Le Marxiste-Léniniste

Numéro 27 - 10 juin 2015

En mémoire de Judith A. Snow


In Memoriam
Judith Snow

29 octobre 1949 - 31 mai 2015

In Memoriam
Une vie merveilleuse
- Le Renouveau -
Voix, expression et validation
- Diane Johnston -

Concentrer sur l'aspect important
- Judith Snow -

Les plaidoyers de culpabilité des banques illustrent
la nécessité d'une nouvelle direction de l'économie

Manipulation criminelle des devises pour l'enrichissement privé
- K.C. Adams -

La nécessité d'une nouvelle direction pour le commerce international

La glorification du fascisme de la dictature Harper sous couvert de commémoration des victimes du communisme
Les raisons pour lesquelles le monument commémoratif anticommuniste
du gouvernement Harper doit être abandonné et non pas relocalisé

- Pauline Easton et Louis Lang -

Un monument pour un chiffre inventé
- François Lazure -

Le conseil municipal d'Ottawa s'oppose au diktat ministériel
sur le monument anticommuniste


Un combat historique pour mettre fin à la justice coloniale
Le rapport de la Commission de vérité et de réconciliation témoigne
du besoin du renouveau constitutionnel et politique

- Philip Fernandez -

Qui a dit quoi
Faits saillants des recommandations de la Commission

Supplément
Histoire de la Deuxième Guerre mondiale
L'apaisement, la conciliation avec les nazis et
l'anticommunisme anglo-américains


In Memoriam

C'est avec grande tristesse que le Parti marxiste-léniniste du Canada vous informe du décès de notre chère camarade Judith Snow le soir du 31 mai 2015. Le Parti transmet ses sincères condoléances à la famille, aux camarades et amis de Judith en cette heure de grande épreuve et de chagrin.

Judith Snow est née à Oshawa, en Ontario. Atteinte d'amyotrophie spinale infantile, elle et ses parents ont défié tous les pronostics du corps médical. Judith refusait ardemment d'être pathologisée et d'être classée « invalide ». Elle a combattu pour que tous puissent avoir pleines possibilités de développer leurs talents et faire leurs contributions à la société.

Sa cause première était la reconnaissance du droit de chacun de vivre la vie à son plein. Elle n'acceptait pas le manque de respect envers les personnes avec des besoins spéciaux, qu'elles soient traitées comme un poids pour la société et que leurs talents et contributions ne soient pas mis en valeur. Elle a montré aux autres à voir les personnes avec des aptitudes différentes et des limitations comme un don à la société car cela cimente la solidarité sociale et permet d'apporter des solutions pratiques aux problèmes, qui profitent à tout le monde, basées sur la satisfaction des besoins par la société.

Les réalisations de Judith sont de celles que l'on retrouve dans les livres d'histoire. Ses exploits sont légendaires. Elle s'est gagné l'affection et une énorme admiration de tous ceux et celles qui l'ont connue.

En 1980, avec l'aide de sa famille et des amis de son comité Joshua, Judith a refusé le sort que lui réservaient les institutions canadiennes et a combattu pour recevoir un financement public individualisé pour pouvoir vivre indépendante des institutions. Elle a été la première personne à obtenir ce droit au Canada. Elle a dû se battre pour conserver ce soutien année après année mais cela a ouvert la voie à plus de 600 personnes en Ontario et à combien d'autres ailleurs au Canada qui ont ainsi pu demander et recevoir un financement d'État pour subvenir à leurs besoins.

Judith a aussi excellé du côté académique. Elle a d'abord obtenu un baccalauréat en mathématique puis une maîtrise en psychologie clinique et s'est ensuite inscrite au programme de doctorat de l'Institut d'études pédagogiques de l'Ontario.

Elle a parcouru l'Amérique du Nord et l'Europe et donné des conférences sur l'intégration des personnes avec des besoins spéciaux à tous les aspects de la vie.

Judith est l'auteure de nombreux articles publiés mondialement, du livre What's Really Worth Doing and How To Do It (Ce qui vaut vraiment la peine d'être fait et comment le faire) et Who's Drawing the Line (Qui trace la ligne ?). Elle a également contribué à la pièce Le Livre de Judith. Le livre From Behind the Piano : The Building of Judith Snow's Unique Circle of Friends a été écrit par Jack Pearpoint avec la participation de Judith.

Se décrivant comme une inventeure sociale et une défenseuse de causes sociales, Judith était également une artiste qui a fondé la Laser Eagles Art Guild, un groupe de peintres qui a exposé à plusieurs endroits, notamment au Musée royal de l'Ontario.

Le PMLC a eu la chance d'avoir Judith comme membre, qui a représenté le Parti et son travail pour le renouveau en tant que candidate à trois élections fédérales et une élection provinciale. Elle était convaincue que les droits du peuple peuvent être garantis seulement avec le renouveau du système politique au Canada. Elle a adhéré à de nombreuses causes qui lui étaient chères et s'est fait des amis partout où elle est allée.

Rien ne pouvait ralentir son élan. Rien ne pouvait l'arrêter. Judith, tu vas beaucoup nous manquer.

Anna Di Carlo, dirigeante nationale, Parti marxiste-léniniste du Canada

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Une vie merveilleuse

Judith Snow, auteure, conférencière, artiste, défenseuse de la justice sociale, du renouveau politique et des droits de tous, camarade, amie et tant de choses encore.

Judith avait 65 ans quand sa vie s'est terminée le 31 mai 2015, presque 36 ans de plus que ce que le corps médical avait prédit à sa naissance. Les médecins la condamnaient aussi à une vie qui ne valait pas d'être vécue.

Comme ils se trompaient ! À un très jeune âge Judith a entrepris de leur donner tort et elle a réussi. Elle s'est fait non seulement une vie qui vaut d'être vécue, mais une vie merveilleuse qui vaut d'être partagée, une vie pleine de réalisations, d'aventures, de chagrins et de joies, de courage, de choix audacieux et d'audace devant l'absence de choix. Judith a combattu sans relâche pour être en contrôle de sa vie et elle nous a emmenés avec elle dans un acte délibéré de découverte. Une vie de passion. Une vie de beauté.

Le départ prématuré de Judith est une grande perte pour tous ceux et celles qui l'ont connue ou qui ont bénéficié de ses réussites. Parmi ses nombreuses contributions, on compte son apport à la relation entre l'individu et la société de laquelle chacun dépend pour vivre, et sur ce front elle a fait plus que s'acquitter de son devoir : elle a réclamé ses droits pour pouvoir s'acquitter de son devoir.

Ce fut un grand honneur d'avoir connu Judith et un immense honneur qu'elle eut choisi de faire sien notre Parti, le Parti marxiste-léniniste du Canada (PMLC). Que sa quête d'une société qui affirme les droits de tous se poursuive et se propage ! Que cette cause soit à jamais liée à son nom !

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Voix, expression et validation

Judith, une femme aimable, aimante et décidée, a combattu pour et a elle-même incarné une vision de société centrée sur l'être humain. Elle comprenait que les droits individuels et les droits collectifs doivent être respectés et peuvent être harmonisés avec l'intérêt général de la société seulement dans la mesure où la société affirme le droit public.

J'ai eu le privilège de faire campagne à ses côtés comme candidates indépendantes pour le renouveau démocratique à deux élections partielles en Ontario, en 1993. J'ai un souvenir très vivant de sa présence à nos côtés. C'était au mois de mars et le temps était froid. Judith était toujours à son poste, immanquablement, à l'entrée d'un centre commercial à parler aux passants du besoin de renouveler la société.

Voici un extrait d'un message que Judith a affiché sur le site Community Works il y a environ 15 ans.

Pourquoi nous dit-on « handicapés » ?

Nous avons des caractéristiques uniques qui nous distinguent des autres. Souvent nous sommes réduits au silence, ou presque. Nos corps ont une forme inhabituelle. Nous sommes frêles et fragiles.

Nous vivons dans un rapport étroit avec le corps, l'esprit et le coeur des autres. Nos façons de faire ne sont pas inférieures à celles des autres.

Cette façon de vivre fait appel à notre courage, notre amour, notre empathie pour les autres et notre créativité. Nous voyons et entendons ce que d'autres manquent complètement.

Je ne dis pas que tout le monde doit être comme nous. Notre don est rare et c'est bien ainsi. Mais aussi problématiques que soient nos corps et nos esprits, parce qu'ils sont uniques ils nous donnent de la force et une créativité devant le défi, à nous qui vivons dans ce corps et cette tête, mais aussi à la société quand nous sommes appréciés, respectés et célébrés.

Nous sommes des personnes uniques et inhabituelles.

Pourquoi sommes-nous constamment comparés à ce qui est « normal » ? Qu'est-ce que nous avons d'important qui est nié ? À quoi tournons-nous le dos, tous ensemble ?

Où nos dons trouvent-ils leur pleine expression ? Comment bénéficient-ils aux autres ? Comment célébrer et partager cette particularité de notre vie ?

Comment faisons-nous avancer le monde naturellement, vulnérables que nous sommes, sans être une mauvaise copie de quelqu'un d'autre ?

Qui nous écoute en ce moment ? Comment faire pour que d'autres encore nous écoutent ?

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Concentrer sur l'aspect important

Nous reproduisons ci-dessous un article écrit par Judith Snow en 1993 dans lequel elle explique son point de vue sur le besoin de renouveau politique au Canada pour que tous puissent exercer un contrôle sur leur vie et que les droits de tous soient affirmés.

L'article a été écrit dans le cadre du travail du Parti marxiste-léniniste du Canada pour initier un projet de renouveau démocratique qui a mené à la création du Parti du renouveau du Canada en tant qu'organisation non partisane, ouverte à tous et toutes quelles que soient les convictions idéologiques et politiques, ayant pour seul objectif d'investir les Canadiens du pouvoir d'exercer un contrôle sur leur vie. Le projet a été par la suite poursuivi par le PMLC en son propre nom dans l'idée que tôt ou tard les conditions seront à nouveau réunies pour que le Parti du renouveau réalise son objectif de renouveler la vie politique au Canada.

