Numéro 27 - 10 juin
2015
In
Memoriam
Judith
Snow
29 octobre
1949 - 31 mai 2015
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• In Memoriam
• Une vie merveilleuse
- Le Renouveau -
• Voix, expression et validation
- Diane Johnston -
• Concentrer sur l'aspect important
- Judith Snow -
Les plaidoyers de
culpabilité des banques illustrent
la nécessité
d'une nouvelle direction de l'économie
• Manipulation criminelle des devises pour
l'enrichissement privé
- K.C. Adams -
• La nécessité d'une nouvelle
direction pour le commerce international
La glorification du
fascisme de la dictature Harper sous couvert de commémoration
des victimes du communisme
• Les raisons pour lesquelles le monument
commémoratif anticommuniste
du gouvernement Harper doit
être abandonné et non pas relocalisé
- Pauline Easton et Louis Lang -
• Un monument pour un chiffre inventé
- François Lazure -
• Le conseil municipal d'Ottawa s'oppose au
diktat ministériel
sur le monument
anticommuniste
Un combat historique
pour mettre fin à la justice coloniale
• Le rapport de la Commission de
vérité et de réconciliation témoigne
du
besoin du renouveau constitutionnel et politique
- Philip Fernandez -
• Qui a dit quoi
• Faits saillants des
recommandations de la Commission
Supplément
Histoire de la
Deuxième Guerre mondiale
• L'apaisement, la conciliation avec les nazis et
l'anticommunisme anglo-américains
In Memoriam
C'est avec grande tristesse que le Parti
marxiste-léniniste du Canada vous informe du décès
de notre chère camarade Judith Snow le soir du 31 mai 2015. Le
Parti transmet ses sincères condoléances à la
famille, aux camarades et amis de Judith en cette heure de grande
épreuve et de chagrin.
Judith Snow est née à Oshawa, en Ontario.
Atteinte d'amyotrophie spinale infantile, elle et ses parents ont
défié tous les pronostics du corps médical. Judith
refusait ardemment d'être pathologisée et d'être
classée « invalide ». Elle a combattu pour
que tous puissent avoir pleines possibilités de
développer leurs talents et faire leurs
contributions à la société.
Sa cause première était la reconnaissance
du droit de chacun de vivre la vie à son plein. Elle n'acceptait
pas le manque de respect envers les personnes avec des besoins
spéciaux, qu'elles soient traitées comme un poids pour la
société et que leurs talents et contributions ne soient
pas mis en valeur. Elle a montré aux autres à voir les
personnes
avec des aptitudes différentes et des limitations comme un don
à la société car cela cimente la solidarité
sociale et permet d'apporter des solutions pratiques aux
problèmes, qui profitent à tout le monde, basées
sur la satisfaction des besoins par la société.
Les réalisations de Judith sont de celles que
l'on retrouve dans les livres d'histoire. Ses exploits sont
légendaires. Elle s'est gagné l'affection et une
énorme admiration de tous ceux et celles qui l'ont connue.
En 1980, avec l'aide de sa famille et des amis de son
comité Joshua, Judith a refusé le sort que lui
réservaient les institutions canadiennes et a combattu pour
recevoir un financement public individualisé pour pouvoir vivre
indépendante des institutions. Elle a été la
première personne à obtenir ce droit au Canada. Elle a
dû se battre pour
conserver ce soutien année après année mais cela a
ouvert la voie à plus de 600 personnes en Ontario et à
combien d'autres ailleurs au Canada qui ont ainsi pu demander et
recevoir un financement d'État pour subvenir à leurs
besoins.
Judith a aussi excellé du côté
académique. Elle a d'abord obtenu un baccalauréat en
mathématique puis une maîtrise en psychologie clinique et
s'est ensuite inscrite au programme de doctorat de l'Institut
d'études pédagogiques de l'Ontario.
Elle a parcouru l'Amérique du Nord et l'Europe et
donné des conférences sur l'intégration des
personnes avec des besoins spéciaux à tous les aspects de
la vie.
Judith est l'auteure de nombreux articles publiés
mondialement, du livre What's Really Worth Doing and How To Do It (Ce
qui
vaut
vraiment
la
peine
d'être
fait
et
comment le faire) et Who's
Drawing
the Line (Qui trace la ligne ?). Elle a
également contribué à la pièce Le
Livre de Judith. Le livre From Behind the Piano : The
Building of Judith
Snow's Unique Circle of Friends a été écrit
par Jack Pearpoint avec la participation de Judith.
Se décrivant comme une inventeure sociale et une
défenseuse de causes sociales, Judith était
également une artiste qui a fondé la Laser Eagles Art
Guild, un groupe de peintres qui a exposé à plusieurs
endroits, notamment au Musée royal de l'Ontario.
Le PMLC a eu la chance d'avoir Judith comme membre, qui
a représenté le Parti et son travail pour le renouveau en
tant que candidate à trois élections
fédérales et une élection provinciale. Elle
était convaincue que les droits du peuple peuvent être
garantis seulement avec le renouveau du système politique au
Canada. Elle a adhéré à de
nombreuses causes qui lui étaient chères et s'est fait
des amis partout où elle est allée.
Rien ne pouvait ralentir son élan. Rien ne
pouvait l'arrêter. Judith, tu vas beaucoup nous manquer.
Anna Di Carlo, dirigeante
nationale, Parti
marxiste-léniniste du Canada
Une vie merveilleuse
- Le Renouveau, 5 juin 2015 -
Judith Snow, auteure, conférencière,
artiste, défenseuse de la justice sociale, du renouveau
politique et des droits de tous, camarade, amie et tant de choses
encore.
Judith avait 65 ans quand sa vie s'est terminée
le 31 mai 2015, presque 36 ans de plus que ce que le corps
médical avait prédit à sa naissance. Les
médecins la condamnaient aussi à une vie qui ne valait
pas d'être vécue.
Comme ils se trompaient ! À un très
jeune âge Judith a entrepris de leur donner tort et elle a
réussi. Elle s'est fait non seulement une vie qui vaut
d'être vécue, mais une vie merveilleuse qui vaut
d'être partagée, une vie pleine de réalisations,
d'aventures, de chagrins et de joies, de courage, de choix audacieux et
d'audace devant l'absence
de choix. Judith a combattu sans relâche pour être en
contrôle de sa vie et elle nous a emmenés avec elle dans
un acte délibéré de découverte. Une vie de
passion. Une vie de beauté.
Le départ prématuré de Judith est
une grande perte pour tous ceux et celles qui l'ont connue ou qui ont
bénéficié de ses réussites. Parmi ses
nombreuses contributions, on compte son apport à la relation
entre l'individu et la société de laquelle chacun
dépend pour vivre, et sur ce front elle a fait plus que
s'acquitter de son devoir : elle a
réclamé ses droits pour pouvoir s'acquitter de son devoir.
Ce fut un grand honneur d'avoir connu Judith et un
immense honneur qu'elle eut choisi de faire sien notre Parti, le Parti
marxiste-léniniste du Canada (PMLC). Que sa quête d'une
société qui affirme les droits de tous se poursuive et se
propage ! Que cette cause soit à jamais liée
à son nom !
Voix, expression et validation
- Diane Johnston -
Judith, une femme aimable, aimante et
décidée, a combattu pour et a elle-même
incarné une vision de société centrée sur
l'être humain. Elle comprenait que les droits individuels et les
droits collectifs doivent être respectés et peuvent
être harmonisés avec l'intérêt
général de la société seulement dans la
mesure où la société affirme le droit
public.
J'ai eu le privilège de faire campagne à
ses côtés comme candidates indépendantes pour le
renouveau démocratique à deux élections partielles
en Ontario, en 1993. J'ai un souvenir très vivant de sa
présence à nos côtés. C'était au mois
de mars et le temps était froid. Judith était toujours
à son poste, immanquablement, à l'entrée d'un
centre
commercial à parler aux passants du besoin de renouveler la
société.
Voici un extrait d'un message que Judith a
affiché sur le site Community Works il y a environ 15 ans.
Pourquoi nous dit-on
« handicapés » ?
Nous avons des caractéristiques uniques qui nous
distinguent des autres. Souvent nous sommes réduits au silence,
ou presque. Nos corps ont une forme inhabituelle. Nous sommes
frêles et fragiles.
Nous vivons dans un rapport étroit avec le corps,
l'esprit et le coeur des autres. Nos façons de faire ne sont pas
inférieures à celles des autres.
Cette façon de vivre fait appel à notre
courage, notre amour, notre empathie pour les autres et notre
créativité. Nous voyons et entendons ce que d'autres
manquent complètement.
Je ne dis pas que tout le monde doit être comme
nous. Notre don est rare et c'est bien ainsi. Mais aussi
problématiques que soient nos corps et nos esprits, parce qu'ils
sont uniques ils nous donnent de la force et une
créativité devant le défi, à nous qui
vivons dans ce corps et cette tête, mais aussi à la
société quand nous sommes appréciés,
respectés et célébrés.
Nous sommes des personnes uniques et inhabituelles.
Pourquoi sommes-nous constamment comparés
à ce qui est « normal » ? Qu'est-ce
que nous avons d'important qui est nié ? À quoi
tournons-nous le dos, tous ensemble ?
Où nos dons trouvent-ils leur pleine
expression ? Comment bénéficient-ils aux
autres ? Comment célébrer et partager cette
particularité de notre vie ?
Comment faisons-nous avancer le monde naturellement,
vulnérables que nous sommes, sans être une mauvaise copie
de quelqu'un d'autre ?
Qui nous écoute en ce moment ? Comment faire
pour que d'autres encore nous écoutent ?
Concentrer sur l'aspect important
- Judith Snow, 9 mai 1993 -
Nous reproduisons ci-dessous un article écrit par
Judith Snow en 1993 dans lequel elle explique son point de vue sur le
besoin de renouveau politique au Canada pour que tous puissent exercer
un contrôle sur leur vie et que les droits de tous soient
affirmés.
L'article a été écrit dans le cadre
du travail du Parti marxiste-léniniste du Canada pour initier un
projet de renouveau démocratique qui a mené à la
création du Parti du renouveau du Canada en tant qu'organisation
non partisane, ouverte à tous et toutes quelles que soient les
convictions idéologiques et politiques, ayant pour seul objectif
d'investir les Canadiens du pouvoir d'exercer un contrôle sur
leur vie. Le projet a été par la suite poursuivi par le
PMLC en son propre nom dans l'idée que tôt ou tard les
conditions seront à nouveau réunies pour que le Parti du
renouveau réalise son objectif de renouveler la vie politique au
Canada.
