La nécessité urgente d'investir le peuple du pouvoir et
d'une nouvelle direction de l'économie

Le Sommet de Davos et l'appauvrissement croissant de la population mondiale

Le Forum économique mondial de l'oligarchie financière mondiale se tient à nouveau à Davos, en Suisse. Le sommet de Davos se tient au milieu de l'appauvrissement croissant des peuples du monde et en opposition à la nécessité d'une nouvelle orientation prosociale de l'économie. Le Canada, dont les gouvernements aux niveaux fédéral et provincial représentent des intérêts privés supranationaux contre les intérêts du peuple et de son économie, a de nombreux représentants qui assistent au forum grâce à un financement public.

La couverture médiatique du forum de Davos est toujours un vaste exercice de désinformation avec comme objectif de ne présenter aucune alternative à une économie dont la caractéristique inhérente est la tendance à l'enrichissement des riches et à l'appauvrissement des pauvres. À cet égard, le rapport de 2020 d'Oxfam sur les inégalités mondiales intitulé Celles qui comptent indique que les 2 153 milliardaires du monde entier ont plus de richesses que 4,6 milliards de personnes, soit 60 % de la population de la planète.[1]

Le rapport d'Oxfam, publié le 20 janvier 2020 en vue du sommet de Davos, confirme la tendance mondiale à la concentration de la richesse sociale dans les mains d'un nombre de plus en plus réduit de riches oligarques. Le rapport entretient également la diversion que les représentants des gens les plus riches du monde ont intérêt à une meilleure répartition des richesses en faveur des pauvres, de plus en plus nombreux, dont ils craignent clairement la révolte. Dans cet esprit, plusieurs milliardaires organisés en un groupe dirigé par les États-Unis, les Millionnaires patriotiques, ont publié une lettre ouverte déclarant que les riches devraient payer plus d'impôt. Selon leur site Web, les oligarques sont « des Américains fortunés, des chefs d'entreprise et des investisseurs unis dans leur inquiétude face à la concentration déstabilisatrice de la richesse et du pouvoir en Amérique ».

Exprimant son accord avec les oligarques sur le fait qu'imposer les riches est une option plus sûre qu'une nouvelle orientation prosociale pour l'économie, Oxfam, écrit : « Une imposition de 0,5 % supplémentaire sur la fortune des 1 % les plus riches sur une période de 10 ans permettrait de collecter autant que les investissements requis pour créer 117 millions d'emplois dans l'éducation, la santé et l'accompagnement des seniors, entre autres secteurs, et comblerait la carence dans ces domaines. »

Amitabh Behar, directeur général d'Oxfam Inde, qui était à Davos cette année pour représenter la confédération Oxfam, alimente ce message : « L'écart entre les riches et les pauvres ne peut être résolu sans des politiques délibérées de lutte contre les inégalités, et trop peu de gouvernements s'y engagent. » Amitabh Behar ajoute qu'il est urgent que les oligarques agissent pour défendre leurs privilèges et leur pouvoir en disant : « Nos économies brisées tapissent les poches des milliardaires et des grandes entreprises au détriment des hommes et des femmes ordinaires. Pas étonnant que les gens commencent à se demander si les milliardaires devraient même exister. »

Détournant encore l'attention de toute discussion sérieuse sur l'orientation de l'économie mondiale et sur le besoin urgent pour les travailleurs de s'organiser pour s'investir du pouvoir par le renouveau démocratique, Oxfam propose aux oligarques d'utiliser une plus grande exploitation des femmes comme moyen d'empêcher les travailleurs de libérer leur pouvoir collectif pour le changement. Selon Behar, « les femmes et les filles sont parmi celles qui profitent le moins du système économique actuel. Elles passent des milliards d'heures à cuisiner, à nettoyer et à prendre soin des enfants et des personnes âgées. Le travail de soins non rémunéré est le "moteur caché" qui fait bouger les roues de nos économies, entreprises et sociétés. Il est animé par des femmes qui ont souvent peu de temps pour s'instruire, gagner leur vie de façon décente ou avoir leur mot à dire sur la façon dont nos sociétés sont gérées, et qui sont donc piégées au bas de l'économie ».

