Le Marxiste-Léniniste

Numéro 44 - 4 novembre 2017

100e anniversaire de la Grande Révolution socialiste d'Octobre

La plus grande révolution
qui a ébranlé le monde

PDF

Célébration du centenaire de la Grande
Révolution socialiste d’Octobre


100e anniversaire de la Grande Révolution socialiste d'Octobre

La plus grande révolution qui a ébranlé le monde - Déclaration du Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste)
Bâtissons le Parti communiste et le Front prolétarien!
Pour le quatrième anniversaire de la Révolution d'Octobre - Lénine, 1921

Lénine et le léninisme
Le nom et l'oeuvre de Lénine auront toujours une place d'honneur - Centre de ressources Hardial Bains
Le léninisme: une idéologie indispensable pour ouvrir la voie au progrès de la société - Hardial Bains 


Supplément
Le Parti bolchévik prépare et accomplit la Révolution socialiste d'Octobre

 


100e anniversaire de la Grande Révolution socialiste d'Octobre

La plus grande révolution qui a ébranlé le monde

La plus grande révolution qui a ébranlé le monde, inaugurant l'ère de l'impérialisme et de la révolution prolétarienne, a eu lieu il y a cent ans, le 7 novembre 1917. Le Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) salue cette révolution, pleinement convaincu que le passage du capitalisme au socialisme est inévitable. Nous sommes convaincus que les travailleurs et les peuples opprimés du monde ne trouveront leur émancipation que dans une répétition de la Révolution d'Octobre. Les conditions de l'impérialisme qui ont donné naissance à la Grande Révolution d'Octobre existent toujours. La contradiction entre l'impérialisme et les peuples et nations opprimés, la contradiction entre les pays impérialistes et les groupes monopolistes et la contradiction entre la bourgeoisie et le prolétariat existent toujours. Tant que ces conditions existent, il y aura une lutte pour les résoudre.

Aujourd'hui, les forces réactionnaires qui ont renversé le premier État aux mains des travailleurs sont dans une crise profonde. Pour détourner l'attention de leur crise et de la recherche de solutions, elles continuent d'utiliser l'image du communisme créée durant la Guerre froide pour priver les travailleurs et les peuples d'une conception du monde avec laquelle ils peuvent accomplir les changements nécessaires. Pour elles, le communisme est une dictature brutale parce qu'il les prive de tous leurs privilèges et répudie tous les rapports inhumains basés sur la propriété. Ces forces croient que la démocratie libérale corrompue et déchue est la fin de l'histoire. Elles tentent de détourner l'attention de la grave crise de la démocratie bourgeoise pour que la classe ouvrière n'envisage pas ce qu'il faut faire pour changer la direction de l'économie et créer de nouveaux arrangements qui soient en faveur de la classe ouvrière et du peuple. Entretemps, la démocratie libérale a été réduite à ses pouvoirs de police. Cela requiert la criminalisation de la parole et de la dissidence au pays et la guerre et l'agression à l'étranger.


Affiche soviétique: « Les nations coloniales opprimées se dresseront contre l'impérialisme sous la bannière de la Révolution prolétarienne. »
(Cliquer pour agrandir)

L'Union soviétique a joué un rôle crucial dans la défaite du nazisme, du fascisme et du militarisme japonais. Les peuples du monde entier ont marché au rythme des victoires de la Deuxième Guerre mondiale pour réclamer la paix, la liberté et la démocratie et se sont tournés vers le communisme pour affirmer leurs droits et remporter leur libération nationale. Après la Deuxième Guerre mondiale, la réputation du communisme a atteint des sommets en Asie, en Afrique, en Amérique latine et dans les Caraïbes, de même que dans les forteresses de l'impérialisme. Les peuples ont réalisé de grands progrès dans leurs luttes pour l'émancipation et pour mettre fin à la domination coloniale et impérialiste. Pour freiner cette avance, les impérialistes anglo-américains ont déclenché la Guerre froide, pour étouffer la lutte des peuples pour leurs droits. Les institutions de la subversion internationale et les alliances militaires agressives ont été mises à contribution pour bloquer tout progrès. Une vaste campagne internationale de mensonges et de falsifications a été lancée pour semer le doute sur le communisme et l'Union soviétique qui avaient donné de grands espoirs et étaient une source d'inspiration pour les peuples qui luttaient pour la libération nationale et tous ceux qui se battaient pour l'émancipation sociale partout dans le monde. Les agences impérialistes ont introduit la politique bourgeoise dans le mouvement communiste et ouvrier. Elles ont recouru et recourent toujours aux ragots au sujet de personnalités et d'événements pour priver la classe ouvrière de sa propre conception du monde.

Aujourd'hui, les forces réactionnaires continuent de prétendre que si le socialisme a échoué en Union soviétique, c'est en raison d'une faille inhérente. Elles ne disent pas de quelle faille il s'agit. Certains en concluent que le socialisme scientifique est bien en théorie mais ne marche pas en pratique. Comment ce qui est vrai en théorie peut-il être faux en pratique ? C'est une contradiction en soi, mais cela non plus on ne se donne pas la peine de l'expliquer. Les spéculateurs s'efforcent de convaincre le monde par tous les moyens que la révolution socialiste et la construction socialiste sont des phénomènes du passé. Le socialisme et le communisme sont révolus, selon eux. On laisse entendre que la restauration complète du capitalisme dans la Fédération russe et ailleurs est une tendance irréversible.

Ces spéculateurs négligent de reconnaître comment la vie fonctionne. La dialectique nous enseigne que tout progrès doit nécessairement surmonter la résistance de l'ancien et que c'est ainsi que naît le nouveau. Le capitalisme est l'ancien et le socialisme est le nouveau. Seul le socialisme peut résoudre les contradictions inhérentes aux conditions actuelles et créer la société nouvelle.

La bourgeoisie ne veut toutefois pas admettre que les mêmes conditions de l'impérialisme existent toujours et qu'en fait la situation s'est aggravée. L'effondrement de l'Union soviétique a relancé la crise du capitalisme de façon significative. Les prétentions que la thérapie de choc allait éradiquer les problèmes du système capitaliste n'ont rien produit, et ce, malgré les tentatives de jeter le blâme pour une partie de ces problèmes sur le socialisme et le communisme. Les conditions dans les pays qui formaient l'Union soviétique et dans les anciennes démocraties populaires d'Europe de l'Est ne cessent de se détériorer : montée de la pauvreté, chômage, dislocation de l'économie, criminalité grimpante et chaos dans les affaires politiques et culturelles. La même chose vaut pour les prétendues démocraties occidentales où le contrat social a été rompu, les arrangements de l'État-providence sont détruits et tous les maux du capitalisme moderne rongent rapidement le tissu social. Le vain espoir qu'on a fait miroiter aux yeux de la classe ouvrière que les « bienfaits » de prétendues réformes radicales allaient un jour atteindre les masses travailleuses s'est depuis longtemps évanoui. Les conditions de vie et de travail du peuple ne cessent de se détériorer.

Le Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) est d'avis que le socialisme a subi un revers à cause de l'échec à réaliser les réformes sociales et politiques nécessaires pour développer le rôle dirigeant de la classe ouvrière dans l'économie, la politique, la culture et toutes les affaires de la société. Des réformes capitalistes ont été substituées aux réformes socialistes au milieu des années 1950. Le contenu des rapports entre les gens dans le processus de production a été changé : s'ils favorisaient autrefois le peuple, dorénavant ils favorisaient une caste dominante qui usurpait le pouvoir par la destruction systématique des organes du pouvoir populaire. Une nouvelle bourgeoisie s'est formée à partir des échelons supérieurs du Parti, de l'État, de l'armée et de la police et à partir des classes exploiteuses renversées.

Alors qu'une période de repli de la révolution s'installait à l'échelle mondiale et que l'initiative passait aux mains des forces réactionnaires, le concept même de société a été détruit par Margaret Thatcher, une offensive antisociale brutale a été lancée. Cette offensive antisociale a détruit les arrangements de la société civile dont le but est de voir au bien-être du peuple. La destruction nationale est devenue l'ordre du jour. Des intérêts privés regroupés dans des oligopoles ont usurpé les fonctions du pouvoir d'État et provoquent des ravages partout dans le monde. Il incombe à la classe ouvrière d'assumer son rôle dirigeant en reprenant tout au point de départ. Partant du présent, la classe ouvrière élabore un plan d'action qui sert ses intérêts et ceux de la société. Elle s'efforce de créer une tendance prosociale. Elle doit, pour ce faire, engager les masses du peuple dans la discussion et le débat sur le genre de système qui doit remplacer le système pourri d'esclavage salarié et d'asservissement impérialiste, de destruction, d'agression et de guerre. À cet égard, l'expérience de la révolution et de la construction socialistes au cours du vingtième siècle est cruciale pour réussir.

En ces temps de repli de la révolution, où s'aiguisent les contradictions impérialistes, où les peuples et nations s'éveillent aux dangers que l'impérialisme fait planer sur eux et que la classe ouvrière brandit la bannière de la tendance prosociale contre la bourgeoisie, il incombe à toutes les forces marxistes-léninistes révolutionnaires d'élaborer la théorie et la pratique de la révolution. C'est le temps de se préparer pour le moment où les conditions seront réunies pour les batailles décisives. Tout en se préparant et en s'attaquant aux problèmes de la théorie et de la pratique, la classe ouvrière ne perd pas de vue la voie stratégique ouverte par la victoire de la Grande Révolution d'Octobre guidée par le marxisme-léninisme. Cette voie demeure valide et obligatoire pour tous dans les conditions actuelles.

Le Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) saisit l'occasion pour transmettre ses salutations révolutionnaires aux communistes de tous les pays, aux travailleurs de tous les pays, au peuple cubain qui lutte pour défendre sa révolution et au peuple de la République populaire démocratique de Corée qui lutte pour préserver son indépendance et réaliser la réunification de sa patrie, au peuple vietnamien et à tous les peuples qui combattent pour leurs droits. Nous saluons toutes les forces combattantes et les appelons à aller de l'avant avec confiance car le vent va tourner tôt ou tard et viendront encore les jours d'un essor révolutionnaire. Les choses vont changer et nos succès d'aujourd'hui se transformeront en victoire finale.

Guidés par la théorie du marxisme-léninisme, les travailleurs de tous les pays pourront formuler leur propre théorie et pratique suivant leurs conditions concrètes à l'échelle nationale et internationale et ils monteront à nouveau sur les barricades pour la victoire de la révolution mondiale. Les travailleurs et les peuples opprimés du monde ouvriront la voie au progrès de la société et à l'émancipation de l'humanité.

Vive le centième anniversaire de la Grande Révolution socialiste d'Octobre !
Soutenons la lutte de tous les travailleurs et peuples et nations
opprimés du monde pour leurs droits !
Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! Gloire au marxisme-léninisme !

Haut de page


Bâtissons le Parti communiste et
le Front prolétarien!


Lénine proclame le pouvoir des soviets lors de l'historique Deuxième Congrès panrusse des Soviets le 26 octobre (7 novembre) 1917. Un des premiers actes du nouveau gouvernement est de promulguer le Décret sur la paix pour retirer la Russie de la Première Guerre mondiale.  (Détail du tableau « Lénine proclame le pouvoir des Soviets » de Vladimir Serov, 1947)

La Grande Révolution d'Octobre a ébranlé le vieux monde jusque dans ses fondements et a inauguré un monde nouveau. Sa victoire signalait la fin de la Première Guerre mondiale, qui fut un horrible affrontement entre puissances impérialistes pour le repartage du monde.