* * *
Judith Snow s'adressant au
congrès de fondation du Parti canadien du renouveau tenu
à Toronto les 24 et 25 avril 1993
En ce départ du Parti canadien du renouveau, dont
je suis membre fondatrice, j'ai résolu de jeter sur papier
quelques réflexions sur ce que j'ai appris durant toute cette
période qui vient de s'écouler. En septembre et octobre
derniers, je me suis lancée corps et âme dans la campagne
du Comité « Votez Non le 26 octobre » pour
la
victoire du non. Après le référendum (de
Charlottetown) j'ai adhéré au Conseil national pour le
renouveau de l'économie, de la démocratie et du
fédéralisme. Durant toute cette période j'ai
cherché à comprendre le sens profond du terme renouveau.
Cette lutte personnelle provient de notre souci commun d'être
effectifs dans notre entreprise.
Voilà bien des années que je me consacre
activement à encourager la diversité parmi mes camarades
de classe, parmi les travailleurs et les gens en général.
Puis, il y a environ trois ans, j'ai commencé à me
demander sérieusement où réside le pouvoir de
décider. Pour ma part, je n'avais pas ce pouvoir :
j'étais bloquée par des
bureaucrates. Les gens en poste d'autorité étaient
à leur tour entravés dans leurs démarches par la
procédure officielle et des intérêts en place. Les
élus me renvoyaient à d'autres ministères,
d'autres instances législatives. À l'occasion une
décision était prise en privé, dans un bureau
quelconque, mais c'était par chance. Il n'y avait pas de
façon sûre
d'amener un ministère fédéral ou provincial
à agir.
Mes interrogations ont commencé à se
préciser lors d'une assemblée publique parrainée
par le Comité « Votez Non le 26 octobre ».
Les citoyens, disait-on, ont le droit d'élire et d'être
élu. Ce droit émane du fait que dans une vraie
démocratie, la souveraineté appartient aux citoyens.
C'est donc que les citoyens ont le droit de
décider des affaires qui concernent la façon dont la
société est gouvernée. Le problème, c'est
que les citoyens canadiens ne sont pas vraiment souverains en vertu de
la constitution actuelle.
Judith à la
convention constitutionnelle du Parti canadien du renouveau à
Ottawa en septembre 1993
|
Beaucoup d'entre nous au Conseil national du renouveau,
dans notre empressement à réaliser le renouveau le plus
vite possible, avons commencé à écrire et à
faire différentes choses. La discussion a par la suite
révélé que, du moins pour certains d'entre nous,
l'approche n'était pas politique et c'est pourquoi notre action
n'était pas effective. Je
ne comprenais pas tout à fait ce que voulait dire être
politique. Mais avec le temps voici à quelles conclusions j'en
suis venue.
Il n'y a jamais eu dans le passé de
véritable démocratie où c'est le peuple qui est
souverain, où le peuple est habilité à exercer le
pouvoir par les structures politiques et l'économie. Mais
souvent dans l'histoire, un peuple se voit offrir la chance de se
constituer en démocratie. Si la chance est saisie, la
société progresse et s'épanouit, du moins
pendant une certaine période. Si, au contraire, les gouvernants
tournent le dos au peuple, la société s'enlise
profondément dans la crise.
Par exemple, lorsque les grands propriétaires
forcèrent les rois du dix-septième siècle à
renoncer à leur « droit divin » et
établirent le parlement, la société progressa.
Lorsque Boris Eltsine, en Russie moderne, cherche à subordonner
le pouvoir législatif élu au pouvoir exécutif, il
approfondit la crise de son pays.
Un véritable problème politique est celui
qui se pose dans le cours de l'évolution de la
société vers la démocratie. Poser un
problème donné dans une perspective politique, c'est
présenter la chose de sorte à offrir aux citoyens la
possibilité de se constituer en société
démocratique.
Aussi la société est-elle tenaillée
par de très nombreux problèmes. Aussi les militants
abordent-ils les problèmes dans une variété de
perspectives. Souvent on a l'impression de vraiment faire une bonne
action. Or, l'activité qui n'est pas politique ne permet pas aux
citoyens de s'attaquer aux problèmes à la base, celui qui
est le même pour tout le
monde : en l'occurrence, la déficience de la
démocratie canadienne, le fait que nous sommes entravés
politiquement dans notre effort pour résoudre les
problèmes qui nous font face.
Tous ceux qui appuient le Parti canadien du renouveau
doivent à tous prix éviter l'attitude apolitique, car
cela ne fait qu'approfondir la crise. Ce qu'il nous faut, c'est une
action politique qui donne aux citoyens et résidents canadiens
les moyens de développer une démocratie qui renouvellera
le pays et sera un modèle porteur d'espoir pour le
monde.
Les plaidoyers de culpabilité des
banques illustrent
la nécessité d'une nouvelle direction
de l'économie
Manipulation criminelle des devises pour
l'enrichissement privé
- K.C. Adams -
Les institutions financières internationales
Citicorp, JPMorgan Chase, Barclays et Royal Bank of Scotland ont
plaidé coupables le 20 mai 2015 à des accusations
criminelles de conspiration pour manipuler la valeur des devises
internationales à des fins d'enrichissement privé. Une
cinquième banque, UBS AG, a plaidé coupable à
l'accusation de
manipulation du London Interbank Offered Rate, ou taux interbancaire
pratiqué à Londres (LIBOR) et d'autres taux
d'intérêt de référence bien que le tribunal
ait fait remarquer que l'UBS est impliquée dans une conspiration
plus vaste concernant les devises. Le département de la Justice
des États-Unis a accepté les plaidoyers de
culpabilité en
échange d'une amende de 9 milliards $ mais n'a pris aucune
mesure supplémentaire contre les banques ou les dirigeants
individuels impliqués qui les aurait forcés à
rendre des comptes de l'argent qu'ils ont volé et des dommages
qu'ils ont causés. Le département de la Justice a dit
très clairement que les plaidoyers de culpabilité ne sont
pas
des préludes à d'autres actions des tribunaux mais bien
« leur résolution ».
Dans leurs plaidoyers de culpabilité, les banques
ont reconnu avoir criminellement conspiré à manipuler la
valeur des devises pour le gain personnel de la fin de 2007 au
début de 2013. Pendant cette période, le revenu brut des
quatre banques pour leurs transactions sur le marché des changes
s'est monté à 85 milliards $. Aucun calcul n'a
été fait des dommages que leur manipulation a
causé aux pays, entreprises et individus impliqués dans
l'échange des devises ou des dommages collatéraux qu'ils
ont causés au commerce international où le taux de change
au comptant de la devise est un élément crucial.
Les privilèges
bancaires des banques
impliquées n'ont pas été révoqués et
aucune autre pénalité ne leur a été
appliquée. La vie continue comme avant et le privilège de
classe est maintenu. Aucune personne travaillant pour les banques
impliquées n'a été nommée et encore moins
mise en accusation. Le département de la Justice des
États-Unis a
refusé d'expliquer comment des activités criminelles
datant d'aussi longtemps, aussi lucratives et
répétées ont pu passer inaperçues et n'ont
pas été détectées par les superviseurs, les
gestionnaires et les cadres supérieurs. Il faut aussi noter que
le département de la Justice qualifie les banques
impliquées de délinquants récidivistes qui violent
constamment des accords de non poursuite et refusent de restreindre
leurs activités financières bien que les lois
américaines le requièrent,
L'absence de reddition sérieuse de comptes pour
leurs activités criminelles se voit au mémo que le
directeur général de Citicorp ( maintenant appelé
Citigroup après une nouvelle prise de contrôle et fusion)
a envoyé aux employés dans lequel il qualifie la
condamnation au criminel d'« embarrassement ». On
comparera l'
« embarrassement » de M. Corbat avec les
arrestations, les condamnations et les démissions qu'ont
vécues les dirigeants de la FIFA accusés par le
même département de la Justice de corruption impliquant
des sommes d'argent beaucoup moins grandes. Le deux poids deux mesures
est évident. Les relations amicales entretenues par les
dirigeants de la FIFA avec l'Afrique du Sud, le Brésil, la
Russie, le Qatar et même la Palestine ont amené le
département américain de la Justice à porter de
grave accusations. C'est tout le contraire qui s'est produit dans le
cas de ces cinq banques qui jouent un rôle de premier plan au
sein du système impérialiste d'États dirigé
par les États-Unis.
On leur a donné un traitement de faveur accompagné de
l'avertissement gentil que « vous faites partie des
nôtres et vous êtes trop gros pour tomber mais
s'il-vous-plaît soyez plus discrets ».[1]
La Commission de sécurité et des
échanges des États-Unis d'Amérique (SEC) a dit que
les accords en vertu des plaidoyers de culpabilité sont une
bonne chose pour l'économie et a donné son accord et
l'assurance que les banques pourraient continuer d'opérer comme
avant en dépit de leur comportement criminel et de leur
récidivisme. Une
des commissaires de la SEC, Kara Stein, a fortement
désapprouvé cette position et émis un avis
dissident de celui du département de la Justice et de la
décision de la SEC de pardonner aux banques et de ne pas leur
demander des comptes.
Cette affaire sordide
illustre une nouvelle fois la
nécessité d'une nouvelle direction prosociale de
l'économie. L'économie moderne socialisée
appartient au peuple et est vitale à son existence.
L'économie et ses institutions doivent servir le vaste
intérêt public et non les intérêts
privés étroits d'une minorité
privilégiée. Pensons un instant à
l'impact de cette manipulation non seulement sur la concentration de la
richesse sociale et du pouvoir dans un plus petit nombre de mains mais
pour le commerce et le développement international.
Le récidivisme des banques expose leur mobile
qui repose sur la cupidité et le privilège de classe.
Leur position centrale au sein de l'économie rend encore plus
évident le fait que les banques privées opérant
pour le profit n'ont plus aucune utilité dans l'économie
moderne. Elles ne sont là que pour permettre à une
minorité privilégiée de
s'enrichir et sont donc en contradiction avec l'économie
socialisée et l'intérêt public. Leurs
activités perturbatrices criminelles sont des facteurs qui
causent les crises économiques.
Les institutions financières en ce moment ne
rendent de comptes qu'à elles-mêmes et à leurs
groupes de propriétaires privés. Elles exercent une
grande autorité sur l'économie qu'on peut
caractériser comme une autorité servant les
intérêts étroits de puissants intérêts
privés au détriment de l'intérêt et du bien
public. Même au sein du système
capitaliste, les institutions financières privées ne
jouent aucun rôle utile mais freinent l'économie
socialisée et sont une force perturbatrice et destructrice. Dans
le cadre de sa lutte pour une nouvelle direction de l'économie,
le peuple doit demander que le secteur financier soit
considéré et traité par la loi comme un service et
une entreprise publics
devant être au service de l'intérêt et du bien
public.
