit plus tard Mme Baptiste et ses fils. Ils voulaient savoir
pourquoi ils ont agi ainsi, à un moment de grande
détresse, alors que la police fouillait la maison familiale,
comme si elle avait fait quelque chose de mal, a rapporté le Globe
and
Mail
le 20
octobre 2016. L'article poursuit :
Après quelques
minutes, un policier a tenté de forcer Mme Baptiste qui pleurait
à se lever.
« Il a attrapé
mon poignet juste ici et il a dit : 'Madame, il faut vous
ressaisir.' Et je lui ai dit : 'Non', se souvient Mme Baptiste.
Elle était dans le
déni, suppliant le policier de l'emmener à la
dépouille afin qu'elle puisse voir que ce n'était pas son
fils : « Vous avez la mauvaise personne. Ce n'est pas mon
fils qui est là. Il n'est pas mort. Ce n'est pas Colten. C'est
quelqu'un d'autre », lui a-t-elle dit.
Il a répondu en
demandant si elle était ivre.
« Il a dit :
'Madame, buviez-vous ?' Et j'ai dit : 'Non'. Et puis il a
senti mon haleine », dit-elle. [end indent]
Ce rapport soulève de sérieuses questions
sur les préjugés raciaux de la GRC en Saskatchewan. Cela
soulève de sérieuses questions sur le manque
d'impartialité dans l'enquête qui sous-tend le verdict
d'acquittement de Gerald Stanley.
Les chefs des Premières Nations de la
Saskatchewan ont déclaré à l'époque que la
GRC avait fait un lien entre la nouvelle de la mort de Colten et
une récente flambée de vols dans la région. Peu de
temps après que Colten ait été abattu, la GRC a
publié un communiqué de presse disant que deux femmes et
un homme avaient été placés en état
d'arrestation dans le cadre d'une enquête sur un vol connexe.
Cela a fourni « juste assez d'information préjudiciable
pour le lecteur moyen de tirer lui-même la conclusion que la
fusillade était en quelque sorte justifiée »,
a déclaré le chef de la FSIN dans un communiqué.
Non seulement cela, mais un tel climat de peur organisé par
l'État et
répandu par la GRC a contribué directement à semer
des divisions et peut être utilisé pour inciter et
justifier de tels meurtres.
Dès le départ, la GRC a cherché
par ses insinuations à faire porter la responsabilité au
jeune autochtone mort de prouver qu'il n'était pas une cible
légitime pour quiconque le percevait comme une menace et qu'il
ne méritait pas d'être abattu. C'est ce
dénonçaient bon
nombre des pancartes dès lors des actions du 10
février avec des
slogans comme
« C'est seulement Stanley qui est au banc des
accusés ».
À l'été 2017, alors que les
tensions autour du meurtre de Boushie continuaient de monter, la
situation s'est envenimée lorsque le ministère de la
Justice de la Saskatchewan a dévoilé la mise sur pied
d'une « Équipe de protection et
d'intervention » au coût de 5,9
millions $ pour déployer 258 agents armés,
dont 30 policiers, dans les zones rurales. En dépit de
plusieurs recommandations de la FSIN, le parti de la Saskatchewan au
pouvoir a décidé de procéder comme s'il s'agissait
d'une question de loi et d'ordre en luttant contre la «
criminalité rurale », alors qu'en réalité,
la cible, ce sont les autochtones. Comme l'écrivait
à l'époque Douglas Cuthand, chroniqueur du StarPhoenix
de Saskatoon : « En Saskatchewan, le 'crime rural' est un
terme qui désigne les autochtones. »
La FSIN a demandé une expansion de sa propre
stratégie de lutte contre les gangs et la prévention du
crime, un système judiciaire réformé de type
Gladue (qui tient compte de toutes les alternatives raisonnables
à des peines autres que l'emprisonnement pour les jeunes
autochtones) et une politique renouvelée sur les services de
police et les
autochtones. Les autochtones représentent de 15
à 17 % de la population de la Saskatchewan mais le
pourcentage le plus élevé de la population
carcérale du pays : 80 à 90 % des
hommes dans les prisons de la province, 90 à 95 %
des femmes. Plus de 80 % des jeunes
sont des autochtones.
Il faut exiger non seulement réclamer que
justice soit faite
pour Colten, sa famille et son peuple, mais aussi se pencher sur les
conditions qui ont créé la situation honteuse dans
laquelle un jeune Colten Boushie sans arme peut être abattu en
toute impunité.
Rassemblements à l'échelle du Canada:
justice pour Colten Boushie
Ottawa, 10 février 2018
En commençant par une
journée d'action le 10 février, le jour après
le verdict de non-culpabilité dans le procès de Gerald
Stanley pour le meurtre du jeune autochtone Colten Boushie de la
Première nation du Red Pheasant en Saskatchewan, des gens
non-autochtones de partout au pays se sont joints aux peuples
autochtones pour
dénoncer la criminalisation des peuples autochtones et le fait
qu'ils soient traités comme une cible légitime. C'est ce
qui a mené au meurtre de Colten et à l'absence de
punition en cour pour ce meurtre. Des actions ont eu lieu devant les
assemblées législatives provinciales et territoriales,
à Ottawa sur
la Colline du parlement, ainsi que devant des hôtels de
ville, des postes de police et des palais de justice, pour souligner la
demande que justice soit faite à Colten et à sa famille.
Saskatoon
Régina
Prince Albert
Dawson City
Whitehorse
Yellowknife
Iqaluit
Victoria
Vancouver
Edmonton
Calgary
Lethbridge
Winnipeg
Thunder Bay
Sudbury
Windsor
London
Kitchener
Toronto
Ottawa
Montréal
Frédéricton
Halifax
Charlottetown
Lettre à la rédaction
Je vous fais parvenir l'histoire de Neil Stonechild
telle que racontée par la journaliste Betty Ann Adam
dans le Saskatoon StarPhoenix le 23 octobre 2004. (Voir à la fin de la lettre)
Neil était mon camarade de classe au secondaire.
Les allégations abondent qu'il a été tué
par la police en 1990. Ces allégations visent la police de
Saskatoon et la croyance largement répandue à Saskatoon
que la police en a tué beaucoup d'autres en les conduisant
à la périphérie de la ville durant les froides
nuits d'hiver pour les laisser
mourir. On appelait cela la « randonnée sous les
étoiles ». Je n'oublierai jamais l'annonce publique
à l'école Bedford High pendant que nous étions en
classe. On nous a donné l'impression que Neil avait juste
reçu ce qu'il méritait, vu son style de vie. Nous n'avons
jamais eu l'occasion de comprendre l'histoire ou le présent.
Mais je n'étais
pas totalement naïf. J'ai eu mes propres
démêlés avec la police de Saskatoon qui
était et est toujours un sale groupe alors je savais ce qu'il en
était une fois qu'on a commencé à parler des
« randonnées sous les étoiles » et des
tentatives pour étouffer l'affaire.
Les actions et les demandes récentes des peuples
autochtones en faveur des milliers de femmes et de filles
portées disparues, avec l'appui de Canadiens de tous les
milieux, ont forcé le gouvernement à mener une sorte
d'enquête sur leurs morts et leurs disparitions et maintenant,
avec le meurtre de Colten Boushie et le verdict de
non-culpabilité, les libéraux fédéraux vont
prendre des poses pour la galerie. Et je comprends aussi que nous
devons aller au fond des choses et punir les responsables. Nous devons
attirer l'attention sur le sort des peuples autochtones. Mais soyons
honnêtes, est-ce que cette question est si
mystérieuse ?
Les Premières Nations ne sont pas et n'ont
jamais été respectées par l'État canadien.
Leur souveraineté et leur droit à
l'autodétermination sont bafoués. À cause de cela,
elles ont fait face à toutes sortes d'atrocités
passées et présentes. Les libéraux
fédéraux qui parlent comme si les problèmes
provenaient principalement du passé (les
pensionnats) et qui ont « réhabilité »
Louis Riel de sa potence prétendent vouloir régler
certains problèmes qui sont « quelque part
là-bas » et aider les Premières Nations
à s'aider elles-mêmes parce que, essentiellement, elles
n'auraient qu'elles-mêmes à blâmer pour leurs
problèmes. Mais ces illusions libérales vont pâlir
une fois de plus
devant un autre Ipperwash, un autre lac Gustafsen, un autre Kanesatake,
un autre ...
