Les réformes électorales
antidémocratiques des libéraux de Trudeau
Le gouvernement avalise les mesures de police
pour limiter la liberté d'expression et criminaliser
la dissidence politique
- Anna Di Carlo -
Le 14 novembre, la ministre des Institutions
démocratiques, Karina Gould, a présenté la
réponse officielle du gouvernement à un rapport d'un
comité sénatorial intitulé : Contrôler
l'influence
étrangère
sur
les
élections
canadiennes. Le rapport du Comité permanent du Sénat
sur les affaires juridiques et constitutionnelles cible en
particulier ce qu'il appelle « les
tiers » comme étant de
potentiels agents de l'influence électorale
étrangère et recommande le resserrement des règles
à leur égard. La Loi électorale du Canada
définit un tiers comme étant « toute personne ou
tout groupe, à l'exception d'un candidat, d'un parti
enregistré et d'une association de circonscription d'un parti
enregistré ».
La ministre s'est dite d'accord avec les recommandations
des sénateurs en général et a dit vouloir
travailler avec le comité sénatorial sur un projet de
modification à la Loi électorale que les libéraux
ont l'intention de déposer d'ici la fin de l'année. Tout
semble donc indiquer que le projet de réforme électorale
du gouvernement libéral sera un
autre pas sur la voie dangereuse de mettre en place des pouvoirs de
police pour intimider, supprimer et criminaliser l'expression et la
formation d'opinions politiques publiques.
Le rapport du Comité sénatorial permet de
voir
comment des réformes électorales sont instituées
sur la base d'instructions des agences de renseignement dont l'objectif
principal est de désinformer les Canadiens. Cela se fait en
détournant leur attention du fait que le Canada est
entraîné
sur la voie de la guerre et de l'adjudication sous prétexte que
les Russes et d'autres « ingérences
étrangères » sont responsables de tous nos
problèmes. Il apparaît évident avec ce rapport que
l'« ingérence étrangère » dans le
processus électoral est invoquée pour susciter des
sentiments profondément antidémocratiques et créer
des
soupçons sur ceux qui ne partagent pas ce que l'élite
dominante considère comme étant des « valeurs
canadiennes », comme le soutien à l'OTAN et
l'acceptation de la démocratie libérale capitaliste. Les
partis politiques enregistrés qui n'acceptent pas ces valeurs
comme des choses nécessairement acquises seront
soupçonnés. Il sera en réalité impossible
pour les « tiers » (dont les
syndicats et les organismes non gouvernementaux qui luttent pour un
environnement naturel et social sain et pour la justice
économique et sociale) d'exprimer leurs opinions durant une
élection sans être accusés de servir des
intérêts étrangers. Au nom de la lutte à
l'« ingérence
étrangère » dans le processus
démocratique, les agences étrangères du
renseignement et les pouvoirs policiers dictent ce dont les Canadiens
peuvent et ne peuvent pas discuter.
Le rapport du sénat utilise comme
référence un rapport du directeur du renseignement
national américain en date du 6 janvier 2017,
préparé conjointement avec la CIA, le FBI et la National
Security Agency (NSA) et intitulé : Assessing Russian
Activities and Intentions in Recent US Elections. On y lit :
«
Nous évaluons que Moscou appliquera les leçons apprises
de cette campagne ordonnée par Poutine et visant les
élections américaines à ses efforts d'influence
à travers le monde, y compris contre des alliés des
États-Unis et leur processus électoral. »
L'agence d'espionnage américaine affirme que la
supposée ingérence russe vise « à influencer
l'opinion publique américaine » et est l'expression
« du désir de longue date de Moscou de saper l'ordre
démocratique libéral dirigé par les
États-Unis ». La campagne russe est décrite
comme un mélange d'opérations clandestines,
notamment dans le cyberespace, et d'efforts ouverts d'agences
gouvernementales russes, de médias financés par
l'État russe, de tiers et d'usagers
rémunérés des médias
sociaux qu'on appelle des « trolls ».
Un des opérateurs clés identifiés
par le FBI, la CIA et la NSA dans la partie «
ouverte » de cette campagne est la programmation
américaine du réseau Russia Today. On donne les
exemples suivants de « propagande russe » :
- des émissions qui mettent l'accent sur «
la critique de prétendues insuffisances de la démocratie
et des libertés civiles aux États-Unis » ;
- des émissions qui présentent « le
processus électoral américain comme étant non
démocratique et rapportent les appels de protestataires
américains au public de se lever et de reprendre le
gouvernement » ;
- « de nombreux rapports sur une prétendue
fraude électorale aux États-Unis [en novembre 2012]
et sur les vulnérabilités des machines à voter qui
soutiennent que les résultats électoraux aux
États-Unis ne sont pas fiables et ne reflètent pas la
volonté populaire » ;
- des émissions qui « ont diffusé,
reçu et fait de la publicité pour les débats de
candidats de tiers partis [c'est-à-dire les partis autres que le
Parti républicain et le Parti démocrate —ndlr]
et
diffusé
des
reportages
qui soutiennent les politiques de ces
candidats » ;
- des affirmations que « le système
bipartisan des États-Unis ne représente pas les points de
vue d'au moins un tiers de la population » et qu'il est donc
« une fraude » ;
- des documentaires de 2012 sur le mouvement
Occupy Wall Street « le présentant comme une lutte contre
'la classe dominante' et décrivant le système politique
actuel aux États-Unis comme corrompu et dominé par les
grandes entreprises » ;
- des rapports qui « caractérisent les
États-Unis comme un 'État de surveillance' et
prétendent qu'il y a des atteintes massives aux libertés
civiles, une brutalité policière sur une grande
échelle et l'utilisation de drone » ;
- des rapports qui concentrent l'attention sur «
la critique du système économique américain, la
politique monétaire américaine, la prétendue
avidité de Wall Street et la dette nationale des
États-Unis » ;
- des émissions sur les protestations contre la
fracturation hydraulique qui attirent l'attention sur les questions
environnementales et leur impact sur la santé publique ;
- des émissions contre « l'intervention
occidentale dans le conflit syrien et qui accusent l'Occident de mener
des 'guerres d'information' contre le gouvernement syrien ».
Recommandations du Comité sénatorial
permanent des affaires juridiques et constitutionnelles pour
contrôler les dépenses des tiers
Le Comité sénatorial recommande que le
gouvernement libéral revoit la Loi électorale du
Canada, en particulier en ce qui concerne la collecte de
fonds par les « tiers partis », et leurs
communications sur l'Internet et dans les médias sociaux.
À l'heure actuelle, les activités des
tiers partis sont réglementées seulement si ceux-ci
dépensent de l'argent, soit plus de 500 $, pour de la
publicité électorale pendant une campagne
électorale officielle. Une fois qu'ils ont dépassé
le 500 $, ils doivent s'enregistrer auprès
d'Élections Canada. Le montant maximum qu'un tiers parti peut
dépenser dans une même circonscription est 4225$ pour une
campagne de 37 jours et au niveau national la limite est de 211 200$
(selon les données de 2017). Les tiers partis doivent divulguer
les
contributions qu'ils reçoivent pour payer ces dépenses
dans la période de six mois qui précède
l'élection. Ces contributions ne sont pas sujettes aux
mêmes
limitations que celles des partis et des candidats. Par exemple, les
tiers partis peuvent recevoir des dons d'une entreprise tandis que les
partis et les candidats ne le peuvent pas. La collusion entre les tiers
partis et les partis
politiques et les
candidats ou entre tiers partis pour contourner les limites des
dépenses
électorales admises est prohibée. Les activités
autres que la publicité électorale et certains frais
relatifs à la production et la distribution ne sont pas
visées par la loi.
Les sénateurs proposent qu'une période de
plus de six mois soit établie sans préciser quelle
période les rapports de contributions des tiers partis devraient
couvrir. Cela ouvre la porte toute grande à la violation de la
liberté d'association, laquelle doit nécessairement
comprendre la liberté de recueillir des fonds pour des objectifs
qui sont
approuvés par les organismes dirigeants sans que l'État
ne vienne y mettre le nez.