La Révolution d'Octobre a créé le premier État socialiste et a réuni les conditions pour l'avènement du pouvoir soviétique, un projet d'édification nationale mené par le Front prolétarien. Sous la direction du Parti communiste, la classe ouvrière et la paysannerie retirèrent immédiatement la Russie de la guerre et entreprirent de régler les comptes avec leur propre bourgeoisie impérialiste et la classe des seigneurs féodaux. Le Front prolétarien et ses contingents de défense qui allaient devenir l'Armée rouge déroutèrent les forces policières et militaires de la bourgeoisie impérialiste et des seigneurs de Russie qui avaient le soutien d'une intervention militaire de quatorze pays.

Le nouveau pays entreprit de bâtir le socialisme, non pas avec des énoncés de principe mais avec des actes pour garantir au peuple russe une éducation publique, un système de santé, des conditions de vie humaines et un contrôle de ses affaires économiques et politiques. Il s'agissait de réalisations sans précédent. Le pays fut rapidement industrialisé et une base matérielle était ainsi créée pour répondre aux besoins de la population et se défendre contre l'agression impérialiste.


Toronto, 6 mai 2017

L'Union soviétique a écrit un chapitre inoubliable dans les annales de l'histoire des peuples en écrasant les hordes nazies qui prirent le pays d'assaut en 1941. Par leur lutte héroïque sous la direction du Parti communiste, les peuples soviétiques firent d'immenses sacrifices durant la Deuxième Guerre mondiale pour défaire les puissances de l'Axe : l'Allemagne nazie, l'Italie fasciste et le Japon militariste. Cela galvanisa les luttes anticoloniales et de libération nationale en Afrique, en Asie, en Amérique latine et dans les Caraïbes et montra aux peuples du monde que la bourgeoisie impérialiste peut être battue. Cela est possible si l'on défend et si l'on avance sur la voie de Lénine et du Front prolétarien.

Ensemble, ouvrons la voie au progrès de la société


Illustration des célébrations du 100e anniversaire de la Révolution d'Octobre
aux Philippines

Le centième anniversaire de la Grande Révolution socialiste d'octobre arrive 26 ans après l'effondrement de l'Union soviétique. L'humanité peut voir clairement que la quête de domination mondiale de l'impérialisme américain est dans une crise profonde. Tous peuvent voir également que le pouvoir mis en place en Russie et dans les pays d'Europe de l'Est depuis la restauration capitaliste n'a pas livré la prospérité et la sécurité promises pour les peuples. L'euphorie de la bourgeoisie s'est évanouie depuis longtemps. La primauté du droit établie et rétablie dans ces pays remplace une forme de corruption par une autre et est maintenant devenue, sous prétexte de guerre permanente contre la terreur, le pouvoir d'exception et le gouvernement des pouvoirs de police plutôt qu'un gouvernement des lois. Entretemps, les peuples ont été écartés du pouvoir et sont placés devant le fait accompli de conflits sans fin et d'une détérioration continuelle de leurs conditions et sont même livrés à des guerres civiles réactionnaires et sanglantes, comme en Ukraine.

Aujourd'hui, l'anarchie et le chaos dominent tous les aspects de la vie économique, politique, sociale et culturelle. Les pays qui ont abandonné la voie de la Révolution d'Octobre sont aux prises avec tous les maux du système capitaliste : la pauvreté d'un côté et les richesses fabuleuses des oligarchies de l'autre, et une grande marginalisation du peuple par rapport aux affaires économiques et politiques. Dans les forteresses impérialistes, des valeurs sont identifiées à l'intérêt national et tout pays qui n'accepte pas que les États-Unis sont indispensables risque l'anéantissement.Ce que les États-Unis ne peuvent contrôler, ils entreprennent de le détruire. Sans politique il ne peut y avoir de négociations de paix non plus.

À part cette réalité qui s'affirme, les leçons de la Révolution d'Octobre et de ses principes léninistes ne sont pas prises au sérieux. L'obstination à maintenir les prescriptions sociales-démocrates est ancrée profondément et infecte aussi profondément le mouvement ouvrier, pas seulement en Europe mais partout dans le monde. Les sociaux-démocrates confondent le gouvernement et le pouvoir d'État et croient qu'il suffit de capturer le gouvernement pour ensuite mettre en oeuvre des énoncés de principe socialistes. En attendant d'être au gouvernement, disent-ils, la classe ouvrière et ses alliés doivent se contenter de faire pression sur le pouvoir gouvernemental pour le convaincre d'être prosocial. Cette voie parlementaire au socialisme est très enracinée dans les pays impérialistes. Quand Lénine l'a combattue sans compromis et a mené le prolétariat et les paysans de Russie à la victoire de la Révolution d'Octobre, cela devint évidemment la catastrophe pour les sociaux-démocrates qui, en alliance avec les nazis, ont tout fait pour détruire le projet d'édification nationale de la classe ouvrière et son influence positive dans le monde.

Dans les pays impérialistes, y compris l'Union soviétique après la mort de Staline, la trahison du marxisme-léninisme et l'adoption d'une variante ou d'une autre du pragmatisme furent profondes et sur une grande échelle. Une lutte résolue a dû être menée pour secourir la bannière du marxisme-léninisme et ses principes. Il a fallu défendre la conclusion léniniste que le gouvernement est une des institutions au sein de l'État et qu'il est loin d'en être la plus puissante. Le pouvoir ultime de l'État bourgeois est le pouvoir de police, qui établit différents paliers de police secrète constituée d'intérêts privés et comprend entre autres la police politique secrète et les agences d'espionnage. Une des tâches principales qui sont confiées au pouvoir de police, qui est contrôlé et dirigé par la bourgeoisie impérialiste au pouvoir, est de priver le corps politique d'une conception du monde favorable à la classe ouvrière et au peuple. Tout est fait pour écraser le mouvement politique du peuple pour s'investir du pouvoir.

Tout gouvernement sérieux qui envisage le socialisme comme plus qu'un énoncé de politique doit se mesurer au pouvoir de police. Celui-ci est le centre du pouvoir de la bourgeoisie impérialiste. La seule force qui puisse faire face au pouvoir de police et en venir à bout est le Front prolétarien dirigé par le Parti communiste. Dans les pays impérialistes, l'hésitation à bâtir le Front prolétarien est endémique en raison de facteurs multiples, dont l'énorme pression idéologique exercée par l'élite dirigeante, en particulier le pragmatisme, et en raison de l'abondance de richesse sociale qui est volée aux pays opprimés et peut être utilisée pour soudoyer les dirigeants de la classe ouvrière et les intellectuels.

De la révolution à la contre-révolution, l'histoire connaît ses tours et détours et notre responsabilité est de faire en sorte que nous contribuions à ouvrir la voie au progrès de la société. En cette grande occasion du centenaire de la Révolution d'Octobre, le Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) exprime sa pleine confiance que l'humanité va toujours garder en mémoire avec admiration et respect les journées d'octobre 1917 où le prolétariat a fait retentir ses premières salves à l'aube d'un monde nouveau.

L'histoire va à coup sûr connaître d'autres révolutions du calibre de la Grande Révolution socialiste d'Octobre. Les classiques du marxisme et du léninisme demeurent un guide vivant qui permet de transformer les succès que l'humanité a remportés jusqu'à maintenant en victoire durable. La confiance que nous avons dans la classe ouvrière et dans le facteur humain/conscience sociale nous inspire à bâtir le Parti communiste et le Front prolétarien en tant que condition subjective nécessaire de la révolution.

Vive la Grande Révolution socialiste d'Octobre!
Vive le léninisme!
Travailleurs et peuples opprimés du monde, unissez-vous!

Note

1. En 1944, le président de la Chambre de commerce des États-Unis, Eric Johnson, a dit de l'économie soviétique qu'elle était « une réalisation sans précédent dans l'histoire industrielle du monde ». 

À la fin du premier plan quinquennal en 1933, l'Union soviétique était le deuxième pays le plus industrialisé, ayant doublé le nombre de ses travailleurs industriels de 11 à 22 millions et doublé sa production industrielle. Dans les républiques d'Asie centrale et au Kazakhstan, le taux de croissance industrielle a quadruplé et sextuplé. Le premier plan quinquennal a été un grand succès, comme en témoignent les indices de production dans le secteur minier, dans l'acier et dans les produits chimiques. Des usines ont été construites pratiquement partout et il en a été de même de barrages et de chemins de fer géants. Pendant le deuxième plan quinquennal, en 1935, les mineurs de charbon ont dépassé du double la production de l'Allemagne et, en 1936, le complexe sidérurgique de Magnitogorsk est devenu le plus grand complexe du genre en Europe alors que l'usine de tracteurs sur chenilles de Chelyabinsk était la plus grande au monde.

Dans plusieurs secteurs de l'industrie lourde, comme l'acier, la fonte, l'aluminium et le pouvoir électrique, la production de l'Union soviétique avait dépassé celle des pays capitalistes traditionnels. L'Union soviétique représentait 10% de la production industrielle mondiale. Entre 1924 et 1940, la culture céréalière a augmenté de 11%; la production de charbon de 10%; celle de l'acier de 18%; celle des industries mécaniques et métallurgiques de 150% et le revenu national de 10%. Le nombre des travailleurs d'usines et de bureaux est passé de moins de 8 millions à 37 millions et, entre 1913 et 1940, la production pétrolière est passée de 9 millions à 35 millions de tonnes, pendant que des milliers d'unités de tracteurs, de moissonneuses-batteuses et de machines-outils étaient aussi construites. Au début de 1930, il y avait 34 900 tracteurs en Union soviétique et en 1938 ce nombre avait été multiplié par 14 et atteignait les 483 500. Pendant cette même période, le nombre des moissonneuses-batteuses est passé de 1 700 à 153 000 et celui des moissonneuses de 4 300 à 130 800.

Volume de la production industrielle (en pourcentage de 1929)

 
    1929
     1930
      1931
      1932
      1933
URSS
     100
     129,7 
      191,9
      189,7
      201,6
États-Unis
     100
     80,7
      68,1
      53,8
      64,9
Royaume-Uni
     100
     92,4
      83,8
      83,8
      86,1
Allemagne
     100
     88,3
      71,7
      59,8
      66,8
France
     100
     100,7
      89,2
      69,1
      77,4
 
Pays
Nombre de chômeurs en 1933, durant la période de la fin du premier quinquennat en Union soviétique
Union soviétique
0
Angleterre
2,800,000
Allemagne
5,500,000
États-Unis
17,000,000
Italie
1,300,000
Espagne
6,500,000

(Sources: mltheory.wordpress.com; Henri Barbusse. Stalin. (New York: The MacMillan Company,1935), pp 201-205)

Haut de page


Pour le quatrième anniversaire de
la Révolution d'Octobre


Affiche de la période de 1917 à 1921 : « Seule l'union étroite des travailleurs et des paysans sauvera la Russie de la destruction et de la famine. »

Voici venir le quatrième anniversaire du 25 octobre (7 novembre). Plus cette grande journée s'éloigne de nous, et plus clair devient le rôle de la révolution prolétarienne en Russie, plus profondément aussi nous méditons l'expérience pratique de notre travail, considérée dans son ensemble.