En fait, si les peuples autochtones étaient les
responsables de leurs propres problèmes, ils les auraient
résolus depuis longtemps. Leurs principaux problèmes sont
profondément enracinés dans l'invasion coloniale de leurs
terres et dans le pillage et la destruction de leur mode de vie. Leurs
problèmes proviennent de l'État raciste qui poursuit
aujourd'hui ses politiques et pratiques racistes. C'est la
responsabilité de tous les Canadiens de changer la situation, de
reconnaître la souveraineté des peuples autochtones,
d'établir des relations de nation à nation et de fournir
une réparation adéquate pour les siècles d'abus et
de génocide. Les paroles de Trudeau ne l'engagent à rien.
[Signé]
Pour connaître
ce qui est arrivé à Neil Stonechild et « les
randonnées sous les étoiles », cliquer ici.
Déclaration commune sur les
décès de Fort Albany suite à une
altercation avec la police
- Nation Nishnawbe Aski, 7 février
2018 -
Le grand chef Alvin Fiddler de la nation Nishnawbe
Aski, le grand chef du Conseil Mushkegowuk Jonathan Solomon et le chef
de la Première nation de Fort Albany, Andrew Solomon, ont fait
la déclaration suivante concernant deux membres de Fort Albany
qui sont morts il y a quelques jours à la suite d'altercations
avec le service de
police de Timmins. :
« Nous sommes
consternés que deux membres de Fort Albany soient morts aux
mains de la police. Nous sommes très troublés par ces
tragédies et nos pensées et nos prières
accompagnent les familles et la communauté de Fort Albany. Nous
ne connaissons pas encore tous les faits entourant ces altercations,
mais nous appelons l'Unité des
enquêtes spéciales et le coroner en chef de l'Ontario
à faire la lumière sans tarder sur ces
événements.
Nos gens doivent
continuellement laisser leurs familles et leurs communautés pour
venir en ville afin d'obtenir des services qui ne sont pas disponibles
dans leur communauté respective. Nous avons été
témoins de racisme systémique dans la ville de
Thunder Bay, et nous devons maintenant nous demander si cela se produit
aussi à Timmins. Nous attendons des ministères et des
fonctionnaires qu'ils prennent ces préoccupations au
sérieux et travaillent avec les familles des défunts, la
communauté de Fort Albany, le conseil de Mushkegowuk et la ville
de Timmins. »
Joey Knapaysweet, âgé de 21 ans,
vivait à Timmins pour avoir accès à des services
médicaux non disponibles à Fort Albany. Selon des
rapports, samedi (le 3 février), il a eu une interaction
avec la police de Timmins pendant laquelle il a reçu une
décharge de pistolet paralysant et a ensuite été
tué par balles par la police.
Agnes Sutherland, âgée de 62 ans,
utilisait un fauteuil roulant et souffrait de problèmes de
santé. Il est allégué que lorsque la police s'est
rendue sur les lieux du refuge local, Mme Sutherland a
été maltraitée quand elle a été
placée en garde à vue. Elle a souffert de graves
complications pendant sa détention et a finalement
été emmenée à
l'hôpital où elle est décédée
dimanche soir (le 4 février).
Le chef Andrew Solomon a fait part de ces
préoccupations au procureur général de l'Ontario
et à la ministre de la Sécurité communautaire et
des Services correctionnels. Il a demandé une enquête sur
les agissements du Service de police de Timmins en rapport avec la mort
de Joey Knapaysweet et d'Agnes Sutherland.
(Traduit de
l'anglais par LML)
Marches et vigiles commémoratives
des femmes du 14 février
Justice pour les familles des femmes et filles
autochtones disparues et assassinées!
Vancouver, 14 février 2018
Le 14 février,
des marches et des rassemblements ont eu lieu dans au moins 20
villes canadiennes, dont plusieurs en Colombie-Britannique, où
la
première Marche commémorative a eu lieu il y a 28
ans à Vancouver. Les marches ont honoré les femmes et les
filles autochtones assassinées et portées disparues et
exigé que
justice soit faite pour elles et que cesse la violence. Des
marches se sont aussi tenues dans 10 villes des États-Unis,
dont plusieurs pour la première fois.
Vancouver
Port Hardy
Courtenay
Fort Ware
Prince Rupert
Prince George
Terrace
Penticton
Calgary
Edmonton
Winnipeg
Sault-Ste-Marie
Thunder Bay
Windsor
Toronto
Montréal
Les employés
accusés de négligence criminelle dans
la tragédie
de Lac-Mégantic sont acquittés
Tentative de masquer l'objectif
économique
des responsables
L'État essaie de masquer la cause
profonde
de la tragédie et l'objectif économique de ceux qui en
sont responsables.
Trois anciens employés de la maintenant
défunte compagnie
ferroviaire
Montreal Maine and Atlantic (MMA), qui étaient accusés de
négligence
criminelle ayant causé la mort de 47 personnes dans la
tragédie de
Lac-Mégantic du 6 juillet 2013, ont été
acquittés le 19 janvier. Le
conducteur de la locomotive, Thomas Harding, le contrôleur
ferroviaire,
Richard Labrie, et le directeur de l'exploitation de la MMA pour le
Québec, Jean Demaître, ont été
accusés
de négligence criminelle par le Directeur des poursuites
criminelles et pénales (DPCP)
du Québec en mai 2014 à la demande de la
Sûreté du Québec. Le procès a
débuté le 2 octobre 2017, au moment où
tous pleuraient encore les
victimes et discutaient des causes profondes et de l'objectif
économique qui avaient produit cette tragédie. Pendant ce
temps, la MMA
a déclaré faillite en août 2013 et ses actifs
ont
été achetés par Fortress Investment Group en
janvier 2014.
Dès le début, l'État et ses
agences ont présumé que les trois
anciens employés de la MMA étaient coupables
jusqu'à preuve du
contraire et ont cherché à détourner l'attention
de la population de la
discussion importante à mener pour rechercher la
vérité. L'escouade
tactique de la police a arrêté violemment Thomas Harding
pour l'amener
en
cour, le projetant au sol et le menottant devant sa famille. Les trois
accusés ont été amenés en cour menottes au
poing comme s'ils étaient
des criminels violents, ce qui a ajouté à leur
humiliation et sapé
encore plus la présomption d'innocence.
Depuis qu'ils ont
été mis en accusation en mai 2014, les trois
hommes ont vécu un véritable cauchemar. Cette accusation
va demeurer
comme un exemple parmi les plus fragrants de criminalisation de
travailleurs pour masquer la véritable négligence
criminelle et
l'objectif économique qui mènent à des
tragédies comme celle de
Lac-Mégantic qui a détruit son centre-ville et
fait 47 morts. Cette
criminalisation bloque l'effort des travailleurs et du peuple pour
bâtir une opinion publique et faire en sorte que de telles
tragédies ne
se reproduisent jamais plus.
Pour convaincre le jury et d'autres personnes que c'est
la
négligence criminelle de ces trois employés qui est la
cause de la
tragédie, la poursuite a ignoré le contexte dans lequel
elle s'est
produite lors de cette nuit fatidique. Avant le début du
procès, le
juge a refusé que soit déposé en preuve le rapport
du Bureau de la
sécurité des transports
du Canada rendu public en août 2014. Le rapport pointait du
doigt des
questions de sécurité reliées aux pratiques de la
MMA et aux politiques
de Transport Canada pour la tragédie de Lac-Mégantic. En
plus, toute
discussion a été bannie sur les causes de l'incendie qui
a éclaté à
bord de la locomotive de tête deux heures avant que le train
parte à la dérive et qui a joué un rôle
déterminant dans la catastrophe
selon les experts. Toute l'attention a été mise sur ce
qui s'est
produit immédiatement deux heures avant la tragédie,
juste avant que le
convoi de trains transportant du pétrole brut parte à la
dérive sur une
pente, sans personne à bord, et déraille, explose et
prenne feu dans le
centre-ville de Lac-Mégantic.