Note
1. Citigroup, la plus grosse banque dans le monde au
moment de la crise économique mondiale de 2008, a subi de
grandes pertes en transigeant des papiers dérivés lors du
crash du marché essentiellement fictif des obligations. Le
gouvernement des États-Unis a sauvé la compagnie et ses
« avoirs en détresse » fin 2008 et
début
2009 en tant qu'entreprise « trop grosse pour
tomber ». Pour ce faire, le gouvernement s'est lancé
dans de grandes manoeuvres pour payer les riches et engouffré
des centaines de milliards de dollars en prise d'actions, subsides,
lignes de crédit et garanties.
Cinq grandes banques acceptent des plaidoyers de
culpabilité — Département de la justice des
États-Unis, 20 mai 2015 (extraits)
Cinq grandes banques, Citicorp, JPMorgan Chase &
Co., Barclays PLC, The Royal Bank of Scotland plc et UBS AG, ont
accepté de plaider coupables à des accusations de
félonie.
Citicorp, JPMorgan Chase & Co., Barclays PLC, et
The Royal Bank of Scotland plc ont accepté de plaider coupables
à des accusations de conspiration en vue de manipuler le prix
des dollars américains et des euros échangés sur
le marché des changes au comptant. Une cinquième
banque, UBS AG, a accepté de plaider coupable à
l'accusation de manipulation du London Interbank Offered Rate (LIBOR)
(taux interbancaire pratiqué à Londres) et d'autres taux
d'intérêts de référence et de
payer 203 millions $ en pénalité au criminel,
après avoir enfreint son accord de décembre 2012 qui
résolvait l'enquête sur le LIBOR sans qu'il y ait
poursuite. [...]
« L'accusation de conspiration vise le taux
de change entre le dollar américain et l'euro, ce qui a
affecté les devises qui sont au coeur du commerce international
et a miné l'intégrité et la
compétitivité des marchés de change
étrangers
sur lesquels des transactions de l'ordre de plusieurs centaines de
milliards de dollars se font chaque jour, a
dit le vice-procureur général Baer. La nature
sérieuse des crimes justifie les plaidoyers de
culpabilité, au niveau des sociétés-mères,
de Citicorp, Barclays, JPMorgan et RBS. » [...]
Entre décembre 2007 et janvier 2013, les
courtiers d'euro-dollars de Citicorp, JPMorgan, Barclays et RBS, se
nommant eux-mêmes « le Cartel », ont fait
usage exclusif d'un espace de discussion électronique et de
langage codé pour manipuler les taux d'intérêts de
référence. Ces taux sont établis, entre autres
moyens, en deux
principaux moments de fixation des taux, soit à 13 h 15 par la
Banque centrale européenne et à 16 heures par World
Markets/Reuters. Les tierces parties amassent les données
à ces deux moments afin de calculer et de publier un
« taux » quotidien qui sert à mettre un
prix sur les commandes de plusieurs gros clients. Les courtiers faisant
partie du « Cartel » ont coordonné leurs
transactions de dollars américains et d'euros afin de manipuler
les taux de référence établis à 13 h 15 et
16 h afin d'accroître leurs profits.
Comme en ont fait foi les ententes de plaidoyer, ces
courtiers ont utilisé leurs discussions électroniques
exclusives pour manipuler les échanges euros-dollars d'autres
manières également. Les membres du
« Cartel » manipulaient le taux de change
euro-dollar en s'entendant pour éviter de faire bouger le taux
de change dans une
direction qui serait nuisible aux coconspirateurs. En s'entendant pour
ne pas acheter ou vendre à certains moments, les courtiers ont
protégé leurs positions respectives en retenant l'offre
ou la demande de devises et en supprimant la concurrence sur le
marché FX.
Citicorp, Barclays, JPMorgan et RBS ont tous
accepté de plaider coupables à une accusation de crime
grave de conspiration pour manipuler les prix et les échanges de
dollars américains et d'euros sur le marché FX de devises
au comptant aux États-Unis et ailleurs. [...]
Barclays a de plus admis que des pratiques
d'échange et de vente sur le marché FX et son
comportement de collusion sur le FX constituent des crimes
fédéraux qui ont violé la clause principale de
l'entente de juin de 2012 qui résolvait l'enquête du
département sur la manipulation du LIBOR et d'autres taux
d'intérêts de référence sans qu'il y
ait poursuite.
En plus, selon les documents à être soumis
en cour, le département de la Justice a déterminé
que les pratiques trompeuses d'échange et de vente de UBS dans
ses transactions sur le marché FX de même que son
activité de collusion sur certains marchés FX, ont
violé son accord de non-poursuite qui a mené à une
résolution à l'enquête sur le
LIBOR. Le département a statué que UBS avait enfreint
l'accord et UBS a accepté de plaider coupable à une
accusation de félonie de fraude en rapport avec ses manoeuvres
pour manipuler le LIBOR et d'autres taux d'intérêt de
référence. UBS a aussi accepté de payer une amende
au criminel de 203 millions $.
Selon le mémoire sur le bris de l'accord
attaché à l'entente de plaidoyer d'UBS, la banque s'est
impliquée dans des pratiques trompeuses d'échanges et de
vente sur le FX, dont des marges secrètes ajoutées au
prix sur certaines transactions de clients sur le FX, après
avoir signé un accord de non-poursuite relatif au LIBOR. Les
courtiers d'UBS
et son personnel de vente ont trompé leurs clients lors de
certaines transactions en prétendant qu'aucune marge n'avait
été ajoutée au prix alors qu'elle l'avait
été. À d'autres occasions, les courtiers et le
personnel de vente d'UBS se faisaient des signaux de la main pour
cacher ces marges sur le prix aux clients. En d'autres occasions,
certains
courtiers d'UBS ont aussi établi des prix-limites à un
niveau différent de celui expressément établi par
le client afin d'y ajouter des marges secrètes. En plus, selon
les documents de la cour, un courtier d'UBS a conspiré avec
d'autres banques faisant des transactions sur le marché FX en
acceptant de restreindre la concurrence dans l'achat et la vente
de dollars et d'euros. UBS a pris part à ces activités de
collusion d'octobre 2011 à au moins janvier 2013.
En déclarant qu'UBS avait violé l'accord
de non-poursuite, le département de la Justice a examiné
le comportement d'UBS décrit ci-haut à la lumière
de l'obligation qui lui a été faite dans l'accord de
non-poursuite de ne plus commettre de tels crimes. Le
département a aussi examiné trois récentes
résolutions au criminel et plusieurs
résolutions au civil et de réglementation visant UBS. Le
département a de plus considéré que les efforts de
conformité et de réparation d'UBS suite à l'accord
sur le LIBOR n'ont pas mené à la détection du
comportement illégal, et ce, jusqu'à ce qu'un article
soit
publié qui faisait état de possible inconduite sur les
marchés FX. [...]
En conjonction avec les accords annoncés
précédemment avec les agences réglementaires des
États-Unis et à l'étranger, dont le Bureau du
contrôleur de la devise (OCC) et l'Autorité
fédérale de surveillance des marchés financiers
(FINMA), les résolutions d'aujourd'hui portent le total des
amendes et pénalités que doivent payer ces cinq
banques pour leurs activités sur le marché FX de la
devise au comptant à près de 9 milliards $.
Opinion dissidente par rapport à certaines
dérogations accordées par la Commission à
certaines entités ayant plaidé coupables à des
accusations criminelles incluant la manipulation de taux de change
étrangers
- Commissaire Kara M.
Stein de la Commission de
Sécurité et des échanges des États-Unis
d'Amérique, le 21 mai 2015 -
J'exprime ma dissidence avec les ordonnances
émises par la Commission le 20 mai 2015, qui autorisent les
dérogations suivantes à une série de
disqualifications qui sont prévues dans la réglementation
fédérale sur les valeurs mobilières.[1]
1) UBS AG, Barclays Plc, Citigroup Inc., JP Morgan
Chase & Co. (JPMC), et Royal Bank of Scotland Group Plc (RBSG)
obtiennent une dérogation aux clauses de la
réglementation de la Commission qui les rendent automatiquement
inéligibles au régime des « well-known
seasoned issuer » ou WKSI (les émetteurs d'offres
les
plus connus et réguliers).[2]
2) UBS AG, Barclays, et JPMC obtiennent une
dérogation aux clauses de disqualification automatique
liées à la véracité des déclarations
selon la Section 27A du Securities Act et de la Section 21E du
Securities Exchange Act of 1934 ; et
3) UBS AG et trois entités de Barclays[3]
obtiennent une dérogation à la disqualification
automatique pour mauvais comportement inscrite au règlement
506.[4]
Les disqualifications se rapportent à un
comportement général semblable, soit la conspiration
criminelle en vue de la manipulation des taux de change sur le
marché des devises étrangères (le Marché
FX de la devise au comptant), un marché mondial d'achat et de
vente de devises. Les courtiers de ces firmes « se sont
engagés dans une
combinaison et conspiration en vue de fixer, stabiliser, maintenir,
accroître ou diminuer le prix et de manipuler l'offre et l'achat
de l'échange étranger de la devise euro-dollar.
(« FX »). [5] Pour mener à bien leur
stratagème, les conspirateurs ont communiqué et
coordonné les échanges sur une base presque quotidienne
dans un espace
électronique de discussion appelé par eux
« Cartel » ou « Mafia ».[6]
En outre, le personnel de vente et les courtiers ont menti aux
clients afin d'amasser des marges ajoutées secrètes
à certaines transactions.[7] Ce comportement criminel s'est
poursuivi pendant des années, non détecté et non
dissuadé.[8]
Il y a de fortes raisons de rejeter ces demandes de
dérogation aux dispositions de disqualification automatique
requises par la loi ou la réglementation. La première
d'entre elles, cependant, est le récidivisme de ces
institutions. Par exemple, face à cette action criminelle sur le
FX, une majorité à la Commission a décidé
d'accorder à Citigroup
une nouvelle dérogation WKSI, sa quatrième depuis 2006.
Il est bon de noter que Citigroup a été automatiquement
disqualifié des dérogations WKSI entre 2010 et 2013 pour
une autre forme d'inconduite, ce qui fait que cela fait maintenant cinq
fois en neuf ans qu'il est impliqué dans des activités
qui sont passibles de disqualification WKSI. En
plus, avec cette dernière ronde, la Commission a
accordé :
- à Barclays sa troisième
dérogation WKSI depuis 2007 ;
- à UBS, sa septième dérogation WKSI
depuis 2008 ;
- à JPMC, sa sixième dérogation
WKSI depuis 2008 ;
- à RBSG, sa troisième dérogation
WKSI depuis 2013.
