Le Marxiste-Léniniste

Numéro 44 - 4 novembre 2017

Supplément

Le Parti bolchévik prépare et accomplit
la Révolution socialiste d'Octobre 

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Tableau de Lénine accueilli à la gare de Finlande à son retour en Russie

Le Parti bolchévik prépare et accomplit la Révolution socialiste d'Octobre
Le retour d'exil forcé de Lénine
De février à octobre 1917 -- Résumé
En images
Affiches historiques
Vidéo


Le Parti bolchévik prépare et accomplit la Révolution socialiste d'Octobre

Le retour d'exil forcé de Lénine

Voici un extrait du chapitre 7 « Le Parti bolchévik prépare et accomplit la Révolution socialiste d'Octobre » de L'Histoire du Parti communiste (bolchevik) de l'URSS, 1939.

* * *

Alors qu'il était encore en Suisse, Lénine, touché par les premières nouvelles de la révolution, avait écrit au Parti et à la classe ouvrière de Russie dans ses Lettres de loin :

« Ouvriers ! Vous avez accompli des prodiges d'héroïsme prolétarien et populaire dans la guerre civile contre le tsarisme. Vous devez accomplir des prodiges d'organisation prolétarienne et populaire pour préparer votre victoire dans la seconde étape de la révolution ».

Lénine arriva à Pétrograd dans la nuit du 3 avril. À la gare de Finlande et sur la place, des milliers d'ouvriers, de soldats et de matelots s'étaient rassemblés pour le recevoir. Un enthousiasme indescriptible s'empara des masses, quand il descendit de wagon. Elles portèrent en triomphe leur chef dans le grand hall, où les menchéviks Tchkhéidzé et Skobélev tentèrent bien de prononcer, au nom du Soviet de Pétrograd, des discours de « bienvenue », dans lesquels ils « exprimaient l'espoir » que Lénine saurait trouver une « langue commune » avec eux. Mais Lénine ne les écouta pas. Passant outre, il alla droit à la masse des ouvriers et des soldats. Monté sur une auto blindée, il prononça le célèbre discours dans lequel il appelle les masses à la lutte pour faire triompher la révolution socialiste. « Vive la révolution socialiste ! », c'est ainsi que Lénine termina son discours, le premier depuis de longues années d'exil.

Rentré en Russie, Lénine s'adonna de toute son énergie au travail révolutionnaire. Au lendemain de son arrivée, il fit un rapport sur la guerre et la révolution à une réunion de bolchéviks ; puis il reprit les thèses de son rapport dans une réunion où, en plus des bolchéviks, assistaient également des menchéviks. C'étaient les célèbres thèses d'Avril qui donnèrent au Parti et au prolétariat une claire ligne révolutionnaire, pour passer de la révolution bourgeoise à la révolution socialiste.

Les thèses de Lénine eurent une importance énorme pour la révolution, ainsi que pour l'activité ultérieure du Parti. La révolution marquait un tournant prodigieux dans la vie du pays, et le Parti, dans les nouvelles conditions de lutte, -- le tsarisme une fois renversé, -- avait besoin d'une orientation nouvelle pour s'engager hardiment et d'un pas assuré dans la voie nouvelle. Ce furent les thèses de Lénine qui donnèrent cette orientation au Parti.

Les thèses d'Avril dressaient un plan génial de lutte du Parti pour passer de la révolution démocratique bourgeoise à la révolution socialiste, pour passer de la première étape de la révolution à la seconde étape ; à celle de la révolution socialiste. Toute l'histoire antérieure du Parti l'avait préparé à cette grande tâche. Dès 1905, Lénine, dans sa brochure Deux tactiques de la social-démocratie dans la révolution démocratique, avait dit qu'après le renversement du tsarisme, le prolétariat procéderait à l'accomplissement de la révolution socialiste. L'élément nouveau, dans les thèses, c'était qu'elles donnaient un plan concret, fondé théoriquement, pour s'engager dans la voie de la révolution socialiste.

Dans le domaine économique, les mesures de transition étaient les suivantes : nationaliser toutes les terres du pays, les terres des grands propriétaires fonciers devant être confisquées ; fusionner toutes les banques en une seule banque nationale et instituer le contrôle du Soviet des députés ouvriers sur cette banque ; établir le contrôle de la production sociale et de la répartition des produits.

