Supplément
Les origines de
l'OTAN
Les
événements
entourant
la
création
de
l'OTAN
• La
division anglo-américaine de l'Allemagne au service
de visées anticommunistes
- Dougal MacDonald -
• La géopolitique de l'atlantisme – Le
discours du « rideau de fer »
de Winston Churchill
de 1946
- Tony Seed -
Les origines de l'OTAN
Les événements entourant la
création de l'OTAN
Célébration de la victoire sur le
Japon dans la Deuxième Guerre mondiale en Chine
|
Les origines de l'OTAN remontent à la trahison
par les
impérialistes anglo-américains des accords conclus entre
les
puissances alliées lors des conférences de Yalta et de
Postdam,
qui visaient d'abord et avant tout à dénazifier,
démilitariser,
démocratiser et décentraliser l'Allemagne. Les peuples du
monde,
qui étaient sortis de la Deuxième guerre mondiale en une
seule
humanité, avançaient sur la voie de la paix, de la
liberté et de
la démocratie. Le nombre de personnes qui avaient joint les
rangs
des partis communistes, qui étaient à l'avant-garde de la
lutte
contre le nazisme, le fascisme et le militarisme japonais, est
une indication importante de l'enthousiasme des peuples à ouvrir
une voie du progrès en libérant leur pays du joug
colonial et en
établissant des systèmes sociaux centrés sur les
besoins des
êtres humains, et non ceux des capitalistes. En 1935, il y avait
81 partis communistes dans le monde, avec 1 860 000 membres, et
après la Deuxième Guerre mondiale, il y en avait 70 avec
plus de
30 000 000 membres. La croissance sans précédent des
partis
communistes, qui avaient été aux premières lignes
de la lutte
contre le fascisme, offrait un contraste frappant avec l'exemple
d'autres armées, comme celles des États-Unis, du Canada
et de
Pologne, dont les soldats et les équipements étaient
demeurés
inutilisés en Grande-Bretagne pendant plusieurs années
jusqu'à ce
que leurs chefs militaires et politiques aient pu déterminer
dans
quel sens la guerre allait se développer.
En Europe, un continent possédant de vastes
ressources et une
économie socialisée, les expressions les plus
spectaculaires de
la résistance populaire et du rôle des peuples dans le
rejet des
modèles des institutions libérales des États
européens, qui n'avaient
pas résolu le problème du fascisme et de
l'antisémitisme, sont
peu connues aujourd'hui. Cependant, les résultats majoritaires
ou
quasi-majoritaires remportés par les communistes et leurs
alliés
de la résistance antifasciste lors de différentes
élections
d'après-guerre en Belgique, en France, en Italie, en Hongrie et
en Tchécoslovaquie, de 1946 à 1948, attestent qu'une
crise
révolutionnaire frappait les puissances
anglo-américaines, la
bourgeoisie européenne et leur système social et
économique.
Lorsque le parlement municipal de Berlin, constitué en novembre
1946, a tenu des élections, les deux partis ouvriers ont
remporté
une majorité des deux tiers.
Les allusions à la Révolution
française de 1789 étaient chose
courante et le symbolisme révolutionnaire est revenu à la
mode.
Écrivant au sujet de ce ferment en France, l'historien anglais
Rod Kedward écrit :
« Le tableau qui se dessine est celui d'une
période
d'euphorie dans laquelle les résistants ont comblé le
vide du
pouvoir avec une forte expression d'idéaux populaires et
patriotiques, ont mis sur pied des comités locaux pour
administrer le ravitaillement, organiser le recrutement dans
l'armée et rétablir leurs comités sur une base
plus égale, juste
et fraternelle. Il n'y a peu d'exemples en France depuis 1789 où
les mots d'ordre de la révolution ont inspiré un respect
aussi
universel. Pendant au moins un mois, avant que le poids de la
restructuration de l'économie et de la poursuite de la guerre ne
commence à
saper l'optimisme populaire, il existait une croyance répandue
que la société française pouvait être
refondue pour donner des
chances égales à chacun. C'était un idéal
que les résistants se
rappellent avec fierté. C'était une période, selon
plusieurs,
pendant laquelle des hommes et des femmes des plus humbles ont
été temporairement aux commandes de leur propre histoire.
»[1]
Le journaliste et politicien québécois
Gérard
Pelletier, qui a été membre du cabinet de Pierre Trudeau
dans les années 1960 et 1970, a écrit à propos de
cette période et de
ce qu'il décrit comme une indécision « qui m'a tenu
dans l'angoisse pendant de longs mois » et des interrogations qui
ont duré des
mois parmi de jeunes intellectuels québécois et
français, soulignant que de nombreux intellectuels religieux se
sont tournés vers le communisme pour en faire un prolongement
logique de leur foi chrétienne. Il écrit:
«Dans un climat d'extrême pénurie, de presque
famine, un immense espoir de selvait qui annonçait un monde
changé, la fin des injustices et des inégalités.
Le vieux rêve révolutionnaire, ressuscité par les
jeunes issus de la Résistance, reprenait vie. Mais cette fois,
ce n'était pas la Déclaration
des
Droits
de l'Homme qui le sous-tendait. C'était le
marxisme. Il ne s'agissait plus seulement de choisir entre deux partis
ni même deux doctrines économiques. Il fallait choisir
entre deux conceptions de la vie, deux explications du monde, deux
modes de pensée qui engageaient la personne tout entie`re, et la
totalité de l'activité humaine.»[2]
Tous les développements de
l'époque
exprimaient une humanité
forgée dans le creuset de sa lutte commune et de son front uni
pour vaincre l'Allemagne nazie, l'Italie fasciste et le Japon
militariste. Le théâtre de la guerre n'était pas
seulement
l'Europe mais l'Asie et l'Afrique. Les peuples d'Amérique latine
et des Caraïbes se sont également joints au front
antifasciste de
multiples manières, notamment par des détachements de
partisans
qui ont commencé leur combat dans les Brigades internationales
pour sauver la République espagnole en 1939. De grands
sacrifices
ont été consentis pour remporter la victoire antifasciste.
Le besoin de s'assurer que l'agression et la
guerre
impérialistes et le fascisme ne ravageraient plus jamais
l'humanité était à l'ordre du jour. L'OTAN avait
pour mission de bloquer ces aspirations, mais les peuples du monde,
alors et aujourd'hui, comme on le voit dans la mobilisation pour la
paix, la liberté et les démocraties populaires,
continuent de garantir la marche avant vers le progrès et
l'aspiration de l'humanité à une société
propre à l'existence humaine.
Dans ce supplément, LML publie deux
articles pour
informer les lecteurs sur les événements qui sont
liés à la
création de l'OTAN.
