Le Marxiste-Léniniste

Numéro 6 - 17 février 2018

Le verdict dans l'affaire du meurtre de Colten Boushie

Un autre moment de honte nationale


Saskatoon le 10 février 2018: rassemblement devant la cour municipale le lendemain de la prononciation du verdict de non-culpabilité dans l'affaire Colton Boushie

Le verdict dans l'affaire du meurtre de Colten Boushie
Un autre moment de honte nationale
Rassemblements à l'échelle du Canada: justice pour
Colten Boushie

Lettre à la rédaction
Déclaration commune sur les décès de Fort Albany suite à une altercation avec la police - Nation Nishnawbe Aski

Marches et vigiles commémoratives des femmes du 14 février
Justice pour les familles des femmes et filles autochtones disparues et assassinées!

Les employés accusés de négligence criminelle dans la tragédie de Lac- Mégantic sont acquittés
• Tentative de masquer l'objectif économique des responsables
Les gouvernements et les monopoles pétroliers doivent rendre des comptes pour leur négligence criminelle
Des demandes importantes pour la responsabilisation et la sécurité de Lac-Mégantic et de toutes les communautés ferroviaires

Des élections le 22 avril au Venezuela
Les États-Unis et le « Groupe de Lima » poursuivent leur ingérence grossière dans les affaires internes du Venezuela

La nation coréenne en quête de paix et de réunification
De PyeongChang à une paix durable - Hyun Lee
La proposition de la RPDC pour clarifier la base juridique des « résolutions relatives aux sanctions »

Cuba
Vers le prochain Congrès de la Centrale des travailleurs
cubains


Supplément
170e anniversaire du Manifeste du Parti communiste

Le Manifeste a révolutionné la pensée de l'être humain



Le verdict dans l'affaire du meurtre de Colten Boushie

Un autre moment de honte nationale


Toronto, 11 février 2018

La justice pour les peuples autochtones sans mettre fin aux relations coloniales que le Canada leur a imposées en 1867 et avant, voilà ce qu'on appelle une fausse conviction idéologique. Le gouvernement Trudeau aime faire la promotion de cette croyance pour maintenir ces rapports coloniaux au nom de toutes sortes d'idéaux supérieurs et cela est méprisable.


Calgary, 11 février 2018

Le 9 août 2016, un fermier de 55 ans, Gerald  Stanley, a tiré sur Colten (Coco) Boushie et l'a tué dans l'allée menant à sa ferme où le jeune homme de 22 ans et des amis se seraient avancés pour obtenir de l'aide. Colten Boushie vivait avec sa famille sur la réserve de la Première Nation de Red Pheasant en Saskatchewan, tout juste au sud de North Battleford.

Le 9 février dernier, un jury saskatchewanais a acquitté Gerald Stanley accusé de meurtre au deuxième degré malgré le fait que Colten a bel et bien été tué par Stanley, avec l'arme de Stanley, sur la ferme de Stanley et que rien de tout cela n'est contesté. Stanley dit que le coup est parti par erreur et l'histoire s'arrête là. Non coupable de meurtre au deuxième degré.

La mort de Colten Boushie est un autre moment de honte nationale et le verdict de non-culpabilité en est un autre. Les larmes de crocodile du gouvernement Trudeau et ses tentatives de camouflage sont aussi une honte nationale. La suite des événements montre que le génocide et la terreur sanctionnés par l'État continuent de causer des ravages dans les Prairies. Les faits sont que les colons agriculteurs de la Saskatchewan ont été pendant longtemps la cible d'une propagande raciste organisée par l'État contre les peuples autochtones. Tout est fait pour créer un ressentiment entre eux et les autochtones et pour bloquer toute tentative de résoudre le problème du partage de la terre et du travail en commun pour bâtir une économie nouvelle dans les conditions modernes. Dès le début de la colonisation agricole, des restrictions ont été imposées dans les rapports entre autochtones et fermiers. Ce phénomène n'existait pas à l'époque du commerce des fourrures, lorsque les guides et commerçants autochtones étaient nécessaires, il est à l'origine des Métis dont le désir de vivre en paix a également été noyé dans le sang. Avec la colonisation agricole et les traités qui ont suivi, l'État a délibérément créé la discorde avec des lois interdisant certaines interactions. Par exemple, il y a eu l'interdiction de vente des produits agricoles autochtones à l'extérieur des réserves, qui a fait en sorte que les réserves ne pouvaient accumuler suffisamment de fonds pour acheter de la machinerie et d'autres moyens de développement agricole et que l'agriculture autochtone a été freinée. L'interaction avec la population non autochtone a été sérieusement entravée.

La nature génocidaire de ces politiques était évidente quand l'État colonial a attribué ce sous-développement à une prétendue incompétence inhérente des peuples autochtones. Selon la mythologie officielle, la GRC et l'armée étaient nécessaires pour défendre les colons agriculteurs qui représentaient l'espoir du développement économique dans les conditions difficiles de l'époque et pour réprimer ceux qui voulaient reprendre la terre et la retourner à son état de plaine naturelle.

Un des thèmes centraux de la mythologie raciste est que les autochtones sont dangereux, violents et inutiles et que les colons avaient donc raison de les craindre. Pourtant, à l'époque du commerce des fourrures, les marchands européens dépendaient des peuples autochtones pour leur survie et pour la production de la fourrure. Beaucoup de fermiers saskatchewanais sont malheureusement restés prisonniers de cette propagande d'État et croient que le rétablissement des droits autochtones signifierait la perte de leurs terres et de leur mode de vie. Ceux qui sont infectés par cette conception du monde raciste voient les jeunes autochtones comme des voleurs ou tueurs potentiels, ou du moins comme une menace à leur vie dite pastorale, ce qui est également un mythe puisque la réalité est que d'énormes conglomérats internationaux s'emparent rapidement des terres et de l'agriculture et que l'économie agricole et rurale est de plus en plus concentrée dans les mains des plus riches.

À ce jour, le racisme organisé par l'État sert à cacher le vol historique des terres autochtones sous la tutelle de l'État et la destruction de la base économique et du mode de vie des autochtones, comme les Cris des plaines, et la réalité que vivent les populations de colonisation agricole aujourd'hui. Le racisme organisé par l'État est en recrudescence dans les conditions où d'immenses intérêts privés s'emparent rapidement des matières premières, comme le pétrole, le gaz naturel et le cuivre, et de la terre, et que les peuples autochtones et leurs réclamations sont perçus comme une entrave à leur contrôle. Le racisme et la division des peuples sont aujourd'hui répandus au nom de l'unité et de la diversité ou d'autres idéaux du gouvernement Trudeau, et avec des programmes pour assurer aux intérêts privés colossaux qu'ils obtiendront ce qu'ils veulent et pour maintenir la division parmi le peuple, malgré l'intérêt commun à résoudre les problèmes de façon pacifique.

Exprimant cette réalité historique, le chef Clinton Wuttunee de la Première Nation de Red Pheasant a déclaré, juste avant l'acquittement de Stanley : « L'histoire dont nous avons été témoins dans le procès Stanley sert à rappeler aux membres des Premières Nations que nos vies ont moins de valeur que celles des non-autochtones. » Après le verdict, le chef Wuttunee a dit qu'il croyait que cette déclaration était plus vraie que jamais. « Les peuples des Premières Nations ont espéré plus de la part des Canadiens, peut-être que notre espoir était vain », a-t-il dit.

Bobby Cameron, chef de la Fédération des nations autochtones souveraines (FSIN), a appelé le Canada à intervenir face à cette violation et à interjeter appel du verdict, et demandé une enquête publique sur la conduite du processus judiciaire dans cette affaire.


Vancouver, 10 février 2018

Le jour où Colten a été tué par Stanley, ses amis ont dit qu'ils s'étaient arrêtés à la ferme de Stanley pour demander de l'aide pour des problèmes de voiture. Stanley les a perçus comme une menace et une altercation s'en est suivie. Stanley a tiré deux coups de semonce, et un troisième coup, que Stanley affirme être parti accidentellement, a été tiré à bout portant. La balle a frappé Colten Boushie à la tête et l'a tué.

Les préjugés raciaux, la criminalisation et la conception des agences de l'État que les autochtones sont coupables jusqu'à ce qu'ils soient prouvés innocents sont évidents depuis le début dans cette affaire. Voici comment la mère de Colten, Debbie Baptiste, a été informée de sa mort par des agents de la GRC : « Est-ce que Colten Boushie est votre fils ? », ont demandé les policiers. « Oui, il l'est », a répondu Mme Baptiste. « Il est décédé », lui a dit l'un des policiers. Baptiste, complètement désemparée, s'est effondrée sur le balcon. Les policiers sont alors entrés chez elle sans invitation ni mandat et ont commencé à fouiller les lieux.

La façon dont elle et sa famille ont été traitées lui apparaît comme insensible, ont dit plus tard Mme Baptiste et ses fils. Ils voulaient savoir pourquoi ils ont agi ainsi, à un moment de grande détresse, alors que la police fouillait la maison familiale, comme si elle avait fait quelque chose de mal, a rapporté le Globe and Mail le 20 octobre 2016. L'article poursuit :

Après quelques minutes, un policier a tenté de forcer Mme Baptiste qui pleurait à se lever.

