Numéro 27 - 22 avril 2020

150e anniversaire de la naissance du grand Lénine

Le nom et l'oeuvre de Lénine auront toujours une place d'honneur

Lénine proclame le pouvoir des soviets lors de l'historique Deuxième Congrès panrusse des Soviets le 26 octobre (7 novembre) 1917. (D. Nalbandyan, 1950)

Le grand révolutionnaire russe Vladimir Ilitch Oulianov est né il y a 150 ans, le 22 avril 1870, à Simbirsk, une ville de Russie située sur les rives de la Volga. Vladimir Ilitch Oulianov a adopté le pseudonyme Lénine en 1901 après sa déportation en Sibérie par le régime du tsar. Il est connu sous le nom de Lénine depuis lors.

Lénine n'était pas seulement un révolutionnaire, il a été le plus grand théoricien marxiste du XXe siècle. Parmi ses plus grands exploits, il y a la création du parti révolutionnaire du prolétariat, distinct des partis parlementaires qui adhéraient à la Deuxième Internationale, l'établissement de l'État prolétarien des ouvriers et paysans de Russie, et l'analyse et l'établissement des lignes idéologiques et organisationnelles pour le développement de la révolution et du socialisme dans les conditions de l'impérialisme, le stade suprême du capitalisme et l'époque de la révolution prolétarienne.

Dès le début, Lénine a fondé son travail sur les conclusions théoriques du marxisme. À cet égard, il avait une conception globale du socialisme fondée sur la ferme conviction que le seul chemin permettant d'ouvrir la voie du progrès de la société est celui de l'émancipation de la classe ouvrière par la révolution prolétarienne. Cette conviction n'a pas été invalidée par les développements qui ont conduit à l'effondrement de l'ancienne Union soviétique et par ceux qui se sont produits depuis lors ; au contraire, elle est pleinement corroborée.

Lénine s'adresse aux travailleurs de l'usine de Putilov en mai 1917. (I. Brodsky, 1929)

La première considération idéologique de Lénine était la défense de la tendance marxiste, c'est-à-dire la tendance basée sur les conclusions du marxisme. Il présupposait que l'unité du mouvement repose sur la défense de cette tendance, c'est-à-dire sur le développement de la pensée marxiste et son élaboration en tenant compte des conditions de son temps. Entre autres, il a défendu la nécessité d'élaborer un plan pour bâtir le mouvement et il a condamné le concept spontanéiste de la « tactique-procès ». Les conclusions qu'il a tirées de son travail au début du XXe siècle ont aujourd'hui une profonde validité.

Un des concepts qu'a énoncé Lénine et qui conserve toute sa signification aujourd'hui est que l'émancipation de la classe ouvrière est une tâche qui appartient aux travailleurs eux-mêmes.

Un autre concept qui conserve toute sa validité et sa signification profonde est sa conclusion que sans théorie révolutionnaire, il ne peut y avoir de mouvement révolutionnaire. L'idée de développer la pensée marxiste et de l'élaborer en étroite liaison avec le mouvement révolutionnaire demeure ce qui distingue les marxistes révolutionnaires de toutes les écoles d'opportunisme. Pour les opportunistes, la politique révolutionnaire signifie détacher la politique de son essence révolutionnaire, émasculer et transformer la théorie révolutionnaire en une série de dogmes tout en transformant la politique en auxiliaire du pouvoir bourgeois. Pour les marxistes révolutionnaires, la théorie révolutionnaire se développe dans le cours de la pratique révolutionnaire. La défense même de ce concept léniniste est une des formes de la lutte de classe qu'ils mènent.

Reconnaissant la condition objective que le capitalisme était au dernier stade de son développement, son stade parasitaire et pourrissant, Lénine a tiré la conclusion qu'il n'y a pas d'autre stade du capitalisme et que le capitalisme est mûr pour son renversement révolutionnaire et pour faire place à l'édification du socialisme. Cette conclusion de Lénine possède une signification énorme. Il y a beaucoup de pression pour l'abandon de ce concept, pour le remplacer par l'idée que le capitalisme a encore de nombreux stades devant lui et qu'il est capable de surmonter ses contradictions. L'effondrement de l'Union soviétique et des régimes d'Europe de l'Est, avec toutes leurs réformes capitalistes, a démontré qu'il n'y a pas d'autre stade du capitalisme. Tout comme dans les pays capitalistes avancés qui ne faisaient pas partie du monde socialiste, les pays qui se sont engagés dans la construction du capitalisme sous prétexte que « l'économie de marché garantit la prospérité » sont aujourd'hui plongés dans l'anarchie et le désordre économique qui se manifestent également dans la politique.