La Commission a donc accordé au moins 23
dérogations WKSI à ces cinq institutions au cours des
neuf dernières années. Le nombre s'élève si
vous comptez les dérogations pour mauvais comportement et autres
raisons.
Cette dernière ronde d'accusations criminelles
arrive dans la foulée des actions entreprises par le
département de la Justice contre UBS, Barclays et RBSG pour leur
manipulation collective du London Interbank Offered Rate (LIBOR), un
taux de référence utilisé pour les produits et
transactions financiers partout dans le monde. La manipulation
du LIBOR était flagrante et « a affecté les
produits financiers dans le monde et érodé
l'intégrité des marchés
financiers ».[9] Dans le cadre des accords qui sont sortis
du dossier LIBOR, UBS.
Barclays et RBSG ont chacun signé une entente avec le
département de la Justice dans laquelle ils se sont
engagés à ne plus commettre de
crimes pendant la durée de ces accords.[10]
Le fait de permettre à ces institutions de
continuer comme si de rien n'était, après des violations
sérieuses et multiples, réglementaires et criminelles,
fait courir un risque aux investisseurs et au public américains
qu'on ne prend pas en ligne de compte. Examiner chaque
dérogation dans un vacuum ne va pas résoudre le
problème.
C'est pourtant dans cette voie que s'engage la
Commission une fois de plus aujourd'hui. Après son plaidoyer de
culpabilité dans le dossier du LIBOR, UBS a obtenu une
dérogation WKSI qui était explicitement conditionnelle au
respect du jugement émis sur la question du LIBOR.[11]
Cette condition explicite vient maintenant d'être
violée. La Commission n'en a pas moins accordé une
nouvelle dérogation à UBS.
C'est une chose troublante que d'accorder constamment
des dérogations pour inconduite. Ça l'est encore plus
quand on refuse d'appliquer nos propres conditions explicites en vertu
desquelles les dérogations sont accordées. Ce type de
récidivisme et d'inconduite criminelle à
répétition devrait mener à la révocation
des dérogations antérieures et
non à de nouvelles dérogations. Nous avons les outils
nécessaires, et avec eux la responsabilité de donner les
moyens aux dirigeants de ces institutions d'opérer un changement
de culture significatif et pourtant nous refusons de les utiliser.
En conclusion, je suis troublée de la
récurrence du non-respect qui se produit chez ces institutions
financières internationales, qui est peut-être le signe
d'une culture toujours en place qui ne supporte pas adéquatement
le comportement légal et éthique. Je suis
également préoccupée du fait que cette
récente série d'actions ait fait de la
condamnation criminelle des institutions financières quelque
chose de largement symbolique. Les firmes et les institutions
s'appuient de plus en plus sur la délivrance
répétée de dérogations par la Commission
pour échapper aux conséquences de la condamnation
criminelle, lesquelles seraient de nature à contribuer de
façon positive au bon
comportement d'une firme et à son respect des règles en
vigueur.
Pour lire le texte intégral des notes (en
anglais), Cliquer
ici.
Notes
1. Créé par la Commission dans le cadre
des réformes de 2005 de l'offre en valeurs boursières, le
WKSI, ou well-known seasoned issuer (émetteur d'offres bien
connu et régulier), est un statut qui est disponible aux
« émetteurs les plus connus qui représentent
le montant en capital le plus significatif qui est amassé et
transigé aux États-Unis ». Consulter la
Division of Corporation Finance's Revised Statement on Well-Known
Seasoned Issuer Waivers (Apr. 24, 2014). Ce statut confère aux
plus grandes compagnies des avantages sur les plus petites. Par
exemple, les WKSI ont un accès instantané aux
investisseurs sur les marchés des capitaux. De plus, les
WKSI jouissent d'une plus grande flexibilité dans leurs
communications publiques et d'un processus d'enregistrement pour lequel
moins de surveillance est exigée que pour les plus petites
entreprises.
2. [...] Dans le cadre de cet ensemble d'ententes de
plaidoyers, plutôt que de plaider coupable de pratiques
trompeuses d'échange et de ventes sur le FX dans laquelle elle
est
impliquée, UBS AG a accepté de « plaider
coupable de manipulation du London Interbank Offered Rate (
« LIBOR ») et d'autres taux
d'intérêts de
référence.
La nécessité d'une nouvelle direction
pour le commerce international
Deuxième partie : Chiffres du commerce pour
le mois
de mars — un déficit record
LML publie le deuxième article de la
série « La nécessité d'une nouvelle
direction pour le commerce international », qui discute du
problème du volume et des prix en fluctuation et présente
les chiffres du mois de
mars sur le commerce de marchandises. Pour la première partie
voir LML du 27 mai 2015.
Statistique Canada a réévalué
à la hausse le déficit record pour le commerce
international de marchandises du pays en mars 2015. Le déficit
évalué à 3,0 milliards $ est maintenant
passé à 3,9 milliards $. La tendance s'est
poursuivie en avril alors que le déficit a augmenté de
3,0 milliards $. Puisqu'ils siphonnent la richesse
sociale du pays, les déficits mensuels n'annoncent rien de bon
pour l'avenir.
L'immense déficit
est attribuable à la
chute de la valeur de la monnaie canadienne et d'autres monnaies,
à la chute du prix de marché du pétrole et surtout
au recours au commerce international et à la production dans le
but de servir les empires monopolistes privés et non
l'édification nationale. Ce qui manque aux Canadiens est le
contrôle leur
permettant de traiter de ces problèmes et de trouver des
solutions. Aucune autorité publique n'existe qui puisse exercer
un contrôle significatif sur ce qui est exporté et
importé, sur le prix de ces marchandises ou sur la valeur de la
monnaie canadienne. Les monopoles mondiaux contrôlent tous les
facteurs importants touchant au commerce
international et n'agissent qu'en fonction de leurs
intérêts privés étroits.
La manipulation monétaire pour le profit
privé comprend aussi la manipulation du prix des devises et du
commerce des devises pour le profit privé, comme en
témoigne le fait que cinq des plus grandes institutions
financières aux États-Unis et en Europe ont plaidé
coupables devant un tribunal de New-York. Citicorp, JPMorgan Chase et
Co.,
Barclays PLC, The Royal Bank of Scotland plc et UBS AG ont
écopé d'une amende conjointe de 9 milliards $ pour
avoir manipulé, pour le gain privé, les taux de change,
le LIBOR (taux interbancaire offert à Londres) et d'autres taux
d'intérêt de référence. L'amende de 9
milliards $ ne représente qu'une infime partie du revenu
brut
— évalué à 85 milliards $ — obtenu par la
collusion en commerce et en manipulations. Ce plaidoyer de
culpabilité ne mène à aucune peine pour les
individus impliqués et permet aux monopoles de poursuivre leurs
activités sans nouvelles restrictions. Un seul membre de la
Securities and Exchange Commission des États-Unis a
exprimé sa
dissension par rapport à la décision majoritaire. Il a
dénoncé l'absence flagrante de justice et de peines dans
cette cause et le fait que les institutions financières puissent
continuer d'opérer normalement.
La fluctuation des cours des devises affecte directement
le commerce international puisque les transactions s'effectuent selon
la valeur relative des devises du moment, en particulier relativement
au dollar étasunien, puisque les produits de base sont
exprimés en dollar étasunien et que celui-ci demeure la
principale monnaie de réserve. Le volume
et la qualité des biens échangés peuvent se
ressembler mais leur valeur en monnaie nationale peut varier grandement
en vertu du régime d'échanges actuel
contrôlé par les intérêts privés. Le
commerce international dans son ensemble devient un moyen de
spéculation et de profits faciles pour le capital financier et
une arène où se joue la concurrence
de l'empire.
La nécessité d'une autorité
publique pour restreindre le droit de monopole
Tout est échangé à l'échelle
mondiale, les biens ainsi que leurs dérivés
imaginés tels les crédits de carbone tant
décriés. Les monopoles les plus puissants rivalisent et
collaborent à manipuler le commerce international dans leurs
propres intérêts privés
étroits. Cette activité siphonne la richesse sociale du
peuple et en prive son économie et son projet
d'édification nationale tout en concentrant la richesse et le
pouvoir entre les mains de quelques-uns. Seule une autorité
publique peut régler ce problème si elle a le pouvoir de
restreindre le droit de monopole et de soutenir un principe
d'échanges à
avantage et à développement réciproques. Tout
centre privé d'échanges de biens, de leurs
dérivés ou de devises doit être interdit. Le
commerce international doit être fondé sur des
échanges de nation à nation et favorables à
l'avantage et au développement réciproques. Les prix de
marché doivent être fixés sur une base scientifique
en vertu des
coûts de production et en vertu d'un équilibre
international fondé sur l'amitié et le
développement réciproques des peuples, de leurs
économies et de leurs besoins.
Pour voir la charte qui montre la fluctuation du prix du
dollar canadien vis-à-vis le dollar américain depuis deux
ans, cliquer ici.
Les chiffres
présentés dans le rapport du
mois de mars et touchant aux biens manufacturés sont
inquiétants, car ils indiquent que la plupart des secteurs ont
connu d'importants déficits. En termes monétaires, les
exportations de véhicules à moteur et leurs pièces
sont de l'ordre de 6 602 millions $ pour le mois de mars. D'autre
part,
l'importation de véhicules à moteur et leurs
pièces a atteint 7 858 millions $ le même mois, un
déficit de 1 256 millions $. Une partie de ce
déficit provient du fait que les grandes compagnies d'automobile
importent les pièces destinées à leurs
véhicules assemblés au Canada, lesquels sont ensuite
exportés aux États-Unis. Dans cette
manipulation de plusieurs pays à l'avantage des monopoles
privés, le Canada joue le rôle d'intermédiaire pour
des pièces d'automobile qui sont d'abord importées,
placées dans les automobiles et immédiatement
exportées. Cette façon de faire résulte en une
perte nette dans la balance de paiements du pays, laissant les
Canadiens à la merci des
monopoles mondiaux, perte qu'on excuse en invoquant une croissance
d'emplois alors que dans les faits ces emplois disparaissent
rapidement. Jamais n'est considérée une nouvelle
direction centrée sur un secteur de l'automobile d'ici sous
contrôle canadien, réparti partout au Canada et
consacré à la construction d'autos, de camions et
d'équipements lourds, puisant à même les
matières premières du pays et produisant des produits
finis conçus au Canada et en vertu de ses besoins climatiques et
autres.
Le déficit le plus important est celui des biens
de consommation. Les exportations sont de 5 337 millions $ et les
importations de 9 980 millions $, avec un déficit de 4 643
millions $ seulement pour le mois de mars.