« Il a attrapé mon poignet juste ici et il a dit : 'Madame, il faut vous ressaisir.' Et je lui ai dit : 'Non', se souvient Mme Baptiste.

Elle était dans le déni, suppliant le policier de l'emmener à la dépouille afin qu'elle puisse voir que ce n'était pas son fils : « Vous avez la mauvaise personne. Ce n'est pas mon fils qui est là. Il n'est pas mort. Ce n'est pas Colten. C'est quelqu'un d'autre », lui a-t-elle dit.

Il a répondu en demandant si elle était ivre.

« Il a dit : 'Madame, buviez-vous ?' Et j'ai dit : 'Non'. Et puis il a senti mon haleine », dit-elle. [end indent]

Ce rapport soulève de sérieuses questions sur les préjugés raciaux de la GRC en Saskatchewan. Cela soulève de sérieuses questions sur le manque d'impartialité dans l'enquête qui sous-tend le verdict d'acquittement de Gerald Stanley.

Les chefs des Premières Nations de la Saskatchewan ont déclaré à l'époque que la GRC avait fait un lien entre la nouvelle de la mort de Colten et une récente flambée de vols dans la région. Peu de temps après que Colten ait été abattu, la GRC a publié un communiqué de presse disant que deux femmes et un homme avaient été placés en état d'arrestation dans le cadre d'une enquête sur un vol connexe. Cela a fourni « juste assez d'information préjudiciable pour le lecteur moyen de tirer lui-même la conclusion que la fusillade était en quelque sorte justifiée », a déclaré le chef de la FSIN dans un communiqué. Non seulement cela, mais un tel climat de peur organisé par l'État et répandu par la GRC a contribué directement à semer des divisions et peut être utilisé pour inciter et justifier de tels meurtres.

Dès le départ, la GRC a cherché par ses insinuations à faire porter la responsabilité au jeune autochtone mort de prouver qu'il n'était pas une cible légitime pour quiconque le percevait comme une menace et qu'il ne méritait pas d'être abattu. C'est ce dénonçaient bon nombre des pancartes dès lors des actions du 10 février avec des slogans comme « C'est seulement Stanley qui est au banc des accusés ».

À l'été 2017, alors que les tensions autour du meurtre de Boushie continuaient de monter, la situation s'est envenimée lorsque le ministère de la Justice de la Saskatchewan a dévoilé la mise sur pied d'une « Équipe de protection et d'intervention » au coût de 5,9 millions $ pour déployer 258 agents armés, dont 30 policiers, dans les zones rurales. En dépit de plusieurs recommandations de la FSIN, le parti de la Saskatchewan au pouvoir a décidé de procéder comme s'il s'agissait d'une question de loi et d'ordre en luttant contre la « criminalité rurale », alors qu'en réalité, la cible, ce sont les autochtones. Comme l'écrivait à l'époque Douglas Cuthand, chroniqueur du StarPhoenix de Saskatoon : « En Saskatchewan, le 'crime rural' est un terme qui désigne les autochtones. »

La FSIN a demandé une expansion de sa propre stratégie de lutte contre les gangs et la prévention du crime, un système judiciaire réformé de type Gladue (qui tient compte de toutes les alternatives raisonnables à des peines autres que l'emprisonnement pour les jeunes autochtones) et une politique renouvelée sur les services de police et les autochtones. Les autochtones représentent de 15 à 17 % de la population de la Saskatchewan mais le pourcentage le plus élevé de la population carcérale du pays : 80 à 90 % des hommes dans les prisons de la province, 90 à 95 % des femmes. Plus de 80 % des jeunes sont des autochtones.

Il faut exiger non seulement réclamer que justice soit faite pour Colten, sa famille et son peuple, mais aussi se pencher sur les conditions qui ont créé la situation honteuse dans laquelle un jeune Colten Boushie sans arme peut être abattu en toute impunité.

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Rassemblements à l'échelle du Canada:
justice pour Colten Boushie


Ottawa, 10 février 2018

En commençant par une journée d'action le 10 février, le jour après le verdict de non-culpabilité dans le procès de Gerald Stanley pour le meurtre du jeune autochtone Colten Boushie de la Première nation du Red Pheasant en Saskatchewan, des gens non-autochtones de partout au pays se sont joints aux peuples autochtones pour dénoncer la criminalisation des peuples autochtones et le fait qu'ils soient traités comme une cible légitime. C'est ce qui a mené au meurtre de Colten et à l'absence de punition en cour pour ce meurtre. Des actions ont eu lieu devant les assemblées législatives provinciales et territoriales, à Ottawa sur la Colline du parlement, ainsi que devant des hôtels de ville, des postes de police et des palais de justice, pour souligner la demande que justice soit faite à Colten et à sa famille.

 Saskatoon

Régina






Prince Albert



Dawson City


Whitehorse


Yellowknife



Iqaluit


Victoria


Vancouver



Edmonton




Calgary



Lethbridge


Winnipeg




Thunder Bay



Sudbury




Windsor



London



Kitchener



Toronto



Ottawa



Montréal



Frédéricton


Halifax


Charlottetown


(Photos: LML, J. Mann, T. Rex, M. Jacques, L.W. Bathory, C. Morrit-Jacobs, F. MacDonald, M. Pierre, K.D.T. Barefoot, J.A. Gale, A.L. Eagle Speaker, M. Corbett, F.H. Pewapisconias, Colonialism No More, S. Dixon, D. Crocker, W. Fiddler, M. Katt, D. MacClellan, M. Roy, L. Henry Whiteye, N. Forde, P. Barata, Silence Is Violence U of T, J. Stayshyn, Red Works Photography, J. Ngiam, M. Gaju, @sauvage2heart, Council of Canadians, J. Brake, P. Bourque, agencies.)

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Lettre à la rédaction

Je vous fais parvenir l'histoire de Neil Stonechild telle que racontée par la journaliste Betty Ann Adam dans le Saskatoon StarPhoenix le 23 octobre 2004. (Voir à la fin de la lettre)

Neil était mon camarade de classe au secondaire. Les allégations abondent qu'il a été tué par la police en 1990. Ces allégations visent la police de Saskatoon et la croyance largement répandue à Saskatoon que la police en a tué beaucoup d'autres en les conduisant à la périphérie de la ville durant les froides nuits d'hiver pour les laisser mourir. On appelait cela la « randonnée sous les étoiles ». Je n'oublierai jamais l'annonce publique à l'école Bedford High pendant que nous étions en classe. On nous a donné l'impression que Neil avait juste reçu ce qu'il méritait, vu son style de vie. Nous n'avons jamais eu l'occasion de comprendre l'histoire ou le présent. Mais je n'étais pas totalement naïf. J'ai eu mes propres démêlés avec la police de Saskatoon qui était et est toujours un sale groupe alors je savais ce qu'il en était une fois qu'on a commencé à parler des « randonnées sous les étoiles » et des tentatives pour étouffer l'affaire.

Les actions et les demandes récentes des peuples autochtones en faveur des milliers de femmes et de filles portées disparues, avec l'appui de Canadiens de tous les milieux, ont forcé le gouvernement à mener une sorte d'enquête sur leurs morts et leurs disparitions et maintenant, avec le meurtre de Colten Boushie et le verdict de non-culpabilité, les libéraux fédéraux vont prendre des poses pour la galerie. Et je comprends aussi que nous devons aller au fond des choses et punir les responsables. Nous devons attirer l'attention sur le sort des peuples autochtones. Mais soyons honnêtes, est-ce que cette question est si mystérieuse ?

Les Premières Nations ne sont pas et n'ont jamais été respectées par l'État canadien. Leur souveraineté et leur droit à l'autodétermination sont bafoués. À cause de cela, elles ont fait face à toutes sortes d'atrocités passées et présentes. Les libéraux fédéraux qui parlent comme si les problèmes provenaient principalement du passé (les pensionnats) et qui ont « réhabilité » Louis Riel de sa potence prétendent vouloir régler certains problèmes qui sont « quelque part là-bas » et aider les Premières Nations à s'aider elles-mêmes parce que, essentiellement, elles n'auraient qu'elles-mêmes à blâmer pour leurs problèmes. Mais ces illusions libérales vont pâlir une fois de plus devant un autre Ipperwash, un autre lac Gustafsen, un autre Kanesatake, un autre ...

En fait, si les peuples autochtones étaient les responsables de leurs propres problèmes, ils les auraient résolus depuis longtemps. Leurs principaux problèmes sont profondément enracinés dans l'invasion coloniale de leurs terres et dans le pillage et la destruction de leur mode de vie. Leurs problèmes proviennent de l'État raciste qui poursuit aujourd'hui ses politiques et pratiques racistes. C'est la responsabilité de tous les Canadiens de changer la situation, de reconnaître la souveraineté des peuples autochtones, d'établir des relations de nation à nation et de fournir une réparation adéquate pour les siècles d'abus et de génocide. Les paroles de Trudeau ne l'engagent à rien.