Dans le domaine politique, Lénine proposait de passer de la république parlementaire à la république des Soviets. .... Lénine proposait de remplacer la république parlementaire par la république des Soviets, comme étant la forme la plus indiquée d'organisation politique de la société, dans la période de transition du capitalisme au socialisme.

« Ce qu'il y a d'original dans l'actualité russe, était-il dit dans les thèses, c'est la transition de la première étape de la révolution, qui a donné le pouvoir à la bourgeoisie par suite du degré insuffisant de conscience et d'organisation du prolétariat, à sa deuxième étape, qui doit donner le pouvoir au prolétariat et aux couches pauvres de la paysannerie. »

Et plus loin :

« Non pas une république parlementaire – y retourner après les Soviets des députés ouvriers, ce serait un pas en arrière, – mais une république des Soviets des députés ouvriers, salariés agricoles et paysans dans le pays entier, de la base au sommet. »

La guerre, disait Lénine, même sous le nouveau gouvernement, sous le Gouvernement provisoire, demeure une guerre de rapine, une guerre impérialiste. La tâche du Parti est de l'expliquer aux masses, de leur montrer qu'il est impossible, à moins de renverser la bourgeoisie, de finir la guerre, non par une paix imposée de force, mais par une paix véritablement démocratique. En ce qui concerne le Gouvernement provisoire, Lénine formulait ce mot d'ordre : « Aucun soutien au Gouvernement provisoire ! » Lénine indiquait encore, dans ses thèses, que notre Parti se trouvait pour l'instant en minorité dans les Soviets ; que le bloc des menchéviks et des socialistes-révolutionnaires y dominait, servant de véhicule à l'influence de la bourgeoisie sur le prolétariat. Aussi le Parti devait-il :

« Expliquer aux masses que le Soviet des députés ouvriers est la seule forme possible de gouvernement révolutionnaire, et que par conséquent, notre tâche, tant que ce gouvernement-là se laisse influencer par la bourgeoisie, ne peut être que d'expliquer aux masses patiemment, avec méthode et persévérance, les erreurs de leur tactique, en nous adaptant surtout aux besoins pratiques de ces masses. Tant que nous sommes en minorité, nous faisons un travail de critique et d'éclaircissement des erreurs, en affirmant en même temps la nécessité du passage de tout le pouvoir d'État aux Soviets des députés ouvriers »

Autrement dit, Lénine n'appelait point à l'insurrection contre le Gouvernement provisoire, qui jouissait alors de la confiance des Soviets ; il ne demandait pas qu'il fût renversé, mais il voulait, par un travail d'éclaircissement et de recrutement, conquérir la majorité dans les Soviets, modifier leur politique.[...]

C'était s'orienter vers le développement pacifique de la révolution.

Lénine demandait ensuite qu'on se débarrassât du « linge sale », que l'on renonçât à l'appellation de parti social-démocrate. Les partis de la IIe Internationale, comme aussi les mencheviks russes, s'intitulaient social-démocrates. Ce nom avait été souillé, déshonoré par les opportunistes, traîtres au socialisme. Lénine proposa donc d'appeler le Parti bolchévik Parti communiste, ainsi que Marx et Engels avaient appelé leur parti.[...]

Lénine demandait enfin dans ses thèses la création d'une nouvelle, d'une IIIe Internationale, l'Internationale communiste, dégagée de l'opportunisme, du social-chauvinisme.[...]

Le 14 avril se tint la conférence bolchévique de Pétrograd-ville. Elle approuva les thèses de Lénine et les prit pour base de ses travaux. Quelque temps après, les organisations locales du Parti approuvaient à leur tour les thèses de Lénine.

Le Parti tout entier, à l'exception de quelques individus [....] adopta les thèses de Lénine avec une immense satisfaction.

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De février à octobre 1917 -- Résumé

Le résumé suivant apparaît à la fin du chapitre sept « Le Parti bolchévik prépare et accomplit la Révolution socialiste d'Octobre » de L'histoire du Parti communiste (bolchevik) de l'URSS, 1939.