Ayant pris soin
d'éliminer le contexte dans lequel les événements
se sont déroulés et l'objectif économique
derrière la tragédie, la
poursuite a appelé à la barre des dizaines de
témoins pour «
corroborer » les accusations de négligence criminelle
portées contre les
trois employés. Les procureurs de l'État ont
utilisé tout leur arsenal
pour
prouver que les trois accusés avaient causé la
catastrophe en
manifestant une « insouciance déréglée ou
téméraire à l'égard de la vie
ou de la sécurité d'autrui », comme le dit le
Code criminel.
Si les accusés avaient été
reconnus coupables de négligence
criminelle ayant causé la mort des 47 personnes
tuées dans la tragédie,
ils auraient été passibles d'une peine d'emprisonnement
à perpétuité.
La preuve de la poursuite était cependant si faible et
l'accusation si
outrancière que les avocats de la défense ont jugé
bon de ne pas
appeler de témoins à la barre pendant le procès.
Ils ont présenté des
plaidoiries pour chacun des accusés, démontrant que
l'accusation de
négligence criminelle n'avait pas été
prouvée et ne le serait jamais.
Le DPCP a aussi porté des accusations au
criminel contre
l'entreprise MMA, la société ferroviaire
américaine qui avait la
responsabilité du convoi et était l'employeur des trois
accusés. Elle
est censée comparaître en cour en avril, mais les
procédures sont
incertaines parce que la compagnie américaine a
déclaré faillite
en 2014 et ses
actifs ont été liquidés. Le juge a d'ailleurs
refusé que les
accusations contre la MMA, qui sont de même nature et ont
été portées
en même temps que celles contre les employés, soient
traitées
simultanément. Pendant ce temps, l'ancien
président de la MMA
vit quelque part aux États-Unis en toute impunité et ne
semble pas
inquiet d'avoir
à rendre des comptes.
Suite au procès et à l'acquittement des
trois employés, la Cour du
Québec a tenu une audience le 5 février sur les
poursuites pénales
intentées par le gouvernement fédéral en 2015
pour violation de la Loi sur la sécurité ferroviaire
(LSF) et violation de la Loi sur les pêches
du Canada. En vertu d'ententes
hors cour prises à la fin de 2017, Thomas Harding, Jean
Demaître et
quatre dirigeants de MMAC (MMA Canada) ont plaidé coupable
d'infraction
à la LSF, parce que le test de résistance tel que
prescrit par la loi
pour s'assurer que les freins à main qui ont été
appliqués sont
suffisants pour immobiliser le convoi n'a pas été
réalisé. Harding
a été condamné à un emprisonnement avec
sursis de 6 mois assorti de
travaux communautaires et les autres ont été
condamnés à une amende
de 50 000 $. MMAC a été condamné
à l'amende maximale prévue par la Loi sur les
pêches du Canada, soit 1 000 000 $ pour
le déversement de
pétrole brut dans le lac Mégantic et la rivière
Chaudière.
Ces procédures et ces accusations sont une
tentative de masquer le
rôle du gouvernement fédéral dans cette
tragédie. Elles mettent en
lumière l'hypocrisie et l'inaction socialement irresponsable du
gouvernement fédéral et de ses institutions d'État
qui ont la
responsabilité ultime d'assurer le bien-être et la
sécurité de la
population. Dans ces
procédures, le gouvernement traite les propriétaires de
la compagnie,
les dirigeants et les employés comme des entités
égales alors que c'est
la compagnie qui contrôlait les opérations et n'appliquait
pas les
mesures de sécurité de la loi et que le gouvernement
fermait les yeux.
La MMA était d'ailleurs connue pour sa pression constante sur
les
travailleurs pour prendre le moins de mesures de sécurité
possible au
nom de la maximisation du temps de route des trains et du
contrôle des
coûts.
La communauté de Lac-Mégantic et la
population du Québec n'ont pas
été dupes de cette accusation de négligence
criminelle contre ces trois
employés. Elles ont persisté à demander que la
cause profonde de telles
tragédies soit révélée et que les
véritables coupables et leur objectif
soient au banc des accusés. La lutte doit être
menée sans
relâche en cette ère d'irresponsabilité sociale de
l'État et du diktat
de l'objectif d'affaires selon lequel le profit d'argent supplante
toute autre
considération.
Les gouvernements et les monopoles pétroliers
doivent rendre des comptes pour leur
négligence criminelle
On a besoin d'une discussion publique franche sur la
responsabilité des gouvernements et des monopoles
pétroliers pour des tragédies comme celle de
Lac-Mégantic. Le peuple se bat pour la justice et pour garantir
la sécurité des communautés ferroviaires du
Québec et du Canada dont la sécurité est en
péril. Les gouvernements
canadiens
successifs ont déréglementé l'industrie
ferroviaire depuis les années 1980 au nom de la
compétitivité des monopoles ferroviaires entre eux et de
leur compétitivité avec les monopoles des autres
systèmes de transport. Cette déréglementation est
un élément central qui a mené à la
tragédie de Lac-Mégantic.
Par exemple, dans les
années 1980-1990, le gouvernement fédéral a
permis aux grandes sociétés ferroviaires de se
débarrasser des lignes de chemin de fer qu'elles
considéraient comme étant non profitables. Cela a
mené à la prolifération de sociétés
ferroviaires, en particulier américaines, qui se sont
spécialisées dans l'achat et la revente
de lignes de chemin fer. Ces compagnies
réduisent dramatiquement la main-d'oeuvre, s'attaquent aux
conditions de travail et aux salaires des travailleurs et concentrent
tous leurs efforts à réduire la valeur qu'elles mettent
dans
le service ferroviaire. La MMA est une de ces compagnies dont la
marque de commerce a été de ne pas entretenir
adéquatement les voies ferrées.
En 1995, le gouvernement fédéral a
privatisé le Canadien National, sans débat public, ce qui
l'a mis dans les mains des grands intérêts privés,
principalement américains, qui dictent la politique dans le seul
but d'obtenir le plus haut taux de rendement possible sur leur
investissement. Les attaques contre les luttes des travailleurs pour
leurs droits et la réduction de leur nombre ont mené
à la réduction continuelle du nombre des travailleurs au
CN et à des mesures inconcevables auparavant comme l'affectation
du personnel de bureau à la conduite des trains. Le gouvernement
dit « se soucier » de la sécurité
ferroviaire et la considérer comme une priorité, mais il
considère ces
mesures comme
des « décisions privées » qui ne le
concernent pas.
Toute l'industrie a été tournée en
un univers secret de décisions privées qui ne concernent
pas le gouvernement. Au début des
années 2000, le gouvernement fédéral a
introduit les Systèmes de gestion de la
sécurité qui sont des systèmes secrets
d'autoréglementation des sociétés ferroviaires en
matière de sécurité (au nom de la protection de
leur position
concurrentielle). Cette politique a accru les problèmes de
sécurité
et renforcé la culture du secret qui est en contradiction
ouverte avec l'intérêt public.
Toutes ces décisions et cette inaction
socialement irresponsable des gouvernements sont des Mégantic en
puissance qui ne demandaient qu'à arriver.
La tragédie de Mégantic et les autres
tragédies qui n'ont pas fait de victimes simplement parce que
les déraillements et les explosions se sont produits hors des
régions habitées (parfois tout près) ont
été causées par l'objectif et la course
irresponsables des monopoles pétroliers pour le plus haut profit
possible, peu importe les conséquences pour
les communautés, les travailleurs et l'économie.
Dans le cas de Mégantic, l'augmentation
significative de la production de pétrole par fracturation au
Dakota du Nord a poussé Irving Oïl au Nouveau-Brunswick
à demander que des quantités toujours plus grandes de
pétrole à raffiner soient transportées dans les
deux pays. Cela a mené à des
augmentations énormes du nombre de convois
et de la longueur des trains chargés de pétrole allant
vers la côte est.
Toutes les parties impliquées dans la
tragédie, qui ont vu la possibilité de profits immenses
qui s'offrait à eux, étaient très au courant du
type de pétrole qui était transporté et des
dangers que cela comportait. À cause du processus de
fracturation, le convoi transportait un mélange hautement
explosif de pétrole et de solvants. L'étiquetage des
wagons de train était faux. Le pétrole indiqué sur
l'étiquette ne correspondait pas au contenu hautement explosif
de ce qui était transporté. Non seulement les monopoles
pétroliers savaient que le contenu était dangereux, mais
ils savaient aussi que les wagons DOT 111 qui étaient
utilisés étaient inadéquats. Malgré les
risques connus rattachés
au transport de ce pétrole de cette façon, ils ont
poussé à fond la production et le transport pour
satisfaire leur objectif de profit maximum sans aucune
considération pour la sécurité des travailleurs et
des communautés mises en péril. Cette négligence
motivée par un objectif rétrograde est la source du
problème. Elle doit être considérée comme
une
infraction criminelle.
