Numéro 3 - 28 janvier 2020
La nécessité urgente d'investir le peuple
du pouvoir et
d'une nouvelle direction de l'économie
Le Sommet de Davos et l'appauvrissement
croissant de la population mondiale
Un millier de personnes en marche vers le Forum
économique mondial de Davos pour déclarer que la
crise climatique est un échec économique mondial
et exiger un changement de direction. (Common Dreams)
• Réflexions
sur l'économie impérialiste et
ses crises et guerres récurrentes
- K.C. Adams -
La nécessité urgente d'investir le
peuple du pouvoir et
d'une nouvelle direction de l'économie
Le Forum économique mondial de l'oligarchie
financière mondiale se tient à nouveau à Davos, en
Suisse. Le sommet de Davos se tient au milieu de
l'appauvrissement croissant des peuples du monde
et en opposition à la nécessité d'une nouvelle
orientation prosociale de l'économie. Le Canada,
dont les gouvernements aux niveaux fédéral et
provincial représentent des intérêts privés
supranationaux contre les intérêts du peuple et de
son économie, a de nombreux représentants qui
assistent au forum grâce à un financement public.
La
couverture médiatique du forum de Davos est
toujours un vaste exercice de désinformation avec
comme objectif de ne présenter aucune alternative
à une économie dont la caractéristique inhérente
est la tendance à l'enrichissement des riches et à
l'appauvrissement des pauvres. À cet égard, le
rapport de 2020 d'Oxfam sur les inégalités
mondiales intitulé Celles qui comptent indique
que les 2 153 milliardaires du monde
entier ont plus de richesses que 4,6 milliards de
personnes, soit 60 % de la population de
la planète.[1]
Le rapport d'Oxfam, publié le 20
janvier 2020 en vue du sommet de Davos,
confirme la tendance mondiale à la concentration
de la richesse sociale dans les mains d'un nombre
de plus en plus réduit de riches oligarques. Le
rapport entretient également la diversion que les
représentants des gens les plus riches du monde
ont intérêt à une meilleure répartition des
richesses en faveur des pauvres, de plus en plus
nombreux, dont ils craignent clairement la
révolte. Dans cet esprit, plusieurs milliardaires
organisés en un groupe dirigé par les États-Unis,
les Millionnaires patriotiques, ont publié une
lettre ouverte déclarant que les riches devraient
payer plus d'impôt. Selon leur site Web, les
oligarques sont « des Américains fortunés, des
chefs d'entreprise et des investisseurs unis dans
leur inquiétude face à la concentration
déstabilisatrice de la richesse et du pouvoir en
Amérique ».
Exprimant son accord avec les oligarques sur le
fait qu'imposer les riches est une option plus
sûre qu'une nouvelle orientation prosociale pour
l'économie, Oxfam, écrit : « Une imposition
de 0,5 % supplémentaire sur la fortune
des 1 % les plus riches sur une période
de 10 ans permettrait de collecter autant que
les investissements requis pour créer 117
millions d'emplois dans l'éducation, la santé et
l'accompagnement des seniors, entre autres
secteurs, et comblerait la carence dans ces
domaines. »
Amitabh Behar, directeur général d'Oxfam Inde,
qui était à Davos cette année pour représenter la
confédération Oxfam, alimente ce message : «
L'écart entre les riches et les pauvres ne peut
être résolu sans des politiques délibérées de
lutte contre les inégalités, et trop peu de
gouvernements s'y engagent. » Amitabh Behar
ajoute qu'il est urgent que les oligarques
agissent pour défendre leurs privilèges et leur
pouvoir en disant : « Nos économies brisées
tapissent les poches des milliardaires et des
grandes entreprises au détriment des hommes et des
femmes ordinaires. Pas étonnant que les gens
commencent à se demander si les milliardaires
devraient même exister. »
Détournant encore l'attention de toute discussion
sérieuse sur l'orientation de l'économie mondiale
et sur le besoin urgent pour les travailleurs de
s'organiser pour s'investir du pouvoir par le
renouveau démocratique, Oxfam propose aux
oligarques d'utiliser une plus grande exploitation
des femmes comme moyen d'empêcher les travailleurs
de libérer leur pouvoir collectif pour le
changement. Selon Behar, « les femmes et les
filles sont parmi celles qui profitent le moins du
système économique actuel. Elles passent des
milliards d'heures à cuisiner, à nettoyer et à
prendre soin des enfants et des personnes âgées.