* * *

En huit mois, de février à octobre 1917, le Parti bolchévik s'acquitte d'une tâche des plus difficiles : il conquiert la majorité dans la classe ouvrière, dans les Soviets ; il fait passer du côté de la révolution socialiste des millions de paysans. Il arrache ces masses à l'influence des partis petits-bourgeois (socialistes-révolutionnaires, mencheviks, anarchistes) ; il démasque pas à pas la politique de ces partis dirigée contre les intérêts des travailleurs. Le Parti bolchévik déploie une activité politique intense sur le front et à l'arrière, préparant les masses à la Révolution socialiste d'Octobre.

Facteurs décisifs dans l'histoire du Parti pendant cette période : retour de Lénine de l'émigration, thèses d'Avril de Lénine, conférence d'Avril et VIe congrès du Parti. La classe ouvrière puise dans les décisions du Parti la force et la certitude de la victoire ; elle y trouve une réponse aux plus graves problèmes de la révolution. La conférence d'Avril oriente le Parti vers la lutte pour le passage de la révolution démocratique bourgeoise à la révolution socialiste. Le VIe congrès aiguille le Parti sur l'insurrection armée contre la bourgeoisie et son Gouvernement provisoire.

Les partis conciliateurs, socialiste-révolutionnaire et menchevik, les anarchistes et les autres partis non communistes achèvent leur évolution : dès avant la Révolution d'Octobre, ils deviennent tous des partis bourgeois ; ils défendent l'intégrité du régime capitaliste. Le Parti bolchévik dirige à lui seul la lutte des masses pour le renversement de la bourgeoisie et l'instauration du pouvoir des Soviets. En même temps, les bolchéviks brisent les tentatives des capitulards à l'intérieur du Parti, — Zinoviev, Kaménev, Rykov, Boukharine, Trotski, Piatakov — pour faire dévier le Parti de la route de la révolution socialiste.

Sous la direction du Parti bolchévik, la classe ouvrière, alliée aux paysans pauvres et soutenue par les soldats et les matelots, renverse le pouvoir de la bourgeoisie, instaure le pouvoir des Soviets, institue un nouveau type d'État, l'État soviétique socialiste ; elle abolit la propriété seigneuriale sur la terre, remet la terre en jouissance à la paysannerie, nationalise toutes les terres du pays, exproprie les capitalistes, réussit à sortir de la guerre, à signer la paix, obtient la trêve nécessaire et crée ainsi les conditions requises pour une ample construction socialiste.

La Révolution socialiste d'Octobre a battu le capitalisme ; elle a enlevé à la bourgeoisie les moyens de production et fait des fabriques, des usines, de la terre, des chemins de fer, des banques une propriété du peuple entier, une propriété sociale. Elle a instauré la dictature du prolétariat et remis la direction d'un immense État à la classe ouvrière, dont elle a fait la classe dominante. La Révolution socialiste d'Octobre a inauguré ainsi une ère nouvelle dans l'histoire de l'humanité, l'ère des révolutions prolétariennes.

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En images

À l'occasion du centième anniversaire de la Grande Révolution socialiste d'Octobre, LML présente une sélection de photos, tableaux et images qui capturent l'esprit de cet exploit historique du peuple russe sous la direction de Lénine et du Parti bolchévik. Les dates sont celles du calendrier julien.


La révolution de février : 23 février - 3 mars 1917. Le rationnement alimentaire par le gouvernement tsariste exacerbe les pénuries alimentaires en cours. Les femmes qui manifestent pour la Journée internationale des femmes le 23 février sous les mots d'ordre « La paix et le pain » sont rejointes par les grévistes et les révolutionnaires. Plus de 500 000 manifestants descendent dans les rues de Pétrograd. Ci-dessus, les ouvriers de l'usine de Poutilov. Les mots d'ordre expriment le rejet par le peuple de la participation de la Russie au carnage impérialiste de la Première Guerre mondiale et des pénuries alimentaires provoquées par le gouvernement tsariste.


