Le Canada est l'hôte du Sommet du G7 qui aura
lieu au luxueux Fairmount Manoir Richelieu à La Malbaie, dans la
région de Charlevoix au Québec. Le sommet est
précédé de rencontres ministérielles.
La Malbaie est une petite
municipalité de 8000 habitants située
à 150 kilomètres au nord-est de Québec. Les
environs du sommet ont été entourés d'une
clôture de 3,7
kilomètres de long et de 3,5 mètres de haut,
ancrée
dans des poteaux de ciment enfoncés 46 centimètres dans
le sol.
La clôture a coûté 3,8 millions $. Une
prison temporaire sera établie près de l'aréna de
Clermont, une municipalité voisine, au coût de 1
million $, selon la station de radio locale CIHO. Le budget pour
les événements du G7 sera de 600 millions $,
soit : 259 millions $ pour la sécurité,
plus de 35 millions $ pour la Défense
nationale, 2 millions $ pour le Service canadien du
renseignement de sécurité (SCRS) et 1 million $
pour l'Agence des services frontaliers du Canada.
Ainsi, ce Sommet du G7, comme celui du G8 à
Huntsville en 2010 et du Sommet du G20 de Toronto qui l'a
suivi, les médias et la police essaient de
créer de la peur et de l'incertitude par rapport aux
manifestations afin de démobiliser le peuple et justifier la
répression des droits au nom de la sécurité
publique. Ils agissent ainsi en dépit du fait que ce sont les
politiques néolibérales antisociales et antinationales
des pays du G7 qui répandent la destruction dans le monde au
moyen de l'agression économique et militaire.
Cliquer sur la carte pour agrandir
Le réseau cellulaire de Bell a aussi
été amélioré dans la région pour
satisfaire aux besoins de l'organisation des sommets. La fibre optique
a aussi fait son apparition à La Malbaie qui possède
maintenant une connexion internet plus rapide.
Carte montrant la distance entre la « zone de libre expression
» et le site du sommet
La GRC a confirmé qu'une soi-disant « zone
de libre expression » sera établie dans un «
terrain vacant » derrière le Musée de
Charlevoix qui est situé à près de deux
kilomètres de l'hôtel où le sommet aura lieu.
Pendant ce temps, pour détourner l'attention de ce qu'est le G7
et de l'opposition des Canadiens à l'offensive
néolibérale antisociale que ces sommets mettent de
l'avant, les médias parlent de possibles confrontations
violentes. Les organisations qui se sont engagées dans
l'organisation d'actions d'opposition ont bien fait savoir qu'elles
vont s'exprimer contre le G7 et fournir de l'information sur les
alternatives à son ordre du jour. [1]
L'exclusion du peuple de la prise de décision
est partout présente dans le programme officiel du G7. La
réalité contredit les prétentions du
premier ministre Justin Trudeau qui afforme que le Sommet vise à
«
trouver des solutions concrètes en vue de promouvoir
l'égalité des sexes, l'autonomisation des femmes,
l'énergie propre et la croissance économique profitable
à tous ». Selon
Trudeau, « en tant que partenaires du G7, nous avons la
responsabilité commune de nous assurer que tous les citoyens
tirent avantage de notre économie mondiale, ainsi que de laisser
un monde plus sain, pacifique et sûr à nos enfants et
petits-enfants ».[2]
La réalité est que les riches deviennent
plus
riches et les pauvres plus pauvres à cause des
stratagèmes néolibéraux supranationaux pour payer
les riches, et le Canada et les autres pays du G7 essaient de
détourner l'attention de cette réalité en parlant
d'une « relance économique » prochaine et
autres choses du genre. De plus,, les frasques du président
américain Donald Trump, qui, à la veille du Sommet, a
imposé des tarifs « pour des motifs de
sécurité nationale » sur l'acier et sur
l'aluminium importés par les États-Unis du Canada, du
Mexique et de l'Union européenne, placent son ordre du jour
à l'avant-scène et non celui de Trudeau.
« Les guerres commerciales sont en train
d'usurper un sommet qui devait initialement être une occasion de
vanter les succès de la reprise économique mondiale et
elles testent sévèrement la résilience de
l'alliance économique
occidentale représentée par le G7, écrit l'agence
Bloomberg News. Le FMI prévoit que l'économie mondiale va
croître cette année et l'an prochain à son rythme
le plus rapide depuis 2011. » Le président Trump
vient détourner l'attention de tout cela en faveur des
oligopoles de la sphère d'influence de l'impérialisme
américain.
Quel que soit le thème central de la rencontre du
G7, cela ne change rien au fait qu'il est inacceptable que le petit
nombre de pays qui comprennent le G7 décident du sort des
peuples du monde. Même un coup d'oeil rapide sur le site Web du
sommet montre quels procédés régressifs suivent
ces sommets internationaux pour priver de pouvoir
les peuples du monde et faire en sorte que leurs préoccupations
et revendications soient bloquées. À cet égard, la
préoccupation première des peuples est que ces sommets se
tiennent dans leur dos. Les décisions antisociales et
antinationales qui seront prises au détriment des peuples vont
être condamnées vigoureusement et les peuples du monde
vont
poursuivre leurs efforts pour changer la situation en leur faveur.
Tout en oeuvre pour dénoncer
le G7 ! Non à l'offensive néolibérale
antisociale, à la régression et à la guerre !
Notes
1. Le Conseil des Canadiens soutient que «
l'ensemble du Canada devrait être une 'zone de libre
d'expression'
et que c'est une violation des droits démocratiques que de
garder les personnes qui veulent protester et s'exprimer sur les
questions essentielles à l'ordre du jour hors de vue des
dirigeants qui prennent des décisions touchant
leur vie (à souligner que les décisions du G7 entourant
les changements climatiques nous affectent tous et toutes) ».
Le Conseil informe qu'au 9 mai, 23 097
personnes avaient signé sa pétition contre la
présence du président américain Donald Trump au
Canada pour participer au sommet du G7.
Plusieurs groupes de la société civile
appellent les organisations et le public à se mobiliser pour
s'opposer aux politiques des dirigeants des sept pays les plus riches
de la planète. Les activités organisées
comprennent des rassemblements et des activités
d'éducation populaire à Charlevoix. Une manifestation
contre le G7 et pour
l'ouverture des frontières aura lieu au Parc des Braves à
Québec le jeudi 7 juin à 18 h ; il y aura
d'autres actions le vendredi 8 juin à partir de 7 h 30
et le samedi 9 juin il y aura une marche, un forum
alternatif
et un spectacle, le tout dans la région de Québec. Le
samedi 9 juin, le forum se déroulera
de 10 h à 22 h, dans le parc de la fontaine de Tourny
devant l'Assemblée nationale. Une manifestation est
prévue à compter de 15 h à partir de ce point
de ralliement.
« Nous lançons un appel à
participer à cette mobilisation avec comme objectif d'exprimer
une vision du développement économique et social
respectueux des peuples et de la planète. Nous voulons
présenter à la population une alternative au
système que nous proposent les représentants des pays les
mieux nantis », explique Christian
Page, représentant de la Coalition pour un forum alternatif au
G7.
« Le G7 fait partie du problème en
favorisant la concentration du pouvoir et de la richesse entre les
mains d'une élite économique de plus en plus restreinte.
Pendant que les dirigeants se pavanent devant les caméras, les
véritables problèmes que les États devraient
régler sont mis de côté et c'est la population qui
en souffre », affirme
Marie-Ève Duchesne, porte-parole des groupes de Québec
mobilisés contre le G7.
La coalition souligne les impacts négatifs des
politiques néolibérales qui selon elle s'accentuent avec
l'élection de Donald Trump à la présidence
américaine. « Ce que propose Trump, c'est d'établir
une nouvelle phase de l'offensive néolibérale. Sa
poli
tique
est
basée
sur
plus
d'exploitation
des
énergies
fossiles,
plus
de guerres commerciales et
moins de réglementation pour les entreprises, et les positions
du gouvernement Trudeau ne constituent pas une alternative valable
à celles de Trump sur ce plan », dit Page.
« Nos revendications sont claires. Il faut
s'attaquer à la crise climatique et à la perte de la
biodiversité, lutter contre l'accaparement de la richesse et
atteindre la justice sociale, interdire les paradis fiscaux et
poursuivre les entreprises et les individus qui y ont recours,
combattre l'exclusion des populations racisées et enrayer les
courants racistes
et d'extrême-droite, en plus de reconnaître le droit
à l'autodétermination des peuples
autochtones », déclare Duchesne.
2. Les thèmes principaux du gouvernement Trudeau
pour le sommet du G7 sont :
- Investir dans la croissance économique qui
profite à tout le monde
- Se préparer aux emplois de l'avenir
- Promouvoir l'égalité des sexes et
l'autonomisation des femmes
- Travailler ensemble à l'égard des
changements climatiques, des océans et de l'énergie propre
- Construire un monde plus pacifique et plus sûr
Les positions réactionnaires et hypocrites sur
ces sujets et d'autres sujets connexes peuvent être
consultées sur le site Web du Sommet.
Le gouvernement Trudeau achète le
pipeline Trans Mountain dans un stratagème à grande
échelle pour payer les riches
Pas de consentement! Pas de sauvetage!