Le travail de soins non rémunéré est le "moteur
caché" qui fait bouger les roues de nos économies,
entreprises et sociétés. Il est animé par des
femmes qui ont souvent peu de temps pour
s'instruire, gagner leur vie de façon décente ou
avoir leur mot à dire sur la façon dont nos
sociétés sont gérées, et qui sont donc piégées au
bas de l'économie ».
On lit dans le rapport d'Oxfam : «
Les 22 hommes les plus fortunés au monde
possèdent plus que l'ensemble de la population
féminine d'Afrique. Les femmes et les filles
consacrent 12,5 milliards d'heures de travail
de soins non rémunéré chaque jour, ce qui
représente une contribution considérable à
l'économie mondiale à hauteur d'au
moins 10 800 milliards de dollars chaque
année, soit trois fois la valeur du secteur
mondial des technologies. »
Après avoir cité d'autres faits indiquant des
scénarios catastrophiques qui pourraient perturber
la vie de l'oligarchie financière et des systèmes
économiques et politiques sur lesquels elle
repose, le rapport d'Oxfam conclut : « Les
gouvernements accordent des allégements fiscaux
massifs aux particuliers et aux entreprises les
plus riches et se privent ainsi des recettes qui
pourraient aider à décharger les femmes de la
responsabilité du travail de soins ainsi qu'à
lutter contre la pauvreté et les inégalités. Dans
le même temps, les gouvernements sous-financent
des services publics et des infrastructures
vitales qui pourraient contribuer à réduire la
charge de travail des femmes et des filles. Des
investissements dans l'eau et l'assainissement,
l'électricité, les soins aux enfants et les soins
de santé permettraient de faire gagner du temps
aux femmes et d'améliorer leur qualité de vie. Par
exemple, l'accès à une meilleure source d'eau
ferait économiser aux femmes de certaines régions
du Zimbabwe jusqu'à quatre heures de travail par
jour, soit deux mois par an. »
Pour sauver l'orientation actuelle de l'économie
de l'effondrement et d'un changement vers le
nouveau, et pour répandre la confusion quant à la
cause profonde des inégalités, Amitabh Behar
exhorte les oligarques à agir dans leur propre
intérêt : « Les gouvernements sont à
l'origine de la crise des inégalités et il est de
leur devoir d'agir de toute urgence pour y mettre
fin. Ils doivent veiller à ce que les entreprises
et les particuliers fortunés paient leur juste
part d'impôt et augmenter les investissements dans
les services publics et les infrastructures. Des
lois doivent être adoptées pour rééquilibrer la
charge du travail de soins qui incombe de façon
disproportionnée aux femmes et aux filles ainsi
que pour garantir un salaire décent aux personnes
qui veillent sur les enfants et les personnes
âgées. Les dirigeantes et dirigeants doivent
réaliser que ce travail de soins est tout aussi
important que celui des autres secteurs afin de
construire des économies centrées sur l'humain qui
profitent à toutes et à tous, et pas seulement à
quelques personnes privilégiées ».
Au sujet de l'Inde, le pays d'origine d'Amitabh
Behar, le rapport indique qu'un pour cent de la
population possède plus de richesse
que 70 % de la population.
Soixante-trois milliardaires ont plus de richesses
que le budget annuel du gouvernement indien. Ce
que le rapport ne dit pas, c'est que 79 ans
d'indépendance du régime colonial britannique
brutal ont apporté une misère accrue à la grande
majorité de la population parce que l'État
garantit qu'une infime minorité contrôle le
pouvoir de décision et s'assure qu'aucune
contestation n'est organisée contre ses
privilèges, quel que soit le parti qui forme le
gouvernement et quelles que soient les politiques
adoptées.
Depuis
l'indépendance, les gouvernements indiens ont
adopté le « socialisme » et le «
sécularisme » ainsi qu'une « révolution
verte » pour éliminer la pauvreté, puis la «
libéralisation » et la « privatisation »
et maintenant l'« Hindutva » et le « Rashtra
hindou ». Toutes ces différentes versions du
même pouvoir d'État des riches et des privilégiés
ont été conçues pour maintenir le peuple
désinformé, désorganisé et privé de pouvoirs.
Dans le monde entier, le diktat de l'oligarchie
financière s'exprime par des politiques
néolibérales supranationales qui ont pour but
d'utiliser les fonds publics pour payer les riches
et bâtir des économies de guerre. L'argent des
impôts des peuples et l'augmentation des emprunts
de l'État auprès de prêteurs privés sont utilisés
pour militariser davantage les économies et mener
des campagnes de propagande comme le Forum de
Davos contre toutes les luttes des travailleurs
pour s'organiser pour changer le monde en leur
faveur. L'oligarchie financière tient absolument à
conserver son contrôle sur les économies de tous
les pays, quels que soient les problèmes, la
misère et les guerres que cela engendre. Elle
refuse toutes les formes économiques autres que
celles qui lui permettent d'exproprier une partie
de la valeur nouvelle sous forme de profit privé.