En plus, les sénateurs suggèrent que les
limites de dépenses électorales ne devraient pas se
limiter aux seules publicités électorales. À
l'heure actuelle, si, par exemple, un tiers parti organise un
rassemblement politique qui peut même prendre position contre un
parti politique, cela n'est pas considéré comme de la
« publicité électorale »
et n'est pas visé par la loi. Les sénateurs se sont dits
préoccupés par cet aspect et par des activités
comme le versement d'un paiement à des gens pour prendre part
à une campagne de porte-à-porte ou faire un sondage.
Le Sénat propose aussi que la Loi
électorale du Canada soit examinée pour «
moderniser la réglementation de la participation des tiers aux
élections dans le contexte des réalités
d'aujourd'hui, particulièrement la publicité
électorale sur Internet et les médias
sociaux ». En ce moment, la publicité payée
apparaissant sur quelque
média que ce soit, dont les sites web et les médias
sociaux, fait l'objet de réglementation. Ce que les
sénateurs suggèrent n'est pas spécifié.
La réglementation des dépenses des tiers
partis est apparue suite à l'introduction de limites de
dépenses permises pour les partis politiques et les candidats
en 1974. Ce fut là le premier geste d'enchâssement
officiel du statut privilégié des partis politiques au
sein du processus électoral et d'assujettissement du discours
politique électoral à
la loi, au nom de la protection des « élections libres et
équitables ». Puisque des limites étaient
fixées pour les partis et les candidats, on a soutenu que la
collusion pour contourner ces limites devait également
être interdite. On a
donc interdit aux organisations et aux individus autres que les
candidats et les partis politiques de faire de la publicité
électorale. Une clause dite de « bonne foi » a
été incluse dans la loi pour protéger l'expression
politique.
La Loi électorale pouvait être
utilisée contre des activités politiques seulement s'il
existait une preuve qu'une organisation était en collusion avec
un parti politique pour contourner les limites de dépenses
électorales. La clause sur la « bonne foi »
exemptait les activités dont le but était de «
mobiliser de l'appui pour des opinions
concernant... un enjeu de politique publique, ou pour faire progresser
les objectifs d'une organisation ou d'une association autre qu'un parti
politique ou une organisation ou association au caractère
politique partisan ».
Le premier cas d'une organisation ayant
été accusée en vertu des clauses relatives aux
« tiers partis » s'est produit il y a 40 ans et
l'approche qui a été suivie par les tribunaux à ce
moment-là démontre la grande différence qui existe
entre la position officielle de l'époque et celle d'aujourd'hui.
Lors d'une élection partielle à
Ottawa-Carleton, le président d'alors de la section
locale 767 du Syndicat des employés de la
Société ontarienne de logement, Daniel V. Roach, un
affilié du Syndicat canadien de la fonction publique, a
loué un avion auquel était attachée une
bannière qui disait « Employés SCFP de la
SOL : votez mais pas pour les libéraux ».
La bannière a été déployée
le 16 octobre 1976, le jour où la section locale du
SCFP a adopté une politique contre le « Programme
anti-inflation », connu comme le « Contrôle des
prix et des salaires » du gouvernement libéral. Le
programme a été dénoncé par les
travailleurs d'un océan à l'autre et il y a eu de
nombreux
rassemblements, protestations et manifestations contre ce programme. Le
PCC(M-L) avait alors présenté le programme de combattre
le rejet du fardeau de la crise sur le dos de la classe ouvrière
et du peuple et de Faire payer les riches !
Le directeur de scrutin de la circonscription
d'Ottawa-Carleton a vu la
bannière passer dans le ciel et a appelé la Gendarmerie
royale du Canada (GRC) pour qu'elle accuse Roach de violation de la
clause en place depuis deux ans sur les « tiers
partis » dans la Loi électorale du Canada.
Roach a été acquitté et le gouvernement a
porté la cause en
appel, mais a été débouté par le juge
d'appel qui a maintenu le jugement de la cour inférieure.
La cour a reconnu que la bannière s'opposait
directement au Parti libéral. Le juge a cependant dit que la
bannière avait été déployée avec
l'objectif de faire connaître la politique de la section locale
contre les contrôles des prix et des salaires et qu'il n'existait
pas de preuve que le syndicat agissait directement ou indirectement en
collusion avec
un autre parti politique.
Le juge avait conclu : « L'accusé
dans ce cas a exprimé clairement les opinions de son association
sur un enjeu de politique publique. La loi doit être
interprétée eu égard au droit de libre discussion
publique et si le Parlement avait eu l'intention de prohiber le geste
qui est allégué contre l'accusé, la loi aurait
dû être beaucoup plus claire
à ce sujet. »
Pour appuyer cet argument, la cour a
évoqué des jugements précédents relatifs
à la liberté d'expression et du discours politique. Le
jugement disait : « Il n'est pas sujet à controverse
que ces institutions [gouvernement] tirent leur efficacité de la
libre discussion publique des affaires, de la critique et de la
réponse et de la contre-critique,
de l'attaque contre une politique et une administration et de la
défense et de la contre-attaque, de l'analyse et de l'examen les
plus libres et les plus entiers sous tout angle possible des
propositions politiques. [...] Même dans le cadre de ses limites
légales, le danger d'abus et d'abus sérieux existe, et un
tel abus est constamment présent sous nos
yeux ; mais il est évident que la pratique de ce droit de
libre discussion publique d'affaires publiques, nonobstant ses
méfaits accessoires, est le souffle de vie des institutions
parlementaires. »
Ainsi, avant même que la Charte des droits et
libertés de 1982 soit adoptée, le droit
fondamental à la liberté de parole a été
reconnu comme étant inhérent au droit des citoyens
d'élire un gouvernement. Dans un texte de 1957, le juge
Abbott de la Cour suprême a décrit « le droit des
candidats à un siège parlementaire, et
le droit des citoyens, en général, d'expliquer, de
critiquer, de débattre et de discuter de la manière la
plus libre possible de choses comme la qualification, les politiques et
les principes politiques, économiques et sociaux mis de l'avant
par ces candidats ou par les partis ou groupes politiques dont ils sont
peut-être membres », comme un droit
qui découle nécessairement et de façon implicite
de l'existence même d'un parlement qui est censé
représenter le peuple.
En 1983, le gouvernement libéral a abrogé
la cause sur la «bonne foi» des tiers partis. Cela a
entraîné plusieurs contestations judiciaires et finalement
à la réglementation présentement en place.
L'ironie de la réglementation de
l'après-Charte sur les tiers partis et des poursuites en cour
est que les tribunaux ont eu recours aux dispositions sur les «
limites raisonnables » de la Charte des droits et
libertés pour justifier et approuver les limitations
à la liberté de parole pendant les élections.
Encore plus ironique est le fait
qu'ils aient soutenu que le but des limites sur ce que les «
tiers partis » peuvent dépenser était de
s'assurer que les bien nantis ne prennent pas le contrôle des
élections. Pendant ce temps, le cartel de partis
érigé en système a adopté des lois qui ont
transformé les partis politiques des riches en appendices
fortement subventionnés de l'État qui
reçoivent des dizaines de millions de dollars pour dominer le
discours électoral.
Au nom du contrôle des dépenses durant une
élection, nous en sommes maintenant rendus à un point
où la liberté de parole est sérieusement
restreinte par une myriade de règlements et de contrôles
qui s'exercent précisément pendant la période
qu'on dit la plus cruciale du processus démocratique en vigueur,
à savoir les élections. Le projet de loi qui va
être présenté par les libéraux va ajouter
de nouvelles restrictions et va le faire de manière à
s'en prendre aux activités politiques qui se tiennent en dehors
de la période « officielle » de campagne
électorale.
Il y a une alternative
Tous
ces
arguments,
bons
ou mauvais, ne font qu’embrouiller le fait que le
système de démocratie représentative dominé
par les partis est dans une impasse et il y a deux choix qui s’offrent.
Une
des
deux
options
est de continuer de resserrer la
réglementation, de surveiller, d'intimider et de
régimenter l'activité politique du peuple pour
préserver le pouvoir et le privilège de l’élite
politique qui représentent de puissants intérêts
économiques. Cette option pousse l’establishment libéral,
avec le concours des conservateurs et du NPD, à trouver refuge
à grands risques derrière les pouvoirs de police qui
limitent la liberté d’expression et criminalise l’opinion
politique. Les mécanismes de la réglementation
électorale qui promettaient auparavant des élections
«libres et équitables» sont tout aussi
épuisés que le système lui-même.