Des demandes importantes pour la responsabilisation et
la sécurité de
Lac-Mégantic et de toutes les communautés ferroviaires
L'acquittement récent des trois anciens
employés de la défunte
compagnie américaine Montreal Maine and Atlantic (MMA)
accusés de
négligence criminelle dans la catastrophe de Lac-Mégantic
a ravivé les
demandes de la communauté pour la prise de responsabilité
et pour sa
sécurité et celle de toutes les communautés
traversées par des
lignes de chemins de fer.
Elle demande entre autres la tenue d'une commission
d'enquête
publique indépendante pour faire la lumière sur cette
tragédie afin
d'éviter d'autres désastres du même genre à
l'avenir.
« C'est la seule façon de faire le tour de
tous les éléments qui
ont mené à cette catastrophe-là. Ce n'est pas pour
le plaisir, c'est
dans le but d'en prévenir d'autres ailleurs au
Canada », a dit Robert
Bellefleur, porte-parole de la Coalition des citoyens et des organismes
engagés pour la sécurité ferroviaire de
Lac-Mégantic. Il a ajouté
qu'une commission d'enquête va permettre d'identifier les dangers
et
d'ajuster la réglementation en conséquence. « Il
faut absolument faire
une enquête plus vaste pour redonner à Transport Canada
son vrai rôle
de chien de garde de la sécurité ferroviaire au
Canada », a-t-il dit.
En mai 2015, le
conseil municipal de la Ville de Lac-Mégantic a
adopté une résolution demandant au gouvernement du Canada
la tenue
d'une commission d'enquête publique indépendante sur la
tragédie de
Lac-Mégantic. Le gouvernement fédéral de Stephen
Harper avait écarté
cette demande du revers de la main et les résidents
demandent maintenant au gouvernement Trudeau de l'appuyer et de
faciliter sa mise en oeuvre.
Les gens de Mégantic mettent aussi de l'avant
des demandes pour
pouvoir vivre en sécurité et connaître enfin la
tranquillité d'esprit
après avoir vécu un tel traumatisme. Ils demandent la
construction
d'une voie de contournement du chemin de fer qui passe
présentement par
le centre-ville de Mégantic. Des ententes sont en train
d'être
finalisées
avec les municipalités avoisinantes sur un tracé pour
cette voie. Ils
demandent aussi des mesures de sécurité
immédiates. Par exemple,
lorsqu'on a reconstruit la voie ferrée, on l'a fait avec une
courbe
encore plus prononcée que la courbe initiale où le train
parti à la
dérive avait déraillé en 2013. En plus,
Transports Canada autorise
encore la
Central Maine & Quebec Railway (CMQR), qui a acquis les actifs de
la défunte MMA, à stationner et à trier ses
convois transportant des
matières dangereuses sur la même pente et au même
endroit à Nantes d'où
est parti le train à la dérive. Ces convois sont
laissés sans
surveillance pendant de longues périodes de temps. La demande
que la
courbe soit modifiée pour qu'elle soit moins prononcée et
qu'on cesse
ce stationnement de convois sur la pente principale jouit d'un vaste
appui parmi la population. Les gens de Mégantic demandent aussi
que
l'entretien de la voie ferrée soit amélioré et que
des réparations
soient faites en divers endroits où ils ont identifié des
problèmes.
Pour le bien des communautés au pays qui sont
traversés par des lignes de chemin de fer, il
faut aussi que des mesures soient prises pour faire en sorte que toutes
les parties ayant causé
ce désastre rendent des comptes de leurs actions. Il faut mettre
en place une réglementation
qui requiert que toute l'information soit fournie à tous, y
compris aux travailleurs et aux
communautés ferroviaires, bien avant que des produits dangereux
soient transportés dans les
environs où ils vivent. Il faut rejeter avec tout le
mépris qu'elle mérite la conception
antisociale qui dit que la sécurité ferroviaire est
l'affaire privée des entreprises ferroviaires
parce qu'elle est un « coût » pour elles qui affecte
leur profit et que toute cette question doit
être entourée de secret afin de préserver la
position
concurrentielle des sociétés ferroviaires et
des monopoles pétroliers et d'autres secteurs. Il doit y avoir
une divulgation complète de l'information pour
que les gens soient conscients des activités qui se font et des
dangers encourus et qu'ils
puissent tirer les conclusions appropriées.
Des élections le 22 avril au
Venezuela
Le Canada poursuit son ingérence
grossière dans les affaires internes du Venezuela
Le 13 février, les pays qui forment le
groupe autoproclamé de Lima,
dont le Canada fait partie, se sont réunis à Lima, au
Pérou, et ont
émis leur cinquième déclaration en sept mois dans
laquelle ils
attaquent le gouvernement bolivarien du Venezuela, qualifiant son
processus électoral et ses institutions d'illégitimes.
À l'instigation
des
États-Unis, le Canada a joué un rôle dirigeant dans
la formation du
soi-disant groupe de Lima. Son but est d'isoler le Venezuela et
d'imposer un changement de
régime.
Cette réunion a été
convoquée au moment où l'appel a été
lancé au
Venezuela à des élections présidentielles qui
doivent se tenir le 22
avril. Le président actuel, Nicolas Maduro, a été
acclamé à l'unanimité
candidat du PSUV et sa candidature est appuyée, entre autres,
par le
nouveau parti politique, le Mouvement Nous sommes le
Venezuela (Somos Venezuela) qui est récemment devenu un parti
enregistré. D'autres alliés traditionnels qui avec le
PSUV forment le
Grand Pôle patriotique organisent eux-mêmes des
assemblées et des
conférences pour décider s'ils vont mettre de l'avant
leurs propres
candidats ou donner leur plein appui à Nicholas Maduro pour
éviter de
diviser
les forces populaires. La plupart des partis d'opposition n'ont pas
encore annoncé officiellement leurs intentions malgré que
certains ont
déjà indiqué qu'ils ne participeraient pas aux
élections. Les dates des
mises en candidature officielles sont le 26 et le 27
février.
L'inscription des électeurs a lieu présentement au
Venezuela et dans
les
missions diplomatiques du pays à l'étranger.
Comme toutes les autres, cette réunion du groupe
de Lima constitue
une ingérence flagrante dans les affaires internes du Venezuela.
Les 14
signataires de la nouvelle déclaration disent « rejeter
vivement » la
tenue d'une élection présidentielle à la date
annoncée. Ils dressent
une liste de conditions qui doivent être respectées, selon
eux, sans quoi les élections n'auront pas de
légitimité ou de
crédibilité.
Le Canada poursuit ses activités hostiles
La ministre des Affaires
étrangères, Chrystia
Freeland, a convoqué sa propre conférence de presse et a
émis sa propre
déclaration pour exprimer l'appui du Canada à l'annonce
par le
président du Pérou que Nicolas Maduro ne sera pas le
bienvenu au
prochain Sommet des Amériques à Lima, au Pérou, et
pour réitérer «
l'approbation
totale » du Canada de la plus récente
déclaration du « groupe de
Lima ». Elle prétend entre autres que la
période de préavis pour
l'élection est trop brève. Elle dit cela bien qu'au
Canada, ce
soi-disant paradigme de la démocratie, un parti au pouvoir a la
prérogative d'appeler une élection lorsque cela
désavantage
l'opposition, en plus
d'utiliser sa position privilégiée pour acheter des votes
en offrant de
façon intéressée toutes sortes de cadeaux
électoraux en subsides
fédéraux. Une campagne électorale d'un mois
à six semaines n'est pas
perçue comme étant anormale. Même les
élections à date fixe, qui ont
été adoptées à cause de l'opposition au
fait que les élections sont
devenues
si intéressées, sont utilisées de manière
antidémocratique. La
protestation pharisaïque de Chrystia Freeland et d'autres membres
du «
groupe Lima » qui se sont donné le droit de
contrôler la démocratie du
Venezuela ne fait que révéler leur propre hypocrisie. Les
mêmes forces
au Canada et aux États-Unis qui font tout un tollé
à propos de «
l'ingérence russe » dans leurs élections - ne
serait-ce que pour
justifier qu'ils foulent aux pieds la liberté de conscience et
d'expression - s'immiscent ouvertement dans les élections
vénézuéliennes, invoquant de grands idéaux
démocratiques et les droits
humains.