* * *


Judith Snow s'adressant au congrès de fondation du Parti canadien du renouveau tenu à Toronto les 24 et 25 avril 1993

En ce départ du Parti canadien du renouveau, dont je suis membre fondatrice, j'ai résolu de jeter sur papier quelques réflexions sur ce que j'ai appris durant toute cette période qui vient de s'écouler. En septembre et octobre derniers, je me suis lancée corps et âme dans la campagne du Comité « Votez Non le 26 octobre » pour la victoire du non. Après le référendum (de Charlottetown) j'ai adhéré au Conseil national pour le renouveau de l'économie, de la démocratie et du fédéralisme. Durant toute cette période j'ai cherché à comprendre le sens profond du terme renouveau. Cette lutte personnelle provient de notre souci commun d'être effectifs dans notre entreprise.

Voilà bien des années que je me consacre activement à encourager la diversité parmi mes camarades de classe, parmi les travailleurs et les gens en général. Puis, il y a environ trois ans, j'ai commencé à me demander sérieusement où réside le pouvoir de décider. Pour ma part, je n'avais pas ce pouvoir : j'étais bloquée par des bureaucrates. Les gens en poste d'autorité étaient à leur tour entravés dans leurs démarches par la procédure officielle et des intérêts en place. Les élus me renvoyaient à d'autres ministères, d'autres instances législatives. À l'occasion une décision était prise en privé, dans un bureau quelconque, mais c'était par chance. Il n'y avait pas de façon sûre d'amener un ministère fédéral ou provincial à agir.

Mes interrogations ont commencé à se préciser lors d'une assemblée publique parrainée par le Comité « Votez Non le 26 octobre ». Les citoyens, disait-on, ont le droit d'élire et d'être élu. Ce droit émane du fait que dans une vraie démocratie, la souveraineté appartient aux citoyens. C'est donc que les citoyens ont le droit de décider des affaires qui concernent la façon dont la société est gouvernée. Le problème, c'est que les citoyens canadiens ne sont pas vraiment souverains en vertu de la constitution actuelle.


Judith à la convention constitutionnelle du Parti canadien du renouveau à Ottawa en septembre 1993

Beaucoup d'entre nous au Conseil national du renouveau, dans notre empressement à réaliser le renouveau le plus vite possible, avons commencé à écrire et à faire différentes choses. La discussion a par la suite révélé que, du moins pour certains d'entre nous, l'approche n'était pas politique et c'est pourquoi notre action n'était pas effective. Je ne comprenais pas tout à fait ce que voulait dire être politique. Mais avec le temps voici à quelles conclusions j'en suis venue.

Il n'y a jamais eu dans le passé de véritable démocratie où c'est le peuple qui est souverain, où le peuple est habilité à exercer le pouvoir par les structures politiques et l'économie. Mais souvent dans l'histoire, un peuple se voit offrir la chance de se constituer en démocratie. Si la chance est saisie, la société progresse et s'épanouit, du moins pendant une certaine période. Si, au contraire, les gouvernants tournent le dos au peuple, la société s'enlise profondément dans la crise.

Par exemple, lorsque les grands propriétaires forcèrent les rois du dix-septième siècle à renoncer à leur « droit divin » et établirent le parlement, la société progressa. Lorsque Boris Eltsine, en Russie moderne, cherche à subordonner le pouvoir législatif élu au pouvoir exécutif, il approfondit la crise de son pays.

Un véritable problème politique est celui qui se pose dans le cours de l'évolution de la société vers la démocratie. Poser un problème donné dans une perspective politique, c'est présenter la chose de sorte à offrir aux citoyens la possibilité de se constituer en société démocratique.

Aussi la société est-elle tenaillée par de très nombreux problèmes. Aussi les militants abordent-ils les problèmes dans une variété de perspectives. Souvent on a l'impression de vraiment faire une bonne action. Or, l'activité qui n'est pas politique ne permet pas aux citoyens de s'attaquer aux problèmes à la base, celui qui est le même pour tout le monde : en l'occurrence, la déficience de la démocratie canadienne, le fait que nous sommes entravés politiquement dans notre effort pour résoudre les problèmes qui nous font face.

Tous ceux qui appuient le Parti canadien du renouveau doivent à tous prix éviter l'attitude apolitique, car cela ne fait qu'approfondir la crise. Ce qu'il nous faut, c'est une action politique qui donne aux citoyens et résidents canadiens les moyens de développer une démocratie qui renouvellera le pays et sera un modèle porteur d'espoir pour le monde.

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Les plaidoyers de culpabilité des banques illustrent
la nécessité d'une nouvelle direction de l'économie

Manipulation criminelle des devises pour l'enrichissement privé


Les institutions financières internationales Citicorp, JPMorgan Chase, Barclays et Royal Bank of Scotland ont plaidé coupables le 20 mai 2015 à des accusations criminelles de conspiration pour manipuler la valeur des devises internationales à des fins d'enrichissement privé. Une cinquième banque, UBS AG, a plaidé coupable à l'accusation de manipulation du London Interbank Offered Rate, ou taux interbancaire pratiqué à Londres (LIBOR) et d'autres taux d'intérêt de référence bien que le tribunal ait fait remarquer que l'UBS est impliquée dans une conspiration plus vaste concernant les devises. Le département de la Justice des États-Unis a accepté les plaidoyers de culpabilité en échange d'une amende de 9 milliards $ mais n'a pris aucune mesure supplémentaire contre les banques ou les dirigeants individuels impliqués qui les aurait forcés à rendre des comptes de l'argent qu'ils ont volé et des dommages qu'ils ont causés. Le département de la Justice a dit très clairement que les plaidoyers de culpabilité ne sont pas des préludes à d'autres actions des tribunaux mais bien « leur résolution ».

Dans leurs plaidoyers de culpabilité, les banques ont reconnu avoir criminellement conspiré à manipuler la valeur des devises pour le gain personnel de la fin de 2007 au début de 2013. Pendant cette période, le revenu brut des quatre banques pour leurs transactions sur le marché des changes s'est monté à 85 milliards $. Aucun calcul n'a été fait des dommages que leur manipulation a causé aux pays, entreprises et individus impliqués dans l'échange des devises ou des dommages collatéraux qu'ils ont causés au commerce international où le taux de change au comptant de la devise est un élément crucial.

Les privilèges bancaires des banques impliquées n'ont pas été révoqués et aucune autre pénalité ne leur a été appliquée. La vie continue comme avant et le privilège de classe est maintenu. Aucune personne travaillant pour les banques impliquées n'a été nommée et encore moins mise en accusation. Le département de la Justice des États-Unis a refusé d'expliquer comment des activités criminelles datant d'aussi longtemps, aussi lucratives et répétées ont pu passer inaperçues et n'ont pas été détectées par les superviseurs, les gestionnaires et les cadres supérieurs. Il faut aussi noter que le département de la Justice qualifie les banques impliquées de délinquants récidivistes qui violent constamment des accords de non poursuite et refusent de restreindre leurs activités financières bien que les lois américaines le requièrent,

L'absence de reddition sérieuse de comptes pour leurs activités criminelles se voit au mémo que le directeur général de Citicorp ( maintenant appelé Citigroup après une nouvelle prise de contrôle et fusion) a envoyé aux employés dans lequel il qualifie la condamnation au criminel d'« embarrassement ». On comparera l' « embarrassement » de M. Corbat avec les arrestations, les condamnations et les démissions qu'ont vécues les dirigeants de la FIFA accusés par le même département de la Justice de corruption impliquant des sommes d'argent beaucoup moins grandes. Le deux poids deux mesures est évident. Les relations amicales entretenues par les dirigeants de la FIFA avec l'Afrique du Sud, le Brésil, la Russie, le Qatar et même la Palestine ont amené le département américain de la Justice à porter de grave accusations. C'est tout le contraire qui s'est produit dans le cas de ces cinq banques qui jouent un rôle de premier plan au sein du système impérialiste d'États dirigé par les États-Unis. On leur a donné un traitement de faveur accompagné de l'avertissement gentil que « vous faites partie des nôtres et vous êtes trop gros pour tomber mais s'il-vous-plaît soyez plus discrets ».[1]

La Commission de sécurité et des échanges des États-Unis d'Amérique (SEC) a dit que les accords en vertu des plaidoyers de culpabilité sont une bonne chose pour l'économie et a donné son accord et l'assurance que les banques pourraient continuer d'opérer comme avant en dépit de leur comportement criminel et de leur récidivisme. Une des commissaires de la SEC, Kara Stein, a fortement désapprouvé cette position et émis un avis dissident de celui du département de la Justice et de la décision de la SEC de pardonner aux banques et de ne pas leur demander des comptes.

Cette affaire sordide illustre une nouvelle fois la nécessité d'une nouvelle direction prosociale de l'économie. L'économie moderne socialisée appartient au peuple et est vitale à son existence. L'économie et ses institutions doivent servir le vaste intérêt public et non les intérêts privés étroits d'une minorité privilégiée. Pensons un instant à l'impact de cette manipulation non seulement sur la concentration de la richesse sociale et du pouvoir dans un plus petit nombre de mains mais pour le commerce et le développement international.

Le récidivisme des banques expose leur mobile qui repose sur la cupidité et le privilège de classe. Leur position centrale au sein de l'économie rend encore plus évident le fait que les banques privées opérant pour le profit n'ont plus aucune utilité dans l'économie moderne. Elles ne sont là que pour permettre à une minorité privilégiée de s'enrichir et sont donc en contradiction avec l'économie socialisée et l'intérêt public. Leurs activités perturbatrices criminelles sont des facteurs qui causent les crises économiques.

Les institutions financières en ce moment ne rendent de comptes qu'à elles-mêmes et à leurs groupes de propriétaires privés. Elles exercent une grande autorité sur l'économie qu'on peut caractériser comme une autorité servant les intérêts étroits de puissants intérêts privés au détriment de l'intérêt et du bien public. Même au sein du système capitaliste, les institutions financières privées ne jouent aucun rôle utile mais freinent l'économie socialisée et sont une force perturbatrice et destructrice. Dans le cadre de sa lutte pour une nouvelle direction de l'économie, le peuple doit demander que le secteur financier soit considéré et traité par la loi comme un service et une entreprise publics devant être au service de l'intérêt et du bien public.