Si l'on veut donner un aperçu très succinct et, partant fort incomplet, insuffisamment précis, de ce rôle et de cette expérience, voici ce qu'on peut dire. La révolution en Russie s'assignait comme objectif direct, immédiat, une tâche démocratique bourgeoise : supprimer les vestiges du Moyen Âge, les faire disparaître à jamais, nettoyer la Russie de cette barbarie, de cette honte, de ce qui freinait démesurément toute culture et tout progrès dans notre pays. Et nous sommes en droit d'être fiers d'avoir opéré ce nettoyage beaucoup plus résolument, plus vite, plus hardiment, avec beaucoup plus de succès, d'ampleur et de profondeur -- du point de vue de l'action exercée sur la masse populaire, sur le gros de cette masse -- que ne l'avait fait la Grande révolution française, il y a plus de 125 ans.


Lénine parle à des travailleurs de manufactures. Tableau de Nalbandyan, 1950

Anarchistes et démocrates petits-bourgeois (c'est-à-dire les menchéviks et les socialistes-révolutionnaires, en tant que représentants russes de ce type social international) ont embrouillé et continuent à embrouiller terriblement la question du rapport entre la révolution démocratique bourgeoise et la révolution socialiste (c'est-à-dire prolétarienne). La justesse de notre conception du marxisme sur ce point, de notre façon d'utiliser l'expérience des révolutions passées s'est, depuis quatre ans, pleinement vérifiée. Nous avons, comme personne, mené jusqu'au bout la révolution démocratique bourgeoise. C'est en toute conscience, d'un pas ferme et sans dévier que nous marchons en avant, vers la révolution socialiste, sachant qu'elle n'est pas séparée de la révolution démocratique bourgeoise par une muraille de Chine, sachant que seule la lutte décidera de l'avance que nous réussirons à prendre (en fin de compte), de la portion de notre tâche infiniment grande que nous exécuterons, de la partie de nos victoires que nous consoliderons. Qui vivra verra. Mais dès aujourd'hui nous voyons qu'un travail prodigieux -- pour un pays ruiné, exténué, arriéré -- a été accompli quant à la transformation socialiste de la société.

Mais terminons cet aperçu sur le contenu démocratique bourgeois de notre révolution. Les marxistes doivent comprendre ce qu'il en est. A titre d'illustration, prenons quelques exemples pratiques.

Le contenu démocratique bourgeois de la révolution, c'est l'élimination des coutumes moyenâgeuses, du servage, du féodalisme dans les rapports sociaux (régime, institutions).

Quelles étaient les manifestations essentielles, survivances et vestiges du servage en Russie à la veille de 1917 ? La monarchie, les castes, la propriété terrienne et la jouissance du sol, la situation de la femme, la religion, l'oppression des nationalités. Prenez n'importe laquelle de ces « écuries d'Augias » laissées, soit dit à propos, dans une notable mesure, incomplètement nettoyées par tous les États avancés au moment où ils firent leurs révolutions démocratiques bourgeoises, il y a 125, 250 ans et plus (1649 en Angleterre), -- prenez n'importe laquelle de ces écuries d'Augias : vous verrez que nous les avons nettoyées à fond. En quelque dix semaines, depuis le 25 octobre (7 novembre) 1917 jusqu'à la dissolution de la Constituante (5 janvier 1918), nous avons fait dans ce domaine mille fois plus que n'ont fait, en huit mois d'exercice de leur pouvoir, démocrates et libéraux bourgeois (cadets) et démocrates petits-bourgeois (menchéviks et socialistes-révolutionnaires).

Ces poltrons, ces bavards, ces Narcisse épris d'eux-mêmes et ces Hamlet au petit pied, brandissaient un glaive de carton -- et ils n'ont pas même supprimé la monarchie ! Nous avons vidé l'ordure monarchique comme jamais personne ne l'a fait. Nous n'avons pas laissé pierre sur pierre, brique sur brique, de l'édifice séculaire du régime des castes (jusqu'à présent les pays les plus avancés, comme l'Angleterre, la France, l'Allemagne n'ont pas encore fait disparaître les vestiges des ordres !). Les racines les plus profondes de ce régime, savoir : les restes de la féodalité et du servage dans la propriété terrienne, nous les avons extirpées à fond. « On peut discuter » (il y a à l'étranger suffisamment de littérateurs, de cadets, de menchéviks et de socialistes-révolutionnaires pour se livrer à ces discussions) sur la question de savoir ce qui résultera « au bout du compte » des réformes agraires de la Grande Révolution d'Octobre. Nous ne sommes pas disposés aujourd'hui à perdre notre temps à ces discussions, car c'est par la lutte que nous tranchons ce différend et toute la masse des différends qui s'y rattachent. Mais on ne saurait contester le fait que, huit mois durant, les démocrates petits-bourgeois « se sont entendus » avec les grands propriétaires fonciers, dépositaires des traditions du servage, tandis que quelques semaines nous ont suffi pour balayer à jamais de la terre russe ces propriétaires et toutes leurs traditions.

Prenez la religion, ou l'absence de droits pour la femme, ou l'oppression et l'inégalité en droits pour les nationalités non russes. Autant de problèmes relevant de la révolution démocratique bourgeoise. Les plats personnages de la démocratie petite-bourgeoise ont palabré sur ce thème huit mois durant ; il n'est pas un seul pays, parmi les plus avancés du monde, où ces questions aient été résolues jusqu'au bout dans le sens démocratique bourgeois. Chez nous, elles ont été résolues jusqu'au bout par la législation de la Révolution d'Octobre. Nous avons combattu pour de bon et continuons de combattre la religion. Nous avons octroyé à toutes les nationalités non russes leurs propres républiques ou régions autonomes. La Russie ne connaît plus cette bassesse, cette infamie et cette ignominie, qu'est l'absence de droits ou l'inégalité des droits pour la femme, cette survivance révoltante de la féodalité et du moyen âge, replâtrée dans tous les pays du globe, sans exception aucune, par la bourgeoisie cupide et la petite bourgeoisie obtuse et effarée.

C'est là le contenu de la révolution démocratique bourgeoise. Il y a cent cinquante et deux cent cinquante ans, les chefs éclairés de cette révolution (de ces révolutions, s'il s'agit de chaque variété nationale d'un type commun) avaient promis aux peuples d'affranchir l'humanité des privilèges moyenâgeux, de l'inégalité de la femme, des prérogatives accordées par l'État à telle ou telle religion (ou « à l'idée de religion », à la « religiosité » en général), de l'inégalité des nationalités. Cette promesse, ils ne l'ont pas tenue. Ils ne pouvaient le faire, car ils en ont été empêchés par le « respect » de la « sacro-sainte propriété privée ». Notre révolution prolétarienne n'avait pas ce « respect » maudit à l'égard de ces survivances moyenâgeuses trois fois maudites et de cette « sacro-sainte propriété privée ». Mais pour consolider, au profit des peuples de Russie, les conquêtes de la révolution démocratique bourgeoise, nous devions gagner du terrain. C'est ce que nous avons fait. Nous avons résolu les problèmes de la révolution démocratique bourgeoise en passant, en cours de route, comme un « produit accessoire » de notre principale et véritable action révolutionnaire, prolétarienne, socialiste. Les réformes, avons-nous toujours dit, sont un produit accessoire de la lutte de classes révolutionnaire. Les réformes démocratiques bourgeoises -- nous l'avons dit et l'avons prouvé par nos actes -- sont un produit accessoire de la révolution prolétarienne, c'est-à-dire socialiste. Au reste, tous les Kautsky, Hilferding, Martov, Tchernov, Hilquit, Longuet, MacDonald, Turati et autres bonzes du marxisme « II 1/2 » n'ont pas su comprendre ce rapport entre la révolution démocratique bourgeoise et la révolution socialiste prolétarienne. La première se transforme en la seconde. La seconde résout, en passant, les problèmes de la première. La seconde corrobore l'oeuvre de la première. La lutte, et la lutte seule, décide dans quelle mesure la seconde réussit à surpasser la première.

Le régime soviétique est précisément l'une des confirmations ou manifestations éclatantes de cette transformation d'une révolution en une autre. Le régime soviétique est le maximum de démocratisme pour les ouvriers et les paysans ; en même temps, il implique la rupture avec le démocratisme bourgeois et l'apparition, dans l'histoire mondiale, d'un nouveau type de démocratie, savoir : le démocratisme prolétarien ou la dictature du prolétariat.

Que les cabots et les porcs de la bourgeoisie agonisante et de la démocratie petite-bourgeoise qui se traîne à sa suite, nous accablent de malédictions, d'injures, de railleries pour les impairs et les erreurs que nous commettons en construisant notre régime soviétique. Nous n'oublions pas un instant que nous avons commis et commettons encore une foule d'impairs et d'erreurs. Le moyen de ne pas en commettre dans une oeuvre aussi neuve dans l'histoire mondiale qu'est la création d'un type encore inconnu de régime d'État ! Nous lutterons sans désemparer pour corriger nos impairs et nos erreurs, pour améliorer l'application très imparfaite que nous faisons des principes soviétiques. Mais nous sommes en droit d'être fiers, et nous le sommes en effet, de ce que le bonheur nous soit échu de commencer la construction de l'État soviétique, de commencer ainsi une nouvelle époque de l'histoire mondiale, époque de domination d'une nouvelle classe, opprimée dans tous les pays capitalistes et s'acheminant partout vers une vie nouvelle, vers la victoire sur la bourgeoisie, vers la dictature du prolétariat, vers l'affranchissement de l'humanité du joug du capital, des guerres impérialistes.

La question des guerres impérialistes, de la politique internationale du capital financier prédominant aujourd'hui dans le monde entier, -- politique qui inéluctablement engendre de nouvelles guerres impérialistes et pousse nécessairement à une accentuation inouïe de l'oppression nationale, du pillage, du brigandage, de l'étranglement des petites nationalités faibles et arriérées par une poignée de puissances « avancées » --, cette question, depuis 1914, est devenue la pierre angulaire de toute la politique de tous les pays du globe. C'est une question de vie ou de mort pour des dizaines de millions d'êtres humains. C'est la question de savoir si dans la prochaine guerre impérialiste que la bourgeoisie prépare sous nos yeux et que nous voyons surgir du capitalisme, il sera exterminé 20 millions d'hommes (au lieu des 10 millions de tués pendant la guerre de 1914-1918 et les « petites » guerres qui s'y greffent et qui ne sont pas terminées à ce jour) ; si au cours de l'inévitable (avec le maintien du capitalisme) guerre qui vient il y aura 60 millions de mutilés (au lieu des 30 millions d'estropiés en 1914-1918). Sur ce terrain également, notre Révolution d'Octobre a inauguré une nouvelle époque dans l'histoire mondiale. Les valets de la bourgeoisie et ses thuriféraires -- en la personne des socialistes-révolutionnaires et des menchéviks, en la personne de toute la démocratie petite-bourgeoise pseudo-« socialiste » du monde entier -- se sont gaussés du mot d'ordre de « transformation de la guerre impérialiste en guerre civile ». Or, ce mot d'ordre s'est trouvé être l'unique vérité -- désagréable, brutale, toute nue, atroce, soit ! -- mais une vérité dans cette nuée de mensonges chauvins et pacifistes les plus raffinés. Ces mensonges s'effondrent. La paix de Brest-Litovsk est démasquée. Chaque jour démasque de plus en plus implacablement le rôle et les conséquences d'une paix pire encore que celle de Brest-Litovsk, la paix de Versailles. Et devant les millions et les millions d'hommes qui réfléchissent aux causes de la guerre d'hier et à la guerre imminente de demain, s'affirme toujours plus évidente, plus précise et plus impérieuse, cette terrible vérité : il est impossible de s'arracher à la guerre impérialiste et au monde impérialiste (si nous avions encore l'ancienne orthographe, j'aurais employé ici les deux mots « mir » dans leurs deux acceptations) qui l'engendre inévitablement, -- il est impossible de s'arracher à cet enfer autrement que par une lutte bolchévique et une révolution bolchévique.