Pour mesurer la santé et le succès de l'économie,
les oligarques n'utilisent pas une mesure
objective, mais leur propre vision subjective si
les riches s'enrichissent et leurs empires
deviennent plus puissants.
Le Forum économique mondial de Davos a pour but
d'inventer de nouvelles façons d'exproprier les
travailleurs de tous les pays et de les empêcher
de s'unir dans leurs propres intérêts contre les
riches oligarques. La plupart des gouvernements
sont devenus les représentants d'intérêts privés
supranationaux contre les peuples et leur
économie.[2]
Il y a une alternative ! Un nouveau but et
une nouvelle direction de l'économie sous le
contrôle des producteurs réels commenceraient à
résoudre les problèmes économiques et sociaux d'un
pays. Cela exige un renouveau démocratique et
investir les travailleurs du pouvoir en utilisant
de nouvelles formes et de nouvelles institutions
politiques et économiques de leur propre création.
Notes
1. Le nouveau rapport
d'Oxfam « Celles qui comptent » est
accompagné d'une Note méthodologique qui explique
comment Oxfam a calculé les statistiques du
rapport et l'ensemble des données :
« Les calculs d'Oxfam sont fondés sur les données
les plus complètes et les plus actuelles
disponibles. Les données sur la répartition des
richesses dans le monde sont tirées du Global
Wealth Databook 2019 du Credit Suisse
Research Institute. Les données sur les personnes
les plus fortunées de la société proviennent du
classement des milliardaires de 2019 de Forbes. La
fortune des milliardaires a baissé l'année
dernière mais a augmenté depuis.
« Oxfam est membre de la Fight Inequality
Alliance, une coalition mondiale croissante
d'organisations militantes et issues de la société
civile. L'Alliance organisera des activités
du 18 au 25 janvier dans 30 pays,
dont l'Afrique du Sud, l'Inde, le Kenya, le
Mexique, l'Ouganda, le Pakistan et le Royaume-Uni
afin de promouvoir des solutions aux inégalités et
d'exiger des économies qui profitent à toutes et à
tous. »
2. Le Forum économique
mondial est financé par ses 1 000
entreprises membres, généralement des entreprises
mondiales dont le chiffre d'affaires
dépasse 5 milliards de dollars (variable
selon les secteurs et les régions). Ces
entreprises se classent parmi les meilleures de
leur secteur et/ou de leur pays et jouent un rôle
de premier plan dans l'évolution future de leur
secteur et/ou de leur région. Les membres sont
classés en fonction de leur niveau d'engagement
dans les activités du forum, le montant des
cotisations augmente selon la participation aux
réunions, aux projets et aux initiatives.
Depuis 2011, une adhésion annuelle
coûte 52 000 $ pour un membre
individuel, 263 000 $ pour un «
Industry Partner »
et 527 000 $ pour un « Strategic
Partner ». Le droit d'entrée est
de 19 000 $ par personne.
En 2014, le FEM a augmenté les cotisations
annuelles de 20 %, portant la cotisation
d'un « Strategic Partner »
à 628 000 $. (Abhin Poojary,
analyste chez Performics. Convonix)
- K.C. Adams -
L'objectif de l'économie impérialiste de produire
un profit privé maximum pour l'oligarchie
financière provoque des crises économiques et des
guerres récurrentes. L'objectif est basé sur la
propriété et le contrôle privés de parties
concurrentes de l'économie. La nature socialisée
de l'économie, qui appelle à une coopération, une
direction planifiée et un objectif moderne, se
rebelle constamment contre le contrôle et
l'objectif impérialistes. L'anarchie et la
concurrence d'une économie impérialiste divisée en
parties concurrentes sous le contrôle de
l'oligarchie financière ne permettent pas la
coopération et la planification ni l'émergence et
l'affirmation d'un nouvel objectif et d'une
nouvelle direction prosociale pour l'économie.
La bataille constante de la classe ouvrière et
de l'économie socialisée contre le contrôle
impérialiste
Il existe un conflit dans le partage de la valeur
du produit social entre ceux qui le produisent, la
classe ouvrière, et ceux qui le possèdent et le
contrôlent, l'oligarchie financière. La classe
ouvrière et l'économie socialisée sont en
constante rébellion contre l'oligarchie financière
sur le partage de la nouvelle valeur produite par
les travailleurs. L'économie et la classe ouvrière
et leur réclamation à la nouvelle valeur que les
travailleurs produisent se heurtent à
l'expropriation de la valeur ajoutée par
l'oligarchie financière. La classe ouvrière
revendique ce qui lui appartient de droit, et
l'économie socialisée a besoin de la valeur pour
la reproduction élargie et d'une nouvelle
direction sans crise.