Note

1. Citigroup, la plus grosse banque dans le monde au moment de la crise économique mondiale de 2008, a subi de grandes pertes en transigeant des papiers dérivés lors du crash du marché essentiellement fictif des obligations. Le gouvernement des États-Unis a sauvé la compagnie et ses « avoirs en détresse » fin 2008 et début 2009 en tant qu'entreprise « trop grosse pour tomber ». Pour ce faire, le gouvernement s'est lancé dans de grandes manoeuvres pour payer les riches et engouffré des centaines de milliards de dollars en prise d'actions, subsides, lignes de crédit et garanties.

Cinq grandes banques acceptent des plaidoyers de culpabilité — Département de la justice des États-Unis, 20 mai 2015 (extraits)

Cinq grandes banques, Citicorp, JPMorgan Chase & Co., Barclays PLC, The Royal Bank of Scotland plc et UBS AG, ont accepté de plaider coupables à des accusations de félonie.

Citicorp, JPMorgan Chase & Co., Barclays PLC, et The Royal Bank of Scotland plc ont accepté de plaider coupables à des accusations de conspiration en vue de manipuler le prix des dollars américains et des euros échangés sur le marché des changes au comptant. Une cinquième banque, UBS AG, a accepté de plaider coupable à l'accusation de manipulation du London Interbank Offered Rate (LIBOR) (taux interbancaire pratiqué à Londres) et d'autres taux d'intérêts de référence et de payer 203 millions $ en pénalité au criminel, après avoir enfreint son accord de décembre 2012 qui résolvait l'enquête sur le LIBOR sans qu'il y ait poursuite. [...]

« L'accusation de conspiration vise le taux de change entre le dollar américain et l'euro, ce qui a affecté les devises qui sont au coeur du commerce international et a miné l'intégrité et la compétitivité des marchés de change étrangers sur lesquels des transactions de l'ordre de plusieurs centaines de milliards de dollars se font chaque jour, a dit le vice-procureur général Baer. La nature sérieuse des crimes justifie les plaidoyers de culpabilité, au niveau des sociétés-mères, de Citicorp, Barclays, JPMorgan et RBS. » [...]

Entre décembre 2007 et janvier 2013, les courtiers d'euro-dollars de Citicorp, JPMorgan, Barclays et RBS, se nommant eux-mêmes « le Cartel », ont fait usage exclusif d'un espace de discussion électronique et de langage codé pour manipuler les taux d'intérêts de référence. Ces taux sont établis, entre autres moyens, en deux principaux moments de fixation des taux, soit à 13 h 15 par la Banque centrale européenne et à 16 heures par World Markets/Reuters. Les tierces parties amassent les données à ces deux moments afin de calculer et de publier un « taux » quotidien qui sert à mettre un prix sur les commandes de plusieurs gros clients. Les courtiers faisant partie du « Cartel » ont coordonné leurs transactions de dollars américains et d'euros afin de manipuler les taux de référence établis à 13 h 15 et 16 h afin d'accroître leurs profits.

Comme en ont fait foi les ententes de plaidoyer, ces courtiers ont utilisé leurs discussions électroniques exclusives pour manipuler les échanges euros-dollars d'autres manières également. Les membres du « Cartel » manipulaient le taux de change euro-dollar en s'entendant pour éviter de faire bouger le taux de change dans une direction qui serait nuisible aux coconspirateurs. En s'entendant pour ne pas acheter ou vendre à certains moments, les courtiers ont protégé leurs positions respectives en retenant l'offre ou la demande de devises et en supprimant la concurrence sur le marché FX.

Citicorp, Barclays, JPMorgan et RBS ont tous accepté de plaider coupables à une accusation de crime grave de conspiration pour manipuler les prix et les échanges de dollars américains et d'euros sur le marché FX de devises au comptant aux États-Unis et ailleurs. [...]

Barclays a de plus admis que des pratiques d'échange et de vente sur le marché FX et son comportement de collusion sur le FX constituent des crimes fédéraux qui ont violé la clause principale de l'entente de juin de 2012 qui résolvait l'enquête du département sur la manipulation du LIBOR et d'autres taux d'intérêts de référence sans qu'il y ait poursuite.

En plus, selon les documents à être soumis en cour, le département de la Justice a déterminé que les pratiques trompeuses d'échange et de vente de UBS dans ses transactions sur le marché FX de même que son activité de collusion sur certains marchés FX, ont violé son accord de non-poursuite qui a mené à une résolution à l'enquête sur le LIBOR. Le département a statué que UBS avait enfreint l'accord et UBS a accepté de plaider coupable à une accusation de félonie de fraude en rapport avec ses manoeuvres pour manipuler le LIBOR et d'autres taux d'intérêt de référence. UBS a aussi accepté de payer une amende au criminel de 203 millions $.

Selon le mémoire sur le bris de l'accord attaché à l'entente de plaidoyer d'UBS, la banque s'est impliquée dans des pratiques trompeuses d'échanges et de vente sur le FX, dont des marges secrètes ajoutées au prix sur certaines transactions de clients sur le FX, après avoir signé un accord de non-poursuite relatif au LIBOR. Les courtiers d'UBS et son personnel de vente ont trompé leurs clients lors de certaines transactions en prétendant qu'aucune marge n'avait été ajoutée au prix alors qu'elle l'avait été. À d'autres occasions, les courtiers et le personnel de vente d'UBS se faisaient des signaux de la main pour cacher ces marges sur le prix aux clients. En d'autres occasions, certains courtiers d'UBS ont aussi établi des prix-limites à un niveau différent de celui expressément établi par le client afin d'y ajouter des marges secrètes. En plus, selon les documents de la cour, un courtier d'UBS a conspiré avec d'autres banques faisant des transactions sur le marché FX en acceptant de restreindre la concurrence dans l'achat et la vente de dollars et d'euros. UBS a pris part à ces activités de collusion d'octobre 2011 à au moins janvier 2013.

En déclarant qu'UBS avait violé l'accord de non-poursuite, le département de la Justice a examiné le comportement d'UBS décrit ci-haut à la lumière de l'obligation qui lui a été faite dans l'accord de non-poursuite de ne plus commettre de tels crimes. Le département a aussi examiné trois récentes résolutions au criminel et plusieurs résolutions au civil et de réglementation visant UBS. Le département a de plus considéré que les efforts de conformité et de réparation d'UBS suite à l'accord sur le LIBOR n'ont pas mené à la détection du comportement illégal, et ce, jusqu'à ce qu'un article soit publié qui faisait état de possible inconduite sur les marchés FX. [...]

En conjonction avec les accords annoncés précédemment avec les agences réglementaires des États-Unis et à l'étranger, dont le Bureau du contrôleur de la devise (OCC) et l'Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (FINMA), les résolutions d'aujourd'hui portent le total des amendes et pénalités que doivent payer ces cinq banques pour leurs activités sur le marché FX de la devise au comptant à près de 9 milliards $.

Opinion dissidente par rapport à certaines dérogations accordées par la Commission à certaines entités ayant plaidé coupables à des accusations criminelles incluant la manipulation de taux de change étrangers
- Commissaire Kara M. Stein de la Commission de Sécurité et des échanges des États-Unis d'Amérique, le 21 mai 2015 -

J'exprime ma dissidence avec les ordonnances émises par la Commission le 20 mai 2015, qui autorisent les dérogations suivantes à une série de disqualifications qui sont prévues dans la réglementation fédérale sur les valeurs mobilières.[1]

1) UBS AG, Barclays Plc, Citigroup Inc., JP Morgan Chase & Co. (JPMC), et Royal Bank of Scotland Group Plc (RBSG) obtiennent une dérogation aux clauses de la réglementation de la Commission qui les rendent automatiquement inéligibles au régime des « well-known seasoned issuer » ou WKSI (les émetteurs d'offres les plus connus et réguliers).[2]

2) UBS AG, Barclays, et JPMC obtiennent une dérogation aux clauses de disqualification automatique liées à la véracité des déclarations selon la Section 27A du Securities Act et de la Section 21E du Securities Exchange Act of 1934 ; et

3) UBS AG et trois entités de Barclays[3] obtiennent une dérogation à la disqualification automatique pour mauvais comportement inscrite au règlement 506.[4]

Les disqualifications se rapportent à un comportement général semblable, soit la conspiration criminelle en vue de la manipulation des taux de change sur le marché des devises étrangères (le Marché FX de la devise au comptant), un marché mondial d'achat et de vente de devises. Les courtiers de ces firmes « se sont engagés dans une combinaison et conspiration en vue de fixer, stabiliser, maintenir, accroître ou diminuer le prix et de manipuler l'offre et l'achat de l'échange étranger de la devise euro-dollar. (« FX »). [5] Pour mener à bien leur stratagème, les conspirateurs ont communiqué et coordonné les échanges sur une base presque quotidienne dans un espace électronique de discussion appelé par eux « Cartel » ou « Mafia ».[6] En outre, le personnel de vente et les courtiers ont menti aux clients afin d'amasser des marges ajoutées secrètes à certaines transactions.[7] Ce comportement criminel s'est poursuivi pendant des années, non détecté et non dissuadé.[8]

Il y a de fortes raisons de rejeter ces demandes de dérogation aux dispositions de disqualification automatique requises par la loi ou la réglementation. La première d'entre elles, cependant, est le récidivisme de ces institutions. Par exemple, face à cette action criminelle sur le FX, une majorité à la Commission a décidé d'accorder à Citigroup une nouvelle dérogation WKSI, sa quatrième depuis 2006. Il est bon de noter que Citigroup a été automatiquement disqualifié des dérogations WKSI entre 2010 et 2013 pour une autre forme d'inconduite, ce qui fait que cela fait maintenant cinq fois en neuf ans qu'il est impliqué dans des activités qui sont passibles de disqualification WKSI. En plus, avec cette dernière ronde, la Commission a accordé :

- à Barclays sa troisième dérogation WKSI depuis 2007 ;
- à UBS, sa septième dérogation WKSI depuis 2008 ;
- à JPMC, sa sixième dérogation WKSI depuis 2008 ;
- à RBSG, sa troisième dérogation WKSI depuis 2013.