[Signé]

Pour connaître ce qui est arrivé à Neil Stonechild et « les randonnées sous les étoiles », cliquer ici.

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Déclaration commune sur les décès de Fort Albany suite à une altercation avec la police

Le grand chef Alvin Fiddler de la nation Nishnawbe Aski, le grand chef du Conseil Mushkegowuk Jonathan Solomon et le chef de la Première nation de Fort Albany, Andrew Solomon, ont fait la déclaration suivante concernant deux membres de Fort Albany qui sont morts il y a quelques jours à la suite d'altercations avec le service de police de Timmins. :

« Nous sommes consternés que deux membres de Fort Albany soient morts aux mains de la police. Nous sommes très troublés par ces tragédies et nos pensées et nos prières accompagnent les familles et la communauté de Fort Albany. Nous ne connaissons pas encore tous les faits entourant ces altercations, mais nous appelons l'Unité des enquêtes spéciales et le coroner en chef de l'Ontario à faire la lumière sans tarder sur ces événements.

Nos gens doivent continuellement laisser leurs familles et leurs communautés pour venir en ville afin d'obtenir des services qui ne sont pas disponibles dans leur communauté respective. Nous avons été témoins de racisme systémique dans la ville de Thunder Bay, et nous devons maintenant nous demander si cela se produit aussi à Timmins. Nous attendons des ministères et des fonctionnaires qu'ils prennent ces préoccupations au sérieux et travaillent avec les familles des défunts, la communauté de Fort Albany, le conseil de Mushkegowuk et la ville de Timmins. »

Joey Knapaysweet, âgé de 21 ans, vivait à Timmins pour avoir accès à des services médicaux non disponibles à Fort Albany. Selon des rapports, samedi (le 3 février), il a eu une interaction avec la police de Timmins pendant laquelle il a reçu une décharge de pistolet paralysant et a ensuite été tué par balles par la police.

Agnes Sutherland, âgée de 62 ans, utilisait un fauteuil roulant et souffrait de problèmes de santé. Il est allégué que lorsque la police s'est rendue sur les lieux du refuge local, Mme Sutherland a été maltraitée quand elle a été placée en garde à vue. Elle a souffert de graves complications pendant sa détention et a finalement été emmenée à l'hôpital où elle est décédée dimanche soir (le 4 février).

Le chef Andrew Solomon a fait part de ces préoccupations au procureur général de l'Ontario et à la ministre de la Sécurité communautaire et des Services correctionnels. Il a demandé une enquête sur les agissements du Service de police de Timmins en rapport avec la mort de Joey Knapaysweet et d'Agnes Sutherland.

(Traduit de l'anglais par LML)

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Marches et vigiles commémoratives des femmes du 14 février

Justice pour les familles des femmes et filles autochtones disparues et assassinées!


Vancouver, 14 février 2018

Le 14 février, des marches et des rassemblements ont eu lieu dans au moins 20 villes canadiennes, dont plusieurs en Colombie-Britannique, où la première Marche commémorative a eu lieu il y a 28 ans à Vancouver. Les marches ont honoré les femmes et les filles autochtones assassinées et portées disparues et exigé que justice soit faite pour elles et que cesse la violence. Des marches se sont aussi tenues dans 10 villes des États-Unis, dont plusieurs pour la première fois.

Vancouver

Port Hardy

Courtenay


Fort Ware

Prince Rupert

Prince George


Terrace




Penticton


Calgary


Edmonton


Winnipeg

Sault-Ste-Marie

Thunder Bay

Windsor

Toronto





Montréal

(Photos : LML, M. Kagis, K. Bell, C. Warren, Goot Ges, Brad Crowfoot Photography, D.P. White Quills, D. Taylor, L. Fabriz, Gladys Radek)

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Les employés accusés de négligence criminelle dans
la tragédie de Lac-Mégantic sont acquittés

Tentative de masquer l'objectif économique
des responsables

L'État essaie de masquer la cause profonde de la tragédie et l'objectif économique de ceux qui en sont responsables.

Trois anciens employés de la maintenant défunte compagnie ferroviaire Montreal Maine and Atlantic (MMA), qui étaient accusés de négligence criminelle ayant causé la mort de 47 personnes dans la tragédie de Lac-Mégantic du 6 juillet 2013, ont été acquittés le 19 janvier. Le conducteur de la locomotive, Thomas Harding, le contrôleur ferroviaire, Richard Labrie, et le directeur de l'exploitation de la MMA pour le Québec, Jean Demaître, ont été accusés de négligence criminelle par le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) du Québec en mai 2014 à la demande de la Sûreté du Québec. Le procès a débuté le 2 octobre 2017, au moment où tous pleuraient encore les victimes et discutaient des causes profondes et de l'objectif économique qui avaient produit cette tragédie. Pendant ce temps, la MMA a déclaré faillite en août 2013 et ses actifs ont été achetés par Fortress Investment Group en janvier 2014.

Dès le début, l'État et ses agences ont présumé que les trois anciens employés de la MMA étaient coupables jusqu'à preuve du contraire et ont cherché à détourner l'attention de la population de la discussion importante à mener pour rechercher la vérité. L'escouade tactique de la police a arrêté violemment Thomas Harding pour l'amener en cour, le projetant au sol et le menottant devant sa famille. Les trois accusés ont été amenés en cour menottes au poing comme s'ils étaient des criminels violents, ce qui a ajouté à leur humiliation et sapé encore plus la présomption d'innocence.

Depuis qu'ils ont été mis en accusation en mai 2014, les trois hommes ont vécu un véritable cauchemar. Cette accusation va demeurer comme un exemple parmi les plus fragrants de criminalisation de travailleurs pour masquer la véritable négligence criminelle et l'objectif économique qui mènent à des tragédies comme celle de Lac-Mégantic qui a détruit son centre-ville et fait 47 morts. Cette criminalisation bloque l'effort des travailleurs et du peuple pour bâtir une opinion publique et faire en sorte que de telles tragédies ne se reproduisent jamais plus.

Pour convaincre le jury et d'autres personnes que c'est la négligence criminelle de ces trois employés qui est la cause de la tragédie, la poursuite a ignoré le contexte dans lequel elle s'est produite lors de cette nuit fatidique. Avant le début du procès, le juge a refusé que soit déposé en preuve le rapport du Bureau de la sécurité des transports du Canada rendu public en août 2014. Le rapport pointait du doigt des questions de sécurité reliées aux pratiques de la MMA et aux politiques de Transport Canada pour la tragédie de Lac-Mégantic. En plus, toute discussion a été bannie sur les causes de l'incendie qui a éclaté à bord de la locomotive de tête deux heures avant que le train parte à la dérive et qui a joué un rôle déterminant dans la catastrophe selon les experts. Toute l'attention a été mise sur ce qui s'est produit immédiatement deux heures avant la tragédie, juste avant que le convoi de trains transportant du pétrole brut parte à la dérive sur une pente, sans personne à bord, et déraille, explose et prenne feu dans le centre-ville de Lac-Mégantic.

Ayant pris soin d'éliminer le contexte dans lequel les événements se sont déroulés et l'objectif économique derrière la tragédie, la poursuite a appelé à la barre des dizaines de témoins pour « corroborer » les accusations de négligence criminelle portées contre les trois employés. Les procureurs de l'État ont utilisé tout leur arsenal pour prouver que les trois accusés avaient causé la catastrophe en manifestant une « insouciance déréglée ou téméraire à l'égard de la vie ou de la sécurité d'autrui », comme le dit le Code criminel.

Si les accusés avaient été reconnus coupables de négligence criminelle ayant causé la mort des 47 personnes tuées dans la tragédie, ils auraient été passibles d'une peine d'emprisonnement à perpétuité. La preuve de la poursuite était cependant si faible et l'accusation si outrancière que les avocats de la défense ont jugé bon de ne pas appeler de témoins à la barre pendant le procès. Ils ont présenté des plaidoiries pour chacun des accusés, démontrant que l'accusation de négligence criminelle n'avait pas été prouvée et ne le serait jamais.

Le DPCP a aussi porté des accusations au criminel contre l'entreprise MMA, la société ferroviaire américaine qui avait la responsabilité du convoi et était l'employeur des trois accusés. Elle est censée comparaître en cour en avril, mais les procédures sont incertaines parce que la compagnie américaine a déclaré faillite en 2014 et ses actifs ont été liquidés. Le juge a d'ailleurs refusé que les accusations contre la MMA, qui sont de même nature et ont été portées en même temps que celles contre les employés, soient traitées simultanément. Pendant ce temps, l'ancien président de la MMA vit quelque part aux États-Unis en toute impunité et ne semble pas inquiet d'avoir à rendre des comptes.