L’autre
option
est
celle
qui exprime le désir et l’effort des citoyens
et du peuple pour s’investir du pouvoir de décider de leurs
affaires. Elle demande l’élimination de toute forme de
privilège et de pouvoir utilisée pour garder le peuple
marginalisé. Elle comprend la mise en oeuvre de
mécanismes qui vont permettre à tous les citoyens de
participer à l'élaboration de l'ordre du jour, de
sélectionner les candidats et d'exercer un contrôle sur
les élus. Il faut pour cela mettre fin au financement public des
partis politiques et les fonds publics doivent plutôt servir
à financer un processus électoral muni d'une
autorité publique qui s'assure que tous puissent participer en
tant qu'égaux, sans égard à l'appartenance
à un parti politique, à la richesse ou au statut social.
Cette
option
exige
l’affirmation
du droit humain de s’engager dans le
débat politique pour humaniser notre environnement naturel et
social. Il s’agit d’affirmer le droit à la liberté
d’expression sur une base nouvelle – c’est-à-dire non pas comme
un droit civil qui a déjà été nié et
retiré mais en tant que droit humain sans lequel ni les
êtres humains ni la société ne peuvent
s’épanouir.
Cinquième ronde de
négociation de l'ALÉNA
Les violations de la souveraineté
nationale se poursuivent
Les négociations officielles de l'ALÉNA
se sont poursuivies avec la cinquième ronde à Mexico
du 17 au 21 novembre. La
rivalité et la collusion entre les monopoles et leurs
porte-parole et en leur sein se sont poursuivies lors de cette ronde de
négociation. Les négociateurs étalent publiquement
leurs discordes et ont une fois de plus exprimé leur
«
pessimisme » quant à la possibilité d'en
arriver à une entente. Derrière ce pessimisme se cache
une réalité tout autre, celle d'un Mexique, d'un Canada
et des États-Unis qui continuent de chercher les moyens
d'éliminer tout obstacle aux monopoles dans les domaines
où il y a eu entente, tout en faisant grand cas de leurs
désaccords dans les
secteurs non encore résolus pour créer l'impression que
la délégation de chaque pays défend ses
intérêts nationaux ainsi que l'intérêt public
et les droits des travailleurs. En fait, les gouvernements et leurs
négociateurs se portent tous à la défense
d'intérêts privés qui cherchent par tous les moyens
à avancer aux dépens l'un de l'autre tout en continuant
l'assaut contre la souveraineté nationale.
On cite dans certains reportages la ministre des
Affaires étrangères Chrystia Freeland qui
prétendrait qu'il y a eu de « bons
progrès » (lors de la 5e ronde) dans des
domaines de nature « hautement technique ». Elle a dit
que les trois parties — le Canada, les États-Unis et le Mexique
—
acceptent les dispositions touchant aux
pratiques d'anticorruption et de saines réglementations, aux
télécommunications, aux systèmes sanitaires et
à la facilitation des douanes et du commerce. Il s'agit de
domaines où non seulement l'économie des trois pays, mais
aussi leur processus de prise de décision sont
intégrés aux nouveaux États-Unis des monopoles de
l'Amérique du Nord.
C'est la Forteresse Amérique du Nord à la disposition de
la superpuissance impérialiste américaine qui, elle, se
prétend « indispensable ». Freeland se vante du
fait
que ces « questions hautement techniques » sont celles
où se fait l'intégration. Ironiquement, loin de
défendre un quelconque intérêt national, les
décisions sont prises sur une
base supranationale et cela élimine par le fait même le
droit souverain des pays touchés d'exercer un contrôle sur
les décisions qui les affectent. Tout vise à
empêcher les instances nationales souveraines d'adopter ou de
maintenir des réglementations perçues comme des «
obstacles au commerce ». Rien ne doit nuire au «
droit » des
monopoles de se réglementer eux-mêmes et de poursuivre
leur objectif de maximiser leurs profits.
Aussi, selon certains reportages, les États-Unis
veulent étendre la « liste de localisation »
existante pour exiger que davantage de produits — y compris l'acier —
proviennent de l'Amérique du Nord, ce qui expose à quel
point ils cherchent à dominer tous les secteurs
stratégiques de l'économie et aussi combien cela peut
être problématique.
Dans son article « NAFTA Rules of Origin », Lawrence
Friedman décrit comme suit la liste de localisation dans le
secteur automobile : « Par exemple, les moteurs
électriques sont un matériau localisé. Donc si un
fabricant de sièges d'auto utilise un moteur non originaire
dans la production d'un siège d'auto qu'il vend à un
fabricant
de véhicules de passagers, la valeur de matériaux non
originaires (VMN) du véhicule doit inclure la valeur du moteur
non originaire. La conséquence de cela est que si les
matériaux non originaires ne sont pas sur la liste de
localisation, ils sont traités comme s'ils étaient
originaires. Cela résulte en un bénéfice pour
certaines parties de l'industrie.
La localisation représente donc un lourd fardeau pour les
producteurs qui doivent obtenir les données sur les coûts
de leurs fournisseurs. »
Dès qu'elle a pris connaissance de cette demande
d'étendre la liste de localisation, l'Alliance des
manufacturiers d'automobiles composée de monopoles du secteur
automobile qui opèrent à l'échelle mondiale, y
compris GM et Ford, a signalé que ces exigences étaient
trop onéreuses. Selon le réseau CBC, l'Alliance a
affirmé : « Une liste
de localisation augmentée mènerait en fait à de
nouvelles pertes d'emploi puisque les compagnies pourraient tout
simplement déménager leur production outremer, comme en
Chine, se servir des pièces qu'elles veulent, et à
nouveau exporter l'automobile aux États-Unis et payer un tarif
relativement marginal de
seulement 2,5 %. »
De leur côté, les monopoles mondiaux de
l'acier qui possèdent des usines en Amérique du Nord ont
fait part de leurs inquiétudes face à une concurrence
avec l'acier chinois. Selon eux, une liste de localisation
augmentée serait bonne pour leurs affaires. Derrière les
intentions de localiser et d'assurer l'achat d'acier provenant de
l'Amérique du
Nord se cache le fait que les monopoles mondiaux de l'acier qui ont des
usines aux États-Unis continuent d'écouler l'acier
fabriqué aux États-Unis au Canada. Le dumping de l'acier
fabriqué aux États-Unis et au Canada est un
facteur qui a accru la destruction de la production
intégrée d'acier canadien, comme à Stelco,
à Hamilton. Une
situation semblable est en train de se créer aux dépens
d'Algoma Steel à Sault-Ste-Marie.
Il est facile de voir que la prétention que les
désaccords sont l'expression de la détermination de la
délégation de chaque pays de défendre
l'intérêt souverain ne sert qu'à masquer toutes les
magouilles qui se font au profit des intérêts
privés concernés. Les intérêts de la classe
ouvrière et du peuple des trois pays ne sont pas servis en se
rangeant
d'un côté ou de l'autre. La classe ouvrière et le
peuple doivent lutter pour changer la direction de l'économie
et, sur cette base, défendre les droits de tous.
Retirons le Canada de l'ALÉNA!
La responsabilité commence chez soi!
- Enver Villamizar -
Manifestation à Mexico le 16 août 2017 pour
dénoncer les pourparlers de l'ALÉNA et exiger une
approche complètement différente qui soit à
l'avatage réciproque
Une position très particulière est mise
de l'avant dans les négociations de l'ALÉNA selon
laquelle le rôle des travailleurs du Canada et des
États-Unis est de se rallier derrière leur propre classe
dirigeante et les monopoles qu'elle représente au nom
d'élever les normes du travail au Mexique. On prétend que
la responsabilité des travailleurs du Canada et des
États-Unis est de veiller au bien-être
des travailleurs mexicains sur la base du concept qu'ils sont
incapables de régler leurs comptes avec leur propre classe
dirigeante et qu'ils ont besoin que les gouvernements du Canada et des
États-Unis interviennent pour s'assurer que leur gouvernement
veille sur eux.