La Commission a donc accordé au moins 23 dérogations WKSI à ces cinq institutions au cours des neuf dernières années. Le nombre s'élève si vous comptez les dérogations pour mauvais comportement et autres raisons.

Cette dernière ronde d'accusations criminelles arrive dans la foulée des actions entreprises par le département de la Justice contre UBS, Barclays et RBSG pour leur manipulation collective du London Interbank Offered Rate (LIBOR), un taux de référence utilisé pour les produits et transactions financiers partout dans le monde. La manipulation du LIBOR était flagrante et « a affecté les produits financiers dans le monde et érodé l'intégrité des marchés financiers ».[9] Dans le cadre des accords qui sont sortis du dossier LIBOR, UBS. Barclays et RBSG ont chacun signé une entente avec le département de la Justice dans laquelle ils se sont engagés à ne plus commettre de crimes pendant la durée de ces accords.[10]

Le fait de permettre à ces institutions de continuer comme si de rien n'était, après des violations sérieuses et multiples, réglementaires et criminelles, fait courir un risque aux investisseurs et au public américains qu'on ne prend pas en ligne de compte. Examiner chaque dérogation dans un vacuum ne va pas résoudre le problème.

C'est pourtant dans cette voie que s'engage la Commission une fois de plus aujourd'hui. Après son plaidoyer de culpabilité dans le dossier du LIBOR, UBS a obtenu une dérogation WKSI qui était explicitement conditionnelle au respect du jugement émis sur la question du LIBOR.[11]

Cette condition explicite vient maintenant d'être violée. La Commission n'en a pas moins accordé une nouvelle dérogation à UBS.

C'est une chose troublante que d'accorder constamment des dérogations pour inconduite. Ça l'est encore plus quand on refuse d'appliquer nos propres conditions explicites en vertu desquelles les dérogations sont accordées. Ce type de récidivisme et d'inconduite criminelle à répétition devrait mener à la révocation des dérogations antérieures et non à de nouvelles dérogations. Nous avons les outils nécessaires, et avec eux la responsabilité de donner les moyens aux dirigeants de ces institutions d'opérer un changement de culture significatif et pourtant nous refusons de les utiliser.

En conclusion, je suis troublée de la récurrence du non-respect qui se produit chez ces institutions financières internationales, qui est peut-être le signe d'une culture toujours en place qui ne supporte pas adéquatement le comportement légal et éthique. Je suis également préoccupée du fait que cette récente série d'actions ait fait de la condamnation criminelle des institutions financières quelque chose de largement symbolique. Les firmes et les institutions s'appuient de plus en plus sur la délivrance répétée de dérogations par la Commission pour échapper aux conséquences de la condamnation criminelle, lesquelles seraient de nature à contribuer de façon positive au bon comportement d'une firme et à son respect des règles en vigueur.

Pour lire le texte intégral des notes (en anglais), Cliquer ici.

Notes

1. Créé par la Commission dans le cadre des réformes de 2005 de l'offre en valeurs boursières, le WKSI, ou well-known seasoned issuer (émetteur d'offres bien connu et régulier), est un statut qui est disponible aux « émetteurs les plus connus qui représentent le montant en capital le plus significatif qui est amassé et transigé aux États-Unis ». Consulter la Division of Corporation Finance's Revised Statement on Well-Known Seasoned Issuer Waivers (Apr. 24, 2014). Ce statut confère aux plus grandes compagnies des avantages sur les plus petites. Par exemple, les WKSI ont un accès instantané aux investisseurs sur les marchés des capitaux. De plus, les WKSI jouissent d'une plus grande flexibilité dans leurs communications publiques et d'un processus d'enregistrement pour lequel moins de surveillance est exigée que pour les plus petites entreprises.

2. [...] Dans le cadre de cet ensemble d'ententes de plaidoyers, plutôt que de plaider coupable de pratiques trompeuses d'échange et de ventes sur le FX dans laquelle elle est impliquée, UBS AG a accepté de « plaider coupable de manipulation du London Interbank Offered Rate ( « LIBOR ») et d'autres taux d'intérêts de référence.

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La nécessité d'une nouvelle direction
pour le commerce international

Deuxième partie : Chiffres du commerce pour le mois
de mars — un déficit record

LML publie le deuxième article de la série « La nécessité d'une nouvelle direction pour le commerce international », qui discute du problème du volume et des prix en fluctuation et présente les chiffres du mois de mars sur le commerce de marchandises. Pour la première partie voir LML du 27 mai 2015.

Statistique Canada a réévalué à la hausse le déficit record pour le commerce international de marchandises du pays en mars 2015. Le déficit évalué à 3,0 milliards $ est maintenant passé à 3,9 milliards $. La tendance s'est poursuivie en avril alors que le déficit a augmenté de 3,0 milliards $. Puisqu'ils siphonnent la richesse sociale du pays, les déficits mensuels n'annoncent rien de bon pour l'avenir.

L'immense déficit est attribuable à la chute de la valeur de la monnaie canadienne et d'autres monnaies, à la chute du prix de marché du pétrole et surtout au recours au commerce international et à la production dans le but de servir les empires monopolistes privés et non l'édification nationale. Ce qui manque aux Canadiens est le contrôle leur permettant de traiter de ces problèmes et de trouver des solutions. Aucune autorité publique n'existe qui puisse exercer un contrôle significatif sur ce qui est exporté et importé, sur le prix de ces marchandises ou sur la valeur de la monnaie canadienne. Les monopoles mondiaux contrôlent tous les facteurs importants touchant au commerce international et n'agissent qu'en fonction de leurs intérêts privés étroits.

La manipulation monétaire pour le profit privé comprend aussi la manipulation du prix des devises et du commerce des devises pour le profit privé, comme en témoigne le fait que cinq des plus grandes institutions financières aux États-Unis et en Europe ont plaidé coupables devant un tribunal de New-York. Citicorp, JPMorgan Chase et Co., Barclays PLC, The Royal Bank of Scotland plc et UBS AG ont écopé d'une amende conjointe de 9 milliards $ pour avoir manipulé, pour le gain privé, les taux de change, le LIBOR (taux interbancaire offert à Londres) et d'autres taux d'intérêt de référence. L'amende de 9 milliards $ ne représente qu'une infime partie du revenu brut — évalué à 85 milliards $ — obtenu par la collusion en commerce et en manipulations. Ce plaidoyer de culpabilité ne mène à aucune peine pour les individus impliqués et permet aux monopoles de poursuivre leurs activités sans nouvelles restrictions. Un seul membre de la Securities and Exchange Commission des États-Unis a exprimé sa dissension par rapport à la décision majoritaire. Il a dénoncé l'absence flagrante de justice et de peines dans cette cause et le fait que les institutions financières puissent continuer d'opérer normalement.

La fluctuation des cours des devises affecte directement le commerce international puisque les transactions s'effectuent selon la valeur relative des devises du moment, en particulier relativement au dollar étasunien, puisque les produits de base sont exprimés en dollar étasunien et que celui-ci demeure la principale monnaie de réserve. Le volume et la qualité des biens échangés peuvent se ressembler mais leur valeur en monnaie nationale peut varier grandement en vertu du régime d'échanges actuel contrôlé par les intérêts privés. Le commerce international dans son ensemble devient un moyen de spéculation et de profits faciles pour le capital financier et une arène où se joue la concurrence de l'empire.

La nécessité d'une autorité publique pour restreindre le droit de monopole

Tout est échangé à l'échelle mondiale, les biens ainsi que leurs dérivés imaginés tels les crédits de carbone tant décriés. Les monopoles les plus puissants rivalisent et collaborent à manipuler le commerce international dans leurs propres intérêts privés étroits. Cette activité siphonne la richesse sociale du peuple et en prive son économie et son projet d'édification nationale tout en concentrant la richesse et le pouvoir entre les mains de quelques-uns. Seule une autorité publique peut régler ce problème si elle a le pouvoir de restreindre le droit de monopole et de soutenir un principe d'échanges à avantage et à développement réciproques. Tout centre privé d'échanges de biens, de leurs dérivés ou de devises doit être interdit. Le commerce international doit être fondé sur des échanges de nation à nation et favorables à l'avantage et au développement réciproques. Les prix de marché doivent être fixés sur une base scientifique en vertu des coûts de production et en vertu d'un équilibre international fondé sur l'amitié et le développement réciproques des peuples, de leurs économies et de leurs besoins.

Pour voir la charte qui montre la fluctuation du prix du dollar canadien vis-à-vis le dollar américain depuis deux ans, cliquer ici.

Les chiffres présentés dans le rapport du mois de mars et touchant aux biens manufacturés sont inquiétants, car ils indiquent que la plupart des secteurs ont connu d'importants déficits. En termes monétaires, les exportations de véhicules à moteur et leurs pièces sont de l'ordre de 6 602 millions $ pour le mois de mars. D'autre part, l'importation de véhicules à moteur et leurs pièces a atteint 7 858 millions $ le même mois, un déficit de 1 256 millions $. Une partie de ce déficit provient du fait que les grandes compagnies d'automobile importent les pièces destinées à leurs véhicules assemblés au Canada, lesquels sont ensuite exportés aux États-Unis. Dans cette manipulation de plusieurs pays à l'avantage des monopoles privés, le Canada joue le rôle d'intermédiaire pour des pièces d'automobile qui sont d'abord importées, placées dans les automobiles et immédiatement exportées. Cette façon de faire résulte en une perte nette dans la balance de paiements du pays, laissant les Canadiens à la merci des monopoles mondiaux, perte qu'on excuse en invoquant une croissance d'emplois alors que dans les faits ces emplois disparaissent rapidement. Jamais n'est considérée une nouvelle direction centrée sur un secteur de l'automobile d'ici sous contrôle canadien, réparti partout au Canada et consacré à la construction d'autos, de camions et d'équipements lourds, puisant à même les matières premières du pays et produisant des produits finis conçus au Canada et en vertu de ses besoins climatiques et autres.

Le déficit le plus important est celui des biens de consommation. Les exportations sont de 5 337 millions $ et les importations de 9 980 millions $, avec un déficit de 4 643 millions $ seulement pour le mois de mars.