Notes
1. Citations tirées
de France and the Second World War : Occupation, Collaboration
and Resistancem Peter Davies, Routledge, Londres , 2001. Traduction
:
LML
2. Gérard Pelletier, Les années d'impatience (1950-1960), Stanké, Montréal,
1983
Les événements entourant la
création de l'OTAN
La division anglo-américaine de l'Allemagne au
service de visées anticommunistes
- Dougal MacDonald -
« L'histoire me
sera indulgente car j'ai l'intention de l'écrire. »
- Winston Churchill[1]
Selon les historiens anglo-américains et
anticommunistes, le soi-disant blocus de Berlin et le pont
aérien de Berlin de 1948-1949 auraient signalé le
début de la guerre froide par l'Union soviétique. Mais
c'est
Winston Churchill qui a lancé la guerre froide en mars 1946 en
attaquant
l'Union soviétique dans son discours à Fulton, au
Missouri, au sujet du «
rideau de fer » : « De Stettin sur la Baltique
à Trieste sur l'Adriatique, un rideau de fer s'est abattu sur le
continent. Derrière cette ligne se trouvent toutes les capitales
des anciens États d'Europe centrale et orientale. »[2] Churchill faisait ainsi
écho
à son mentor Joseph Goebbels, le
ministre nazi de la propagande. Voyez cette citation de Goebbels un an
plus tôt : « Si le peuple allemand déposait les
armes, les Soviétiques, en vertu de l'entente signée par
Roosevelt, Churchill et Staline, occuperaient toute l'Europe de l'Est
et du Sud-Est, et la majeure partie du Reich. Un rideau de fer
tomberait sur cet énorme territoire
contrôlé par l'Union soviétique derrière
lequel les nations seraient décimées. »[3]
Occupation de l'Allemagne après la
guerre, de 1945 à 1949
|
Quels sont donc les faits concernant le « blocus
de Berlin » et le « pont aérien de
Berlin » ? En vertu de l'Accord de Postdam de 1945
conclu à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, les
quatre puissances alliées ont divisé l'Allemagne vaincue
en quatre zones : soviétique, américaine,
britannique et française.
La ville de Berlin était située dans la zone
soviétique, mais les gouvernements militaires des quatre pays
étaient représentés dans son administration. Une
des principales décisions prises à Postdam en vue
d'établir un État allemand démocratique dans
l'après-guerre concernait la nécessaire unité
économique entre les quatre zones. Dès le début,
cependant, les impérialistes américains ont poursuivi une
politique de division plutôt que d'unification de l'Allemagne et
d'isolement de l'Union soviétique, à commencer par la
fusion des zones américaine et britannique en une zone
appelée Bizone, vite devenue Trizone avec l'incorporation de la
France.
En 1948, les États-Unis et les autres
puissances occidentales ont annoncé leur intention de former une
Allemagne de l'Ouest séparée. L'« Allemagne de
l'Est » n'existait pas à ce moment-là. L'Union
soviétique a appelé à des pourparlers entre les
quatre puissances pour résoudre la question, mais les puissances
occidentales ont
ignoré son appel et introduit une réforme
séparée de la monnaie dans la partie occidentale, alors
que l'Accord de Postdam prévoyait l'unité
économique, ce qui est impossible sans une monnaie
unifiée. L'introduction par les puissances occidentales du
nouveau deutschmark à Berlin visait à déstabiliser
non seulement l'économie d'une partie de
Berlin, mais de toute la zone soviétique dont Berlin faisait
partie. C'était une guerre menée sur le front
économique. L'Union soviétique a alors institué
des restrictions sur les déplacements en provenance ou à
destination de Berlin,
lesquelles ont été qualifiées de «
blocus » par les puissances occidentales.
Les puissances occidentales ont répondu à
ces restrictions justifiées en instituant le 24 juin 1948
un « pont aérien sur Berlin » pour transporter
de la nourriture sous la propagande mensongère que la population
de Berlin était affamée et « victime de
famine ». Dans des buts de propagande contre l'Union
soviétique, ce pont
aérien totalement non nécessaire a livré de la
nourriture à la population dite « victime du
blocus » dans les zones non soviétiques de Berlin, et
cela, jusqu'au 12 mai 1949. Dans un geste de bonne foi,
l'Union soviétique a immédiatement offert suffisamment de
nourriture pour nourrir toute la population de Berlin (et non seulement
celle de la zone soviétique), ce qu'elle a fait à partir
de juillet 1948. Les puissances occidentales pendant ce temps ont
continué à répandre de fausses allégations,
disant par exemple que l'Union soviétique refusait de
négocier, que les Soviétiques s'apprêtaient
à renverser le gouvernement municipal de Berlin, que les
Soviétiques souhaitaient
une nouvelle guerre mondiale, etc.
En août 1948, réunies à
Moscou, les quatre puissances ont finalement accepté de lever
les restrictions sur les déplacements et introduit une monnaie
uniforme à Berlin, mais les impérialistes
américains ont eu tôt fait de briser l'entente et ont
poursuivi leurs activités hostiles parce que ces changements
nuisaient à leurs plans de forcer la
partition de l'Allemagne et de créer un État allemand
séparé. Les impérialistes voulaient former un bloc
militaire agressif dirigé contre l'Union soviétique et
les démocraties populaires, et détourner l'attention des
problèmes de la paix, du désarmement et de la
dénazification. Les impérialistes américains
cherchaient depuis le début à diviser
l'Allemagne, une politique qu'ils ont appliquée plus tard en
Corée et au Vietnam.
L'histoire démontre combien hypocrites sont les
sermons des impérialistes aujourd'hui au sujet d'une Allemagne
enfin réunifiée, quand on sait que ce sont eux qui ont
délibérément divisé l'Allemagne à
l'époque.
L'histoire de Berlin permet de voir comment
opère la falsification historique qui répète des
mensonges sur le passé objectif et supprime, même par la
force, la présentation de la vérité. Hitler a
dit : « Un mensonge répété dix fois
reste un mensonge ; répété dix mille fois il
devient une vérité. » Joseph Goebbels, son
ministre
de la Propagande, était un maître de la technique du gros
mensonge. Les nazis ont toujours appuyé leurs mensonges par la
force. Le mensonge d'Hitler selon lequel la Pologne avait
attaqué l'Allemagne a été suivi de l'invasion de
la Pologne le 1er septembre 1939, provoquant la mort de plus
de trois millions de Polonais.
Les impérialistes américains ont appris
à l'école d'Hitler et des nazis. Ils ont
hérité de la technique du gros mensonge et l'ont
utilisée durant la guerre froide pour empêcher les peuples
du monde de se doter d'une conception du monde sur la base de laquelle
poursuivre leur mouvement pour la paix, au lieu d'être
divisés en deux camps, les deux posant une menace de guerre,
alors que les vrais problèmes de la paix restent sans solution.
Notes
1. Churchill à la
conférence des puissances alliées à Potsdam
en 1945
2. Discours du « rideau de
fer » de
Churchill au Westminster College de Fulton, au
Missouri, le 5 mars 1946
3. Tiré de 'Das
Jahr 2000' du journal Das
Reich du 25 février 1945, pp 1-2
(Extraits
de
«
Le
mur
de
Berlin
a
été
érigé
sur
des
faussetés »,
Dougal
MacDonald, LML, 9
novembre 2010)
La géopolitique de l'atlantisme - Le discours du
« rideau de fer » de Winston Churchill de 1946
- Tony Seed -
Winston Churchill et le président
des États-Unis, Harry Truman, arrivent au
Westminster College
de Fulton, au
Missouri, le 5 mars 1946, où Churchill a prononcé son
discours belliciste du « Rideau de fer ».
Les derniers présidents des États-Unis,
à l'instar de leurs
prédécesseurs, exigent que leur direction soit
acceptée parce que,
disent-ils, ils sont les seuls à pouvoir établir un ordre
international
pouvant instaurer la paix et la stabilité. Avant l'apparition de
la
doctrine qui affirme que les États-Unis sont la nation
indispensable à
laquelle tous
doivent se soumettre, cet ordre a toujours été
assimilé aux intérêts et
aux exigences d'une « communauté
internationale ». Dans cet esprit, le
premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a récemment
lancé un appel
à peine voilé à un coup d'État contre le
gouvernement constitutionnel
du Venezuela et demandé que « la communauté
internationale s'unisse immédiatement au peuple
vénézuélien » parce que
« le moment d'une transition démocratique est
venu ».