Selon cette position, l'ALÉNA serait coupable de
ne pas
avoir élevé les standards des Mexicains alors qu'il
aurait été conçu pour le faire, mais n'aurait
jamais rempli cette promesse. Ce non-sens au sujet de l'ALÉNA ne
fait pas l'objet de discussion et n'est pas démasqué
comme un mensonge. En fait, l'ALÉNA a toujours été
l'instrument de
l'enchâssement des droits des monopoles par la violation des
droits des travailleurs et la destruction de la souveraineté
nationale. L'objectif fondamental de l'ALÉNA a été
réalisé. Le fait que ce véritable objectif ait
été réalisé est utilisé cependant
pour dire que bien que l'objectif allégué d'élever
les normes de travail au Mexique n'ait pas été
rempli, l'occasion se présente aujourd'hui de le faire et de
« rendre l'ALÉNA plus équitable ».
L'ALÉNA peut devenir « équitable
», nous dit-on, si les travailleurs du Canada et
certains syndicats se joignent à l'ordre du jour de
Trudeau/Trump d'amener le gouvernement mexicain à mettre en
place de nouveaux arrangements dans les relations de travail, lesquels
ont été adoptés en février en tant
qu'amendements
constitutionnels. Cette farce impérialiste est
présentée au moment même où le
mécontentement et la résistance des travailleurs
mexicains s'accroissent contre les violations
généralisées de leurs droits qui sont faites par
certains des mêmes monopoles qui prétendent aujourd'hui
appuyer eux aussi les réformes des lois du travail au Mexique,
dont
l'augmentation du salaire minimum.
Les travailleurs mexicains ne sont pas des victimes
pathétiques. Ils sont un contingent de la classe ouvrière
internationale qui a combattu vaillamment la violence brutale des
monopoles et de leur propre gouvernement. Qu'on parle des monopoles
dans le secteur de la confection des vêtements qui utilisent le
Mexique et ses maquiladoras -- des ateliers de misère --
pour faire des super profits à même les conditions de
travail terribles et les magouilles des gouvernements corrompus pour
payer les riches, ou des monopoles miniers canadiens voraces et de
leurs forces de sécurité meurtrières et celles de
l'État, la classe ouvrière et le peuple mexicains ne
donnent pas leur place quand il est
question d'affirmer leurs droits, une tradition que ceux qui viennent
au Canada à titre de travailleurs migrants amènent avec
eux.
Les travailleurs du Mexique sont actuellement en train
d'intervenir dans l'élection présidentielle au Mexique
qui va se tenir en juillet 2018. Cette intervention fait partie de
leur lutte pour bloquer le projet néolibéral en cours
pour le Mexique et briser la mainmise que l'ALÉNA a
donnée aux monopoles sur les affaires du pays. Si un
nouveau gouvernement mexicain arrive au pouvoir en juillet et cherche
à abroger l'ALÉNA et à restreindre
l'appétit des monopoles pour le profit, le sang et la sueur,
est-ce que ces mêmes champions des travailleurs mexicains vont
applaudir ou bien dire que ce n'est pas bon pour les travailleurs
mexicains et demander un changement de
régime ?
La responsabilité commence chez soi
Les Canadiens peuvent faire leur contribution à
la lutte du peuple
mexicain en affirmant leurs propres droits et en forçant leurs
gouvernements et leurs monopoles à rendre des comptes pour leurs
violations des droits au pays et à l'étranger. Ils
peuvent le faire en exigeant que le Canada se retire de l'ALÉNA
et entre en relation avec les États-Unis, le
Mexique et d'autres pays sur la base d'avantages mutuels et de
développement mutuel des peuples et des économies de
chaque pays.
Les Canadiens ne serviront pas leur cause en se
détournant de la tâche de faire face aux conditions
concrètes et aux problèmes auxquels le Canada est
confronté. Cibler le Mexique et ses problèmes sert
à diviser les travailleurs et à présenter le
problème comme étant « quelque part
ailleurs », hors d'atteinte et de notre contrôle. De
plus,
cela place les Canadiens dans une position de collaboration avec leur
propre classe dirigeante et les monopoles qu'elle représente et
sert, lesquels se soucient uniquement de maximiser leurs profits par
tous les moyens, y compris en violant les droits de tous au pays et
à l'étranger.
Créer des illusions que des changements aux lois
du travail mexicaines vont rendre les monopoles mondiaux redevables de
leurs actes et affirmer les droits des travailleurs, c'est
détourner les Canadiens de la lutte à mener pour rendre
l'élite impérialiste dirigeante redevable de ses actes et
pour affirmer les droits de tous ici même au Canada.
Sous nos propres yeux, les lois du travail et d'autres lois au Canada
sont en train d'être renforcées et manipulées pour
qu'elles soient mieux à même de restreindre le droit des
travailleurs de décider de leurs salaires et de leurs conditions
de travail, de criminaliser leur résistance, de voler ce qui
leur revient de droit comme leurs pensions et de payer
les riches à même le trésor public. Les lois de la
faillite sont constamment utilisées contre les
travailleurs ; les libéraux fédéraux sous
Trudeau et Morneau veulent adopter le projet de loi C-27 pour
détruire les pensions à prestations
déterminées, et le gouvernement de
l'Ontario vient tout juste de criminaliser la lutte
des 12 000 membres
du personnel enseignant des collèges en les forçant
à reprendre le travail afin de ne pas avoir à augmenter
le financement des collèges au niveau canadien.
Tenons les monopoles miniers canadiens responsables de
la suppression des droits des travailleurs mexicains!
Bien qu'on parle beaucoup au Canada de la
nécessité de réformer le droit du travail au
Mexique, les monopoles miniers canadiens dont les propriétaires
et les dirigeants sont protégés par le gouvernement
canadien sont responsables de la suppression continue des droits des
travailleurs.
Le 18 novembre, deux citoyens mexicains, Victor et
Marcelino Sahuanitla Peña, engagés dans des actions pour
s'opposer aux activités de la mine d'or Media Luna
détenue par des intérêts canadiens, dans la
municipalité de Cocula dans l'État de Guerrero, ont
été tués par des voyous armés. La mine est
actuellement le centre d'un conflit
entre l'entreprise, son « syndicat de protection » et
rallier le Syndicat national des travailleurs des mines, du
métal, de l'acier et des travailleurs alliés, connu sous
le nom de Los Mineros.[1]
La mine Media Luna appartient à Torex Gold
Resources du Canada. Le président, chef de la direction et
fondateur de l'entreprise est Fred Stanford, un cadre minier canadien
de longue date et ancien président des opérations de Vale
Inco en Ontario. Il est actuellement membre du conseil d'administration
du colège Cambrian et du Centre de technologies avancées
du Nord, une pépinière
d'entreprises commerciales à but non lucratif basée
également à Sudbury, en Ontario. Les travailleurs
mexicains sont appuyés par la communauté locale qui
s'oppose également aux actions de l'entreprise minière
dans sa région.
Le rôle du gouvernement mexicain et des forces
armées de l'État dans le conflit a été
révélé lorsque quelques jours avant l'assassinat
du 13 novembre, de nombreux policiers fédéraux
armés (Gendarmería, relevant de l'armée) sont
arrivés à la mine. Ils ont pris le contrôle du site
dans une démonstration de force contre les travailleurs
qui avaient érigé des barricades. Par ce geste, ils ont
préparé le terrain pour des attaques violentes. Dans la
nuit du 18 novembre, un groupe armé affilié au
« syndicat de protection » de la compagnie a
attaqué les grévistes de Media Luna à un barrage
routier que les travailleurs avaient établi près de la
mine et les deux frères ont été
tués.
Les travailleurs en grève ont rapporté
que les forces armées mexicaines ont brièvement
détenu les assaillants mais les ont relâchés peu de
temps après, écrit Los Mineros, le syndicat des mineurs
mexicains. Le syndicat
allègue également que les assaillants armés sont
liés au même groupe responsable de l'enlèvement et
de l'assassinat en 2014 de 43
élèves-enseignants
connus sous le nom d'Ayotzinapa 43 dans l'État de Guerrero
pour lesquels le gouvernement mexicain a participé à
dissimuler les faits alors que le gouvernement canadien a maintenu un
silence absolu, en particulier lors de la visite d'État
en 2015 du président mexicain Peña Nieto au Canada.