« Les travailleurs se soulèvent », tableau d'un artiste anonyme. Bien que la majorité des chefs du Parti bolchévik était emprisonnée ou en exil, l'action collective des femmes et des ouvriers a été l'étincelle du soulèvement de masse qui allait renverser le tsar tandis. Les événements de la révolution de 1905 étaient toujours présents à l'esprit du peuple. En janvier 1917, plus de 140 000 ouvriers s'étaient mis en grève en commémoration du 12e anniversaire du Dimanche sanglant, qui a marqué le début de la révolution de 1905, et un mois plus tard, lors de la Journée internationale des femmes, 100 000 ouvriers étaient encore en grève. (Le Dimanche sanglant, les troupes et la police tsariste avaient ouvert le feu sur une manifestation pacifique contre le tsar qui se dirigeait vers le Palais d'hiver. Plus de 1000 ouvriers ont été tués et plus de 2000 blessés.)


Manifestation à la place Znamenskaïa de Pétrograd. Cinquante manifestants ont été tués sur cette place le 26 février. Le 27 février, les soldats refusent de tirer sur les manifestants et beaucoup désertent.


Le 27 février également, un Comité provisoire de la Douma d'État et de Pétrograd est créé. Le Comité exécutif de la Douma forme un Comité provisoire, composé principalement de cadets, des membres du Parti constitutionnel démocrate, et annonce qu'il prendra la direction du pays. Entre-temps, à Pétrograd, les menchéviks et les socialistes-révolutionnaires forment le Soviet des députés des ouvriers et soldats, donnant ainsi naissance à « la dualité de pouvoir » décrite par Lénine.


Le 2 mars, le tsar Nicolas abdique en faveur de son frère, le grand-duc Michel. Le Comité de la Douma annonce la formation du gouvernement provisoire avec comme chef le prince Gueorgui Lvov pour gouverner jusqu'à la convocation de l'Assemblée constituante. La peine de mort est abolie.


Lénine est en exil en Suisse lors de l'éclatement de la révolution de Février et du renversement du tsar. Il écrit ses « Lettres de loin », dont la première paraît dans la Pravda, dans lesquelles il expose le caractère bourgeois du gouvernement provisoire et appelle le prolétariat russe à marcher vers la révolution socialiste. Lénine écrit : « Ouvriers, vous avez accompli des prodiges d'héroïsme prolétarien et populaire dans la guerre civile contre le tsarisme, vous devez accomplir des prodiges d'organisation prolétarienne et populaire pour préparer votre victoire dans la seconde étape de la révolution. »


Le dirigeant bolchévik Joseph Staline arrive d'exil à Pétrograd le 12 mars 1917. Dans son article « À propos des Soviets des députés ouvriers et soldats », écrit au lendemain de son arrivée et publié dans la Pravda, le 14 mars, il lance cet appel : « Ouvriers, paysans, soldats ! Unissez-vous partout dans les Soviets des députés ouvriers et soldats, organes de l'alliance et du pouvoir des forces révolutionnaires de Russie ! C'est là le gage de la victoire complète sur les forces sombres de la vieille Russie. »


Après de longues années d'exil, Lénine arrive à Pétrograd dans la nuit du 3 avril. Son retour est d'une importance capitale pour le Parti bolchévik et la révolution. À la gare de Finlande, et sur la place, des milliers d'ouvriers, de soldats et de matelots sont rassemblés pour le recevoir. Un enthousiasme indescriptible s'empara des masses quand il descendit du wagon.
Tableau de M. Sokolov.


Tableau de V. Serov représentant le premier discours de Lénine à son arrivée à Pétrograd après son retour en Russie. Sur la place devant la gare de Finlande, Lénine, monté sur le toit d'une auto blindée, s'adresse au peuple et l'appelle à se battre pour la victoire de la révolution socialiste. « Vive la révolution socialiste », c'est ainsi que Lénine termina son discours. À sa gauche se trouve Staline, qui l'a rencontré à Byelo Ostrov.


Lénine a écrit les célèbres Thèses d'Avril la nuit de son retour à Pétrograd. Ci-dessus : fac-similé des thèses publiées dans la Pravda le 7 avril sous le titre « Les tâches du prolétariat dans la présente révolution ». Les Thèses d'Avril ont donné au Parti et au prolétariat une claire ligne révolutionnaire pour passer de la révolution bourgeoise à la révolution socialiste. À droite, Lénine présente les Thèses d'Avril le 4 avril.