On lit dans le rapport d'Oxfam : « Les 22 hommes les plus fortunés au monde possèdent plus que l'ensemble de la population féminine d'Afrique. Les femmes et les filles consacrent 12,5 milliards d'heures de travail de soins non rémunéré chaque jour, ce qui représente une contribution considérable à l'économie mondiale à hauteur d'au moins 10 800 milliards de dollars chaque année, soit trois fois la valeur du secteur mondial des technologies. »

Après avoir cité d'autres faits indiquant des scénarios catastrophiques qui pourraient perturber la vie de l'oligarchie financière et des systèmes économiques et politiques sur lesquels elle repose, le rapport d'Oxfam conclut : « Les gouvernements accordent des allégements fiscaux massifs aux particuliers et aux entreprises les plus riches et se privent ainsi des recettes qui pourraient aider à décharger les femmes de la responsabilité du travail de soins ainsi qu'à lutter contre la pauvreté et les inégalités. Dans le même temps, les gouvernements sous-financent des services publics et des infrastructures vitales qui pourraient contribuer à réduire la charge de travail des femmes et des filles. Des investissements dans l'eau et l'assainissement, l'électricité, les soins aux enfants et les soins de santé permettraient de faire gagner du temps aux femmes et d'améliorer leur qualité de vie. Par exemple, l'accès à une meilleure source d'eau ferait économiser aux femmes de certaines régions du Zimbabwe jusqu'à quatre heures de travail par jour, soit deux mois par an. »

Pour sauver l'orientation actuelle de l'économie de l'effondrement et d'un changement vers le nouveau, et pour répandre la confusion quant à la cause profonde des inégalités, Amitabh Behar exhorte les oligarques à agir dans leur propre intérêt : « Les gouvernements sont à l'origine de la crise des inégalités et il est de leur devoir d'agir de toute urgence pour y mettre fin. Ils doivent veiller à ce que les entreprises et les particuliers fortunés paient leur juste part d'impôt et augmenter les investissements dans les services publics et les infrastructures. Des lois doivent être adoptées pour rééquilibrer la charge du travail de soins qui incombe de façon disproportionnée aux femmes et aux filles ainsi que pour garantir un salaire décent aux personnes qui veillent sur les enfants et les personnes âgées. Les dirigeantes et dirigeants doivent réaliser que ce travail de soins est tout aussi important que celui des autres secteurs afin de construire des économies centrées sur l'humain qui profitent à toutes et à tous, et pas seulement à quelques personnes privilégiées ».

Au sujet de l'Inde, le pays d'origine d'Amitabh Behar, le rapport indique qu'un pour cent de la population possède plus de richesse que 70 % de la population. Soixante-trois milliardaires ont plus de richesses que le budget annuel du gouvernement indien. Ce que le rapport ne dit pas, c'est que 79 ans d'indépendance du régime colonial britannique brutal ont apporté une misère accrue à la grande majorité de la population parce que l'État garantit qu'une infime minorité contrôle le pouvoir de décision et s'assure qu'aucune contestation n'est organisée contre ses privilèges, quel que soit le parti qui forme le gouvernement et quelles que soient les politiques adoptées.

Depuis l'indépendance, les gouvernements indiens ont adopté le « socialisme » et le « sécularisme » ainsi qu'une « révolution verte » pour éliminer la pauvreté, puis la « libéralisation » et la « privatisation » et maintenant l'« Hindutva » et le « Rashtra hindou ». Toutes ces différentes versions du même pouvoir d'État des riches et des privilégiés ont été conçues pour maintenir le peuple désinformé, désorganisé et privé de pouvoirs.