L'économie
impérialiste produit pour la valeur d'échange et
non pour la valeur d'usage. Le produit social doit
être vendu pour satisfaire l'objectif de
l'oligarchie financière, à savoir le profit
maximum. Mais qui doit acheter les produits
lorsque le pouvoir d'achat de la majorité de la
population est constamment restreint et que la
valeur des programmes sociaux et des services
publics est généralement obscurcie et non
réalisée ? Le but impérialiste du profit
maximum amène son contraire, l'appauvrissement
maximum. La classe ouvrière et l'économie sont en
constante rébellion contre le but et le contrôle
de l'oligarchie financière.
Tous les produits ont des prix de production. Les
prix du marché des produits de base doivent se
rapprocher de leurs prix de production. Les
marchandises produites doivent être réalisées
(vendues) afin que la valeur qu'elles contiennent
puisse satisfaire l'objectif de profit maximum. La
nouvelle valeur doit être divisée de manière à
satisfaire l'objectif impérialiste. Mais
l'objectif limite le pouvoir d'achat des
travailleurs qui, au bout du compte, doivent
pouvoir réaliser (acheter) la majorité des
produits sans interruption. L'objectif ne le
permet pas, et même avec des niveaux sans
précédent d'emprunt et de dette individuels, les
crises économiques finissent par éclater, comme
en 2008.[1]
La division de la nouvelle valeur que les
travailleurs produisent
Un examen de l'économie impérialiste révèle que
les principaux acheteurs de marchandises, les
travailleurs, ne reçoivent en échange de la vente
de leur capacité de travail à l'oligarchie
financière qu'une partie de la nouvelle valeur
qu'ils produisent appelée valeur reproduite. Cette
valeur reproduite, en tant que partie de la valeur
totale de ce qu'ils produisent, est insuffisante
pour réaliser la majorité des produits. Comment
réaliser la masse des marchandises et leur valeur
lorsque les principaux acheteurs ne reçoivent
qu'une partie de cette valeur de la vente de leur
capacité de travail ?[2]
Ceux qui possèdent et contrôlent l'économie,
l'oligarchie financière, exproprient l'autre
partie de la nouvelle valeur appelée valeur
ajoutée. Ensemble, la valeur reproduite et la
valeur ajoutée constituent la nouvelle valeur
contenue dans les produits. La relation entre les
deux est en constante évolution selon la force
organisée du mouvement ouvrier pour défendre ses
droits et ses réclamations à ce qui appartient aux
travailleurs de droit et pour le renouveau
démocratique. Le niveau de développement des
forces productives et la situation internationale
jouent également un rôle.
L'addition de la nouvelle valeur à la vieille
valeur, la valeur reproduite comprise dans les
machines et les matériaux qui ont été transférés
dans le produit social, donne une approximation du
prix de production. La vieille valeur comprend la
valeur transférée fixe (la valeur de la partie des
machines, bâtiments, véhicules, équipements,
outils, etc. qui est consommée dans la production)
et la valeur transférée circulante (la valeur des
matières consommées telles que le minerai de fer,
le cuivre, l'électricité, le carburant, etc.)
Poussés par leur objectif de profit maximal, les
oligarques se battent constamment pour réduire la
valeur reproduite que la classe ouvrière réclame,
ce qui aggrave le problème de la réalisation du
produit social. Cette pression constante à la
baisse de la valeur totale reproduite réduit sa
taille par rapport à la nouvelle valeur et au
total des prix de production. La pression à la
baisse s'exerce à la fois sur la valeur reproduite
individuelle, comme les salaires et les avantages
sociaux, et sur la valeur reproduite sociale,
comme les programmes sociaux universels gratuits
et les services publics, y compris les services de
santé et l'éducation publics, les pensions à
prestations déterminées garanties par le
gouvernement et l'indemnisation des chômeurs et
des travailleurs malades ou blessés, etc.
Cela crée un
dilemme. Comment la partie appelée valeur
reproduite, que la classe ouvrière revendique,
peut-elle acheter la majorité du produit
social ? La valeur reproduite globale dans
l'économie impérialiste est inférieure à la
nouvelle valeur globale et aux prix de production.