Que la bourgeoisie et les pacifistes, les généraux et les petits bourgeois, les capitalistes et les philistins, tous les chrétiens croyants et tous les chevaliers de la IIe Internationale et de l'Internationale II 1/2 vitupèrent frénétiquement cette révolution. Il n'est point de flots de haine, de calomnies et de mensonges qui puissent estomper ce fait d'une portée historique, que pour la première fois depuis des siècles et des millénaires les esclaves ont répondu à la guerre entre esclavagistes, en proclamant ouvertement le mot d'ordre : transformons cette guerre entre esclavagistes pour le partage de leur butin, en une guerre des esclaves de toutes les nations contre les esclavagistes de toutes les nations.

Pour la première fois depuis des siècles et des millénaires ce mot d'ordre, d'expectative vague et impuissante qu'il était, est devenu un programme politique clair et précis, une lutte active menée par des millions d'opprimés, sous la direction du prolétariat ; il est devenu la première victoire du prolétariat, sa première victoire dans sa lutte pour supprimer les guerres, pour unir les ouvriers de tous les pays contre l'alliance de la bourgeoisie des diverses nations, de cette bourgeoisie qui fit la paix et la guerre aux dépens des esclaves du capital, aux dépens des ouvriers salariés, aux dépens des paysans, aux dépens des travailleurs.

Cette première victoire n'est pas encore une victoire définitive et notre Révolution d'Octobre l'a remportée au prix de difficultés et déprivations inouïes, de souffrances sans nom, après une suite d'échecs et d'erreurs considérables de notre part. Le moyen, pour un peuple arriéré, de triompher, sans échecs et sans erreurs, des guerres impérialistes menées par les pays les plus puissants et les plus avancés du globe ! Nous ne craignons pas de reconnaître nos erreurs ; nous les envisagerons avec lucidité pour apprendre à les corriger. Mais un fait reste acquis : pour la première fois depuis des centaines et des milliers d'années la promesse de « répondre » à la guerre entre les esclavagistes par une révolution des esclaves contre les esclavagistes de tout genre et de tout ordre, a été remplie jusqu'au bout -- et continue d'être remplie malgré toutes les difficultés.

C'est nous qui avons commencé cette oeuvre. Quand, dans quel délai, les prolétaires de quelle nation la feront aboutir, il n'importe. Ce qui importe, c'est que la glace est rompue, la voie est ouverte, la route tracée.

Continuez vos pratiques hypocrites, messieurs les capitalistes de tous les pays, qui « défendez la patrie » japonaise contre l'américaine, l'américaine contre la japonaise, la française contre l'anglaise, et ainsi de suite ! Continuez, messieurs les chevaliers de la IIe Internationale et de l'Internationale II 1/2, avec tous les petits bourgeois et philistins pacifistes du monde entier --, continuez à « escamoter » la question touchant les moyens de lutte contre les guerres impérialistes, en lançant de nouveaux « manifestes de Bâle » (sur le modèle du manifeste de Bâle de 1912[1]). La première révolution bolchévique a arraché à la guerre impérialiste, au monde impérialiste, la première centaine de millions d'hommes sur la terre. Les révolutions futures arracheront à ces guerres et à ce monde toute l'humanité.

Une dernière tâche, la plus importante et la plus difficile, et la moins achevée, c'est l'oeuvre d'édification économique, la mise en place des fondements économiques de l'édifice nouveau, socialiste, au lieu de l'édifice féodal démoli, et de l'édifice capitaliste à moitié démoli. C'est là, en accomplissant cette tâche, la plus importante et la plus difficile, que nous avons essuyé le plus d'échecs et commis le plus d'erreurs. Le moyen d'entreprendre sans échecs ni erreurs, une oeuvre de cette importance, sans précédent dans le monde ! Or, nous l'avons entreprise. Nous la poursuivons. Aujourd'hui précisément, par notre « nouvelle politique économique », nous corrigeons toute une suite de nos erreurs ; nous apprenons comment il faut poursuivre la construction de l'édifice socialiste, dans un pays de petits paysans, sans commettre ces erreurs.

Immenses sont les difficultés. Nous avons l'habitude de combattre des difficultés immenses. Ce n'est pas pour rien que nos ennemis disent de nous que nous sommes « fermes comme le roc », et qu'ils nous ont surnommés les représentants d'une « politique à rompre-les-os ». Mais nous avons appris aussi -- du moins jusqu'à un certain point -- un autre art indispensable dans la révolution : c'est celui d'être souples, de savoir changer de tactique vite, brusquement, en tenant compte des conditions objectives modifiées, en choisissant une autre voie pour arriver à notre but, si l'ancienne s'est avérée, pour la période de temps donné, inopportune, impraticable.

Emportés par la vague d'enthousiasme, nous comptions, nous qui avions éveillé l'enthousiasme populaire d'abord politique et puis militaire -- nous comptions pouvoir réaliser directement à la faveur de cet enthousiasme, des tâches économiques aussi grandioses que les tâches politiques générales, que les tâches militaires. Nous comptions -- ou, peut-être, sera-t-il plus exact de dire : nous pensions, sans un calcul suffisant --, pouvoir par les ordres exprès de l'État prolétarien, organiser à la manière communiste, dans un pays de petits paysans, la production et la répartition des produits par l'État. La vie a montré notre erreur. Une suite de degrés intermédiaires se sont révélés indispensables : le capitalisme d'État et le socialisme, en vue de préparer -- par un travail de longues années -- le passage au communisme. Ce n'est pas en vous appuyant directement sur l'enthousiasme, mais au moyen de l'enthousiasme engendré par la grande révolution, en faisant jouer l'intérêt personnel, l'avantage personnel, en appliquant le principe de la gestion équilibrée, qu'il vous faut d'abord, dans un pays de petits paysans, construire de solides passerelles conduisant au socialisme, en passant par le capitalisme d'État. Autrement vous n'approcherez pas du communisme ; autrement vous n'amènerez pas des dizaines et des dizaines de millions d'hommes au communisme. Voilà ce que nous a révélé la vie. Voilà ce que nous a révélé la marche objective de la révolution.

Et nous, qui avons un peu appris, en ces trois ou quatre années, à opérer de brusques tournants (quand un brusque tournant s'impose), nous nous sommes mis avec zèle, avec attention, avec assiduité (quoique encore avec insuffisamment de zèle, d'attention et d'assiduité) à étudier le nouveau tournant, la « nouvelle politique économique ». L'État prolétarien doit devenir un « patron » prudent, soigneux et habile, un négociant en gros consciencieux -- sinon il ne pourra pas mettre debout, économiquement, ce pays de petits paysans. Aujourd'hui, dans les conditions présentes, à côté de l'Occident capitaliste (pour l'instant encore capitaliste), on ne saurait passer autrement au communisme. Un négociant en gros, cela paraît être un type économique éloigné du communisme comme le ciel l'est de la terre. Mais c'est précisément là une de ces contradictions qui, dans la réalité vivante, mène de la petite exploitation paysanne au socialisme, en passant par le capitalisme d'État. L'intérêt personnel a pour effet de relever la production ; il nous faut augmenter la production avant tout et coûte que coûte. Le commerce en gros unit économiquement des millions de petits paysans, en les intéressant, en les associant, en les amenant au degré suivant : aux diverses formes d'association et d'union dans la production elle-même. Nous avons déjà amorcé la réorganisation indispensable de notre politique économique. Dès à présent nous enregistrons, dans ce domaine, certains succès, pas bien grands, il est vrai, partiels, mais néanmoins incontestables. Nous terminons, en ce domaine de la nouvelle « science », notre cours préparatoire. C'est en étudiant avec fermeté et persévérance, en vérifiant par l'expérience acquise chacun de nos pas, sans crainte de refaire plusieurs fois ce que nous avons commencé, de corriger nos erreurs ; c'est en nous attachant à en pénétrer le sens que nous passerons dans les classes supérieures. Nous suivrons le « cours » entier, bien que les conditions de l'économie et de la politique mondiale l'aient rendu beaucoup plus long et beaucoup plus ardu que nous ne l'aurions voulu. Coûte que coûte, si pénibles que soient les souffrances de la période de transition, les calamités, la famine, les ravages, nous ne nous laisserons pas abattre et mènerons notre oeuvre jusqu'à la victoire finale.

14 octobre 1921

Note

 1. Le Congrès socialiste international extraordinaire réuni à Bâle les 24 et 25 novembre 1912 a adopté un manifeste sur la guerre qui avertissait les peuples que la guerre impérialiste mondiale était imminente, démontrait les objectifs prédateurs de cette guerre et appelait les travailleurs de tous les pays à prendre résolument position pour la paix. Le manifeste comprenait ce point qui était une contribution de Lénine à la résolution du Congrès de Stuttgart de 1907 : que si la guerre impérialiste éclate, les socialistes doivent exploiter la crise économique et politique qui en découle pour accélérer la chute de la domination de la classe capitaliste et l'oeuvre de la révolution socialiste.

(Lénine, Oeuvres choisies en deux volumes -- Tome II, Éditions en langues étrangères, Moscou, 1948)

Haut de page


Lénine et le léninisme

Le nom et l'oeuvre de Lénine auront toujours
une place d'honneur

Vladimir Ilitch Lénine fut un révolutionnaire et le plus grand théoricien marxiste et révolutionnaire du vingtième siècle. Il est mort le 21 janvier 1924 des blessures d'une balle à la nuque reçue six ans plus tôt d'un assassin opportuniste. Le grand Lénine n'avait que 53 ans et il est mort durant les toutes premières étapes de la révolution et de la construction socialistes en Russie soviétique. On compte parmi ses plus grands exploits la création du parti révolutionnaire du prolétariat tel que distinct des partis parlementaires auxquels adhérait la Deuxième Internationale ; l'établissement de l'État prolétarien des ouvriers et paysans de Russie ; et l'analyse et le tracé des lignes idéologiques et organisationnelles pour le développement de la révolution et du socialisme dans les conditions de l'impérialisme, le stade suprême du capitalisme et l'époque de la révolution prolétarienne.

Lénine avait dès le début assis son travail sur les conclusions théoriques du marxisme. Il possédait à cet égard une conception complète du socialisme scientifique fondée sur la ferme conviction que la seule voie au progrès de la société était la voie de l'émancipation de la classe ouvrière par la révolution prolétarienne. Cette conviction n'a pas été infirmée par les événements de la dernière décennie du XXe siècle, bien au contraire.