Le Canada doit clarifier
quelque chose : qui l'a nommé, lui et
treize autres pays qui composent le « groupe de
Lima », gardiens de
la démocratie au Venezuela ?[1]
En vertu de quelle autorité ces pays changent-ils les
règles qui régissent le droit international établi
après la
Deuxième Guerre mondiale ? Ce droit international, auquel
préside la
Charte des Nations unies, condamne l'ingérence
étrangère dans les
affaires internes d'un pays souverain.
La position du gouvernement du Canada et d'autres
membres du
soi-disant groupe de Lima, qui est orchestrée en
arrière-scène par les
États-Unis, n'a absolument rien à voir avec la
démocratie ou la défense
de la primauté du droit comme ils le prétendent. Dans son
discours à
l'Université du Texas avant d'entreprendre sa tournée de
cinq pays
de l'Amérique latine et des Caraïbes, Rex Tillerson a
ouvertement
incité l'armée vénézuélienne
à organiser un coup d'État et à déposer le
président Maduro. Un appel similaire a été
lancé par le sénateur
américain Marco Rubio. Ils se sont faits fermement
réprimander par le
ministre vénézuélien de la Défense,
Vladimir Padrino López et par des
membres du Haut commandement des Forces armées nationales
bolivariennes. Dans une déclaration lue par le ministre de la
Défense,
il est dit : « Les Forces armées nationales
bolivariennes rejettent
avec vigueur ces déclarations déplorables qui sont un
acte vil
d'ingérence et affirment fermement leur allégeance
absolue à la
constitution et
aux lois du pays. » Il est aussi dit : « Nous ne
vivrons jamais plus
sous la botte des dictateurs formés à l'École des
Amériques ou de
l'infâme stratégie d'endiguement ou du criminel Plan
Condor qui ont
causé tant de misère et d'oppression aux peuples de la
région. »
D'autres actions hostiles se préparent
Jusqu'ici, les États - Unis n'ont pas
été en mesure
d'intimider et de soudoyer suffisamment de membres de l' Organisation
des États américains (OÉA) pour obtenir un mandat
pour prendre des
mesures punitives contre le Venezuela. Cela les a forcés
à constituer
le groupe illégitime de Lima. Ceci est en grande partie dû
au fait que
les
États membres de la Communauté des Caraïbes
(CARICOM) se sont regroupés
pour appuyer le principe de non-intervention dans les affaires des
nations souveraines. Un des objectifs de la récente visite du
secrétaire d'État américain Rex Tillerson en
Jamaïque, qui assume
actuellement la présidence de CARICOM, était de tenter de
briser cette
unité au cas où un autre vote serait envisagé
à l'OÉA pour obtenir un
mandat institutionnel d'action punitive contre le Venezuela. Il a
également offert des « options » aux pays qui
importent actuellement du
pétrole à des taux substantiellement réduits
grâce à l'initiative
Petrocaribe du Venezuela qui soutient le développement des pays
des
Caraïbes au moyen de l'intégration régionale. Ces
initiatives font
partie de l'internationalisme vénézuélien qui a
aidé les pays frères de
la région à affirmer leurs droits souverains et à
contrer les plans
américains d'utiliser leur contrôle du pétrole et
d'autres carburants
pour dicter ce que les pays peuvent ou ne peuvent pas faire et avec qui
ils peuvent
entretenir des relations.
Selon un rapport publié par Mision Verdad, le
voyage de Tillerson
au Mexique, en Argentine, au Pérou, en Colombie et en
Jamaïque était
axé en grande partie sur la construction d'une coalition
multilatérale
pour élargir le soutien au blocus américain contre
leVenezuela.
Tillerson a déclaré ceci lors d'une conférence de
presse avec le
premier
ministre jamaïcain Andrew Michael Holness : « Nous
avons eu une
discussion en profondeur sur les moyens de promouvoir une
indépendance
énergétique accrue, non seulement pour la Jamaïque
mais pour les
Caraïbes. Nous sommes prêts à aider la Jamaïque
et les autres
partenaires des Caraïbes pour explorer et développer les
ressources
dont ils disposent et aussi pour partager l'abondance de ressources
dont jouit l'Amérique du Nord. » Cela fait
référence à l'Initiative de
sécurité énergétique promue par les
États-Unis pour éliminer
l'influence de Petrocaribe.
Alors que Tillerson était en tournée pour
obtenir plus de sanctions
et un embargo pétrolier contre le Venezuela, le
vice-président
vénézuélien Jorge Arreaza a entrepris une
Tournée de la dignité qui l'a
amené dans de nombreux pays des Caraïbes et
d'Amérique latine où il a
été accueilli chaleureusement. Selon les reportages,
cette tournée vise
à
promouvoir l'intégration régionale, à discuter des
défis auxquels sont
confrontés les gouvernements et les habitants de la
région et à
renforcer les liens de solidarité face aux « attaques
interventionnistes des États-Unis et de leurs
alliés ».
Une autre arme prête à être
utilisée contre le gouvernement
bolivarien est la Cour pénale internationale (CPI). Son
procureur en
chef a annoncé que le tribunal ouvrirait une «
enquête préliminaire »
sur les abus de la police depuis avril 2017 au Venezuela, dans le
contexte des manifestations et de l'agitation politique connexe. Ceci
en dépit du fait que des arrestations ont été
effectuées au Venezuela
et que des poursuites judiciaires sont en cours contre les personnes
accusées de tels abus. Selon les règles qui ont
établi la CPI, cela
élimine la nécessité pour le tribunal d'intervenir.
Les mesures prises par la CPI semblent être
liées aux efforts du
secrétaire général de l'OÉA, Luis Almagro,
et d'autres ennemis jurés du
gouvernement bolivarien pour que des fonctionnaires
vénézuéliens soient
inculpés de crimes contre l'humanité. Cela correspond
à la tendance
observée au Brésil et ailleurs de déploiement des
pouvoirs de
police qui ont usurpé le rôle des législatures et
des tribunaux, pour
renverser les forces qui prennent des positions prosociales.
La « démocratie » que les
accusateurs du gouvernement vénézuélien
veulent restaurer est celle de la répression et de
l'appauvrissement du
peuple, et le « droit international » qu'ils veulent
imposer est un
système où les monopoles étrangers sont libres de
piller les vastes
ressources du pays pour s'enrichir au détriment du peuple. Le
peuple vénézuélien mérite le plein appui
internationaliste de la
communauté internationale pour ses efforts visant à
préserver et faire
progresser l'habilitation politique et les progrès
réalisés grâce à sa
révolution bolivarienne.
Note
1. Le «
groupe de Lima » comprend l'Argentine, le Brésil, le
Canada, le Chili,
la Colombie, le Costa Rica, le Guatemala, la Guyane, le Honduras, le
Mexique, le Panama, le Paraguay, le Pérou et Sainte-Lucie. Selon
Affaires mondiales Canada, « Le Groupe de Lima a
été
créé le 8 août 2017 pour coordonner les
efforts des pays participants
et exercer une pression internationale sur le Venezuela...jusqu'au
rétablissement plein et entier de la démocratie au
pays ».
La nation coréenne en quête
de paix et de réunification
De PyeongChang à une paix durable
- Hyun Lee -
Le moment le plus émouvant des premières
journées des Jeux olympiques d'hiver de PyeongChang a sans doute
été lorsque Kim Yong-nam, le président du
Présidium de l'Assemblée populaire suprême de la
Corée du nord, a discrètement essuyé ses larmes
pendant que les chanteuses de la Corée du nord et du sud
chantaient à l'unisson lors
d'un concert célébrant les jeux d'hiver. La vedette k-pop
de la Corée du sud SeoHyun a tenu la main des chanteuses
nord-coréennes tandis que se déroulaient à
l'arrière-plan des images de
familles du sud et du nord réunies et en larmes dans le
numéro final
de la prestation historique de l'orchestre nord-coréen Samjiyeon
le 11 février à Séoul. Le concert s'est
terminé
sur une chanson qui disait : « Porte-toi bien,
retrouvons-nous bientôt. Bon voyage de retour, retrouvons-nous
bientôt », alors que les chanteuses saluaient la foule
de la main et que les spectateurs leur rendaient leur salut et que Kim
pleurait silencieusement.