La valeur reproduite que la classe ouvrière
revendique pour la vente de sa capacité de
travailler est toujours inférieure aux prix du
marché agrégés nécessaires pour réaliser la
production agrégée dans l'économie. La portion du
produit social que la valeur reproduite peut
réaliser est indéterminée et toujours sous
pression. C'est un aspect de l'anarchie économique
sous l'impérialisme. L'oligarchie financière et la
valeur ajoutée qu'elle exproprie doivent combler
le manque à gagner s'il faut réaliser tous les
produits sociaux, mais cela n'est pas possible
pour de nombreuses raisons.
La différence entre la valeur totale reproduite
et les prix du marché est l'une des causes des
crises récurrentes et de la destruction
subséquente des forces productives. Cette
contradiction, aggravée par les prêts imprudents,
a explosé en une crise économique mondiale majeure
en 2008 et tout indique qu'une autre se produira
dans un proche avenir.
L'économie impérialiste est incapable de réaliser
la production globale de biens et de services.
L'oligarchie financière réagit au problème à sa
manière inimitable : en essayant d'en tirer
profit par des prêts imprudents aux particuliers
et aux entreprises. Cela peut retarder quelque peu
la crise, mais sur le long terme cela ne fait
qu'aggraver la situation et provoquer une
destruction généralisée des forces productives.
Pourquoi les crises économiques sont-elles
toujours une menace et apparemment impossibles à
éviter ?
Le problème se pose tout d'abord parce que la
propriété est privée alors que l'économie est
socialisée. Les producteurs réels sont privés du
contrôle dont ils ont besoin pour placer
l'économie moderne de la grande production
industrielle sous le contrôle conscient du facteur
humain/conscience sociale au profit des humains et
de leur société.
Les propriétaires privés exproprient à titre de
profit privé autant de la nouvelle valeur que
possible. Ils amassent cette richesse sociale et
en font ce qu'ils veulent en contradiction avec
les besoins de la population et de l'économie
socialisée. Le retrait de l'économie de cette
valeur ajoutée par les travailleurs prive
l'économie de la capacité de réaliser la
production, de répondre aux réclamations que les
travailleurs sont en droit de faire de la
naissance à la mort, d'assurer une reproduction
prolongée et ininterrompue et de créer les
ressources nécessaires pour résoudre les problèmes
sociaux et autres.
La quantité de valeur qui reste est inférieure à
la quantité nécessaire pour réaliser toute la
production, et c'est un des facteurs des crises
récurrentes et de la destruction des forces
productives. Le contrôle de l'oligarchie
financière prive également la classe ouvrière de
la possibilité de rompre avec l'ancien et
d'engager l'économie dans une nouvelle direction,
avec pour objectif de produire des biens et des
services pour répondre aux besoins et au bien-être
du peuple et humaniser l'environnement social et
naturel.
La baisse tendancielle du taux de profit
Plusieurs facteurs aggravent la contradiction de
l'économie impérialiste qui la conduit à des
crises. La première est la tendance à la baisse du
taux de profit due principalement à l'amélioration
de la technique scientifique et de la
productivité. Le taux de profit est déterminé par
le rapport entre la quantité de valeur déjà
produite nécessaire pour produire le produit
social, la vieille valeur, et la nouvelle valeur
produite par les travailleurs. Avec les progrès de
la productivité, la vieille valeur transférée des
machines et du matériel devient une plus grande
partie de la valeur totale du produit social, son
prix de production, et plus grande par rapport à
la nouvelle valeur.
Plus les machines et le matériel sont utilisés
dans la production par rapport au facteur humain,
plus le taux de profit est faible. Les oligarques
financiers aiment les nouvelles techniques et la
productivité s'ils peuvent chasser leurs
concurrents et étendre leurs empires privés, mais
le taux de profit inférieur les rend fous et les
mène à des campagnes antisociales pour réduire les
réclamations que fait la classe ouvrière pour
réaliser la valeur reproduite, et à d'imprudents
stratagèmes de l'État pour payer les riches. Cela
mène au parasitisme et à la putréfaction : la
recirculation et la resaisie constante d'une
valeur déjà réalisée par la vente et l'achat
d'actions et d'autres instruments financiers, ce
qui mène à la guerre pour l'hégémonie et le
contrôle mondiaux et à une économie de guerre en
constante expansion.