Suite au procès et à l'acquittement des trois employés, la Cour du Québec a tenu une audience le 5 février sur les poursuites pénales intentées par le gouvernement fédéral en 2015 pour violation de la Loi sur la sécurité ferroviaire (LSF) et violation de la Loi sur les pêches du Canada. En vertu d'ententes hors cour prises à la fin de 2017, Thomas Harding, Jean Demaître et quatre dirigeants de MMAC (MMA Canada) ont plaidé coupable d'infraction à la LSF, parce que le test de résistance tel que prescrit par la loi pour s'assurer que les freins à main qui ont été appliqués sont suffisants pour immobiliser le convoi n'a pas été réalisé. Harding a été condamné à un emprisonnement avec sursis de 6 mois assorti de travaux communautaires et les autres ont été condamnés à une amende de 50 000 $. MMAC a été condamné à l'amende maximale prévue par la Loi sur les pêches du Canada, soit 1 000 000 $ pour le déversement de pétrole brut dans le lac Mégantic et la rivière Chaudière.

Ces procédures et ces accusations sont une tentative de masquer le rôle du gouvernement fédéral dans cette tragédie. Elles mettent en lumière l'hypocrisie et l'inaction socialement irresponsable du gouvernement fédéral et de ses institutions d'État qui ont la responsabilité ultime d'assurer le bien-être et la sécurité de la population. Dans ces procédures, le gouvernement traite les propriétaires de la compagnie, les dirigeants et les employés comme des entités égales alors que c'est la compagnie qui contrôlait les opérations et n'appliquait pas les mesures de sécurité de la loi et que le gouvernement fermait les yeux. La MMA était d'ailleurs connue pour sa pression constante sur les travailleurs pour prendre le moins de mesures de sécurité possible au nom de la maximisation du temps de route des trains et du contrôle des coûts.

La communauté de Lac-Mégantic et la population du Québec n'ont pas été dupes de cette accusation de négligence criminelle contre ces trois employés. Elles ont persisté à demander que la cause profonde de telles tragédies soit révélée et que les véritables coupables et leur objectif soient au banc des accusés. La lutte doit être menée sans relâche en cette ère d'irresponsabilité sociale de l'État et du diktat de l'objectif d'affaires selon lequel le profit d'argent supplante toute autre considération.

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Les gouvernements et les monopoles pétroliers doivent rendre des comptes pour leur
négligence criminelle

On a besoin d'une discussion publique franche sur la responsabilité des gouvernements et des monopoles pétroliers pour des tragédies comme celle de Lac-Mégantic. Le peuple se bat pour la justice et pour garantir la sécurité des communautés ferroviaires du Québec et du Canada dont la sécurité est en péril. Les gouvernements canadiens successifs ont déréglementé l'industrie ferroviaire depuis les années 1980 au nom de la compétitivité des monopoles ferroviaires entre eux et de leur compétitivité avec les monopoles des autres systèmes de transport. Cette déréglementation est un élément central qui a mené à la tragédie de Lac-Mégantic.

Par exemple, dans les années 1980-1990, le gouvernement fédéral a permis aux grandes sociétés ferroviaires de se débarrasser des lignes de chemin de fer qu'elles considéraient comme étant non profitables. Cela a mené à la prolifération de sociétés ferroviaires, en particulier américaines, qui se sont spécialisées dans l'achat et la revente de lignes de chemin fer. Ces compagnies réduisent dramatiquement la main-d'oeuvre, s'attaquent aux conditions de travail et aux salaires des travailleurs et concentrent tous leurs efforts à réduire la valeur qu'elles mettent dans le service ferroviaire. La MMA est une de ces compagnies dont la marque de commerce a été de ne pas entretenir adéquatement les voies ferrées.

En 1995, le gouvernement fédéral a privatisé le Canadien National, sans débat public, ce qui l'a mis dans les mains des grands intérêts privés, principalement américains, qui dictent la politique dans le seul but d'obtenir le plus haut taux de rendement possible sur leur investissement. Les attaques contre les luttes des travailleurs pour leurs droits et la réduction de leur nombre ont mené à la réduction continuelle du nombre des travailleurs au CN et à des mesures inconcevables auparavant comme l'affectation du personnel de bureau à la conduite des trains. Le gouvernement dit « se soucier » de la sécurité ferroviaire et la considérer comme une priorité, mais il considère ces mesures comme des « décisions privées » qui ne le concernent pas.

Toute l'industrie a été tournée en un univers secret de décisions privées qui ne concernent pas le gouvernement. Au début des années 2000, le gouvernement fédéral a introduit les Systèmes de gestion de la sécurité qui sont des systèmes secrets d'autoréglementation des sociétés ferroviaires en matière de sécurité (au nom de la protection de leur position concurrentielle). Cette politique a accru les problèmes de sécurité et renforcé la culture du secret qui est en contradiction ouverte avec l'intérêt public.

Toutes ces décisions et cette inaction socialement irresponsable des gouvernements sont des Mégantic en puissance qui ne demandaient qu'à arriver.

La tragédie de Mégantic et les autres tragédies qui n'ont pas fait de victimes simplement parce que les déraillements et les explosions se sont produits hors des régions habitées (parfois tout près) ont été causées par l'objectif et la course irresponsables des monopoles pétroliers pour le plus haut profit possible, peu importe les conséquences pour les communautés, les travailleurs et l'économie.

Dans le cas de Mégantic, l'augmentation significative de la production de pétrole par fracturation au Dakota du Nord a poussé Irving Oïl au Nouveau-Brunswick à demander que des quantités toujours plus grandes de pétrole à raffiner soient transportées dans les deux pays. Cela a mené à des augmentations énormes du nombre de convois et de la longueur des trains chargés de pétrole allant vers la côte est.

Toutes les parties impliquées dans la tragédie, qui ont vu la possibilité de profits immenses qui s'offrait à eux, étaient très au courant du type de pétrole qui était transporté et des dangers que cela comportait. À cause du processus de fracturation, le convoi transportait un mélange hautement explosif de pétrole et de solvants. L'étiquetage des wagons de train était faux. Le pétrole indiqué sur l'étiquette ne correspondait pas au contenu hautement explosif de ce qui était transporté. Non seulement les monopoles pétroliers savaient que le contenu était dangereux, mais ils savaient aussi que les wagons DOT 111 qui étaient utilisés étaient inadéquats. Malgré les risques connus rattachés au transport de ce pétrole de cette façon, ils ont poussé à fond la production et le transport pour satisfaire leur objectif de profit maximum sans aucune considération pour la sécurité des travailleurs et des communautés mises en péril. Cette négligence motivée par un objectif rétrograde est la source du problème. Elle doit être considérée comme une infraction criminelle.

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Des demandes importantes pour la responsabilisation et la sécurité de Lac-Mégantic et de toutes les communautés ferroviaires

L'acquittement récent des trois anciens employés de la défunte compagnie américaine Montreal Maine and Atlantic (MMA) accusés de négligence criminelle dans la catastrophe de Lac-Mégantic a ravivé les demandes de la communauté pour la prise de responsabilité et pour sa sécurité et celle de toutes les communautés traversées par des lignes de chemins de fer.

Elle demande entre autres la tenue d'une commission d'enquête publique indépendante pour faire la lumière sur cette tragédie afin d'éviter d'autres désastres du même genre à l'avenir.

« C'est la seule façon de faire le tour de tous les éléments qui ont mené à cette catastrophe-là. Ce n'est pas pour le plaisir, c'est dans le but d'en prévenir d'autres ailleurs au Canada », a dit Robert Bellefleur, porte-parole de la Coalition des citoyens et des organismes engagés pour la sécurité ferroviaire de Lac-Mégantic. Il a ajouté qu'une commission d'enquête va permettre d'identifier les dangers et d'ajuster la réglementation en conséquence. « Il faut absolument faire une enquête plus vaste pour redonner à Transport Canada son vrai rôle de chien de garde de la sécurité ferroviaire au Canada », a-t-il dit.

En mai 2015, le conseil municipal de la Ville de Lac-Mégantic a adopté une résolution demandant au gouvernement du Canada la tenue d'une commission d'enquête publique indépendante sur la tragédie de Lac-Mégantic. Le gouvernement fédéral de Stephen Harper avait écarté cette demande du revers de la main et les résidents demandent maintenant au gouvernement Trudeau de l'appuyer et de faciliter sa mise en oeuvre.

Les gens de Mégantic mettent aussi de l'avant des demandes pour pouvoir vivre en sécurité et connaître enfin la tranquillité d'esprit après avoir vécu un tel traumatisme. Ils demandent la construction d'une voie de contournement du chemin de fer qui passe présentement par le centre-ville de Mégantic. Des ententes sont en train d'être finalisées avec les municipalités avoisinantes sur un tracé pour cette voie. Ils demandent aussi des mesures de sécurité immédiates. Par exemple, lorsqu'on a reconstruit la voie ferrée, on l'a fait avec une courbe encore plus prononcée que la courbe initiale où le train parti à la dérive avait déraillé en 2013. En plus, Transports Canada autorise encore la Central Maine & Quebec Railway (CMQR), qui a acquis les actifs de la défunte MMA, à stationner et à trier ses convois transportant des matières dangereuses sur la même pente et au même endroit à Nantes d'où est parti le train à la dérive. Ces convois sont laissés sans surveillance pendant de longues périodes de temps. La demande que la courbe soit modifiée pour qu'elle soit moins prononcée et qu'on cesse ce stationnement de convois sur la pente principale jouit d'un vaste appui parmi la population. Les gens de Mégantic demandent aussi que l'entretien de la voie ferrée soit amélioré et que des réparations soient faites en divers endroits où ils ont identifié des problèmes.

