Un crime contre la paix – le Canada prolonge l'«opération Neon» contre la RPDC

Depuis 2019, les Forces armées canadiennes sont déployées pour mettre en oeuvre le régime de sanctions des États-Unis contre la République populaire démocratique de Corée (RPDC) dans le cadre de ce qu'on appelle l'opération Neon, qui donnera suite aux « opérations ponctuelles d'application des sanctions menées en 2018 ». L'opération Neon n'est pas une opération mandatée par l'ONU mais une tentative des États-Unis d'imposer un blocus naval contre la RPDC avec ses propres troupes d'exécutants « volontaires » en haute mer.[1] Dans un récent communiqué de presse, le ministère de la Défense nationale a annoncé que l'opération Neon serait prolongée jusqu'au 20 avril 2023.

Selon le ministère de la Défense nationale (MDN), l'opération Neon « est la contribution du Canada aux efforts multinationaux visant à surveiller et à décourager les activités de contournement des sanctions maritimes de la Corée du nord et comprend des ressources aériennes et maritimes ainsi que du personnel des Forces armées canadiennes ». Selon le MDN, cette opération est « un exemple tangible et retentissant de l'engagement du Canada dans la région de l'Asie-Pacifique et dans la lutte contre les menaces qui pèsent sur l'ordre international fondé sur des règles »[2]. On dit que l'opération déploie 300 marins et « une frégate, un navire de ravitaillement et un aéronef de patrouille à long rayon d'action pour surveiller les zones maritimes où se déroulent des activités nord-coréennes de contournement des sanctions, notamment la mer de Chine orientale ». La mer de Chine orientale est entourée par la Chine à l'ouest, la Corée au nord, le Japon à l'est et Taïwan au sud. Le MDN écrit : « Ces ressources et ce personnel militaires s'emploient à localiser les activités nord-coréennes et à les décourager ainsi qu'à recueillir des preuves sur les transferts entre navires de matières visées par les sanctions (principalement des produits pétroliers raffinés comme le diesel). » Le coût annuel de l'opération est estimé à 8,3 millions de dollars.

L'apaisement du Canada envers la politique impérialiste américaine en Corée et ailleurs n'est pas nouveau et les Canadiens de tous les horizons s'y opposent depuis longtemps car ils ne sont pas d'accord que le Canada soit au service des États-Unis et de son bellicisme. Le gouvernement canadien s'est déshonoré en participant à la Guerre de Corée pour servir les objectifs des impérialistes américains de renforcer leur prise de contrôle de la nation coréenne et contre la République populaire nouvellement fondée du peuple chinois. Avec l'opération Neon, qui est une des nombreuses mesures prises par les gouvernements canadiens pour intégrer le Canada dans la machine de guerre des États-Unis, le Canada met en oeuvre un régime de sanctions injuste qui impose de graves privations au peuple coréen et est une violation des droits humains du peuple de la RPDC. C'est un non-sens que le gouvernement canadien prétende que la mise en oeuvre de sanctions arbitraires et injustes imposées par les États-Unis et d'autres à la RPDC défend un ordre international fondé sur les règles et les droits humains, alors qu'en réalité les sanctions sont une violation du droit international.

http://www.cpcml.ca/francais/Images2017/Antiguerre/170409-Montreal-Syrie-20.jpgLe Canada participe à l'imposition de sanctions contre la RPDC depuis 2006. Les sanctions visent les transferts de fonds de la RPDC, l'exportation de matériaux pouvant être liés aux armes, les produits pétroliers et de gaz naturel, l'électronique, les véhicules ; l'importation de matériaux liés aux armements, de matériaux de construction, de minéraux et de minerais, de fruits de mer, de produits agricoles et plus encore. Il faut aussi se rappeler que, bien que le Canada ait officiellement établi des relations diplomatiques formelles avec la RPDC en 2000, il n'a rien fait en pratique pour développer ces relations. Tout ceci vise à donner une légitimité à la désinformation des impérialistes américains au sujet de la RPDC.

L'implication du Canada dans la mise en oeuvre des sanctions en 2018 a été précédée d'une entente signée le 12 janvier 2018 par laquelle 17 pays ont déclaré un embargo maritime global contre la RPDC. La RPDC, qui n'a agressé aucun pays mais qui fait seulement tout ce qu'elle peut pour affirmer son droit d'être, a dit de ces sanctions qu'elles sont un acte de guerre. Comme l'avait souligné LML à ce moment-là : « Depuis la tenue de la Conférence navale de Londres en 1909, c'est un principe accepté par le droit international que le blocus est un acte de guerre. Dans ce sens, le recours au blocus est permis uniquement entre pays belligérants. Il n'existe pas de règle du droit international qui justifie un blocus supposément pacifique, qui se réfère à une pratique des puissances coloniales du XIXe siècle et du début du XXe siècle. En 1916, les États-Unis ont lancé cet avertissement à la France : 'Les États-Unis ne reconnaissent pas ce droit d'une puissance étrangère de faire obstruction à l'exercice des droits commerciaux de pays non concernés, ce qui revient à l'exercice d'un blocus alors qu'il n'y a pas d'état de guerre[3].' »

Ainsi, par sa participation dans l'Opération Neon, qui constitue un acte de guerre, le Canada est impliqué dans la violation des conditions de l'Accord d'armistice qui a mis fin aux combats de la Guerre de Corée et dont l'objectif ultime est de conclure un traité de paix entre la RPDC et les États-Unis. C'est un crime contre la paix, le crime de guerre le plus grave en vertu du droit international. Les activités criminelles comme l'opération Neon ne doivent pas passer. Elles mettent en lumière la nécessité que le Canada ait un gouvernement antiguerre qui permet aux Canadiens de participer à l'élaboration d'une politique étrangère qui défend le droit international et les relations pacifiques entre les peuples et les pays, et qui n'entraîne pas le Canada dans les rouages de la machine de guerre impérialiste des États-Unis.

Notes

1. Selon le ministère de la Défense nationale, les autres pays concernés sont l'Australie, la France, le Japon, la Nouvelle-Zélande, le Royaume-Uni et les États-Unis.

2.   «  La conception d'un ordre international fondé sur des règles et le rôle de la mesure, des normes et de l'action humaine pour progresser d'ouverture en ouverture » – Centre d'études idéologiques – Supplément du LML, 11 juin 2021

3. « Les Sanctions contre la RPDC », Margaret Villamizar, Supplément du LML hebdomadaire, 13 janvier 2018


Cet article est paru dans

Volume 51 Numéro 15 - 15 juin 2021

Lien de l'article:
https://cpcml.ca/francais/Lml2021/Articles/LS51153.HTM


    

Site Web:  www.pccml.ca   Courriel:  redaction@cpcml.ca