L'offensive antisociale pour faire baisser la
valeur reproduite
Les propriétaires privés de certaines parties de
l'économie veulent acheter la capacité de travail
de leurs propres travailleurs au prix le plus bas
possible. Ils ne s'intéressent pas à aux
conséquences que cela a pour l'économie ; ils
s'intéressent surtout à la partie de l'économie
qu'ils possèdent et contrôlent. Ils ne veulent pas
savoir quels dommages ils font à l'économie dans
son ensemble. À cela s'ajoutent leurs efforts pour
détruire leurs concurrents en manipulant les prix
et en inondant le marché de produits sociaux
particuliers.
Un problème
similaire se pose avec la large offensive
antisociale de l'élite dirigeante pour faire
baisser la valeur globalement disponible pour la
classe ouvrière, ce qui est le cas depuis des
décennies. La nouvelle valeur globale disponible
pour la classe ouvrière est la somme de la valeur
reproduite individuelle et de la valeur reproduite
sociale. L'offensive antisociale vise à réduire la
valeur de reproduction sociale disponible via les
programmes sociaux et les services publics et à la
transférer à l'oligarchie financière. Les
oligarques ne veulent pas savoir que les
programmes sociaux universels gratuits qui
garantissent les droits des personnes, y compris
les soins de santé publics et l'éducation
publique, les pensions à prestations déterminées
garanties par l'État et les services publics
gratuits tels que les transports en commun, les
parcs, les loisirs et les programmes pour les
jeunes apportent un élément de stabilité à
l'économie et sont un antidote aux crises
économiques puisque non soumis à l'anarchie du
marché. Ces programmes publics, qui répondent à
une nécessité, anticipent un autre type de
contrôle et de finalité de l'économie socialisée
où les véritables producteurs planifient la
production en fonction des besoins de la
population.
L'oligarchie financière tient à conserver son
contrôle sur l'économie, quels que soient les
problèmes que cela crée. Elle refuse toute forme
économique qui ne lui permette pas d'exproprier
une partie de la nouvelle valeur en tant que
profit privé. Les oligarques évaluent la santé et
le succès de l'économie non pas par une mesure
objective mais à partir de leur propre perspective
subjective, à savoir la mesure dans laquelle les
riches deviennent plus riches et leurs empires
plus puissants.
Les secteurs improductifs et le retrait de
valeur de l'économie
L'oligarchie financière retire une partie de la
nouvelle valeur à l'économie, la laissant affamée,
faible et sujette à la crise. D'énormes quantités
de valeur retirées de l'économie vont nourrir les
secteurs improductifs tels que l'armée et la
police. Une grande partie de cette valeur provient
de l'impôt sur le revenu des particuliers, de
l'impôt foncier et des frais d'utilisation de
toutes sortes, lesquels privent encore la classe
ouvrière de la valeur reproduite dont elle a
besoin pour réaliser la majorité des biens et
services qu'elle produit, et enlève à la société
la nouvelle valeur dont elle a besoin pour
résoudre ses problèmes.
Le problème sous l'impérialisme de réaliser le
produit social en tant que valeur d'échange plutôt
que d'organiser sa distribution directe en tant
que valeur d'usage en fonction des besoins des
personnes et de la société nécessite un vaste
secteur de vente au détail et de gros et de la
publicité pour vendre des produits sur le marché.
Ces secteurs sont nécessaires pour transformer la
valeur d'usage du produit social en tant que tel
en valeur d'échange représentée comme de l'argent
avant de se réformer en valeur d'usage.
Le processus semble tout à fait nécessaire en
apparence et pour les oligarques il joue un rôle
positif et laisse au peuple un élément de choix.
Derrière l'idéologie centrée sur elle-même de
l'oligarchie financière se cache le fait que le
processus est improductif et qu'il n'est possible
que par le transfert de la valeur produite dans
les industries productives. Les secteurs de détail
et de gros ne produisent généralement pas de
valeur et ont besoin d'un transfert de nouvelle
valeur des secteurs productifs pour fonctionner.
Les secteurs de la vente au détail et de la vente
en gros drainent une nouvelle valeur des
industries productives, dont une partie seulement
est destinée à ceux qui vendent leur travail dans
le secteur de la vente au détail. Contrairement
aux apparences et à son objectif déclaré,
l'existence d'un vaste secteur de la vente au
détail et de la publicité accroît la difficulté de
réaliser et de distribuer un produit social car il
y a moins de valeur disponible pour le
faire ; elle réduit également la quantité de
valeur dont disposent les personnes et la société
pour résoudre leurs problèmes et constitue un
autre facteur de la destruction constante des
forces productives et des crises économiques
récurrentes.