Un autre secteur manufacturier qui est constamment en déficit est celui de la machinerie industrielle, de l'équipement et des pièces. Les exportations au mois de mars étaient de 2 674 millions $ tandis que les importations étaient de 4 607 millions $, pour un déficit de 1 933 millions $. La seule chose qui peut expliquer cet important déficit récurrent est la domination de ce secteur par les monopoles mondiaux Caterpillar Inc., Komatsu, Volvo Construction Equipment et Hitachi Ltd., lesquels résistent à tout changement favorable à la production locale.

Aussi, les pièces et équipement électroniques et électriques ont connu un déficit de 2 985 millions $ avec des exportations de 2 294 millions $ et des importations de 5 279 millions $.

À eux seuls, ces quatre secteurs manufacturiers sont responsables d'un déficit commercial de 10 817 millions $ au mois de mars. La chute de la valeur du dollar canadien explique en partie ce déficit, mais le problème dans ces secteurs manufacturiers se trouve avant tout dans l'opposition systémique des monopoles à tout projet d'édification nationale.

Plusieurs prétendent que la valeur moins élevée du dollar canadien devrait stimuler les exportations, faire chuter le déficit commercial et générer de l'emploi, mais aucun fait ne vient appuyer ces hypothèses. Un dollar canadien plus faible fait en sorte que les importations de biens manufacturés exprimés en argent sont plus élevées même si les volumes sont moindres et les exportations augmentent. Par exemple, le dollar plus faible a affecté l'exportation des produits énergétiques, dont les valeurs exprimées en argent ont baissé de 43,7 % au mois de mars relativement au mois de mars 2014.

Statistique Canada note dans son rapport de mars : « Les importations ont augmenté pour atteindre 45,5 milliards $ en mars, des hausses ayant été enregistrées dans 7 des 11 sections. Pour le premier trimestre de 2015, les importations ont crû de 0,6 % par rapport au quatrième trimestre de 2014. Cependant, les importations trimestrielles ont baissé de 0,2 % en termes réels (ou en volume)...

« Pour le premier trimestre de 2015, les exportations totales ont diminué de 3,0 % par rapport au quatrième trimestre de 2014. Cependant, les exportations trimestrielles ont augmenté de 0,6 % en termes réels (ou en volume)...

« Les exportations de produits énergétiques ont diminué de 8,9 % pour se chiffrer à 6,9 milliards de dollars. Des reculs généralisés ont été observés dans les exportations des groupes de marchandises de la section, surtout les produits pétroliers raffinés pour combustibles, qui ont diminué de 29,7 % pour s'établir à 855 millions de dollars. Les exportations de gaz naturel (-16,2 %) et de pétrole brut et pétrole brut bitumineux (-2,7 %) ont également affiché des baisses. Pour la section dans l'ensemble, les prix ont fléchi de 7,0 % et les volumes, de 2,1 %. »

La nécessité d'une nouvelle direction pour l'économie

Le commerce international contrôlé par des intérêts privés motivés par l'édification d'empires pour servir les monopoles mondiaux est contraire à l'intérêt public et à l'édification nationale. La réalité de la mondialisation impérialiste, avec son libre-échange contrôlé par les monopoles les plus puissants, est que le commerce sert à exploiter le peuple et à enrichir les intérêts privés. Cette situation nécessite une nouvelle direction pour le commerce international et pour les secteurs manufacturiers au Canada.

Seule l'entreprise publique peut assurer une stabilité dans les secteurs manufacturiers, en particulier dans les secteurs où l'économie canadienne répond à une demande constante en termes d'articles de consommation et de moyens de production. Seule une autorité publique, avec le pouvoir de restreindre le droit de monopole dans le secteur du commerce de gros et dans le commerce international, peut transformer la situation afin de servir l'intérêt public, l'édification nationale et le bien public.

Les déficits et l'instabilité de la valeur commerciale en termes monétaires sont en partie le résultat de la fluctuation des prix de marché des devises et des marchandises contrôlés et manipulés par les intérêts privés. Une autorité publique doit avoir le pouvoir de restreindre les monopoles mondiaux et leur commerce intéressé de devises et des principales marchandises ainsi que leur manipulation des prix de marché. Il faut fixer le prix de marché des biens échangés de façon réciproque pour les partenaires commerciaux, de sorte à ce qu'il reflète de façon plus juste les coûts de production, la valeur actuelle des biens échangés et les besoins spécifiques de chaque pays en question. Les prix de marché doivent être conformes aux coûts de production et doivent être ajustés pour servir le principe de l'avantage et du développement réciproques. La valeur relative particulière des devises ne devrait pas servir à dénaturer l'échange. Dans la plupart des cas, des mesures autres que la fixation des prix en devises, en particulier le dollar américain, peuvent assurer le principe de l'avantage réciproque.

L'activité criminelle des monopoles mondiaux consistant à contrôler le commerce international et le prix des devises et des principales marchandises, ainsi que leur pratique criminelle d'échanger les dérivés, doivent cesser. Une autorité publique doit avoir le pouvoir de priver les intérêts privés — pour la plupart étrangers — de la possibilité d'exercer le contrôle qu'ils exercent sur le commerce international canadien de marchandises, sur les prix de la monnaie et des principales marchandises canadiennes. L'activité criminelle des monopoles mondiaux souligne la nécessité de transformer le secteur financier en un service public qui sert l'intérêt public et non les appétits privés.

La revendication d'une nouvelle direction pour le commerce international est directement liée au désir des peuples du monde d'entretenir de saines relations entre eux, fondées sur la paix et sur le développement amical et mutuel de leur économie et du bien-être de tous les peuples. Une nouvelle direction répond au désir des peuples partout dans le monde d'être investis du pouvoir, de vivre dans la stabilité et la sécurité tout au long de leur vie active, d'un gouvernement antiguerre et de mettre fin à la mondialisation impérialiste.

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La glorification du fascisme de la dictature Harper sous couvert de commémoration des victimes du communisme

Les raisons pour lesquelles le monument commémoratif anticommuniste du gouvernement Harper doit être abandonné et non pas relocalisé

N'oublions jamais : ce sont Hitler et les gens de son acabit qui ont été les victimes du communisme, pas huit millions de Canadiens ou 100 millions de personnes dans le monde comme l'affirment le premier ministre du Canada, Stephen Harper, ainsi que son ministre de la Défense nationale, Jason Kenney, et son ministre de l'Emploi et du Développement social, Pierre Poilievre. Dans leurs attaques anticommunistes virulentes, ils répètent certaines des énormités de la propagande anticommuniste, comme l'absurdité qu'au Canada tous ceux qui viennent de pays socialistes, anciens ou actuels, sont des victimes du communisme.

Prenons l'argument selon lequel tous les Canadiens d'origine chinoise au Canada sont des victimes du communisme. Combien d'entre eux sont arrivés au Canada avant 1949, lorsque la Chine s'est libérée du militarisme japonais et de la domination étrangère anglo-américaine et européenne ? Le gouvernement Harper les compte-t-il parmi les 8 millions de Canadiens ? Des membres de la communauté vietnamienne ont déjà expliqué qu'ils ne s'opposaient pas à la direction dans laquelle le gouvernement du Vietnam a engagé leur pays. En fait, beaucoup de ceux qui cherchaient à fuir le communisme parmi les Vietnamiens qui ont quitté le pays après la chute de Saigon le 30 avril 1975 étaient les anciens laquais et fantoches des occupants impérialistes américains et des barons de la drogue, responsables des crimes odieux commis contre le peuple vietnamien. C'est la même chose pour les 21 000 Canadiens d'origine cubaine. Ils sont également venus au Canada pour diverses raisons, notamment économiques, et non pour fuir le communisme, ce qui est également le cas des Coréens et de personnes d'autres origines.

Pour ce qui est de la communauté ukrainienne au Canada, une section militante de la classe ouvrière canadienne, 170 000 Ukrainiens sont arrivés au Canada avant la Première Guerre mondiale et 70 000 de Pologne et de Roumanie entre les deux guerres mondiales. Beaucoup ont fui les gouvernements réactionnaires et chauvins qui niaient à l'Ukraine le droit à un État unifié, qui n'a été atteint qu'avec la victoire de l'Armée rouge et des partisans à la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Ces vagues de migrations sont la source principale de l'établissement des Ukrainiens au Canada, et pourtant tous ces Canadiens sont déclarés des « victimes du communisme » par la bande à Harper, sans qu'ils aient un mot à dire.

Un grand nombre de personnes ont quitté l'Indonésie après le massacre d'un million de communistes en 1965-66 par le régime du président Suharto, tandis qu'au Kosovo de nombreuses personnes ont fui pour échapper au bombardement de leur pays par l'alliance militaire de l'OTAN et les personnes d'origine albanaise ont quitté leur pays dévasté après la chute du socialisme.

Les allégations de Harper de 100 millions de victimes du communisme à l'échelle mondiale et de 8 millions au Canada servent essentiellement un objectif de propagande. C'est pour nous faire oublier que les victimes du communisme ont été en réalité Adolf Hitler, sa Wehrmacht et son troisième Reich, avec Mussolini et ses chemises brunes et Tojo et les militaristes japonais. Ils ont été vaincus par le front uni contre le fascisme, dans lequel l'Armée rouge a joué un rôle particulièrement héroïque et subi les pertes les plus importantes, et par les peuples d'Europe. Les peuples de tous les pays, y compris le Canada, mais aussi d'Afrique du Nord, d'Italie, de Grèce, d'Albanie, de Yougoslavie et d'autres pays d'Europe, ainsi que des Américains vers la fin de la guerre, ont combattu à leurs côtés. Tojo et les militaristes japonais ont été vaincus par les peuples héroïques de Corée, de Chine et des autres pays d'Asie, avec l'aide de l'Armée rouge à la fin de la guerre.


Harper et d'autres dirigeants occidentaux n'ont pas participé aux célébrations du 70e anniversaire de la victoire sur le fascisme allemand en Europe.