Pas de pipeline!
Arrêtez de payer les riches!
Le 29 mai, le ministre des Finances Bill Morneau et
le ministre des Ressources naturelles Jim Carr ont annoncé que
le gouvernement fédéral a conclu une entente avec Kinder
Morgan pour acheter le projet d'expansion Trans Mountain et les actifs
associés de pipelines et de terminaux, pour la somme de 4,5
milliards $. La
transaction doit être finalisée en août 2018.
L'accord comprend des garanties de prêt du
fédéral pour que la construction se poursuive dans les
mois qui viennent, lit-on dans le communiqué.
Selon le gouvernement, l'achat comprend une partie de
l'infrastructure et des accords et contrats associés
nécessaires à la construction du deuxième pipeline
appelé TMX, qui fait l'objet de contestations et dans lequel
Kinder Morgan dit avoir investi 1,1 milliard $. L'achat ne
comprend pas les réservoirs de stockage de Kinder
Morgan et les installations connexes en Alberta. Si le gouvernement
construit le TMX en ayant recours à des entreprises
privées de construction, cela lui coûtera 7,4
milliards $ de plus.
Le gouvernement a dit qu'il n'entend pas être le
propriétaire à long terme de Trans Mountain et qu'il va
continuer de chercher un acheteur. « Pour faciliter le transfert
du droit de propriété, nous offrirons une
indemnité fédérale en vue de protéger tout
nouveau propriétaire contre les coûts associés aux
retards motivés sur le plan politique, lit-on
dans le communiqué. La province de l'Alberta appuiera
également le projet en offrant un fonds d'urgence pour tous les
coûts imprévus, au besoin. En revanche, l'Alberta recevra
une valeur qui est comparable à celle de sa
contribution. » La première ministre de l'Alberta
Rachel Notley a confirmé peu après que son gouvernement
va
contribuer une somme pouvant atteindre 2 milliards $.
L'État et le trésor public vont assumer
tous les risques et garantir les investissements et les profits de
Kinder Morgan et d'autres monopoles de l'énergie mondiaux, en
particulier ceux qui ont des contrats liés à la
construction du pipeline Trans Mountain agrandi.
Trudeau et Notley affirment qu'ils agissent ainsi pour
« protéger les emplois ». Selon le gouvernement
fédéral, l'accord va éliminer «
l'incertitude pour les familles dont la sécurité
financière dépend de la progression de ce projet cette
année ». La première ministre albertaine a
réagi à l'annonce en disant aux travailleurs, «
prenez
vos outils, nous avons un pipeline à construire ».
Dans une réplique un peu sardonique, un commentateur a dit que
ce que Notley avait voulu dire, c'est : « Kinder Morgan,
prenez votre chèque, vous avez de l'argent du gouvernement
à encaisser ! »
Pas de consentement, pas de pipeline !
La décision du gouvernement Trudeau n'a pas
été applaudie partout et elle n'a certainement rien fait
pour éliminer l'« incertitude » qui entoure ce
projet. Une manifestation de plus de 1000 personnes pour
dénoncer ce stratagème pour payer les riches a tout de
suite été organisée à Vancouver. Les
nations autochtones continuent de
maintenir leur position: « pas de consentement, pas de
pipeline ». Le grand chef de l'Union des chefs indiens de
Colombie-Britannique Stewart Phillip a dit : « Nous sommes
renversés et consternés que le Canada soit prêt
à investir l'argent des contribuables dans un projet d'expansion
de combustibles fossiles aussi controversé. Non c'est
Non ! Le projet n'a pas le consentement qu'il requiert, et nous ne
l'acceptons pas, peu importe qui va acheter ce pipeline funeste et hors
de prix. »
L'opposition des gens de Colombie-Britannique et la
préoccupation pour la protection des eaux côtières
sont toujours vivaces. Le premier ministre de Colombie-Britannique John
Horgan dit que sa position n'a pas changé bien que la teneur des
négociations sera peut-être différente. Beaucoup de
gens en Alberta continuent de s'opposer à
l'expédition de bitume brut et expriment leur opposition de
diverses manières. Ils font valoir qu'on pourrait faire des
investissements prosociaux et d'édification nationale avec cette
somme globale de 11,5 milliards $ plutôt que de payer
les riches pour renforcer encore plus l'exportation des ressources
naturelles.
L'achat de Trans Mountain par le gouvernement
fédéral n'a résolu aucun problème auquel la
classe ouvrière et le peuple font face. Il a par contre fourni
à Kinder Morgan une affaire en or qui lui permet d'enrichir ses
actionnaires, en particulier Richard Kinder et d'autres anciens
dirigeants d'Enron. Il a dégagé les monopoles de
l'énergie
d'une entente qui les engageait à continuer de payer pour le TMX
par des augmentations des tarifs d'utilisation du pipeline existant,
que
l'agrandissement du pipeline se produise ou non. Ce stratagème
pour payer les riches démontre une fois de plus la
nécessité d'une nouvelle direction prosociale pour
l'économie qui va mettre fin au contrôle des oligarques et
des
cartels mondiaux.
De puissants intérêts privés
américains, le secteur militaire américain et ses
représentants considèrent que le TMX est
nécessaire pour garantir la sécurité
énergétique de la Forteresse Amérique du Nord et
des préparatifs de guerre des États-Unis, surtout sur
leur côte ouest. Ils ne vont pas tolérer d'opposition
à leur accès et à leur prise de
contrôle de la production des sables bitumineux de l'Alberta pour
mieux desservir encore les raffineries de la côte ouest des
États-Unis. Ils ont ordonné au gouvernement Trudeau de
recourir à ses pouvoirs de prérogative pour contester et
déjouer toute opposition du peuple et des autres niveaux de
gouvernement. Dans ce contexte du sauvetage de
Kinder Morgan et de ses investisseurs et de la transformation du projet
de construction du pipeline TMX en une société de la
couronne, les Canadiens sont placés devant le défi d'un
gouvernement qui s'apprête à déployer encore plus
ses pouvoirs de police et à criminaliser toute opposition pour
satisfaire aux demandes des puissants intérêts
privés et
du secteur militaire américains.
Carte du projet d'expansion du réseau de
Trans Mountain. Cliquer sur l'image pour l'agrandir. (Carte animée de Ressources
naturelles Canada)
Les soi-disant avantages du projet
d'agrandissement de Trans Mountain
- Peggy Morton -
L'achat par le gouvernement fédéral du
réseau d'oléoducs de Trans Mountain a donné lieu
à des déclarations farfelues au sujet des soi-disant
avantages du projet d'agrandissement. Selon le communiqué du
gouvernement, l'achèvement du projet offrirait des «
avantages économiques à long terme à tous les
Canadiens, ce qui permettra de
protéger des emplois, de s'assurer que les ressources naturelles
du Canada pourront être acheminées en toute
sécurité et de manière efficace aux marchés
mondiaux et de préserver la réputation du Canada en tant
que bon endroit où faire des affaires ».
Dans un entretien téléphonique avec
Notley, la première ministre de l'Alberta, le premier ministre
Trudeau a « confirmé que l'entente garantirait la reprise
du travail pour la saison de la construction cet été et
protégerait des milliers d'emplois ». Ravie, Notley a
déclaré aux travailleurs : « Prenez vos
outils, vous avez un oléoduc à
construire. »
Il est assez étrange d'entendre dire que le
travail doit absolument commencer cet été pour
protéger les emplois des travailleurs d'oléoduc, puisque
des milliers de travailleurs d'oléoduc
expérimentés travailleront cet été sur le
projet de remplacement de la ligne no 3 d'Enbridge, le plus gros
projet de son histoire, selon la compagnie. Le
tronçon canadien a 1 070 km de long, de Hardisty en
Alberta à Gretna au Manitoba. Près de 418 km
ont été complétés l'été
dernier et le travail doit reprendre cet été pour
terminer la construction du tronçon restant de 662 km ainsi
que les sites liés au projet, le tout devant être
finalisé en 2019.
Enbridge renseigne les communautés qui longent
le trajet de l'oléoduc pour que les entreprises et les
résidents puissent se préparer à recevoir les
équipes de travailleurs. C'est
dans l'intérêt de la compagnie de bien renseigner les
communautés puisqu'elle ne fournit pas des campements de
travail. Les travailleurs doivent
donc être hébergés dans des terrains de camping,
des maisons privées et des hôtels ou motels. Selon ces
renseignements, pour chaque segment de 100 km, il y a près
de 800 travailleurs. C'est donc dire que 1 000 km d'un
passage d'oléoduc représente deux saisons de travail pour
environ 4 000 travailleurs. Nous
sommes bien loin des chiffres gonflés de 15 000
emplois pour les deux années de construction de TMX, qui est
à peu près la même longueur que la ligne no 3.