Des familles des mineurs en grève
Dans une déclaration intitulée «
Torex
Clarifies Media Misinformation », l'entreprise a affirmé
que
la grève était « illégale » afin
de se présenter comme la victime des travailleurs et
préparer le terrain pour l'intervention des agents de police
mexicains pour écraser la résistance des travailleurs.
« En ce qui concerne les opérations à
la mine ELG de la société, il n'y a pas de grève,
il y a un blocus illégal », a écrit la
compagnie. « Les opérations ont cessé sur le site
de la mine ELG depuis le 3 novembre à cause des barricades
illégales, qui ont été érigées suite
à un différend entre le syndicat qui représente
légalement les travailleurs de la compagnie (le syndicat
CTM) et le syndicat qui veut représenter les travailleurs
» (le
« Syndicat des mineurs »), a ajouté
l'entreprise.
Elle ajoute : « La résolution de ce
conflit est maintenant entre les mains de la Commission du travail et
la compagnie croit que celle-ci essaie d'amener les parties, y compris
le syndicat des mineursr, à participer au processus juridique
établi pour résoudre ce conflit et choisissent une date
pour la tenue d'un vote syndical. La gendarmerie
fédérale continue d'assurer une présence à
la mine ELG pour la protection des biens de la compagnie. »
En définitive, la compagnie espère que le
recours à la Commission du travail enlèvera l'initiative
aux travailleurs pour la remettre à la Commission et aux agences
de l'État et servira de justification au
gouvernement mexicain pour écraser par la force la barricade des
travailleurs.
Aux travailleurs tués, la compagnie a
consacré une ligne : « Les deux hommes
n'étaient pas des employés de la compagnie ».
Note
1. Un « syndicat de protection » est
un mécanisme du droit du travail qui autorise les compagnies qui
exploitent des installations au Mexique à établir un
syndicat de boutique qui sert à violer le droit des travailleurs
d'avoir leur mot à dire sur leurs salaires et leurs conditions
de travail. Dans certains cas, le syndicat est mis en
place en même temps que le contrat avant même que la
compagnie ne commence ses opérations afin de saper les actions
collectives des travailleurs et tenter d'éliminer toute
résistance sous forme de grèves et d'autres moyens.
(Sources: La Jornada, Torex Gold
Resources Inc,
Unifor, USWA)
À
titre d'information
Des changements aux lois du travail et
au salaire minimum au Mexique
Le 21 février 2017, un décret
présidentiel modifiant les articles 107 et 123 de la
Constitution des États-Unis mexicains est entré en
vigueur. Voici le résumé qu'en a donné la firme
d'avocats Littler Mendelson :
« Le Décret comprend les réformes
suivantes :
« Les conflits de travail vont maintenant
être traités devant des tribunaux du travail
fédéraux ou d'État qui feront partie du Pouvoir
judiciaire de la Fédération de chaque État. Ces
tribunaux vont remplacer les actuelles commissions de conciliation et
d'arbitrage du travail qui résolvent les disputes entre
employeurs et employés et font partie de
la branche exécutive du gouvernement.
« Le Décret établit une audience de
conciliation précontentieuse obligatoire qui sera tenue par des
centres de conciliation spécialisés et impartiaux qui
seront créés dans chaque État. L'étape de
la conciliation va consister en une seule audience obligatoire dont la
date et l'heure seront décidées rapidement. Si des
audiences subséquentes doivent
se tenir, elles se tiendront à la demande des parties.
« Au niveau fédéral, la
conciliation va être gérée par une agence
indépendante, qui sera également responsable de
l'enregistrement des conventions collectives aux niveaux local et
fédéral, de l'enregistrement des syndicats et de tous les
processus administratifs connexes. Cette agence va posséder sa
propre autorité juridique, ses propres actifs et
passifs et jouira d'une pleine autonomie technique et
opérationnelle et en matière de décision
budgétaire et de gestion.
« En ce qui concerne la négociation
collective, le Décret garantit le vote libre, individuel et
confidentiel des employés pour la résolution des disputes
entre syndicats, la mise en oeuvre d'une convention collective et
l'élection des dirigeants syndicaux. »
« Conformément à ces
réformes constitutionnelles, le Congrès du Mexique et les
parlements des États doivent ajuster leur législation
secondaire pour la conformer au Décret un an après sa
mise
en oeuvre. Cela veut dire que les lois fédérales du
travail doivent être modifiées d'ici un an pour se
conformer aux réformes contenues dans le Décret.
Jusqu'à ce que ces changements soient faits, les disputes en
matière de travail (de même que les disputes entre les
syndicats, l'administration des conventions collectives et la
réglementation interne en matière de travail)
continueront
d'être administrées par les commissions de conciliation et
d'arbitrage locales et fédérales. »
Les monopoles internationaux du vêtement appuient
les changements aux lois du travail
En juillet 2017, quatorze fabricants de produits
de marque qui vendent des produits textiles et du secteur de la
chaussure manufacturés au Mexique, de même que
l'Association pour un travail équitable (ATÉ) ont
émis une lettre conjointe à l'intention du gouvernement
mexicain dans laquelle ils appuient la réforme constitutionnelle
du
régime juridique du travail au Mexique.
La lettre conjointe est une initiative du Comité
du Mexique qui comprend les marques internationales de
l'approvisionnement et/ou du secteur manufacturier au Mexique,
l'ATÉ, le syndicat international IndustriALL et le Réseau
Maquila pour la solidarité (RMS). Le RMS agit comme
secrétariat du Comité.
Les compagnies qui ont signé la lettre de
juillet 2017 sont : American Eagle Outfitters, C & A,
Fanatics Apparel, Fruit of the Loom, Gildan, Inditex (Zara), New
Balance, Nike, Patagonia , Puma, PVH, Under Armour et VF Corporation.
La lettre, adressée au secrétaire au
Travail et à la Sécurité sociale, Alfonso
Navarrete Prida, mentionne
que ce groupe de compagnies est heureux des amendements
constitutionnels et de la création de nouvelles institutions au
sein du régime juridique pour remplacer les commissions
tripartites de conciliation et d'arbitrage. Ces réformes,
poursuit la
lettre, vont permettre aux travailleurs mexicains de jouir plus
pleinement de leurs droits d'association et de négociation
collective reconnus internationalement et protégés par
les
Conventions 87 et 98 de l'OIT et vont créer un
système de justice plus fort au Mexique en matière de
travail.
Changements au salaire minimum
Dans un discours prononcé le 21 novembre,
le jour où la ronde en cours des négociations de
l'ALÉNA s'est terminée, le président du Mexique
Enrique Peña Nieto a annoncé que son gouvernement va
augmenter le salaire minimum au Mexique, le 1er
décembre 2017, de 80,04 pesos à 88,36
pesos par jour (
de 4.20 $ US à 4.70 $ US par jour), une
augmentation de 10,4 %. Il a dit que depuis cinq ans
(lorsqu'il est arrivé au pouvoir), le salaire minimum a
augmenté de 20 % en termes réels et
de 45 % nominalement, quelque chose qui n'était pas
arrivé depuis 30 ans.
Rien n'est dit au sujet de l'augmentation du coût
de la vie. Selon un rapport du Financial Times, le
salaire minimum ne s'applique pas à 60 % des Mexicains
tant est élevé le nombre d'entre eux qui travaillent dans
le
« secteur informel ».
(Réseau Maquila de
solidarité, El Economista)
La crise de la politique autochtone du
gouvernement Trudeau s'approfondit
Les familles des femmes et filles autochtones disparues
et assassinées refusent d'être écartées
- Philip Fernandez -
Les familles des femmes et filles autochtones disparues ou
assassinées participent à une vigile sur la colline du
Parlement le 4
octobre 2017. Justin Trudeau a participé à la vigile et a
été
fermement dénoncé pour le manque de progrès de
l'Enquête nationale sur les femmes et les filles
autochtones disparues.