Kim Yong Nam (à gauche), président du présidium de
l'Assemblée populaire suprême de la RPDC, regarde le
numéro final
du concert de l'Orchestre de Samjiyon. À ses côtés
(de gauche à
droite): Kim Yo Jong, première vice-directrice du Comité
central du
Parti des travailleurs de Corée de la RPDC, le
président
sud-coréen Moon Jae In et la première dame Kim Jung Sook.
L'art peut parfois proposer des réponses
là où la logique stérile des conseillers
politiques n'en fournit pas. Tous ceux qui ont véritablement
ressenti, ne serait-ce qu'un instant, la douleur de cette division
nationale artificielle vieille de soixante-dix ans ont sans doute
été profondément émus par l'une des rares
manifestations d'émotion de la part
de l'homme politique nord-coréen de quatre-vingt-dix ans.
L'effervescence produite par cette brève réunion
intercoréenne, suivie de la douleur et du chagrin de ne pas
savoir si les deux Corées vont se rencontrer de nouveau, sont
des sentiments partagés par les Coréens des deux
côtés de la ligne de démarcation. Et c'est
là que réside peut-être la
réponse à ce conflit interminable qui semble impossible
à résoudre sur la péninsule coréenne :
que le désir partagé de réunification
réussira ultimement à l'emporter sur les menaces et les
pressions énormes de frappes de «nez
sanglant».
Les perspectives d'un sommet nord-sud
Kim Yong-nam, accompagné Kim Yo-jong, la
première vice-directrice du Comité central du Parti des
travailleurs de Corée et soeur du dirigeant
nord-coréen Kim Jong-un, était assis à
côté de la Première dame et du président
sud-coréen Moon Jae-in pendant le concert. Kim Yong-nam se
serait tourné vers le président
Moon et aurait dit : « Puisque nous avons créé
des opportunités d'échange d'idées et de
réunions fréquentes dans l'avenir, je nourris l'espoir
que nous allons nous revoir à nouveau. » Et le
président Moon aurait répondu : « Entretenons
l'étincelle née de notre rencontre ».
La
chanteuse
k-pop
de
la
République de Corée SeoHyun
(deuxième à partir de la droite) se joint aux chanteuses
de l'Orchestre Samjiyon.
La veille, la délégation de haut niveau
de la Corée du nord avait rencontré le président
Moon à la Maison-Bleue et avait livré une lettre
personnelle du dirigeant nord-coréen Kim Jong-un dans laquelle
celui-ci propose un sommet intercoréen dans un avenir
rapproché. Si ce sommet a lieu, ce sera le troisième
sommet intercoréen suite aux
rencontres historiques entre les anciens dirigeants Kim Dae-jung et Kim
Jong-il en 2000 et Roh Moo-hyun et Kim Jong-il en 2007. On
peut aussi présumer qu'aussi longtemps que le nord et le sud se
parlent
et continuent d'améliorer leurs relations, le nord ne poursuivra
pas les essais de ses armes nucléaires et de ses missiles
balistiques.
Un sommet nord-sud pourrait préparer le terrain à des
pourparlers de paix entre les États-Unis et la Corée du
nord.
Ces événements ne sont pas sans
précédent. En 2000, le président
sud-coréen d'alors Kim Dae-jung s'était rendu à
Pyongyang où il avait rencontré le chef d'État de
la Corée du nord. Le dirigeant nord-coréen Kim
Jong-il avait personnellement accueilli Kim Dae-jung à
l'aéroport et, après trois jours de réunions, ils
avaient produit
la Déclaration conjointe nord-sud du 15 juin, qui avait
établi les principes communs d'une réunification
pacifique. Le sommet avait été suivi d'une série
de sessions de travail nord-sud ministérielles et militaires et
de
réunions de familles séparées à Pyongyang
et à Séoul en août 2000. Le président
sud-coréen Kim Dae-jung avait été
honoré du prix Nobel de la Paix pour son rôle au sommet.
Suite à ce sommet historique, les
États-Unis ont allégé leurs sanctions contre la
Corée du nord, qui avait répondu en s'engageant à
ne pas poursuivre l'essai en vol de ses missiles à longue
portée. Seulement quatre mois après le sommet
intercoréen, en octobre 2000, le vice-maréchal de la
Corée du nord Jo Myong-rok s'est rendu à
Washington où il a rencontré le président d'alors
Bill Clinton. Ensemble ils ont signé le Communiqué
conjoint États-Unis-RPDC dans lequel on affirmait qu'à la
lumière des « nouvelles circonstances sur la
péninsule coréenne engendrées par le sommet
historique intercoréen », les deux parties
s'engageaient « à laisser tomber la méfiance et
à
forger une confiance réciproque » basée sur
les principes du « respect pour la souveraineté et la
non-ingérence dans les affaires internes de chacun ».
La secrétaire d'État Madeleine Albright s'était
ensuite rendue à Pyongyang pour la préparation d'un
sommet entre Kim Jong-il et le président d'alors, Bill Clinton.
Comme ces
événements ont eu lieu dans les derniers jours du mandat
de Clinton, celui-ci n'a malheureusement pas eu le temps de
concrétiser les résultats du sommet. Aussitôt qu'il
est entré en fonction, George Bush Jr a rapidement mis fin aux
efforts de rapprochement en mettant fin à toutes les ententes
avec la Corée du nord.
Près de deux décennies se sont
écoulées et voilà à nouveau une rare
ouverture à la paix. Si le nord et le sud pouvaient continuer
sur leur lancée de bonne volonté de PyeongChang, ils
pourraient une fois de plus réunir des familles
séparées et reprendre leur coopération
économique transfrontalière. Ils pourraient aussi
créer les conditions pour la
détente et des pourparlers entre les États-Unis et la
Corée du nord. Le principal obstacle cependant, comme nous
l'avons vu à PyeongChang, est l'administration têtue de
Trump qui refuse d'abandonner sa voie belliciste.
Comportement disgracieux aux Olympiques
Avant de se rendre à PyeongChang, le
vice-président des États-Unis Mike Pence a
rencontré le premier ministre japonais Abe à Tokyo
le 7 février. Il a annoncé qu'il « allait
dévoiler la ronde la plus draconienne et la plus agressive de
sanctions économiques jamais vues contre la Corée du nord
». Comme un guerrier solitaire,
Pence a ensuite visité le 2e Commandement de la
flotte de la marine sud-coréenne à Pyeongtaek où
il a rencontré des transfuges nord-coréens. Puis il a
soulevé l'ire internationale lorsque, la mine assombrie, il est
resté assis et a refusé d'applaudir lorsque
l'équipe unifiée de la Corée a été
présentée lors de la cérémonie d'ouverture
des
jeux. Et ça ne s'arrête pas là. Après
être arrivé quinze minutes en retard à la
réception pour les dirigeants mondiaux présidée
par le président Moon, Pence s'est fait un point d'honneur de
serrer la main de tous les participants à l'exception de Kim
Yong-nam. Puis il a décidé qu'il ne participerait pas
à la réception pour ne pas avoir à s'asseoir face
au représentant nord-coréen.
Comme Pence, le premier ministre japonais Abe a aussi
tenté de gâcher la fête sud-coréenne. Il a
créé tout un émoi lorsqu'il a ordonné
l'inspection des stationnements souterrains autour du stade olympique
de PyeongChang sous prétexte de pouvoir évacuer les
touristes japonais dans l'éventualité d'une attaque par
missile nord-coréenne
pendant les jeux d'hiver. Lors d'une réunion avec Moon le 9
février, il a insisté pour que la Corée du sud
poursuive son exercice militaire conjoint Key Resolve Foal Eagle avec
les États-Unis une fois les jeux terminés. Il a aussi
exigé de la Corée du sud qu'elle respecte l'entente
bilatérale « finale et irréversible »
sur la question des
femmes de réconfort et retire les monuments de femmes de
réconfort qui ont été érigés dans
plusieurs pays, dont les États-Unis, l'Australie et l'Allemagne.