Aussi, il n'a jamais été prouvé
que le pétrole acheminé par ce projet déboucherait
sur des marchés mondiaux. Au contraire, tout indique qu'il
débouchera sur les marchés de la côte ouest des
États-Unis. Les raffineries de Washington et de la Californie
sont toutes en mesure de raffiner le pétrole lourd, y compris le
bitume. Aussi, on a fait
miroiter la possibilité de prix plus élevés sur
les marchés asiatiques avant que les États-Unis ne
lèvent leur interdiction d'exportation du pétrole et ne
commencent à construire des installations permettant
d'accommoder les très gros transporteurs de brut sur les
côtes du Golfe du Mexique. Le terminal Trans Mountain de
Westbridge à Burnaby peut
seulement accommoder les pétroliers de taille Aframax beaucoup
plus petits, ce qui défavorise davantage le bitume
expédié à partir de la côte de la
Colombie-Britannique comparativement au pétrole de schiste
extrait à faibles coûts par fracturation hydraulique ou le
pétrole lourd raffiné dans le Midwest américain ou
des États côtiers du Golfe du Mexique.
Quant aux soi-disant pertes de 15,6
milliards $ par année en raison des «
rabais » sur le bitume exporté vers les
États-Unis, elles se sont aussi avérées fausses.
En février, l'institut Fraser a dit que si le prix du bitume
demeurait stable, il en résulterait un manque à gagner
pour l'économie canadienne de 15, 6
milliards $ par année. Et voilà que le prix n'est
pas resté fixe, puisque le prix réduit était
dû à une accumulation de bitume emmagasiné en
Alberta en raison de la fermeture et du ralentissement de débit
de l'oléoduc Keystone suite à un déversement. Bien
que le prix du bitume fluidifié en direction des
États-Unis ait depuis augmenté de plus
de 50 %, les gouvernements Trudeau et Notley ne
démordent toujours pas du montant de 15,6 milliards $.
Pour ce qui est d'un important retour sur
l'investissement pour le Canada, rien ne permet là non plus de
tirer une telle conclusion. Kinder Morgan (KM) recevra 4,5
milliards $ pour ses actifs associés à
l'oléoduc Trans Mountain. Le gouvernement Trudeau garantira les
investissements nécessaires dans TMX, à moins qu'il ne
trouve
un acheteur. Le coût de production de TMX est maintenant
estimé à 7,4 milliards $, mais pourrait
être beaucoup plus élevé.
KM évaluait ses revenus bruts pour le
TMX à 900 millions $ par année lorsque le
projet fonctionnerait à plein régime. Ce montant
viendrait des expéditeurs déjà liés au
projet, ce qui représente 80 % de la capacité
de l'oléoduc. L'autre 20 % doit être
réservé, selon les exigences de l'Office
national de l'énergie (ONÉ), aux expéditeurs
rapides, ce qui pourrait apporter un montant de 200
millions $ supplémentaire tous les ans.
L'ONÉ a approuvé une augmentation des tarifs pour la
nouvelle ligne ainsi que pour l'ancienne, ce qui double le coût
d'expédition de produits de l'Alberta vers la
Colombie-Britannique. Le tarif
ainsi que le prix de transport du bitume vers sa destination finale
sont payés à même le prix du marché final du
produit.
Selon les médias, les contrats de KM
avec des expéditeurs confirmés stipulent que
l'augmentation des tarifs restera en place pour la ligne Trans Mountain
actuelle même s'il n'y a jamais expansion du réseau en
raison de « problèmes de
réglementation ». Ce qui veut dire que les tarifs
augmentés reviendraient à KM
par le biais de l'oléoduc actuel, en guise de compensation des
dépenses pour les travaux préparatoires de TMX avant son
annulation, si jamais cela devait se produire.
L'ONÉ a approuvé une entente dans le
cadre de laquelle KM était protégée
contre les pertes si le pipeline n'était pas construit. La date
butoir pour annuler le projet est le 31 mai à moins que KM
n'ait reçu l'assurance que la construction ira de l'avant.
Cette date limite a été prise en considération en
sachant qu'une
annulation ne nuirait pas énormément à KM sur le
plan financier. Le gouvernement fédéral est intervenu non
seulement pour payer tous les investissements de KM à ce jour,
mais pour payer une prime pour un vieil oléoduc qui
nécessite des réparations et possiblement le remplacer.
Reuters rapporte que KM a également
négocié avec 26 prêteurs de la Banque Royale
du Canada et de la Banque TD pour une clause qui va exempter
l'entreprise de payer une pénalité de 2 % sur
les fonds de 5 milliards $ en prêts pour la
construction
advenant que le projet soit arrêté pour des
problèmes
politiques.
KM était bien au courant de
l'opposition des nations autochtones et des Britanno-Colombiens au
projet TMX, et s'était déjà prévalu
de l'indemnisation maximum, tant que l'oléoduc
existant continuait de fonctionner. Les oléoducs sont pour la
plupart à l'abri des fluctuations extrêmes des prix du
pétrole, car leur revenu brut provient
principalement d'une tarification fixe. Tant que le pipeline se voit
garanti des expéditions d'hydrocarbures sous forme de contrats
à long terme, le seul risque réel est que
l'opération du pipeline soit un échec.
Cela soulève une question sur ce que KM sait de
l'oléoduc existant. Le pipeline Trans Mountain a
plus de 65 ans. La technologie moderne permet aux entreprises de
déterminer avec précision l'étendue de la
corrosion d'un pipeline. KM est bien au courant de la durée de
vie restante de la ligne existante de Trans Mountain.
En comparaison, Enbridge remplace actuellement la ligne 3 de
Hardisty en Alberta jusqu'à Superior au Wisconsin, en
invoquant son âge. Cette ligne a 50 ans, 15 ans
de moins que Trans Mountain. Enbridge exploite depuis un certain temps
la canalisation no 3 à pression réduite et à
demi-capacité en raison de son âge.
Est-ce que Trans Mountain est prêt à être mis hors
service alors que KM repart avec 4,5 milliards $ en argent du
gouvernement moins les 1,1 milliard $ qu'il dit avoir
déjà dépensé pour le TMX ?
Que sera la suite de cette affaire ? Il est
certain que les expéditeurs d'hydrocarbures voudront obtenir des
concessions du gouvernement fédéral maintenant qu'il est
propriétaire du pipeline. Les analystes croient que la prochaine
étape sera une renégociation du barème de
tarification, en particulier l'augmentation de la tarification pour le
pipeline existant.
Les revendications frauduleuses et les
stratagèmes pour payer les riches reposent sur la logique
étrange voulant que pour réduire les émissions de
carbone, il faut plus de pipelines pour exporter le bitume brut au lieu
de construire une économie diversifiée, qui suffit
à ses besoins et qui humanise l'environnement naturel et social.
(Sources : Reuters, National
Observer, Globe and Mail, CBC. Photo: E. Jackson)
Rassemblement militant contre le rachat du pipeline
Trans Mountain par le gouvernement fédéral
Vancouver 29 mai 2018
En fin d'après-midi le 29 mai, plus de deux
mille personnes ont participé à un rassemblement militant
le long des quais à Vancouver. Elles se sont rassemblées
pour exprimer leur opposition au rachat par le gouvernement
fédéral du pipeline Trans Mountain de Kinder Morgan et
pour réaffirmer leur position que le pipeline ne doit pas
être construit.
Le rassemblement a été appelé et
organisé par les nations autochtones régionales. Les
conférenciers comprenaient deux membres de l'exécutif de
l'Union des chefs indiens de la Colombie-Britannique et un activiste de
la région des sables bitumineux de l'Alberta. De nombreux
participants étaient des travailleurs qui arrivaient directement
du
travail. De nombreuses affiches et bannières étaient
portées fièrement avec des slogans comme «
Arrêtons le pipeline de Trudeau », « Pas de
pipeline, pas de rachat », « Trudeau
menteur », « Aucun pipeline de pétrole brut ne
sera construit » et « Investissez dans
l'énergie propre ».
Les gens criaient « Honte » quand les
orateurs parlaient du rachat et ils ont scandé « Pas de
consentement, pas de pipeline » à l'unisson à
plusieurs reprises à l'appel d'un des orateurs. La grande
majorité des personnes présentes ont repris
solennellement l'engagement de l'Union des chefs indiens de la
Colombie-Britannique de «
faire ce qu'il faut » pour bloquer la construction du
pipeline.
Un orateur a exhorté les gens à dire
à Justin Trudeau « Ce pipeline ne passera
pas ». Un autre a déclaré : « C'est
nous le gouvernement, pas Trudeau ». Un dirigeant
élu de la nation Squamish a carrément
déclaré que « Squamish ne veut pas de ce
pipeline ». Un autre a dit : « Nous avons le
devoir sacré de
protéger les côtes pour la prochaine
génération ».
Bob Chamberlain, vice-président de l'Union des
chefs indiens de la Colombie-Britannique, a salué la
présence des nombreux participants malgré le court
préavis. « Voilà à quoi ressemble la
réconciliation », a-t-il dit. Il a ajouté que
le gouvernement fédéral a pris
délibérément la décision de ne pas tenir
compte des peuples autochtones,
mais que la communauté internationale prête attention
à ce qui se passe ici. Chamberlain a conclu en scandant «
Pas de rachat ».
Après le rassemblement, de nombreuses personnes,
dont la plupart des orateurs, sont restées pour discuter comment
développer l'opposition à partir de maintenant. Le ton
n'était pas au pessimisme. Le sentiment qui prévalait est
que le pipeline ne sera pas construit parce que le peuple y est
fermement opposé et veut que le Canada prenne une autre
direction.