La prétention de représenter « la
communauté internationale » vient
de leur adhésion à la conception raciste des
impérialistes
anglo-américains après la Deuxième Guerre
mondiale selon laquelle les
« nations de langue anglaise » devraient
décider et diriger le destin
du monde. Pour eux, la « communauté
internationale » est
assimilée aux « nations de langue anglaise »
(États-Unis,
Grande-Bretagne, Canada, Australie, Nouvelle-Zélande) et
comprend
celles qui, de façon pragmatique, y sont assimilées.
C'est ce que le
premier ministre du Canada, Justin Trudeau, et la ministre des Affaires
étrangères du Canada, Chrystia Freeland, avancent
aujourd'hui lorsqu'ils
prétendent parler au nom d'une « communauté
internationale »
autoproclamée qui dicte qui sont les représentants du
peuple du
Venezuela. Le but de cette vision du monde raciste est de
détourner
l'attention de l'essentiel de la question : le non-respect du
droit des
nations de décider elles-mêmes de leurs affaires
intérieures sans
ingérence étrangère, consacré dans la
Charte
des Nations unies.
Le document le plus significatif dans lequel cette
vision raciste
est élaborée et qui exprime les objectifs et le mandat de
l'OTAN est le
discours du « rideau de fer » de Winston Churchill du
5 mars 1946. Ce
discours a été prononcé à peine six mois
après la victoire sur le
Japon, après que son parti conservateur eut été
écrasé lors
des élections en Angleterre et alors que la crise dans laquelle
l'Empire britannique était plongée s'aggravait. Winston
Churchill a
redécouvert à la fois la doctrine raciale de la «
destinée manifeste »
atlantiste, proclamée par Théodore Roosevelt au tournant
du siècle
dernier, et la doctrine hitlérienne de la « menace
bolchevique ».
Le discours du « rideau de fer », qui
a provoqué un véritable
tollé, a été prononcé au Westminster
College de Fulton, dans le
Missouri où, officiellement, Churchill était allé
recevoir un diplôme
honorifique. Ce collège peu connu est situé
à 240 kilomètres de la
ville natale du président Truman qui s'y est rendu pour
présenter
Churchill. La présence de Truman était nécessaire,
car cette mise en
scène ne pouvait être montée sans lui. Il est
évident que Truman était
présent non seulement pour présenter Churchill à
l'auditoire, mais
aussi pour souligner son importance et garantir une forte couverture
médiatique.
Il ne fait aucun doute que Truman et Churchill
s'étaient entendus
sur le contenu du discours et en avaient évalué les
conséquences. « À
la lumière de la ferme détermination de Truman de cesser
de
'chouchouter' les Soviétiques, Truman est probablement à
l'origine de
ce discours », estime l'historien américain D. F.
Fleming. Comme on
le sait, le premier ministre britannique, Clement Attlee, le
secrétaire
aux Affaires étrangères britanniques, Ernest Bevin, ainsi
que le
président Truman et le secrétaire d'État
américain James Byrnes
savaient que ce discours allait être prononcé et avaient
donné leur
accord. Lester Pearson a également lu un brouillon de ce
discours et
s'est vanté d'en
avoir écrit une phrase.[1]
En d'autres termes, la «
célébrité » de Churchill devait
être utilisée
pour justifier toutes sortes d'infamies et d'agressions. L'ensemble des
faits prouvent que Churchill n'a pas exprimé ses opinions
personnelles,
il a énoncé le programme antisoviétique de
l'élite dirigeante de
Grande-Bretagne, des États-Unis d'Amérique et du Canada.
En Grande-Bretagne, Churchill n'aurait pas pu annoncer
publiquement
la guerre froide contre l'Union soviétique. Un tel discours
aurait été
très embarrassant pour lui à cette époque. Le
peuple soutenait
fermement l'Union soviétique et son dirigeant, Joseph Staline,
qui
avait conduit son peuple à la brillante victoire sur les hordes
nazies
qui
avaient envahi l'Union soviétique. Les peuples de
Grande-Bretagne
avaient subi de lourdes pertes pendant la guerre et venaient de chasser
du pouvoir Churchill et son parti lors de l'élection
générale de 1945.
Leur opposition à la politique étrangère de
l'ancien gouvernement que
Churchill devait maintenant formuler dans le discours de Fulton
aurait été sans équivoque. En raison de la
situation en
Grande-Bretagne, les dirigeants du gouvernement travailliste
social-démocrate n'ont pas osé exprimer officiellement
leur solidarité envers Churchill ; ils devaient le faire
quelques années plus
tard.
C'était une autre affaire aux États-Unis où le
gouvernement prônait
ouvertement les idées
antisoviétiques de Churchill. La présence de Truman
à Fulton a montré
l'importance que l'élite américaine au pouvoir attachait
à ce discours.
De plus, les États-Unis ont été obligés,
à cause de leur position dans
le monde impérialiste, de jouer un rôle de premier plan
dans
l'exécution du plan proposé par Churchill.
L'Union soviétique, qui avait vaincu les
fascistes au prix
d'énormes pertes humaines et matérielles, était
préoccupée uniquement
par la reconstruction de ce qui avait été détruit
par les agresseurs,
par l'avancement sur la voie de l'édification socialiste et par
la
défense vigoureuse de la cause de l'humanité qui
réclamait la
libération et la paix,
contre la guerre. Pourtant, au grand étonnement de son
auditoire, le
conférencier invité a annoncé que le monde
était sous la menace directe
et immédiate d'une autre guerre mondiale et de la tyrannie, et
que la
cause de cette menace était l'Union soviétique et le
mouvement
communiste international.
Churchill a déclaré dans son discours que
son objectif principal
était de proposer la création d'une « association
fraternelle des
peuples anglophones ». Il a déclaré que cela
comprenait « une relation
particulière entre le Commonwealth et l'Empire britanniques
d'une part,
et les États-Unis d'autre part. [...] Une association
fraternelle exige
non seulement une amitié croissante et une compréhension
mutuelle entre
nos deux systèmes de société vastes mais
analogues, mais également la
continuation des relations étroites entre nos conseillers
militaires,
menant à l'étude commune de dangers potentiels, à
la similitude de nos
armements et de nos manuels d'instruction ainsi qu'à
l'échange
d'officiers et de cadets dans les hautes écoles techniques. Elle
devrait comprendre la continuation des efforts actuels en faveur de la
sécurité mutuelle par l'utilisation commune de toutes les
bases
militaires navales et aériennes qu'un de nos pays
possède, partout dans
le monde.
« Une telle association permettrait
peut-être de doubler la
mobilité des forces navales et aériennes
américaines. Elle augmenterait
sensiblement celle des forces de l'Empire britannique et
mènerait très
probablement, au fur et à mesure que le monde se calmera,
à
d'importantes économies financières. [...] Finalement
nous pourrons
voir naître [...]
le principe d'une citoyenneté commune, mais contentons-nous de
laisser
cette décision au destin dont le bras étendu
apparaît déjà clairement à
beaucoup d'entre nous. »
Churchill apportait de l'eau au moulin de
l'élite dirigeante des États-Unis, de Grande-Bretagne et
d'autres pays :
« Prenez garde, vous dis-je ! Le temps
risque de nous manquer. Ne
laissons pas libre cours aux événements jusqu'à ce
qu'il soit trop
tard. »
Quelle était la cible de l'alliance militaire
anglo-américaine ?