  « La crise d'avril » : 18 avril - 2 mai. La nature capitaliste bourgeoise du gouvernement provisoire et son rejet de la revendication du peuple pour le retrait immédiat de la Russie de la Première Guerre mondiale sont confirmés par un télégramme secret envoyé par le ministre Pavel Milioukov aux puissances alliées de la Russie. Dans sa note, Milioukov promet le soutien de la Russie jusqu'à ce que la guerre soit gagnée et revendique Constantinople et le détroit des Dardanelles comme butin de guerre pour la Russie. Ce télégramme a été divulgué et le 20 avril, des masses d'ouvriers et de soldats descendirent dans les rues avec des mots d'ordre comme « À bas les dix ministres capitalistes ». Le soutien aux bolchéviks se développe. Milioukov démissionne et un nouveau gouvernement provisoire est formé le 5 mai.


Viatcheslav Molotov, Staline et Lénine dans le bureau de la rédaction de la Pravda, dessin de P. Vasilyev. La Pravda, le mot russe pour « vérité » était le lien clé entre la direction du Parti bolchévik et les masses.



Du 3 au 24 juin. Le Ier congrès des Soviets des députés ouvriers et soldats de Russie se réunit. Une grande partie des délibérations porte sur les relations entre les Soviets et le gouvernement provisoire et la participation de la Russie à la Première Guerre mondiale. Ce dessin de P. Vasilyev montre le moment où après que le dirigeant menchevik, Irakli Tsereteli, ait déclaré du haut de la tribune du congrès qu'il n'y avait pas de parti politique en Russie qui se déclare prêt à assumer la plénitude du pouvoir, Lénine se lève et déclare haut et fort : « Si, un tel parti existe ! C'est le Parti bolchévik ! »


Les bolchéviks mènent un vaste travail d'organisation dans l'armée, tant sur les fronts qu'à l'arrière. En juin 1917, une conférence panrusse des organisations bolchéviques de l'armée est appelée. À cette conférence, deux rapports sont présentés par Lénine (montré ici sur un tableau de B. Vladimirsky), un sur la situation actuelle et l'organisation du pouvoir, et l'autre sur la question agraire. Staline présente un rapport sur la question nationale.


Le ministre de la Guerre, Alexander Kérenski, lance l'offensive de juin le 18 juin contre les forces autrichiennes et hongroises en Galicie. Bien que l'offensive connaisse un succès initial, bientôt les soldats refusent de se battre. Les comités des soldats discutent les ordres et encouragent les soldats à désobéir aux officiers. De nombreux soldats désertent pour participer à la redistribution des terres. L'offensive s'effondre quatre jours plus tard et les Autrichiens et les Allemands ripostent par une contre-offensive. L'échec de l'offensive de juin affaiblit davantage le gouvernement provisoire. Ci-dessus : manifestation de soldats à Pétrograd le 18 juin. Plus de 400 000 personnes ont manifesté ce jour-là avec des bannières portant des mots d'ordre bolchéviques.


Le Parti bolchévik a fait des préparatifs énergiques pour la manifestation de masse du 18 juin à Pétrograd. Dans la Pravda le 17 juin, Staline invite les travailleurs et les soldats à participer sous les mots d'ordre du Parti bolchévik : « À bas les dix ministres capitalistes ! », « Tous les pouvoirs aux Soviets des députés ouvriers, soldats et paysans ! », « Il est temps de faire cesser la guerre ! Que le Soviet des députés proclame des conditions équitables de paix ! », « Ni paix séparée avec Guillaume, ni traités secrets avec les capitalistes français et anglais ! », « Le pain ! La paix ! La liberté ! ».


Fort des décisions de la Conférence nationale d'avril du Parti bolchévik, le Parti développe un travail considérable dans les Soviets, dans l'armée, dans les casernes, dans les quartiers ouvriers et parmi les paysans. Ci-dessus : « Lénine parlant aux ouvriers de l'usine de Poutilov à Pétrograd », tableau de I. Brodsky. Un ouvrier de l'usine de Poutilov se rappelle le discours de Lénine : « Ses paroles nous ont émus, enflammés. La peur a disparu ; la fatigue a disparu.
Et il semblait que ce n'était pas seulement la voix de Lénine, mais celle de tous les 40 000 travailleurs, assis, debout, accrochés au toit, une voix qui exprimait leurs pensées
les plus profondes. »


Les « Journées de juillet » : 3 juillet - 7 juillet. Un demi-million de manifestants ont participé aux manifestations armées des ouvriers industriels et des soldats à Pétrograd contre le gouvernement provisoire, dont 20 000 matelots et un régiment de mitrailleurs. Ci-dessus : Lénine parle au balcon de l'hôtel Kchessinskaïa, tableau de A. Moravov.