Opposition militante au Québec au diktat de
Kinder Morgan et du gouvernement Trudeau
Un haut fait de l'action a été une photo, prise en
hauteur, des participants entourant le
slogan Stop Kinder Morgan
Le 27 mai, plusieurs centaines de personnes se
sont rassemblées au centre-ville de Montréal contre le
projet d'expansion du pipeline de Kinder Morgan. Elles ont
particulièrement exprimé leur appui à la lutte en
Colombie-Britannique pour bloquer le projet du monopole
américain Kinder Morgan d'étendre son oléoduc
Trans Mountain de
l'Alberta à son terminal à Burnaby.
Parmi les participants, on comptait un grand nombre
d'étudiants et de familles de même que des activistes
à la défense de l'environnement dont des gens
mobilisés dans la campagne « Coule pas chez
nous » venus du grand Montréal, de la
Montérégie et des Basses-Laurentides. Les participants
ont salué la lutte des Premières Nations
pour décider de façon souveraine ce qui se passe sur
leurs terres. Ils ont aussi dénoncé le diktat de Kinder
Morgan et du gouvernement Trudeau et les injections massives de fonds
par le gouvernement Trudeau dans le projet. Le slogan principal sur la
scène de l'événement était d'ailleurs
« Séparons le pétrole de l'État ».
L'appel au rassemblement a été
lancé par le Front commun pour la transition
énergétique, composé de citoyens, d'organisations
environnementales, de groupes autochtones et d'organisations de la
société civile. Plusieurs artistes, dont le metteur en
scène Dominic Champagne, qui avait organisé l'action pour
la Journée de la Terre qui avait
rassemblé des dizaines de milliers de personnes en 2012, se
sont joints à l'organisation de l'événement.
Des gens de tous horizons, dont beaucoup de jeunes, se
sont rassemblés au Parterre du quartier des spectacles pour
réclamer leur droit de décider et signifier que la lutte
pour la protection des ressources et de l'environnement est un combat
de tous les habitants du Canada qui est partagé par les
Québécois.
L'animateur de la manifestation, le comédien
Emmanuel Bilodeau, a ouvert l'action en s'adressant au gouvernement
Trudeau à la fois en anglais et en français :
« We are here to support B-C citizens to stop that Kinder
'surprise'... Listen to me Justin, last election you promised us to act
as a good father for everyone and for the planet...
Prove it or live with the shame of being a worse Prime minister than
Stephen Harper... Justin Trudeau, au nom de tous les Canadiens et de
nos frères et soeurs de Colombie-Britannique, tenez-vous droit,
debout devant les puissantes pétrolières ou attendez-vous
à subir notre colère. »
La question de bâtir une économie
diversifiée et qui suffit à ses besoins en opposition
à la soumission aux intérêts privés les plus
puissants a été soulevée par plusieurs. Dominic
Champagne a pris la parole en disant que notre époque dicte que
ce qui est raisonnable, c'est d'écouter la voix de la science et
non pas, comme le fait le
gouvernement Trudeau, celle du « lobby
pétrolier ».
Une place d'honneur a été faite aux
membres des Premières Nations. Six de leurs représentants
ont pris la parole parmi les onze orateurs, sans compter les
prestations artistiques honorant la défense de la
Terre Mère. Serge Otsi Simon, grand chef de Kanesatake, a
souligné, comme d'autres, l'hypocrisie du gouvernement Trudeau.
Bien que ce
dernier se vante de réconciliation avec les autochtones et dit
chercher leur consentement, a-t-il dit, la Déclaration de l'ONU
sur les droits des peuples autochtones déclare qu'on doit
obtenir ce consentement. « Ce consentement, il ne l'a
pas ! », a-t-il conclu.
De gauche à droite: Ghislain Picard, Serge Otsi Simon et
Jean-Charles Piétacho
Jean-Charles Piétacho, chef du Conseil des Innus
d'Ekuanitshit, a fait part de son expérience dans la lutte des
Premières Nations pour stopper la mainmise des
intérêts privés sur l'exploitation des ressources
et des pouvoirs de police, parfois armés, auxquels les opposants
font face quand ils refusent de se soumettre.
Ghislain Picard, chef de l'Assemblée des
Premières Nations du Québec et du Labrador, a quant
à lui parlé des nombreuses batailles menées par
les autochtones et leurs alliés dans la période
récente où, en protégeant les territoires, ils
servent la cause de tout le peuple. « Aujourd'hui, nous disons
Non à Kinder Morgan ! », a-t-il
déclaré.
Melissa Mollen Dupuis, fondatrice du mouvement Idle No
More au Québec, et Vivian Michel, présidente de Femmes
autochtones du Québec, se sont adressées à la
foule. Elles ont particulièrement attaqué la
prétention du gouvernement Trudeau d'être celui qui
amène la réconciliation avec les Premières
Nations, expliquant que ce n'est qu'une
forme de chantage. « Réconciliation, surtout dans le cadre
du projet Kinder Morgan, ça sonne avec conditions »,
a dit Melissa. « Conditions que si on veut avoir de la justice
sociale pour nos enfants et nos aînés, pour nos
territoires, il faut accepter des projets qui sont
inacceptables. » Elle a rappelé qu'aucun des
gouvernements du
Canada ne pourra parler de réconciliation tant que la voix des
Premières Nations n'aura pas préséance sur tout ce
qui concerne leur territoire. Elle a conclu en disant qu'il n'est pas
acceptable qu'on nous dise que cela ne nous regarde pas puisque
ça concerne une autre province, car c'est de l'avenir du
territoire d'un océan à l'autre dont il est
question.
De gauche à droite: Vivian Michel et Melissa Mollen Dupuis
Vivian Michel a réitéré que toutes
les femmes des nations autochtones disent fermement Non à Kinder
Morgan. Elle a rappelé au gouvernement Trudeau que son
engagement envers la Déclaration des Nations unies sur les
droits des peuples autochtones l'oblige à protéger le
droit de ces derniers de « contrôler les terres,
territoires et ressources
qu'ils possèdent ». Elle a aussi cité
l'article 29 de cette même déclaration qui dit que
« les États prennent des mesures efficaces pour veiller
à ce qu'aucune matière dangereuse ne soit stockée
ou déchargée sur les terres ou territoires des peuples
autochtones sans leur consentement préalable, donné
librement et en connaissance de
cause ». Elle a ajouté que si Justin Trudeau veut
parler de réconciliation, il doit voir avec les peuples
autochtones comment mettre en pratique cette déclaration.
De gauche à droite: Emmanuel Bilodeau, Laure Waridel, Serge
Cadieux et Pierre Patry
Les derniers orateurs ont été Serge
Cadieux, de la Fédération des travailleurs et
travailleuses du Québec (FTQ), Pierre Patry de la
Confédération des syndicats nationaux et Laure Waridel,
activiste environnementaliste bien connue. Ils ont
dénoncé le fait que de vastes sommes d'argent public sont
données par le gouvernement Trudeau à des
intérêts privés immensément riches. Cet
argent-là devrait être au service des communautés
et des travailleurs et travailleuses. Ils ont évoqué
aussi le respect que doit avoir Trudeau envers la voix de l'opposition
de la Colombie-Britannique, des autochtones et de ceux qui refusent
leur consentement au projet de Kinder Morgan. Ils ont affirmé
leur
solidarité avec les citoyens de l'Alberta qui sont aux prises
avec une économie qui a été
développée en subordination totale aux
intérêts privés des monopoles pétroliers.
Les atteintes du gouvernement
Trudeau aux droits des peuples autochtones et la criminalisation de
ceux qui s'opposent au
projet ont aussi été dénoncées, tout comme
la dépendance de l'économie canadienne aux hydrocarbures.
L'intérêt national du Canada ne se retrouve pas dans ce
projet, ont-ils ajouté. Ce n'est pas qu'une question
environnementale, c'est une lutte sociale qui nous appartient à
tous.
Pas de port pour la guerre!
Les résidents d'Halifax disent non aux navires
de guerre étrangers et à la présence militaire
accrue des États-Unis dans l'océan Atlantique
- Yi Nicholls -
Les résidents d'Halifax, à l'appel de
l'organisation antiguerre Pas de port pour la guerre, ont tenu une
action le 28 mai pour s'opposer à la visite du sous-marin
nucléaire américain USS Toledo. Le sous-marins
de classe Los Angeles était amarré à la 12e
Escadre Shearwater.
Le navire de guerre était en visite
à l'occasion du congé du Jour du Souvenir aux
États-Unis. Une cérémonie a eu lieu sur
l'île Deadman pour commémorer les 195 prisonniers de
guerre américains qui y sont morts pendant la guerre
de 1812.
Le USSToledo est classé
sous-marin d'attaque. En plus de pouvoir lancer des torpilles et des
mines pour la guerre maritime, il est capable de lancer des missiles de
croisière Tomahawk. Entre autres missions, il a
été déployé en Méditerranée
à la fin 2001-début 2002 en appui à
l'Opération Liberté immuable, le nom officiel de la
«
guerre à la terreur » menée par les
États-Unis.