Un autre secteur manufacturier qui est constamment en
déficit est celui de la machinerie industrielle, de
l'équipement et des pièces. Les exportations au mois de
mars étaient de 2 674 millions $ tandis que les
importations étaient de 4 607 millions $, pour un
déficit de 1 933 millions $. La seule chose qui peut
expliquer cet
important déficit récurrent est la domination de ce
secteur par les monopoles mondiaux Caterpillar Inc., Komatsu, Volvo
Construction Equipment et Hitachi Ltd., lesquels résistent
à tout changement favorable à la production locale.
Aussi, les pièces et équipement
électroniques et électriques ont connu un déficit
de 2 985 millions $ avec des exportations de 2 294 millions $
et des importations de 5 279 millions $.
À eux seuls, ces quatre secteurs manufacturiers
sont responsables d'un déficit commercial de 10 817
millions $ au mois de mars. La chute de la valeur du dollar
canadien explique en partie ce déficit, mais le problème
dans ces secteurs manufacturiers se trouve avant tout dans l'opposition
systémique des monopoles à tout projet
d'édification nationale.
Plusieurs prétendent que la valeur moins
élevée du dollar canadien devrait stimuler les
exportations, faire chuter le déficit commercial et
générer de l'emploi, mais aucun fait ne vient appuyer ces
hypothèses. Un dollar canadien plus faible fait en sorte que les
importations de biens manufacturés exprimés en argent
sont plus élevées même si les
volumes sont moindres et les exportations augmentent. Par exemple, le
dollar plus faible a affecté l'exportation des produits
énergétiques, dont les valeurs exprimées en argent
ont baissé de 43,7 % au mois de mars relativement au mois
de mars 2014.
Statistique Canada note dans son rapport de mars :
« Les importations ont augmenté pour atteindre 45,5
milliards $ en mars, des hausses ayant été
enregistrées dans 7 des 11 sections. Pour le premier trimestre
de 2015, les importations ont crû de 0,6 % par rapport au
quatrième trimestre de 2014. Cependant, les
importations trimestrielles ont baissé de 0,2 % en termes
réels (ou en volume)...
« Pour le premier trimestre de 2015, les
exportations totales ont diminué de 3,0 % par rapport au
quatrième trimestre de 2014. Cependant, les exportations
trimestrielles ont augmenté de 0,6 % en termes réels
(ou en volume)...
« Les exportations de produits
énergétiques ont diminué de 8,9 % pour se
chiffrer à 6,9 milliards de dollars. Des reculs
généralisés ont été observés
dans les exportations des groupes de marchandises de la section,
surtout les produits pétroliers raffinés pour
combustibles, qui ont diminué de 29,7 % pour
s'établir à 855 millions
de dollars. Les exportations de gaz naturel (-16,2 %) et de
pétrole brut et pétrole brut bitumineux (-2,7 %) ont
également affiché des baisses. Pour la section dans
l'ensemble, les prix ont fléchi de 7,0 % et les volumes, de
2,1 %. »
La nécessité d'une nouvelle direction
pour l'économie
Le commerce international
contrôlé par des
intérêts privés motivés par
l'édification d'empires pour servir les monopoles mondiaux est
contraire à l'intérêt public et à
l'édification nationale. La réalité de la
mondialisation impérialiste, avec son libre-échange
contrôlé par les
monopoles les plus puissants, est que le commerce sert à
exploiter le peuple et à enrichir les intérêts
privés. Cette situation nécessite une nouvelle direction
pour le commerce international et pour les secteurs manufacturiers au
Canada.
Seule l'entreprise publique peut assurer une
stabilité dans les secteurs manufacturiers, en particulier dans
les secteurs où l'économie canadienne répond
à une demande constante en termes d'articles de consommation et
de moyens de production. Seule une autorité publique, avec le
pouvoir de restreindre le droit de monopole dans le secteur du
commerce de gros et dans le commerce international, peut transformer la
situation afin de servir l'intérêt public,
l'édification nationale et le bien public.
Les déficits et l'instabilité de la valeur
commerciale en termes monétaires sont en partie le
résultat de la fluctuation des prix de marché des devises
et des marchandises contrôlés et manipulés par les
intérêts privés. Une autorité publique doit
avoir le pouvoir de restreindre les monopoles mondiaux et leur commerce
intéressé de devises et des
principales marchandises ainsi que leur manipulation des prix de
marché. Il faut fixer le prix de marché des biens
échangés de façon réciproque pour les
partenaires commerciaux, de sorte à ce qu'il reflète de
façon plus juste les coûts de production, la valeur
actuelle des biens échangés et les besoins
spécifiques de chaque pays en question. Les prix
de marché doivent être conformes aux coûts de
production et doivent être ajustés pour servir le principe
de l'avantage et du développement réciproques. La valeur
relative particulière des devises ne devrait pas servir à
dénaturer l'échange. Dans la plupart des cas, des mesures
autres que la fixation des prix en devises, en particulier le dollar
américain, peuvent assurer le principe de l'avantage
réciproque.
L'activité criminelle des monopoles mondiaux
consistant à contrôler le commerce international et le
prix des devises et des principales marchandises, ainsi que leur
pratique criminelle d'échanger les dérivés,
doivent cesser. Une autorité publique doit avoir le pouvoir de
priver les intérêts privés — pour la plupart
étrangers — de la possibilité
d'exercer le contrôle qu'ils exercent sur le commerce
international canadien de marchandises, sur les prix de la monnaie et
des principales marchandises canadiennes. L'activité criminelle
des monopoles mondiaux souligne la nécessité de
transformer le secteur financier en un service public qui sert
l'intérêt public et non les appétits privés.
La revendication d'une nouvelle direction pour le
commerce international est directement liée au désir des
peuples du monde d'entretenir de saines relations entre eux,
fondées sur la paix et sur le développement amical et
mutuel de leur économie et du bien-être de tous les
peuples. Une nouvelle direction répond au désir des
peuples partout
dans le monde d'être investis du pouvoir, de vivre dans la
stabilité et la sécurité tout au long de leur vie
active, d'un gouvernement antiguerre et de mettre fin à la
mondialisation impérialiste.
La glorification du fascisme de la
dictature Harper sous couvert de commémoration des victimes du
communisme
Les raisons pour lesquelles le monument
commémoratif anticommuniste du gouvernement Harper doit
être abandonné et non pas relocalisé
- Pauline Easton et Louis Lang -
N'oublions jamais : ce sont Hitler et les gens de
son acabit qui ont été les victimes du communisme, pas
huit millions de Canadiens ou 100 millions de personnes dans le monde
comme l'affirment le premier ministre du Canada, Stephen Harper, ainsi
que son ministre de la Défense nationale, Jason Kenney, et son
ministre de l'Emploi et
du Développement social, Pierre Poilievre. Dans leurs attaques
anticommunistes virulentes, ils répètent certaines des
énormités de la propagande anticommuniste, comme
l'absurdité qu'au Canada tous ceux qui viennent de pays
socialistes, anciens ou actuels, sont des victimes du communisme.
Prenons l'argument selon
lequel tous les Canadiens
d'origine chinoise au Canada sont des victimes du communisme. Combien
d'entre eux sont arrivés au Canada avant 1949, lorsque la Chine
s'est libérée du militarisme japonais et de la
domination étrangère anglo-américaine et
européenne ? Le gouvernement Harper les compte-t-il
parmi les 8 millions de Canadiens ? Des membres de la
communauté vietnamienne ont déjà expliqué
qu'ils ne s'opposaient pas à la direction dans laquelle le
gouvernement du Vietnam a engagé leur pays. En fait, beaucoup de
ceux qui
cherchaient à fuir le communisme parmi les Vietnamiens qui ont
quitté le pays après la chute de Saigon le 30 avril 1975
étaient les anciens laquais et fantoches des occupants
impérialistes américains et des barons de la drogue,
responsables des crimes odieux commis contre le peuple vietnamien.
C'est la même chose pour les 21 000 Canadiens d'origine cubaine.
Ils sont également venus au Canada pour diverses raisons,
notamment économiques, et non pour fuir
le communisme, ce qui est également le cas des Coréens et
de personnes d'autres origines.
Pour ce qui est de la communauté ukrainienne au
Canada, une section militante de la classe ouvrière canadienne,
170 000 Ukrainiens sont arrivés au Canada avant la
Première Guerre mondiale et 70 000 de Pologne et de Roumanie
entre les deux guerres mondiales. Beaucoup ont fui les gouvernements
réactionnaires et chauvins qui niaient à
l'Ukraine le droit à un État unifié, qui n'a
été atteint qu'avec la victoire de l'Armée rouge
et des partisans à la fin de la Deuxième Guerre mondiale.
Ces vagues de migrations sont la source principale de
l'établissement des Ukrainiens au Canada, et pourtant tous ces
Canadiens sont déclarés des « victimes du
communisme » par la
bande à Harper, sans qu'ils aient un mot à dire.
Un grand nombre de personnes ont quitté
l'Indonésie après le massacre d'un million de communistes
en 1965-66 par le régime du président Suharto, tandis
qu'au Kosovo de nombreuses personnes ont fui pour échapper au
bombardement de leur pays par l'alliance militaire de l'OTAN et les
personnes d'origine albanaise ont quitté leur pays
dévasté après la chute du socialisme.
Les allégations de Harper de 100 millions de
victimes du communisme à l'échelle mondiale et de 8
millions au Canada servent essentiellement un objectif de propagande.
C'est pour nous faire oublier que les victimes du communisme ont
été en réalité Adolf Hitler, sa Wehrmacht
et son troisième Reich, avec Mussolini et ses chemises brunes et
Tojo et les militaristes japonais. Ils ont été vaincus
par le front uni contre le fascisme, dans lequel l'Armée rouge a
joué un rôle particulièrement héroïque
et subi les pertes les plus importantes, et par les peuples d'Europe.
Les peuples de tous les pays, y compris le Canada, mais aussi d'Afrique
du Nord, d'Italie, de Grèce, d'Albanie, de
Yougoslavie et d'autres pays d'Europe, ainsi que des Américains
vers la fin de la guerre, ont combattu à leurs
côtés. Tojo et les militaristes japonais ont
été vaincus par les peuples héroïques de
Corée, de Chine et des autres pays d'Asie, avec l'aide de
l'Armée rouge à la fin de la guerre.
Harper et d'autres
dirigeants occidentaux n'ont pas
participé aux célébrations du 70e anniversaire de
la victoire sur le fascisme allemand en Europe.
Harper et ses ministres restent silencieux sur les
victimes du fascisme, sauf pour mentionner l'Holocauste européen
d'une manière qui laisse à penser que seul le peuple juif
a souffert aux mains des hitlériens et, surtout, sert à
camoufler le rôle de leurs héros dans la
perpétration de ces crimes. Ils ne nous disent pas combien de
Canadiens
figurent parmi les victimes du fascisme selon leur algèbre
politique ni ne reconnaissent leur existence. Il est très
révélateur que le gouvernement Harper ne reconnaisse pas
les Canadiens d'ascendance allemande, italienne, d'Europe de l'Est,
espagnole ou japonaise comme des victimes du fascisme, et encore moins
ceux qui sont venus de pays sous la
botte de l'impérialisme allemand ou du militarisme japonais.