La première considération idéologique énoncée par Lénine fut la défense de la tendance marxiste, c'est-à-dire la tendance basée sur les conclusions du marxisme. Il a établi que l'unité du mouvement dépendait de la défense de cette tendance, c'est-à-dire le développement de la pensée marxiste et son élaboration suivant les conditions de l'époque. Entre autres, il a défendu la nécessité d'élaborer un plan pour édifier le mouvement et il a condamné le concept spontanéiste de la « tactique-procès ». Les conclusions qu'il a tirées de son travail au début du vingtième siècle demeurent d'une grande valeur aujourd'hui.

Un des concepts qu'a énoncés Lénine et qui conserve toute sa signification aujourd'hui, est que l'émancipation de la classe ouvrière est une tâche qui appartient aux travailleurs eux-mêmes.

Un autre concept qui conserve toute sa validité et sa signification est que sans théorie révolutionnaire il ne peut y avoir de mouvement révolutionnaire. L'idée de développer la pensée marxiste et de l'élaborer en étroite liaison avec le mouvement révolutionnaire demeure ce qui distingue les marxistes révolutionnaires de toutes les écoles de l'opportunisme. Pour les opportunistes, la politique révolutionnaire signifie détacher la politique de son essence révolutionnaire, émasculer et transformer la théorie révolutionnaire en une série de dogmes tout en transformant la politique en auxiliaire du pouvoir bourgeois. Pour les marxistes révolutionnaires, la théorie révolutionnaire se développe dans le cours de la pratique révolutionnaire. La défense même de ce concept léniniste est une des formes de la lutte de classe qu'ils mènent.

Reconnaissant que le capitalisme en était rendu objectivement au dernier stade de son développement, le stade parasitaire et moribond, Lénine a tiré la conclusion que l'heure était au renversement du capitalisme et à l'édification du socialisme. Cette conclusion possède une signification énorme. Il y a beaucoup de pression pour l'abandon de ce concept, pour l'idée que le capitalisme aurait encore plusieurs étapes à franchir et qu'il serait en mesure de surmonter ses propres contradictions.

L'effondrement de l'Union soviétique et des régimes d'Europe de l'Est, avec toutes leurs réformes capitalistes, a démontré qu'il n'y a pas d'autre étape au capitalisme. Tous les pays qui se sont engagés dans la construction du capitalisme sous prétexte de l'« économie de marché » sont aujourd'hui plongés dans l'anarchie et le désordre économique qui se manifestent également sur le plan politique, tout comme dans les pays capitalistes avancés qui ne faisaient pas partie du monde socialiste. La thèse de Lénine voulant que l'impérialisme est la veille de la révolution prolétarienne demeure toujours valide. Ce concept est un autre point important de la lutte idéologique et il est nécessaire aujourd'hui de le défendre et de l'élaborer. C'est une chose que de décrire la progression de la décadence de l'impérialisme, c'est est une autre que de développer le front prolétarien et d'apporter une alternative pour que le Nouveau puisse surmonter la résistance de l'Ancien et vaincre.

Saisissant que son époque était l'époque de l'impérialisme et de la révolution prolétarienne, Lénine en a déduit qu'il fallait un parti de type nouveau qui soit en mesure de relever les défis de la révolution. Le principe organisationnel du centralisme démocratique, élaboré par lui, conserve aujourd'hui toute sa pertinence. Une des causes de l'effondrement du Parti communiste d'Union soviétique (PCUS) a été que celui-ci a enseveli ce principe sous la lourdeur de la bureaucratie autour du Bureau politique et qu'il a réduit au niveau le plus superficiel la participation des membres à la vie du Parti. L'ensemble des membres du Parti communiste étaient devenus apolitiques, incapables d'exercer un contrôle sur leurs propres décisions et les décisions de l'État. C'est ce qui se produit inévitablement lorsque le rapport entre les citoyens et les corps politique est détruit en faveur du pouvoir exécutif. Le centralisme démocratique est alors réduit à une idée dénuée de pratique et une série de hiérarchies organisationnelles. La défense du principe du centralisme démocratique est une des tâches les plus importantes dans la mise en place des fondements d'un parti communiste de masse.

Aujourd'hui, le monde est témoin d'un nouvel affrontement entre l'Ancien et le Nouveau à l'échelle planétaire. Cela requiert un développement en profondeur de la théorie marxiste-léniniste, comme l'ont fait Marx et Engels, puis Lénine et Staline à leur époque.

Très tôt dans son activité révolutionnaire, en 1908, Lénine s'est consacré à la défense du matérialisme dialectique et du matérialisme historique, la conception du monde et la méthode nécessaires à l'étude des rapports entre les êtres humains et des rapports entre les êtres humains et la nature, le problème fondamental que devaient résoudre la théorie et la philosophie. Lénine a révélé comment les opportunistes, sous le couvert de la science, se sont posés en marxistes pour attaquer la théorie du matérialisme dialectique et du matérialisme historique.

L'oeuvre de Lénine est d'une grande valeur aujourd'hui pour défendre cette théorie du matérialisme dialectique et historique qui est attaquée de toutes parts. Attaquer cette théorie assombrit la grande voie de la civilisation, sa définition et son contenu. Des pressions s'exercent pour la faire dévier dans des voies sans issue.

Les conclusions de Lénine à propos de l'État et de la révolution, du rôle de la classe ouvrière et de ses organisations, du rôle de la paysannerie et des autres couches sociales, du rôle du Parti bolchévik pour diriger étape par étape la révolution et la mener à terme et bâtir l'unité de toutes les masses travailleuses autour de la classe ouvrière, mener la lutte de classe, où le prolétariat international joue son rôle de réserve stratégique de la révolution, ainsi que l'étude des conditions objectives, des stratégies et des tactiques, sont un ensemble d'idées qu'il faut défendre et développer. Ces idées doivent être développées à partir des conditions actuelles avec cette qualité unique et toujours nouvelle, ce qui veut dire qu'elles doivent être basées sur des définitions modernes. Ces idées ont une grande pertinence puisqu'elles sont les idées de l'époque actuelle, qui conserve son caractère. Elles conserveront toute leur pertinence tant qu'elles ne sont pas réduites à un dogme.

Tout comme Lénine l'a fait à son époque, aujourd'hui la défense de la tendance marxiste-léniniste demeure indispensable pour bâtir le mouvement révolutionnaire et cette défense doit se faire en étroite liaison avec le mouvement. La défense de la tendance marxiste-léniniste crée la pensée marxiste-léniniste contemporaine, la théorie révolutionnaire qui guide le mouvement révolutionnaire. Elle ne peut se résumer à répéter des citations de Lénine ou de quelqu'un d'autre. La défense de la tendance marxiste-léniniste doit avoir un contenu qui correspond avec les exigences de l'heure. Une des plus importantes exigences d'aujourd'hui est la construction du parti communiste de masse pour diriger l'opposition face aux dangers qui nous attendent.

En fait, Lénine a débuté son oeuvre en s'attaquant aux tâches nécessaires pour bâtir le Parti. Nous ne pouvons pas reproduire ce travail tel quel, dans la même forme et avec le même contenu, comme certains ont tenté de le faire dans le passé. Il faut en saisir l'essence et le mettre en pratique. L'essence, c'est que sans parti révolutionnaire il ne peut y avoir de révolution et que l'édification d'un tel parti doit se faire conformément aux conditions existantes. Nombreux sont ceux qui ont accusé Lénine d'abandonner le marxisme parce qu'il avait bâti un Parti selon les conditions de son époque. De même, s'il fallait renoncer aujourd'hui à la grande tâche de bâtir le Parti communiste de masse par crainte d'être accusé d'abandonner le léninisme, ce serait faire preuve d'un manque de convictions.

La vie et l'oeuvre de Lénine sont un grand atout du mouvement pour l'émancipation. Il est crucial d'en faire le meilleur usage possible et au meilleur avantage de la classe ouvrière et des peuples du monde. Beaucoup de changements se sont produits depuis l'époque de Lénine. Sans bien saisir la signification de ces changements et sans agir en conséquence et à temps, la force de l'oeuvre de Lénine sera gaspillée, comme cela s'est produit en Europe de l'Est et dans l'ancienne Union soviétique.

Tout comme à son époque Lénine a su faire du mouvement de libération nationale une réserve de la révolution prolétarienne, de même aujourd'hui tous les mouvements des peuples pour l'amélioration de leurs conditions, surtout pour la démocratisation de la vie, doivent être résolument défendus.

De plus, pour mettre cette force à la disposition de la cause révolutionnaire, il faut en comprendre l'essence, c'est-à-dire qu'il faut saisir le maillon crucial de la chaîne des événements qui mènent à la révolution. Sur le plan de la préparation des conditions subjectives de la révolution, ce lien, ce maillon de la chaîne, est l'élaboration de définitions modernes. C'est le lien du travail révolutionnaire qui, dans les conditions du repli de la révolution, permet à la classe ouvrière de se mettre dans la course et gagner l'appui du peuple. La classe ouvrière ne peut se préparer à la victoire finale sans participer à cette course et sans arracher des batailles clés à la bourgeoisie durant cette période-ci.

La cause de Lénine, la cause de la victoire de la révolution et du socialisme, est une cause urgente aujourd'hui, comme elle l'était au début du XXe siècle. Tant que la lutte pour créer une société nouvelle continue, le nom et l'oeuvre de Lénine auront une place d'honneur.

Haut de page


Le léninisme: une idéologie indispensable pour ouvrir la voie au progrès de la société


Tableau de Lénine s'adressant à un grand rassemblement peu après son retour
en Russie en avril 1917

La victoire de la Grande Révolution socialiste d'Octobre de 1917 en Russie fut le plus remarquable exemple d'une oeuvre guidée par la conception du monde du léninisme. Elle prouva que pour que la classe ouvrière réussisse dans son projet d'édification nationale pour faire avancer la société, elle doit être guidée par la théorie la plus avancée à chaque étape de son développement, en partant de sa propre idéologie et conception du monde. Ce n'est pas un choix, c'est une nécessité. Tout individu, collectif ou mouvement ou parti politique qui n'a pas fait sienne la conception du monde du léninisme au début du XXe siècle a échoué, et en Europe beaucoup ont dégénéré dans le socialisme européen et le chauvinisme.

Le léninisme n'était pas une idéologie singulière, extrémiste et gauchiste, pouvant être considérée comme aussi bonne ou mauvaise que les autres, que ce soit le libéralisme, la social-démocratie ou des variations de l'un et l'autre. Le léninisme fut l'idéologie de la Renaissance en son temps et espace, la conception du monde nécessaire pour répondre aux exigences du moment, pour s'attaquer aux problèmes politiques, sociaux et culturels du jour afin de faire avancer la société et ouvrir la voie au progrès. Le léninisme était l'extension naturelle de la conception du monde de la Renaissance de l'Europe du XVIIIe siècle et de l'idéologie marxiste du prolétariat international du XIXe siècle.