Harper et ses ministres restent silencieux sur les victimes du fascisme, sauf pour mentionner l'Holocauste européen d'une manière qui laisse à penser que seul le peuple juif a souffert aux mains des hitlériens et, surtout, sert à camoufler le rôle de leurs héros dans la perpétration de ces crimes. Ils ne nous disent pas combien de Canadiens figurent parmi les victimes du fascisme selon leur algèbre politique ni ne reconnaissent leur existence. Il est très révélateur que le gouvernement Harper ne reconnaisse pas les Canadiens d'ascendance allemande, italienne, d'Europe de l'Est, espagnole ou japonaise comme des victimes du fascisme, et encore moins ceux qui sont venus de pays sous la botte de l'impérialisme allemand ou du militarisme japonais. Avec une arrogance totale et dans le but d'empêcher le peuple de le combattre aujourd'hui, ils ne condamnent pas les crimes du fascisme ni ne reconnaissent l'importance de sa défaite.

Le boycott des conservateurs de Stephen Harper et des dirigeants des pays de l'OTAN des célébrations du 9 mai à Moscou pour le 70e anniversaire de la victoire sur le fascisme allemand en Europe, n'était pas un incident isolé. Le but était de nier le rôle décisif de l'Union soviétique dans la victoire sur l'agression des nazis allemands dans toute l'Europe et d'intensifier la propagande belliciste pour soutenir le gouvernement néonazi ukrainien qui se prépare à attaquer la Russie.

La falsification systématique de l'histoire de la Deuxième Guerre mondiale par les conservateurs de Stephen Harper n'est pas un phénomène nouveau. C'est une continuation des mensonges et des déformations des faits avancés par les milieux dirigeants des États-Unis, de la Grande-Bretagne et de la France qui, avant et même pendant la guerre, ont tout fait pour isoler l'URSS, aider l'Allemagne à se réarmer et pousser Hitler vers l'Est pour écraser l'Union soviétique.

Les ministres conservateurs, comme Chris Alexander, répètent les mensonges éhontés que l'URSS était l'agresseur en Ukraine et en Pologne alors qu'en réalité l'Armée rouge soviétique, qui a dû combattre 85 pour cent des unités d'élite de la Wehrmacht allemande, a remporté la victoire et libéré tous les pays d'Europe de l'Est, qui étaient tous sous occupation nazie allemande.

Les éloges de M. Alexander pour les « héros nationaux de l'Ukraine » qui ont combattu du côté de l'armée nazie allemande contre l'Armée rouge sont une glorification du fascisme et une tentative de renverser le verdict de l'histoire sur ces assassins de masse et ces traîtres. C'est un fait établi que les collaborateurs ukrainiens de l'Allemagne, qui ont rejoint les rangs de la Division SS Galicie, ont été responsables du meurtre de centaines de milliers de partisans et de juifs polonais, ukrainiens et yougoslaves. Leurs descendants qui ont été mis au pouvoir en Ukraine aujourd'hui commettent les crimes les plus odieux contre le peuple qui dans la partie orientale de l'Ukraine lutte pour défendre ses droits démocratiques et s'oppose au gouvernement illégitime néonazi de Kiev.

Les conservateurs de Stephen Harper, avec les États-Unis et l'OTAN, participent activement à l'instigation de la guerre aux frontières de la Russie. Ils envoient des centaines de soldats canadiens pour entraîner l'armée du gouvernement de Kiev, composée en grande partie de milices nazies qui arborent des symboles nazis sur leurs uniformes et leurs blindés.

Cette trahison des conservateurs de Harper des anciens combattants canadiens et de toutes les forces armées alliées de la Deuxième guerre mondiale qui ont combattu et sont tombés au combat contre le fascisme allemand est très préoccupante pour tous les Canadiens. Cela montre clairement l'extrémisme que les conservateurs de Stephen Harper tentent d'imposer à la société canadienne. Cela comprend ses abus de pouvoir pour ériger un monument commémoratif anticommuniste à Ottawa sur un terrain de choix afin d'imposer des valeurs nazies aux Canadiens qui reconnaissent l'importance des sacrifices faits pendant la Deuxième Guerre mondiale pour contenir et vaincre le fascisme et refusent qu'il soit réhabilité et promu en leur nom.

N'oublions jamais : Hitler et ses sbires sont les victimes du communisme, pas les Canadiens qui ont tant sacrifié dans la lutte antifasciste, dirigée par l'Union soviétique et son Armée rouge héroïque pendant la Deuxième Guerre mondiale. En ce qui concerne les crimes commis à l'époque de la guerre froide, c'est un fait bien établi que ce sont les États-Unis qui ont largué les bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki et par la suite fait la guerre aux peuples d'Asie, d'Afrique, d'Europe, d'Amérique latine et des Caraïbes, la Deuxième Guerre mondiale à peine finie. Même avant la fin de la guerre, ils ont comploté pour se joindre aux hitlériens pour détruire l'Union soviétique et par la suite ont saboté les nouvelles démocraties populaires. Il faut une enquête sérieuse sur les crimes commis pendant la guerre froide, au nom de la liberté, de la démocratie et des droits de l'homme et de l'opposition au totalitarisme et au communisme.

Il incombe aux Canadiens d'analyser davantage les crimes anglo-américains de la guerre froide et de demander pourquoi le gouvernement Harper considère qu'ils ne méritent pas d'être examinés, encore moins d'être rappelés. Dans son effort pour construire un monument fasciste, la bande à Harper a présenté des arguments douteux et aberrants au sujet du communisme et même amené le gouvernement du Canada et la Commission de la capitale nationale à approuver un monument basé sur aucun fait ni aucune opinion experte. Jamais le gouvernement Harper n'a fait un examen objectif de ces questions, ce qui aurait également permis d'examiner les crimes des fascistes, des partisans de la guerre froide américains, des impérialistes britanniques et des colonialistes au Canada.

Le communisme est l'idéologie de la classe ouvrière qui guide sa lutte pour son émancipation et celle de tous les peuples opprimés et ouvre la voie au progrès de la société. Toutes les forces de la société qui aspirent à la démocratie véritable exigent la suppression du monument commémoratif anticommuniste du gouvernement Harper.

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Un monument pour un chiffre inventé

Même si votre proposition de construire ailleurs le monument aux victimes du communisme reçoit beaucoup d'appuis (Move the memorial, 5 février 2015), cela ne change rien au fait que ce monument n'a pas le fondement historique qui lui est attribué. Le gouvernement se base sur un livre (un seul livre !) intitulé Le Livre noir du communisme affirmant que le communisme a tué 100 millions de personnes à travers le monde durant le XXe siècle. « Une approximation minimale » seulement, lit-on dans l'édition originale (1997). Oublie-t-on que le livre a failli ne jamais être publié justement à cause de ce nombre minimal inventé par une personne ?

Le collectif d'auteurs du Livre noir arrivait à un minimum de 65 millions de victimes, pas plus de 93 millions en extrapolant au maximum. Le chiffre de 65 millions était-il fondé ? Quant à la différence de 28 millions, presqu'autant que la population canadienne, comment la comprendre ? Des questions jamais abordées, ensevelies par le battage publicitaire entourant le livre à sa sortie.

Publication précédée d'une crise au sein de l'équipe d'auteurs, provoquée par l'intervention du coordonnateur embauché par les éditions Laffont, Stéphane Courtois. À coup de stylo, il change arbitrairement certains résultats. Par exemple, les 15 millions de victimes soviétiques grimpent à 20 millions. Une augmentation de 33 % ! Une fois d'autres « corrections » arbitraires ajoutées, Courtois annonce son minimum personnel : 100 millions. Un minimum dépassant le maximum extrapolé des auteurs ; un minimum supérieur de 35 millions au minimum des auteurs !

Indignés, certains refusent de remettre leur copie finale. Le Livre noir ne paraîtra donc pas. Appuyant Courtois contre les auteurs, les éditions Laffont recourent aux menaces judiciaires : « lettres recommandées, menaces de poursuites en justice, sommations d'huissier à la demande de l'éditeur exigeant la remise de copie ». (Le Monde, 31 octobre 1997)

Les auteurs cèdent. Et leurs noms se retrouvent sur la couverture du livre au chiffre gonflé qu'ils refusaient...

Le ministre Kenney était donc dans l'erreur en affirmant que ce chiffre de 100 millions était le résultat « que plusieurs universitaires et historiens de premier ordre ont analysé de près dans le Livre noir du communisme » (23 août 2013).[1] C'est exactement le contraire.

Tribute to Liberty s'est fait avoir, comme le montre sa pétition en ligne demandant au Parlement de s'engager dans le projet pour combler l'ignorance du peuple canadien : « Qui sait que l'Union soviétique a assassiné 20 millions de personnes ? » (Octobre 2010) Personne, sauf Courtois !

Plus récemment, il était inquiétant de voir le premier ministre Harper devenir victime lui aussi de cette manipulation des chiffres en déclarant : « Plus de 100 millions de personnes ont disparu, un chiffre quasiment incompréhensible. Nous ne devons jamais oublier que ce ne sont pas des chiffres ni des statistiques. C'était des mères et des pères, des fils et des filles, des amis et des voisins. » (30 mai 2014)

On vient de le voir, ce ne sont que des chiffres inventés, pas des statistiques et encore moins des personnes. « Incompréhensible » parce qu'arbitraire, le chiffre de 100 millions interdit justement de construire le monument.

François Lazure enseigne l'histoire au cégep de l'Outaouais

Note

1. Citation tirée des notes d'allocution du ministre du Multiculturalisme Jason Kenney à Ottawa le 23 août 2013 où il dit :

« Mais la journée du Ruban noir ne souligne qu'un aspect d'un siècle de tyrannie derrière le Rideau de fer et sous la férule des régimes communistes totalitaires, siècle que plusieurs universitaires et historiens de premier ordre ont analysé de près dans Le Livre noir du communisme, estimant qu'aux alentours de 100 millions de personnes ont été tuées durant le XXe siècle à cause des actes de violence et de terreur, de persécution et de génocide soutenus par les États communistes. »

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Le conseil municipal d'Ottawa s'oppose au diktat ministériel sur le monument anticommuniste

L'opposition au projet de monument aux « victimes du communisme » du gouvernement Harper ne cesse de s'intensifier dans tous les secteurs de la société. Un aspect important de cette opposition est le fait que les gens n'apprécient surtout pas que les conservateurs fassent fi des façons de procéder traditionnelles dans de tels cas. À cet effet, le 27 mai, le conseil municipal de la ville d'Ottawa a adopté une résolution demandant que le site choisi par le gouvernement pour le monument soit reconsidéré et qu'un autre soit trouvé. La résolution fait valoir que le site préféré du gouvernement, devant la Cour suprême du Canada, est en violation du plan « Une vision et un plan à long terme » (VPLT) en matière de gestion des terrains fédéraux dans la capitale. La VPLT stipule qu'un nouvel édifice de la cour fédérale est prévu au site en question comme élément d'une triade d'édifices juridiques.