Malgré les meilleures intentions
exprimées par d'honnêtes commissaires et membres de son
personnel, l'Enquête nationale sur les femmes et les filles
autochtones disparues continue d'être en proie à de
nombreux problèmes. Plus de 22 membres du personnel, y
compris des avocats et un commissaire, ont démissionné ou
ont été
licenciés. Plusieurs personnes ont demandé que les
modalités de l'enquête soient revues et que plus d'argent
et de temps soient alloués à l'enquête. Les
familles
des femmes et des filles autochtones disparues et assassinées
ont réitéré avec force leur demande que
l'enquête accomplisse son mandat et non le mandat du
gouvernement.
Un groupe appelé Familles pour la justice qui
représente 18 familles de femmes et de filles autochtones
disparues et assassinées a embauché un cabinet d'avocats
et annoncé, le 20 novembre, une action en justice pour
demander un statut pour le groupe à l'enquête afin que
leurs voix et les voix de leurs proches
décédés ne soient pas écartées.
De cette façon, les familles des femmes et des
filles autochtones disparues et assassinées poursuivent leur
lutte pour obtenir une enquête qui réponde à leurs
demandes. Elles veulent s'assurer que le gouvernement Trudeau ne sabote
pas l'enquête nationale pour laquelle elles se sont battues si
fort.
Elles sont maintenant confrontées à un
autre développement qui laisse prévoir de nouvelles
déceptions. Le 17 novembre, l'Enquête nationale sur
les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées a
annoncé que le monopole américain de relations publiques
Hill and Knowlton a été retenu pour « prêter
main-forte à l'enquête afin
d'améliorer ses communications avec les familles des victimes et
les organisations qui sont leurs alliées ».
C'est un développement inconcevable parce que
Hill and Knowlton est connu pour ses pratiques frauduleuses et
corrompues. C'est lui qui a organisé les fameuses «
fausses nouvelles » dans lesquelles une jeune
Koweïtienne de 15 ans aurait vu des soldats irakiens enlever
des bébés koweïtiens d'incubateurs et les tuer en
les jetant
par terre. Ce « reportage » sensationnel a
été utilisé pour légitimer l'invasion de
l'Irak par les impérialistes américains en 1991. Hill and
Knowlton ont reçu 10 millions $ US pour
services rendus.
Vigile des Soeurs par l'esprit le 4 octobre 2017 à Vancouver
On doit saisir toutefois que si l'enquête avait
pour but de faire le travail demandé par
les familles des filles et des femmes disparues et assassinées,
il n'y aurait pas de problèmes de «
communication ». Le gouvernement Trudeau n'aide pas sa
crédibilité en ce qui a trait à ses intentions
quand lui-même et des membres du
caucus libéral parlent des préoccupations importantes des
peuples autochtones dans des termes qui ressemblent aux «
trucs » qu'a donnés Hill and Knowlton dans un article
de 2016 sur la façon de « gérer les
communications » :
« La
lumière directe du
soleil désinfecte : le plus tôt vous racontez vos
mauvaises
nouvelles, le mieux c'est, mais dites tout. Sinon, elles continuent de
dégouliner goutte à goutte pendant des mois.
« Respectez les autres
points de vue. La compassion et l'empathie génèrent de la
bonne volonté. Vous pouvez être désolé des
malheurs qui arrivent aux autres sans en accepter ou en attribuer le
blâme.
« Les démentis
remplissent la une des journaux. Concentrez plutôt votre message
sur les points positifs : ce que vous avez accompli, ce que vous
faites maintenant et ce que vous vous engagez à faire et
pourquoi. »
Ces «
communications » n'ont rien à voir avec
l'amélioration des relations entre êtres humains ou de la
vie des familles autochtones qui demandent justice.
Vigile des Soeurs par l'esprit le 4 octobre 2017 à Toronto
Le problème de «
communication » se pose parce que les peuples autochtones
refusent d'accepter le statu quo ou le rejet continu de leurs
préoccupations. Depuis le lancement de l'Enquête nationale
sur les femmes et les filles disparues et assassinées en
septembre 2016, les libéraux de Justin Trudeau ont
tenté de limiter sa portée
de façon à la rendre inefficace. Cela s'accompagne d'un
tapage à l'effet que le gouvernement et le premier ministre
veulent que justice soit rendue. C'est l'expression la plus crasse de
l'hypocrisie libérale. Si on entend par justice étancher
la soif des monopoles de l'exploitation minière,
énergétique et autres qui convoitent les ressources qui
se
trouvent sous la surface des terres actuellement attribuées aux
peuples autochtones comme si ces terres ne leur appartiennent pas de
droit, alors bien sûr les libéraux ne peuvent pas
être considérés comme bien intentionnés.
Si l'enquête nationale a pour but
d'enquêter sur les causes de la violence historique contre les
femmes et les filles autochtones, elle doit faire enquête sur
l'État canadien et ses institutions constituées pour
perpétrer cette violence. Elle doit fournir réparation
pour les injustices historiques commises à l'encontre des
peuples autochtones et
remédier aux conditions sociales et économiques
désastreuses qui créent les conditions d'abus et de
maltraitance des femmes et des filles.
Les Soeurs par l'esprit à Saskatoon le 4 octobre 2017
À ce jour, toutes les tentatives de masquer la
crise dans laquelle l'enquête nationale s'est enlisée ont
échoué. Le gouvernement Trudeau croit-il vraiment que
Hill and Knowlton parviendront à camoufler la
réalité face à la vérité que
racontent les familles militantes de nos femmes et filles disparues et
assassinées, appuyées par l'ensemble de la
classe ouvrière et du peuple ? Est-ce une opération
de relations publiques à la gomme pour accomplir des objectifs
pour lesquels le gouvernement ne peut pas obtenir l'assentiment du
peuple par un échange libre d'idées et la discussion. Ou
est-ce que c'est juste un autre moyen pratique de payer les riches au
nom de grands idéaux ?
D'une manière ou d'une autre, cette mesure va se retourner
contre le gouvernement et lui attirer encore plus de mépris.
En novembre 2015, les femmes autochtones de
Val-d'Or, au Québec, ont porté plainte pour agression
sexuelle contre des policiers locaux. Aucune accusation n'a
été portée jusqu'à présent contre un
seul des 28 policiers accusés après une
enquête menée par la police elle-même. On voit
clairement que les gouvernements et
ceux qui prétendent « servir et
protéger » considèrent les femmes et les
filles autochtones comme étant sans grande importance et
ceux qui les traitent ainsi peuvent s'en sortir indemnes. C'est ainsi
que les institutions ecclésiastiques et le gouvernement ont
essayé de dissimuler les abus dans les pensionnats, les
orphelinats et les
églises pendant des décennies. Même lorsqu'il n'a
plus été possible de cacher les scandales,
ils
ont tout fait pour protéger les hauts placés et les
puissants.
Le problème auquel fait face l'enquête est
le
refus du gouvernement de redresser les torts historiques et
d'établir des relations de nation à nation d'une
manière qui respecte pleinement les
droits ancestraux des peuples autochtones de ce pays. Au lieu de cela,
elle protège les abus systémiques et la violence
organisés par l'État et ce que plusieurs
considèrent comme le camouflage de la raison pour laquelle les
assassinats de tant de femmes et de filles ne sont toujours pas
résolus. Cela renforce le soupçon que des
intérêts puissants sont
en train d'être protégés à tout prix et
détourne l'attention de l'objectif qui est de réaliser ce
que les gouvernements précédents n'ont pas réussi
à réaliser : la dépossession complète
des terres et des ressources qui appartiennent de droit aux peuples
autochtones.
Vigile des Soeurs par l'esprit le 4 octobre 2017 à
Montréal
C'est seulement la lutte des peuples eux-mêmes
qui ne permet pas aux libéraux d'éteindre les droits
ancestraux, issus de traités et constitutionnels des peuples
autochtones en toute impunité.
C'est le combat que mènent les peuples
autochtones pour que justice soit faite au moyen de l'enquête qui
est
essentiel, et non une quelconque nouvelle « stratégie de
communication » inventée par Hill
+Knowlton.
Vigile des Soeurs par l'esprit dans la Première Nation de St.