Une conception du monde de la Renaissance

Contre le Moyen-Âge, la Renaissance fut la conception du monde nécessaire pour guider la révolution industrielle, les projets d'édification nationale bourgeois en Angleterre et dans le nord de l'Europe et l'organisation et la victoire de la Révolution française de 1789 contre la classe dominante de propriétaires fonciers, le clergé et leurs forces politiques, intellectuelles et militaires sous l'auspice de l'État. L'État médiéval et sa conception du monde fondée sur le Droit divin des rois devaient être renversés pour que la société puisse progresser. Les découvertes scientifiques ne pouvaient se traduire en une pratique conséquente dans l'ensemble de la société et de l'économie en l'absence d'une idéologie qui reconnaît dans les contradictions internes la base du changement, du développement et du mouvement et considère les conditions externes comme des circonstances particulières. La conception du monde et la pensée de la Renaissance donnèrent son idéologie à la victoire du capitalisme sur le féodalisme, de la grande production industrielle sur la petite production, de la science sur la superstition et l'idéalisme et de l'organisation bourgeoise moderne basée sur la démocratie « du peuple » sur l'absolutisme, le pouvoir par décret et le Droit divin des rois. La conception du monde de la Renaissance prépara les conditions subjectives nécessaires à la résolution des contradictions internes devenues mûres dans l'Europe médiévale, en particulier la contradiction principale entre les forces productives avancées et les rapports de productions dépassés. La contradiction interne de l'Europe médiévale, résolue par la révolution, correspond à la contradiction interne non résolue au Canada d'aujourd'hui, contradiction entre les forces productives socialisées avancées et les rapports de production privés, contrôlés par les monopoles et dépassés.

Le marxisme

Dans les conditions du développement du capitalisme du XIXe siècle, le marxisme représente le développement ultérieur de l'idéologie de la Renaissance expliquant que l'origine du profit est le temps de travail de la classe ouvrière dans la transformation des ressources naturelles ; que la lutte de classe est le moteur de la société et que la force dirigeante dans les conditions du capitalisme ne peut être que la classe ouvrière ; et que la lutte de classe de la classe ouvrière doit renverser le capitalisme et le remplacer par le socialisme. Le marxisme exposa les contradictions de la philosophie de l'époque en Europe et donna à la classe ouvrière et à l'humanité tout entière une conception du monde conséquente, le matérialisme dialectique et historique et la conclusion que « les philosophes n'ont fait qu'interpréter diversement le monde, ce qui importe, c'est de le transformer ». Le marxisme fut l'idéologie nécessaire de la période du capitalisme naissant, de la naissance de la classe ouvrière moderne et du développement des conditions objectives pour le remplacement du capitalisme par le socialisme, menant à l'émancipation de la classe ouvrière et à l'élimination des classes sociales et de la société de classes.

Le léninisme

Le léninisme fut l'idéologie de renaissance requise par la classe ouvrière dans les conditions du passage du capitalisme au stade de la propriété et du pouvoir monopolistes à la fin du XIXe siècle. Le capitalisme moderne est la fusion du capital industriel et bancaire formant le capital financier et menant à la création d'un État bureaucratique militarisé et à la naissance de l'impérialisme agressif. Les conditions objectives de la révolution prolétarienne ayant maintenant mûri, c'est la création des conditions subjectives qui devint nécessaire. Le léninisme apporta le guide scientifique et la conception du monde nécessaires pour accomplir cette tâche historique. Il était devenu nécessaire d'organiser la classe ouvrière en une force politique indépendante avec sa pensée, sa conception du monde, son quartier général, ses organisations de défense et sa vision d'un avenir socialiste affranchi du pouvoir des capitalistes et de leur État bureaucratique militarisé. Ce n'est qu'en Russie que le léninisme a guidé la classe ouvrière et la paysannerie avec conséquence et résolution, menant à la Grande Révolution socialiste d'Octobre de 1917.

Le communisme moderne

Dans les conditions du XXIe siècle, le communisme moderne est l'idéologie nécessaire. Aujourd'hui le communisme moderne est la théorie de renaissance basée sur la conception du monde requise par la classe ouvrière et le peuple pour guider leurs luttes jusqu'à la victoire. À moins que les individus, les collectifs et les mouvements et partis politiques ne fassent leur la conception du monde du communisme moderne et n'élaborent des définitions modernes pour tous les problèmes sociaux, politiques, économiques et culturels auxquels l'humanité est confrontée, la nécessité de changement ne peut être réalisée. Le communisme moderne n'est pas une idéologie singulière, extrémiste et gauchiste, pouvant être considérée comme aussi bonne ou mauvaise que les autres, que ce soit le libéralisme, la social-démocratie ou des variations de l'un et l'autre. Le communisme moderne est l'idéologie de renaissance du temps et de l'espace présents, la conception du monde nécessaire pour répondre aux exigences du présent, pour s'attaquer aux problèmes politiques, sociaux et culturels d'aujourd'hui pour faire avancer la société et ouvrir la voie au progrès, menant à l'émancipation de la classe ouvrière et à l'élimination des classes sociales et de la société de classes à l'échelle mondiale. Le communisme moderne requiert un acte individuel de participation consciente à l'acte de découvrir pour bâtir l'alternative sur la base de la reconnaissance de la Nécessité de changement.

Le léninisme et la victoire de la Grande Révolution socialiste d'Octobre

Le léninisme a construit une organisation politique de la classe ouvrière basée entièrement sur la nécessité de renverser l'État capitaliste et de le remplacer par un État socialiste pouvant préparer les conditions nécessaires à l'émancipation de la classe ouvrière. Le parti politique léniniste de la classe ouvrière mit au point des règles et des structures correspondant au niveau et aux besoins de la classe ouvrière dans le présent, notamment le centralisme démocratique, un esprit de sacrifice pour la cause de la classe ouvrière et de mépris de la trahison de la vision socialiste, et un sens de confiance que les travailleurs et les peuples sont leurs propres libérateurs. Le parti communiste léniniste fait tout en son pouvoir pour élever la pensée, la conception du monde et l'organisation des travailleurs et des paysans au niveau requis pour renverser le pouvoir de la classe capitaliste.

Le léninisme et la Révolution socialiste d'Octobre créèrent un modèle de communistes russes basé sur leur pratique révolutionnaire en lutte contre la classe capitaliste et l'élite dominante. Le léninisme a développé le marxisme dans les conditions du stade suprême du capitalisme, le stade de l'impérialisme et de la révolution prolétarienne. Le léninisme et l'activité révolutionnaire de la classe ouvrière et du peuple ont transformé en pratique le prolétariat russe en un contingent avancé du prolétariat international offrant ses ressources au mouvement ouvrier et communiste international pour l'émancipation de la classe ouvrière et la libération des peuples opprimés du joug colonial.

Le léninisme a montré en pratique que chaque contingent de la classe ouvrière internationale devait créer un modèle à partir de sa propre pratique révolutionnaire. La devise « Nous sommes notre propre modèle » devait retentir partout où les travailleurs s'organisaient pour transformer le monde. Les modèles révolutionnaires basés sur la pensée et la pratique des communistes et des travailleurs donnèrent un souffle d'énergie et une signification matérielle au travail difficile des communistes pour diriger la classe ouvrière à l'intérieur de ses frontières nationales et en affrontement avec la classe capitaliste et l'élite dominante du pays.

Le léninisme, en tant que développement du marxisme, fut l'expression théorique des développements matériels du passage du capitalisme à l'étape monopoliste, sa propagation partout dans le monde et la croissance et la maturation de la classe ouvrière. Le léninisme fut le guide pour l'organisation de la classe ouvrière et de la paysannerie en vue de la révolution durant les premières décennies du vingtième siècle dans chaque situation nationale. L'unité du prolétariat international grandit avec son expansion matérielle et avec les succès remportés à organiser la classe ouvrière dans chaque situation nationale en tant que voix indépendante et force matérielle de la révolution, en tant que base solide de la pensée et en tant que contingent du mouvement communiste et ouvrier pour l'émancipation de la classe ouvrière.

Les détracteurs du léninisme, en Russie, en Union soviétique et à l'étranger, se servirent du modèle russe sorti de la pratique révolutionnaire en Russie pour bloquer le développement de modèles révolutionnaires basés sur la pratique des communistes et de la classe ouvrière dans chaque situation nationale guidée par l'idéologie du léninisme. Ces détracteurs arrêtèrent le développement de la théorie marxiste-léniniste et des communistes pensants en convertissant le léninisme en un dogme et en ne le prenant pas comme guide pour analyser les conditions concrètes de chaque situation nationale et pour mener les actions nécessaires pour créer les conditions subjectives sur la base de l'organisation et de la tactique léniniste.

Certains détracteurs du léninisme introduisirent au Canada des modèles venus d'Union soviétique pour bloquer le développement de modèles canadiens basés sur la pratique et la pensée révolutionnaires développées par confrontation à la réalité canadienne et en opposition à l'élite dominante canadienne. Cela eut pour effet d'empêcher la conception du monde léniniste de s'enraciner au Canada comme guide du mouvement communiste et ouvrier du pays vers l'atteinte de son but. À l'échelle internationale, les détracteurs du léninisme firent tout en leur pouvoir pour bloquer l'utilisation du marxisme-léninisme comme guide à l'action et le remplacèrent par l'exceptionnalisme. Ce fut particulièrement le cas aux États-Unis où Earl Browder s'empara de la direction du Parti communiste et y introduisit la ligne exceptionnaliste qui disait que l'impérialisme américain avait un aspect « progressiste » et que le renversement révolutionnaire n'était pas nécessaire. Au Canada, la ligne de l'exceptionnalisme proclama que la démocratie canadienne est un « modèle » et donna naissance à l'Alliance libérale-ouvrière qui assigna aux communistes le rôle de se joindre aux sociaux-démocrates pour livrer le vote des travailleurs au Parti libéral. La ligne anti-léniniste de l'exceptionnalisme fut présentée dans les pays agraires comme un socialisme avec un caractère national spécifique, comme si le feu, la gravité et la science pouvaient avoir « un caractère national ». Ces attaques qui consistaient à imposer des modèles de l'extérieur ou l'exceptionnalisme, deux côtés d'une même médaille, étaient dirigées contre la science du marxisme-léninisme et visaient à bloquer son développement dans les conditions concrètes du présent et de la Nécessité de Changement.

Au Canada, la jeunesse révolutionnaire s'opposa aux modèles importés et à l'exceptionnalisme. Elle dénonça l'exceptionnalisme comme une attaque contre la science et un retour vers le Moyen-Âge et insista sur la nécessité d'avoir nos propres modèles basés sur notre propre pratique révolutionnaire. Cela obligea les communistes canadiens et la classe ouvrière à développer leur travail à partir de leurs conditions et de leur pensée en prenant comme guide l'idéologie la plus avancée. Cela mena à l'affirmation et à l'approfondissement du léninisme dans les conditions des dernières décennies du vingtième siècle et à la rénovation et à la réaffirmation des principes léninistes sur l'organisation et la tactique lorsque la révolution battit en retraite. La direction du PCC(M-L) insista pour dire que la pensée marxiste-léniniste contemporaine est la base idéologique qui guide notre pensée et sur la nécessité de la participation consciente de chaque communiste et travailleur individuel à la pratique révolutionnaire pour bâtir une alternative, donnant naissance à l'analyse « Nécessité de changement » d'où nous vient la devise du PCC(M-L) : La parole du Parti est son acte. La classe ouvrière canadienne peut ainsi prendre sa place parmi les autres contingents nationaux du prolétariat international qui organisent et qui luttent pour l'émancipation de la classe ouvrière et l'abolition des classes et de la société de classes.