Le président du gouvernement provisoire, le prince Gueorgui Lvov, démissionne et Alexander Kérenski le remplace. Il réprime violemment les manifestations en utilisant des troupes loyales au gouvernement provisoire. Le 7 juillet, Kérenski devient premier ministre et ramène les cadets au sein du gouvernement provisoire.


Après l'échec du soulèvement de juillet, les Soviets deviennent des appendices du gouvernement provisoire. C'est la fin de la « dualité de pouvoir ». Kérenski émet des mandats pour l'arrestation de Lénine et d'autres dirigeants bolchéviks. Les locaux de la rédaction du journal bolchévik Pravda, le siège du Comité central bolchévik, sont saccagés. Plusieurs dirigeants bolchéviks sont arrêtés. Le Parti bolchévik passe au travail clandestin et cache Lénine qui doit s'exiler en Finlande. Ci-dessus : les faux papiers de Lénine pendant la clandestinité en Finlande.


Du 25 juillet au 3 août. Le VIe Congrès du Parti bolchévik se réunit clandestinement. Il y avait au congrès plus de 150 délégués. Traqué par les limiers du gouvernement provisoire, Lénine n'avait pu assister au congrès, mais il le dirigea du fond de sa retraite par l'intermédiaire de ses compagnons d'armes et disciples de Pétrograd : Staline, Sverdlov, Molotov, Ordjonikidzé. Les éléments essentiels du congrès furent le rapport politique du Comité central et la situation politique. Staline a présenté les deux rapports sur ces questions. Ci-dessus : tableau de S.V. Semenovich.


Toutes les décisions du VIe Congrès visaient à préparer le prolétariat et la paysannerie pauvre à l'insurrection armée. Le congrès aiguilla le Parti sur l'insurrection armée, sur la révolution socialiste. Le manifeste lancé par le congrès au nom du Parti appelait les ouvriers, les soldats, les paysans, à se préparer aux combats décisifs contre la bourgeoisie.
Il se terminait par ces mots :

« Préparez-vous aux nouvelles batailles, camarades de combat ! Avec fermeté, courage et calme, sans vous laisser prendre à la provocation, accumulez les forces, formez-vous en colonnes de combat ! Sous le drapeau du parti, prolétaires et soldats ! Sous notre drapeau, opprimés des campagnes ! »


À la fin d'août, le général Kornilov, commandant de l'armée russe, tente un coup de force pour s'emparer du pouvoir qui sera appelé plus tard l'affaire Kornilov. Kornilov envoie des troupes vers Pétrograd pour attaquer les bolchéviks. « Nous faisons et nous continuerons de faire la guerre à Kornilov, déclare Lénine ; mais nous ne soutenons pas Kérenski, nous dévoilons au contraire sa faiblesse. » Kérenski est obligé d'accepter cette alliance et libère plusieurs dirigeants bolchéviks et fournit des armes aux forces bolchéviks. La tentative de coup d'État est écrasée et les ouvriers et les soldats perdent davantage confiance dans le gouvernement provisoire. Ci-dessus : les marins de Kronstadt et de Vyborg arrivent à Pétrograd pour combattre le coup de force de Kornilov.