Avec une arrogance totale et dans le but d'empêcher le peuple de
le combattre aujourd'hui, ils ne condamnent pas les crimes du fascisme
ni ne reconnaissent l'importance de sa défaite.
Le boycott des conservateurs de Stephen Harper et des
dirigeants des pays de l'OTAN des célébrations du 9 mai
à Moscou pour le 70e anniversaire de la victoire sur le fascisme
allemand en Europe, n'était pas un incident isolé. Le but
était de nier le rôle décisif de l'Union
soviétique dans la victoire sur l'agression des nazis allemands
dans
toute l'Europe et d'intensifier la propagande belliciste pour soutenir
le gouvernement néonazi ukrainien qui se prépare à
attaquer la Russie.
La falsification systématique de l'histoire de la
Deuxième Guerre mondiale par les conservateurs de Stephen Harper
n'est pas un phénomène nouveau. C'est une continuation
des mensonges et des déformations des faits avancés par
les milieux dirigeants des États-Unis, de la Grande-Bretagne et
de la France qui, avant et même pendant la guerre,
ont tout fait pour isoler l'URSS, aider l'Allemagne à se
réarmer et pousser Hitler vers l'Est pour écraser l'Union
soviétique.
Les ministres conservateurs, comme Chris Alexander,
répètent les mensonges éhontés que l'URSS
était l'agresseur en Ukraine et en Pologne alors qu'en
réalité l'Armée rouge soviétique, qui a
dû combattre 85 pour cent des unités d'élite de la
Wehrmacht allemande, a remporté la victoire et
libéré tous les pays d'Europe de l'Est, qui
étaient tous
sous occupation nazie allemande.
Les éloges de M. Alexander pour les
« héros nationaux de l'Ukraine » qui ont
combattu du côté de l'armée nazie allemande contre
l'Armée rouge sont une glorification du fascisme et une
tentative de renverser le verdict de l'histoire sur ces assassins de
masse et ces traîtres. C'est un fait établi que les
collaborateurs ukrainiens de
l'Allemagne, qui ont rejoint les rangs de la Division SS Galicie, ont
été responsables du meurtre de centaines de milliers de
partisans et de juifs polonais, ukrainiens et yougoslaves. Leurs
descendants qui ont été mis au pouvoir en Ukraine
aujourd'hui commettent les crimes les plus odieux contre le peuple qui
dans la partie orientale de l'Ukraine
lutte pour défendre ses droits démocratiques et s'oppose
au gouvernement illégitime néonazi de Kiev.
Les conservateurs de Stephen Harper, avec les
États-Unis et l'OTAN, participent activement à
l'instigation de la guerre aux frontières de la Russie. Ils
envoient des centaines de soldats canadiens pour entraîner
l'armée du gouvernement de Kiev, composée en grande
partie de milices nazies qui arborent des symboles nazis sur leurs
uniformes et
leurs blindés.
Cette trahison des
conservateurs de Harper des anciens
combattants canadiens et de toutes les forces armées
alliées de la Deuxième guerre mondiale qui ont combattu
et sont tombés au combat contre le fascisme allemand est
très préoccupante pour tous les Canadiens. Cela montre
clairement l'extrémisme que les conservateurs de Stephen Harper
tentent d'imposer à la société canadienne. Cela
comprend ses abus de pouvoir pour ériger un monument
commémoratif anticommuniste à Ottawa sur un terrain de
choix afin d'imposer des valeurs nazies aux Canadiens qui reconnaissent
l'importance des sacrifices faits pendant la Deuxième Guerre
mondiale pour contenir et vaincre le fascisme et
refusent qu'il soit réhabilité et promu en leur nom.
N'oublions jamais : Hitler et ses sbires sont les
victimes du communisme, pas les Canadiens qui ont tant sacrifié
dans la lutte antifasciste, dirigée par l'Union
soviétique et son Armée rouge héroïque
pendant la Deuxième Guerre mondiale. En ce qui concerne les
crimes commis à l'époque de la guerre froide, c'est un
fait bien établi que ce
sont les États-Unis qui ont largué les bombes atomiques
sur Hiroshima et Nagasaki et par la suite fait la guerre aux peuples
d'Asie, d'Afrique, d'Europe, d'Amérique latine et des
Caraïbes, la Deuxième Guerre mondiale à peine finie.
Même avant la fin de la guerre, ils ont comploté pour se
joindre aux hitlériens pour détruire l'Union
soviétique et
par la suite ont saboté les nouvelles démocraties
populaires. Il faut une enquête sérieuse sur les crimes
commis pendant la guerre froide, au nom de la liberté, de la
démocratie et des droits de l'homme et de l'opposition au
totalitarisme et au communisme.
Il incombe aux Canadiens d'analyser davantage les crimes
anglo-américains de la guerre froide et de demander pourquoi le
gouvernement Harper considère qu'ils ne méritent pas
d'être examinés, encore moins d'être
rappelés.
Dans son effort pour construire un monument fasciste, la bande à
Harper a présenté des arguments douteux et aberrants
au sujet du communisme et même amené le gouvernement du
Canada et la Commission de la capitale nationale à approuver un
monument basé sur aucun fait ni aucune opinion experte. Jamais
le gouvernement Harper n'a fait un examen objectif de ces questions, ce
qui aurait également permis d'examiner les crimes des fascistes,
des partisans de la
guerre froide américains, des impérialistes britanniques
et des colonialistes au Canada.
Le communisme est l'idéologie de la classe
ouvrière qui guide sa lutte pour son émancipation et
celle de tous les peuples opprimés et ouvre la voie au
progrès de la société. Toutes les forces de la
société qui aspirent à la démocratie
véritable exigent la suppression du monument commémoratif
anticommuniste du gouvernement Harper.
Un monument pour un chiffre inventé
- François Lazure -
Même si votre proposition de construire ailleurs
le monument aux victimes du communisme reçoit beaucoup d'appuis (Move
the
memorial, 5 février 2015), cela ne change rien au fait
que ce monument n'a pas le fondement historique qui lui est
attribué. Le gouvernement se base sur un livre (un seul
livre !) intitulé Le
Livre noir du communisme affirmant que le communisme a tué
100 millions de personnes à travers le monde durant le XXe
siècle. « Une approximation minimale »
seulement, lit-on dans l'édition originale (1997). Oublie-t-on
que le livre a failli ne jamais être publié justement
à cause de ce nombre minimal inventé par une
personne ?
Le collectif d'auteurs du Livre noir arrivait
à un minimum de 65 millions de victimes, pas plus de 93 millions
en extrapolant au maximum. Le chiffre de 65 millions était-il
fondé ? Quant à la différence de 28 millions,
presqu'autant que la population canadienne, comment la
comprendre ? Des questions jamais abordées,
ensevelies par le battage publicitaire entourant le livre à sa
sortie.
Publication précédée d'une
crise au sein de l'équipe d'auteurs, provoquée par
l'intervention du coordonnateur embauché par les éditions
Laffont, Stéphane Courtois. À coup de stylo, il change
arbitrairement certains résultats. Par exemple, les 15 millions
de victimes soviétiques grimpent à 20 millions. Une
augmentation de
33 % ! Une fois d'autres
« corrections » arbitraires ajoutées,
Courtois annonce son minimum personnel : 100 millions. Un minimum
dépassant le maximum extrapolé des auteurs ; un
minimum supérieur de 35 millions au minimum des auteurs !
Indignés, certains refusent de remettre leur
copie finale. Le Livre noir ne paraîtra donc pas.
Appuyant Courtois contre les auteurs, les éditions Laffont
recourent aux menaces judiciaires : « lettres
recommandées, menaces de poursuites en justice, sommations
d'huissier à la demande de l'éditeur exigeant la remise
de
copie ». (Le Monde, 31 octobre 1997)
Les auteurs cèdent. Et leurs noms se retrouvent
sur la couverture du livre au chiffre gonflé qu'ils refusaient...
Le ministre Kenney était donc dans l'erreur en
affirmant que ce chiffre de 100 millions était le
résultat « que plusieurs universitaires et historiens
de premier ordre ont analysé de près dans le Livre
noir du communisme » (23 août 2013).[1] C'est
exactement le contraire.
Tribute to Liberty s'est fait avoir, comme le montre sa
pétition en ligne demandant au Parlement de s'engager dans le
projet pour combler l'ignorance du peuple canadien :
« Qui sait que l'Union soviétique a assassiné
20 millions de personnes ? » (Octobre 2010) Personne,
sauf Courtois !
Plus récemment, il était inquiétant
de voir le premier ministre Harper devenir victime lui aussi de cette
manipulation des chiffres en déclarant : « Plus
de 100 millions de personnes ont disparu, un chiffre quasiment
incompréhensible. Nous ne devons jamais oublier que ce ne sont
pas des chiffres ni des statistiques. C'était des mères
et des pères, des fils et des filles, des amis et des
voisins. » (30 mai 2014)
On vient de le voir, ce ne sont que des chiffres
inventés, pas des statistiques et encore moins des personnes.
« Incompréhensible » parce qu'arbitraire,
le chiffre de 100 millions interdit justement de construire le monument.
François Lazure enseigne l'histoire au
cégep de l'Outaouais
Note
1. Citation tirée des notes d'allocution du
ministre du Multiculturalisme Jason Kenney à Ottawa le 23
août 2013 où il dit :
« Mais la journée du Ruban noir ne
souligne qu'un aspect d'un siècle de tyrannie derrière le
Rideau de fer et sous la férule des régimes communistes
totalitaires, siècle que plusieurs universitaires et historiens
de premier ordre ont analysé de près dans Le Livre noir
du communisme, estimant qu'aux alentours de 100 millions de
personnes
ont été tuées durant le XXe siècle à
cause des actes de violence et de terreur, de persécution et de
génocide soutenus par les États communistes. »
Le conseil municipal d'Ottawa s'oppose au diktat
ministériel sur le monument anticommuniste
L'opposition au projet de monument aux
« victimes du communisme » du gouvernement Harper
ne cesse de s'intensifier dans tous les secteurs de la
société. Un aspect important de cette opposition est le
fait que les gens n'apprécient surtout pas que les conservateurs
fassent fi des façons de procéder traditionnelles dans de
tels cas.