Allan Bezanson de Pas de port pour la guerre a
expliqué au Chronicle Herald que le Canada devrait
être « un facteur de paix dans le monde et non de guerre et
de préparatifs de guerre ». Il a ajouté que
Pas de port pour la guerre croit que la visite du Toledo qui
se produit juste après que le gouvernement américain ait
décidé de rétablir sa Deuxième flotte dans
l'Atlantique n'est pas une coïncidence et que l'organisation se
prépare en vue d'autres visites à venir. «
Maintenant, sous l'administration américaine actuelle, ils sont
sur le sentier de la guerre en affirmant que la Russie est l'ennemi. Le
président Trump est en train de rétablir toute la
mentalité de la guerre
froide », a-t-il dit.
Allan a réitéré que le mandat de
Pas de port pour la guerre « n'est pas seulement de s'opposer
à la présence de navires de guerre, mais à toutes
les manifestations de guerres impérialistes d'agression et de
préparatifs pour ces guerres. C'est aussi de s'opposer au
rôle que joue le gouvernement canadien dans ces guerres, et de
mobiliser les
résidents d'Halifax dans cette cause, pour que cette ville soit
un facteur de paix et non de guerre. »
Il faut se rappeler que Halifax
est convoitée
depuis longtemps par les forces armées des États-Unis
comme port stratégique pour la défense des
intérêts des États-Unis, bien qu'il ne soit pas un
territoire américain. C'est selon cette même logique que
les cercles dirigeants des États-Unis ont imposé le Forum
international sur la sécurité d'Halifax
à la ville en tant que lieu de convergence de tous ceux qui sont
dans l'orbite de l'agression de l'OTAN sous la direction des
États-Unis, avec l'aide servile de l'État canadien.
Une question vient à l'esprit. Si le
gouvernement canadien tient à exprimer son amitié avec
les États-Unis et à commémorer leurs morts
de 1812,
a-t-il besoin de toute cette puissance de feu du Toledo ?
Un sous-marin d'attaque et d'autres navires de guerre évoquent
par leur simple nom la menace de la force et sont une
projection de la puissance militaire des États-Unis. Pourquoi le
Canada doit-il recevoir ce genre d'invités qui se
présentent à Halifax, Montréal, Vancouver et
ailleurs bardés d'armes de toutes sortes tout en se disant en
visite amicale ? Pourquoi ses navires et ses forces armées
doivent-ils être armés de manière similaire et
avoir comme un de
leurs objectifs principaux l'«
interopérabilité » avec les forces
armées des États-Unis ?
L'État canadien présente ce genre de
visite comme l'occasion d'un spectacle inoffensif, mais cela fait
longtemps que les Canadiens d'un océan à l'autre s'y
opposent. Comme le mouvement massif de troupes en Ontario au
début du mois de mai, ces activités font partie de la
militarisation de la vie, des efforts pour miner l'opposition populaire
à
la guerre pour que le peuple accepte cette présence militaire en
temps de paix comme banale et normale. Les gens sont censés
oublier que ces armes et ces troupes sont un instrument
d'ingérence dans les affaires souveraines des peuples du
monde ; ils sont censés accepter le recours à la
force pour résoudre les conflits entre les peuples et ils
sont censés oublier que la fabrication d'armes destinées
à détruire les foyers et les vies des autres peuples est
une façon inacceptable et illégitime de créer de
l'emploi et de développer l'industrie.
Les Canadiens doivent être vigilants face
à ces tentatives de mêler les militaires à la vie
civile et s'opposer à ces activités comme le fait Pas de
port pour la guerre. Ils doivent discuter avec leurs pairs de ce qui
est en jeu afin d'affirmer que le Canada doit être une zone pour
la paix et un facteur de paix dans le monde. C'est d'autant plus
important de le faire en ce moment alors que le gouvernement canadien
intègre de plus en plus le pays à la machine et
à l'économie de guerre des États-Unis et appuie
l'intervention étrangère au Venezuela et ailleurs
à la demande des États-Unis pendant que ceux-ci se
préparent à imposer plus d'agressions aux peuples du
monde.
Opposition à la foire aux armes de CANSEC
à Ottawa
Ottawa le 30 mai 2018
Les résidents d'Ottawa ont mené une action
le 30 mai en opposition
à la foire aux armes annuelle de CANSEC. Les manifestants se
sont
rassemblés devant la Galerie nationale du Canada, ont
marché le long de
la promenade Sussex vers la Monnaie royale canadienne puis vers
l'ambassade de
l'Arabie saoudite. Ils y ont dénoncé la vente par le
Canada de
véhicules blindés légers à l'Arabie
saoudite. L'action s'est terminée
devant l'ambassade américaine où ont été
dénoncées la vente d'armes du
Canada aux États-Unis et sa
participation aux guerres et aux agressions menées par les
États-Unis
et l'OTAN. On a souligné pendant l'action que le gouvernement
dépense
maintenant plus de 20 milliards $ dans le domaine militaire
et que le
gouvernement libéral a annoncé son intention
d'accroître ces
dépenses de façon importante au cours de la prochaine
décennie.
La première foire aux armes de CANSEC a
été imposée à Ottawa
en 1998 et a dès le début suscité
l'opposition des résidents. La foire
est organisée par l'Association canadienne des industries de
défense et
de sécurité (CADSI) qui
représente 900 compagnies canadiennes du secteur militaire,
policier et
du renseignement. La foire, qui dure deux jours,
bénéficie d'un subside
du gouvernement canadien.
Des milliers de participants de plus de 60 pays
visitent la foire
aux armes de même que de nombreux ministères du
gouvernement canadien
comme Affaires mondiales Canada, le ministère de la
Défense nationale,
Recherche et Développement pour la défense Canada,
Travaux publics et
Services gouvernementaux Canada. Le ministre de la Défense
Harjit
Sajjan a prononcé le discours liminaire au déjeuner de
CANSEC le 30
mai.
Un des principaux commanditaires de la foire est la
Corporation
commerciale canadienne (CCC). La CCC est la principale agence
canadienne de vente d'armes et de logiciels militaires partout dans le
monde y compris aux États-Unis où la vaste
majorité des produits
militaires canadiens sont vendus. Chaque
année, près de 80 % des exportations militaires
de plusieurs milliards
de dollars vont aux États-Unis où elles sont
intégrées aux plus
importants systèmes d'armements américains (comme les
aéronefs) qui
servent ensuite aux guerres prédatrices des
États-Unis ou sont exportées à nouveau.
Le gouvernement canadien investit aussi dans la
production
militaire par le biais du Régime de pensions du Canada (RPC). Le
RPC
investit présentement 1,3 milliard $ dans 36
des 100 principales
industries de guerre au monde. Ceci comprend l'investissement de plus
de 500 millions $
dans 30 fabricants d'armes qui ont des succursales qui ont des
kiosques
à CANSEC. Le RPC a aussi pour 400 millions $
d'investissements dans 14
compagnies qui participent à la production et à
l'entretien d'armes
nucléaires. Parmi elles, six grandes entreprises de guerre ont
aussi
des
kiosques à CANSEC.
(Photos: K.
Tarasoff)
La Colombie devient officiellement un
«
partenaire mondial » de l'OTAN
Le président colombien Juan Manuel Santos a
annoncé le 25 mai que son pays était devenu de
façon officielle un « partenaire mondial » de
l'OTAN. La Colombie se joint ainsi à l'Afghanistan, à
l'Australie, à l'Irak, au Japon, à la Corée du
sud, à la Mongolie, à la Nouvelle-Zélande et au
Pakistan, qui se trouvent eux aussi sur
la liste des « partenaires mondiaux ». Les «
domaines de coopération » comprennent entre autres
« les améliorations aux capacités de combat de
l'armée colombienne, la saine gouvernance, l'éducation et
la formation militaires, la sécurité des voies maritimes,
la cybersécurité et les façons de combattre le
terrorisme et le crime
organisé ».
Le président Juan Manuel Santos serre la main de Jens
Stoltenberg, le secrétaire général de l'OTAN, aux
quartiers-généraux de l'OTAN le 31 mai 2018.
La coopération entre la Colombie et l'OTAN ne
date pas d'hier. En 2009, une entente bilatérale a
autorisé les États-Unis à maintenir des bases
militaires en territoire colombien et, en 2016, Bogota a
signé une entente de coopération militaire avec l'OTAN.
Puis, une entente de partenariat avec l'OTAN a été
conclue il y a un an, en
mai 2017, après que le gouvernement colombien ait conclu un
accord de paix avec les Forces armées révolutionnaires de
Colombie (FARC), devenu depuis un parti politique. Le président
de la Colombie a fait son annonce le même jour où
l'Organisation pour la coopération et le développement
économique (OCDÉ) invitait Bogota à se
joindre à elle de façon officielle.
Ce partenariat confirme que l'OTAN étend ses
tentacules bien au-delà l'Atlantique Nord jusqu'en
Amérique latine et dans les Caraïbes. Il coïncide avec
le
rétablissement par les États-Unis de sa Deuxième
flotte, laquelle a joué un rôle clé dans la crise
des missiles cubains en 1963 et l'invasion de la Grenade
en 1983. La mise en
oeuvre de la résolution adoptée par tous les pays membres
de la Communauté des États latino-américains des
Caraïbes (CÉLAC) sans exception pour faire de
l'Amérique latine et des Caraïbes une Zone de Paix est donc
devenue plus urgente que jamais.