Churchill a été très clair. Il a dit qu'il
était contre « le danger
croissant pour la civilisation chrétienne » et
contre « la menace
bolchevique », la révolution socialiste en
développement. Il a exigé
une prépondérance anglo-américaine du pouvoir
contre l'Union
soviétique, en référence à l'Europe de
l'Est.
Il a expliqué que l'Europe et le monde
étaient divisés en deux
sphères d'influence, l'une dirigée par les
États-Unis, l'autre par
l'URSS, c'est-à-dire en deux camps, a déclaré
officiellement la guerre
froide et formulé le mandat initial de l'OTAN, puis a
lancé l'idée d'un
bloc militaire de nations partageant des idéaux communs,
prétendument
sous l'égide des Nations unies. Churchill a
déclaré :
« Nous avons beau instituer des tribunaux et des
magistrats, ils ne
pourront pas fonctionner sans police. L'Organisation des Nations unies
doit être équipée dès le départ d'une
force armée internationale » dont
les escadrilles « porteraient l'uniforme de leur propre pays,
mais
avec
des insignes différents. Elles ne seraient pas appelées
à
intervenir contre leur propre nation, mais pour le reste elles seraient
sous les ordres de l'organisation mondiale. [...] J'aurais voulu
déjà
qu'elle soit prise après la Première Guerre mondiale et
je suis
fermement convaincu qu'elle pourra l'être maintenant. »
D'une part, Churchill annonçait « une
relation particulière entre
le Commonwealth et l'Empire britanniques et les
États-Unis » et d'autre
part déclarait la guerre froide à l'Union
soviétique. Il a proclamé que
l'Europe et le monde anglo-américain étaient des
victimes :
« De Stettin dans la Baltique jusqu'à
Trieste dans l'Adriatique, un
rideau de fer est descendu à travers le continent.
Derrière cette ligne
se trouvent toutes les capitales des anciens États de l'Europe
centrale
et orientale. Varsovie, Berlin, Prague, Vienne, Budapest, Belgrade,
Bucarest et Sofia, toutes ces villes célèbres et les
populations qui
les
entourent se trouvent dans ce que je dois appeler la sphère
soviétique,
et toutes sont soumises, sous une forme ou sous une autre, non
seulement à l'influence soviétique, mais aussi à
un degré très élevé
et, dans beaucoup de cas, à un degré croissant, au
contrôle de Moscou.
[...]
« Je ne crois pas que la Russie soviétique
désire la guerre. Ce
qu'elle désire, ce sont les fruits de la guerre et une expansion
illimitée de sa puissance et de ses doctrines. »[2]
C'était la première fois que l'expression
« une relation
particulière » était utilisée, mais pas
celle de « rideau de fer » qui
allait devenir populaire auprès des propagandistes de la guerre
froide.
Dans l'édition de 1948 de Familiar
Quotations
de
Bartlett,
on lit : «
Selon le London Times, l'expression 'rideau de
fer' a été inventée par von Krosigk, ministre des
Finances de Hitler,
et a été utilisée par Goebbels, dans sa propagande
quelques années
avant que M. Churchill ne l'adopte. » Ce qui n'a pas
empêché le communiste britannique R. Palme
Dutt d'écrire à l'époque : « La formule
est universellement reconnue
comme ayant été inventée par le génie de
sir Winston
Churchill. »[3]
La notion de rideau de fer de Churchill était la
salve qui allait
justifier toutes les brutalités pour garder asservis les peuples
et les
nations. Elle rappelait ce que les chauvins anglo-américains
craignaient le plus : un monde où tous les peuples et
nations seraient
libres. Au lieu d'un monde uni contre le fascisme et la
réaction, pour
la paix, la
liberté, l'indépendance et la démocratie, les
chauvins anglo-américains
ont divisé l'humanité en défendant les forces
antidémocratiques et
impérialistes et en créant deux camps.
En condamnant les transformations démocratiques
dans les pays de
l'Europe de l'Est, Churchill a indiqué ce qu'il avait en
tête pour ces
pays. « Seule Athènes - la Grèce et ses gloires
immortelles - est libre
de décider de son avenir dans des élections
contrôlées par des
observateurs britanniques, américains et
français », a-t-il déclaré.
Mais Athènes était le symbole de la honte dont Churchill
s'était
couvert en décembre 1944 lorsqu'il avait ordonné
à ses troupes et aux
collaborateurs nazis locaux d'ouvrir le feu sur les Grecs non
armés qui
manifestaient pour soutenir les partisans grecs, alliés de la
Grande-Bretagne dans la guerre, en raison de l'influence du parti
communiste
dans le mouvement de résistance.
Churchill a recommandé le recours à la
force contre l'URSS, et le
plus tôt sera le mieux - alors que les États-Unis
possédaient la bombe
atomique tandis que l'Union soviétique ne l'avait pas encore
développée. Churchill a laissé clairement entendre
que cela signifiait l'utilisation de la force militaire contre l'URSS.
« Ce que j'ai
pu
voir chez nos amis et
alliés russes pendant la guerre, m'a convaincu qu'il n'y a rien
qu'ils
admirent autant que la force », a-t-il dit. Il proposait de
réaliser
en 1946 « une bonne entente sur tous les points avec la
Russie ». Cela
signifiait que si l'Union soviétique ne capitulait pas devant la
menace
du recours à la force, il serait alors nécessaire de
déclencher une guerre préventive contre elle.
Churchill ne se satisfaisait plus du principe
traditionnel
britannique de l'équilibre des forces que la Grande-Bretagne
avait
suivi dans le continent européen en montant les pays les uns
contre les
autres. « C'est pourquoi la vieille doctrine d'un
équilibre des forces
est hasardeuse. Nous ne pouvons nous permettre, s'il est en notre
pouvoir de
l'éviter, de nous appuyer sur des marges étroites et
d'éveiller ainsi
les tentations d'une épreuve de force », a-t-il
déclaré. Au nom de
Truman, il a présenté la nouvelle politique des
impérialistes
anglo-américains qui allait par la suite être connue sous
le nom de
politique de « position de force » ou de « la
paix par la force ».
La « bonne entente sur tous les points avec la
Russie », que
Churchill espérait, devait être soutenue « par toute
la force du monde
anglophone et de toutes ses connexions ». L'idée
était d'imposer la
domination mondiale anglo-américaine. Ce n'était pas une
idée nouvelle.