Pour le bien des communautés au pays qui sont traversés par des lignes de chemin de fer, il faut aussi que des mesures soient prises pour faire en sorte que toutes les parties ayant causé ce désastre rendent des comptes de leurs actions. Il faut mettre en place une réglementation qui requiert que toute l'information soit fournie à tous, y compris aux travailleurs et aux communautés ferroviaires, bien avant que des produits dangereux soient transportés dans les environs où ils vivent. Il faut rejeter avec tout le mépris qu'elle mérite la conception antisociale qui dit que la sécurité ferroviaire est l'affaire privée des entreprises ferroviaires parce qu'elle est un « coût » pour elles qui affecte leur profit et que toute cette question doit être entourée de secret afin de préserver la position concurrentielle des sociétés ferroviaires et des monopoles pétroliers et d'autres secteurs. Il doit y avoir une divulgation complète de l'information pour que les gens soient conscients des activités qui se font et des dangers encourus et qu'ils puissent tirer les conclusions appropriées.

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Des élections le 22 avril au Venezuela

Le Canada poursuit son ingérence grossière dans les affaires internes du Venezuela

Le 13 février, les pays qui forment le groupe autoproclamé de Lima, dont le Canada fait partie, se sont réunis à Lima, au Pérou, et ont émis leur cinquième déclaration en sept mois dans laquelle ils attaquent le gouvernement bolivarien du Venezuela, qualifiant son processus électoral et ses institutions d'illégitimes. À l'instigation des États-Unis, le Canada a joué un rôle dirigeant dans la formation du soi-disant groupe de Lima. Son but est d'isoler le Venezuela et d'imposer un changement de régime.

Cette réunion a été convoquée au moment où l'appel a été lancé au Venezuela à des élections présidentielles qui doivent se tenir le 22 avril. Le président actuel, Nicolas Maduro, a été acclamé à l'unanimité candidat du PSUV et sa candidature est appuyée, entre autres, par le nouveau parti politique, le Mouvement Nous sommes le Venezuela (Somos Venezuela) qui est récemment devenu un parti enregistré. D'autres alliés traditionnels qui avec le PSUV forment le Grand Pôle patriotique organisent eux-mêmes des assemblées et des conférences pour décider s'ils vont mettre de l'avant leurs propres candidats ou donner leur plein appui à Nicholas Maduro pour éviter de diviser les forces populaires. La plupart des partis d'opposition n'ont pas encore annoncé officiellement leurs intentions malgré que certains ont déjà indiqué qu'ils ne participeraient pas aux élections. Les dates des mises en candidature officielles sont le 26 et le 27 février. L'inscription des électeurs a lieu présentement au Venezuela et dans les missions diplomatiques du pays à l'étranger.

Comme toutes les autres, cette réunion du groupe de Lima constitue une ingérence flagrante dans les affaires internes du Venezuela. Les 14 signataires de la nouvelle déclaration disent « rejeter vivement » la tenue d'une élection présidentielle à la date annoncée. Ils dressent une liste de conditions qui doivent être respectées, selon eux, sans quoi les élections n'auront pas de légitimité ou de crédibilité.

Le Canada poursuit ses activités hostiles

La ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, a convoqué sa propre conférence de presse et a émis sa propre déclaration pour exprimer l'appui du Canada à l'annonce par le président du Pérou que Nicolas Maduro ne sera pas le bienvenu au prochain Sommet des Amériques à Lima, au Pérou, et pour réitérer « l'approbation totale » du Canada de la plus récente déclaration du « groupe de Lima ». Elle prétend entre autres que la période de préavis pour l'élection est trop brève. Elle dit cela bien qu'au Canada, ce soi-disant paradigme de la démocratie, un parti au pouvoir a la prérogative d'appeler une élection lorsque cela désavantage l'opposition, en plus d'utiliser sa position privilégiée pour acheter des votes en offrant de façon intéressée toutes sortes de cadeaux électoraux en subsides fédéraux. Une campagne électorale d'un mois à six semaines n'est pas perçue comme étant anormale. Même les élections à date fixe, qui ont été adoptées à cause de l'opposition au fait que les élections sont devenues si intéressées, sont utilisées de manière antidémocratique. La protestation pharisaïque de Chrystia Freeland et d'autres membres du « groupe Lima » qui se sont donné le droit de contrôler la démocratie du Venezuela ne fait que révéler leur propre hypocrisie. Les mêmes forces au Canada et aux États-Unis qui font tout un tollé à propos de « l'ingérence russe » dans leurs élections - ne serait-ce que pour justifier qu'ils foulent aux pieds la liberté de conscience et d'expression - s'immiscent ouvertement dans les élections vénézuéliennes, invoquant de grands idéaux démocratiques et les droits humains.

Le Canada doit clarifier quelque chose : qui l'a nommé, lui et treize autres pays qui composent le « groupe de Lima », gardiens de la démocratie au Venezuela ?[1] En vertu de quelle autorité ces pays changent-ils les règles qui régissent le droit international établi après la Deuxième Guerre mondiale ? Ce droit international, auquel préside la Charte des Nations unies, condamne l'ingérence étrangère dans les affaires internes d'un pays souverain.

La position du gouvernement du Canada et d'autres membres du soi-disant groupe de Lima, qui est orchestrée en arrière-scène par les États-Unis, n'a absolument rien à voir avec la démocratie ou la défense de la primauté du droit comme ils le prétendent. Dans son discours à l'Université du Texas avant d'entreprendre sa tournée de cinq pays de l'Amérique latine et des Caraïbes, Rex Tillerson a ouvertement incité l'armée vénézuélienne à organiser un coup d'État et à déposer le président Maduro. Un appel similaire a été lancé par le sénateur américain Marco Rubio. Ils se sont faits fermement réprimander par le ministre vénézuélien de la Défense, Vladimir Padrino López et par des membres du Haut commandement des Forces armées nationales bolivariennes. Dans une déclaration lue par le ministre de la Défense, il est dit : « Les Forces armées nationales bolivariennes rejettent avec vigueur ces déclarations déplorables qui sont un acte vil d'ingérence et affirment fermement leur allégeance absolue à la constitution et aux lois du pays. » Il est aussi dit : « Nous ne vivrons jamais plus sous la botte des dictateurs formés à l'École des Amériques ou de l'infâme stratégie d'endiguement ou du criminel Plan Condor qui ont causé tant de misère et d'oppression aux peuples de la région. »

D'autres actions hostiles se préparent

Jusqu'ici, les États - Unis n'ont pas été en mesure d'intimider et de soudoyer suffisamment de membres de l' Organisation des États américains (OÉA) pour obtenir un mandat pour prendre des mesures punitives contre le Venezuela. Cela les a forcés à constituer le groupe illégitime de Lima. Ceci est en grande partie dû au fait que les États membres de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) se sont regroupés pour appuyer le principe de non-intervention dans les affaires des nations souveraines. Un des objectifs de la récente visite du secrétaire d'État américain Rex Tillerson en Jamaïque, qui assume actuellement la présidence de CARICOM, était de tenter de briser cette unité au cas où un autre vote serait envisagé à l'OÉA pour obtenir un mandat institutionnel d'action punitive contre le Venezuela. Il a également offert des « options » aux pays qui importent actuellement du pétrole à des taux substantiellement réduits grâce à l'initiative Petrocaribe du Venezuela qui soutient le développement des pays des Caraïbes au moyen de l'intégration régionale. Ces initiatives font partie de l'internationalisme vénézuélien qui a aidé les pays frères de la région à affirmer leurs droits souverains et à contrer les plans américains d'utiliser leur contrôle du pétrole et d'autres carburants pour dicter ce que les pays peuvent ou ne peuvent pas faire et avec qui ils peuvent entretenir des relations.

Selon un rapport publié par Mision Verdad, le voyage de Tillerson au Mexique, en Argentine, au Pérou, en Colombie et en Jamaïque était axé en grande partie sur la construction d'une coalition multilatérale pour élargir le soutien au blocus américain contre leVenezuela. Tillerson a déclaré ceci lors d'une conférence de presse avec le premier ministre jamaïcain Andrew Michael Holness : « Nous avons eu une discussion en profondeur sur les moyens de promouvoir une indépendance énergétique accrue, non seulement pour la Jamaïque mais pour les Caraïbes. Nous sommes prêts à aider la Jamaïque et les autres partenaires des Caraïbes pour explorer et développer les ressources dont ils disposent et aussi pour partager l'abondance de ressources dont jouit l'Amérique du Nord. » Cela fait référence à l'Initiative de sécurité énergétique promue par les États-Unis pour éliminer l'influence de Petrocaribe.