À cet effet, le 27 mai, le conseil municipal de la ville
d'Ottawa a adopté une résolution demandant que le site
choisi par le gouvernement pour le monument soit
reconsidéré et qu'un autre soit trouvé. La
résolution fait valoir que le site préféré
du gouvernement, devant la Cour suprême du Canada, est en
violation du plan « Une vision et un
plan à long terme » (VPLT) en matière de
gestion des terrains fédéraux dans la capitale. La VPLT
stipule qu'un nouvel édifice de la cour fédérale
est prévu au site en question comme élément d'une
triade d'édifices juridiques.
Le Conseil municipal
d'Ottawa débat de la motion sur l'emplacement du monument
anticommuniste le 27 mai 2015.
Le résultat final du vote sur une proposition du
conseiller Tobi Nussbaum portant sur le déménagement du
site a été 18 pour et 6 contre. Plusieurs conseillers ont
expliqué qu'ils avaient reçu de nombreuses plaintes de
gens de leur quartier au sujet du monument.
La discussion sur la proposition a largement
porté sur les questions de juridiction, sur quel palier de
gouvernement peut se prononcer et sur quelles questions. Les
conseillers qui s'opposaient à la résolution ont dit que,
le
gouvernement étant majoritaire, il peut prendre les
décisions qu'il veut sur les sujets de son choix et l'opinion
des gens ne compte
pas et les commentaires de la ville d'Ottawa n'ont donc pas leur place.
D'autres, en appui à la résolution, ont soutenu que
puisque le site proposé se trouve dans un endroit bien en vue de
la ville où passent touristes et résidents, il est tout
à fait approprié d'exprimer son opinion sur l'emplacement
du monument, alors que les questions comme
l'architecture et la validité du projet ne relèvent pas
des
compétences de la ville.
Dans ses commentaires, le maire d'Ottawa, Jim Watson, a
dit que la ville est déçue des arrangements en vertu
desquels elle n'est pas consultée par le gouvernement
fédéral sur des projets comme ce monument et de la
façon cavalière avec laquelle les procédures du
passé ont été balayées du revers de la main
par un abus de pouvoir
ministériel : « Pourquoi le gouvernement
juge-t-il nécessaire de consulter le public sur le
redéveloppement du pré Tunney mais pas sur la Cité
judiciaire ? », a-t-il dit. Pourquoi y a-t-il eu une
consultation publique en profondeur sur la question des terrains de la
base aérienne de Rockliffe mais aucune discussion sur ce
projet ? Pourquoi ce bien immobilier de premier choix
évalué à des millions de dollars a-t-il
été donné en cadeau à un
intérêt privé tandis que la ville a
été obligée de verser des dizaines de millions de
dollars au gouvernement fédéral pour des droits fonciers
souterrains pour bâtir le système de transport en
commun ? »
Le maire Watson a dit : « En tant que
résident d'Ottawa et contribuable fédéral je suis
contrarié de l'absence de consultation pour ce projet et des
changements proposés au plan fédéral de la
Cité judiciaire, un élément de l'étude de
2006 à laquelle avaient contribué la ville, les citoyens
et les agences gouvernementales. »
Watson a rappelé aux conseillers le haut niveau
d'opposition au monument et au site choisi et a donné plusieurs
exemples de dénonciations des conservateurs et de leur
mépris extrémiste pour les institutions canadiennes.
« La communauté architecturale locale,
provinciale et nationale, s'oppose au site pour la simple raison que le
caractère sombre du monument va à l'encontre des
principes d'une bonne conception urbaine. La communauté
judiciaire s'y oppose, et avec raison, parce qu'il sert à des
fins politiques et met fin aux projets de longue date de la
Cité judiciaire de la Cour suprême du Canada »,
a-t-il dit.
Watson a ajouté que les
« contribuables s'opposent aussi aux arrangements et aux
prises de décision dénués d'équité
et de transparence. Un grand nombre de résidents de la ville
d'Ottawa se sont aussi prononcés sur cette approche »
, a-t-il dit. « En ce qui me concerne, il est clair qu'une
majorité de résidents engagés à la
réalisation de ce projet y sont nettement
opposés. »
Le gouvernement a réagi au vote du conseil
municipal en exprimant son mépris le plus total pour la
désignation actuelle du terrain fédéral via la
VPLT. C'est le ministre responsable de la Région de la Capitale
nationale, Pierre Poilievre, qui s'est exprimé sur cette
question. Il a dit que le projet d'un édifice de la cour
fédérale sur ce site n'était
qu'un « autre édifice gouvernemental plein d'avocats
qui n'aurait comme effet que de détruire les beaux espaces verts
du centre-ville d'Ottawa ». Selon Mark Kristmanson, PDG de
la Commission de la Capitale nationale, qui a le mandat de gérer
les terrains fédéraux, la VPLT doit être
amendée avant qu'un monument anticommuniste
ne puisse être érigé sur le terrain choisi par le
gouvernement. Poilievre, et les croisés anticommunistes Harper
et Jason Kenney ont choisi d'ignorer cette réalité et
d'agir comme si le contexte juridique actuel était
étranger à leurs projets.
Les Canadiens continuent
d'exiger que le projet de
monument réactionnaire de la dictature Harper soit jeté
dans la poubelle de l'Histoire. En fait, le rapport de la Commission de
vérité et réconciliation rendu public le 2 juin
propose une série de recommandations, dont celle d'ériger
un monument national à Ottawa « pour rendre
hommage aux survivants des pensionnats et à tous les enfants qui
ont été séparés à jamais de leurs
familles et de leurs communautés ». Il y a de
nombreux appels à l'effet de se débarrasser une fois pour
toutes du monument anticommuniste et d'en ériger un en hommage
aux victimes et aux survivants des politiques génocidaires du
Canada
envers les Premières Nations. Des lettres à la
rédaction publiées dans les principaux quotidiens, dont
deux du 4 juin dans le Chronicle Herald, préconisent
un tel choix et des douzaines d'opinions exprimées sur les
médias sociaux abondent aussi en ce sens. Un article du 4 juin
de la CTV News par Don Martin a donné voix à
l'opposition du public au monument anticommuniste. Martin a dit que le
génocide commis par le Canada « mérite bien
qu'on y érige un monument aussi important que le Monument
commémoratif de guerre du Canada ».
Un combat historique pour mettre fin
à la justice coloniale
Le rapport de la Commission de vérité et
de réconciliation témoigne du besoin du renouveau
constitutionnel et politique
- Philip Fernandez -
La « Marche de
la
réconciliation » à Ottawa le 31 mai 2015 qui a
débuté le rassemblement final de la Commission de
vérité et de réconciliation
Le 2 juin, la Commission de vérité et de
réconciliation (CVR) a présenté le document de
synthèse de son rapport sur son enquête de 6 ans du
système des pensionnats autochtones et de son impact sur les
peuples autochtones. Le reste du rapport en six volumes sera
présenté plus tard cette année.
Parlant devant une salle
comble à l'hôtel
Delta Chelsea au centre-ville d'Ottawa, le juge Murray Sinclair,
président de la Commission a dit : « Nous devons
nous rappeler qu'en même temps que les enfants autochtones
apprenaient à se sentir inférieurs,
génération après génération de
non-autochtones ont été exposés à la fausse
croyance que leurs cultures étaient
supérieures. » Il a dit que cet héritage des
pensionnats continue à ce jour.
« L'impérialisme, le colonialisme et un sentiment de
supériorité culturelle persistent », a-t-il
dit, ajoutant : « Les tribunaux ont convenu que ces
concepts sont sans fondement et immoraux face aux droits
humains inaliénables. »
Ses commentaires témoignent du besoin urgent de
renouvellement constitutionnel et politique au Canada parce que la
constitution actuelle, basée sur le fardeau de l'homme blanc
colonial du 19e siècle et les valeurs de
« tolérance » des « cultures
inférieures » est désuète et ne peut
que donner lieu à la suppression des
droits par l'État comme nous le voyons aujourd'hui. La
Constitution canadienne ne peut pas satisfaire les revendications et
les aspirations des peuples autochtones ni répondre au besoin du
peuple du Canada et du Québec de pouvoir affirmer ses droits. Il
est à noter que le 3 juin, lors d'une réunion à
Rideau Hall, pour la fin officielle des travaux de
la CVR, le gouverneur général David Johnston, le
représentant de la reine au Canada, et témoin honorifique
à la CVR a déclaré : « Un moment
comme cela se produit très rarement dans l'histoire d'un pays.
Ceci est un moment de réflexion et d'introspection nationale.
Ceci est un moment pour réfléchir sur notre histoire, nos
relations
et nos responsabilités les uns envers les autres.... Pour
réfléchir à la profondeur de notre engagement
à la tolérance, le respect et l'inclusivité et si
nous pouvons faire mieux. Nous pouvons et nous devons. »
« Tolérance, respect et
inclusivité » ne vont pas y faire. Les peuples
autochtones se lèvent et portent leurs revendications. En cela,
ils sont appuyés par les Canadiens et les
Québécois. Le récent sondage EKOS a
révélé que la majorité des Canadiens pense
qu'à la place du monument aux victimes du communisme que le
gouvernement Harper tente de faire construire rapidement, le
gouvernement devrait construire un « mémorial pour
les injustices historiques contre les peuples autochtones. »
Cela montre le haut niveau de conscience qui existe parmi les Canadiens
et les Québécois de se tenir aux côtés des
Premières Nations, de mettre un terme aux
crimes qui ont été commis et continuent d'être
commis contre les peuples autochtones au Canada et de trouver un moyen
d'avancer ensemble en luttant pour le renouveau politique et
constitutionnel.
Qui a dit quoi
La «Marche de la
réconciliation» à Ottawa le 31 mai 2015
Juge Murray Sinclair,
président de la
CVR : « Nous devons comprendre que la vie des
peuples autochtones est toujours marquée des effets persistants
des pensionnats et que plusieurs des comportements les plus
destructeurs sont perpétués dans notre enseignement
public. Nous devons nous rappeler qu'en même temps que les
enfants autochtones apprenaient à se sentir
inférieurs, génération après
génération de non-autochtones ont été
exposés à la fausse croyance que leurs cultures
étaient supérieures. L'impérialisme, le
colonialisme et un sentiment de supériorité culturelle
persistent.