Lénine prononçant un discours sur la Place Rouge le 25 mai 1919

La conclusion de Lénine selon laquelle l'impérialisme est la veille de la révolution prolétarienne demeure toujours valide aujourd'hui. Ce concept est un autre point de lutte idéologique, et sa défense et son élaboration sont à l'ordre du jour. C'est une chose que de décrire la progression de la décadence de l'impérialisme, c'en est une autre que de développer le front prolétarien et d'offrir une alternative pour que le Nouveau puisse surmonter la résistance de l'Ancien et le vaincre.

Saisissant que son époque était l'époque de l'impérialisme et de la révolution prolétarienne, Lénine en a déduit qu'il fallait un parti politique de type nouveau qui soit en mesure de relever les défis de la révolution prolétarienne. Son principe organisationnel du centralisme démocratique conserve aujourd'hui toute sa pertinence. Une des causes des difficultés auxquelles le mouvement communiste et ouvrier fait face aujourd'hui concerne l'émasculation de cette idée, sous la lourdeur de la bureaucratie qui mène à l'indifférence envers les problèmes du Parti et de la classe et tend à réduire la participation des membres à la vie du Parti au niveau le plus superficiel, conjugué au refus de faire un travail théorique.

Les membres du parti communiste deviennent apolitiques s'ils ne se donnent pas les moyens d'exercer un pouvoir de décision sur les questions qui les concernent, y compris les décisions de l'État. Cette dépolitisation se produit inévitablement lorsque le rapport entre les citoyens et la forme de gouvernement est détruit au profit du pouvoir exécutif, comme c'est le cas aujourd'hui. Les formes démocratiques libérales de gouvernement réduisent la démocratie à une idée dépourvue de principe démocratique et à une série de hiérarchies organisationnelles qui se concertent pour maintenir le peuple privé de pouvoir. La défense du principe organisationnel du centralisme démocratique est l'une des tâches les plus importantes pour jeter les fondements du parti communiste de masse et diriger la classe ouvrière dans sa tâche d'investir le peuple du pouvoir.

Aujourd'hui, le monde est témoin d'un nouvel affrontement entre l'Ancien et le Nouveau, un choc de dimension mondiale. Cela exige une élaboration profonde de la théorie nécessaire pour rompre avec la répétition de la fausse croyance idéologique que les institutions démocratiques libérales anachroniques peuvent se renouveler et donner aux êtres humains la démocratie dont ils ont besoin pour affirmer les droits qui leur appartiennent du fait de leur humanité. Le but de la polémique d'aujourd'hui, de la bataille de la démocratie, est de permettre à la personnalité démocratique moderne d'émerger dans les conditions actuelles, sous la forme de gouvernements antiguerre capables de procurer au monde la paix, la démocratie et la liberté dont les peuples du monde ont besoin.

En 1908, poursuivant son oeuvre révolutionnaire, Lénine s'est consacré à la défense du matérialisme dialectique et du matérialisme historique, la conception du monde, la méthode et la vision nécessaires à l'étude de l'ensemble des relations entre les êtres humains et entre les êtres humains et la nature, le problème fondamental que doit résoudre la théorie et la philosophie. Par ses travaux, Lénine a révélé comment, sous le couvert de la science, diverses personnes se sont fait passer pour des marxistes afin d'attaquer la théorie du matérialisme dialectique et du matérialisme historique.

L'oeuvre de Lénine est d'une grande valeur aujourd'hui pour défendre cette théorie du matérialisme dialectique et historique qui est attaquée de toutes parts. L'attaque contre cette théorie assombrit la grande voie de la civilisation, sa définition et son contenu pour priver les peuples des points de référence dont ils ont besoin pour éviter les pièges qui privent leurs luttes de vigueur révolutionnaire et les détournent vers des impasses.

