Numéro 4921 octobre 2021
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La participation du Canada aux préparatifs de guerre d’agression
Non à la participation du Canada aux exercices de guerre des États-Unis dans la région Asie-Pacifique
L’intégration des forces armées canadiennes à la machine de guerre des États-Unis est un problème sérieux et à résoudre. Le mois dernier, une frégate de la Marine canadienne NCSM Winnipeg a participé à des exercices de guerre dirigés par les États-Unis qui mettent en danger la paix dans la région Asie-Pacifique. La frégate se trouve dans la région depuis le début de septembre et participe à deux missions : Opération PROJECTION et Opération NEON.
Le 3 octobre, le NCSM Winnipeg et un porte-avions britannique ont participé à un exercice de guerre dirigé par les États-Unis dans la mer des Philippines. Au cours des deux semaines qui ont suivi ces exercices (du 3 au 17 octobre), la frégate canadienne a participé à une démonstration massive de puissance militaire dirigée par les États-Unis contre la Chine et la Russie. Dix-sept navires de guerre de six pays ont été déployés pour un exercice de guerre conjoint au large de l’île d’Okinawa.
CBC News a publié un reportage irresponsable de cet exercice dans lequel il se réjouit de la démonstration de puissance. Le commandant du NCSM Winnipeg a déclaré que la vue d’un si grand nombre de navires de guerre et d’une si grande puissance de feu dans un même espace a suscité l’admiration de ses marins. « Je suis dans la marine depuis 20 ans et je n’ai jamais assisté à une telle démonstration de puissance navale », a-t-il déclaré. Le NCSM Winnipeg est souvent déployé dans la région de l’Asie-Pacifique, alors ses remarques témoignent de l’escalade de la présence militaire américaine dans la région.
La CBC a également indiqué que le commandant du Carrier Strike Group britannique qui participait à ce déploiement a déclaré que ce déploiement « envoie un message à la Chine », le message que « des nations comme nous sont vraiment alarmées par la militarisation de la région ». L’ironie du fait que ce sont les États-Unis et leurs alliés qui sont responsables de la militarisation de la région aurait échappé au commandant de la marine britannique et à la CBC.
Les 14 et 15 octobre également, le NCSM Winnipeg a accompagné un destroyer américain dans le détroit de Taiwan. C’est la première fois au cours des dernières années qu’un autre pays se joint aux navires de guerre américains pour traverser le détroit. Cela témoigne de l’intégration du Canada à la machine de guerre des États-Unis.
(Photos : LR, CAFO)
Réponse de la Russie et de la Chine à la stratégie du bord de l’abîme et de provocation des États-Unis
La Chine et la Russie ont commencé à réagir aux exercices des forces navales américaines dans la région de l’Asie-Pacifique. Elles ont mené neuf exercices militaires conjoints en haute mer en 2021, dont l’un des plus importants jusqu’ici entre les 14 et 17 octobre. Faisant fi d’un avertissement d’exercices de tir réel, un destroyer américain a ignoré l’ordre de changer de cap et s’est retrouvé à 60 mètres d’un navire anti-sous-marin russe, l’Admiral Tributs, avant de finalement rebrousser chemin.
Ces incidents représentent de graves dangers pour la paix et c’est très inquiétant que des navires de guerre canadiens s’engagent dans ces actions et contribuent au danger par leur présence dans la région de l’Asie-Pacifique sous le commandement des États-Unis. Dans le cadre de l’Opération PROJECTION, les forces armées canadiennes participent dans des exercices d’entraînement avec des forces navales étrangères en appui au Commandement maritime de l’OTAN et les forces navales américaines. Dans le cadre d’Opération NEON, les navires de guerre canadiens sont régulièrement déployés dans l’Asie-Pacifique pour appliquer les sanctions contre la République populaire démocratique de Corée (RPDC). Il y a quelques années, jouant le rôle d’homme de paille des États-Unis, le Canada a tenté sans succès de mobiliser les pays des deux rives du Pacifique dans une « coalition de volontaires » formée pour imposer un blocus naval intégral à la RPDC. Tout blocus qui fait qu’un parti empêche un autre parti d’entrer ou de sortir d’un territoire défini d’un pays donné est un acte de guerre.
En ces temps dangereux, les Canadiens sont appelés à établir un gouvernement antiguerre et à Faire du Canada une zone de paix. Radio-Canada et d’autres médias monopolisés doivent être tenus responsables pour la transmission qu’ils font des nouvelles qui présentent l’escalade d’exercices de guerre comme quelque chose de palpitant et de positif. Augmenter le nombre de lecteurs et distribuer les publications du Parti marxiste-léniniste du Canada telles que Le Renouveau est une façon de le faire. Aussi, les partis présents à la Chambre des communes ont la responsabilité de rapatrier les troupes et de montrer, par leurs actions, où ils se situent sur cette question. Répéter des phrases au nom de la paix n’est ni convaincant, ni acceptable.
Le Canada se joint aux États-Unis pour imaginer une guerre «gagnable» contre la Chine
Le fait que le Canada se soit joint aux fauteurs de guerre américains dans leur dessein d’« imaginer une guerre gagnable » pour détruire la Chine est un sujet de grave préoccupation pour les Canadiens. Les partis du cartel, les médias, les groupes de réflexion et les experts du Canada sont engagés dans une propagande antichinoise inlassable, pas très différente de celle qui a permis de préparer l’invasion et la destruction de l’Irak en 2003 et de la Libye et de la Syrie à partir de 2011.