L'exportation de richesse sociale
L'exportation de la richesse sociale hors de
l'économie est une caractéristique importante de
l'impérialisme. La richesse sociale sous le
contrôle de l'oligarchie financière est investie
dans la recherche du meilleur rendement, n'importe
où dans le monde. La reproduction élargie et la
stabilité de l'économie dans laquelle les
travailleurs produisent la valeur ne sont pas les
buts des oligarques qui contrôlent la richesse
sociale. L'élite dirigeante qui contrôle les
entreprises nationales et étrangères exproprie la
valeur ajoutée et l'utilise pour ses intérêts
privés et bâtir ses empires. Elle a même pris le
contrôle de la richesse sociale économisée de la
classe ouvrière dans les fonds de pension, les
fonds mutuels et autres et les manipule comme
s'ils n'existaient que pour servir leurs intérêts
privés étroits.
Le retrait de valeur de l'économie peut être
particulièrement préjudiciable dans les régions où
l'économie dépend d'une industrie particulière. La
valeur produite par les travailleurs n'est pas
utilisée pour diversifier et stabiliser l'économie
locale et régionale, ce qui la rend
particulièrement vulnérable aux crises dans une
industrie spécifique comme la production
pétrolière et minérale, la foresterie, la
fabrication et même l'agriculture et les pêches.
Le retrait de
la valeur de l'économie s'accroît avec
l'utilisation de techniques scientifiques
récemment développées. Les sociétés de logiciels,
principalement situées aux États-Unis, comme Uber
et Lyft, utilisent des applications pour employer
des travailleurs n'importe où dans le monde dans
un nombre croissant de domaines ou pour faire du
trafic et sous-traiter à d'autres acheteurs leur
capacité de travailler. L'argent en paiement de
services ou pour un travailleur victime de la
traite circule d'une région particulière à San
Francisco, par exemple, où se trouve la société de
logiciels. Seule une partie revient sous forme de
valeur reproduite à l'endroit où le travail a été
effectué en contrepartie de la capacité de travail
des travailleurs. Dans certains cas, ce montant ne
va pas au travailleur concerné, mais à une
entreprise de traite ou de sous-traitance, tandis
que certains montants peuvent servir à payer la
valeur transférée fixe et circulante utilisée
pendant le travail, comme les véhicules et le
carburant.
Cette pratique draine directement la valeur des
pays et des régions et la concentre entre les
mains de quelques-uns aux États-Unis ou partout où
ces entreprises sont centrées. L'existence de ces
pratiques d'application logicielle et d'autres,
telles que les sociétés de sous-traitance qui
trafiquent même des travailleurs vers des
entreprises publiques, foule aux pieds les droits
des travailleurs, exacerbe les crises économiques
et révèle l'absence d'une autorité publique qui
s'attaque à ces problèmes avec sérieux et dans
l'intérêt des citoyens. Cela reflète la réalité
que les gouvernements sont devenus des
représentants d'intérêts privés supranationaux en
opposition au peuple et à son économie.
Le phénomène du retrait de valeur de l'économie a
atteint des proportions sans précédent pour
diverses raisons, notamment à cause du parasitisme
et de la décadence de l'oligarchie financière et
de ses manoeuvres constantes pour extraire de
l'argent de chaque cellule de l'économie. La
contradiction de l'économie impérialiste
conduisant à des crises économiques récurrentes
est aggravée par la tendance à la concentration de
la richesse sociale dans les mains d'un groupe
toujours plus restreint de l'oligarchie financière
et à l'appauvrissement inverse et l'insécurité
croissante d'un plus grand nombre de travailleurs.
La nécessité d'un nouvel objectif et d'une
nouvelle direction pour l'économie pour servir le
bien-être et les besoins du peuple et de la
société
Un nouvel objectif et une nouvelle direction pour
l'économie sous le contrôle des producteurs
véritables seraient un premier pas pour résoudre
les problèmes économiques et sociaux du pays. Cela
nécessite un renouveau démocratique et que les
travailleurs se donnent un pouvoir par de
nouvelles formes politiques et économiques et des
institutions de leur propre création.
L'objectif immédiat est de lutter contre
l'offensive antisociale, la pression à la baisse
sur la valeur reproduite et les atteintes aux
droits des travailleurs. La classe ouvrière exige
une augmentation des investissements dans les
programmes sociaux et les services publics, que
les gouvernements arrêtent de payer les riches, un
renversement des privatisations et un moratoire
sur le service de toute la dette publique de
l'État.
L'autorité publique doit créer des services
publics universels et gratuits en santé et en
éducation, des systèmes de transport en commun et
d'autres services et entreprises de propriété
publique. Les travailleurs eux-mêmes dans leurs
secteurs publics doivent contrôler la propriété
publique dans tous les aspects de leurs
opérations, depuis la construction, la fourniture
de machines et de matériel jusqu'aux produits
pharmaceutiques, à l'entretien et à la gestion.