« L'association fraternelle des peuples
anglophones attachés aux
idéaux de la démocratie et de la liberté
intéressait depuis longtemps
Winston Churchill et constituait son plus grand espoir pour l'avenir
de l'humanité. » Son projet littéraire,
commencé dans les années 1930,
était son livre en quatre volumes Une histoire des
peuples anglophones. On sait que Churchill a travaillé
à sa rédaction tout au long de la Deuxième Guerre
mondiale.[4]
À la suite de la percée de la ligne
Maginot et de l'humiliation de
Dunkerque, Churchill a posé un « geste
grandiose » envers la France en
proposant une citoyenneté commune. (« Je remercie Dieu
pour l'armée
française », a déclaré Churchill
à maintes reprises.) Churchill prônait
l'assujettissement de la France à l'Angleterre sous
les auspices des États-Unis et soutenait que « nous
pourrons voir
naître le principe d'une citoyenneté commune »
pour les États-Unis et
l'Angleterre.[5]
Churchill croyait que si la Grande-Bretagne et les
États-Unis
pouvaient éliminer les mouvements révolutionnaires et
soumettre l'Union
soviétique à leur volonté, ils seraient en mesure
d'assurer leur
domination sur le monde pour les cent prochaines années. Dans
son
discours de Fulton, il a dit :
« Si la population du Commonwealth anglophone se
joint
effectivement à celle des États-Unis, avec tout ce qu'une
telle
coopération implique dans les airs, sur les mers, partout sur le
globe,
dans les sciences et l'industrie, et dans la force morale, alors aucun
équilibre tremblant, précaire entre les forces en
présence ne servira
de tentation à
l'ambition et à l'aventure. [...] Si toutes les forces et les
convictions morales et matérielles de la Grande-Bretagne se
joignent
aux vôtres dans une association fraternelle, alors les routes de
l'avenir deviendront claires, non seulement pour nous, mais pour tous,
non seulement pour le présent, mais pour le siècle
à venir. »
Avec un orgueil napoléonien, Churchill a
annoncé son intention de
définir la mission de l'humanité et d'expliquer comment
elle devait
être accomplie. Il a fait remarquer qu'à la fin des
années 1930, devant
l'imminence d'une deuxième guerre mondiale, il avait
été le seul à
avoir donné les bons conseils sur la façon de
l'éviter, mais ses
efforts avaient échoué parce que ceux qui étaient
au pouvoir à l'époque
s'étaient avérés incapables de comprendre
l'importance de ses
propositions.
C'était plus que son habituelle
autoglorification. Par là, il
voulait dire que les conseils qu'il donnait à l'humanité
dans son
discours étaient aussi bien fondés et justifiés
que son attitude à la
veille de la Deuxième Guerre mondiale.
L'idée maîtresse du discours de Fulton
était la suivante : l'Union
soviétique est la principale menace à la
sécurité et à la liberté de
toutes les autres nations et, par conséquent, l'humanité
doit s'unir
sous la direction anglo-américaine et conjurer cette menace par
le
recours à la force. Churchill voulait dresser le monde entier
contre
l'Union
soviétique.
Ce discours a été prononcé moins
d'un an après que l'Union
soviétique, au prix de sacrifices et de souffrances
énormes, eut assuré
la défaite du fascisme et contribué à la
libération des peuples
asservis ; grâce à ces sacrifices, l'Angleterre avait
été sauvée de la
destruction imminente ; et ce que les
experts militaires anglo-américains pensaient, la
Grande-Bretagne et
les États-Unis auraient été encore en guerre avec
le
Japon en
Extrême-Orient si l'Union soviétique n'était pas
intervenue aux côtés
des Alliés, assurant ainsi la conclusion rapide de la guerre. La
vérité
est maintenant connue au sujet de la préparation de
l'opération
Unthinkable
ordonnée par Churchill, l'« opération
impensable », un plan de guerre
contre l'Union soviétique qui devait commencer le 1er
juillet 1945
avec 112-113 divisions, dont 10-12 divisions allemandes,
gardées
intactes dans le Schleswig-Holstein et dans le sud du Danemark jusqu'au
printemps de 1946.[6]
Le discours de Churchill est marqué par une
haine pour les peuples
de l'Union soviétique, dont le crime était de construire
leur propre
vie selon leurs propres désirs et façons de penser, et
non comme il
l'aurait voulu. Churchill avait combattu la Révolution d'Octobre
en
Russie et organisé le bloc interventionniste des 14
États, dont les
États-Unis et le Canada, en 1918, 1919 et 1920, qui a
été vaincu par
l'Armée rouge. Il devait déclarer : «
L'échec à étrangler le
bolchévisme à sa naissance et d'amener la Russie, alors
effondrée, par
un moyen ou par un autre dans le système démocratique
général, est
lourd de conséquences pour nous
aujourd'hui. »[7]
Puis, tout au long des années 1920, il a
prêché contre la menace de la
« révolution rouge », ne perdant jamais une
occasion de traiter les
dirigeants bolcheviques d'« assassins meurtriers et
ministres de
l'enfer ».
En plus de reprendre les théories du complot
judéobolchevique des
hitlériens, Churchill faisait la promotion
frénétique du chauvinisme
national, de la division raciale des peuples entre peuples
supérieurs et
peuples inférieurs dans le but de semer la discorde et de les
rallier
aux objectifs des impérialistes anglo-américains et des
classes
réactionnaires dominantes.
Caricature soviétique de Churchill
livrant son fameux discours de 1946 avec deux drapeaux: « Un
rideau de fer sur l'Europe ! » et « Les Anglo-Saxons
doivent
gouverner le monde ! » À l'arrière plan: Hitler et
Goebbels.
|
L'essence de la politique des cercles dominants
britanniques et
français au cours de cette période a été
montrée par Joseph Staline
dans un entretien avec la Pravda. Dénonçant le
vrai sens de cet appel, Staline explique :
« En fait, M. Churchill se trouve actuellement
dans la position
d'un fauteur de guerre. Et il ne s'y trouve pas seul. Il a des amis,
non seulement en Angleterre, mais également aux
États-Unis. »
Staline poursuit que dans son discours à Fulton,
Churchill rappelait de manière frappante Hitler :
« Hitler a commencé la préparation
à la guerre par sa proclamation
d'une théorie raciale, où il déclarait que seules
les personnes de
langue allemande représentaient une nation 'véritable' au
sens complet
du mot. M. Churchill, également, commence la préparation
à la guerre
par une théorie raciale, en affirmant que seules les nations de
langue
anglaise sont des nations - dans toute l'acception du mot -
appelées à
diriger les destinées du monde entier. [...] La théorie
raciale
anglaise amène M. Churchill et ses amis à la
conclusion que les
nations de langue anglaise, en tant que seules 'véritables',
doivent
régner sur les autres nations du monde. En fait, M. Churchill et
ses
amis, en
Angleterre et aux États-Unis, présentent aux nations ne
parlant pas
anglais quelque chose comme un ultimatum : 'Reconnaissez de bon
gré
notre domination, et tout alors ira bien ; dans le cas contraire,
la
guerre est inévitable. [...] Il n'y a aucun doute que la
position prise
par M. Churchill est une position qui mène à la guerre,
un appel
à la guerre contre l'URSS. »[8]
Les réactions au discours de Churchill
Le discours de Churchill-Truman a été
accueilli avec indignation et
par des condamnations véhémentes dans les cercles
démocratiques de
divers pays, y compris aux États-Unis, en Grande-Bretagne et en
France.
Le discours de Churchill a créé un climat
d'inquiétude. Plusieurs
constataient qu'il s'agissait d'un appel à déclencher une
autre guerre
mondiale. Plus d'une centaine de députés travaillistes au
parlement
britannique ont condamné les propos de Churchill. La
réaction du
gouvernement canadien a été obséquieuse. Le meneur
de claque, Lester
Pearson, a avoué dans un communiqué officiel :
« La réaction populaire
et médiatique au discours de M. Churchill au Westminster
College correspond à ce que je m'attendais. Elle est
partagée, mais les
opinions critiques sont tout de même
prépondérantes. »
L'influent chroniqueur Walter Lippmann, a dit Pearson,
« pensait
qu'une alliance avec le Royaume-Uni et les dominions pouvait tenir la
route, mais qu'une alliance avec l'Empire britannique était une
tout
autre paire de manches. C'est la vieille crainte enracinée
d'être lié à
l''impérialisme', une crainte qui est amplifiée alors que
le système
colonial britannique est confronté à un
soulèvement d'après-guerre de
nationalisme indigène qui pourrait très bien se
manifester violemment.