Alors que Tillerson était en tournée pour obtenir plus de sanctions et un embargo pétrolier contre le Venezuela, le vice-président vénézuélien Jorge Arreaza a entrepris une Tournée de la dignité qui l'a amené dans de nombreux pays des Caraïbes et d'Amérique latine où il a été accueilli chaleureusement. Selon les reportages, cette tournée vise à promouvoir l'intégration régionale, à discuter des défis auxquels sont confrontés les gouvernements et les habitants de la région et à renforcer les liens de solidarité face aux « attaques interventionnistes des États-Unis et de leurs alliés ».

Une autre arme prête à être utilisée contre le gouvernement bolivarien est la Cour pénale internationale (CPI). Son procureur en chef a annoncé que le tribunal ouvrirait une « enquête préliminaire » sur les abus de la police depuis avril 2017 au Venezuela, dans le contexte des manifestations et de l'agitation politique connexe. Ceci en dépit du fait que des arrestations ont été effectuées au Venezuela et que des poursuites judiciaires sont en cours contre les personnes accusées de tels abus. Selon les règles qui ont établi la CPI, cela élimine la nécessité pour le tribunal d'intervenir.

Les mesures prises par la CPI semblent être liées aux efforts du secrétaire général de l'OÉA, Luis Almagro, et d'autres ennemis jurés du gouvernement bolivarien pour que des fonctionnaires vénézuéliens soient inculpés de crimes contre l'humanité. Cela correspond à la tendance observée au Brésil et ailleurs de déploiement des pouvoirs de police qui ont usurpé le rôle des législatures et des tribunaux, pour renverser les forces qui prennent des positions prosociales.

La « démocratie » que les accusateurs du gouvernement vénézuélien veulent restaurer est celle de la répression et de l'appauvrissement du peuple, et le « droit international » qu'ils veulent imposer est un système où les monopoles étrangers sont libres de piller les vastes ressources du pays pour s'enrichir au détriment du peuple. Le peuple vénézuélien mérite le plein appui internationaliste de la communauté internationale pour ses efforts visant à préserver et faire progresser l'habilitation politique et les progrès réalisés grâce à sa révolution bolivarienne.

Note

1. Le « groupe de Lima » comprend l'Argentine, le Brésil, le Canada, le Chili, la Colombie, le Costa Rica, le Guatemala, la Guyane, le Honduras, le Mexique, le Panama, le Paraguay, le Pérou et Sainte-Lucie. Selon Affaires mondiales Canada, « Le Groupe de Lima a été créé le 8 août 2017 pour coordonner les efforts des pays participants et exercer une pression internationale sur le Venezuela...jusqu'au rétablissement plein et entier de la démocratie au pays ».

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La nation coréenne en quête de paix et de réunification

De PyeongChang à une paix durable

Le moment le plus émouvant des premières journées des Jeux olympiques d'hiver de PyeongChang a sans doute été lorsque Kim Yong-nam, le président du Présidium de l'Assemblée populaire suprême de la Corée du nord, a discrètement essuyé ses larmes pendant que les chanteuses de la Corée du nord et du sud chantaient à l'unisson lors d'un concert célébrant les jeux d'hiver. La vedette k-pop de la Corée du sud SeoHyun a tenu la main des chanteuses nord-coréennes tandis que se déroulaient à l'arrière-plan des images de familles du sud et du nord réunies et en larmes dans le numéro final de la prestation historique de l'orchestre nord-coréen Samjiyeon le 11 février à Séoul. Le concert s'est terminé sur une chanson qui disait : « Porte-toi bien, retrouvons-nous bientôt. Bon voyage de retour, retrouvons-nous bientôt », alors que les chanteuses saluaient la foule de la main et que les spectateurs leur rendaient leur salut et que Kim pleurait silencieusement.


Kim Yong Nam (à gauche), président du présidium de l'Assemblée populaire suprême de la RPDC, regarde le numéro final du concert de l'Orchestre de Samjiyon. À ses côtés (de gauche à droite): Kim Yo Jong, première vice-directrice du Comité central du Parti des travailleurs de Corée de la RPDC, le président sud-coréen Moon Jae In et la première dame Kim Jung Sook.

L'art peut parfois proposer des réponses là où la logique stérile des conseillers politiques n'en fournit pas. Tous ceux qui ont véritablement ressenti, ne serait-ce qu'un instant, la douleur de cette division nationale artificielle vieille de soixante-dix ans ont sans doute été profondément émus par l'une des rares manifestations d'émotion de la part de l'homme politique nord-coréen de quatre-vingt-dix ans. L'effervescence produite par cette brève réunion intercoréenne, suivie de la douleur et du chagrin de ne pas savoir si les deux Corées vont se rencontrer de nouveau, sont des sentiments partagés par les Coréens des deux côtés de la ligne de démarcation. Et c'est là que réside peut-être la réponse à ce conflit interminable qui semble impossible à résoudre sur la péninsule coréenne : que le désir partagé de réunification réussira ultimement à l'emporter sur les menaces et les pressions énormes de frappes de «nez sanglant».

Les perspectives d'un sommet nord-sud

Kim Yong-nam, accompagné Kim Yo-jong, la première vice-directrice du Comité central du Parti des travailleurs de Corée et soeur du dirigeant nord-coréen Kim Jong-un, était assis à côté de la Première dame et du président sud-coréen Moon Jae-in pendant le concert. Kim Yong-nam se serait tourné vers le président Moon et aurait dit : « Puisque nous avons créé des opportunités d'échange d'idées et de réunions fréquentes dans l'avenir, je nourris l'espoir que nous allons nous revoir à nouveau. » Et le président Moon aurait répondu : « Entretenons l'étincelle née de notre rencontre ». 


La chanteuse k-pop de la République de Corée SeoHyun (deuxième à partir de la droite) se joint aux chanteuses de l'Orchestre Samjiyon.

La veille, la délégation de haut niveau de la Corée du nord avait rencontré le président Moon à la Maison-Bleue et avait livré une lettre personnelle du dirigeant nord-coréen Kim Jong-un dans laquelle celui-ci propose un sommet intercoréen dans un avenir rapproché. Si ce sommet a lieu, ce sera le troisième sommet intercoréen suite aux rencontres historiques entre les anciens dirigeants Kim Dae-jung et Kim Jong-il en 2000 et Roh Moo-hyun et Kim Jong-il en 2007. On peut aussi présumer qu'aussi longtemps que le nord et le sud se parlent et continuent d'améliorer leurs relations, le nord ne poursuivra pas les essais de ses armes nucléaires et de ses missiles balistiques. Un sommet nord-sud pourrait préparer le terrain à des pourparlers de paix entre les États-Unis et la Corée du nord.

Ces événements ne sont pas sans précédent. En 2000, le président sud-coréen d'alors Kim Dae-jung s'était rendu à Pyongyang où il avait rencontré le chef d'État de la Corée du nord. Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-il avait personnellement accueilli Kim Dae-jung à l'aéroport et, après trois jours de réunions, ils avaient produit la Déclaration conjointe nord-sud du 15 juin, qui avait établi les principes communs d'une réunification pacifique. Le sommet avait été suivi d'une série de sessions de travail nord-sud ministérielles et militaires et de réunions de familles séparées à Pyongyang et à Séoul en août 2000. Le président sud-coréen Kim Dae-jung avait été honoré du prix Nobel de la Paix pour son rôle au sommet.

Suite à ce sommet historique, les États-Unis ont allégé leurs sanctions contre la Corée du nord, qui avait répondu en s'engageant à ne pas poursuivre l'essai en vol de ses missiles à longue portée. Seulement quatre mois après le sommet intercoréen, en octobre 2000, le vice-maréchal de la Corée du nord Jo Myong-rok s'est rendu à Washington où il a rencontré le président d'alors Bill Clinton. Ensemble ils ont signé le Communiqué conjoint États-Unis-RPDC dans lequel on affirmait qu'à la lumière des « nouvelles circonstances sur la péninsule coréenne engendrées par le sommet historique intercoréen », les deux parties s'engageaient « à laisser tomber la méfiance et à forger une confiance réciproque » basée sur les principes du « respect pour la souveraineté et la non-ingérence dans les affaires internes de chacun ». La secrétaire d'État Madeleine Albright s'était ensuite rendue à Pyongyang pour la préparation d'un sommet entre Kim Jong-il et le président d'alors, Bill Clinton. Comme ces événements ont eu lieu dans les derniers jours du mandat de Clinton, celui-ci n'a malheureusement pas eu le temps de concrétiser les résultats du sommet. Aussitôt qu'il est entré en fonction, George Bush Jr a rapidement mis fin aux efforts de rapprochement en mettant fin à toutes les ententes avec la Corée du nord.