Un grand nombre de Forces d'opérations
spéciales sont déjà en Colombie,
déployées par les États-Unis sous prétexte
de mener la lutte aux narcotrafiquants. Les forces militaires
britanniques ont aussi été déployées aux
îles Malouines que la Grande-Bretagne refuse de remettre à
l'Argentine. La partie ouest de l'océan Atlantique
a pour
frontières les côtes du Venezuela, de la Colombie et du
Panama. Dans le rapport OTAN 2020 : une
sécurité assurée ; un engagement dynamique,
on
y
parle
de
la
possibilité
d'opérations
militaires
en
Amérique latine et dans les Caraïbes. Les côtes de la
Colombie sont situées sur l'océan Pacifique et sur
l'océan
Atlantique. Le statut de la Colombie comme membre de l'OTAN
prépare le terrain pour que les bases de l'Alliance en
territoire colombien soient intégrées aux installations
américaines déjà sur place.
Selon certains analystes, la cible du partenariat entre
la Colombie et l'alliance militaire de l'OTAN dirigée par les
États-Unis est le Conseil de Défense sud-américain
(CDSA) composé de douze membres et créé
en 2009 par l'Union des nations sud-américaines (UNASUR).
Le
CDSA, dont les États-Unis ne font pas partie même en tant
qu'observateurs, décide actuellement de la politique de
défense du continent et agit, libre de l'influence des
États-Unis. L'Argentine parrainera le CDSA en
août 2018 et il est évident que les principales
cibles seront le Venezuela et la Bolivie.
En avril, six membres de l'UNASUR, dont le
Brésil, l'Argentine et la Colombie, ont cessé
d'être membres de l'UNASUR, se disant insatisfaits du leadership
de la Bolivie parce que celle-ci refuse de
participer aux attaques des États-Unis contre le Venezuela dans
l'Organisation des États américains (OÉA).
Les six pays qui ont quitté l'UNASUR sont aussi
membres du « Groupe de Lima » mis sur pied par les
États-Unis et le Canada en août 2017. Ce groupe est
un cartel mafieux dont le but est de détruire l'unité
latino-américaine et caribéenne et de renverser les
gouvernements élus démocratiquement de Bolivie et du
Venezuela comme
il a réussi à le faire en Argentine et au Brésil
et comme il se prépare actuellement à le faire en
Équateur et dans d'autres pays.
Proclamation de l'Amérique latine et
des
Caraïbes Zone de Paix
La proclamation qui
suit a été
émise par la Communauté des États
latino-américains et caribéens (CÉLAC) au sommet
de La Havane en janvier 2014.
***
Ratifiant l'engagement de leurs pays dans les
Propositions et les Principes consacrés dans la Charte des
Nations unies et le Droit international, et conscients que la
prospérité et la stabilité de la région
contribuent à la paix et à la sécurité
internationales,
Conscients que la paix est un bien suprême et une
soif légitime de tous les peuples et que sa préservation
est un élément fondamental de l'intégration de
l'Amérique Latine et des Caraïbes et un principe et une
valeur commune de la Communauté des États
latino-américains et caribéens (CÉLAC),
En réaffirmant que l'intégration renforce
la vision d'un ordre international juste confirmé par le droit
et par une culture de paix qui exclut l'usage de la force et les moyens
non légitimes de défense parmi lesquels les armes de
destruction massive et, en particulier, les armes nucléaires,
Soulignant l'importance du Traité de Tlatelolco
pour l'interdiction des armes nucléaires en Amérique
Latine et dans les Caraïbes qui établit la première
zone libre d'armes nucléaires dans une zone avec une forte
densité de population, ceci étant une contribution
à la paix et à la sécurité régionale
et internationale,
Réitérant la nécessité
urgente du désarmement nucléaire général et
complet, ainsi que d'un engagement avec l'agenda stratégique de
l'Organisme pour l'interdiction des armes nucléaires en
Amérique latine et dans les Caraïbes (OPANAL) adopté
par les 33 États membres de l'Organisme à la
conférence générale de Buenos Aires en
août 2013,
Rappelant les principes de paix, de démocratie,
de développement et de liberté qui inspirent les actions
des pays membres du SICA,
Rappelant la décision des chefs d'État de
l'UNASUR de renforcer l'Amérique du sud comme Zone de paix et de
coopération,
Rappelant l'établissement, en 1986, de la
Zone de paix et de coopération de l'Atlantique sud,
Rappelant aussi notre engagement, ratifié dans
la Déclaration au Sommet de l'unité de l'Amérique
latine et des Caraïbes, le 23 février 2010, de
promouvoir la mise en oeuvre de nos propres mécanismes de
résolution pacifique des conflits,
Renouvelant notre engagement pour qu'en Amérique
latine et dans les Caraïbes, se consolide une Zone de paix dans
laquelle les différends entre les nations se résolvent de
manière pacifique, par la voie du dialogue et de la
négociation ou autre forme de résolution et en pleine
harmonie avec le droit international,
Également conscients de l'impact humanitaire
global catastrophique et à long terme de l'usage des armes
nucléaires et d'autres armes de destruction massive et des
discussions en cours sur ces thèmes,
Nous déclarons :
1. L'Amérique latine et les Caraïbes Zone de
paix sur la base du respect des principes et des normes du droit
international, incluant les instruments internationaux dont font partie
les États membres et les principes et propositions de la Charte
des Nations unies,
2. Notre engagement permanent dans la résolution
pacifique des conflits afin de supprimer pour toujours l'usage et la
menace de l'usage de la force dans notre région,
3. L'engagement des États de la région
envers l'accomplissement strict de leur obligation de ne pas
intervenir, directement ou indirectement, dans les affaires internes de
tout autre État et d'observer les principes de
souveraineté nationale, l'égalité des droits et
l'autodétermination des peuples,
4. L'engagement des peuples d'Amérique latine et
des Caraïbes de promouvoir des relations d'amitié et de
coopération entre eux et avec d'autres nations,
indépendamment des différences de systèmes
politiques, économiques et sociaux ou de leurs niveaux de
développement, de pratiquer la tolérance et de coexister
en paix en bons
voisins.
5. L'engagement des États d'Amérique
latine et des Caraïbes de respecter pleinement le droit
inaliénable de tout État à choisir son
système politique, économique, social et culturel, une
condition essentielle pour assurer la coexistence pacifique entre les
nations,
6. La promotion dans la région d'une culture de
paix basée, entre autres, sur les principes de la
Déclaration sur la culture de paix des Nations unies.
7. L'engagement des États de la région
d'avoir pour guide la présente Déclaration dans leur
comportement international.
8. L'engagement des États de la région de
continuer à promouvoir le désarmement nucléaire
comme objectif prioritaire et de contribuer à un
désarmement général et complet pour favoriser le
renforcement de la confiance entre les nations.
Nous demandons instamment à tous les
États membres de la communauté internationale de
respecter pleinement cette Déclaration dans ses relations avec
les États membres de la CÉLAC.
En foi de quoi, les soussignés, dûment
autorisés, ont apposé leur signature au bas de cette
Proclamation à La Havane, en ce 29e jour du mois de
janvier 2014, avec copie en espagnol, en anglais, en
français et en portugais.
Élections à Cuba et
intervention étrangère dans l'ordre démocratique
en Amérique latine et Caraïbes
Réunion à Ottawa avec la nouvelle
ambassadrice
de Cuba au Canada
Le 25 mai, une discussion très vivante a eu
lieu à Ottawa sur « Les
résultats des élections à Cuba et les attaques
contre la démocratie en
Amérique latine » où l'oratrice principale
était Josefina Vidal,
ambassadrice cubaine au Canada. La
réunion a été organisée par le chapitre
d'Ottawa des Mouvements sociaux
de l'ALBA et a aussi été parrainée par Ottawa Cuba
Connections et
l'Association d'amitié Outaouais-Cuba. La réunion a
débuté par une
minute de silence pour rendre hommage aux victimes
du tragique accident d'avion du 18 mai près de
l'aéroport international
José Marti à La Havane. Un représentant du
chapitre d'Ottawa des
Mouvements sociaux de l'ALBA a présenté ses
condoléances pour ces vies
perdues à l'ambassadrice Vidal au nom de tous les
participants.
Josefina Vidal, ambassadrice de Cuba au
Canada
L'ambassadrice Vidal a commencé sa
présentation en discutant de
l'élection récente de l'Assemblée nationale du
pouvoir populaire de
Cuba, et de l'élection subséquente par l'Assemblée
du leadership du
pays, son président, ses vice-présidents et le Conseil
d'État de 31 membres. Un trait central du processus
démocratique de
Cuba, a-t-elle dit, est le fait que le peuple est habilité
à participer
à la nomination et à l'élection de candidats
choisis dans ses rangs, ce
qui rend les élections qui ont lieu aux niveaux municipal,
provincial
et
national, très représentatives de la
société cubaine. Le Parti
communiste de Cuba ne nomme aucun candidat et un individu n'est pas
tenu d'être membre du parti pour être candidat, a-t-elle
fait
remarquer.