La tentative de coup de Kornilov est écrasée et ses forces désarmées. Peu de temps après, le deuxième gouvernement de coalition est dissous. Le nouveau gouvernement provisoire de Kérenski proclame la République russe. Elle dure moins de six semaines avant que n'éclate la Grande Révolution socialiste d'Octobre. Au début du mois de septembre, les délégués du IIe Congrès des Soviets de Russie sont élus. Cent vingt-six Soviets exigent que le pouvoir soit remis au Soviet de Pétrograd, qui adopte une résolution soutenant les bolchéviks à 279 voix contre 115. Le 4 septembre, de nombreux dirigeants bolchéviks sont libérés de prison sous la pression des masses. Kérenski tente de dissoudre le Comité militaire et forme un nouveau gouvernement de coalition. Le 8 septembre, les marins de la flotte de la Baltique, par l'intermédiaire de leurs organes élus, déclarent qu'ils ne reconnaîtront pas l'autorité du gouvernement provisoire ni n'exécuteront ses ordres. Le 11 septembre, le Comité central de la flotte de la mer Noire exige : « Tout le pouvoir aux Soviets ! ». À la fin de septembre, les bolchéviks recueillent la majorité dans les Soviets des députés ouvriers et soldats de Pétrograd et de Moscou.


Alors que la révolution avance, Lénine fait constamment le bilan de l'expérience des bolchéviks et du peuple, pour s'assurer que les forces révolutionnaires sont armées de la théorie et des perspectives nécessaires pour les mener à la victoire. Voici la réponse mordante que Lénine a donnée en septembre aux partis bourgeois et petits-bourgeois, les ennemis du bolchévisme, qui prétendaient que même si les bolchéviks prenaient le pouvoir, ils ne pourraient jamais le conserver : « La victoire, une victoire solide, est plus que jamais, plus qu'en aucun endroit, assurée aujourd'hui au prolétariat en Russie, s'il prend le pouvoir. »


Lénine arrive illégalement de Finlande à Pétrograd le 7 octobre à un moment critique de la lutte révolutionnaire. Le Comité central du Parti bolchévik se réunit le 10 octobre pour décider le déclenchement prochain de l'insurrection armée. Deux membres du Comité central, Lev Kamenev et Grigori Zinoviev, s'élèvent contre cette décision historique et votent contre. Léon Trotski ne vote pas directement contre la résolution mais présente un amendement qui aurait fait échouer, réduit à néant l'insurrection. Toutefois, le Comité central adopte la résolution historique rédigée par Lénine. Ci-dessus : fac-similé du manuscrit de la résolution.


Réunion du Soviet de Pétrograd, le 22 octobre. Le 20 octobre, le Soviet de Pétrograd établit un Comité militaire révolutionnaire pour guider la révolution dont la date est fixée au 26 octobre. Le 21 octobre, les commissaires du Comité militaire révolutionnaire sont dépêchés avec des instructions précises dans toute les unités révolutionnaires, dont celle du cuirassé Aurora à qui est donné un rôle clé.



L'Institut Smolny, siège du Soviet de Pétrograd et du Comité central bolchévik, devient l'état-major de la révolution d'Octobre. En haut : Lénine à l'Institut Smolny pendant les jours
de la révolution d'Octobre, tableau de M. Sokolov. En dessous : l'état-major de la révolution d'Octobre : Lénine, Staline, Sverdlov, Félix Dzerjinski et Moïsseï Ouritski,
tableau de V. Kuznetsov.



À 21 h 45, le 25 octobre, le cuirassé Aurora pointe ses canons sur le Palais d'hiver, et tire
la salve qui annonce l'assaut du Palais d'hiver et le début de la révolution d'Octobre.
En haut : tableau d'artiste anonyme. En dessous : tableau de V. Kuznetsov .


Conduites par le Comité militaire révolutionnaire, les unités armées des ouvriers et les soldats s'emparent des édifices importants de Pétrograd, les centrales postales et téléphoniques, les gares, les centrales électriques, la Banque d'État et les principaux bâtiments gouvernementaux. Tableau de K. Drozdov. Le IIe Congrès des Soviets de Russie s'ouvre.


  La déclaration historique du 25 octobre du Comité révolutionnaire militaire auprès du Soviet des députés ouvriers et soldats de Pétrograd : « Le Gouvernement provisoire est destitué. Le pouvoir de l'État est passé aux mains de l'organe du Soviet des députés ouvriers et soldats de Pétrograd, le Comité révolutionnaire militaire qui est à la tête du prolétariat et de la garnison de Pétrograd. La cause pour laquelle le peuple a lutté : proposition immédiate de paix démocratique, abolition du droit de propriété sur la terre des propriétaires fonciers, contrôle ouvrier de la production, création d'un gouvernement des Soviets, cette cause est assurée. Vive la révolution des ouvriers, des soldats et des paysans ! »


Le 26 octobre. Les bolchéviks s'emparent du Palais d'hiver, le dernier refuge du gouvernement provisoire, à 2 heures du matin. Kérenski s'enfuit de Pétrograd. Lénine proclame le pouvoir soviétique à la réunion historique du IIe Congrès des Soviets de Russie à l'Institut Smolny, le 26 octobre. Tableau de D. Nalbandian.