Près de deux décennies se sont écoulées et voilà à nouveau une rare ouverture à la paix. Si le nord et le sud pouvaient continuer sur leur lancée de bonne volonté de PyeongChang, ils pourraient une fois de plus réunir des familles séparées et reprendre leur coopération économique transfrontalière. Ils pourraient aussi créer les conditions pour la détente et des pourparlers entre les États-Unis et la Corée du nord. Le principal obstacle cependant, comme nous l'avons vu à PyeongChang, est l'administration têtue de Trump qui refuse d'abandonner sa voie belliciste.

Comportement disgracieux aux Olympiques

Avant de se rendre à PyeongChang, le vice-président des États-Unis Mike Pence a rencontré le premier ministre japonais Abe à Tokyo le 7 février. Il a annoncé qu'il « allait dévoiler la ronde la plus draconienne et la plus agressive de sanctions économiques jamais vues contre la Corée du nord ». Comme un guerrier solitaire, Pence a ensuite visité le 2e Commandement de la flotte de la marine sud-coréenne à Pyeongtaek où il a rencontré des transfuges nord-coréens. Puis il a soulevé l'ire internationale lorsque, la mine assombrie, il est resté assis et a refusé d'applaudir lorsque l'équipe unifiée de la Corée a été présentée lors de la cérémonie d'ouverture des jeux. Et ça ne s'arrête pas là. Après être arrivé quinze minutes en retard à la réception pour les dirigeants mondiaux présidée par le président Moon, Pence s'est fait un point d'honneur de serrer la main de tous les participants à l'exception de Kim Yong-nam. Puis il a décidé qu'il ne participerait pas à la réception pour ne pas avoir à s'asseoir face au représentant nord-coréen.

Comme Pence, le premier ministre japonais Abe a aussi tenté de gâcher la fête sud-coréenne. Il a créé tout un émoi lorsqu'il a ordonné l'inspection des stationnements souterrains autour du stade olympique de PyeongChang sous prétexte de pouvoir évacuer les touristes japonais dans l'éventualité d'une attaque par missile nord-coréenne pendant les jeux d'hiver. Lors d'une réunion avec Moon le 9 février, il a insisté pour que la Corée du sud poursuive son exercice militaire conjoint Key Resolve Foal Eagle avec les États-Unis une fois les jeux terminés. Il a aussi exigé de la Corée du sud qu'elle respecte l'entente bilatérale « finale et irréversible » sur la question des femmes de réconfort et retire les monuments de femmes de réconfort qui ont été érigés dans plusieurs pays, dont les États-Unis, l'Australie et l'Allemagne. Moon lui a répondu que le Japon ne devrait pas se mêler de la « souveraineté et des affaires internes » de la Corée du sud et qu'il devrait plutôt réfléchir aux enjeux laissés par l'histoire. Cet échange épineux était sans doute présent dans les pensées de Moon alors qu'il écoutait Hyung Song-wol, le dirigeant de l'orchestre nord-coréen Samjiyon, qui lors de la dernière pièce du concert final du 11 février a changé les paroles d'une chanson nord-coréenne pour dire « Dokdo aussi est mon pays » ( il s'agit des îles contestées Dokdo/Takeshima par la Corée et le Japon dans la mer de l'Est ).

Les exercices militaires dirigés par les États-Unis :
le plus grand obstacle à la paix

Les États-Unis et le Japon mènent en ce moment des exercices militaires conjoints même pendant la tenue des Jeux olympiques d'hiver. Le ravitailleur héli-plateforme USS Rushmore, avec des éléments de la 11e unité marine expéditionnaire des États-Unis et la Force terrestre d'autodéfense du Japon (SDF) ont conclu des exercices d'atterrissage amphibien de cinq jours près des côtes sud de la Californie le 7 février. L'exercice annuel Cope North, qui comprend plus de 100 aéronefs et 2 850 membres des Forces aériennes des États-Unis, du Marine Corps et de la marine, ainsi que la Force d'autodéfense aérienne du Japon et la Force aérienne royale de l'Australie, a débuté le 14 février et se tiendra à Guam et au Commonwealth des îles nordiques de Mariana jusqu'au 2 mars. La Force d'autodéfense maritime du Japon et la marine américaine tiendront un exercice de défense antimissile conjoint de simulation par ordinateur de quatre jours sur des destroyers Aegis dès le 16 février.

Key Resolve Foal Eagle, les exercices de guerre conjoints des États-Unis et de la République de Corée qui ont lieu chaque printemps ont été retardés en raison des Jeux olympiques mais doivent se poursuivre en avril. Ulchi Freedom Guardian, un autre exercice militaire conjoint massif est fixé en août. Ces exercices sont des jeux de guerre offensifs. L'an dernier, Foal Eagle a mobilisé 300 000 soldats sud-coréens et 15 000 soldats américains, y compris le notoire SEAL Team six, l'unité qui a assassiné Osama Bin Laden. Des bombardiers nucléaires B-1B et B-52, des chasseurs furtifs F22 et F35 ainsi qu'un porte-avions et un sous-marin nucléaire ont aussi pris part aux exercices. Ces exercices sont des répétitions pour OPLAN 5015, un plan de guerre qui comprend des forces spéciales d'assassinat, du personnel à mobiliser dans l'éventualité de l'effondrement du régime nord-coréen, des frappes préventives, et le plan appelé Représailles et Punitions massives de la Corée (KMPR), un plan de combat composé de frappes chirurgicales contre les personnalités clés du leadership nord-coréen et l'infrastructure militaire.

Les exercices militaires qui se tiendront représentent le plus gros obstacle aux efforts de paix et de réconciliation nord-sud en ce moment. S'ils se poursuivent comme prévu, la Corée du nord répliquera très certainement en poursuivant ses essais nucléaires et/ou de missiles balistiques. En d'autres mots, aller de l'avant avec les exercices de guerre conjoints mènera inévitablement au sabordage du processus de détente qui a commencé entre le nord et le sud grâce à leur coopération olympique.

Un sommet nord-sud qui pourrait mener à des pourparlers entre les États-Unis et la Corée du nord est notre seul espoir de paix sur la péninsule coréenne. Il est donc essentiel que ceux qui désirent une paix réelle en Corée demandent d'une seule voix que la Maison-Blanche et le Pentagone mettent fin à leurs exercices militaires conjoints provocateurs et qu'ils appuient l'initiative coréenne de dialogue. C'est à nous de nourrir la graine semée à PyeongChang pour qu'elle prenne racine et que germe une paix durable.

Hyun Lee est le rédacteur en chef de Zoom in Korea.

(Zoom in Korea, le 16 février 2018. Traduit de l'anglais par LML.)

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La proposition de la RPDC pour clarifier la base juridique des « résolutions relatives aux sanctions »

La mission permanente de la RPDC à l'ONU a publié le 12 février 2018 un communiqué pour donner suite à sa proposition de janvier 2017 faite au Secrétariat de l'ONU d'organiser un forum international d'experts juridiques pour clarifier la base juridique des « résolutions relatives aux sanctions » adoptées contre la RPDC. La proposition de janvier 2017 était une réponse aux « résolutions » illégales successives fabriquées l'une à la suite de l'autre par les États-Unis qui ont imposé leur mise en oeuvre en abusant de l'autorité du Conseil de sécurité, au mépris des lois et normes internationales reconnues. Ces points ont été réitérés dans le communiqué de presse du 12 février :

Il est bien connu que l'illégalité criminelle et l'inhumanité de toutes les « résolutions relatives aux sanctions », qui ont été incitées et fabriquées et imposées à la RPDC par un conseil de sécurité usurpé par les États-Unis et leurs partisans au nom de « prévenir le développement nucléaire », sont révélées par leurs efforts de violer outrageusement les droits légitimes d'un État souverain et le droit international officiellement reconnu, ainsi que d'éliminer le droit d'exister et de développement, et les droits fondamentaux de notre peuple.

En outre, les « résolutions relatives aux sanctions » élargies et renforcées contre la RPDC pour imposer un blocus sont fermement condamnées par la communauté internationale comme étant un comportement inhumain et non civilisé qui ramène notre société à l'âge des ténèbres, en niant totalement à notre peuple le droit d'exister et de se développer et en détruisant une culture civilisée tout entière.

Les « résolutions relatives aux sanctions », concoctées par le Conseil de sécurité d'une manière des plus méprisables et hostiles, montrent leur caractère criminel et leur but offensif en tentant d'étouffer tous les aspects de la vie, notamment notre économie nationale, les moyens de subsistance du peuple, la santé publique, le sport et l'aide humanitaire.

Cela prouve clairement que le Conseil de sécurité de l'ONU, dominé par l'autoritarisme et l'arbitraire des États-Unis, a été transformé en un outil d'atteinte au droit du peuple et de la barbarie du terrorisme d'État en fabriquant ces « résolutions relatives aux sanctions » illégales qui entravent et menacent l'exercice des droits humains de notre peuple.

Dans le communiqué, il est demandé au Secrétariat de l'ONU de clarifier ce qui est fait pour tenir ce forum international d'experts juridiques. Il est souligné :

Dans cette proposition, nous avons indiqué que le forum international des juristes, avec la participation de tous les juristes gouvernementaux et non gouvernementaux et des organisations juridiques internationales, serait l'endroit approprié pour clarifier la légalité des « résolutions relatives aux sanctions » du Conseil de sécurité.