La moitié de l'Assemblée nationale est
composée de députés
représentant les circonscriptions à l'échelle du
pays et l'autre moitié
est issue des collectifs comme les syndicats, les organisations
étudiantes et de la jeunesse, les organisations des femmes, les
organisations
religieuses, etc. Lors des élections de cette année
à Cuba, le pays a
fait de nouveaux progrès dans la représentation de sa
population au
gouvernement. Les femmes constituent maintenant plus de 50 %
des
députés. Plus de 40 % des députés
sont des Noirs
et la moyenne d'âge est maintenant de 49 ans. Digne de
mention aussi
est le fait que 56 % des députés ont
été élus pour la première fois.
L'ambassadrice a expliqué que certains
s'imaginent que des
changements dramatiques vont maintenant s'opérer dans la
société
cubaine. Elle a dit que ces spéculations sont sans fondement,
car le
nouveau gouvernement va poursuivre sur la voie de la révolution
et
continuer de mettre en oeuvre les
importantes décisions prises en 2011 et en 2015.
L'internationalisme de
Cuba va aussi continuer sur sa voie révolutionnaire et Cuba va
continuer d'être une force pour la paix et la stabilité
dans le monde,
en particulier en Amérique latine et dans les Caraïbes, a
dit
l'ambassadrice Vidal.
Les attaques contre la démocratie en
Amérique latine
Abordant le deuxième sujet de la rencontre,
l'ambassadrice a
reconnu que la région est assiégée par les forces
réactionnaires avec
l'aide des États-Unis qui ont ressuscité leur doctrine
Monroe
interventionniste pour imposer leur hégémonie. Ces forces
utilisent
tous les moyens
à leur disposition pour provoquer l'instabilité et le
changement de
régime là où il y a des gouvernements
progressistes.
Les États-Unis n'ont jamais accepté la
coexistence, seulement
la soumission à leur diktat, et ils ont recours à tous
les moyens pour
atteindre leur objectif de dominer la région, a-t-elle dit. Si
dans le
passé les coups d'État militaires étaient la
méthode
privilégiée pour renverser des gouvernements, aujourd'hui
ce sont des
coups parlementaires et juridiques accompagnés de fabrications
et de
fausses accusations qui sont utilisées pour renverser ceux que
les
États-Unis n'approuvent pas dans l'arène politique. C'est
ce qui est
fait présentement
à l'ancien président du Brésil, Lula Da Silva.
L'ambassadrice a rappelé l'expérience de
Cuba cette année lors de
la tenue du Sommet des Amériques à Lima, au Pérou,
en particulier le
fait que le Venezuela a été interdit d'y participer parce
que les
États-Unis ont déclaré que le Venezuela n'est plus
un pays
démocratique. Une activité semblable s'est
déroulée à l'Union des
nations sud-américaines (UNASUR) qui a ciblé directement
la Bolivie,
a-t-elle dit. L'ambassadrice Vidal a dit qu'un des aspects de la
contre-offensive contre les gouvernements progressistes a
été de miner
les
processus d'intégration et de coopération établis
dans la région au
moyen par exemples de l'Alliance bolivarienne pour les peuples de notre
Amérique (ALBA) et la Communauté d'États
latino-américains et caraïbes
(CÉLAC). Elle a souligné à cet
égard le rôle de la Bolivie et de divers pays des
Caraïbes dans
l'Organisation des États américains (OÉA)
dirigée par les États-Unis
pour faire en sorte qu'un front commun contre le Venezuela ne puisse y
être formé.
S'il est vrai que Cuba ne réintégrera pas
l'OÉA, il a récemment
participé au Sommet des Amériques, organisé par
l'OÉA tous les trois
ans. Cuba a été formellement invité au sommet
de 2015 et de nouveau à
l'événement cette
année tenu au Pérou. L'ambiance amicale de 2015
était très différente
de celle de 2018, a-t-elle dit, à cause de tout ce qui
s'est passé dans
la région et des changements qui sont survenus dans
différents
gouvernements ces trois dernières années. Cuba a
accepté d'y participer cette année pour y défendre
ses principes et ses
idées. Plus encore, elle a dit que Cuba a décidé
que sa présence à Lima
était nécessaire pour défendre le Venezuela, pour
se défendre lui-même
contre les actions prévues au
sommet et organisées aux États-Unis même, et pour
défendre la région en
général.
En fait, la participation active au Sommet de Lima et
aux activités
parallèles de la délégation cubaine
composée de représentants de l'État
et d'un important contingent de la société civile, qui
comprenait
beaucoup de jeunes et d'étudiants, a joué un rôle
majeur. Celle-ci a contré par une résistance
énergique toute tentative
des États-Unis et de leurs laquais dans l'OÉA de se
servir du sommet
pour attaquer le Venezuela et Cuba et a porté un coup puissant
à
l'ordre du jour intéressé des États-Unis et de
leur groupe servile de
Lima.
Des jeunes Cubains envoient un message au « groupe de
la démocratie » anticubain financé par les
États-Unis et invité à
participer au forum de la société civile du Sommet des
Amériques : « Avec Cuba, on ne plaisante
pas. » (R. Suarez)
L'ambassadrice a expliqué ce que signifie pour
Cuba la défense de
la région, soulignant qu'en 2014, lors de la réunion
de la CÉLAC à La
Havane, tous les pays de la région ont adopté un document
déclarant
l'Amérique latine et les Caraïbes zone de
paix. Le document affirme que chaque pays de la région a le
droit
d'avoir le système économique, politique et culturel de
son choix. Il
dit que tous doivent agir sur la base de la coopération et du
bon
voisinage, et qu'aucun pays n'a le droit de s'ingérer dans les
affaires
intérieures d'un autre. Cet accord
doit être la base des relations entre les pays de la
région et il doit
être défendu, a-t-elle déclaré.
Les tentatives des États-Unis de mobiliser les
pays pour
délégitimer les résultats électoraux du
Venezuela étaient un signe de
désespoir, a dit l'ambassadrice, parce que les États-Unis
et les
réactionnaires au Venezuela continuent d'être
défaits dans toutes leurs
tentatives de saper le gouvernement bolivarien du Venezuela. Cuba a
vécu la même expérience d'être constamment
ciblé par les États-Unis,
mais Cuba a néanmoins réussi à s'imposer.
Même au cours du processus de
normalisation des relations qui a commencé
en 2014, Cuba était pleinement conscient que l'objectif
contre-révolutionnaire des États-Unis demeurait entier,
qu'ils
n'avaient fait que changer de tactique, mais que Cuba était
capable de
gérer la nouvelle situation. Depuis lors, la situation a connu
des
reculs.
Sa présentation a été suivie d'une
séance de questions et réponses,
qui a beaucoup porté sur les relations entre le Canada et Cuba
ainsi
que sur les changements dans les relations entre Cuba et les
États-Unis
sous le président Donald Trump. Entre autres choses,
l'ambassadrice
Vidal a
expliqué que les relations entre le Canada et Cuba ont
été
remarquablement constantes et stables depuis le gouvernement
conservateur de Diefenbaker, qui ne s'est pas soumis à la
pression des
États-Unis pour isoler Cuba pendant la période de la
crise des missiles
cubains. Elle a poursuivi en relatant les
nombreuses visites intergouvernementales qui se sont produites entre
les deux pays pour développer le travail et la
coopération sur divers
fronts qui se développent tous normalement.
Le peuple vénézuélien défie
les menaces
et le chantage impérialistes et réélit Nicolas
Maduro à la présidence
- Margaret Villamizar -
Le 20 mai, les Vénézuéliens
ont réélu Nicolas Maduro comme président
lors d'une élection tenue dans le contexte de l'énorme
pression exercée
par les États-Unis et le Canada qui exigeaient qu'elle soit
annulée.
Lorsque toutes leurs menaces aux conséquences
désastreuses, dont
l'intensification du blocus contre le Venezuela, n'ont pas
entraînées l'annulation des élections, ils ont
déclaré que celles-ci étaient «
illégitimes »
et qu'ils ne reconnaîtraient pas
leurs résultats. De concert avec cette décision
impérialiste, une
faction de l'opposition qui reçoit ses directives de Washington
a
refusé de participer au scrutin et a appelé le peuple de
s'abstenir de
voter.
Alors que la pression et le chantage ont sans aucun
doute affecté la
participation électorale, 46 % des électeurs
ont résisté en exerçant
leur droit de vote. Nicolas Maduro a été
réélu avec une large majorité
et un pourcentage plus élevé de soutien de
l'électorat (31 %) que le
président américain Donald Trump ou le premier
ministre du Canada Justin Trudeau peuvent prétendre avoir obtenu
durant
les élections qui les ont mis au pouvoir (27 % dans les
deux cas ). Il
en va de même pour la plupart des alliés
latino-américains les plus
proches et ceux qui hurlent le plus contre la démocratie au
Venezuela,
les néolibéraux Santos de Colombie, Peña Nieto du
Mexique, Macri
d'Argentine et Piñera du Chili.