Le Conseil municipal d'Ottawa débat de la motion sur l'emplacement du monument anticommuniste le 27 mai 2015.

Le résultat final du vote sur une proposition du conseiller Tobi Nussbaum portant sur le déménagement du site a été 18 pour et 6 contre. Plusieurs conseillers ont expliqué qu'ils avaient reçu de nombreuses plaintes de gens de leur quartier au sujet du monument.

La discussion sur la proposition a largement porté sur les questions de juridiction, sur quel palier de gouvernement peut se prononcer et sur quelles questions. Les conseillers qui s'opposaient à la résolution ont dit que, le gouvernement étant majoritaire, il peut prendre les décisions qu'il veut sur les sujets de son choix et l'opinion des gens ne compte pas et les commentaires de la ville d'Ottawa n'ont donc pas leur place. D'autres, en appui à la résolution, ont soutenu que puisque le site proposé se trouve dans un endroit bien en vue de la ville où passent touristes et résidents, il est tout à fait approprié d'exprimer son opinion sur l'emplacement du monument, alors que les questions comme l'architecture et la validité du projet ne relèvent pas des compétences de la ville.

Dans ses commentaires, le maire d'Ottawa, Jim Watson, a dit que la ville est déçue des arrangements en vertu desquels elle n'est pas consultée par le gouvernement fédéral sur des projets comme ce monument et de la façon cavalière avec laquelle les procédures du passé ont été balayées du revers de la main par un abus de pouvoir ministériel : « Pourquoi le gouvernement juge-t-il nécessaire de consulter le public sur le redéveloppement du pré Tunney mais pas sur la Cité judiciaire ? », a-t-il dit. Pourquoi y a-t-il eu une consultation publique en profondeur sur la question des terrains de la base aérienne de Rockliffe mais aucune discussion sur ce projet ? Pourquoi ce bien immobilier de premier choix évalué à des millions de dollars a-t-il été donné en cadeau à un intérêt privé tandis que la ville a été obligée de verser des dizaines de millions de dollars au gouvernement fédéral pour des droits fonciers souterrains pour bâtir le système de transport en commun ? »

Le maire Watson a dit : « En tant que résident d'Ottawa et contribuable fédéral je suis contrarié de l'absence de consultation pour ce projet et des changements proposés au plan fédéral de la Cité judiciaire, un élément de l'étude de 2006 à laquelle avaient contribué la ville, les citoyens et les agences gouvernementales. »

Watson a rappelé aux conseillers le haut niveau d'opposition au monument et au site choisi et a donné plusieurs exemples de dénonciations des conservateurs et de leur mépris extrémiste pour les institutions canadiennes.

« La communauté architecturale locale, provinciale et nationale, s'oppose au site pour la simple raison que le caractère sombre du monument va à l'encontre des principes d'une bonne conception urbaine. La communauté judiciaire s'y oppose, et avec raison, parce qu'il sert à des fins politiques et met fin aux projets de longue date de la Cité judiciaire de la Cour suprême du Canada », a-t-il dit.

Watson a ajouté que les « contribuables s'opposent aussi aux arrangements et aux prises de décision dénués d'équité et de transparence. Un grand nombre de résidents de la ville d'Ottawa se sont aussi prononcés sur cette approche » , a-t-il dit. « En ce qui me concerne, il est clair qu'une majorité de résidents engagés à la réalisation de ce projet y sont nettement opposés. »

Le gouvernement a réagi au vote du conseil municipal en exprimant son mépris le plus total pour la désignation actuelle du terrain fédéral via la VPLT. C'est le ministre responsable de la Région de la Capitale nationale, Pierre Poilievre, qui s'est exprimé sur cette question. Il a dit que le projet d'un édifice de la cour fédérale sur ce site n'était qu'un « autre édifice gouvernemental plein d'avocats qui n'aurait comme effet que de détruire les beaux espaces verts du centre-ville d'Ottawa ». Selon Mark Kristmanson, PDG de la Commission de la Capitale nationale, qui a le mandat de gérer les terrains fédéraux, la VPLT doit être amendée avant qu'un monument anticommuniste ne puisse être érigé sur le terrain choisi par le gouvernement. Poilievre, et les croisés anticommunistes Harper et Jason Kenney ont choisi d'ignorer cette réalité et d'agir comme si le contexte juridique actuel était étranger à leurs projets.

Les Canadiens continuent d'exiger que le projet de monument réactionnaire de la dictature Harper soit jeté dans la poubelle de l'Histoire. En fait, le rapport de la Commission de vérité et réconciliation rendu public le 2 juin propose une série de recommandations, dont celle d'ériger un monument national à Ottawa « pour rendre hommage aux survivants des pensionnats et à tous les enfants qui ont été séparés à jamais de leurs familles et de leurs communautés ». Il y a de nombreux appels à l'effet de se débarrasser une fois pour toutes du monument anticommuniste et d'en ériger un en hommage aux victimes et aux survivants des politiques génocidaires du Canada envers les Premières Nations. Des lettres à la rédaction publiées dans les principaux quotidiens, dont deux du 4 juin dans le Chronicle Herald, préconisent un tel choix et des douzaines d'opinions exprimées sur les médias sociaux abondent aussi en ce sens. Un article du 4 juin de la CTV News par Don Martin a donné voix à l'opposition du public au monument anticommuniste. Martin a dit que le génocide commis par le Canada « mérite bien qu'on y érige un monument aussi important que le Monument commémoratif de guerre du Canada ».

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Un combat historique pour mettre fin à la justice coloniale

Le rapport de la Commission de vérité et de réconciliation témoigne du besoin du renouveau constitutionnel et politique


La « Marche de la réconciliation » à Ottawa le 31 mai 2015 qui a débuté le rassemblement final de la Commission de vérité et de réconciliation

Le 2 juin, la Commission de vérité et de réconciliation (CVR) a présenté le document de synthèse de son rapport sur son enquête de 6 ans du système des pensionnats autochtones et de son impact sur les peuples autochtones. Le reste du rapport en six volumes sera présenté plus tard cette année.

Parlant devant une salle comble à l'hôtel Delta Chelsea au centre-ville d'Ottawa, le juge Murray Sinclair, président de la Commission a dit : « Nous devons nous rappeler qu'en même temps que les enfants autochtones apprenaient à se sentir inférieurs, génération après génération de non-autochtones ont été exposés à la fausse croyance que leurs cultures étaient supérieures. » Il a dit que cet héritage des pensionnats continue à ce jour. « L'impérialisme, le colonialisme et un sentiment de supériorité culturelle persistent », a-t-il dit, ajoutant : « Les tribunaux ont convenu que ces concepts sont sans fondement et immoraux face aux droits humains inaliénables. »

Ses commentaires témoignent du besoin urgent de renouvellement constitutionnel et politique au Canada parce que la constitution actuelle, basée sur le fardeau de l'homme blanc colonial du 19e siècle et les valeurs de « tolérance » des « cultures inférieures » est désuète et ne peut que donner lieu à la suppression des droits par l'État comme nous le voyons aujourd'hui. La Constitution canadienne ne peut pas satisfaire les revendications et les aspirations des peuples autochtones ni répondre au besoin du peuple du Canada et du Québec de pouvoir affirmer ses droits. Il est à noter que le 3 juin, lors d'une réunion à Rideau Hall, pour la fin officielle des travaux de la CVR, le gouverneur général David Johnston, le représentant de la reine au Canada, et témoin honorifique à la CVR a déclaré : « Un moment comme cela se produit très rarement dans l'histoire d'un pays. Ceci est un moment de réflexion et d'introspection nationale. Ceci est un moment pour réfléchir sur notre histoire, nos relations et nos responsabilités les uns envers les autres.... Pour réfléchir à la profondeur de notre engagement à la tolérance, le respect et l'inclusivité et si nous pouvons faire mieux. Nous pouvons et nous devons. »

« Tolérance, respect et inclusivité » ne vont pas y faire. Les peuples autochtones se lèvent et portent leurs revendications. En cela, ils sont appuyés par les Canadiens et les Québécois. Le récent sondage EKOS a révélé que la majorité des Canadiens pense qu'à la place du monument aux victimes du communisme que le gouvernement Harper tente de faire construire rapidement, le gouvernement devrait construire un « mémorial pour les injustices historiques contre les peuples autochtones. » Cela montre le haut niveau de conscience qui existe parmi les Canadiens et les Québécois de se tenir aux côtés des Premières Nations, de mettre un terme aux crimes qui ont été commis et continuent d'être commis contre les peuples autochtones au Canada et de trouver un moyen d'avancer ensemble en luttant pour le renouveau politique et constitutionnel.

(Photos : B. Powless, TRC)

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Qui a dit quoi


La «Marche de la réconciliation» à Ottawa le 31 mai 2015

Juge Murray Sinclair, président de la CVR : « Nous devons comprendre que la vie des peuples autochtones est toujours marquée des effets persistants des pensionnats et que plusieurs des comportements les plus destructeurs sont perpétués dans notre enseignement public. Nous devons nous rappeler qu'en même temps que les enfants autochtones apprenaient à se sentir inférieurs, génération après génération de non-autochtones ont été exposés à la fausse croyance que leurs cultures étaient supérieures. L'impérialisme, le colonialisme et un sentiment de supériorité culturelle persistent.