Le léninisme et la Grande Révolution socialiste d'Octobre firent avancer la théorie et contribuèrent à l'enrichissement idéologique du marxisme et de la conception du monde de la Renaissance. Lénine démontra en pratique que la théorie est quelque chose de vivant qu'il faut développer en rapport avec les conditions changeantes. Cela ne nie pas l'existence de la théorie et ne la remplace pas par quelque chose d'autre, mais contribue à la richesse fondamentale de la science du communisme, qui est le mouvement pour l'émancipation de la classe ouvrière et l'abolition des classes et de la société de classes à l'échelle internationale.

La Révolution socialiste d'Octobre a prouvé que la révolution socialiste est possible. Le léninisme et son développement ultérieur durant le vingtième siècle ont réfuté la pratique de la théorie du socialisme européen selon laquelle la société peut progresser par la conciliation de classe et que des représentants favorables aux travailleurs peuvent s'emparer de postes dirigeants au sein de la machine d'État capitaliste et presser l'élite dominante et les capitalistes à faire des concessions socialistes pour le bien de l'humanité. Le léninisme a prouvé que le socialisme est possible seulement par le renversement révolutionnaire du capitalisme et de l'élite dominante, et en établissant la classe ouvrière comme classe dominante avec sa propre machine d'État, notamment son armée. L'échec de la Commune de Paris de 1871 avait déjà prouvé que le socialisme européen était la base du projet d'édification nationale de la bourgeoisie, établissant la social-démocratie comme forme de pouvoir après que le capitalisme soit passé du capitalisme du laissez-faire à l'étape du capitalisme monopoliste d'État. La conclusion marxiste fut que la classe ouvrière doit créer son État national à neuf, avec son appareil militaire et tout le reste, et ne peut simplement s'emparer de l'État capitaliste et de ses institutions. La Révolution d'Octobre a montré en pratique que la classe ouvrière peut s'emparer du pouvoir, détruire la machine d'État capitaliste et la remplacer par de nouvelles institutions, comme les Soviets des ouvriers et paysans et l'Armée rouge.

Le développement de l'idéologie de la renaissance au marxisme, au léninisme et à la pensée marxiste-léniniste contemporaine est ce qui constitue le communisme moderne d'aujourd'hui et représente un guide et une vision pour l'émancipation de la classe ouvrière et l'abolition des classes et de la société de classes. Le communisme moderne est le guide pratique de la pensée et de l'action dans le temps et l'espace présents, tout comme le léninisme l'était dans le temps et l'espace du début du vingtième siècle. Le communisme moderne est une vision qui doit être concrétisée dans le temps et l'espace présents en reconnaissant la nécessité de bâtir les organisations qui vont faire avancer la classe ouvrière et la société vers la réalisation de cette vision. Le communisme moderne ouvre la voie au progrès, à l'accomplissement de ces grands bonds révolutionnaires, comme les révolutions française et russe, qui prennent des années à se réaliser mais qui font avancer les conditions sociales à une allure fulgurante une fois réalisés.

La tâche générale qui se pose pour les communistes est d'organiser la classe ouvrière dans l'organisation communiste pour qu'elle se prépare à assumer le pouvoir politique et économique et à bâtir le socialisme en tant que transition vers l'émancipation complète de la classe ouvrière, la réalisation de la vision du communisme et de la société sans classes.

Le communisme moderne est intimement lié à l'émancipation de la classe ouvrière à l'échelle internationale et ne peut réaliser l'émancipation de la classe ouvrière et l'abolition de la société de classes sans que la vaste majorité du prolétariat international s'unisse dans ce projet. La Révolution d'Octobre fit de la Russie la patrie libérée du prolétariat international, offrant à ses différents contingents un appui concret et une inspiration dans leurs efforts révolutionnaires.

L'unité internationale du prolétariat est concrétisée dans les nombreux projets d'édification nationale de la classe ouvrière basés sur les conditions concrètes du temps et de l'espace où ils évoluent, le temps et l'espace présents et leur nécessité de changement, qui est l'alternative pour laquelle la classe ouvrière s'organise consciemment. Le mouvement international du prolétariat dépend de chacun des projets d'édification nationale mené par la classe ouvrière. Chaque projet d'édification nationale dépend de la solidarité et de l'unité du prolétariat international et de l'effort commun pour défaire le système impérialiste d'États. La Grande Révolution socialiste d'Octobre établit une base sur laquelle s'est concrétisé l'appui au prolétariat international. Les détracteurs du léninisme se servirent de cette base comme substitut à la construction d'une base révolutionnaire dans chaque situation nationale. Ils s'assirent sur la victoire de la Révolution socialiste d'Octobre et devinrent des organisateurs de solidarité avec l'Union soviétique plutôt que des organisateurs pour la transformation de leur prolétariat national en contingent libéré du prolétariat international et d'appuyer l'Union soviétique de cette façon. La quantification des contingents libérés du prolétariat international donne une garantie de la transformation des succès réalisés par le mouvement émancipateur de la classe ouvrière internationale en victoire avec l'abolition des classes et de la société de classe partout dans le monde. Le peuple russe et les autres peuples qui formèrent par la suite l'Union soviétique firent faire un pas en avant au mouvement émancipateur de la classe ouvrière vers une société sans classes avec la victoire de la Révolution socialiste d'Octobre. Ils ouvrirent la voie au progrès. Les travailleurs, paysans et révolutionnaires anticolonialistes du monde en furent enhardis, tandis que les impérialistes y perdirent une importante partie du marché mondial et du système impérialiste d'États sous leur botte. Partout, dans les luttes de la classe ouvrière ou dans celles des forces anticoloniales, ceux qui prirent le nom de communistes devinrent les dirigeants du mouvement progressiste.

En termes pratiques, la Révolution d'Octobre fit faire un pas de géant au communisme et à la science du marxisme-léninisme, lesquels gagnèrent rapidement en popularité parmi les peuples du monde. Des partis communistes furent établis dans un pays après l'autre, y compris au Canada en 1921. La quantification des partis communistes exigeait une qualité nouvelle, un développement du léninisme en communisme moderne. Pour beaucoup d'autres, par contre, il était suffisant d'avoir une organisation portant le nom de communiste avec des membres portant le nom de communiste, lesquels militent pour la justice sociale et pour la solidarité avec l'Union soviétique. C'était le cas au Canada. Il n'y eut pas une nouvelle qualité de travailleurs et de communistes canadiens pensants, conscients de leur mission et armés de la stratégie et de la tactique léninistes pour la réalisation de la nécessité de changement engendrée par la réalité concrète. La quantification du parti communiste en tant qu'allié de l'Union soviétique était considérée comme suffisante. Plusieurs partis communistes ne saisirent pas la qualité essentielle qui avait vu le jour avec la création du Parti léniniste en Russie et qui devait être développée avec chaque nouvelle quantification. Cette qualité du léninisme était la capacité de théoriser à partir des conditions politiques, sociales et économiques de la fin du XIXe siècle, qui avaient porté le capitalisme à son stade suprême, celui de l'impérialisme, qui est la fusion de l'État avec les monopoles les plus puissants. Les leçons de la Commune de Paris examinées par Marx dans La Guerre civile en France devinrent essentielles à la nouvelle pensée de Lénine.

La thèse léniniste fut présentée à la IIe Internationale durant la période des préparatifs de guerre impérialiste qui menèrent à la Première Guerre mondiale : la classe ouvrière de chaque pays doit combattre sa propre bourgeoisie et régler les comptes avec elle en s'emparant du pouvoir. Cela veut dire d'abord et avant tout que la classe ouvrière doit être organisée pour s'opposer à la guerre impérialiste et aux préparatifs de guerre de sa propre bourgeoisie. Le socialisme européen s'opposa à cette thèse léniniste et organisa la classe ouvrière des pays concernés en appui à sa bourgeoisie dans la guerre et la paix, transformant la classe ouvrière en une réserve de la bourgeoisie. La Première Guerre mondiale et la Révolution socialiste d'Octobre portèrent un coup mortel à ce socialisme européen, mais il se réorganisa après la guerre ou bien en tant que représentant de la Révolution d'Octobre en faisant de l'Union soviétique un modèle stérile à suivre et pour lequel organiser des mouvements de solidarité, ou bien en tant que critique du modèle soviétique. Dans un cas comme dans l'autre il s'agissait de bloquer le développement de la pratique révolutionnaire et l'effort pour régler les comptes avec la classe capitaliste du pays. Il n'y eut pas de nouveaux contingents de patries libérées de la classe ouvrière dans la triade Europe de l'Ouest, Amérique du Nord et Japon. La théorie léniniste fut reléguée au statut de dogme plutôt que de généralisation de l'expérience concrète donnant naissance à des principes qui guide la pensée et l'action. L'organisation dans les pays de la triade a plutôt servi à imposer la conciliation social-démocrate de la lutte de classe et à réduire les communistes au statut de coordonnateurs de décisions prises dans leur dos, de la même façon que les partis bourgeois, c'est-à-dire constituer des factions qui rivalisent pour le pouvoir dans les confins de l'appareil d'État bourgeois.

La Révolution d'Octobre a montré en pratique l'impasse du socialisme européen. Les bolchéviks ont mis fin à la participation de la Russie à la guerre impérialiste. Ils ont donné tout le pouvoir aux Soviets en tant qu'institution servant à mobiliser et à élever la classe ouvrière, les paysans et soldats à la position de dirigeants de la société et du nouvel État. La Révolution d'Octobre transforma la Première Guerre impérialiste mondiale en une guerre révolutionnaire sur le front russe pour établir la paix en Europe. Elle réclama immédiatement un traité de paix avec l'Allemagne, avec comme conséquence le retrait de la Russie de la guerre.


Affiche des années 1920 : Tout le pouvoir aux soviets ! La paix pour le peuple ! La terre aux paysans ! Les usines aux travailleurs !

La Révolution d'Octobre a prouvé que la classe ouvrière peut avoir son point de vue indépendant sur comment organiser l'économie et la politique. Non seulement elle peut, mais elle doit avoir sa propre vision et sa propre pratique si elle veut ouvrir la voie au progrès, assurer la paix entre nations suivant le principe que toutes les nations, petites et grandes, sont égales et ont le droit à l'autodétermination et faire avancer le monde vers l'émancipation de la classe ouvrière et l'abolition de la société de classes.

La Révolution d'Octobre a placé les ressources de la nation russe à la disposition de la résolution des problèmes comme la famine et l'éducation et les soins de santé pour tous, et établi des mécanismes d'État concrets pour la résolution de problèmes sociaux en pratique, contrant les visées des intérêts privés, le vol de la valeur ajoutée par une classe privilégiée oisive.

La Révolution d'Octobre amorça le processus de mettre la propriété de l'économie socialisée entre les mains de la classe ouvrière et des organisations collectives de la paysannerie. Cela voulait dire d'abord nationaliser les principales industries et les ressources. Les propriétaires du capital qui renonçaient à leur opposition à la Révolution d'Octobre furent dédommagés mais retirés de toute position d'autorité dans l'économie. Toute obstruction capitaliste fut interdite. Ceux qui refusèrent de coopérer avec le nouvel État de la classe ouvrière virent leur capital exproprié sans compensation et furent obligés de gagner leur vie en travaillant.

La Révolution d'Octobre amorça le processus d'harmonisation de la production de biens et services et de livraison de ces besoins et services à la population. Il fallait pour cela retirer les parasites du secteur financier comme les banques et les assurances, et progressivement de tous les secteurs de la circulation des biens et services, à commencer par le secteur du commerce du gros.