Dans le monde entier, le diktat de l'oligarchie financière s'exprime par des politiques néolibérales supranationales qui ont pour but d'utiliser les fonds publics pour payer les riches et bâtir des économies de guerre. L'argent des impôts des peuples et l'augmentation des emprunts de l'État auprès de prêteurs privés sont utilisés pour militariser davantage les économies et mener des campagnes de propagande comme le Forum de Davos contre toutes les luttes des travailleurs pour s'organiser pour changer le monde en leur faveur. L'oligarchie financière tient absolument à conserver son contrôle sur les économies de tous les pays, quels que soient les problèmes, la misère et les guerres que cela engendre. Elle refuse toutes les formes économiques autres que celles qui lui permettent d'exproprier une partie de la valeur nouvelle sous forme de profit privé. Pour mesurer la santé et le succès de l'économie, les oligarques n'utilisent pas une mesure objective, mais leur propre vision subjective si les riches s'enrichissent et leurs empires deviennent plus puissants.

Le Forum économique mondial de Davos a pour but d'inventer de nouvelles façons d'exproprier les travailleurs de tous les pays et de les empêcher de s'unir dans leurs propres intérêts contre les riches oligarques. La plupart des gouvernements sont devenus les représentants d'intérêts privés supranationaux contre les peuples et leur économie.[2]

Il y a une alternative ! Un nouveau but et une nouvelle direction de l'économie sous le contrôle des producteurs réels commenceraient à résoudre les problèmes économiques et sociaux d'un pays. Cela exige un renouveau démocratique et investir les travailleurs du pouvoir en utilisant de nouvelles formes et de nouvelles institutions politiques et économiques de leur propre création.

Notes

1. Le nouveau rapport d'Oxfam « Celles qui comptent » est accompagné d'une Note méthodologique qui explique comment Oxfam a calculé les statistiques du rapport et l'ensemble des données :

« Les calculs d'Oxfam sont fondés sur les données les plus complètes et les plus actuelles disponibles. Les données sur la répartition des richesses dans le monde sont tirées du Global Wealth Databook 2019 du Credit Suisse Research Institute. Les données sur les personnes les plus fortunées de la société proviennent du classement des milliardaires de 2019 de Forbes. La fortune des milliardaires a baissé l'année dernière mais a augmenté depuis.

« Oxfam est membre de la Fight Inequality Alliance, une coalition mondiale croissante d'organisations militantes et issues de la société civile. L'Alliance organisera des activités du 18 au 25 janvier dans 30 pays, dont l'Afrique du Sud, l'Inde, le Kenya, le Mexique, l'Ouganda, le Pakistan et le Royaume-Uni afin de promouvoir des solutions aux inégalités et d'exiger des économies qui profitent à toutes et à tous. »

2. Le Forum économique mondial est financé par ses 1 000 entreprises membres, généralement des entreprises mondiales dont le chiffre d'affaires dépasse 5 milliards de dollars (variable selon les secteurs et les régions). Ces entreprises se classent parmi les meilleures de leur secteur et/ou de leur pays et jouent un rôle de premier plan dans l'évolution future de leur secteur et/ou de leur région. Les membres sont classés en fonction de leur niveau d'engagement dans les activités du forum, le montant des cotisations augmente selon la participation aux réunions, aux projets et aux initiatives.

Depuis 2011, une adhésion annuelle coûte 52 000 $ pour un membre individuel, 263 000 $ pour un « Industry Partner » et 527 000 $ pour un « Strategic Partner ». Le droit d'entrée est de 19 000 $ par personne.

En 2014, le FEM a augmenté les cotisations annuelles de 20 %, portant la cotisation d'un « Strategic Partner » à 628 000 $. (Abhin Poojary, analyste chez Performics. Convonix)


Cet article est paru dans

Volume 50 Numéro 3 - 28 janvier 2020

Lien de l'article:
La nécessité urgente d'investir le Peuple du pouvoir et : Le Sommet de Davos et l'appauvrissement Croissant de la population mondiale


    

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