S'il était peut-être possible de soutenir le Royaume-Uni,
soutenir la
Malaisie, la Birmanie et Hong-Kong l'était moins, bien que les
deux
pouvaient difficilement être séparés. C'est ce qui
laissait perplexe
'l'école Lippmann'. »[9]
L'attaque de Churchill contre Staline à cause de
la soi-disant «
division de l'Europe » a légitimé la
falsification perfide de
toutes les ententes importantes entre la Grande-Bretagne, les
États-Unis et l'Union soviétique qui étaient en
cours, de Téhéran,
Yalta et Potsdam. Selon Jacob Heilbrunn, qui écrivait pour le
Los Angeles
Times
en 2005, Joseph McCarthy et ses semblables ont
élaboré des arguments
contre « ce qui était perçu comme un modèle
d''apaisement' au sein du
Parti démocrate. En parallèle, la 'gauche' trotskiste
prétendait que
Staline avait 'trahi' la résistance française, les
communistes grecs et
même les Palestiniens. La droite, elle, prétendait que
Roosevelt avait 'trahi' l'Europe de l'Est à la conférence
de Yalta en
promettant aux Soviétiques une sphère d'influence
incontestée dans la
région. »[10]
Jacob Heilbrunn ajoute : « Un
élément de la mythologie que la
droite a élaborée à cette époque
était qu'Alger Hiss, qui pendant la
guerre a été assistant au secrétaire d'État
Edward Stettinius Jr. - et
qui a été accusé au cours des années
suivantes d'être un espion
soviétique et condamné pour parjure – avait joué
un rôle déterminant
pour
convaincre Roosevelt de conspirer avec Staline contre Churchill. C'est
nul autre que Joseph McCarthy qui avait déclaré en
février 1950 que 'si
le temps le permettait, il serait peut-être bien d'examiner de
plus
près le fait que Hiss était le principal conseiller de
Roosevelt à
Yalta alors que ce dernier avait de sérieux problèmes de
santé et était
épuisé physiquement et mentalement'. Plus tard, des
conservateurs comme
Ronald Reagan allaient dénoncer le fait que les
négociations avec
l'Union soviétique présageaient un nouveau 'Yalta'. Lisez
vous-mêmes le
protocole de Yalta. Nulle part n'est-il question de 'division' du
continent, d'une région ou d'un pays. Ni en existe-t-il des
traces ne
serait-ce qu'informelles. Les puissances ont ensemble
décidé de la
division d'une ville, Berlin, sous un commandement unifié. Ce
sont les
historiens anglo-américains eux-mêmes qui sont les auteurs
de
l'histoire sans fondement de la 'division de l'Europe'. Ce sont les
États-Unis qui, unilatéralement, ont divisé Berlin
pour ensuite, de
façon
unilatérale encore une fois, proclamer l'existence de
l'Allemagne de
l'Ouest en contravention de l'Accord de Potsdam. »[11]
Pendant sa visite aux États-Unis en
mai 1943, Churchill a avancé
l'idée de « citoyenneté commune » entre
les pays anglo-saxons et a
proposé que la structure de leur alliance militaire soit
préservée
après la guerre et que les deux pays puissent collaborer sur les
questions saillantes de leur politique étrangère. Il a
ensuite laissé
transparaître ses intentions dans toute leur laideur en
élaborant dans
son exhortation que seules les nations « anglophones »
étaient les
nations vraiment inestimables, et en les appelant à
décider du destin
du monde. Churchill leur attribuait la « constance
intellectuelle, la
persistance dans l'atteinte de leurs objectifs et la grande
simplicité
dans
leurs prises de décisions ». Il s'agit bien sûr
de la supériorité
morale des valeurs anglo-américaines, aujourd'hui brandie avec
fébrilité, au nom de l'«
euro-atlantisme », des « valeurs
transatlantiques » et de la « communauté
internationale » - les mêmes
qui ont largué des bombes humanitaires sur l'Afghanistan, la
Libye, la
Syrie et qui menacent de faire de même au Venezuela. On
réitère ici
l'idéologie de la supériorité anglo-saxonne qu'on
érige en
justification pour la nouvelle puissance impérialiste
américaine qui,
par la guerre hispano-américaine de 1898, a
dévoré les Amériques et les
Philippines – la « mission civilisatrice » du «
fardeau de l'homme
blanc ». Dans toute leur « grandeur », les
nations « anglophones »
préconisent la division du monde entre peuples supérieurs
et
inférieurs, entre États supérieurs et
inférieurs.
L'appel de Churchill n'était pas destiné
seulement aux « peuples
anglophones », mais était aussi une incitation
à la guerre civile de
tous les nationalistes bourgeois et les forces chauvines en Europe
centrale et de l'Est qui avaient été rassemblés
pendant la Deuxième
Guerre mondiale sous la tutelle anglo-américaine - «
toutes les
capitales
des anciens États de l'Europe centrale et de l'Est. Varsovie,
Prague,
Vienne, Budapest et Sofia, toutes ces villes renommées et les
populations qui s'y trouvent » - où la question
nationale était devenue
l'une des questions les plus profondes et qui avait été
prise en main
par le peuple sous forme de nouvelles démocraties populaires.
Ces
forces
émigrées avaient fui en 1945 vers Munich
occupé
par la Troisième Armée
américaine où elles étaient
réformées en forces politiques et
terroristes clandestines.
L'atlantisme
« Je suis pour la nation mondiale »,
dit le raciste de la doctrine
anglo-saxonne, « mais ma nation est précisément
cette nation
mondiale. » Sur la base de cette vision, toutes les autres
nations
doivent s'adapter à cette nation anglo-américaine, se
dissoudre en
elle, perdre leur identité nationale et oublier à tout
jamais leurs
traditions, leur philosophie et leur culture intellectuelle nationales.
Ainsi, on ne prend pas comme point de départ les
réalisations de chaque peuple. La philosophie et la culture
intellectuelle de chaque peuple traitent des problèmes qui leur
sont
propres, comme l'expliquait Hardial Bains, « elles font ressortir
les
personnalités qui sauront s'attaquer à
ces problèmes et, qui sait, rien ne dit qu'on ne
dépassera
pas les
développements réalisés en philosophie dans le
monde. »[12]
La théorie cosmopolite et la géopolitique
de l'atlantisme forment
l'un des principaux fondements de l'OTAN et de l'effort mondial pour la
suprématie anglo-américaine – l'anglosphère – en
déclarant que l'unité
culturelle et la communauté d'intérêts de tous les
peuples du lac
Atlantique sont une « culture mondiale » (lire
anglo-américaine et euroculture) et l'influence
réciproque et la
pénétration des cultures. Il s'agit bel et bien d'une
doctrine
eurocentriste et raciste.