Moon lui a répondu que le Japon ne devrait pas se mêler de
la « souveraineté et des affaires internes » de
la Corée du sud et qu'il devrait plutôt
réfléchir aux enjeux laissés par
l'histoire. Cet échange épineux était sans doute
présent dans les pensées de Moon alors qu'il
écoutait Hyung Song-wol, le dirigeant de l'orchestre
nord-coréen Samjiyon, qui lors de la dernière
pièce du concert final du 11 février a changé
les paroles d'une chanson nord-coréenne pour dire « Dokdo
aussi est mon pays » ( il s'agit des îles
contestées Dokdo/Takeshima par la Corée et le Japon dans
la mer de l'Est ).
Les exercices militaires dirigés par les
États-Unis :
le plus grand obstacle à la paix
Les États-Unis et le Japon mènent en ce
moment des exercices militaires conjoints même pendant la tenue
des Jeux olympiques d'hiver. Le ravitailleur héli-plateforme USS
Rushmore, avec des éléments de
la 11e unité marine expéditionnaire des
États-Unis et la Force terrestre d'autodéfense du Japon
(SDF) ont conclu des
exercices d'atterrissage amphibien de cinq jours près des
côtes sud de la Californie le 7 février. L'exercice
annuel Cope North, qui comprend plus de 100 aéronefs
et 2 850 membres des Forces aériennes des
États-Unis, du Marine Corps et de la marine, ainsi que la Force
d'autodéfense aérienne du Japon et la Force
aérienne royale de l'Australie, a débuté
le 14 février et se tiendra à Guam et au
Commonwealth des îles nordiques de Mariana jusqu'au 2 mars.
La Force d'autodéfense maritime du Japon et la marine
américaine tiendront un exercice de défense antimissile
conjoint de simulation par ordinateur de quatre jours sur des
destroyers Aegis
dès le 16 février.
Key Resolve Foal Eagle, les exercices de guerre
conjoints des États-Unis et de la République de
Corée qui ont lieu chaque printemps ont
été retardés en raison des Jeux olympiques mais
doivent se poursuivre en avril. Ulchi Freedom Guardian, un autre
exercice militaire conjoint massif est fixé en août. Ces
exercices sont des jeux de guerre
offensifs. L'an dernier, Foal Eagle a mobilisé 300 000
soldats sud-coréens et 15 000 soldats
américains, y compris le notoire SEAL Team six, l'unité
qui a assassiné Osama Bin Laden. Des bombardiers
nucléaires B-1B et B-52, des chasseurs furtifs F22 et F35 ainsi
qu'un porte-avions et un sous-marin nucléaire ont aussi
pris part aux exercices. Ces exercices sont des
répétitions pour OPLAN 5015, un plan de guerre qui
comprend des forces spéciales d'assassinat, du personnel
à mobiliser dans l'éventualité de l'effondrement
du régime nord-coréen, des frappes préventives, et
le plan appelé Représailles et Punitions massives de la
Corée (KMPR), un plan de
combat composé de frappes chirurgicales contre les
personnalités clés du leadership nord-coréen et
l'infrastructure militaire.
Les exercices militaires qui se tiendront
représentent le plus gros obstacle aux efforts de paix et de
réconciliation nord-sud en ce moment. S'ils se poursuivent comme
prévu, la Corée du nord répliquera très
certainement en poursuivant ses essais nucléaires et/ou de
missiles balistiques. En d'autres mots, aller de l'avant avec les
exercices de
guerre conjoints mènera inévitablement au sabordage du
processus de détente qui a commencé entre le nord et le
sud grâce à leur coopération olympique.
Un sommet nord-sud qui pourrait mener à des
pourparlers entre les États-Unis et la Corée du nord est
notre seul espoir de paix sur la péninsule coréenne. Il
est donc essentiel que ceux qui désirent une paix réelle
en Corée demandent d'une seule voix que la Maison-Blanche et le
Pentagone mettent fin à leurs exercices militaires conjoints
provocateurs et qu'ils appuient l'initiative coréenne
de dialogue. C'est à nous de nourrir la graine semée
à PyeongChang pour qu'elle prenne racine et que germe une paix
durable.
Hyun Lee est le rédacteur en chef de Zoom in
Korea.
La proposition de la RPDC
pour clarifier la base juridique des
« résolutions relatives aux sanctions »
La mission permanente de la
RPDC à l'ONU a publié le 12 février 2018
un communiqué pour donner suite à sa proposition de
janvier 2017 faite au Secrétariat de l'ONU d'organiser un
forum international d'experts juridiques pour clarifier la base
juridique des « résolutions relatives aux
sanctions » adoptées contre
la RPDC. La proposition de janvier 2017 était une
réponse aux « résolutions »
illégales successives fabriquées l'une à la suite
de l'autre par les États-Unis qui ont imposé leur mise en
oeuvre en abusant de l'autorité du Conseil de
sécurité, au mépris des lois et normes
internationales reconnues. Ces points ont été
réitérés dans le
communiqué de presse du 12 février :
Il est bien connu que
l'illégalité criminelle et l'inhumanité de toutes
les « résolutions relatives aux sanctions »,
qui ont été incitées et fabriquées et
imposées à la RPDC par un conseil de
sécurité usurpé par les États-Unis et leurs
partisans au nom de « prévenir le développement
nucléaire », sont révélées par
leurs efforts de
violer outrageusement les droits légitimes d'un État
souverain et le droit international officiellement reconnu, ainsi que
d'éliminer le droit d'exister et de développement, et les
droits fondamentaux de notre peuple.
En outre, les «
résolutions relatives aux
sanctions » élargies et renforcées contre la
RPDC pour imposer un blocus sont fermement condamnées par la
communauté internationale comme étant un comportement
inhumain et non civilisé qui ramène notre
société à l'âge des ténèbres,
en niant totalement à notre peuple le droit d'exister et de
se développer et en détruisant une culture
civilisée tout entière.
Les «
résolutions relatives aux
sanctions », concoctées par le Conseil de
sécurité d'une manière des plus méprisables
et hostiles, montrent leur caractère criminel et leur but
offensif en tentant d'étouffer tous les aspects de la vie,
notamment notre économie nationale, les moyens de subsistance du
peuple, la santé publique, le sport et l'aide
humanitaire.
Cela prouve clairement que
le Conseil de
sécurité de l'ONU, dominé par l'autoritarisme et
l'arbitraire des États-Unis, a été
transformé en un outil d'atteinte au droit du peuple et de la
barbarie du terrorisme d'État en fabriquant ces «
résolutions relatives aux sanctions »
illégales qui entravent et menacent l'exercice des droits
humains de
notre peuple.
Dans le communiqué, il est demandé au
Secrétariat de l'ONU de clarifier ce qui est fait pour tenir ce
forum international d'experts juridiques. Il est souligné :
Dans cette proposition, nous
avons
indiqué que le forum international des juristes, avec la
participation de tous les juristes gouvernementaux et non
gouvernementaux et des organisations juridiques internationales, serait
l'endroit approprié pour clarifier la légalité des
« résolutions relatives aux sanctions » du
Conseil de
sécurité.
En outre, nous avons soumis
nos questions
détaillées qui devraient être débattues et
inscrites à l'ordre du jour du forum, à savoir :
a) Les «
résolutions relatives aux
sanctions » du Conseil de sécurité qui
interdisent les lancements de satellites de la RPDC sont-elles
conformes au droit international, qui stipule clairement que
l'utilisation pacifique de l'espace est un droit souverain
inaliénable des États ?
b) Les «
résolutions relatives aux
sanctions » du Conseil de sécurité qui
interdisent les essais nucléaires de la RPDC ont-elles une
validité juridique dans la situation où le droit
international sur une interdiction totale des essais nucléaires
n'est pas encore en vigueur ?
c) Les membres permanents du
Conseil de
sécurité qui empêchent l'entrée en vigueur
du droit international sur une interdiction totale des essais
nucléaires ont-ils une justification morale pour interdire les
essais nucléaires d'autres pays ?
d) Le Conseil de
sécurité a
condamné les essais nucléaires et les lancements par
satellite de la RPDC uniquement comme « menaces à la paix
et à la sécurité internationales » et a
imposé des sanctions sans s'élever contre les essais et
les lancements par d'autres pays. Ces deux poids, deux mesures du
Conseil de
sécurité est-il conforme aux
articles 2 et 51 de la Charte des Nations unies, qui
reconnaissent les principes de l'égalité souveraine et du
droit à la légitime défense des pays ?