Un document de planification produit par le bureau du sous-secrétaire de l’armée américaine, commandé dans le cadre du programme Stratégie, Doctrine et Ressources du RAND Arroyo Centre, publié en 2016, s’intitule War with China : Thinking Through the Unthinkable (« Guerre contre la Chine : penser l’impensable »). Le RAND Arroyo Center est un centre de recherche et de développement financé par le gouvernement fédéral américain et parrainé par l’armée américaine.
Le rapport RAND indique que les années que nous avons d’ici 2025 présentent une « opportunité » de vaincre militairement la Chine. Il indique : « Nous postulons qu’une guerre serait régionale et conventionnelle. Elle serait menée principalement par des navires sur et sous la mer, par des avions et des missiles de toutes sortes, et dans l’espace (contre des satellites) et le cyberespace (contre des systèmes informatiques). Nous supposons que les combats commenceraient et se poursuivraient en Asie de l’Est, où se trouvent les points chauds potentiels de conflits sino-américains et la quasi-totalité des forces chinoises. »
La thèse de RAND laisse entendre qu’étant donné que presque toutes les forces militaires chinoises sont situées en Chine, contrairement aux forces américaines qui sont réparties dans le monde entier, toute guerre contre la Chine serait concentrée sur le territoire chinois ou autour du territoire chinois.
Le rapport s’appuie sur l’ordre donné en 2011 par le président Obama aux forces armées de « pivoter vers l’Asie » et de concentrer les deux tiers des forces navales et aériennes américaines aux portes de la Chine dans la région Asie-Pacifique. Le rapport ajoute une urgence à la stratégie du pivot d’Obama en disant que les États-Unis et leurs alliés de l’OTAN et autres doivent déclencher une guerre contre la Chine avant 2025.
Les pays qui pratiquent la politique de l’apaisement envers le bellicisme américain, tels que le Canada, l’Australie et la Grande-Bretagne, ont obtempéré, ordonnant à leurs navires de guerre de naviguer jusqu’au large des côtes de la Chine. En fait, le gouvernement chinois a récemment dénoncé le Canada pour avoir fait exactement cela après que l’armée canadienne a déployé, les 14 et 15 octobre, la frégate NCSM Winnipeg dans un convoi de guerre avec le destroyer à missiles guidés USS Dewey de la marine américaine, juste au large des côtes de la Chine continentale, à travers l’étroit détroit de Taiwan qui relie les mers de Chine méridionale et orientale.
Le rapport RAND se réjouit du fait qu’une guerre contre la Chine ne comprendrait pas d’attaque de la Chine contre « le territoire américain, sauf via le cyberespace, étant donné la capacité minimale de la Chine à le faire avec des armes conventionnelles ». En revanche, les attaques non nucléaires des États-Unis contre des cibles militaires en Chine pourraient être importantes. »
Le rapport poursuit avec un certain optimisme quant à une victoire militaire des États-Unis : « La guerre pourrait finalement être décidée par des facteurs non militaires. Ceux-ci devraient favoriser les États-Unis aujourd’hui et à l’avenir. Une guerre nuirait à l’économie des deux pays, mais les dommages causés à la Chine pourraient être catastrophiques et durables : de l’ordre de 25 à 35 % de réduction du produit intérieur brut (PIB) chinois dans une guerre d’un an, contre une réduction du PIB américain de l’ordre de 5 à 10 %. Même un conflit léger, s’il ne prend pas fin rapidement, pourrait affaiblir l’économie chinoise. Une guerre longue et grave pourrait ravager l’économie chinoise, bloquer son développement durement acquis et provoquer des difficultés et des bouleversements généralisés. »
Le rapport prévoit qu’une guerre contre la Chine menée principalement sur le territoire chinois compromettrait les progrès réalisés par la Chine dans l’édification d’une économie moderne et créerait une instabilité sociale et politique conduisant à un changement de régime. Il prédit que « de tels dommages économiques [dus aux attaques et au blocus militaires américains] pourraient à leur tour aggraver les troubles politiques et enhardir les séparatistes en Chine [pour] saper la légitimité du régime chinois au milieu d’une guerre très difficile. En revanche, les escarmouches partisanes intérieures aux États-Unis pourraient handicaper l’effort de guerre mais ne mettraient pas en danger la stabilité de la société, et encore moins la survie de l’État, quelle que soit la durée et la dureté du conflit, tant qu’il reste conventionnel. L’escalade de la cyberguerre, bien que préjudiciable aux deux parties, pourrait aggraver les problèmes économiques de la Chine et entraver la capacité du gouvernement à contrôler une population rétive. »
Les impérialistes et leurs alliés ont l’habitude de faire de tels calculs dénués de toute considération morale. Il est inadmissible qu’ils ne fondent pas leurs actions sur les principes de la coexistence pacifique entre les nations, grandes et petites, du respect des États souverains, de la non-ingérence dans leurs affaires intérieures et du règlement des problèmes sans recours à la force. Ces calculs montrent l’urgence d’intensifier le travail pour faire que le Canada soit une zone de paix.
Aucun député ne doit pouvoir agir sur ce front sans respecter la position des Canadiens en ce qui concerne les préparatifs de guerre des États-Unis et la participation du Canada à ces préparatifs de guerre. Il faut donner des arguments qui montrent que l’OTAN n’est pas une force de paix et qui appuient la demande que le Canada se retire de l’OTAN et ne participe pas aux exercices militaires américains. Aucun député ne devrait pouvoir prétendre ne pas connaître les conséquences de la politique étrangère du Canada qui consiste à accommoder les fauteurs de guerre américains. Tous les députés doivent défendre le droit de délibérer sur les questions de guerre et de paix et demander des comptes à leur parti. Il faut commencer par exiger que le Canada se retire du sentier de guerre sur lequel il est présentement engagé.
(Photos : Red Braid Collective, Code Pink)
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