Les résultats des élections
Conférence de presse le 21 mai 2018 où sont
annnoncés les résultats des élections.
Sur les 9 millions de votes valides, 67,84 % ont
été pour Nicolas Maduro, le candidat du Front
élargi pour la patrie (Frente Amplio de la Patria),
composé du Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV),
du Mouvement Nous sommes Venezuela (Somos Venezuela), du Parti
communiste du Venezuela (PCV), de Patrie pour tous (Patria Para Todos)
et de six autres partis.
Henri Falcón de l'Avant-garde progressiste
(Avanzada Progresista) a terminé deuxième avec 20,93 %
des votes. Il a été suivi par Javier Bertucci d'Espoir
pour le changement (Esperanza para el Cambio) avec 10,82 %, et de
Reynaldo Quijada de l'Unité politique populaire 89 (Unidad
Política Popular 89) avec 0,4 %.
Des observateurs internationaux de plusieurs pays dont
une délégation du Canada ont rapporté que les
élections se sont bien déroulées. Une mission du
Conseil des experts Electoraux d'Amérique Latine (CEÉLA)
a déclaré que les élections se sont
déroulées correctement et a dit n’avoir rien
observé qui puisse la disqualifier et que les résultats
devraient être reconnus comme reflétant la volonté
du peuple vénézuélien.
La mission d'observation internationale dirigée par le Conseil
des experts Electoraux d'Amérique Latine présente son
rapport où elle dit que les élections se sont tenues
correctement.
La réponse du Canada
Le Canada, en son nom et comme membre du « Groupe
de Lima », a déclaré les élections
illégitimes et a dit qu'il ne reconnaîtrait pas les
résultats, ce qui est sa position dès le premier jour
où l'élection a été appelée.
Profitant de sa position de président du G7 pour 2018, le Canada
s'est assuré que cette organisation adopte la même
position et a annoncé que la question du Venezuela sera à
l'ordre du jour du prochain Sommet du G7 au Québec.
Dans une déclaration du 21 mai, la ministre
des Affaires
étrangères, Chrystia Freeland, a accusé faussement
le gouvernement d'en
être la cause « en restreignant les droits et
libertés des
Vénézuéliens » et « en
empêchant les partis d'opposition de participer
librement aux élections ». Exprimant l'hypocrisie du
gouvernement et
du système politique canadien sur une question qui est le fond
même de
sa propre crise de légitimité, Freeland a tenté
d'accuser le
gouvernement bolivarien de ne pas permettre à son peuple d'avoir
une
voix au chapitre de sa propre gouvernance.
Le sauvetage financier du pipeline TMX par le
gouvernement Trudeau cette semaine et son diktat que l'oléoduc
va être construit, comme projet de la Couronne, malgré
l'opposition véhémente des peuples autochtones et de
nombreux Canadiens, montre ce que cela veut dire quand il dit accorder
au peuple voix au chapitre. Par peuple, on entend les monopoles qui ont
le droit de faire ce qui leur plaît. En attendant, ceux qui
disent non ! sont
qualifiés d'extrémistes, d'éléments
marginaux et de menace à la sécurité nationale.
Ils se font attaquer tout comme le Venezuela contre qui le Canada
s'acharne.
De plus, la plainte de Freeland que le peuple
vénézuélien s'est vu nier une voix au chapitre
survient le lendemain que son gouvernement a privé
plus
de 5 000 électeurs vénézuéliens
résidents au Canada de leur droit
démocratique d'exercer leur droit de vote dans l'élection
présidentielle en interdisant à l'ambassade du Venezuela
à Ottawa et
aux
consulats vénézuéliens à Toronto et
Montréal de mettre sur pied des
bureaux de scrutins dans leurs locaux. La raison donnée pour
cette
grossière ingérence est que le Canada a
décidé que l'élection était «
illégitime ».
Le Canada a aussi entamé d'autres actions
punitives contre le Venezuela. Le lendemain des élections, il a
annoncé qu'il
réduisait ses relations
diplomatiques et limitait ses interactions avec le Venezuela pour
s'ingérer dans ses affaires de manière à «
faire progresser les
principaux objectifs du Canada dans ce pays, comme la promotion de la
démocratie
et le respect des droits de la personne ». Les autres
mesures comprennent:
- l'ambassade du Canada au Venezuela sera
dirigée par un chargé d'affaires plutôt qu'un
ambassadeur ;
- maintenir en vigueur l'interdiction du Canada de
soutenir les
demandes d'adhésion vénézuéliennes
auprès des organisations
multilatérales et internationales ;
- imposer une interdiction sur la coopération
militaire bilatérale officielle ;
- interdire aux représentants du gouvernement du
Canada d'assister
à des réunions et événements internationaux
ou bilatéraux organisés par
le Venezuela ou tenus dans ce pays ;
- limiter l'envoi d'invitations à de hauts
fonctionnaires du
gouvernement et à de hauts gradés militaires du Venezuela
pour
participer à des événements organisés par
le Canada ou tenus au Canada,
sauf lorsque ces événements se rapportent directement aux
priorités
stratégiques canadiennes.
Plus récemment, le gouvernement a
appliqué des sanctions contre
quatorze autres Vénézuéliens - dont beaucoup sont
des représentants
élus - et il est interdit aux Canadiens d'avoir des relations
financières avec eux ou de leur fournir des services. Le
ministre
vénézuélien des Affaires étrangères,
Jorge Arreaza, a dénoncé cette
décision comme
reflétant « la subordination humiliante de la politique
étrangère [du
gouvernement canadien] à l'administration raciste et
suprémaciste de
Donald Trump ».
La réponse des États-Unis
Le secrétaire d'État américain
Mike Pompeo, au nom de
l'administration Trump, a qualifié l'élection de
frauduleuse et d'une «
attaque contre l'ordre constitutionnel et d'affront à la
tradition
démocratique du Venezuela ». Il a menacé le
Venezuela d« 'isolement de
la communauté internationale » s'il n'abandonne pas
sa voie
indèpendante de ce qui est compris comme la démocratie
à l'américaine.
Pompeo a fait allusion au resserrement du blocus
économique et
financier américain que Trump a ordonné quelques heures
auparavant
ainsi qu'à la prochaine tentative du Groupe de Lima d'exclure le
Venezuela de l'Organisation des États américains lors de
sa 48e
Assemblée générale prévue les 4
et 5 juin à Washington,
comme si le Venezuela ne s'était pas déjà
retiré de son propre gré de
l'OÉA. Pompeo a menacé de prendre « des mesures
économiques et
diplomatiques rapides » pour « soutenir la
restauration de sa
démocratie » au Venezuela.
Tout ce que les États-Unis et le Canada ont
prouvé une fois de plus
est qu'ils sont des ennemis du pouvoir populaire et qu'ils feront tout
en leur pouvoir pour protéger les droits et privilèges de
toutes sortes
que les oligarques du Venezuela et d'ailleurs réclament pour
eux-mêmes
aux dépens du peuple.
Les États-Unis ont fait de même à
Cuba en 1960 en déclenchant
l'embargo qui s'est transformé en véritable blocus
économique,
financier et commercial parce qu'il cherchait à détruire
Cuba plutôt
que de reconnaître le droit du peuple cubain à vivre dans
la dignité et
comme le maître souverain de son destin plutôt que des
esclaves d'un
empire corrompu. Selon toutes les circonstances et dans toutes les
conditions, Cuba défend ses droits. Peu importe à quel
point les
impérialistes répètent leurs grands idéaux,
qu'en attaquant Cuba ils
défendent les droits de la personne des Cubains, il est
évident pour le
monde entier et surtout pour le peuple cubain, que ce sont eux qui sont
les cibles
et qui subissent les effets de cette forme perverse de guerre. Et
où
cela a-t-il mené les États-Unis après 63
ans ? L'ancien président
américain Obama a lui-même répondu à cette
question lorsqu'il a annoncé
le rétablissement des relations diplomatiques avec Cuba en
décembre 2014.
(Photos:
Telesur, AVN, LML)
Le gouvernement du Canada interdit l'entrée
à l'équipe de volleyball des Forces armées
nationales bolivariennes
Le gouvernement du Canada a empêché
l'équipe de volleyball des Forces armées nationales
bolivariennes (FANB) d'entrer dans le pays, a fait savoir
vendredi 25 mai le chancelier de la République bolivarienne
du Venezuela, Jorge Arreaza.
«En moins d'une semaine, le gouvernement du
Canada a refusé le droit de vote aux
Vénézuéliens résidant sur son territoire et
maintenant, empêche l'équipe de volleyball de la FANB de
participer (au Championnat du monde militaire de volleyball). Ce sont
des attitudes peu civilisées, obsessionnelles et hostiles,
conséquences de la
subordination à l'empire», a déclaré le
diplomate sur son compte Twitter.
Le ministre de la Défense du Pouvoir populaire
Vladimir Padrino López avait twitté : « Nous
condamnons l'action inamicale et hostile du gouvernement du Canada qui
empêche l'équipe de la FANB de participer au Championnat
du monde militaire de volleyball. Cela viole la Charte
internationale de l'éducation physique, de
l'activité physique et du sport de l'UNESCO.»