Mary au
Nouveau-Brunswick
le 4 octobre 2017
Les Soeurs par l'esprit à Windsor le 4 octobre 2017
Faisons du Canada une zone de paix!
Non à l'ingérence dans les affaires des
autres pays au nom du maintien de la paix!
- Hilary LeBlanc -
Le 15 novembre, le premier ministre Trudeau a
dévoilé les engagements de son gouvernement envers les
opérations de maintien de la paix des Nations unies lors d'une
conférence ministérielle de l'ONU tenue à
Vancouver. Le Canada était l'hôte de la conférence,
mais celle-ci était pilotée par les États-Unis qui
maintiennent leur demande d'une
réforme du maintien de la paix de l'ONU pour qu'il serve leurs
objectifs d'édification d'empire. [1]
En faisant son annonce, le premier ministre Trudeau a
dit : « La nature des conflits a changé. Les besoins
relatifs aux opérations de paix ont aussi changé. Les
offres discrètes et les engagements uniques nous ont
menés jusqu'ici, mais nous ne pourrons pas créer des
changements réels et transformateurs sans un véritable
changement
institutionnel. Le Canada est prêt à participer à
orienter ces efforts. À réfléchir à la
façon dont nous nous engageons, et non seulement aux endroits
où nous nous engageons. À combler les lacunes
institutionnelles qui nous empêchent d'être des agents de
paix encore plus efficaces dans un monde qui en a tant besoin.
Voilà comment nous comptons
protéger les enfants du monde, assurer l'autonomisation des
femmes et des filles et bâtir un monde plus pacifique et
prospère. »
Il a ensuite présenté un certain nombre
d'annonces spécifiques sur le rôle que le Canada va jouer.[2]
L'Organisation des Nations unies dans son ensemble a
grand besoin de réformes pour que les aspirations contenues dans
sa Charte qui s'opposent à l'agression et à
l'ingérence dans les affaires des États membres puissent
être réalisées et que les droits de toutes les
nations puissent être affirmés. Cela a été
et continue d'être la demande de
l'humanité suite à la Seconde Guerre mondiale. Cependant,
ce n'est pas ce que cherchent à réaliser les
réformes que le Canada, les États-Unis et d'autres
grandes puissances préconisent. Le Canada se préoccupe
plutôt de déterminer le nombre et le lieu de
déploiements de 600 soldats canadiens selon ce qui sert les
intérêts des États-Unis et de
l'OTAN. Le discours sur les conditions changeantes et le besoin
d'« être des agents de paix encore plus
efficaces » masque que la préoccupation réelle
est où le Canada va déployer ses troupes au
lieu de contribuer à la paix.
Depuis sa création, le maintien de la paix a
été utilisé par les grandes puissances pour
s'ingérer dans les affaires des États membres de l'ONU[3]. Dans la période qui a suivi la
guerre froide en particulier, au nom de la sécurité
humaine ou de la responsabilité de protéger, le Canada
s'est donné pour
mission d'inciter les Nations unies à légitimer
l'agression contre d'autres pays et à s'ingérer dans
leurs affaires au nom du maintien de la paix ou de ce qui est
maintenant appelé des opérations de paix.[4] On a dit que les dernières
annonces du Canada montrent qu'il est de retour en
matière de
maintien de la paix, contrairement à l'approche du gouvernement
Harper qui, dès le départ, insistait sur l'utilisation de
la force dans les affaires internationales hors de l'ONU, sans
l'autorisation préalable du Conseil de sécurité.
Pendant ce temps, le gouvernement Trudeau essaie de ressusciter
l'idée que le Canada va chercher à utiliser la force dans
les affaires internationales une fois qu'il aura obtenu l'approbation
du Conseil de sécurité de l'ONU. Lorsque cela va
échouer, le Canada se donne aussi la possibilité d'agir
en dehors des Nations unies en association avec les États-Unis
ou avec quiconque ayant les mêmes objectifs avec qui il va
décider de s'allier, comme il l'a fait avec ses
sanctions et ses autres actions agressives contre le Venezuela.
Les Canadiens n'appuient pas l'ingérence dans les
affaires internes d'autres pays ni le recours à la force pour
régler des conflits. L'appui des Canadiens à
l'idée du maintien de la paix repose sur leur opposition
à l'utilisation de la force pour régler les conflits
entre pays. Il repose sur l'idée que le Canada peut jouer un
rôle de neutralité
active pour aider les parties à un conflit entre nations ou au
sein d'une nation en défendant les accords conclus entre les
belligérants et en s'opposant à l'agression et à
l'intimidation. Les affirmations de hauts gradés de
l'armée au Canada et à l'étranger selon lesquelles
ces accords n'existent plus, que ce soit vrai ou faux, visent à
manipuler l'appui
des Canadiens au concept de maintien de la paix pour le transformer en
appui à l'agression au nom du maintien de la paix.
C'est le cas en Ukraine où le Canada intervient
en appui à un côté dans un conflit civil tout en
participant à l'accumulation de forces de l'OTAN qui menacent la
Russie. Le gouvernement Trudeau marche sur une corde raide dans ses
efforts pour dissimuler ses objectifs. Il agit sous le commandement de
l'OTAN en militarisant l'Europe de
l'Est et en supervisant spécifiquement la militarisation de la
Lettonie par des forces étrangères. Il place une partie
toujours plus grande du territoire du Canada sous l'emprise de
l'armée américaine pour qu'elle l'utilise pour le
stationnement de ses missiles et de ses troupes. Il cherche
également à se donner un rôle dans les conflits en
Asie alors
qu'on dit que les États-Unis veulent s'en retirer et il cible en
particulier la République populaire démocratique de
Corée (RPDC) de la manière la plus fourbe en affirmant
qu'elle menace le Canada. En fait, c'est le Canada qui continue de
menacer la RPDC alors qu'il persiste à s'associer aux
États-Unis dans
la guerre de Corée, refusant d'inciter les
États-Unis à signer un traité de paix avec la
RPDC, quelque chose que l'ONU pourrait aider à faire respecter
si une paix légitime pouvait être établie. Ce n'est
pas ce que le Canada demande car tout son programme, aligné sur
celui des États-Unis, est de ne pas permettre
l'établissement d'une paix et d'inciter plutôt au
changement de régime en
utilisant le prétexte de la « menace
nord-coréenne » pour justifier le bouclier
antimissile américain.
Plus le gouvernement parle de paix alors qu'il incite,
participe et se prépare à la guerre, plus les Canadiens
vont se convaincre que ces activités sont néfastes et
mettre de l'avant leurs propres demandes pour que le Canada soit un
facteur de paix dans les affaires mondiales.
2. Au cours de la conférence, Trudeau a
spécifiquement annoncé le lancement des « Principes
de Vancouver sur le maintien de la paix et la prévention du
recrutement et de l'utilisation d'enfants-soldats »,
créés en partenariat avec le général
à la retraite Roméo Dallaire. Il a annoncé «
l'Initiative Elsie sur
les femmes dans les opérations de paix », en
disant : « Dans le cadre de cette initiative, le Canada et
des pays partenaires offriront de l'aide et des mesures d'encouragement
pour accroître la proportion de femmes déployées
dans les opérations de paix des Nations unies. »
Il a également annoncé que le Canada
mettra à la disposition des Nations unies une gamme de
capacités militaires spécialisées. Cela comprendra
une « force de réaction rapide » qui comprend
environ 200 soldats et le matériel connexe ; une force
opérationnelle aérienne composée
d'hélicoptères armés et de service de
transport aérien tactique pour « combler les lacunes dans
la capacité des Nations unies à assurer l'acheminement de
troupes, d'équipement et d'approvisionnement jusqu'à ses
missions ».
Le Canada établira également « de
nouveaux programmes de formation conçus pour rehausser
l'efficacité globale des opérations des Nations unies. Il
mettra notamment sur pied une équipe canadienne d'assistance et
d'entraînement qui travaillera avec un pays partenaire avant et
durant son déploiement vers des opérations de paix, en
plus de
contribuer à des centres, des écoles et des
équipes de formation mobiles des Nations unies ».