« Les tribunaux ont convenu que ces concepts sont sans fondement et immoraux face aux droits humains inaliénables. À cette fin, les recommandations de la Commission de vérité et de réconciliation répondent à certains de ces principaux défis... les peuples autochtones et non- autochtones de partout au pays, les jeunes et les personnes âgées, sont intéressés à prendre part à la discussion à propos de la réconciliation et de faire en sorte que la réconciliation devienne réalité. Les yeux de l'humanité et le regard de l'histoire se portent sur nous. Ce que nous faisons maintenant et dans les années à venir a une grande importance. C'est important non seulement pour ceux qui sont avec nous aujourd'hui, mais aussi les générations à venir et les esprits de ceux qui ne sont pas avec nous ici aujourd'hui et dont nous devons honorer la mémoire. Nous devons travailler ensemble. »

David Johnston, Gouverneur général du Canada, à la clôture des travaux de la CVR le 3 juin à Rideau Hall : « Un moment comme cela se produit très rarement dans l'histoire d'un pays. Ceci est un moment de réflexion et d'introspection nationale. Ceci est un moment pour réfléchir sur notre histoire, nos relations et nos responsabilités les uns envers les autres.... Pour réfléchir à la profondeur de notre engagement à la tolérance, le respect et l'inclusivité et si nous pouvons faire mieux. Nous pouvons et nous devons. Des générations de personnes inuites et des Premières nations, des Métis ont souffert en raison des pensionnats, et pour beaucoup, cette douleur continue. Ceci est un moment pour penser à ces gens, ces enfants, ces mères et pères, ces familles et ces aînés, passés et présents. Et c'est aussi un moment pour demander : où allons-nous à partir d'ici... Notre espoir réside dans l'apprentissage, et un engagement indéfectible envers la tolérance, le respect et l'inclusivité dans nos relations. »

« C'est la seule voie vers l'avant — la voie par laquelle nous créerons un pays pour tous nos enfants et petits-enfants à partager. Un pays dont nous pouvons tous être fiers. »

Stephen Harper, premier ministre, au Parlement, le 2 juin : « Le Canada est l'un des très rares pays au monde où les droits ancestraux et issus de traités sont reconnus et c'est une des raisons pour lesquelles le gouvernement accepte la déclaration de l'ONU comme un document ambitieux...

« Nous avons pris des mesures spécifiques pour renforcer les droits des peuples autochtones, en particulier les femmes vivant dans les réserves et en général tous les peuples autochtones, en vertu de la Loi canadienne sur les droits de la personne. »

Thomas Mulclair, chef de l'Opposition officielle et du NPD : « Le rapport de la Commission de vérité et réconciliation est une étape déterminante dans le processus de réconciliation au Canada. Aujourd'hui, notre pays essaie de tourner la page sur plusieurs années noires et avancer vers un avenir meilleur pour tous les peuples.

« En tant que Canadiens, nous devrions tous en apprendre davantage sur ce sombre chapitre de notre histoire. Nous n'oublierons ni les témoignages des survivants ni les enfants qui ne sont jamais revenus chez eux. Le NPD reste résolu à réparer la relation brisée avec les peuples autochtones dus aux inactions des gouvernements précédents, et ce, sur une base de nation à nation. »

Justin Trudeau, chef du Parti libéral : « Ainsi que le rapport et les recommandations de la CVR le préconisent, le moment est venu d'agir, sans plus attendre, pour faire avancer le processus de réconciliation et rebâtir la relation entre le Canada et les Premières Nations, les Inuits et les Métis en nous fondant sur les droits, le respect, la coopération et les normes de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones. La réconciliation ne prendra tout son sens que si nous respectons nos anciennes promesses et veillons à l'égalité des chances comme condition préalable à un avenir commun équitable et prospère. Au nom du Parti libéral du Canada et de notre caucus parlementaire, j'affirme notre appui indéfectible aux recommandations de la CVR et enjoins le gouvernement du Canada à prendre immédiatement des mesures pour les mettre en oeuvre. »

Elizabeth May, chef du Parti vert : « La réconciliation signifie nouer de nouvelles relations à la lumière de cette histoire, étendre le respect et l'égalité aux Premières nations qui ont été refusés durant des générations. Les conclusions de la CVR fournissent un compte-rendu sans précédent de nos erreurs passées ; mais aussi l'occasion de réparer. Le rapport présente des recommandations pour des actions qui touchent toutes les juridictions, tous les domaines politiques et tous les Canadiens. Bien que le dernier pensionnat ait été fermé en 1996, leurs effets dévastateurs restent. Le Canada se classe régulièrement dans le top dix de l'indice de développement humain, mais les Premières Nations se classent 63e ou plus bas. Ces recommandations nous donnent les moyens de travailler avec les communautés autochtones pour commencer à surmonter les injustices historiques et actuelles du colonialisme brutal et le génocide culturel. Nous pouvons, et devons tous prendre des mesures pour remédier à l'héritage des pensionnats. »

Pam Palmater, professeure associée et directrice de la Chaire sur la gouvernance autochtone à l'Université Ryerson : « La Commission de vérité et de réconciliation a fait un travail incroyable, face aux nombreux obstacles tendus par le gouvernement fédéral, pour faire en sorte que leurs histoires soient entendues et que le plus de preuves documentées soient dans le rapport.

« Ce serait une terrible erreur d'historiciser cela [la période des pensionnats] et dire : ' Eh bien, c'est arrivé il y a longtemps. Nous savons maintenant ce qui est arrivé. Excusons-nous et allons de l'avant.' C'est toujours en cours. Quand ils ont fermé les pensionnats, leur politique suivante a été la rafle des années soixante où ils ont effectivement pris plus d'enfants des Premières nations que pendant la période des pensionnats. C'est pourquoi entre 30 et 40 % de nos enfants ne vivent pas parmi nous. Ils prennent encore nos enfants. Ils essaient encore de les élever dans des familles non autochtones. Et beaucoup de ces enfants finissent en femmes autochtones assassinés ou disparues, ou se retrouvent dans le système carcéral. Et cet héritage des pensionnats est en cours. Dans le moment présent. »

Chef National Perry Bellegarde de l'Assemblée des Premières Nations : « Motivés par le courage, les survivants des pensionnats autochtones ont cherché la justice et la reconnaissance du Canada par le biais des représentations devant les tribunaux qui nous ont mis sur la route de la vérité et de la réconciliation. Aux anciens élèves , les survivants, je vous honore et je vous remercie. Je suis honoré d'être devant vous. Au nom de l'Assemblée des Premières Nations, l'une des parties à la Convention de règlement, nous remercions les commissaires pour votre force, le courage et l'approche sincère à l'important travail de la vérité et de la réconciliation. L'engagement de l'Assemblée des Premières Nations à la réconciliation reste fort. La réconciliation signifie tant de choses alors que nous avançons dans l'après-régime de pensionnats autochtones, qui a été conçu pour débarrasser le Canada des 'Indiens'. Dans son sillage, on se retrouve avec l'écart, un écart persistant, large et inacceptable de qualité de vie entre les Premières Nations et les autres Canadiens. Nous nous engageons à faire le travail nécessaire pour combler cet écart. »

(Source : Macleans.ca, CBC.ca, www.democracynow.org)

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Faits saillants des recommandations de la Commission


Le document de synthèse de 382 pages du rapport final de la CVR contient 94 recommandations que la Commission met de l'avant pour faciliter le processus de réconciliation entre les peuples autochtones et l'héritage du système des pensionnats autochtones et le peuple canadien. La principale recommandation est que le gouvernement fédéral et les gouvernements à tous les niveaux adoptent et mettent en oeuvre la Déclaration des Nations unies de 2007 sur les droits des peuples autochtones, comme « cadre pour la réconciliation. » Le gouvernement Harper résiste à la mise en oeuvre de cette loi internationale depuis maintenant plusieurs années et l'a seulement formellement « endossée » en 2012.

Un autre thème est celui des réformes juridiques qui mettraient fin à la surreprésentation des peuples autochtones dans le système de justice pénale au Canada, l'un des legs du système de pensionnats. Le rapport de la Commission appelle à une enquête nationale sur les femmes autochtones disparues et assassinées afin de répondre à l'indifférence de l'État canadien sous le régime Harper à cette importante préoccupation du peuple.

La Commission propose également diverses stratégies à être mises en oeuvre par les gouvernements dans le but d'informer les Canadiens sur la véritable histoire et les conséquences du système des pensionnats et pour corriger la désinformation sur les peuples autochtones qui est enseignée dans les écoles, les lieux de travail et au gouvernement. Il appelle à un « Conseil national pour la réconciliation » qui surveillerait le processus de réconciliation et ferait rapport de façon régulière.

La Commission demande également au gouvernement canadien de travailler avec les peuples autochtones à émettre une « Proclamation royale de réconciliation » semblable à la Proclamation royale de 1763 et au Traité de Niagara de 1974 qui enchâsserait des relations de « nation à nation » et des relations mutuellement respectueuses entre les peuples autochtones et la Couronne. Une telle proclamation royale rejetterait, entre autres choses, la doctrine eurocentriste de la découverte et de terra nullius, adopterait la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, et « renouvellerait ou établirait des relations de traité reposant sur les principes de reconnaissance mutuelle, de respect mutuel et de responsabilité partagée pour le maintien de ces relations dans l'avenir », entre autres principes.

Face à la destruction des langues autochtones par le système des pensionnats autochtones où on a interdit aux enfants autochtones de parler leur langue, la Commission propose que soit adoptée une Loi sur les langues autochtones comme moyen de récupérer et d'encourager les langues autochtones et propose la nomination d'un commissaire aux langues autochtones pour surveiller la mise en oeuvre de cette loi.

La Commission lance l'appel à l'injection de fonds supplémentaires pour maintenir le registre national des écoliers décédés qu'elle a créé dans le cadre de son travail afin de récupérer l'identité de milliers d'enfants qui sont morts aux mains des autorités scolaires résidentielles et qui sont enterrés dans des tombes anonymes, de sorte que leurs familles et les communautés puissent enfin savoir ce qui est arrivé à leurs enfants. La Commission demande également 10 millions $ au cours des sept prochaines années pour financer les travaux du Centre national pour la vérité et la réconciliation situé à l'Université du Manitoba pour poursuivre le travail de la CVR.

Enfin, la Commission appelle à des manifestations commémoratives telles « une journée nationale pour la vérité et la réconciliation » pour honorer les survivants, leurs familles et les communautés ainsi qu'un Monument des pensionnats autochtones à Ottawa et dans d'autres villes dans le cadre d'événements conduisant au 150e anniversaire de la Confédération en 2017.

(Photos : B. Powless)

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