La Révolution d'Octobre amorça le processus de résolution de la question agraire et de libération de la paysannerie opprimée de Russie, d'Ukraine et d'autres nations et régions de l'Union soviétique. Ce fut une lutte extrêmement difficile. Il fallait faire avancer l'agriculture de la petite production à la grande ferme industrielle sans détruire la paysannerie et sans forcer les paysans à quitter la terre. Il fallut d'abord exproprier la terre et le pouvoir des propriétaires fonciers et ensuite organiser les paysans pauvres et sans terre en vue d'un affrontement avec les paysans riches. Pour la première fois dans l'histoire du monde la révolution de la classe de paysans pauvres et sans terre était appuyée par l'État et par la classe ouvrière urbaine. Les ouvriers des villes allèrent en grand nombre dans les campagnes aider les paysans dans cette bataille héroïque pour la collectivisation et la transformation de l'agriculture de la petite production à la grande production industrialisée et pour leur apporter la machinerie et aider les Soviets de paysans à assumer un pouvoir politique réel.

La Révolution d'Octobre amorça la réforme des méthodes utilisées par l'État pour réclamer un revenu pour financer les programmes sociaux, la bureaucratie gouvernementale, l'Armée rouge et la police. Les réclamations du gouvernement furent déterminées dans les centres de production de la valeur ajoutée. Les revenus recueillis de la richesse produite par la classe ouvrière et les paysans devaient d'abord servir à garantir le bien-être des masses dans toutes ses formes, notamment avec les programmes sociaux et la défense de la révolution contre l'agression et la subversion impérialistes. Les réclamations des propriétaires des avoirs et de la dette (étrangers et russes) à la valeur ajoutée réalisée furent en majeure partie éliminées. Il ne restait que les réclamations de l'État et celles des producteurs réels en tant que seuls en droit de réclamer la valeur ajoutée produite par la classe ouvrière et les paysans. La propriété coloniale de la terre et des moyens de production à l'étranger fut abolie ; ces terres et ces moyens de production furent remis aux autorités des pays concernés.

Le léninisme et la Révolution d'Octobre débloquèrent le mouvement pour les lumières en Russie. Cela ouvrit la voie à des progrès importants dans le domaine des droits, surtout les droits économiques, l'État soviétique devant garantir le moyen de subsistance et le bien-être de tous de la naissance à la mort. Ce mouvement pour les droits mena à l'adoption de la Constitution de l'Union soviétique de 1936, qui fut nul doute la plus avancée de l'époque et qui allait influencer plus tard les délibérations sur la Déclaration des droits de l'Homme de l'ONU.

La Révolution d'Octobre amorça la transition historique du socialisme. Le socialisme est la période héroïque de lutte de classe qui conclut quatre mille ans de domination de la société par les classes possédantes et d'exploitation de l'être humain par l'être humain, inaugurant l'ère du communisme, la réalisation de l'émancipation de la classe ouvrière et de l'abolition totale des classes et de la société de classes. La période du socialisme doit résoudre le problème de l'élimination du droit bourgeois et des arrangements fondés sur lui de la pensée et de la pratique de la société, tout comme la société bourgeoise avait éliminé la pensée et la pratique basées sur le Droit absolu. Aujourd'hui la société bourgeoise, face au besoin de renouveau démocratique et constitutionnel en profondeur, revient aux arrangements fondés sur le Droit absolu, le Droit de monopole, rendant la nécessité de changement encore plus urgente. Le socialisme est entre autres une période de lutte sans relâche contre les vestiges de la société de classe sur le front culturel, surtout dans les formes idéologiques et sociales, et pour une transition internationale vers le façonnement d'un nouvel être humain, socialement conscient, et de sociétés sans classes sociales et sans exploitation de l'humain par l'humain.

La Révolution d'Octobre fut la première rupture de la chaîne d'États impérialiste. Elle fit une brèche dans le système impérialiste d'États et celui-ci fut grandement affaibli par la soustraction d'une importante partie du globe et de sa population à son contrôle. La brèche dans le système impérialiste d'États approfondit la crise du système capitaliste qui est toujours à la recherche de marchés à exploiter et de ressources naturelles à piller. La Révolution d'Octobre a ajouté une nouvelle contradiction à celles qui déchiraient le système impérialiste d'États : la contradiction entre les pays du système impérialiste d'États, dominé par les plus puissants, et la nouvelle patrie libérée du prolétariat international, l'Union des Républiques socialistes soviétiques.

Tel que l'avait prédit Lénine, après que la classe ouvrière se soit emparée du pouvoir la bourgeoisie devient encore plus féroce et déterminée à reconquérir le pouvoir politique et économique par tous les moyens. L'histoire de la révolution russe est une histoire de lutte de classe sans relâche de la classe ouvrière pour conserver le pouvoir et résister aux attaques de ceux qui sont résolus à restaurer le capitalisme. Sous la direction du Parti communiste de l'Union soviétique et de Staline, la classe ouvrière combattit héroïquement pour défendre ses projets d'édification nationale contre le système impérialiste d'États et contre les intrigues et la subversion des classes renversées.

L'industrialisation de l'Union soviétique, la propagation de la science et l'application de la technologie à la production et à la distribution, surtout dans les années trente, lorsque le système impérialiste d'États subissait les durs coups d'une grave dépression, fut un exploit héroïque, accompli sans piller des pays étrangers pour la valeur nécessaire à l'investissement, les matières premières et les marchés. C'était la première fois qu'un grand pays accomplissait la transition de la petite production à la grande production industrielle sans pillage étranger et sans destruction de la paysannerie. Le monde entier pouvait voir qu'il est possible de bâtir une économie socialiste qui répond à ses propres besoins et que l'économie socialiste, avec le travail de la classe ouvrière et de la paysannerie combiné à la science et à la technologie moderne, peut créer suffisamment de valeur accumulée (capital d'investissement) pour les programmes sociaux et la reproduction élargie. Mais cela n'est vrai que lorsque la société est libérée des réclamations des classes oisives, qui possèdent l'économie socialisée et se servent de leur contrôle pour soumettre l'économie à leurs intérêts étroits, allant de crise en crise, vers l'agression et la guerre. Une fois l'économie socialisée fermement sous le contrôle de la classe ouvrière et de la paysannerie et libérée de l'emprise des classes oisives, la valeur ajoutée provenant de la production peut servir à élever les conditions de vie du peuple, à investir dans les programmes sociaux, à répondre aux besoins de l'État et à assurer la reproduction élargie des moyens de production et de distribution socialisés.

La période de transition socialiste vers le communisme en Union soviétique fut sabotée par ceux qui occupaient les fonctions d'autorité et qui refusèrent de continuer la lutte de classe contre les vestiges de la société de classes dans les domaines politique, économique, culturel, idéologique et social. Il y eut donc une interruption du leadership dans la résolution notamment du problème politique consistant à élever la classe ouvrière à la position de classe dominante en pratique. Ce refus de poursuivre la période de transition socialiste ouvrit la porte à un retour du capitalisme. Ce refus et cette capitulation devant la restauration capitaliste furent annoncés officiellement par Nikita Khrouchtchev au XXe Congrès du Parti communiste de l'Union soviétique en 1956. La Révolution d'Octobre se termina lorsque l'Union soviétique fut convertie en une puissance social-impérialiste rivalisant avec les États-Unis pour la domination mondiale. Mais les leçons et les glorieux exploits de la Révolution d'Octobre dans tous les domaines de l'activité humaine vivront à jamais. Le pouvoir de la classe ouvrière a duré beaucoup plus longtemps que la Commune de Paris de 1871 et cela a créé une richesse d'expérience directe pouvant aider le mouvement communiste et ouvrier du monde dans ses projets d'édification nationale futurs.

La société socialiste est la plus révolutionnaire et la plus dynamique de toutes les sociétés humaines qui ont jusqu'à présent vu le jour. C'est le caractère qu'elle doit assumer pour mobiliser les masses dans la lutte contre les vestiges de la société de classes, surtout dans la forme politique et sociale et sur le plan de la culture, surtout dans ses formes idéologiques et sociales.

L'essentiel à saisir est que les communistes et la classe ouvrière révolutionnaire doivent être à la hauteur de la situation dans le temps et l'espace présents et de la nécessité de changer le monde. La classe ouvrière et les communistes luttent dans les conditions données pour faire avancer la société socialiste, pour bloquer le retour des vestiges de la classe capitaliste et pour organiser la classe ouvrière dans les pays impérialistes pour la révolution prolétarienne, que cette révolution soit en état de flux ou de reflux. Il n'y a pas de meilleur temps ou de pire temps pour les communistes et la classe ouvrière ; il n'y a que le temps et l'espace présents et la nécessité de changement. Parfois les communistes oublient les longues années difficiles qu'ont vécues les bolchéviks durant la réaction Stolypine, après la défaite brutale du soulèvement de 1905, que Lénine a appelé « la répétition générale en vue de la Révolution d'Octobre ». La situation devint encore pire pour les bolchéviks lorsque les partis communistes, surtout en Europe au sein de la IIe Internationale, désertèrent la révolution et trahirent la classe ouvrière en appuyant leur classe capitaliste et ses préparatifs de guerre avant et durant la Première Guerre mondiale. Lénine et les bolchéviks se sont sans doute sentis isolés, seuls défenseurs du communisme et du prolétariat international. Mais ils persistèrent et c'est ce qui est important. Ils dirigèrent la classe ouvrière et la paysannerie jusqu'à la victoire de la Révolution d'Octobre et « les dix jours qui ébranlèrent le monde ». À l'époque de l'impérialisme, quel que soit le niveau de développement des forces productives, la classe ouvrière et son parti communiste sont placés devant le défi de formuler leur stratégie et tactique pour ouvrir la voie au progrès de la société en s'assurant que la classe ouvrière se constitue en la nation et investisse le peuple du pouvoir souverain. C'est ce qui est requis, tout comme Marx le faisait remarquer au XIXe siècle, comme Lénine le fit en pratique dans son temps et espace et comme d'autres le font dans leurs conditions données.

En élevant la classe ouvrière vers le pouvoir politique pour commencer son héroïque projet d'édification nationale, pour le socialisme et le passage au communisme, les succès historiques seront transformés en victoire historique. En tant que contingent du prolétariat international, la classe ouvrière de chaque pays, grand ou petit, qu'il soit en train de passer de la petite production à la grande production industrielle ou qu'il soit un système capitaliste monopoliste développé, se voit assigner par l'histoire la tâche de faire une contribution réelle à la lutte internationale pour l'émancipation de la classe ouvrière et la préservation de la paix mondiale et à la marche vers l'abolition des classes et de la société de classes une fois pour toutes. Telle est la contribution faite par la Grande Révolution socialiste d'Octobre dirigée par Lénine et le léninisme. À l'occasion de l'anniversaire de cette révolution, défendons le communisme moderne et redoublons d'effort pour préparer les conditions en vue des tempêtes révolutionnaires à venir et pour mener à bien nos propres plans pour transformer les succès historiques en victoire historique !

(Basé sur un manuscrit de 1994, revu par le Comité central du PCC(M-L) à l'occasion du 90e anniversaire de la Grande Révolution d'Octobre tel que publié dans Le Marxiste-Léniniste du 7 novembre 2007.)

Haut de page


Lisez Le Marxiste-Léniniste
Site web:  www.pccml.ca   Courriel: redaction@cpcml.ca