La mission permanente de la RPDC à l'ONU
dénonce les lenteurs du Secrétariat de l'ONU. Elle
souligne :
Au cours de la
dernière année,
la mission permanente de la RPDC à l'ONU a demandé
constamment au Secrétariat de l'ONU la tenue au plus tôt
de ce forum international d'experts juridiques, lors de réunions
avec le Secrétaire général, le Secrétaire
général adjoint aux affaires politiques et
Secrétaire général adjoint aux affaires
juridiques, respectivement, et dans cinq lettres que le
représentant permanent de la RPDC a adressées au
Secrétaire général, dans quatre communiqués
ainsi que lors de cinq conférences de presse et entretiens de la
mission permanente.
Toutefois, le
Secrétariat de l'ONU repousse
toujours notre exigence justifiée d'organiser un forum
international d'experts juridiques en utilisant le faux-fuyant
périmé qu'en vertu de l'article 39 de la Charte des
Nations unies, il appartient au Conseil de sécurité de
déterminer si oui ou non une action ou un ensemble particulier
d'actions
ou une situation ou un différend particulier constitue une
menace contre la paix, une rupture de paix ou un acte d'agression. Il
appartient donc au Conseil de sécurité de décider
des recommandations à prendre ou des mesures à prendre
pour maintenir ou rétablir la paix et la sécurité
internationales.
Le Secrétariat de
l'ONU devrait apprécier
et écouter attentivement les voix de nombreux experts juridiques
et juristes de nombreux pays qui soutiennent notre proposition de forum
international et insistent sur le fait que le Conseil de
sécurité n'a aucune justification légale ou morale
pour condamner les essais nucléaires ou les lancements de
missiles intercontinentaux et de satellites comme étant des
violations du droit international.
En terminant, la mission permanente de la RPDC à
l'ONU « demande une fois de plus que le Secrétariat des
Nations unies réponde immédiatement de manière
positive à notre proposition d'organiser un forum international
d'experts juridiques, conformément à la mission de la
Charte des Nations unies. »
Cuba
Vers le prochain Congrès de la Centrale des
travailleurs cubains
La plénière de la Centrale des
travailleurs cubains le 28 janvier 2018 convoque le 21e Congrès
national.
La préparation d'un nouveau congrès de la
Centrale des travailleurs de Cuba (CTC) déterminera les grandes
lignes du travail syndical à déployer en 2018, ce
qui implique une vaste démarche de discussions
d'assemblées dans les centres de travail pour recueillir les
opinions, les recommandations et les idées, qui seront
examinées lors
de cet important événement, a déclaré
Ulises Guilarte de Nacimiento, secrétaire général
de l'organisation ouvrière et membre du Bureau politique du
Parti communiste de Cuba, devant la presse nationale.
L'appel au 21e Congrès a été
lancé le 28 janvier, coïncidant avec le 79e
anniversaire de la CTC et du 165e anniversaire de la naissance du
héros national cubain José Martí.
Au cours des douze
prochains mois, les sections syndicales au niveau de base
entreprendront un processus organique de discussions, de conclusion
d'accords, de conception de nouvelles stratégies et
d'élection de dirigeants, qui s'achèvera par les
dernières séances du Congrès, prévu pour la
deuxième semaine de janvier 2019 à l'occasion
du 80e anniversaire de la CTC.
Ces réunions de base aborderont des questions
liées à l'emploi, aux salaires, à
l'amélioration des conditions de travail, à la
santé et à la sécurité au travail et au
respect des droits du travail, en tenant compte du rôle du
syndicat en tant que garant de la justice et de la transparence dans le
processus
de réorganisation du travail à Cuba.
Elles s'accompagneront de discussions sur les
changements à opérer au sein du mouvement syndical et la
volonté de transformer les méthodes et le style de
travail appliqués par l'organisation.
Le secrétaire général de la CTC a
également précisé que le Congrès des
travailleurs cubains se devra de rechercher un leadership
supérieur et une plus grande reconnaissance du travail syndical
au sein des collectifs ouvriers.
« Notre congrès procèdera à
un examen approfondi, analytique et prospectif de la question
économique, la principale bataille menée actuellement
dans le pays pour atteindre des taux de croissance plus
élevés du Produit intérieur brut », a
déclaré Guilarte de Nacimiento.
Ces sujets seront également discutés par
les participants aux conférences nationales des syndicats de la
culture, du tourisme, de la protection civile et du sucre, qui se
réuniront également en 2018.
Tous ces événements syndicaux
focaliseront leurs débats sur l'adoption de stratégies
dans le cadre d'un scénario de travail marqué par la
recomposition de l'emploi, qui a évolué vers une forme de
gestion non étatique, exercée par 29 % de la
population active du pays.
« Aujourd'hui, nous assistons à un
changement qualitatif dans la composition de notre scénario du
travail, car des lignes directrices ont été
établies dans le cadre réglementaire. À l'heure
actuelle, les normes juridiques du travail non étatique sont en
cours de perfectionnement, et les recommandations en matière
d'amélioration du système des
entreprises, à savoir des entreprises d'État socialistes,
viennent d'être publiées au Journal
officiel de la
République », a souligné le
Secrétaire
général de la CTC.
Ulises Guilarte de Nacimiento a également
rappelé que les tensions économiques persisteront aux
plans financier et matériel, de sorte qu'il nous faudra
exploiter toutes les réserves d'efficacité, notamment
dans le domaine de l'épargne, de la diminution des importations
et de la génération de lignes exportables.
Il a insisté sur la nécessité
d'éviter le gaspillage de carburant,
d'électricité, d'eau et de gaz.
Le secrétaire général de la CTC a
mis en exergue l'unité, la discipline et la solidarité
dont ont fait preuve les travailleurs dans les efforts de
reconstruction et de réhabilitation à la suite du passage
dévastateur de l'ouragan Irma.
« Grâce à nos propres efforts, nous
avons pu remettre en service les infrastructures touristiques du pays,
notamment dans les cayos du Nord, en seulement 62 jours.
En 20 jours seulement, les réseaux électriques pour
la production et l'approvisionnement en énergie étaient
prêts. Sous la direction des conseils provinciaux et
municipaux de défense, les travailleurs des communications, de
l'électricité, de la construction et de l'industrie
alimentaire ont été mobilisés et ont
travaillé sans interruption pour assurer les services de
base », a-t-il ajouté.
C'est pour cette raison que les syndicats ont
porté leur choix sur environ 500 groupes de travailleurs
et 2 500 travailleurs individuels, qui recevront une
reconnaissance pour leur travail méritoire. En janvier, ils
seront honorés du titre de Héros du travail de la
République de Cuba, de la Médaille Lazaro Peña,
première,
deuxième et troisième classe, et d'autres
reconnaissances. Des centres de travail exceptionnels se sont vus
décerner le drapeau Exploit du travail, des distinctions et des
certificats Prouesse du travail, a-t-il affirmé.
À tous, le dirigeant syndical a adressé
ses félicitations : « En ce nouvel anniversaire du
triomphe de la Révolution, alors que nous nous apprêtons
à célébrer 60 ans de victoires du socialisme,
nous tenons à adresser nos plus sincères remerciements et
félicitations à tous nos travailleurs pour avoir fait
preuve de leur conscience de
classe et de leur unité monolithique autour du projet que nous
avons décidé de construire. Tous nos voeux de
prospérité, de santé et toute notre gratitude
à tous les camarades et à leurs familles. »
Il a souhaité étendre ce message de
salutations aux secteurs sociaux du monde, avant de rappeler que le
contexte international actuel est marqué par un mouvement
syndical fragmenté et harcelé par l'impact direct des
politiques néolibérales, où prédominent le
sous-emploi, les politiques discriminatoires à l'encontre des
immigrés, des jeunes et
des femmes. À cela s'ajoutent la perte des acquis sociaux et des
garanties d'emploi.
Lisez Le
Marxiste-Léniniste
Site web: www.pccml.ca
Courriel: redaction@cpcml.ca
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