Les premiers décrets adoptés par le IIe Congrès des Soviets de Russie et le nouveau gouvernement : le décret sur la terre (à gauche) qui abolit le droit de propriété privée et remet les terres aux paysans ; le décret sur la paix (à droite) invite les pays belligérants à conclure sur-le-champ un armistice d'au moins trois mois pour engager des pourparlers de paix et demande le retrait immédiat de la Russie de la guerre mondiale. D'autres décrets adoptés par la suite établissent la journée de travail de huit heures, le salaire minimum et le fonctionnement des usines. La peine de mort est à nouveau abolie.


Dans son oeuvre importante « L'État et la révolution », Lénine examine les événements clés
de 1917 et rétablit la doctrine marxiste révolutionnaire de l'État, qui avait été avilie et
déformée par les opportunistes. Il développe la théorie de la dictature du prolétariat et montre que les Soviets sont la forme de l'État de la dictature du prolétariat. Ci-dessus : fac-similés des notes manuscrites de Lénine concernant la révolution de Février écrite pendant son exil en Suisse et de la couverture de la première édition publiée en 1918.

(Photos, texte et images:  Lenin (V.I. Ulyanov), State Publishing House of Political Literature, 1939; sources en ligne du domaine public)

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Affiches historiques

Voici quelques-unes des très nombreuses affiches produites en Russie et en Union soviétique durant les années qui ont suivi la Grande Révolution socialiste d'Octobre. Elles célèbrent les anniversaires de cet événement historique et captent l'optimisme et l'esprit du peuple en tant que bâtisseur du socialisme sous la direction du Parti bolchévik.

Célébration de la Grande Révolution d'Octobre


Gauche : Une année de dictature du prolétariat, 1917-1918. Droite : Octobre 1917-1920


Gauche : 10 ans de la Révolution d'Octobre. Droite : Vers Octobre : 15 ans de lutte
pour le socialisme.


Gauche : Vive la révolution socialiste mondiale. Droite : Vive le 30e anniversaire de la Grande Révolution socialiste d'Octobre

À la défense de la Grande Révolution d'Octobre


Gauche : Mort à l'impérialisme mondial. Droite : Défendons l'Union soviétique, 1930


Portons haut levée la bannière de Marx, Engels, Lénine et Staline, 1933.

Premier Mai : journée internationale de lutte et d'unité
de la classe ouvrière


Affiche du Premier Mai : « Vive le cinquième anniversaire de la Grande Révolution prolétarienne » célébrant l'unité des travailleurs du monde


Les femmes


Gauche : Les femmes libérées construisent le socialisme. Droite : Affiche des années 1920 encourageant les femmes tartares à se joindre aux femmes soviétiques prolétariennes


Gauche : Dans notre collectif il n'y a pas de place pour les prêtres et les koulaks.
Droite : Journée internationale de la femme


Gauche : Affiche encourageant les paysannes à se joindre à la campagne d'alphabétisation
et à consolider l'unité des ouvriers et paysans. Droite : Nous reconstruirons, 1946

Développement de l'industrie et de l'agriculture


Victoire sur le fascisme


Gauche : L'appel de la patrie. Droite : Non au fascisme !


Gauche : L'ennemi n'échappera pas à la vengeance du peuple, 1941. Droite : Le fascisme est
le pire ennemi des femmes. Tout pour combattre le fascisme.


Gauche : Battez-les, mon fils ! Droite : Gloire aux partisans héroïques qui affaiblissent les arrières fascistes



Gauche : Vive le Parti de Lénine et de Staline, organisateur de nos grandes victoires, 1946. Droite : Nous allons bâtir un monde nouveau, 1942

(Affiches de sources en ligne du domaine public)

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