Les conclusions de Lénine sur l'État et la révolution, sur le rôle de la classe ouvrière et de ses organisations, le rôle de la paysannerie et des autres couches sociales, le rôle du parti communiste à diriger étape par étape, les étapes de la révolution et leur achèvement, la construction de l'unité de toutes les masses travailleuses autour de la classe ouvrière, le besoin de mener la lutte de classe, le rôle du prolétariat international comme réserve stratégique de la révolution, l'étude des conditions objectives, la stratégie et la tactique — elles forment un tout, un ensemble d'idées qu'il faut défendre et développer. Cet ensemble d'idées doit être développé à partir des conditions actuelles avec une qualité unique et toujours nouvelle, ce qui veut dire que l'objectif est de donner naissance à des définitions modernes sur la base desquelles le Nouveau peut naître et triompher. Ces idées ont un sens profond du fait qu'elles sont nées à cette époque définie par Lénine comme celle de l'impérialisme et de la révolution prolétarienne. Pour cette raison, le travail pour faire ressortir leur signification et ne pas permettre qu'elles soient réduites à un dogme est d'une grande importance.

Tout comme Lénine l'a fait à son époque, aujourd'hui la défense de la tendance marxiste-léniniste est indispensable pour bâtir le mouvement révolutionnaire et cette défense doit se faire en étroite liaison avec le mouvement, avec le travail pratique pour ouvrir la voie au progrès de la société, le travail pour s'assurer que la crise soit résolue en faveur des peuples et non des riches. Cette défense de la tendance marxiste-léniniste crée la pensée marxiste-léniniste contemporaine, la théorie révolutionnaire qui guide le mouvement révolutionnaire. Elle ne peut se réduire à répéter des citations de Lénine ou de qui que ce soit. La défense de la tendance marxiste-léniniste doit avoir un contenu qui correspond aux exigences de l'heure. Une des plus importantes exigences d'aujourd'hui est la construction du parti communiste de masse pour diriger les peuples afin qu'ils évitent les dangers qui accompagnent la vie quotidienne dans le présent et ceux qui sont à venir.

Ce n'est pas pour rien que Lénine a débuté son oeuvre en s'attaquant aux tâches nécessaires pour bâtir le Parti. Il faut saisir l'essence de ce travail et le mettre en pratique. L'essence, c'est que sans parti révolutionnaire il ne peut y avoir de révolution et que l'édification d'un tel parti doit se faire selon les conditions. Nombreux sont ceux qui ont accusé Lénine d'abandonner le marxisme parce qu'il avait bâti un Parti selon les conditions de son temps. De la même manière, beaucoup ont attribué leur échec à une adhésion aveugle à ce qu'on a appelé « le modèle soviétique », mais les interprétations dogmatiques empêchent de tirer les conclusions qui s'imposent sur la manière d'entreprendre la grande tâche de bâtir le parti communiste de masse aujourd'hui. Personne ne devrait craindre d'être accusé d'avoir abandonné le léninisme, seulement de manquer de conviction.

La vie et l'oeuvre de Lénine sont un grand atout pour le mouvement d'émancipation. Il est crucial d'en faire le meilleur usage possible et au meilleur avantage de la classe ouvrière et des peuples du monde. Beaucoup de changements se sont produits depuis l'époque de Lénine. Ces changements sont d'une telle ampleur que si leur signification profonde n'est pas saisie en détail et dans le temps, la force de l'oeuvre de Lénine sera gaspillée, ce que le monde ne peut se permettre.

Le Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) considère que, tout comme Lénine à son époque a vu dans le mouvement de libération nationale une grande réserve de la révolution prolétarienne, de même aujourd'hui tous les mouvements des peuples pour l'amélioration de leurs conditions, en particulier pour la démocratisation de la vie et pour s'investir du pouvoir, doivent être vigoureusement soutenus.

De plus, pour mettre le léninisme à la disposition de la cause révolutionnaire, il faut nécessairement une appréciation de son essence, que c'est en saisissant le maillon crucial de la chaîne des choses en développement qu'il est possible de s'emparer de toute la chaîne et d'investir le peuple du pouvoir. Dans le cadre de la préparation de la classe ouvrière pour changer la situation en sa faveur, la mobilisation des forces avancées pour apporter des définitions modernes est ce lien, ce maillon de la chaîne. Elle est directement liée au travail révolutionnaire dans les conditions du repli de la révolution. C'est ce lien qui permet à la classe ouvrière de relever le défi et de rallier le peuple de son côté. La classe ouvrière ne peut pas se préparer à la victoire finale si elle ne relève pas ce défi ou si elle ne s'organise pas pour remporter les batailles clés contre la bourgeoisie pendant cette période.

La cause de Lénine, la cause de la victoire de la révolution et du socialisme, est une cause aussi urgente aujourd'hui qu'elle l'était au début du XXe siècle. Tant qu'il y a la lutte pour créer une société nouvelle, le nom et l'oeuvre de Lénine auront une place d'honneur.

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