Les travailleurs eux-mêmes doivent assurer la
réalisation de la valeur qu'ils produisent avec
une valeur en échange provenant des autres
secteurs et entreprises de l'économie qui
consomment leur produit social, en particulier
l'augmentation de la valeur des travailleurs
instruits et en bonne santé. Les travailleurs
eux-mêmes doivent décider quels nouveaux
investissements sont nécessaires pour satisfaire
les besoins du peuple avec le produit social
qu'ils produisent en consultation avec les autres.
Des entreprises publiques doivent être créées pour
construire et entretenir toutes les
infrastructures nécessaires dans le but d'utiliser
des machines et du matériel produits au pays.
L'autorité publique doit imposer un moratoire sur
le service de la dette publique à tous les niveaux
et enquêter sur la légitimité de tout paiement
d'intérêts. Tout nouvel emprunt public auprès de
prêteurs privés serait interdit. L'État à tous les
niveaux emprunterait à lui-même en utilisant comme
garant la production future et la richesse
sociale.
Tous les
paiements de l'État aux riches et à leurs
entreprises privées doivent cesser. Toutes les
entreprises privées doivent subvenir à leurs
propres besoins et respecter leurs obligations de
réaliser toute la valeur qu'elles consomment, y
compris les infrastructures publiques et la valeur
sociale reproduite de leurs employés. Toute
entreprise privée centrale à l'économie en
difficulté financière doit être saisie sans
compensation et transformée en une entreprise
publique qui remplit toutes ses obligations envers
ses travailleurs. Toutes les autres entreprises en
faillite doivent, bien entendu, utiliser d'abord
les actifs dont elles disposent pour s'acquitter
de leurs obligations envers leurs travailleurs.
Aucune entreprise privée ne devrait être
autorisée à retirer des richesses sociales du pays
sous quelque forme que ce soit. Tous les paiements
pour les biens et services vendus au pays doivent
être effectués au pays et rester au pays. Tous les
biens et services vendus sur Internet doivent
d'abord être situés au pays, par le biais du
commerce international, avant d'être vendus à des
particuliers ou à des entreprises. Le secteur du
commerce de gros doit progressivement passer sous
le contrôle d'une entité publique où les prix
peuvent être vérifiés objectivement en fonction du
prix de production. Le commerce international doit
également relever d'une autorité publique pour
faire pratiquer un commerce international fondé
sur les principes de l'avantage et du
développement mutuels et de relations amicales
entre les peuples du monde.
Toutes les opérations militaires étrangères
doivent cesser et les troupes et les équipements
doivent être rapatriés et être organisés pour la
défense contre les attaques impérialistes. Aucune
autorité publique ne devrait être autorisée à
passer des contrats avec une entreprise privée de
sécurité, de police ou militaire. Tous les
équipements militaires et policiers doivent être
fabriqués au pays par le biais d'entreprises
publiques.
Toutes les attaques de l'État contre la classe
ouvrière et ses efforts pour s'organiser et
défendre ses intérêts doivent cesser.
Notes
1. Un facteur atténuant des
crises économiques au Canada est l'arrivée de plus
de 300 000 nouveaux immigrants chaque
année qui, pour la plupart, sont au meilleur de
leur vie active et souvent déjà hautement
qualifiés. Certains apportent aussi une richesse
sociale accumulée. Ils ont immédiatement besoin
d'endroits pour vivre et d'autres produits sociaux
déjà produits, ce qui signifie qu'ils doivent
acheter les produits sociaux disponibles. En
s'intégrant à la classe ouvrière, ils commencent à
produire de la valeur et à revendiquer une valeur
reproduite en échange de leur capacité de travail.
L'augmentation continue du nombre de travailleurs
en âge de travailler grâce à l'immigration, que
l'économie canadienne n'a dans la plupart des cas
pas eu à entretenir et à éduquer depuis sa
naissance, semble modérer quelque peu la tendance
à de vastes crises économiques générales au cours
de cette période, en particulier dans les plus
grands centres comme Toronto, Montréal et le les
Basses Terres du Fraser de la
Colombie-Britannique. Ce phénomène doit être
étudié davantage.
2. Le commerce
international n'aide pas à cet égard, car le
Canada a constamment eu une balance commerciale
annuelle négative depuis 2009. Cela signifie
que la valeur du produit social importé au pays
est supérieure à la valeur du produit social
quittant le pays par l'exportation.
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