En outre, nous avons soumis nos questions détaillées qui devraient être débattues et inscrites à l'ordre du jour du forum, à savoir :

a) Les « résolutions relatives aux sanctions » du Conseil de sécurité qui interdisent les lancements de satellites de la RPDC sont-elles conformes au droit international, qui stipule clairement que l'utilisation pacifique de l'espace est un droit souverain inaliénable des États ?

b) Les « résolutions relatives aux sanctions » du Conseil de sécurité qui interdisent les essais nucléaires de la RPDC ont-elles une validité juridique dans la situation où le droit international sur une interdiction totale des essais nucléaires n'est pas encore en vigueur ?

c) Les membres permanents du Conseil de sécurité qui empêchent l'entrée en vigueur du droit international sur une interdiction totale des essais nucléaires ont-ils une justification morale pour interdire les essais nucléaires d'autres pays ?

d) Le Conseil de sécurité a condamné les essais nucléaires et les lancements par satellite de la RPDC uniquement comme « menaces à la paix et à la sécurité internationales » et a imposé des sanctions sans s'élever contre les essais et les lancements par d'autres pays. Ces deux poids, deux mesures du Conseil de sécurité est-il conforme aux articles 2 et 51 de la Charte des Nations unies, qui reconnaissent les principes de l'égalité souveraine et du droit à la légitime défense des pays ?

La mission permanente de la RPDC à l'ONU dénonce les lenteurs du Secrétariat de l'ONU. Elle souligne :

Au cours de la dernière année, la mission permanente de la RPDC à l'ONU a demandé constamment au Secrétariat de l'ONU la tenue au plus tôt de ce forum international d'experts juridiques, lors de réunions avec le Secrétaire général, le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques et Secrétaire général adjoint aux affaires juridiques, respectivement, et dans cinq lettres que le représentant permanent de la RPDC a adressées au Secrétaire général, dans quatre communiqués ainsi que lors de cinq conférences de presse et entretiens de la mission permanente.

Toutefois, le Secrétariat de l'ONU repousse toujours notre exigence justifiée d'organiser un forum international d'experts juridiques en utilisant le faux-fuyant périmé qu'en vertu de l'article 39 de la Charte des Nations unies, il appartient au Conseil de sécurité de déterminer si oui ou non une action ou un ensemble particulier d'actions ou une situation ou un différend particulier constitue une menace contre la paix, une rupture de paix ou un acte d'agression. Il appartient donc au Conseil de sécurité de décider des recommandations à prendre ou des mesures à prendre pour maintenir ou rétablir la paix et la sécurité internationales.

Le Secrétariat de l'ONU devrait apprécier et écouter attentivement les voix de nombreux experts juridiques et juristes de nombreux pays qui soutiennent notre proposition de forum international et insistent sur le fait que le Conseil de sécurité n'a aucune justification légale ou morale pour condamner les essais nucléaires ou les lancements de missiles intercontinentaux et de satellites comme étant des violations du droit international.

En terminant, la mission permanente de la RPDC à l'ONU « demande une fois de plus que le Secrétariat des Nations unies réponde immédiatement de manière positive à notre proposition d'organiser un forum international d'experts juridiques, conformément à la mission de la Charte des Nations unies. »

(Les extraits du communiqué sont traduits par LML.)

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Cuba

Vers le prochain Congrès de la Centrale des travailleurs cubains


La plénière de la Centrale des travailleurs cubains le 28 janvier 2018 convoque le 21e Congrès national.

La préparation d'un nouveau congrès de la Centrale des travailleurs de Cuba (CTC) déterminera les grandes lignes du travail syndical à déployer en 2018, ce qui implique une vaste démarche de discussions d'assemblées dans les centres de travail pour recueillir les opinions, les recommandations et les idées, qui seront examinées lors de cet important événement, a déclaré Ulises Guilarte de Nacimiento, secrétaire général de l'organisation ouvrière et membre du Bureau politique du Parti communiste de Cuba, devant la presse nationale.

L'appel au 21e Congrès a été lancé le 28 janvier, coïncidant avec le 79e anniversaire de la CTC et du 165e anniversaire de la naissance du héros national cubain José Martí.

Au cours des douze prochains mois, les sections syndicales au niveau de base entreprendront un processus organique de discussions, de conclusion d'accords, de conception de nouvelles stratégies et d'élection de dirigeants, qui s'achèvera par les dernières séances du Congrès, prévu pour la deuxième semaine de janvier 2019 à l'occasion du 80e anniversaire de la CTC.

Ces réunions de base aborderont des questions liées à l'emploi, aux salaires, à l'amélioration des conditions de travail, à la santé et à la sécurité au travail et au respect des droits du travail, en tenant compte du rôle du syndicat en tant que garant de la justice et de la transparence dans le processus de réorganisation du travail à Cuba.

Elles s'accompagneront de discussions sur les changements à opérer au sein du mouvement syndical et la volonté de transformer les méthodes et le style de travail appliqués par l'organisation.

Le secrétaire général de la CTC a également précisé que le Congrès des travailleurs cubains se devra de rechercher un leadership supérieur et une plus grande reconnaissance du travail syndical au sein des collectifs ouvriers.

« Notre congrès procèdera à un examen approfondi, analytique et prospectif de la question économique, la principale bataille menée actuellement dans le pays pour atteindre des taux de croissance plus élevés du Produit intérieur brut », a déclaré Guilarte de Nacimiento.

Ces sujets seront également discutés par les participants aux conférences nationales des syndicats de la culture, du tourisme, de la protection civile et du sucre, qui se réuniront également en 2018.

Tous ces événements syndicaux focaliseront leurs débats sur l'adoption de stratégies dans le cadre d'un scénario de travail marqué par la recomposition de l'emploi, qui a évolué vers une forme de gestion non étatique, exercée par 29 % de la population active du pays.

« Aujourd'hui, nous assistons à un changement qualitatif dans la composition de notre scénario du travail, car des lignes directrices ont été établies dans le cadre réglementaire. À l'heure actuelle, les normes juridiques du travail non étatique sont en cours de perfectionnement, et les recommandations en matière d'amélioration du système des entreprises, à savoir des entreprises d'État socialistes, viennent d'être publiées au Journal officiel de la République », a souligné le Secrétaire général de la CTC.

Ulises Guilarte de Nacimiento a également rappelé que les tensions économiques persisteront aux plans financier et matériel, de sorte qu'il nous faudra exploiter toutes les réserves d'efficacité, notamment dans le domaine de l'épargne, de la diminution des importations et de la génération de lignes exportables.

Il a insisté sur la nécessité d'éviter le gaspillage de carburant, d'électricité, d'eau et de gaz.

Le secrétaire général de la CTC a mis en exergue l'unité, la discipline et la solidarité dont ont fait preuve les travailleurs dans les efforts de reconstruction et de réhabilitation à la suite du passage dévastateur de l'ouragan Irma.

« Grâce à nos propres efforts, nous avons pu remettre en service les infrastructures touristiques du pays, notamment dans les cayos du Nord, en seulement 62 jours. En 20 jours seulement, les réseaux électriques pour la production et l'approvisionnement en énergie étaient prêts. Sous la direction des conseils provinciaux et municipaux de défense, les travailleurs des communications, de l'électricité, de la construction et de l'industrie alimentaire ont été mobilisés et ont travaillé sans interruption pour assurer les services de base », a-t-il ajouté.

C'est pour cette raison que les syndicats ont porté leur choix sur environ 500 groupes de travailleurs et 2 500 travailleurs individuels, qui recevront une reconnaissance pour leur travail méritoire. En janvier, ils seront honorés du titre de Héros du travail de la République de Cuba, de la Médaille Lazaro Peña, première, deuxième et troisième classe, et d'autres reconnaissances. Des centres de travail exceptionnels se sont vus décerner le drapeau Exploit du travail, des distinctions et des certificats Prouesse du travail, a-t-il affirmé.

À tous, le dirigeant syndical a adressé ses félicitations : « En ce nouvel anniversaire du triomphe de la Révolution, alors que nous nous apprêtons à célébrer 60 ans de victoires du socialisme, nous tenons à adresser nos plus sincères remerciements et félicitations à tous nos travailleurs pour avoir fait preuve de leur conscience de classe et de leur unité monolithique autour du projet que nous avons décidé de construire. Tous nos voeux de prospérité, de santé et toute notre gratitude à tous les camarades et à leurs familles. »

Il a souhaité étendre ce message de salutations aux secteurs sociaux du monde, avant de rappeler que le contexte international actuel est marqué par un mouvement syndical fragmenté et harcelé par l'impact direct des politiques néolibérales, où prédominent le sous-emploi, les politiques discriminatoires à l'encontre des immigrés, des jeunes et des femmes. À cela s'ajoutent la perte des acquis sociaux et des garanties d'emploi.

(Basé sur un rapport de Nuria Barbosa León publié dans  Granma international, 15 février 2018)

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