L'« atlantisme » signifie l'«
unité spirituelle » de la «
communauté nord-atlantique », c'est-à-dire de
ces pays qui chevauchent
l'océan Atlantique. L'« Union atlantique »
repose essentiellement sur
une union anglo-saxonne. C'est une stratégie successive qui
adopte
différentes formes politiques d'unité atlantique selon
les différentes périodes offensives de
l'impérialisme américain. Cette
stratégie est au coeur de la Destinée manifeste et de la
doctrine
Monroe.[13]
La proclamation de la doctrine Truman en 1947 et
du plan Marshall
en 1948 signifiait que l'essentiel du projet de politique
étrangère
avait été accepté en tant que politique
d'État américaine. Suite aux
efforts des États-Unis, de la Grande-Bretagne et du Canada,
l'OTAN a
été établie en tant que bloc militaire et
politique agressif
en 1949. C'était le programme de Fulton en action.
Les Canadiens doivent voir que c'est de cela qu'il
s'agit lorsque
le gouvernement du Canada parle des « valeurs » que le
Canada embrasse
comme justification pour sa participation à l'OTAN. Tel que
mentionné,
Lester Pearson s'est personnellement enorgueilli d'avoir
contribué au
discours de Churchill et le Canada est passé à
l'offensive
pour préconiser la division de l'Allemagne, de l'Europe et de
l'humanité. Les dossiers d'après-guerre du
ministère des Affaires
extérieures, parallèlement à tout leur verbiage au
sujet de leur
nouveau « non-colonialisme », «
universalisme » et «
internationalisme », étaient imprégnés
des préjugés des bâtisseurs
d'empire du XIXe
siècle.
Le 19 mars 1946, George Ritchie, premier
secrétaire au ministère
des Affaires extérieures puis ambassadeur du Canada en Allemagne
de
l'Ouest, aux Nations unies et aux États-Unis, écrivait
candidement
qu'il s'agissait d'une « lutte de pouvoir » et que
le Canada fait
partie « de l'équipe anglo-saxonne ».[14]
Pendant la Deuxième Guerre mondiale, les
Canadiens et d'autres
peuples du monde ont versé leur sang au cours de cinq
années de guerre
acharnée dans l'intérêt de la démocratie, de
la liberté et de
l'indépendance, et non dans le but d'échanger la
domination des Hitler
contre celle des Churchill. Ils n'ont pas été d'accord
avec la
création de
l'alliance belliciste de l'OTAN quatre ans plus tard et n'ont pas eu
leur mot à dire. Aujourd'hui, la grande majorité de la
population
mondiale n'accepte pas de se soumettre à un nouvel esclavage au
nom
d'une « communauté internationale »
défendue par les Trudeau et les
Trump. Ils auront leur mot à dire en défendant le droit
de toutes les
nations de décider de leurs propres affaires sans
ingérence étrangère.
Note
1. Les commentaires de Pearson
sur le discours de Churchill
révèlent la duplicité libérale et comment,
même en 1946, le
gouvernement canadien se livrait à des intrigues pour former un
nouveau
bloc militaire agressif :
« Enfin, les propositions de M. Churchill ont
été violemment
attaquées par ceux qui voient dans une Organisation des Nations
unies
le seul espoir d'une paix forte et universelle, ou presque universelle.
Ils estiment, et avec raison, qu'une alliance militaire
anglo-américaine pourrait affaiblir et détruire
l'Organisation des
Nations unies. M.
Churchill, bien sûr, a tenté de combattre ces craintes par
son argument
« dans la demeure de Notre Père il y a de la place pour
tous. » Mais
il n'a pas réussi. Il aurait pu avoir plus de succès s'il
avait élargi
la base de ses propositions « d'association
fraternelle » pour inclure
tous les États épris de paix, qui pourraient souhaiter
renforcer
leurs relations de défense au sein de l'Organisation des Nations
unies.
De ce point de vue, et à mon opinion d'autres, il aurait
été préférable
que M. Churchill plaide en faveur du renforcement de l'Organisation des
Nations unies et de la modification de la Charte, si nécessaire,
pour
que ce renforcement soit possible. Il aurait alors été
dans une bien
meilleure position pour soutenir l'idée que si un État,
ou plus d'un,
bloquait un tel renforcement, une relation spéciale entre les
autres
serait justifiée. Toutefois, il est assez clair que M. Churchill
n'avait pas cela à l'esprit dans son discours. Il pensait
à une
association militaire étroite des peuples anglophones uniquement.
« Dans l'ébauche du discours que j'ai lue,
il était question de
l'opportunité de maintenir le Commandement combiné des
chefs
d'état-major. J'ai mentionné à l'époque
à Lord Halifax que je pensais
que ce serait indésirable même pour les autorités
militaires
américaines et britanniques qui espéraient beaucoup son
maintien, mais
pensaient que la
meilleure façon de le faire était de ne pas attirer
l'attention sur la
question, mais de laisser les arrangements du temps de guerre
continués
tranquillement. Lord Halifax a accepté et la phrase en question
a été
modifiée par la suite. Toutefois, ainsi amendée, il
était assez clair à quoi elle faisait
référence ;
suffisamment claire pour provoquer
une discussion qui pourrait nuire à ces arrangements en les
mettant en
lumière. L'article ci-joint d'Arthur Krock dans le New York
Times est intéressant à cet égard.
« Vous avez peut-être aussi remarqué
qu'une question a été posée au
président Truman lors de la conférence de presse de jeudi
dernier sur
ce point. M. Truman a expliqué que le Commandement
combiné des chefs
d'état-major fonctionnait toujours parce que la paix n'avait
pas
encore été officiellement conclue, mais que cette
situation ne
durerait pas beaucoup plus longtemps, espérait-il. Cette
partie des
remarques de M. Churchill a donc peut-être nui plutôt
qu'aidé la
cause qu'il espérait promouvoir, soit l'association la plus
étroite
possible des forces armées des deux pays. » [Notre
souligné]
[...]
« Si aucun succès réel n'est
obtenu à une telle conférence (comme
celle des trois grands), alors les États-Unis et le Royaume-Uni
devraient convertir les Nations unies en un agent vraiment efficace
pour préserver la paix et prévenir l'agression. Il faut
donc la réviser
radicalement. Si les Russes s'opposent à une telle
révision, approuvée
par
d'autres, il faut créer une nouvelle organisation qui, en tant
que
gardienne de la paix pour toutes les nations, et pas seulement les
nations anglophones, peut fonctionner sans les Russes et, en dernier
recours, contre eux. » (Mike : Memoirs of the Rt.
Hon. Lester B. Pearson, Volume Two : 1948-1957, Toronto,
University of Toronto Press. Traduit de l'anglais par LML)
En même temps, l'ambassadeur du Canada en URSS,
Hume Wrong, reconnaissait dans
ses dépêches que l'Union soviétique
ne se préparait pas
du tout à la guerre.