La préoccupation morbide des
impérialistes
pour la défaite: l'exemple de la Conférence
de guerre de Halifax
Durant le Forum de Halifax sur la sécurité
internationale, les résidents de Halifax disent:
« Pas de port pour la guerre! »
Le Forum sur la sécurité de Halifax s'est
tenu du 17 au 19 novembre à Halifax, en
Nouvelle-Écosse. La conférence annuelle a réuni
plus de
trois cents participants de plus de 80 pays pour discuter du
thème : Paix ?
Prospérité ?
Principe ? Sécuriser lequel de ces objectifs ?
Le
thème reflète la crise
que traverse le système impérialiste alors que la paix,
la prospérité et le manque de principes tant attendus le
hantent. La paix promise par les puissances impérialistes
après la chute de l'Union soviétique n'a pas
été réalisée. L'économie mondiale
fait face à des crises de plus en plus sérieuses et
régulières. L'échec des élites
impérialistes à garder leur promesse qu l'économie
de libre marché, des élections multipartites et les
« droits humains » apporteraient la liberté, la paix
et la prospérité fait voler en éclats la
prétention que la période actuelle est la « fin de
l'histoire » et que la démocratie libérale est la
seule alternative. Tout cela provoque des cauchemars pour les
impérialistes comme c'est le cas des progrès
héroïques accomplis par les forces populaires pour montrer
que l'histoire n'a pas pris fin avec eux.
Le plus remarquable a été le discours
d'ouverture prononcé par le président du Forum, Peter Van
Praagh, qui a commencé par révéler la mauvaise
conscience des impérialistes s'est
révélée au grand jour lorsqu'il a commencé
par faire référence au centenaire de l'explosion de
Halifax qui a eu lieu le 6 décembre 1917 lorsque
le SS Mont Blanc, un
navire français chargé de munitions et
d'explosifs en route vers la France depuis New York et via Halifax, a
heurté
le SS Imo, un navire
norvégien dans le détroit qui relie
le port d'Halifax au bassin de Bedford. Cette explosion a
fait 2 000 morts et 9 000 blessés. L'explosion a
été la plus grande explosion causée par l'humain
avant le développement des armes nucléaires. Un tsunami
créé par l'explosion a anéanti la
communauté des membres
de la Première nation Mi'kmaq qui vivaient depuis des
générations dans la région de Tufts Cove.
Selon Van Praagh, « c'est l'explosion d'Halifax
qui, à bien des égards, a fait connaître en
Amérique du Nord la réalité de la guerre en
Europe ». Ce que Van Praagh n'a pas dit, c'est qu'elle
permet de réaliser que le système impérialiste qui
engendre la guerre entre rivaux cause de graves souffrances aux peuples
du monde. Puis il a
tourné la vérité à l'envers en
déclarant que « 1917 a aussi été
l'année où les États-Unis sont entrés en
guerre, ce qui a assuré son dénouement ».
Le refus d'aborder le sujet de la Grande
Révolution d'Octobre qui a eu lieu le 7 novembre 1917 et qui a
établi le pouvoir des soviets montre l'incapacité des
impérialistes et de leurs porte-parole à accepter le
rôle que le peuple, en l'occurrence le peuple russe, a
joué pour mettre fin à ce massacre impérialiste en
renversant ses dirigeants et en sortant la Russie de la guerre. Au lieu
de reconnaître ce fait, Van Praagh a plutôt
déclaré que la révolution russe a
été au XXe
siècle le premier « grand système
rival » au « capitalisme démocratique
libéral ». Cela montre clairement que pour les
impérialistes et leurs acolytes, il n'existe que des rivaux
potentiels et non des êtres humains aspirant à une
société nouvelle et moderne. Ils ne peuvent pas entrevoir
l'avenir parce qu'ils pensent que tout le monde est
comme eux.
Pour faire en sorte que les Canadiens ne s'identifient
pas à la Grande Révolution socialiste d'Octobre, mais
plutôt aux criminels de guerre et de génocide, il a
ajouté que 1917 a aussi été la même
année « qu'un jeune David Ben Gourion est arrivé en
Nouvelle-Écosse pour s'entraîner avec un bataillon
britannique qui finirait par se
retrouver en Terre Sainte ; la déclaration de Balfour qui
allait déclencher des changements majeurs au Moyen-Orient a
été émise il y a 100 ans ce
mois-ci ».
Le Forum et son ordre du jour représentent le
monde impérialiste en pleine crise. Son existence devient
injustifiable et ses organisateurs se sont fixés l'impossible
tâche d'assurer sa domination au milieu de toutes les
contradictions inhérentes à celui-ci. L'ordre du jour du
Forum reflète la préoccupation morbide pour la
défaite d'une section de
la classe dirigeante au niveau international au milieu des menaces
perçues à sa propre existence. Dans ce contexte, le
rôle des peuples, leur combat pour la paix, la démocratie
et leurs droits deviennent aussi des menaces à son existence.
Van Praagh a conclu son allocution d'ouverture en
déclarant : « Alors que la Chine défie, que la
Russie s'ingère, que la Corée du Nord menace et que le
terrorisme international continue à un moment où le monde
s'adapte à un nouveau style de leadership américain, les
conversations qui se tiendront ce week-end auront une certaine
influence sur la façon dont les générations
futures, dans 100 ans, jugeront comment nous avons
identifié et sécurisé notre objectif
commun. »
L'objectif commun est précisément ce que
la classe dirigeante ne peut pas atteindre mais elle organise des
forums comme ceux-ci pour essayer d'essayer d'unir ses propres
factions belligérantes de peur de tout perdre.
Comme ils le font depuis la création du Forum,
les Haligoniens se sont rassemblés devant le Forum et ont brandi
la bannière de la paix, pour un gouvernement antiguerre et pour
que le Canada sorte de l'alliance belliciste de l'OTAN. Leur refus de
permettre aux fauteurs de guerre de comploter et manigancer sous le
couvert de l'étreinte
chaleureuse et de l'appareil de sécurité du gouvernement
Trudeau montre qu'en effet, cent ans plus tard, les gens de Halifax
affirment : Pas de port pour la guerre !
Notes
1. PROJET D'ORDRE DU
JOUR DU FORUM DE HALIFAX DE 2017
Séances plénières
(consignées)
La paix ? La prospérité ? Le
principe ? Sécuriser lequel de ces objectifs ?
Le nucléaire : le feu et la furie
Arsenaliser le capital : une
périphérique, un chemin, une voie
Faire la paix avec les
femmes
Rapprochement avec la Russie : préparation
pour l'après-Poutine
Armées de satellites : la course dans
l'espace
Reconstruire le Moyen-Orient : de la guerre civile
à la société civile
Changements climatiques : Houston, nous avons une
solution
Séances de groupe élargies
(confidentielles)
Solutions aux conflits réels : le monde
après Vancouver
Corée du Nord : invectives ou guerre ?
L'électeur non invité : truquage
dans le cyberespace
EI : Avons-nous gagné ?
Relations Inde-Chine
Vivre et mourir dans le voisinage de la Russie
Séances de groupe réduites
(confidentielles)
Afghanistan, Afghanistan
AI : « Awesome Initiative » ou
Apocalypse imminente ?
Le printemps arabe, espoir éternel
Le cyberespace domine le futur
Séismes, volcans et inondations : Qui
allez-vous appeler ?
Quatre famines : la nourriture intellectuelle ne
suffit pas
De Belfast à Bagdad : l'évolution du
terrorisme
GCC : le Golfe de la coopération ?
La géopolitique de l'énergie : quoi
de neuf sous le soleil ?
Immigration : la solution canadienne
Inclure
l'Afrique : leçons à retenir
Le renseignement : de l'espionnage au mensonge
Israël : un siècle après Balfour
Les options stratégiques du Japon
Redonner sa gloire à l'Amérique latine
Merkel et Macron : l'axe de l'Europe
Les médias : une responsabilité
d'informer (honnêtement, complètement)
Sécuriser les mers : les eaux troubles de
l'Asie
Discret, intelligent et ferme : point
d'équilibre entre puissances
L'Europe du Sud-Est aujourd'hui
Les guerres civiles (de l'ONU) : ramener la paix
Où est mon domicile ? La question des
réfugiés
Qui est le peuple ? L'avenir de la
démocratie
Qui a peur du commerce mondial ?
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