« Les tribunaux
ont convenu que ces concepts
sont sans fondement et immoraux face aux droits humains
inaliénables. À cette fin, les recommandations de la
Commission de vérité et de réconciliation
répondent à certains de ces principaux défis...
les peuples autochtones et non- autochtones de partout au pays, les
jeunes et les personnes
âgées, sont intéressés à prendre part
à la discussion à propos de la réconciliation et
de faire en sorte que la réconciliation devienne
réalité. Les yeux de l'humanité et le regard de
l'histoire se portent sur nous. Ce que nous faisons maintenant et dans
les années à venir a une grande importance. C'est
important non seulement pour ceux qui sont avec
nous aujourd'hui, mais aussi les générations à
venir et les esprits de ceux qui ne sont pas avec nous ici aujourd'hui
et dont nous devons honorer la mémoire. Nous devons travailler
ensemble. »
David Johnston,
Gouverneur général du
Canada, à la clôture des travaux de la CVR le 3 juin
à Rideau Hall : « Un moment comme cela
se produit très
rarement dans l'histoire d'un pays. Ceci est un moment de
réflexion et d'introspection nationale. Ceci est un moment pour
réfléchir sur notre histoire, nos relations et
nos responsabilités les uns envers les autres.... Pour
réfléchir à la profondeur de notre engagement
à la tolérance, le respect et l'inclusivité et si
nous pouvons faire mieux. Nous pouvons et nous devons. Des
générations de personnes inuites et des Premières
nations, des Métis ont souffert en raison des pensionnats, et
pour beaucoup, cette douleur
continue. Ceci est un moment pour penser à ces gens, ces
enfants, ces mères et pères, ces familles et ces
aînés, passés et présents. Et c'est aussi un
moment pour demander : où allons-nous à partir
d'ici... Notre espoir réside dans l'apprentissage, et un
engagement indéfectible envers la tolérance, le respect
et l'inclusivité dans nos
relations. »
« C'est la seule voie vers l'avant — la voie
par laquelle nous créerons un pays pour tous nos enfants et
petits-enfants à partager. Un pays dont nous pouvons tous
être fiers. »
Stephen Harper, premier
ministre, au Parlement, le 2
juin : « Le Canada est l'un des très
rares
pays au monde où les droits ancestraux et issus de
traités sont reconnus et c'est une des raisons pour lesquelles
le gouvernement accepte la déclaration de l'ONU comme un
document ambitieux...
« Nous avons pris des mesures
spécifiques pour renforcer les droits des peuples autochtones,
en particulier les femmes vivant dans les réserves et en
général tous les peuples autochtones, en vertu de la Loi
canadienne
sur
les
droits
de
la
personne. »
Thomas Mulclair, chef
de l'Opposition officielle et du
NPD : « Le rapport de la Commission de
vérité et réconciliation est une étape
déterminante dans le processus de réconciliation au
Canada. Aujourd'hui, notre pays essaie de tourner la page sur plusieurs
années noires et avancer vers un avenir meilleur pour tous les
peuples.
« En tant que Canadiens, nous devrions tous
en apprendre davantage sur ce sombre chapitre de notre histoire. Nous
n'oublierons ni les témoignages des survivants ni les enfants
qui ne sont jamais revenus chez eux. Le NPD reste résolu
à réparer la relation brisée avec les peuples
autochtones dus aux inactions des gouvernements
précédents, et ce, sur une base de nation à
nation. »
Justin Trudeau, chef du
Parti libéral : « Ainsi que le rapport
et les recommandations
de la CVR le préconisent, le moment est venu d'agir, sans plus
attendre, pour faire avancer le processus de réconciliation et
rebâtir la relation entre le Canada et les Premières
Nations, les Inuits et les Métis en nous fondant sur les
droits, le respect, la coopération et les normes de la
Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples
autochtones. La réconciliation ne prendra tout son sens que si
nous respectons nos anciennes promesses et veillons à
l'égalité des chances comme condition préalable
à un avenir commun équitable et prospère. Au nom
du Parti libéral du
Canada et de notre caucus parlementaire, j'affirme notre appui
indéfectible aux recommandations de la CVR et enjoins le
gouvernement du Canada à prendre immédiatement des
mesures pour les mettre en oeuvre. »
Elizabeth May, chef du
Parti vert : « La réconciliation
signifie nouer de
nouvelles relations à la lumière de cette histoire,
étendre le respect et l'égalité aux
Premières nations qui ont été refusés
durant des générations. Les conclusions de la CVR
fournissent un compte-rendu sans précédent de nos erreurs
passées ;
mais aussi l'occasion de réparer. Le rapport présente des
recommandations pour des actions qui touchent toutes les juridictions,
tous les domaines politiques et tous les Canadiens. Bien que le dernier
pensionnat ait été fermé en 1996, leurs effets
dévastateurs restent. Le Canada se classe
régulièrement dans le top dix de l'indice de
développement
humain, mais les Premières Nations se classent 63e ou plus bas.
Ces recommandations nous donnent les moyens de travailler avec les
communautés autochtones pour commencer à surmonter les
injustices historiques et actuelles du colonialisme brutal et le
génocide culturel. Nous pouvons, et devons tous prendre des
mesures pour remédier à
l'héritage des pensionnats. »
Pam Palmater,
professeure associée et directrice
de la Chaire sur la gouvernance autochtone à l'Université
Ryerson : « La Commission de
vérité et de
réconciliation a fait un travail incroyable, face aux nombreux
obstacles tendus par le gouvernement fédéral, pour faire
en sorte que leurs histoires soient entendues et que
le plus de preuves documentées soient dans le rapport.
« Ce serait une terrible erreur
d'historiciser cela [la période des pensionnats] et dire :
' Eh bien, c'est arrivé il y a longtemps. Nous savons maintenant
ce qui est arrivé. Excusons-nous et allons de l'avant.' C'est
toujours en cours.
Quand ils ont fermé les pensionnats, leur politique suivante a
été la rafle des années soixante où ils ont
effectivement pris plus d'enfants des Premières nations que
pendant la période des pensionnats. C'est pourquoi entre 30 et
40 % de nos enfants ne vivent pas parmi nous. Ils prennent
encore nos enfants. Ils essaient encore de les élever dans des
familles non autochtones. Et beaucoup de ces enfants finissent en
femmes autochtones assassinés ou disparues, ou se retrouvent
dans le système carcéral. Et cet héritage des
pensionnats est en cours. Dans le moment présent. »
Chef National Perry
Bellegarde de l'Assemblée
des Premières Nations : « Motivés
par le courage, les
survivants des pensionnats autochtones ont cherché la justice et
la reconnaissance du Canada par le biais des représentations
devant les tribunaux qui nous ont mis sur la route de la
vérité et de la réconciliation. Aux
anciens élèves , les survivants, je vous honore et je
vous remercie. Je suis honoré d'être devant vous. Au nom
de l'Assemblée des Premières Nations, l'une des parties
à la Convention de règlement, nous remercions les
commissaires pour votre force, le courage et l'approche sincère
à l'important travail de la vérité et de la
réconciliation.
L'engagement de l'Assemblée des Premières Nations
à la réconciliation reste fort. La réconciliation
signifie tant de choses alors que nous avançons dans
l'après-régime de pensionnats autochtones, qui a
été conçu pour débarrasser le Canada des
'Indiens'. Dans son sillage, on se retrouve avec l'écart, un
écart persistant, large et inacceptable de
qualité de vie entre les Premières Nations et les autres
Canadiens. Nous nous engageons à faire le travail
nécessaire pour combler cet écart. »
Faits saillants des recommandations de la Commission
Le document de synthèse de 382 pages du rapport
final de la CVR contient 94 recommandations que la Commission met de
l'avant pour faciliter le processus de réconciliation entre les
peuples autochtones et l'héritage du système des
pensionnats autochtones et le peuple canadien. La principale
recommandation est que le gouvernement fédéral
et les gouvernements à tous les niveaux adoptent et mettent en
oeuvre la Déclaration des Nations unies de 2007 sur les droits
des peuples autochtones, comme « cadre pour la
réconciliation. » Le gouvernement Harper
résiste à la mise en oeuvre de cette loi internationale
depuis maintenant plusieurs années et l'a seulement formellement
« endossée » en 2012.
Un autre thème est celui des réformes
juridiques qui mettraient fin à la surreprésentation des
peuples autochtones dans le système de justice pénale au
Canada, l'un des legs du système de pensionnats. Le rapport de
la Commission appelle à une enquête nationale sur les
femmes autochtones disparues et assassinées afin de
répondre à
l'indifférence de l'État canadien sous le régime
Harper à cette importante préoccupation du peuple.
La Commission propose également diverses
stratégies à être mises en oeuvre par les
gouvernements dans le but d'informer les Canadiens sur la
véritable histoire et les conséquences du système
des pensionnats et pour corriger la désinformation sur les
peuples autochtones qui est enseignée dans les écoles,
les lieux de travail et au gouvernement.
Il appelle à un « Conseil national pour la
réconciliation » qui surveillerait le processus de
réconciliation et ferait rapport de façon
régulière.
La Commission demande
également au gouvernement
canadien de travailler avec les peuples autochtones à
émettre une « Proclamation royale de
réconciliation » semblable à la Proclamation
royale de 1763 et au Traité de Niagara de 1974 qui
enchâsserait des relations de « nation à
nation » et des relations
mutuellement respectueuses entre les peuples autochtones et la
Couronne. Une telle proclamation royale rejetterait, entre autres
choses, la doctrine eurocentriste de la découverte et de terra
nullius, adopterait la Déclaration des Nations unies sur les
droits des peuples autochtones, et « renouvellerait ou
établirait des relations de traité reposant
sur les principes de reconnaissance mutuelle, de respect mutuel et de
responsabilité partagée pour le maintien de ces relations
dans l'avenir », entre autres principes.
Face à la destruction des langues autochtones par
le système des pensionnats autochtones où on a interdit
aux enfants autochtones de parler leur langue, la Commission propose
que soit adoptée une Loi sur les langues autochtones comme
moyen
de
récupérer
et
d'encourager
les
langues
autochtones
et
propose la nomination d'un
commissaire aux langues autochtones pour surveiller la mise en oeuvre
de cette loi.
La Commission lance l'appel à l'injection de
fonds supplémentaires pour maintenir le registre national des
écoliers décédés qu'elle a
créé dans le cadre de son travail afin de
récupérer l'identité de milliers d'enfants qui
sont morts aux mains des autorités scolaires
résidentielles et qui sont enterrés dans des tombes
anonymes, de sorte que leurs
familles et les communautés puissent enfin savoir ce qui est
arrivé à leurs enfants. La Commission demande
également 10 millions $ au cours des sept prochaines
années pour financer les travaux du Centre national pour la
vérité et la réconciliation situé à
l'Université du Manitoba pour poursuivre le travail de la CVR.
Enfin, la Commission appelle à des manifestations
commémoratives telles « une journée nationale
pour la vérité et la réconciliation »
pour honorer les survivants, leurs familles et les communautés
ainsi qu'un Monument des pensionnats autochtones à Ottawa et
dans d'autres villes dans le cadre d'événements
conduisant au 150e
anniversaire de la Confédération en 2017.
Lisez Le
Marxiste-Léniniste
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