2. Cité dans Daniel
Yergin, Shattered Peace : The Origins of the Cold War and the
National Security State, Boston : Houghton Mifflin,
Co., 1977, pp. 175-6. Traduit de l'anglais par LML
3. La formulation de «
rideau de fer » a été utilisée des
millions
de fois par les anticommunistes. Le communiste britannique R. Palme
Dutt souligne : « Cette formulation,... en fait a
été utilisée en ce
sens... par Joseph Goebbels dans un éditorial publié dans
Das Reich le 25
février 1945... [elle] continue d'être
utilisée de tout côté sans reconnaissance de son
origine nazie. Si des redevances devaient être payées pour
son utilisation chaque
fois par les
publicistes et les politiciens occidentaux à l'auteur originel,
l'ombre
de Goebbels serait maintenant l'ombre la plus riche de
l'Hadès. »
Dans cet article, Goebbels écrivait :
« Si le peuple allemand déposait ses
armes, les Soviétiques,
conformément à l'accord conclu entre Roosevelt, Churchill
et Staline,
occuperaient toute l'Europe de l'Est et du Sud-Est avec la plus grande
partie du Reich. Un rideau de fer tomberait sur cet immense territoire
dominé par l'Union soviétique, derrière lequel les
nations seraient
massacrées. »
Le « mégaphone nazi »
lui-même a sans doute repris ce terme d'un article du journal de
propagande de la Wehrmacht, Signal, publié en 1943
dans lequel le terme rideau de fer est utilisé :
« Celui qui a écouté
l'interrogatoire d'un prisonnier de guerre
soviétique sait qu'une fois le barrage brisé, un flot de
paroles
commence alors qu'il tente de faire comprendre ce qu'il a vécu
derrière
le mystérieux rideau de fer qui sépare plus que jamais le
monde de
l'Union soviétique. »
Cité dans Behind the Iron Curtain,
Randall Bytwerk (Derrière le rideau de fer, Randall Bytwerk).
Citation traduite de l'anglais par LML
4. Dans un discours
prononcé le 27 avril 1941 à la suite de
l'invasion du Danemark, de la Hollande, de la Belgique et de la France
par l'Allemagne nazie, qui a mis fin à la « drôle de
guerre »,
Churchill a cité le poète Arthur Hugh Clough :
Tandis que les vagues
lassées en vain se brisent,
Ne semblent avancer péniblement d'un pouce,
Progressant tout au loin parmi anses et criques,
L'océan monte alors silencieusement.
Ce n'est pas seulement par les croisées, à l'est,
Que lorsqu'entre le jour, entre aussi la lumière ;
En face paraît le soleil – lent, combien lent !
Mais regarde à l'ouest s'illuminer la terre.
5. Dans un article du journal
britannique The Times du 8
mai 1945, on lisait : « Incapable d'arrêter la
ruée allemande vers la
côte, [le général français] Weygand
réforma ses armées derrière la
Somme et l'Aisne et une petite force expéditionnaire britannique
débarqua en renfort. Il était trop tard, et le 14
juin les
Allemands entrèrent à Paris, qui avait été
déclarée ville ouverte. De
Bordeaux, où il s'était retiré, le gouvernement
français a demandé au
gouvernement britannique de le libérer de son obligation de ne
pas
conclure une paix séparée. À cela, le gouvernement
britannique - le
gouvernement de coalition que M. Churchill avait formé un mois
auparavant - était prêt à y consentir si d'abord
la flotte française
se réfugiait dans les ports britanniques.
« Mais la proposition britannique allait plus
loin.
« Il a offert l'union des deux États avec
une citoyenneté commune
si la France se battait. Le gouvernement français a
rejeté cette
proposition, M. Reynaud, qui l'avait soutenu avait
démissionné, et
l'octogénaire Pétain qui l'avait remplacé allait
devenir
la figure
centrale dans l'épisode le plus humiliant de l'histoire
française. (The Long
Road To Victory ; A Historical Narrative And A Chronological
Register Of The Events Of The War In Europe And Africa 1939-1945,
London,
Printing
House
Square 1945.
Traduit
de
l'anglais
par
LML)
6. 1945 – Opération
Unthinkable, naissance de la guerre froide, Yuriy Rubtsov 25
mai 2015, Strategic culture
7. Discours prononcé
le 31 mars 1949 au Massachusetts Institute of Technology
8. Interview au sujet du
discours de M. Churchill à Fulton, mars 1946. Staline,
Oeuvres, Tome XVI, NBE, Paris, 1975
9. Ambassadeur aux
États-Unis du secrétaire d'État aux affaires
extérieures, DESPATCH 511, Washington, 11 mars 1946
10. « Once Again, the Big
Yalta Lie », Jacob Heilbrunn, Los Angeles Times, 10 mai
2005
11. Ibid
12. Extrait de l'allocution de
Hardial Bains à la Conférence «
Regard sur la philosophie indienne – la période
zéro », Montréal,
juillet 1992, cité dans Discussion (hebdomadaire),
Vol.1, Numéro 2, 1992
13. Pendant la Deuxième
Guerre mondiale, le journaliste Walter Lippmann, dans un livre
publié en 1944 intitulé United States War Aims (Les
buts
de
la
guerre
des
États-Unis),
une
suite
à
un
autre
livre
sur la
politique étrangère des États-Unis, a
brossé le portrait des affinités
culturelles et historiques des deux côtés de
l'Atlantique – ce qu'il décrivait comme étant la «
civilisation
atlantique ».
Charles Cogan, adjoint de recherche principal à
la Kennedy School
de l'Université Harvard, a écrit sur l'influence de
Lippmann dans un
article de 2009 intitulé « Relations
extérieures américaines et
européennes » :
« Petit à petit, remplissant un vide
spirituel tout en fournissant
une raison d'être stratégique et morale pour le nouvel
engagement des
États-Unis en Europe, un certain nombre d'intellectuels
américains et
européens semblent avoir adopté le thème de
l'influent journaliste
Walter Lippmann. » (International Relations,
Volume 1, UNESCO/EOLSS, 2009)
Cogan souligne que, dans l'après-guerre, une
étude commune sur le
même thème a été publiée par le
Français, Jacques Godechot, et l'Américain, Robert
Palmer, intitulée The Problem of
the Atlantic. Cogan cite les auteurs comme suit:
« Lippmann est sans doute le premier à se
servir de l'expression 'Communauté atlantique'. Pour lui, la
Communauté
atlantique était un
regroupement politique et économique, mise en place peu à
peu par toutes
les grandes puissances en bordure de l'océan, consolidée
par la 'Charte
atlantique' et destinée à se développer à
l'avenir grâce au
principe de bon voisinage et à l'organisation d'échanges
économiques de
plus en plus nombreux.
Dans Les objectifs de la guerre des
États-Unis et d'autres
écrits, Lippmann propose une série d''orbites' qui
coexisteraient de
façon pacifique après la guerre : une orbite
atlantique, une orbite
soviétique et une éventuelle orbite chinoise. Pour
Lippmann, selon son
biographe Ronald Steele, l''objectif premier' de la
responsabilité
américaine était le bassin de l'Atlantique des deux
côtés, et les îles
du Pacifique- en d'autres mots, la communauté atlantique plus
une
stratégie de 'l'eau bleue' de bases navales et de flottes qui
rôdent
les océans. En dehors de ces régions, il ne devrait pas y
avoir
d'engagements militaires ou politiques permanents. »
Le terme « atlantique » ne plaisait
pas aux Français. La difficulté
éprouvée par la France vis-à-vis l'accent sur les
affinités atlantiques
et liant l'Ancien Monde au Nouveau, était que l'Atlantique,
comme le
disait Jacques Godechot et Robert Palmer, avait été
dominée par
l'Angleterre à partir du XVIIIe siècle qui à la
fin du XIXe siècle a
été remplacée par une domination
américaine, britannique et canadienne.
Ainsi, l'« Atlantique » était un monde dont
la France ne pouvait
espérer prendre la tête.
14. Ritchie était le
descendant d'une famille de loyalistes de premier plan qui
s'était réfugiée dans la vallée de
l'Annapolis, en Nouvelle-Écosse, à la suite de la
Révolution américaine, avec des Africains réduits
à l'esclavage.
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Marxiste-Léniniste
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